2.2.13. L'Uccao face à la libéralisation des
filières cacao café à l'Ouest
Pendant ses années de prospérité, l'Uccao
a effectué des réalisations importantes et diversifiées
allant du domaine social au domaine économique en passant par les
infrastructures de base en milieu rural. C'est alors que pendant une trentaine
d'années, l'Uccao était devenue un puissant instrument de
développement économique et social dans la province de l'ouest
assurant l'encadrement de plus de 110 000 planteurs (Uccao,2008).Elle constitue
avec ses coopératives membres la plaque tournante de toute oeuvre de
développement à l'ouest ,et jusqu'à l'avènement de
la crise économique de 1987 suivie de la double libéralisation de
la commercialisation des produits de base et du mouvement coopératif, un
exemple de réussite coopérative.
Cette double libéralisation sur le plan national a eu
des conséquences dont le libre champ laissé aux intervenants de
tous bords sans expérience et véreux, fragilisant ainsi l'Uccao
et ses coopératives et abandonnant les producteurs à leur sort,
la baisse des prix aux producteurs, la détérioration de la
qualité, le découragement des producteurs, la rude épreuve
des mécanismes de stabilisation initiée par le gouvernement.
2.1.14. TYPES DE CIRCUITS DE COMMERCIALISATION
DES CULTURES D'EXPORTATION LIBERALISES.
La libéralisation a considérablement
modifiée les circuits de commercialisation des cultures d'exportation. A
cet effet, Shepherd et Farolfi (1999) ont alors identifié trois circuits
de commercialisation des cultures d'exportation libéralisés.
- Dans les pays où la commercialisation des cultures
d'exportation a été libéralisée de façon
plus ou moins intégrale pendant une courte période de transition
sans véritable planification préalable; le circuit se
présente ainsi qu'il suit :
![](Les-effets-de-la-disparition-des-organismes-publics-dappui-financier-et-de-la-liberalisation-des7.png)
Exportations
Office de Commercialisation
Antennes de l'office et acheteurs privés
Unités nationales de transformation Secondaire
Coopératives
Producteurs
Figure 1 : Circuit de commercialisation de cultures d'exportation
partiellement libéralisées Source :Shepherd et Farolfi (1999)
Dans ce schéma, on remarque que le producteur pouvait
vendre sa production soit à la coopérative soit aux antennes de
l'office qui ensuite la transmettaient à l'office qui était les
seul à pouvoir vendre sur le marché local ou international .A ce
niveau, l'office conserve encore son monopole de commercialisation. La Figure 6
décrit une démarche semblable à celle adoptée au
Ghana. Bien que le secteur de la commercialisation du cacao sur le plan
national ait été ouvert à la concurrence en 1992, l'office
de commercialisation (COCOBOD) conserve la mainmise sur les exportations.
- Dans les pays où l'Etat a opéré un
retrait progressif des secteurs de l'achat aux exploitants, de la vente
à l'exportation et de la transformation des produits agricoles, la
situation est la suivante :
![](Les-effets-de-la-disparition-des-organismes-publics-dappui-financier-et-de-la-liberalisation-des8.png)
EXPORTATIONS
EXP Office
Office national de commercialisation + Exportateurs
privés
Union de coopératives (a) et acheteurs privés(b)
Unités nationales de transformation Secondaire
Coopératives
Producteurs
Figure 2 Circuit de commercialisation des cultures d'exportation
libéralisées
Source : Shepherd et Farolfi (1999)
Cette situation s'apparente à la première mais
à la seule différence que les offices de commercialisation sont
en concurrence avec les exportateurs privés qui ont cet avantage de
pouvoir vendre aux entreprises locales et vendre aussi sur le marché
international. La commercialisation ici est donc partagée entre les deux
acteurs. La figure 7 décrit la situation actuelle de nombreux pays,
où les négociants sont en concurrence à tous les niveaux
de la chaîne de commercialisation. Le cas du café en Ouganda en
est un bon exemple. La libéralisation s'est traduite par l'abolition du
monopole dont bénéficiait le Coffee Marketing Board dans le
secteur de la commercialisation des exportations.
- Enfin, le troisième circuit de commercialisation
s'établit dans les pays où le système d'achat de la
production agricole a été libéralisé
progressivement, la commercialisation étant maintenue sous le
contrôle d'entreprises para-étatiques ainsi qu'il suit :
![](Les-effets-de-la-disparition-des-organismes-publics-dappui-financier-et-de-la-liberalisation-des9.png)
Office de commercialisation
Contrôle
Exportateurs privés
Union
de coopératives et acheteurs privés
Co-operatives
Unités de transformation Secondaire nationales
Farmers
Figure 3: Circuit de commercialisation des cultures
d'exportation totalement privatisée Source : Shepherd et
Farolfi (1999)
La figure 3 décrit la situation dans laquelle l'Etat
s'est totalement retiré du secteur de la commercialisation (interne et
externe) mais a maintenu en place un organisme chargé d'assurer le
contrôle de la qualité, de collecter et de diffuser des
informations de nature commerciale et d'assurer l'encadrement
général du secteur. Cette situation, qui est celle du Cameroun,
s'applique aussi en Tanzanie. Le Nigeria applique le même modèle,
mais après la dissolution de l'office de commercialisation aucun
mécanisme de contrôle n'a été introduit. Au
Cameroun, 193 exportateurs de cacao sont actuellement titulaires de licences
mais 80 pour cent des exportations sont assurées par six d'entre eux
seulement. La plupart des grandes sociétés sont des filiales de
multinationales.
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