I.3.1.2. Le monétarisme « actif »
(Pigou, Marshall)
La vue totalement dichotomique des secteurs réel et
monétaire que l'on vient d'exposer n'est pas partagée par tous
les représentants de l'école monétariste.
Une perspective plus intégrée est offerte si
l'on se rappelle que la création de monnaie résulte, le plus
souvent, de la fourniture de crédit par les banques privées. Or
le crédit est lié à des transactions sur biens
réels. Ainsi lorsqu'il est refusé, des transactions n'ont pas
lieu, et les productions correspondantes, s'il est encore possible de les
arrêter, ne voient pas le jour ; toute expansion du crédit donne
lieu, au contraire, à des transactions qui autrement ne se feraient pas
et, éventuellement, à des productions supplémentaires.
La quantité de monnaie est ainsi, en principe,
susceptible d'influencer les quantités échangées et
produites dans l'économie : elle n'est donc pas neutre par rapport au
revenu national, tant réel que nominal. En d'autres termes, une
économie « monétarisée » est
différente d'une économie de troc. Ceci conduit à une
conception plus large de la politique monétaire : Selon le
monétarisme « actif » la politique monétaire peut
et doit viser à contrôler non seulement l'inflation, mais aussi
l'activité économique générale, c'est-à-dire
le niveau réel du revenu national.
Quant à la question de savoir si les effets des
variations de l'offre de monnaie portent plutôt sur les prix ou sur les
quantités, la réponse dépend de l'état dans lequel
se trouve l'économie : lorsque règne le plein emploi, un
accroissement de cette offre ne peut semble-t-il entraîner qu'une hausse
des prix et donc de l'inflation ; mais en période de sous-emploi en
revanche, il y a de la place pour des productions accrues, et l'expansion
monétaire peut assurer celles-ci sans qu'il y ait nécessairement
hausse généralisée des prix.
|