COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE ET
MONÉTAIRE DE L'AFRIQUE CENTRALEE
INSTITUT SOUS-RÉGIONAL DE STATISTIQUE ET
D'ÉCONOMIE APPLIQUÉE
ORGANISATION INTERNATIONALE
BP : 294 -Yaoundé (République du
Cameroun)
Tél. : +(237) 22 22 01 34
Fax : +(237) 22 22 95 21 E-mail :
isseacemac@yahoo.fr
Année Académique 2007/2008
MÉMOIRE DE FIN DE FORMATION
EFFICACITÉ DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE DE
LA BEAC ET MÉCANISMES DE TRANSMISSION : Une évaluation empirique
du canal du taux d'intérêt au Cameroun de 1995 à
2006
(En vue de l'obtention du diplôme
d'Ingénieur d'Application de la Statistique)
Soutenu publiquement devant le jury ainsi
constitué :
(c) Président : Dr. BONDOMA
Dieudonné
(c) Examinateur : M. CHASSEM
Palissy
Rédigé
par : Sous la Direction
de:
Eric Joël NGOUNOU Évrard
Ulrich MOUNKALA
Élève Ingénieur d'Application
de la Statistique Agent d'Encadrement Supérieur
à la BEAC
Chef de Service des Statistiques Économiques
Juin 2008
AVANT GARDE
L'Institut Sous-régional de Statistique et
d'Économie Appliquée et la Banque des États de l'Afrique
Centrale, n'entendent donner aucune approbation ou improbation aux opinions
émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être
considérées comme propres à leur auteur.
DÉDICACE
A mon fils Christian FOUMOUDOM
A ma chère et bien aimée Carole KOUAM
A mes très chers parents Marie et Bernard
NZOKOM
A mes très chers frères et soeurs :
Vicky, Amandine, Elie-Bernard, Valery et Martial.
REMERCIEMENTS
Qu'il me soit permis de commencer par adresser mes
sincères remerciements à Pierre TITTI, Ministre
Délégué auprès du Ministre des Finances, pour
tout son bon gré et son souci de faire de nous de valeureux serviteurs
de notre Nation.
Je remercie tout aussi sincèrement mon encadreur,
Évrard Ulrich MOUNKALA, pour sa Disponibilité, sa Gentillesse,
son Efficacité et son Efficience dans la gestion du temps et des
ressources humaines, pour son aptitude inégalée à
transmettre des connaissances, enfin pour sa Simplicité. Qu'il me
pardonne d'avoir dévoilé au grand jour plusieurs de ses
qualités.
Que André MIALOU et Arlette BELABOUT OTAM
reçoivent l'expression de ma reconnaissance pour leurs précieux
conseils et suggestions.
J'adresse ma reconnaissance à tout le Corps Enseignant
de l'ISSEA, pour leur dynamisme dans l'accomplissement de leur lourde
tâche de faire de nous des Statisticiens digne de ce nom. En particulier
Michel Noé GUI-DIBY.
Que le Seigneur dise ma reconnaissance à mon cher ami
et frère Anaclet NGANGA.
Je remercie Thomas NKOUENKEU, Jean Baptiste FANKAM,
Félix FONCHI, Berlin TANGUEFET et Thomas TCHILIEBOU pour leur
générosité et leur sens de la fraternité.
Que Brice KAMSU dit «SA'A NGAGAIN», sache que je le
porte dans mon coeur. Puisses-t-il se reconnaître dans ce travail.
J'ai une pensée spéciale envers toutes les
Familles FONCHONMENI, DJEUMENI, TOUKAM, NZOKOM, NGANMENI, KAMGA, NGANNOU et
NGOMSEU pour leurs prières. Que mes Chers Parents reçoivent
l'expression de ma profonde gratitude.
Que Josué DJONGA voit dans ce travail, un
«premier niveau» du Bâtiment dont nous avons
été honorés qu'il réalise la Fondation.
J'adresse particulièrement mes respects à
Sylvain NGOUNOU, Martial NZOKOM, Martine MANIKEU, DJINGUEBAYE AIGONGUE et
Gaston DIKWE pour leur gentillesse.
Que Messieurs Jackson NGWA EDIELLE et Christian NGOULMA ZOGO
reçoivent mes remerciements distingués pour leur inestimable
apport.
Je voudrais ici dire toute la joie que j'ai eu à
partager des connaissances avec mes promotionnaires.
Au-delà de tout, je rends gloire à
L'Éternel Dieu pour son amour infini et les grâces dont il me
comble tous les jours de ma vie.
TABLE DES MATIÈRES
AVANT GARDE
i
DÉDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
TABLE DES MATIÈRES
iv
AVANT-PROPOS
vi
LISTE DES ACRONYMES
vii
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
viii
RÉSUMÉ
ix
INTRODUCTION GÉNÉRALE
- 1 -
CHAPITRE I : La politique monétaire, Instrument
de régulation économique
- 9 -
I.1. Définition et acteurs de la
politique monétaire
- 9 -
I.1.1. La Banque Centrale
- 9 -
I.1.2. Les banques de second
rang
- 10 -
I.1.3. Les marchés de
capitaux
- 10 -
I.2. Les objectifs et instruments de
politique monétaire
- 11 -
I.2.1. Objectif ultime
- 11 -
I.2.2. Les objectifs
intermédiaires de la politique monétaire
- 12 -
I.2.3. Les instruments de politique
monétaire
- 12 -
I.3. Efficacité de la politique
monétaire
- 13 -
I.3.1. La théorie quantitative de
la monnaie
- 14 -
I.3.2. Critique du monétarisme
« actif » par l'école keynésienne
- 16 -
I.3.3. Le monétarisme néo
quantitativiste ou friedmanien
- 19 -
CHAPITRE II Les Objectifs et Instruments de la politique
monétaire de la BEAC
- 22 -
II.1. Les objectifs
généraux
- 22 -
II.1.1. Un objectif
général de stabilité de la monnaie
- 22 -
II.1.2. La justification
économique des objectifs de la politique monétaire
- 23 -
II.2. Les objectifs
intermédiaires
- 23 -
II.2.1. Définition d'objectifs
intermédiaires et opérationnels
- 23 -
II.3. Les instruments utilisés
par la BEAC pour réaliser ses objectifs
- 24 -
II.3.1. Les instruments de la politique
monétaire
- 24 -
CHAPITRE III Études sur la transmission de la
politique monétaire
- 29 -
III.1. Description des canaux de
transmission de la politique monétaire
- 29 -
III.1.1. Les canaux traditionnels de
taux d'intérêt
- 29 -
III.1.2. Canal du prix des autres
actifs
- 30 -
III.1.3. Canaux de
crédit
- 34 -
III.2. Résultats de quelques
études particulières
- 36 -
CHAPITRE IV SPÉCIFICATION DU MODÈLE
- 40 -
IV.1. Choix du système de
variables et représentation de leur persistance
- 40 -
IV.1.1. Spécification
théorique
- 40 -
IV.1.2. Adaptation empirique
- 41 -
IV.2. Principes et méthodes
d'identification des chocs
- 44 -
IV.2.1. Hypothèses
fondamentales
- 44 -
IV.2.2. Présentation des
généralités sur le modèle SVAR (p)
- 45 -
IV.2.3. Fonctions
Impulsion-Réponse
- 51 -
IV.2.4. Décomposition de la
variance
- 54 -
CHAPITRE V : PRÉSENTATION DES PRINCIPAUX
RÉSULTATS ET ENSEIGNEMENTS
- 56 -
V.1. Estimation du modèle SVAR
- 56 -
V.1.1. Caractérisation de
l'évolution des variables
- 56 -
V.1.2. Détermination de l'ordre
d'intégration des séries
- 58 -
V.1.3. Vérification de la
stabilité du modèle
- 59 -
V.1.4. Estimation des coefficients du
modèle
- 59 -
V.2. Analyse de la persistance des chocs
- 60 -
V.2.1 Enseignements de la
décomposition de la variance
- 60 -
V.2.2 Enseignements des fonctions de
réponse au choc monétaire
- 64 -
CONCLUSION GÉNÉRALE
- 68 -
ANNEXES
- 71 -
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
- 83 -
AVANT-PROPOS
Les quatre années de formation des Ingénieurs
d'Application de la Statistique (IAS) à l'Institut Sous-régional
de Statistique et d'Économie Appliquée (ISSEA), sont
couronnées par la rédaction d'un Mémoire de fin de
formation. La rédaction de ce Mémoire a pour objectif majeur,
l'initiation des élèves ingénieurs aux travaux de
recherche.
C'est dans le cadre de ce travail que nous avons
effectué une recherche sur le thème :
«EFFICACITÉ DE LA POLITIQUE
MONÉTAIRE DE LA BEAC ET MÉCANISMES DE TRANSMISSION : Une
évaluation empirique du canal du taux d'intérêt au Cameroun
de 1995 à 2006».
Nous osons croire que les objectifs visés à
travers ce travail ont été atteints. Mais nous n'avons cependant
pas la prétention d'avoir cerné tous les contours du sujet.
