CHAPITRE I : L'INGERENCE HUMANITAIRE : UNE REMISE
EN CAUSE DES PRINCIPES DU DROIT INTERNATIONAL PUBLIC
Dans cette première partie du travail, consacrée
à l'ingérence humanitaire et la remise en cause des principes du
DIP, pose en quelque sorte le décor. Elle fixe les bases
nécessaires pour comprendre le corps de notre étude. De ce fait,
pour comprendre la nécessité d'une adaptation des droits
internationaux publics aux réalités de son temps, il faut tout
d'abord remonter aux principes qui en constituent le fondement.
Pour notre analyse, trois principe nous intéressent :
celui de la souveraineté des Etats(I), le principe de
non-intervention(II) et enfin, le principe de l'interdiction des recours
à la force(III).
SECTION I : INGERENCE HUMANITAIRE ET PRINCIPE DE
SOUVERAINETE DES ETATS
Le principe de souveraineté étatique est le
principe sur le quel reposent les relations entre Etats membres l'ONU depuis la
fin de la deuxième guerre mondiale, est affirmé par la charte des
Nation unis.
La souveraineté signifie en outre que un Etat qui a
violé les droits de la personne ne pourra être traduit en justice
que s'il accepte ou a accepté la compétence d'un juge. A
l'exception de certains mécanismes régionaux (cour
européenne des droits de l'homme, cour intermédiaire de droits de
l'homme, par exemple), il est donc extrémement difficile d'obtenir la
condamnation d'un état violateur des droits humains par une juridiction
internationale. Et méme si on l'obtenait, rien ne garantirait
l'exécution du jugement ; la souveraineté s'avère
incompatible avec l'existence d'une sorte de « police internationale
» à l'échelle mondiale. Mais la souveraineté
étatique (§2) parait aujourd'hui être limitée par
l'ingérence humanitaire (§1).
§1. Ingérence humanitaire
Pour rappel, l'idée d'ingérence humanitaire est
apparue durant la guerre du BIAFRA (1967-1970). Le conflit a entrainé
une épouvantable famine, largement couverte par les medias occidentaux
mais totalement ignoré par les chefs d'Etats et de gouvernement au nom
de la neutralité et de la non-ingérence. Cette situation a
entrainé la création d'ONG comme
Médecins sans frontières qui défendent
l'idée que certaines situations sanitaires exceptionnelles peuvent
justifier à titre extraordinaire la remise cause de la
souveraineté des Etats. Le concept a été
théorisé à la fin des années 1980 ; notamment par
le professeur de droit Mario BETTATI ou l'homme politique Bernard
KOUCHNER24.
Cette notion d'ingérence peut être prêter
à la confusion et porter ainsi atteinte au principe de
l'égalité souveraine des Etats. Ainsi pour bien cerner cette
notion intermédiaire de l'ingérence, il sied d'élucider en
premier lieu sa définition(A) et en deuxième lieu, d'en
préciser le contenu(B).
A. Definition
Les défenseurs de l'ingérence humanitaire la
justifient principalement au non d'une morale d'urgence : « on ne
laisse pas les gens mourir ». Elle puise son fondement dans la
Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. Pour eux,
« une ingérence n'est donc légitime que lorsqu'elle est
motivée par une violation massive des droits de l'homme et qu'elle est
encadrée par une instance supranationale, typiquement le conseil de
sécurité des Nations Unies »25 .
Mario BETTATI précise le terme ainsi : «
l'ingérence désigne en droit international l'immixtion sans titre
d'un Etat ou d'une organisation internationale dans les affaires qui
révèlent de la compétence exclusive d'un Etat tiers
»26. On ne devrait donc ne retenir dans le champ du droit
d'ingérence humanitaire que les actions transfrontalières des
gouvernements ou des organismes publics internationaux, à l'exclusion
des ONG dans la mesure où, comme leur nom l'indique, elles sont non
gouvernementales.
Soulignons en outre que le droit d'ingérence tel que
défini par ses créateurs est, pour eux, un devoir qui est devenu
un droit international. En revanche les opposants au concept le voient par
contre comme « un devoir qui ne manifeste qu'un néocolonialisme
malvenu, illégal donc ne crédite aucune validité au droit
d'ingérence »27.
24 htpp://
fr.wikipedia.org/Ing/ingerence-humanitaire,
consulté le 23 mai 2012 à 12hoo.
25 htpp://
fr.wikipedia.org/Ing/ingerence-humanitaire,
consulté le 23 mai 2012 à 12h15.
26 Mario BETTATI, Le droit
d'ingérence, Ed. De Noël, Paris, 1987, P12
27 A. DEMANGE BOST, Le droit d'ingérence ou
ía souveraineté des Etats, Mémoire, institut d'Etude
Politique de Lyon, Lyon, 2000-2001, P18
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