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Résultats d'interviews avec des acteurs de la presse ivoirienne sur des questions de droits de l'homme et du système universel de protection des droits de l'homme l'ONU

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par Christian Abel Fleurisson
Collège universitaire Henry Dunant Université d'été des droits de l'homme - Spécialiste en droits économiques sociaux culturels 2008
  

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Plan

Introduction

I) Universalité des droits de l'homme dans la diversité culturelle

1- Culture et compréhension des droits de l'homme

a) Les différences culturelles

b) L'identité

2- Spécificités culturelles et identitaires de la Côte d'Ivoire

a) La situation socio-économique et politique

b) Les moyens d'informations

II) Interprétation des droits de l'homme et du système universel de protection de

l'ONU (échantillon de quatre journalistes en Côte d'Ivoire)

1- Intervenants à notre étude et axe de réflexion

2- Tableau récapitulatif des opinions

Conclusion

Introduction

Le terme universalité qui met en exergue l'application des droits de l'homme, sans distinction de races, de religions, et de sexes, trouve souvent des limites qui se rattachent à une mauvaise compréhension des cultures qui présentent des différences en fonction de la situation politico-économico et social ainsi que de l'histoire.

En effet, la déclaration universelle des droits de l'homme, en son article premier énonce : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».

Cet article met en évidence l'universalité de sa donne et de son application.

Aussi, nous nous interpellons sur la notion de dignité humaine qui est interprétée de manière différente, selon que nous nous trouvons dans des cultures différentes, des pays différents et des zones différentes.

- Quelle définition donne-t-on à la dignité humaine en Afrique par exemple, contrairement à celle de l'Europe ?

- Quand parle-t-on d'égalité entre les hommes dans les pays du sud et ceux du nord ?

- Comment comprend-t-on les droits de l'homme dans différentes cultures ?

- Quelles sont les compréhensions culturelles et géographiques de Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ?

Pour ce faire, nous avons choisi l'exemple d'un pays du sud qui est la Côte d'Ivoire. Cet échantillon, quatre journalistes (acteurs de la vie socio-énomique et cultuelle) ivoiriens issus d'un panel représentant fidèlement tous les bords politiques de presses différentes. Nous avons fait ce choix pour comprendre la perception des droits de l'homme et du système de protection des nations Unies par ces derniers, afin de mieux interpréter les justificatifs culturels utilisés pour répondre aux interrogations liées au fonctionnement de la promotion des droits de l'homme dans les pays du sud.

Il faut souligner que les journalistes de la presse écrite sont des vecteurs d'informations et de compréhension de ce concept de droits de l'homme. Ces derniers transmettent des informations avec une interprétation qui est souvent liée à la culture locale et au niveau de formation et d'informations en matière de droits de l'homme. Les informations transmises par ces derniers influencent la vision des lecteurs qui partagent aveuglement des points de vue de rédactions affiliés à leurs affinités politiques.

Analyser la compréhension des droits de l'homme et du système de protection des Nations Unies par ces hommes de médias, nous permettra d'élucider certaines appréhensions du message des droits de l'homme relativement aux particularités culturelles. Suite à cette analyse, nous en tirerons les avantages et les inconvénients des différences culturelles dans l'universalité des droits de l'homme.

A travers ce document, nous allons étayée cette étude que nous avons trouvé très bénéfique pour la prise en compte des cultures (élément essentiel) pour l'application effective des textes et résolutions visant le respect et l'application effective des droits de l'homme. La communication et l'information étant l'un des socles de la promotion des droits de l'homme, il est important d'en faire ressortir les conditions spécifiques aux régions et aux cultures.

Notre démarche est un entretien avec ces journalistes que nous avons rencontré, relativement aux questions de droits de l'homme.

Notre but est de prendre note des compréhensions de cet échantillon en matière de connaissances du Système Universel de Protection des Droits de l'Homme, afin d'en établir les spécificités d'interprétation.