Puisse ce travail être jugé à travers le
prisme de ces difficultés. Loin d'être parfait, il reste
perfectible grâce à vos critiques et suggestions.
Tout en appréciant hautement la contribution et la
démarche de notre encadreur, nous assumons seul, la
responsabilité de n'avoir pas su disposer pleinement des
possibilités infinies dans un temps et dans un espace
finis !
LISTE DES ACRONYMES
ADF
|
Augmented Dickey-Fuller
|
BCEAO
|
Banque Centrale des États de l'Afrique de
l'Ouest
|
BEAC
|
Banque des États de l'Afrique
Centrale
|
CEMAC
|
Communauté Économique et
Monétaire d'Afrique Centrale
|
COBAC
|
Commission Bancaire pour l'Afrique
Centrale
|
DS
|
Difference stationary
|
Eviews
|
Econometric views
|
F.CFA
|
Franc pour la Coopération Financière en
Afrique Centrale
|
IAS
|
Ingénieur d'Application de la
Statistique
|
IS
|
Income-Saving
|
ISSEA
|
Institut Sous-régional de Statistique et
d'Économie Appliquée
|
Log
|
Logarithme népérien
|
MCG
|
Moindres Carrés
Généralisés
|
MCO
|
Moindres Carrés Ordinaires
|
MPS
|
Modigliani-Samuelson
|
PIB
|
Produit Intérieur Brut
|
PNB
|
Produit National Brut
|
SVAR
|
Structural Vector Autoregressive
|
TCM
|
Taux Créditeur Minimum
|
TDM
|
Taux Débiteur maximum
|
TIAO
|
Taux d'Intérêt des Appels
d'Offre
|
TIPP
|
Taux d'Intérêt des Prises en
Pension
|
TISIP
|
Taux d'Intérêt sur Interventions
Ponctuelles
|
TISP
|
Taux d'Intérêt sur les
Placements
|
TS
|
Trend Stationary
|
VAR
|
Vector Autoregressive
|
VMA
|
Vector Moving Average
|
LISTE DES TABLEAUX ET
FIGURES
Liste des tableaux
Tableau 1 :
Décomposition de la variance de chaque variable
endogène
- 55 -
Tableau 2 : Résumé du
processus de stationnarisation des différentes séries du
modèle
- 58 -
Tableau 3 : Décomposition de la
variance des résidus de la série LNPIB
- 61 -
Tableau 4 : Décomposition de la
variance des résidus de la variable LNPRIX
- 62 -
Tableau 5 : Décomposition de la
variance des résidus de la variable TXFR
- 63 -
Tableau 6 : (Annexe3) Test de racine unitaire
sur les séries LNPIB et LNPRIX
- 74 -
Tableau 7 : (Annexe 4) Test de racine unitaire
sur la variable TXFR
- 76 -
Tableau 8 : (Annexe 6) Résultat de
l'estimation du VAR
- 77 -
Tableau 9 : (Annexe 7) Résultat de la
factorisation structurelle de
- 78 -
Tableau 10 : (Annexe
8) Décomposition de la variance de toutes les variables
endogènes
- 78 -
Liste des figures
Figure 1 : Effets de la politique
monétaire
- 18 -
Figure 2 :
Causes d'inefficacité de la politique monétaire
- 18 -
Figure 3 : Caractérisation du
comportement des variables LNPIB et LNPRIX.
- 56 -
Figure 4 : Présentation des
corrélogrammes des variables LNPIB et LNPRIX
- 57 -
Figure 5 : Caractérisation du
comportement de la variable TXFR
- 57 -
Figure 6 : Représentation des racines
du polynôme caractéristique de B(L)
- 59 -
Figure 7 : Représentation de la
réponse de la variable LNPIB au choc monétaire
- 64 -
Figure 8 : Représentation de la
réponse de la variable LNPRIX au choc monétaire............
- 65 -
Figure 9 : Représentation de la
réponse de la variable TXFR au choc monétaire
- 65 -
Figure 10 : (Annexe 5) Représentation
du trend du PIB extraite à partir du filtre HP
- 76 -
Figure 11 : (Annexe 9) Fonctions
Impulsion-réponse croisée de toutes les variables
- 81 -
Figure 12 : (Annexe 10)
Autocorrélogrammes des résidus
- 82 -
RÉSUMÉ
L'objectif principal de cette étude est d'analyser sur
le plan économétrique, la pertinence du mécanisme
traditionnel de la transmission monétaire par le canal du taux
d'intérêt au Cameroun, après la série de reformes
effectuées par la BEAC depuis 1990.
Après avoir fait quelques brefs rappels
théoriques sur la politique monétaire et sur les canaux de
transmission, nous présentons rapidement les points essentiels de la
nouvelle politique monétaire de la BEAC. Puis, nous avons recours
à une modélisation vectorielle autorégressive structurelle
(SVAR) pour évaluer empiriquement le fonctionnement du canal du taux
d'intérêt au Cameroun sur la période 1995-2006.
Il ressort de cette étude qu'un choc monétaire
(variation du taux d'intérêt) influence le produit global et le
niveau des prix dans le sens prévu par la théorie
économique. Toutefois, sur la base des données à notre
disposition, l'hypothèse que l'impact d'une telle variation serait
statistiquement significatif ne peut être que rejetée, puisque
l'ampleur de la réaction des variables réelles est de l'ordre du
millième pourcent. La politique des taux d'intérêt de la
BEAC se trouvant de ce fait inefficace pour le cas du Cameroun. Quoiqu'il en
soit, l'humilité de notre travail voudrait que l'on ne prenne pas ces
résultats pour « argent comptant » tant il
est vrai qu'il s'agit de résultats économétrique
revêtant un caractère plus statistique qu'économique. De
plus, bien d'autres canaux de transmission de la politique monétaire ne
sont pas explorés.
INTRODUCTION GÉNÉRALE
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
La stratégie de politique monétaire suivie par
la BEAC d'avril 1973 à octobre 1990, avait pour objectif final le
développement économique de ses États membres. Les
instruments de politique monétaire utilisés étaient :
les taux d'intérêt, les plafonds globaux de
réescompte avec les limites individuelles (par pays) de
réescompte, les réserves obligatoires et surtout le
contrôle qualitatif ou sélectif du crédit. Au
cours de cette période, la BEAC n'avait pas d'objectif ou de cible
intermédiaire quantifié déclaré, du fait de
l'absence d'un cadre cohérent de formulation de politique
monétaire.
Grâce à un environnement économique
international porteur, cette politique a fonctionné sans trop de
difficultés jusqu'en 1985-1986. A partir de cette date, avec
l'effondrement des cours mondiaux des produits de base1(*), la zone a connu une expansion
rapide du crédit intérieur et des mécanismes de gestion
monétaire et de contrôle bancaire défaillants. La situation
monétaire s'est alors considérablement
détériorée2(*). En effet, sous l'action conjuguée de
l'effondrement des cours mondiaux des produits de base et de l'expansion rapide
du crédit intérieur en 1985-1986, les avoirs extérieurs
nets de la zone (en F.CFA) sont passés de 109.2 milliards à fin
décembre 1985 à -140 milliards en décembre 1986 et -242
milliards en 1989. Le Compte d'Opérations qui totalisait 209,7 milliards
au 31 décembre 1985 est devenu débiteur de 74,8 milliards au 31
décembre 1987. Reflétant cette évolution, le taux de
couverture extérieur de la monnaie3(*) est revenu de 63,7 % à 13,6 % alors que les
statuts imposaient un minimum de 20 %.
Face à l'ampleur de la crise, la stratégie
monétaire de la BEAC s'est avérée limitée et
inopérante. En particulier :
ü la politique des taux d'intérêt
était caractérisée par une trop grande rigidité par
rapport à une conjoncture interne et externe très
fluctuante ;
ü la politique de sélectivité du
crédit n'a pas eu les effets escomptés. Au contraire, elle a
introduit des distorsions importantes au niveau de l'allocation des
ressources ;
ü la technique des plafonds globaux de réescompte
était rigide et constituait un facteur « bloquant »
pour la concurrence interbancaire ;
ü les réserves obligatoires enfin, étaient
utilisées comme un élément de sanction des banques, alors
qu'elles constituent en réalité un instrument de
régulation de la liquidité bancaire, particulièrement
lorsque les établissements de crédit sont surliquides et
« hors banque ». Toutes ces évidences mises en
commun, ont inévitablement conduit à une série de reformes
monétaires et bancaires, visant à assainir tout le système
bancaire.
C'est ainsi qu'en octobre 1990, à la suite de la prise
de conscience des échecs de leur politique monétaire, les pays de
la zone CEMAC ont adopté une nouvelle stratégie de politique
monétaire, caractérisée par les innovations
ci-après :
ü L'institution de la Programmation Monétaire en
juillet 19914(*) : qui
sert désormais de cadre de détermination macroéconomique
des objectifs monétaires et de crédit de la Banque (objectif de
refinancement et objectifs intermédiaires, à savoir la masse
monétaire M2 et les crédits à l'économie). Ceux-ci
sont arrêtés sur la base des prévisions à court et
moyen terme de l'évolution de l'activité économique. La
mise en oeuvre de cette programmation, s'explique par la
nécessité de l'atteinte de l'objectif final désormais
clairement défini : la « stabilité
monétaire ». Cette stabilité monétaire
signifie de façon opérationnelle, au plan externe, un taux de
couverture extérieure supérieur ou égal à 20
% et, au plan interne, une inflation faible qui ne diverge pas
fondamentalement de celle de la zone Euro. Le taux d'inflation en moyenne
annuelle ne devrait pas dépasser le seuil de 3% l'an.
ü Le renforcement du dispositif de surveillance bancaire
avec les conventions portant création de la COBAC le 16 octobre
1990, et portant harmonisation de la réglementation bancaire en
Afrique Centrale, le 17 janvier 1992.
ü La promotion d'un système
financier intégré : sous l'impulsion de la théorie de
la « répression financière »
développée par McKinnon et Shaw, la BEAC a procédé
à la libéralisation du système financier dans son
ensemble ; ce qui s'est concrétisé par la mise en place du
Marché Monétaire en juillet 1994. Un nouveau dispositif de
régulation monétaire basé sur les mécanismes de
marché a été mis en place, consacrant l'abandon des
instruments de contrôle direct et sélectif du crédit (taux
privilégiés ou de faveur, plafonds de refinancement par
banque...). En effet, depuis l'instauration du Marché Monétaire
en juillet 1994, le mode d'intervention de la BEAC repose sur le contrôle
de la liquidité bancaire. Lequel contrôle s'exerce sur l'offre de
monnaie centrale grâce à la politique de refinancement mise en
oeuvre exclusivement sous forme d'avance sur titre au niveau du Marché
Monétaire. Ces avances sont limitées quantitativement par
l'application d'un plafond appelé « objectif de
refinancement » et sont accordées à un prix fixe
(TIAO ou TIPP)5(*). Cette
politique peut éventuellement être complétée par une
action sur la demande de monnaie centrale à travers l'imposition des
réserves obligatoires.
Une interrogation inhérente à la mise en oeuvre
de cette politique monétaire est celle de savoir si les réformes
instituées dans cet environnement, ont porté leur fruit depuis le
parachèvement de celles-ci par la dévaluation du franc CFA.
Notamment plusieurs chercheurs de la zone Franc ont soupçonné une
certaine inefficacité de leur politique monétaire à
l'instar de Nubukpo (2003) en Afrique de l'Ouest. Une vérification
empirique du cas de la BEAC ne serait pas fortuite, et spécialement son
outil privilégié qu'est le taux d'intérêt. De plus,
étant donné que l'appréciation de ce nouveau dispositif de
politique monétaire doit être fait dans un milieu relativement
assaini, nous avons choisi de limiter la période d'étude à
1995-2006.
La littérature économique et financière
s'attache davantage à étudier le niveau des taux directeurs
décidé par les banques centrales qu'à la manière
dont l'économie réelle réagit aux variations des taux
d'intérêt. Pourtant, pour que la politique monétaire joue
pleinement son rôle, il est souhaitable que les mécanismes par
lesquels une variation des taux directeurs a un impact sur le comportement des
agents économiques et sur la croissance, c'est-à-dire que les
circuits d'interactions entre la sphère monétaire et
l'économie réelle, soient efficaces. Dès lors, comme le
souligne Auray (2003), le problème de la transmission monétaire
et le rôle de la monnaie dans l'explication des fluctuations
économiques se trouvent au centre des interrogations de nombre de
chercheurs. En effet, depuis les travaux de Say (1803) qui énoncent que
l'offre crée sa propre demande, les économistes ont
débattu sur la question du voile monétaire. D'un
coté, les tenants de la pensée classique considèrent qu'il
existe une dichotomie parfaite entre secteur réel et secteur
monétaire, la monnaie ne permettant que le passage de l'un à
l'autre des pôles. De l'autre coté, c'est autour des travaux de
Wicksell (1898), Walras (1900), Fisher (1911) et Pigou (1918) que s'organise
l'évolution de la théorie de la monnaie et de
l'intérêt depuis le début du siècle
jusqu'à la première guerre mondiale. (Auray 2003)
Or, l'on constate dans l'analyse macroéconomique
contemporaine l'émergence d'un consensus à propos de l'impact non
négligeable de la politique monétaire sur l'activité
économique. Cependant, c'est seulement à la parution du livre de
Friedman et Schwartz (1963) que l'idée d'une influence de la monnaie sur
les fluctuations économiques est réellement acceptée. Ces
auteurs expliquent la crise de 1929 par la diminution de la masse
monétaire durant cette période. L'idée
véhiculée par Friedman et Schwartz (1963) se diffuse largement au
sein des économistes. (Auray, (2003))
Dès lors, l'analyse macroéconomique cherche
à mettre en évidence l'importance de la monnaie dans les
fluctuations. Sims (1972) joue un rôle clé dans cette
démarche, en démontrant empiriquement, la causalité de la
masse monétaire sur le produit global.
Notre objectif est autre, en ce sens que nous nous
interrogeons sur la pertinence de la mise en oeuvre de la politique de la BEAC
et donc, nous ambitionnons d'analyser le fonctionnement de la politique
monétaire de la BEAC. Explorer les voie de transmissions de cette
politique monétaire sur l'économie. Cette analyse se fera
principalement par l'étude des canaux de transmission de la politique
monétaire sur l'économie, notamment le canal du taux
d'intérêt. Enfin nous ferons une évaluation de
l'efficacité de l'instrument mis en oeuvre, au moyen du délai de
réaction de l'économie à une impulsion
monétaire.6(*)
QUESTION DE RECHERCHE
Dans le souci de réussir notre recherche, nous pensons
qu'il serait souhaitable d'apporter des réponses aux quelques questions
suivantes : Le canal du taux d'intérêt fonctionne t-il en
zone CEMAC ? Quelle est l'ampleur d'un impact de la politique
monétaire (variation du taux d'intérêt) sur le produit
global et l'inflation? Quels sont les délais de réaction du
secteur réel suite à une impulsion monétaire ? ...
Nous formulons donc la question centrale de notre recherche de
la façon suivante :
Le mécanisme de transmission de la politique
monétaire de la BEAC basé sur le taux d'intérêt
a-t-il été efficace sur la période 1995-20067(*)?
OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES
L'objectif principal de notre travail est
d'analyser sur le plan économétrique, la pertinence
du mécanisme traditionnel de transmission de la politique
monétaire de la BEAC par le canal du taux d'intérêt dans le
cas du Cameroun sur la période 1995-20068(*).
Nous décomposons cet objectif en deux objectifs
spécifiques :
Examiner le sens de la réaction des variables
réelles suite à une impulsion monétaire (variation du taux
d'intérêt).
Évaluer l'ampleur et la persistance des effets d'une
variation du taux d'intérêt sur les variables réelles.
Nous postulons dans le but d'atteindre ces objectifs les
hypothèses de recherches suivantes :
Hypothèse1 :
Toute variation du taux d'intérêt de la BEAC induit
une réaction du PIB et du niveau des prix du Cameroun, dans le sens
prévu par la théorie économique.
Hypothèse2 :
Toute variation du taux d'intérêt de la BEAC a un
impact significatif qui se prolonge dans le temps, sur le PIB et le niveau des
prix au Cameroun.
MÉTHODOLOGIE
Les travaux académiques sur les questions de
transmission monétaire se divisent en trois catégories :
ü La première méthode consiste à
construire des modèles macro-économiques intégrant
différents impacts. Ces modèles permettent de déterminer
les différentes élasticités des composantes de la demande
finale à des variables de politique monétaire
considérées exogènes (voir par exemple Strauss-Kahn
(1986)).
ü La deuxième approche est fondée sur une
conception qualitative et institutionnelle de la politique monétaire.
Considérant que les autres méthodes ne parviennent pas à
identifier de façon satisfaisante les effets de la politique
monétaire, Romer et Romer (1990) ont étudié les rapports
et les minutes du Conseil des Gouverneurs de la Réserve
Fédérale et du Comité Fédéral de
l'Open Market de 1945 à 1987. Ils ont
repéré au total six dates correspondant à un passage
à une politique monétaire restrictive. Les deux auteurs ont
transformé ces informations qualitatives en une variable muette qui
prend la valeur 1 aux dates où la politique monétaire devient
restrictive et la valeur 0 dans le cas contraire. Cette variable est introduite
comme variable explicative dans des régressions standard. Romer et Romer
(1990) ont obtenu une baisse du PIB réel à chaque restriction
monétaire.
ü La troisième méthode se concentre sur les
co-variations observées entre une variable représentative de la
politique monétaire et des variables macroéconomiques. Friedman
et Schwartz (1963) ont par exemple étudié les variations
concomitantes ou retardées de la politique monétaire et des
agrégats réels. Il s'agit d'analyses économétriques
directes fondées uniquement sur les liens statistiques entre les taux
d'intérêt et les variables réelles (modèles
vectoriels autorégressifs ou VAR). C'est dans les années 80 que
Sims (1980, 1986) en a répandu l'usage avec le développement de
modèles VAR.
