Plan
Introduction
I) Universalité des droits de l'homme dans la
diversité culturelle
1- Culture et compréhension des droits de l'homme
a) Les différences culturelles
b) L'identité
2- Spécificités culturelles et identitaires de
la Côte d'Ivoire
a) La situation socio-économique et politique
b) Les moyens d'informations
II) Interprétation des droits de l'homme et du
système universel de protection de
l'ONU (échantillon de quatre journalistes
en Côte d'Ivoire)
1- Intervenants à notre étude et axe de
réflexion
2- Tableau récapitulatif des opinions
Conclusion
Introduction
Le terme universalité qui met en exergue l'application
des droits de l'homme, sans distinction de races, de religions, et de sexes,
trouve souvent des limites qui se rattachent à une mauvaise
compréhension des cultures qui présentent des différences
en fonction de la situation politico-économico et social ainsi que de
l'histoire.
En effet, la déclaration universelle des droits de
l'homme, en son article premier énonce : « Tous les êtres
humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils
sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les
autres dans un esprit de fraternité ».
Cet article met en évidence l'universalité de sa
donne et de son application.
Aussi, nous nous interpellons sur la notion de dignité
humaine qui est interprétée de manière différente,
selon que nous nous trouvons dans des cultures différentes, des pays
différents et des zones différentes.
- Quelle définition donne-t-on à la dignité
humaine en Afrique par exemple, contrairement à celle de l'Europe ?
- Quand parle-t-on d'égalité entre les hommes dans
les pays du sud et ceux du nord ?
- Comment comprend-t-on les droits de l'homme dans
différentes cultures ?
- Quelles sont les compréhensions culturelles et
géographiques de Tous les êtres humains naissent libres et
égaux en dignité et en droits ?
Pour ce faire, nous avons choisi l'exemple d'un pays du sud
qui est la Côte d'Ivoire. Cet échantillon, quatre
journalistes (acteurs de la vie socio-énomique et cultuelle) ivoiriens
issus d'un panel représentant fidèlement tous les bords
politiques de presses différentes. Nous avons fait ce choix pour
comprendre la perception des droits de l'homme et du système de
protection des nations Unies par ces derniers, afin de mieux interpréter
les justificatifs culturels utilisés pour répondre aux
interrogations liées au fonctionnement de la promotion des droits de
l'homme dans les pays du sud.
Il faut souligner que les journalistes de la presse
écrite sont des vecteurs d'informations et de compréhension de ce
concept de droits de l'homme. Ces derniers transmettent des informations avec
une interprétation qui est souvent liée à la culture
locale et au niveau de formation et d'informations en matière de droits
de l'homme. Les informations transmises par ces derniers influencent la vision
des lecteurs qui partagent aveuglement des points de vue de rédactions
affiliés à leurs affinités politiques.
Analyser la compréhension des droits de l'homme et du
système de protection des Nations Unies par ces hommes de médias,
nous permettra d'élucider certaines appréhensions du message des
droits de l'homme relativement aux particularités culturelles. Suite
à cette analyse, nous en tirerons les avantages et les
inconvénients des différences culturelles dans
l'universalité des droits de l'homme.
A travers ce document, nous allons étayée cette
étude que nous avons trouvé très bénéfique
pour la prise en compte des cultures (élément essentiel) pour
l'application effective des textes et résolutions visant le respect et
l'application effective des droits de l'homme. La communication et
l'information étant l'un des socles de la promotion des droits de
l'homme, il est important d'en faire ressortir les conditions
spécifiques aux régions et aux cultures.
Notre démarche est un entretien avec ces
journalistes que nous avons rencontré, relativement aux questions de
droits de l'homme.
Notre but est de prendre note des compréhensions
de cet échantillon en matière de connaissances du Système
Universel de Protection des Droits de l'Homme, afin d'en établir les
spécificités d'interprétation.
I) Universalité des droits de l'homme dans la
diversité culturelle
Selon le principe d'universalité :
La Déclaration Internationale des
droits de l'Homme, dans les séances de la Commission des Droits de
l'Homme, qui en a adopté le projet final, le 10 Décembre 1948, se
proclame "universelle", sur la suggestion de René
Cassin, qui depuis de longues années déjà, rêvait de
cette appellation. Cette substitution de l'adjectif universelle à
"internationale" est un véritable acte de foi qui est dans la ligne de
la CHARTE de l'ONU.