I) Universalité des droits de l'homme dans la diversité culturelle

Selon le principe d'universalité :

La Déclaration Internationale des droits de l'Homme, dans les séances de la Commission des Droits de l'Homme, qui en a adopté le projet final, le 10 Décembre 1948, se proclame "universelle", sur la suggestion de René Cassin, qui depuis de longues années déjà, rêvait de cette appellation. Cette substitution de l'adjectif universelle à "internationale" est un véritable acte de foi qui est dans la ligne de la CHARTE de l'ONU.

Aussi bien, la Déclaration donne au principe, une porté morale encore plus grande, une transcendance dépassant les espaces politiques et l'inscrivant dans la durée. L'universalité est une façon de traduire l'identité de tous les hommes, de faire de l'individu une personne reconnue par l'ordre international. Nous ne sommes plus en présence de citoyens couverts par des patries s'inscrivant dans l'espace, mais d'individus pris dans leur essence commune et éternelle de citoyens du monde, cette nouvelle mère-patrie selon l'expression de Edgar MORIN.

Du reste, la défense de l'universel est toujours une défense de l'individu en tant que tel. Les deux notions sont consubstantielles, étroitement liées. Toutefois, une équivoque subsiste: De quel individu s'agira-t-il? D'un être abstrait, pris dans sa généralité ou bien d'un être concret, pris dans son corps et sa chair ?

Les déclarations successives de l'histoire visent sans nul doute l'être abstrait, dans sa généralité et son abstraction, gage de son universalité.

Tout individu émanant d'une nation, d'un peuple, reflète donc un ensemble de règles locales qui le définissent comme être appartenant à une monade (Etat) qui réduirait ce principe d'universalité à des valeurs qui lui sont propres, valeurs qui représentent les spécificités de chaque personne. Pouvons-nous parler du même individu quand il s'agit d'un asiatique ou d'un européen ? Comprennent-ils ou partagent-ils les mêmes valeurs ? Ont-ils les mêmes droits ? Ont-ils les mêmes cultures ?

1- Culture et compréhension des droits de l'homme

La définition que donne l'UNESCO de la culture est la suivante :

« La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. »

Au plan individuel, la culture est l'ensemble des connaissances acquises, l'instruction, le savoir d'un être humain.

Au plan collectif, la culture représente également l'ensemble des structures sociales, religieuses, etc., et les comportements collectifs tels que les manifestations intellectuelles, artistiques, etc., qui caractérisent une société

La culture comprend ainsi trois grands groupes de manifestations : l'art, le langage, la technique.

Partant de cette définition, nous pouvons donc affirmer que chaque individu est doté d'une culture qui lui est propre. Ce dernier se définit donc par ses différences qui jouent un rôle important dans sa compréhension des droits de l'homme.

Nous référant à l'article 2 de la déclaration de fribourg sur les droits culturels : -- Le terme culture recouvre les valeurs, les croyances, les savoirs et les arts, les traditions, les institutions et modes de vie par lesquels une personne ou un groupe exprime son humanité et les significations qu'il donne à son existence et à son développement -

Cette assertion met en exergue la culture comme richesse car comportant un ensemble d'éléments qui contribuent à l'évolution de l'humanité. Aussi, une analyse des valeurs, des traditions, des savoirs et arts, met en évidence un aspect d'inégalité des cultures qui ne peut pas permettre de comparer des cultures car chacune possédant des particularités.

La déclaration de Fribourg nous interpelle aussi sur l'utilité de la reconnaissance de cette différence culturelle qui doit s'inscrire dans la même démarche cognitive que celle des autres droits affirmés dans la Charte Universelle des droits de l'Homme quand dans son préambule au deuxième paragraphe, il est énoncé : « Réaffirmant que les droits de l'homme sont universels, indivisibles et interdépendants, et que les droits culturels sont à l'égal des autres droits de l'homme une expression et une exigence de la dignité humaine » Les droits culturels sont donc universels à l'égard des autres droits.

a) Différences culturelles

Il faut tout d'abord dire que toutes les questions liées à la compréhension des droits de l'homme face à la diversité culturelle, se posent et restent sans réponses. Il est difficile, même impossible d'établir des comparaisons entre culture, car chacune disposant de ses spécificités. Ces diversités ont des bases géographiques, économiques, sociales et politiques.