Afin d'étudier les mécanismes de transmissions
monétaires et les effets de la politique monétaire dans les
fluctuations économiques, Sims (1980) propose d'utiliser un outil
d'analyse des fluctuations centrées sur les innovations statistiques
d'un modèle vectoriel autorégressif (VAR)9(*). La non neutralité des
chocs monétaires semble alors incontestable. A la suite des travaux
fondateurs de Sims, de nombreux auteurs ont cherché en utilisant le
cadre de la méthodologie VAR, à confirmer ou infirmer
l'hypothèse de non neutralité de la monnaie.
À l'exemple10(*) de : Litterman et Weiss (1985), Blanchard et
Watson (1986), Bernanke (1986), Blanchard (1989) et Gali (1992).
Blanchard (1989) montre ainsi, que les chocs monétaires
influencent les variations du PNB réel américain. Cependant, la
difficulté de mesurer la véritable contribution des chocs
monétaires demeure tant le traitement de la non stationnarité et
les hypothèses d'identification des sources d'impulsion sont
différentes selon les travaux. Malgré ces difficultés,
l'utilisation de la méthodologie VAR initialement proposée par
Sims (1980) s'est généralisée dans la littérature.
Ce type de représentation dynamique a ainsi permis d'étudier les
effets de la politique monétaire et de caractériser les
régularités qui se dégagent à la suite d'une
impulsion monétaire.
L'utilisation de modèles VAR permet en outre de mettre
en évidence le comportement des agrégats de l'économie
à la suite, par exemple d'une modification de la politique
monétaire. Le choix des variables, le nombre de retards,
l'hypothèse de récursivité ont alors été
examinés dans de nombreuses études11(*) telles : Sims (1992),
Bernanke et Blinder (1992), Leeper et Gordon (1992), Strongin (1995), Leeper,
Sims et Zha (1996), Christiano, Eichenbaum et Evans (1999) et (2001).
Comme nous l'avons annoncé plus haut, nous
spécifierons un modèle dont l'estimation se fera suivant une
approche VAR structurelle (SVAR). En effet, nous partons d'une formulation
théorique proposée par Artus (2001). Nous allons donc
évaluer l'impact de l'action de la politique monétaire de la
banque centrale sur l'économie par l'action des variables
monétaires (taux d'intérêt), sur des variables
macroéconomiques (le niveau des prix, le produit global ou PIB).
Nous organisons notre travail en deux grandes parties :
un cadre théorique de trois chapitres, et un cadre
empirique de deux chapitres. Sur le plan théorique, nous faisons
tout d'abord un certain nombre de rappels théoriques sur
l'efficacité de la politique monétaire, ensuite nous
décrivons la politique monétaire de la BEAC et enfin nous faisons
une revue de la littérature sur les questions de la transmission
monétaire. Sur le plan empirique, nous spécifions le
modèle qui nous permet de résoudre notre question de recherche et
enfin nous présentons les principaux résultats de notre travail.
CADRE THÉORIQUE
Chapitre I: La politique monétaire, Instrument de
régulation économique
Ce chapitre, après avoir défini quelques
concepts, passe en revue quelques théories sur l'efficacité de la
politique monétaire dans la résolution des problèmes et
déséquilibres de l'économie. Il s'agit notamment des
théories classique, keynésienne et friedmannienne de la politique
monétaire.
De nos jours, dans de nombreux pays, la politique
monétaire est le fait des banques centrales et ses actions se font au
moyen de leur offre de monnaie et des taux d'intérêt
pratiqués. Ces moyens rendent prépondérante leur influence
sur l'économie.
I.1. Définition et
acteurs de la politique monétaire
En référence à plusieurs manuels
d'économie, la politique monétaire peut être définie
comme l'ensemble des décisions par lesquelles sont modifiés la
quantité de monnaie offerte ou les taux d'intérêt dans
l'économie, et qui visent à influencer, selon les circonstances,
soit le niveau général des prix, soit le niveau du revenu
national d'équilibre. Elle consiste à mettre à la
disposition de l'économie des moyens de paiement en quantités
nécessaires et suffisantes pour favoriser la croissance et le plein
emploi, dans un cadre de stabilité des prix.
I.1.1. La Banque Centrale
La quantité de monnaie présente dans
l'économie ainsi que les taux d'intérêt pratiqués
sur les marchés sont très largement déterminés par
la Banque Centrale.
Les banques centrales mènent la politique
monétaire en coordination avec les gouvernements, puisque leurs
objectifs sont souvent convergents. Le degré d'indépendance ou de
dépendance de la banque centrale à l'égard de
l'État est loin d'être le même partout ; ce qui fait
que l'étroitesse et les formes de cette collaboration varient selon les
pays. A titre d'exemples de la « Federal Reserve » des
États-unis d'Amérique, opère sous un statut de rigoureuse
indépendance à l'égard du pouvoir politique, de même
que la Banque Centrale Européenne, la BEAC et la BCEAO. Toutefois, nous
ne saurons avancer que l'influence des gouvernements sur les décisions
de ces institutions soit totalement nulle12(*).
I.1.2. Les banques de second
rang
Ce sont des établissements de crédit
ayant pour objet de fournir des services financiers aux particuliers ainsi
qu'aux entreprises, qu'elles soient privées ou publiques.
L'activité de banque consiste à collecter des
fonds qui, mobilisés sous des formes variables, permettent le
financement de l'activité économique.
Ces services sont aujourd'hui fournis par un réseau
d'institutions différentes telles que les banques à statut
commercial, les banques d'affaires et les institutions financières
spécialisées qui agissent sous le contrôle
d'autorités de tutelle, dont les banques centrales.
I.1.3. Les marchés de
capitaux
Traditionnellement l'on distingue deux types de marchés
de capitaux13(*) :
ü le marché des capitaux à court terme
ou marché monétaire ;
ü le marché des capitaux à moyen et
long terme ou marché financier.
Le marché monétaire porte sur une matière
bien déterminée, à savoir la monnaie centrale ou la
liquidité dont disposent les agents économiques et exclusivement
les agents financiers admis au marché de la monnaie centrale. Ce
marché correspond à la nécessité pour une banque de
disposer dans son compte à la banque centrale d'un avoir suffisant pour
faire face aux retraits de billets de sa clientèle. C'est donc le lieu
où les établissements de crédit (banques et
établissements financiers) compensent leurs excédents et
déficits quotidiens de trésorerie. Cependant, les compensations
entre banques peuvent suffire à satisfaire les besoins et éponger
les excédents de tous les participants, la banque centrale intervient in
fine soit pour fournir le supplément de liquidité
nécessaire au bouclage du cycle de financement soit pour ponctionner les
liquidités excédentaires.
Le marché financier est le lieu où se
négocient et s'échangent des capitaux à long terme entre
divers intervenants. Dans le vocabulaire courant, l'expression est synonyme de
Bourse, c'est-à-dire un ensemble des espaces où se confrontent
des offres et des demandes de produits financiers. Au sens strict, le
marché financier n'est qu'un compartiment de la Bourse, celui de
l'émission des titres nouveaux, appelé « marché
primaire ». Ce marché est le plus important pour
l'économie dans la mesure où il permet aux entreprises qui le
fréquentent de créer des actions ou des obligations afin
d'augmenter leur capital ou de financer leurs investissements, et à
l'État de lancer des emprunts. Le compartiment appelé
« marché secondaire », qui concerne l'échange
de titres déjà émis, l'achat et la vente de produits
cotés en fonction de l'offre et de la demande, correspond pour sa part
à la notion précise de Bourse. Les marchés primaire et
secondaire sont intimement liés car un épargnant ne souhaite
acheter des titres sur le premier qu'à condition de pouvoir les revendre
sur le second.
I.2. Les objectifs et
instruments de politique monétaire
I.2.1.
Objectif ultime
Il est généralement enseigné que la
politique monétaire poursuit quatre grands objectifs finaux14(*). Afin d'atteindre ces
objectifs finaux, les autorités monétaires se fixent des
objectifs intermédiaires. Ces derniers sont des valeurs des variables
sur lesquelles les instruments de la politique monétaire agissent
directement. Les objectifs finaux de la politique monétaire peuvent
être :
ü le taux de croissance de l'économie. En
vertu de la règle d'or énoncée par Friedman, la politique
monétaire assurera une croissance non inflationniste si la croissance de
la masse monétaire suit la croissance économique
réelle ;
ü le taux d'inflation : dans une optique
keynésienne, la politique monétaire est un instrument de
régulation conjoncturelle qui est basé sur l'arbitrage
inflation/chômage15(*) ;
ü l'équilibre de la balance des
paiements : si un pays est confronté à un
déséquilibre extérieur, une politique monétaire
restrictive permet d'attirer les capitaux et de limiter la
dépréciation de la monnaie ;
ü le plein emploi : en
référence à la politique monétaire de la Federal
Reserve au États-Unis.
I.2.2. Les objectifs
intermédiaires de la politique monétaire
Les objectifs intermédiaires de la politique
monétaire peuvent être :
ü la croissance de la masse monétaire,
qui constitue l'objectif privilégié des monétaristes. Les
autorités monétaires des pays de l'OCDE16(*) avaient adopté cet
objectif intermédiaire dans la décennie 70 afin de guider leur
politique monétaire ;
ü le niveau des taux d'intérêt nominaux
est l'objectif privilégié des keynésiens. Le niveau
des taux d'intérêt conditionne le niveau des investissements ainsi
que les mouvements de capitaux à court terme sur les places
financières ;
ü la stabilité du taux de change : la
Banque Centrale définit un taux de change d'équilibre et
s'efforce de défendre cette parité.
I.2.3. Les instruments de
politique monétaire
D'une part, l'on définit des objectifs
intermédiaires dont la réalisation doit permettre d'atteindre des
objectifs finals, d'autre part, l'on oriente, par référence
à ces objectifs intermédiaires, les instruments de
contrôles de la politique monétaire.
I.2.3.1. La régulation du crédit
Elle permet d'opérer le contrôle
de la masse monétaire. A cet effet, l'on peut procéder à
une politique stricte d'encadrement du crédit17(*), ce type de politique a
été supprimé à la fin de l'année 1986, et
les autorités monétaires laissent aujourd'hui la latitude aux
banques de distribuer le montant des crédits qu'elles souhaitent, sous
contrainte de leurs avoirs à la banque centrale.
Par ailleurs, en agissant sur la fixation des taux
d'intérêt, la banque centrale influence la demande de
crédit, son volume variant de manière inverse au mouvement des
taux d'intérêt.
L'État peut tout aussi bien restreindre la
création monétaire des institutions de crédit en
augmentant le loyer de l'argent (taux de l'escompte) ce qui va
entraîner une diminution des demandes de crédit de la part des
agents économiques.
I.2.3.2. L'action sur les liquidités
bancaires
La banque centrale, en agissant sur le volume des
liquidités bancaires, influence aussi l'offre de crédit des
banques.
Les banques ont l'obligation de provisionner des avoirs en
soldes créditeurs non rémunérés à la banque
centrale18(*), constituant
un certain pourcentage de leurs dépôts. Ces avoirs
représentent des réserves obligatoires qui agissent sur
les besoins de financement des banques et leur politique de crédit.
Enfin, par son intervention sur le marché
monétaire, la banque centrale agit sur la liquidité bancaire et
sur le niveau des taux d'intérêt. Ces interventions consistent
pour la banque centrale à acheter ou vendre des effets à un
certain prix (le taux d'intérêt étant le prix d'un titre)
et ainsi modifier le taux du marché monétaire en absorbant une
partie des liquidités disponibles. Si le taux d'intérêt
déterminé par la confrontation de l'offre et de la demande
s'élève, le coût de refinancement des banques est
renchéri, ce qui limite leurs possibilités d'accorder des
crédits. (Plihon (2001))
La Banque Centrale peut intervenir directement sur le
marché monétaire pour accroître ou restreindre la
quantité de liquidités disponibles, ce qui se répercute
sur le prix de l'argent (le taux d'intérêt) c'est ce que la
littérature qualifie d'opérations d'open market .
I.3. Efficacité de
la politique monétaire
Du fait du caractère non mécanique et parfois
incertain du lien entre objectif ultime et instruments de politique
monétaire, nous faisons dans cette section recours à la
théorie économique pour mieux cerner les mécanismes
d'influence de la politique monétaire sur l'économie.
Les idées fondamentales en matière de politique
monétaire, peuvent être regroupées dans à peu
près quatre écoles de pensées concurrentes depuis
plusieurs années ; quoiqu'elles soient fortement en relation les
unes avec les autres.
La première école de pensée, issue de la
théorie quantitative de la monnaie, et appelée
«monétarisme simple», tend à faire de la
politique monétaire l'instrument exclusif de la maîtrise de
l'évolution des prix, mais aussi à la cantonner dans ce
rôle.
Une autre école dite du
« monétarisme actif »
élargit ces perspectives en considérant que la politique
monétaire est aussi susceptible d'influencer le niveau du revenu
national d'équilibre.
Une troisième école, d'inspiration
keynésienne conteste toutefois cet élargissement en
identifiant des circonstances importantes dans lesquelles il est clair que la
politique monétaire est inopérante.
Finalement, une forme moderne du monétarisme, dite
« monétarisme friedmanien », précise quelles
doivent être les règles de bonne gestion d'une banque centrale
lorsque l'économie est en croissance, si l'on veut éviter
l'inflation.
I.3.1. La théorie
quantitative de la monnaie
Soit l'équation des transactions, d'Irving Fisher
suivante : où M désigne la masse monétaire, V la vitesse de
circulation de la monnaie, pi le prix unitaire du bien i,
qi la quantité du bien i, n le nombre de biens et services
faisant l'objet de transactions, et Y le produit national19(*).
Le lien que cette formule établit entre la masse
monétaire et le revenu national, par l'intermédiaire de la
vitesse de circulation, a servi de point de départ au
développement de la théorie quantitative de la monnaie, selon
laquelle, toute variation de la quantité de monnaie présente dans
l'économie (M), entraîne aussitôt une variation
proportionnelle du produit national (, c'est-à-dire Y), le coefficient de proportionnalité
étant V.
Dans sa version initiale, qui a longtemps prévalu, la
théorie postule que la vitesse V est pratiquement constante. Comme par
construction l'équation des transactions est toujours
vérifiée, quel que soit l'état de l'économie, elle
oblige effectivement à penser que, si V reste constante, toute variation
de M en entraîne une autre de même ampleur à droite du signe
d'égalité, c'est-à-dire de Y.
Une interrogation à longtemps prévalu sur les
sources de variations de Y. S'agit-il là d'une variation des
quantités qi, c'est-à-dire du produit national «
réel », ou d'une variation des prix pi, le changement du
produit national n'étant alors que nominal. L'équation ne fournit
pas en elle-même une réponse sur ce point. Ce qui fait que la
théorie quantitative a été complétée par
d'autres théories, qui viennent expliquer comment réagissent
respectivement les prix et les quantités aux variations de la
quantité de monnaie dans l'économie. D'où la
diversification des formes du monétarisme.
I.3.1.1. Le monétarisme simple (Les «
grands classiques » JB Say, JS Mill : « la monnaie-voile
»)
Dans la version la plus simple du monétarisme, qui est
aussi la plus extrême, il est postulé que le secteur réel
de l'économie atteint spontanément un équilibre
général quelconque, indépendamment de ce qui se passe
du côté de l'offre de monnaie M. Les variations
éventuelles de la quantité de monnaie ne peuvent dès lors
affecter, en vertu de l'équation des transactions, que les prix
pi ; les quantités qi quant
à elles n'en subissent aucune influence. Cette version du
monétarisme est l'expression d'une conception du circuit
économique caractérisée par une scission quasi
complète entre le secteur réel et le secteur monétaire. La
monnaie, dans cette optique, n'est qu'un « voile » au travers duquel
se font les transactions sur biens et services; elle est « neutre »
par rapport à ces transactions, c'est-à-dire que sa
quantité présente dans l'économie est sans effet sur
l'ampleur des transactions. L'on peut dire aussi, dans cette perspective,
qu'une économie où circule de la monnaie est identique à
une économie de troc. Mais en même temps, la quantité de
monnaie a pour effet majeur de déterminer le niveau
général des prix : ce niveau est élevé si M
est grand, et faible si M est réduit.
L'on conclut aisément de ce qui précède
que selon le monétarisme « simple », la politique
monétaire de la banque centrale doit porter exclusivement sur le
contrôle de l'inflation.
L'action de la banque centrale sur l'offre de monnaie
constitue, dans cette optique, l'instrument par excellence qui permet d'agir
sur le niveau général des prix. Il faut par ailleurs prendre acte
de son impuissance à influencer l'activité économique
« réelle » et recourir éventuellement à d'autres
instruments si l'on veut agir à ce niveau.
I.3.1.2. Le monétarisme « actif »
(Pigou, Marshall)
La vue totalement dichotomique des secteurs réel et
monétaire que l'on vient d'exposer n'est pas partagée par tous
les représentants de l'école monétariste.
Une perspective plus intégrée est offerte si
l'on se rappelle que la création de monnaie résulte, le plus
souvent, de la fourniture de crédit par les banques privées. Or
le crédit est lié à des transactions sur biens
réels. Ainsi lorsqu'il est refusé, des transactions n'ont pas
lieu, et les productions correspondantes, s'il est encore possible de les
arrêter, ne voient pas le jour ; toute expansion du crédit donne
lieu, au contraire, à des transactions qui autrement ne se feraient pas
et, éventuellement, à des productions supplémentaires.
La quantité de monnaie est ainsi, en principe,
susceptible d'influencer les quantités échangées et
produites dans l'économie : elle n'est donc pas neutre par rapport au
revenu national, tant réel que nominal. En d'autres termes, une
économie « monétarisée » est
différente d'une économie de troc. Ceci conduit à une
conception plus large de la politique monétaire : Selon le
monétarisme « actif » la politique monétaire peut
et doit viser à contrôler non seulement l'inflation, mais aussi
l'activité économique générale, c'est-à-dire
le niveau réel du revenu national.
Quant à la question de savoir si les effets des
variations de l'offre de monnaie portent plutôt sur les prix ou sur les
quantités, la réponse dépend de l'état dans lequel
se trouve l'économie : lorsque règne le plein emploi, un
accroissement de cette offre ne peut semble-t-il entraîner qu'une hausse
des prix et donc de l'inflation ; mais en période de sous-emploi en
revanche, il y a de la place pour des productions accrues, et l'expansion
monétaire peut assurer celles-ci sans qu'il y ait nécessairement
hausse généralisée des prix.
I.3.2. Critique du
monétarisme « actif » par l'école
keynésienne
L'analyse keynésienne est présentée de
façon synthétique dans l'ouvrage de référence
publié en 1936 par Keynes « La théorie
générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
monnaie », à la suite de la grande crise de 1929, du fait
du chômage massif qui s'en est suivi et de l'échec de la
théorie classique de la régulation automatique par le
marché. Cette analyse se situe en rupture totale avec la théorie
quantitative de la monnaie que Keynes juge trop simpliste à ses yeux.
Keynes a développé pour justifier un scepticisme
fondamental quant à l'efficacité (monétariste) de la
politique monétaire, une argumentation dans laquelle il montre en effet
que, deux obstacles sont susceptibles de s'interposer.
D'une part, il est possible que pour un taux
d'intérêt très bas, la manipulation de la quantité
de monnaie ne modifie pas ce taux. C'est la « trappe à la
liquidité » (liquidity trap), zone de la courbe de demande de
monnaie qui se caractérise par une très grande
élasticité de la demande de monnaie par rapport au taux
d'intérêt20(*). À ce niveau, toute augmentation de l'offre de
monnaie est absorbée dans les encaisses des particuliers, car le taux
d'intérêt qu'ils pourraient obtenir par placement de ces encaisses
(le coût d'opportunité de celles-ci) est trop faible.
D'autre part, même si ce phénomène
monétaire ne joue pas et que l'étape du marché financier
est atteinte, diverses raisons peuvent rendre les dépenses
d'investissement faiblement sensibles à des fluctuations du taux
d'intérêt ; la courbe de demande de capital est alors
inélastique par rapport à ce taux, et la baisse de celui-ci n'en
accroît guère le volume. Il en est ainsi lorsque les chefs
d'entreprise voient de façon pessimiste l'avenir et les perspectives de
profit : même si le coût du capital est abaissé, ils
n'accroissent pratiquement pas leurs investissements21(*). Enfin, une troisième
critique keynésienne porte sur l'hypothèse de base du
monétarisme selon laquelle la vitesse de circulation de la monnaie, V,
serait constante. Keynes affirme au contraire que celle-ci se modifie selon le
degré de préférence des individus pour la
liquidité. Si cette préférence est forte, la vitesse de
circulation est faible, puisque la plus grande partie de la monnaie est
conservée par les agents économiques ; si au contraire la
préférence pour la liquidité est faible, la vitesse de
circulation de la monnaie est élevée.
La relation préconisée par les
monétaristes « actifs » entre création de
monnaie et crédit, ne constitue qu'une justification plutôt
intuitive de la conception « active » de la politique
monétaire. Une argumentation plus forte a donc été
donnée par l'analyse keynésienne. Celle-ci, partant d'un examen
plus détaillé des relations entre la quantité de monnaie
et le niveau du revenu national, fait valoir que cette action, lorsqu'elle est
possible, a lieu surtout par l'intermédiaire des taux
d'intérêt.
Supposons en effet qu'au départ l'équilibre
global se situe en YE (figure I.1C), et que sur le
marché monétaire (figure I.1A) le taux
d'intérêt de court terme i0 réalise
l'équilibre entre la préférence pour la liquidité
ou demande de monnaie (courbe DM), et l'offre de monnaie (courbe OM). En cas
d'augmentation de cette dernière, la droite qui la représente se
déplace en O'M par exemple, et le taux d'intérêt à
court terme tombe à i1. La totalité de la
liquidité supplémentaire ainsi créée n'est
toutefois pas nécessairement thésaurisée : une partie peut
être placée sous forme de titres à long terme (actions et
obligations), ce qui se traduit sur le marché financier (figure
I.1B) par un déplacement vers la droite de l'offre d'épargne
(de OS à O'S). Ceci entraîne une baisse du taux
d'intérêt à long terme, et dès lors une hausse des
dépenses d'investissement, puisque celles-ci sont fonction
décroissante de ce taux. De leur montant I0 pour un taux
à long terme initial les dépenses d'investissement passent dès lors, pour le
taux, au niveau. La dépense nationale passant à son tour à , le multiplicateur augmentera le revenu de YE jusqu'en
YE' (figure I.1C). Ce schéma, qui est fortement
simplifié, suggère que l'interdépendance entre
phénomènes monétaires et phénomènes
réels est complexe. L'on notera aussi que l'action sur le revenu n'est
possible en termes réels, que si YE est un
équilibre de sous-emploi keynésien, c'est-à-dire
dans lequel le multiplicateur peut jouer ; en période de plein emploi,
ou de sous-emploi classique, toute stimulation de cet ordre ne saurait
entraîner que de l'inflation22(*).
La critique keynésienne de l'efficacité de
la politique monétaire consiste donc finalement à dire que soit
la variabilité de la vitesse de circulation de la monnaie, soit la
possibilité de la trappe à la liquidité, soit encore
l'éventuelle inélasticité de la demande d'investissement
en période de sous-emploi, détruisent l'influence que cette
politique pourrait avoir sur le niveau du produit national, au moment où
l'on en aurait besoin ; pour ces trois raisons, il faut considérer le
monétarisme « actif » comme inopérant.
En conséquence, selon l'école
keynésienne, si la politique monétaire reste un instrument
adéquat pour lutter contre l'inflation, il convient plutôt de
recourir, lorsqu'il faut agir sur le niveau réel du produit national,
à l'action directe sur les grandeurs qui le déterminent :
Consommation, Investissement, et Dépenses gouvernementales,
c'est-à-dire aux diverses formes de la politique budgétaire.
Figure I-1 : Effets de la politique
monétaire
Figure I-2 : Causes
d'inefficacité de la politique monétaire
I.3.3. Le monétarisme
néo quantitativiste ou friedmanien23(*)
L'économiste américain Friedman a proposé
de réhabiliter la théorie quantitative sous une forme nouvelle.
Il l'a fait dès les années 1950, mais ses idées n'ont
connu un certain succès qu'à partir de la décennie 70, et
elles ont donné depuis une vigueur nouvelle au monétarisme.
Admettant le bien-fondé de la critique
keynésienne de l'hypothèse de constance de la vitesse de
circulation de la monnaie (critique que l'observation statistique des faits
avait entre-temps confirmée), Friedman a fait valoir à son tour
que bien qu'il n'y ait pas une relation proportionnelle constante entre la
quantité de monnaie et le niveau du revenu, la vitesse de circulation
est néanmoins une fonction stable de variables statistiquement
identifiables, telles que le taux d'intérêt, le niveau
général des prix, et le niveau du revenu lui-même24(*). V varierait donc selon des
lois observables, et ceci pourrait logiquement suffire, pour déterminer
dans chaque circonstance, sur la base de l'équation des transactions, la
proportion dans laquelle le revenu national réagira à une
variation de l'offre de monnaie. Friedman reconnaît aussi, par-là
même, l'existence d'une influence de la quantité de monnaie sur le
secteur réel de l'économie ; il conteste donc la dichotomie
radicale du monétarisme simple entre les secteurs réel et
monétaire. Il observe d'ailleurs que lorsque règne le plein
emploi, un accroissement de l'offre de monnaie n'entraîne exclusivement
une hausse des prix, que si les limites du plein emploi ne reculent
pas ; mais si les investissements reculent ces limites, de nouvelles
transactions sont possibles, pour lesquelles des moyens de paiement
monétaires sont nécessaires. L'accroissement de la
quantité de monnaie disponible n'est alors nullement inflationniste, du
moins pour la partie de celle-ci qui correspond à l'accroissement des
possibilités réelles de l'économie. Ne pas faire cet
accroissement provoquerait d'ailleurs, selon l'équation des
transactions, de la déflation. Mais Friedman est en même temps un
partisan avéré de l'économie de marchés,
professant comme ses devanciers une vision optimiste du fonctionnement de cette
dernière. Il considère en particulier que le processus
compétitif non seulement suffit à conduire l'économie
près du plein emploi et à assurer sa croissance, mais est aussi
un excellent mode d'organisation pour assurer la réalisation de ces
objectifs collectifs. Pour lui, dès lors, la politique monétaire,
et d'ailleurs la politique économique dans son ensemble, doivent
être telles qu'elles entravent le moins possible ce processus : en
matière de prix d'une part, il faut s'en servir pour éviter aussi
bien l'inflation que la déflation, car ce sont là des entraves au
bon fonctionnement du système ; en matière de quantités
d'autre part, il convient de s'abstenir de tout interventionnisme (notamment
sur C et I) qui chercherait à les influencer dans un
sens différent de ce que dicte l'évolution des marchés. A
ce niveau, pense-t-il en effet, la « politique » ne saura jamais
faire mieux que le marché. Il s'ensuit que la gestion de l'offre de
monnaie par la banque centrale doit se limiter, selon le monétarisme
friedmanien, à permettre le maintien et l'accroissement du
niveau de l'activité globale qui se réalise spontanément ;
elle ne doit pas entraver cet accroissement par une offre de monnaie trop
restrictive, qui provoquerait de la déflation, ni par une offre trop
abondante, qui susciterait l'inflation.