Aussi bien, la Déclaration donne au principe, une
porté morale encore plus grande, une transcendance dépassant les
espaces politiques et l'inscrivant dans la durée.
L'universalité est une façon de traduire
l'identité de tous les hommes, de faire de l'individu une personne
reconnue par l'ordre international. Nous ne sommes plus en
présence de citoyens couverts par des patries s'inscrivant dans
l'espace, mais d'individus pris dans leur essence commune et éternelle
de citoyens du monde, cette nouvelle mère-patrie selon l'expression de
Edgar MORIN.
Du reste, la défense de l'universel est toujours une
défense de l'individu en tant que tel. Les deux notions sont
consubstantielles, étroitement liées. Toutefois, une
équivoque subsiste: De quel individu s'agira-t-il? D'un être
abstrait, pris dans sa généralité ou bien d'un être
concret, pris dans son corps et sa chair ?
Les déclarations successives de l'histoire visent sans nul
doute l'être abstrait, dans sa généralité et son
abstraction, gage de son universalité.
Tout individu émanant d'une nation, d'un peuple,
reflète donc un ensemble de règles locales qui le
définissent comme être appartenant à une monade (Etat) qui
réduirait ce principe d'universalité à des valeurs qui lui
sont propres, valeurs qui représentent les spécificités de
chaque personne. Pouvons-nous parler du même individu quand il s'agit
d'un asiatique ou d'un européen ? Comprennent-ils ou partagent-ils les
mêmes valeurs ? Ont-ils les mêmes droits ? Ont-ils les mêmes
cultures ?
1- Culture et compréhension des droits de l'homme
La définition que donne l'UNESCO de la culture est
la suivante :
« La culture, dans son sens le plus
large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs,
spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui
caractérisent une société ou un groupe social. Elle
englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les
droits fondamentaux de l'être humain, les
systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.
»
Au plan individuel, la culture est l'ensemble des
connaissances acquises, l'instruction, le savoir d'un
être humain.
Au plan collectif, la culture représente
également l'ensemble des structures sociales, religieuses, etc.,
et les comportements collectifs tels que les manifestations
intellectuelles, artistiques, etc., qui caractérisent une
société
La culture comprend ainsi trois grands groupes de
manifestations : l'art, le langage, la technique.
Partant de cette définition, nous pouvons donc affirmer
que chaque individu est doté d'une culture qui lui est propre. Ce
dernier se définit donc par ses différences qui jouent un
rôle important dans sa compréhension des droits de l'homme.
Nous référant à l'article 2 de la
déclaration de fribourg sur les droits culturels : -- Le terme
culture recouvre les valeurs, les croyances, les savoirs et
les arts, les traditions, les institutions et modes de vie par lesquels une
personne ou un groupe exprime son humanité et les significations qu'il
donne à son existence et à son développement -
Cette assertion met en exergue la culture comme richesse car
comportant un ensemble d'éléments qui contribuent à
l'évolution de l'humanité. Aussi, une analyse des valeurs, des
traditions, des savoirs et arts, met en évidence un aspect
d'inégalité des cultures qui ne peut pas permettre de comparer
des cultures car chacune possédant des particularités.
La déclaration de Fribourg nous interpelle aussi sur
l'utilité de la reconnaissance de cette différence culturelle qui
doit s'inscrire dans la même démarche cognitive que celle des
autres droits affirmés dans la Charte Universelle des droits de l'Homme
quand dans son préambule au deuxième paragraphe, il est
énoncé : « Réaffirmant que les droits de l'homme
sont universels, indivisibles et interdépendants, et que les droits
culturels sont à l'égal des autres droits de l'homme une
expression et une exigence de la dignité humaine » Les droits
culturels sont donc universels à l'égard des autres droits.
a) Différences culturelles
Il faut tout d'abord dire que toutes les questions
liées à la compréhension des droits de l'homme face
à la diversité culturelle, se posent et restent sans
réponses. Il est difficile, même impossible d'établir des
comparaisons entre culture, car chacune disposant de ses
spécificités. Ces diversités ont des bases
géographiques, économiques, sociales et politiques.