Les communautés doivent se faire sur les diversités qui existent, car l'uniformité crée l'égalité (monotonie) qui n'est pas souvent positive. A cet effet, la diversité culturelle semble être une richesse, car réduisant la monotonie des rapports humains.

L'universalité des droits de l'homme est tellement vaste, qu'elle devient un concept sous-développé, ou le culturel est mis de côté ; par conséquent, il faut mettre en évidence cette dignité humaine qui est fondée sur les valeurs de chacun :

· Le culturel est matériel dans un sens ; ce dont je suis fait, mais aussi spirituel

· Ma langue est mon objet culturel, mon expérience, mon savoir-faire, etc.

· On ne travaille qu'un petit bout de ma nature, le reste demeure inchangeable, d'où la capacité d'envisager des personnes, est notre culture.

 

Cette diversité culturelle, devient donc une base de compréhension des droits de l'homme, car par rapport à la pauvreté, on suppose qu'il suffit de transposer des richesses matérielles en richesses humaines. Mais seulement la connexion de ces valeurs humaines, monétaires, et culturelles constitue une richesse.

En somme, nos milieux culturels bricolés, nous mettent face à des interprétations et compréhensions des droits de l'homme, qui différent relativement à l'environnement où nous nous trouvons ; mais notre appartenance à nos valeurs culturelles ne sont pas des droits à la

différence (humain) quoique nos cultures nous influencent dans notre manière de comprendre les droits de l'homme.

Aussi, il faut noter que cette diversité culturelle est utilisée pour justifier le non respect des droits de l'homme, car certains peuples se cachent derrière leur culture pour justifier des violations de droits de l'homme par des pratiques culturelles qui réfutent les principes de dignité humaine.

La déclaration de Fribourg, dans son préambule au paragraphe huit nous invite à une clarification des droits culturels au sein du système de protection des Nations Unies, pour un meilleur usage des diversités culturelles pour le respect des droits de l'homme : « Considérant qu'une clarification de la place des droits culturels au sein du système des droits de l'homme, ainsi qu'une meilleure compréhension de leur nature et des compréhensions de leurs violations, sont le meilleur moyen d'empêcher qu'ils soient utilisés en faveur d'un relativisme culturel, ou qu'ils soient prétextes à dresser des communautés, ou des peuples, les uns contre les autres » La diversité culturelle alors nous interpelle sur l'identité de chacun dans l'universalité qui lui permettra de se fondre dans ce moule unique d'Homme face aux droits de l'homme.

L'identité

L'identité est une sorte d'appartenance à une culture, mise en exergue par quatre dialectiques :

· Droit à la différence (ou indifférence), entre le particulier et l'universel. Chacun a sa liberté face à toutes les valeurs universelles, tout a du sens dans la dimension culturelle

· Unité (identique) parmi des milieux différents. L'individu renfermé constitue une pathologie identitaire.

· Individu et la communauté qui constituent en l'identification de l'individu par rapport aux autres.

· Le rapport patrimoine, ce que l'individu reçoit et ce qu'il va devenir

Nous avons développé ces explications sur la conception des différences culturelles et l'identité, pour mettre en évidence l'aspect relatif et individuel de la compréhension des droits de l'homme.

En effet, toute interprétation est le résultat de nos expériences de notre présent, notre passé et notre futur que nous conjuguons. L'universalité dans la dignité humaine doit tenir compte :

- de la somme de toutes les expériences

- du dialogue interculturel qui respecte les sources et les références de chaque culture

Dans certaines sociétés du sud, il faut noter que lorsque l'on parle de dignité, il faut parler de honte, où la conception trop abstraite de la dignité humaine rend sous-développée la notion des droits de l'homme. Une oeuvre culturelle est une grammaire sociale « car la famille, l'Etat sont des objets de droits, et l'individu est le sujet de droit ».

Comme énoncé au début de notre document, nous allons mettre en évidence certains aspects spécifiques de la Côte d'Ivoire qui reflètent ses valeurs et son identité, afin de comprendre les droits de l'homme perçus par nos acteurs (journalistes) utilisés comme échantillon d'étude.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci