Efficacité de la politique monétaire de la BEAC (banque des états de l'Afrique Centrale ) et mécanismes de transmission: une évaluation empirique du canal du taux d'intérêt au Cameroun de 1995 à 2006( Télécharger le fichier original )par Eric Joël NGOUNOU NZOKOM Institut sous-régional de statistique et d'économie appliquée Cameroun - Ingénieur d'application de la statistique 2008 |
Chapitre III : Études sur la transmission de la politique monétaireLa littérature économique et financière s'attache davantage à étudier le niveau des variables (ou instruments) de politique monétaire, qu'à la manière dont l'économie réelle réagit aux variations de ces variables. Pourtant, pour que la politique monétaire joue son rôle, il est souhaitable que les canaux de transmission entre la sphère monétaire et l'économie réelle fonctionnent pleinement. Cherbonnier (2004) Dans ce chapitre, il est question de faire une revue de la littérature de quelques travaux théoriques et empiriques sur les questions de transmission monétaire. De façon spécifique, nous présentons les travaux de quelques auteurs, leur méthodologie et les principaux résultats auxquels ils ont abouti. III.1. Description des canaux de transmission de la politique monétaireGlobalement, selon les auteurs tels Legrand33(*) ou Mishkin, l'on peut regrouper les différents canaux de transmission de la politique monétaire en trois grands ensembles : les canaux traditionnels de taux d'intérêt, les canaux de prix des actifs, les canaux de crédit. III.1.1. Les canaux traditionnels de taux d'intérêtIl s'agit ici du principal mécanisme de transmission de la politique monétaire dans le modèle keynésien IS-LM. Il fonctionne de la façon suivante : une politique monétaire expansionniste, du fait de l'augmentation de l'offre de monnaie, modère les taux d'intérêt réels d'équilibre sur le marché de la monnaie, ce qui réduit le coût du capital et est susceptible de stimuler les dépenses d'investissement. De l'augmentation des dépenses d'investissement, résulte un accroissement de la demande globale et donc de la production. Ce qui se schématise comme suit : Expansion monétaire Fléchissement des taux d'intérêt réels Hausse de l'investissement en capital et accroissement de la demande globale Augmentation de la production A la suite des travaux des keynésiens qui présentaient initialement ce canal comme émanant principalement des décisions des entreprises en ce qui concerne leurs dépenses d'investissement, des études ont montré que les investissements de patrimoine des ménages sont également des décisions d'investissement34(*). Selon Mishkin (1996), une des caractéristiques importantes du canal du taux d'intérêt est l'accent qu'il met sur le taux d'intérêt réel plutôt que sur le taux d'intérêt nominal comme facteur incitatif. De plus, à cause de la rigidité des prix à court terme, l'on peut admettre qu'une modification du taux nominal induit par la Banque Centrale entraîne des variations proportionnelles de taux réel. Du fait de cette caractéristique, même si les taux nominaux sont au « seuil zéro »35(*), ce canal est susceptible de stimuler l'économie. De même, dans un monde régi par les anticipations rationnelles, avec les taux nominaux au plancher, on a le schéma suivant : Baisse des taux réels (même si les taux nominaux sont à « zéro ») Inflation plus élevée Élévation du niveau des prix attendus
Le schéma nous enseigne que la politique monétaire peut rester efficace même si les taux nominaux de la banque centrale sont déjà à « zéro »36(*). L'expérience prouve que les taux d'intérêt exercent un effet considérable sur les dépenses de consommation et d'investissement (Taylor (1995)) ; ce qui en fait un puissant mécanisme de transmission. Toutefois, d'autres chercheurs tels Bernanke et Gertler (1995) pensent plutôt que les études empiriques ont eu beaucoup du mal à déceler une transmission significative du taux d'intérêt par le coût du capital. * 33 Le Professeur Legrand est enseignant à l'Université de Rennes. * 34 Il vient donc que le schéma s'applique aussi bien aux ménages qu'aux entreprises. * 35 Lors d'une déflation. * 36 C'est ce qui explique que les États-unis n'aient pas succombé à la « trappe à la liquidité » lors de la grande dépression. |
|