Les communautés doivent se faire sur les
diversités qui existent, car l'uniformité crée
l'égalité (monotonie) qui n'est pas souvent positive. A cet
effet, la diversité culturelle semble être une richesse, car
réduisant la monotonie des rapports humains.
L'universalité des droits de l'homme est tellement
vaste, qu'elle devient un concept sous-développé, ou le culturel
est mis de côté ; par conséquent, il faut mettre en
évidence cette dignité humaine qui est fondée sur les
valeurs de chacun :
· Le culturel est matériel dans un sens ; ce dont je
suis fait, mais aussi spirituel
· Ma langue est mon objet culturel, mon expérience,
mon savoir-faire, etc.
· On ne travaille qu'un petit bout de ma nature, le reste
demeure inchangeable, d'où la capacité d'envisager des personnes,
est notre culture.
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Cette diversité culturelle, devient donc une base de
compréhension des droits de l'homme, car par rapport à la
pauvreté, on suppose qu'il suffit de transposer des richesses
matérielles en richesses humaines. Mais seulement la connexion de ces
valeurs humaines, monétaires, et culturelles constitue une richesse.
En somme, nos milieux culturels bricolés, nous mettent
face à des interprétations et compréhensions des droits de
l'homme, qui différent relativement à l'environnement où
nous nous trouvons ; mais notre appartenance à nos valeurs culturelles
ne sont pas des droits à la
différence (humain) quoique nos cultures nous
influencent dans notre manière de comprendre les droits de l'homme.
Aussi, il faut noter que cette diversité culturelle
est utilisée pour justifier le non respect des droits de l'homme, car
certains peuples se cachent derrière leur culture pour justifier des
violations de droits de l'homme par des pratiques culturelles qui
réfutent les principes de dignité humaine.
La déclaration de Fribourg, dans son préambule
au paragraphe huit nous invite à une clarification des droits culturels
au sein du système de protection des Nations Unies, pour un meilleur
usage des diversités culturelles pour le respect des droits de l'homme :
« Considérant qu'une clarification de la place des droits
culturels au sein du système des droits de l'homme, ainsi qu'une
meilleure compréhension de leur nature et des compréhensions de
leurs violations, sont le meilleur moyen d'empêcher qu'ils soient
utilisés en faveur d'un relativisme culturel, ou qu'ils soient
prétextes à dresser des communautés, ou des peuples, les
uns contre les autres » La diversité culturelle alors nous
interpelle sur l'identité de chacun dans l'universalité qui lui
permettra de se fondre dans ce moule unique d'Homme face aux droits de
l'homme.
L'identité
L'identité est une sorte d'appartenance à une
culture, mise en exergue par quatre dialectiques :
· Droit à la différence (ou
indifférence), entre le particulier et l'universel. Chacun a sa
liberté face à toutes les valeurs universelles, tout a du sens
dans la dimension culturelle
· Unité (identique) parmi des
milieux différents. L'individu renfermé constitue une pathologie
identitaire.
· Individu et la communauté qui
constituent en l'identification de l'individu par rapport aux autres.
· Le rapport patrimoine, ce que l'individu
reçoit et ce qu'il va devenir
Nous avons développé ces explications sur la
conception des différences culturelles et
l'identité, pour mettre en évidence l'aspect relatif et
individuel de la compréhension des droits de l'homme.
En effet, toute interprétation est le résultat de
nos expériences de notre présent, notre passé et notre
futur que nous conjuguons. L'universalité dans la dignité humaine
doit tenir compte :
- de la somme de toutes les expériences
- du dialogue interculturel qui respecte les sources et les
références de chaque culture
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Dans certaines sociétés du sud, il faut noter
que lorsque l'on parle de dignité, il faut parler de honte, où la
conception trop abstraite de la dignité humaine rend
sous-développée la notion des droits de l'homme. Une oeuvre
culturelle est une grammaire sociale « car la famille, l'Etat sont des
objets de droits, et l'individu est le sujet de droit ».
Comme énoncé au début de notre document,
nous allons mettre en évidence certains aspects spécifiques de la
Côte d'Ivoire qui reflètent ses valeurs et son identité,
afin de comprendre les droits de l'homme perçus par nos acteurs
(journalistes) utilisés comme échantillon d'étude.
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