De manière plus précise : selon le
monétarisme friedmanien, la politique
monétaire doit consister à faire croître l'offre de monnaie
à un taux qui, majoré du taux de variation de la vitesse de
circulation de la monnaie, serait égal à celui de la croissance
du produit national en termes réels ; le respect de cette règle
simple donne les meilleures chances que cette croissance se réalise
effectivement, et sans inflation.
Une expression formelle de cette règle, qui en renforce
la justification, est donnée dans l'encadré1 en annexe. La
règle suppose cependant que l'on puisse prédire de manière
fiable tant la variation de la vitesse de circulation que le taux de croissance
réel de l'économie. Sur ces deux points, et malgré ses
propres efforts et contributions méthodologiques, Friedman constate
qu'on est encore trop loin du compte. Les erreurs de prévision
étant trop importantes, il conclut qu'il vaut mieux s'en tenir
à un taux constant de croissance de la masse monétaire, et
laisser l'économie s'ajuster spontanément à celui-ci. L'on
notera que dans une telle perspective, la banque centrale est
considérée comme devant être, et devant rester, un organe
rigoureusement indépendant du gouvernement. Le rôle de la
politique monétaire est alors essentiellement conçu comme celui
d'assurer à tout moment au système économique une
liquidité suffisante pour permettre la progression spontanée du
produit global dans un contexte de stabilité du niveau
général des prix25(*). Friedman critique par ailleurs fortement la
politique budgétaire, dont il est un adversaire acharné. Il
affirme en effet que la détermination du produit national par les
variables réelles (C, I, G) n'est pas aussi
assurée que l'on pourrait le croire : connaître l'effet d'une
variation de G ou de I sur Y dépend de la
connaissance des multiplicateurs correspondants. Or ceux-ci peuvent être
nuls, en cas d'équilibres non keynésiens ; et lorsqu'ils
ne le sont pas, ils sont déterminés par la propension marginale
à consommer, qui peut elle-même être instable, ou
mesurée de manière non fiable. L'effet des politiques
budgétaires est dès lors au moins aussi incertain que celui des
politiques monétaires actives, et il est donc plus prudent de se limiter
à ces dernières. Le débat entre monétarisme
friedmanien et politiques budgétaires keynésiennes se
ramène ainsi à la comparaison de deux types de paramètres
clés : la vitesse de circulation de la monnaie d'une part, et les
multiplicateurs macroéconomiques d'autre part. Il conduit à ne
pouvoir juger de la fiabilité et de l'efficacité de l'une ou
l'autre politique que sur la base d'une connaissance empirique de ces deux
paramètres.
En résumé, nous dirons que la majorité
des manuels d'économie présente la théorie sur
l'efficacité de la politique monétaire en 4
écoles :
ü La première (monétarisme simple)
prône la neutralité de la monnaie (monnaie voile), et
estime que la politique monétaire à mener par la banque
centrale doit porter exclusivement sur le contrôle de
l'inflation.
ü La deuxième (monétarisme actif),
tout en remettant en cause la thèse de la monnaie voile, prône la
constance de la vitesse de circulation de la monnaie, et
pense que la politique monétaire peut et doit viser à
contrôler non seulement l'inflation, mais aussi l'activité
économique générale, c'est-à-dire le niveau
réel du revenu national.
ü La troisième, d'inspiration
keynésienne, vient critiquer le monétarisme actif en
émettant l'avis selon lequel soit la variabilité de la
vitesse de circulation de la monnaie, soit la possibilité d'une trappe
à la liquidité, soit encore l'éventuelle
inélasticité de la demande d'investissement en période de
sous-emploi, détruisent l'influence que cette politique pourrait avoir
sur le niveau du produit national. Pour ces trois raisons, il faudrait
considérer le monétarisme « actif » comme
inopérant. Cette école reconnaît la capacité de
la politique monétaire pour agir sur l'inflation mais préconise
l'utilisation de la politique budgétaire pour agir sur les variables
réelles.
ü Enfin la dernière (friedmanienne) vient
s'opposer farouchement à la précédente théorie tout
en reconnaissant l'impertinence de la thèse de constance de la vitesse
de circulation de la monnaie. Elle affirme que sans être constante, la
vitesse de circulation de la monnaie est une fonction stable de variables
statistiquement identifiables. Pour elle l'orientation efficace de la
politique monétaire doit consister à faire croître l'offre
de monnaie à un taux qui, majoré du taux de variation de la
vitesse de circulation de la monnaie, serait égal à celui de la
croissance du produit national en termes réels.
Chapitre II : Les
Objectifs et Instruments de la politique monétaire de la BEAC26(*)
Dans ce chapitre, il sera
essentiellement question de présenter le cadre institutionnel de la BEAC
ainsi que l'évolution de sa politique monétaire et de ses
instruments.
II.1. Les objectifs généraux
Les objectifs finals de la politique monétaire ont
longtemps été ceux de la politique économique en
général, résumés par le « carré magique
» de Kaldor :
ü Croissance équilibrée ;
ü plein emploi ;
ü stabilité des prix ;
ü équilibre extérieur.
II.1.1. Un objectif
général de stabilité de la monnaie
Depuis les années 1980 l'on a assisté à
un recentrage de la politique monétaire sur le seul objectif de
stabilité des prix, et ce quasiment dans tous les pays27(*). (Guinaudeau (2007))
Conformément à l'article 1er de ses Statuts,
l'objectif final de la politique monétaire de la BEAC est de garantir la
stabilité monétaire. Sans préjudice de cet
objectif, la BEAC apporte son soutien aux politiques économiques
générales élaborées par les États membres.
Pour la BEAC, dont la monnaie est rattachée à l'euro par une
parité fixe28(*),
l'objectif de stabilité monétaire signifie au plan interne, un
taux d'inflation faible (la norme communautaire est fixée
à 3 % au maximum) et au plan externe un taux de couverture de la monnaie
suffisant (le seuil statutaire minimal est de 20 %). Pour évaluer
les risques pesant sur la stabilité monétaire et décider
de l'action à mener, la BEAC suit étroitement l'évolution
des agrégats monétaires (taux de croissance de la masse
monétaire et des crédits à l'économie). Elle affine
son analyse en examinant la dynamique d'une large gamme d'indicateurs
économiques et financiers.29(*)
II.1.2. La justification
économique des objectifs de la politique monétaire
Selon les concepteurs de la politique monétaire de la
BEAC, une modification de la quantité de monnaie présente dans
l'économie se traduit par un changement du niveau général
des prix et n'induit pas de modifications permanentes des variables
réelles telles que la production ou le chômage. Une variation de
la quantité de monnaie en circulation représente donc, en fin de
compte, une modification de l'unité de compte qui laisse toutes les
autres variables inchangées. Ce principe général de
neutralité de la monnaie implique qu'à long terme la
Banque Centrale ne peut pas influencer la croissance économique. A long
terme, le revenu réel est essentiellement déterminé par
des facteurs réels (hypothèse de dichotomie sur le long terme).
En conséquence, l'inflation est perçue
comme étant fondamentalement un phénomène
monétaire.
II.2. Les objectifs
intermédiaires
II.2.1.
Définition d'objectifs intermédiaires et opérationnels
Les objectifs intermédiaires
sont les variables monétaires à travers lesquelles les
autorités monétaires cherchent à atteindre les objectifs
finals. L'on peut citer, par exemple, le taux de croissance de l'agrégat
M2 et/ou le niveau des taux d'intérêt.
Les objectifs opérationnels
sont des variables sur lesquelles la Banque Centrale agit au quotidien
afin d'atteindre les objectifs intermédiaires et finals. Il s'agit, par
exemple, des taux d'intervention sur le marché interbancaire.
La politique monétaire de la BEAC s'appuie ainsi sur
des objectifs intermédiaires pour atteindre ses objectifs finals,
ceux-ci étant trop larges. Ces objectifs
intermédiaires sont regroupés sous deux
piliers ; éléments fondamentaux de la stratégie
monétaire de la BEAC :
ü Un pilier de contrôle de la masse
monétaire et des indicateurs de tendance inflationniste.
Pour la BEAC, et conformément à l'approche
monétariste, le volume de la monnaie en circulation joue un
rôle premier dans l'inflation de long terme. Pour maintenir la
stabilité des prix, il faut donc contrôler la masse
monétaire. La BEAC a ainsi décidé de contrôler le
taux de croissance de la masse monétaire pour atteindre son objectif
final et a choisi comme agrégat de référence M2 pour
définir les contours de la masse monétaire.
ü Un autre pilier regroupant une large batterie
d'indicateurs sur les conditions de la demande, de l'offre et des
marchés financiers étrangers, car, selon la BEAC, d'autres
indicateurs que le taux de croissance de la masse
monétaire doivent être pris en compte pour maintenir la
stabilité des prix.
Pour atteindre son objectif principal, la BEAC dispose d'un
ensemble d'instruments et de procédures de politique monétaire
qui constituent le cadre opérationnel utilisé pour mettre en
oeuvre la politique monétaire. L'objectif intermédiaire qui porte
sur la croissance de l'agrégat monétaire M2 est atteint par la
fixation d'objectifs opérationnels. Ces objectifs
opérationnels déterminent la façon dont seront mis en
oeuvre les instruments de politique monétaire.
L'objectif opérationnel essentiel est le taux d'intérêt
du marché interbancaire (le taux
directeur de la Banque Centrale), c'est-à-dire le
coût que doivent supporter les banques pour se refinancer. Il joue un
rôle important dans l'évolution de la masse monétaire :
toutes choses égales par ailleurs, plus les taux d'intérêts
sont bas, plus la masse monétaire a tendance à augmenter.
II.3. Les instruments
utilisés par la BEAC pour réaliser ses objectifs
Depuis l'instauration du marché monétaire le
1er juillet 1994, la BEAC utilise des instruments indirects pour ses
interventions. Ce mode d'action qui repose sur un contrôle de la
liquidité bancaire, s'exerce à travers la politique de
refinancement (action sur l'offre de monnaie centrale) complétée
par l'imposition des réserves obligatoires (actions sur la demande de
monnaie centrale).
II.3.1. Les instruments de la
politique monétaire
II.3.1.1. Le refinancement
La politique de refinancement constitue le principal mode
d'intervention de la BEAC. Mise en oeuvre sous forme d'avance sur titres, elle
revêt deux formes : une action par les quantités (objectif de
refinancement) et/ou une action par les taux d'intérêt dans le
cadre du marché monétaire sous-régional.
En ce qui concerne l'action par les quantités, la BEAC
s'appuie sur l'exercice de la programmation monétaire et de
refinancement compatibles avec la réalisation des objectifs finals de la
politique monétaire.
En effet, dans le cadre des accords de mobilisation, la BEAC
distingue parmi les titres de créances inscrits à l'actif des
établissements de crédit, ceux qui peuvent servir de support
à ses concours. Elle arrête ainsi, de façon trimestrielle,
un objectif de refinancement qui représente la limite maximale des
avances qu'elle est disposée à accorder aux établissements
éligibles au niveau230(*) du marché monétaire. Cet objectif
peut être dépassé si le taux de couverture de la monnaie
est satisfaisant et s'il existe des facultés d'avances disponibles
recensées au niveau des établissements de crédit. A cet
effet, il est prévu un mécanisme d'interventions ponctuelles
assorti de conditions de taux spéciales. En revanche, cet objectif
devient un plafond rigide si le pays est en programme avec le FMI ou si le taux
de couverture extérieure de la monnaie se dégrade
profondément en se situant en deçà de 20%.
L'action par les taux d'intérêt s'inscrit dans le
cadre de la nouvelle politique des taux de la Banque. Ainsi, les avances sont
accordées à un taux d'intérêt (TIAO)31(*) fixé par le Gouverneur,
par délégation du Conseil d'Administration, suivant les objectifs
de la politique monétaire.
Par ailleurs, la BEAC ponctionne la liquidité, par le
biais des appels d'offre négatifs, à un taux
d'intérêt fixé par le Gouverneur (Taux
d'Intérêt Sur les Placements ou TISP).
II.3.1.2. Les réserves obligatoires
L'article 20 des statuts de la BEAC prévoit que le
Conseil d'Administration peut prendre toutes les dispositions pour imposer aux
établissements de crédit la constitution des réserves
obligatoires. Le recours aux réserves obligatoires vise à
« mettre en banque » le système bancaire,
c'est-à-dire à le contraindre au refinancement lorsque les
facteurs autonomes de la liquidité bancaire engendrent un
excédent de monnaie centrale pour les établissements de
crédit. Ainsi, les réserves obligatoires, par leur action
structurelle, sont un complément à la politique du
refinancement.
II.3.1.3. Les taux d'intérêt de la
BEAC
Dans le cadre de la nouvelle politique des taux
d'intérêt mise en oeuvre depuis 1990, la gestion des taux est plus
dynamique et plus souple, le marché monétaire
sous-régional constituant à cet égard le cadre
approprié pour conduire la politique monétaire commune.
La structure des taux d'intérêt sur le
marché de la CEMAC est la suivante :
ü Taux du marché interbancaire (Niveau132(*) du marché
monétaire)
Les taux du marché interbancaire sont
déterminés par la loi de l'offre et de la demande, sans
intervention de la BEAC.
ü Taux du compartiment des interventions de la BEAC
(Niveau2 du marché monétaire).
Résultant des forces du marché, le taux
d'intérêt du marché interbancaire est un informateur des
pouvoirs publics sur la situation monétaire et un guide pour l'action
conjoncturelle. C'est la raison pour laquelle le coût de la monnaie
centrale mise à la disposition du système bancaire devrait, dans
la mesure du possible, tenir compte des taux pratiqués sur le
compartiment interbancaire du marché monétaire.
II.3.1.3.1 Interventions en faveur des
établissements de crédit
II.3.1.3.1.1 Injection de liquidité
ü sur le guichet A
· le Taux d'Intérêt des Appels d'Offre
(TIAO) est fixé par le Gouverneur dans le cadre des opérations
sur appels d'offres « à la française », en
tenant compte de la conjoncture tant interne qu'externe. Il constitue le
principal taux directeur de la Banque.
· Le Taux d'Intérêt des Prises en Pension
(TIPP) est égal au TIAO majoré de 1,5 à 3 points de
base.
· Le Taux de Pénalité (TP) est
supporté par les établissements de crédit en cas de
manquements graves à la réglementation bancaire, aux
règles de distribution du crédit et, à titre exceptionnel,
dans l'hypothèse d'un défaut de papier éligible.
· Le Taux d'Intérêt sur les Interventions
Ponctuelles (TISIP) est inférieur au TP et supérieur ou
égal au TIPP.
· Le Taux d'Intérêt sur les Avances
Exceptionnelles par la remise des certificats de placement est égal au
TIAO.
ü Sur le guichet B
Le guichet B est réservé au refinancement des
crédits à moyen terme destinés à l'investissement
productif. En raison du caractère irrévocable des crédits
qui y sont mobilisés (la BEAC ne peut revenir sur les conditions de
taux, de durée ou de refinancement), il se caractérise par une
multitude de taux d'intérêt.
II.3.1.3.1.2 Ponctions de liquidité
Le Taux d'Intérêt Sur les Placements (TISP) des
établissements de crédit est fixé par le Gouverneur dans
le cadre des opérations sur appels d'offres négatifs
« à la française » en prenant en compte
l'évolution des facteurs tant internes qu'externes de manière
à limiter les sorties de capitaux sans pour autant créer de la
déprime au niveau des transactions interbancaires. Ce taux varie selon
les échéances (7, 28 et 84 jours). Le Taux de
Rémunération des Dépôts Spéciaux des
organismes publics est égal au TISP à 7 jours.
II.3.1.3.2 Taux des Avances aux Trésors
Nationaux
Depuis le Conseil d'Administration du 18 novembre 1998, le
Gouverneur a le pouvoir de manipuler les taux des avances aux trésors
dans les mêmes conditions que les taux des avances aux
établissements de crédit. L'on distingue trois types de taux
d'intérêt sur concours aux États :
ü le taux des avances aux trésors à
l'intérieur des avances statutaires, qui est égal au TIAO
supporté par les banques ;
ü le taux des avances en dépassement des plafonds
statutaires (taux de pénalité) ;
ü Le taux d'intérêt applicable aux concours
consolidés sur les États.
II.3.1.1 Conditions de banques
Depuis la réforme du 16 octobre 1990, la
détermination des conditions de banque a été
libéralisée. Le Conseil d'Administration du 19 mars 1997 oblige
les établissements de crédit à publier leur taux de base
bancaire et à afficher leur barème des conditions minimales et
maximales applicables aux opérations avec la clientèle. Le but de
cette mesure est d'accroître la concurrence bancaire et l'efficience de
l'intermédiation financière. Ainsi, les taux
d'intérêt débiteur et créditeur sont fixés
librement par négociation entre les établissements de
crédit et leurs clients, en respectant les bornes constituées par
le Taux Créditeur Minimum (TCM) et le Taux Débiteur Maximum (TDM)
qui relèvent de la compétence du Gouverneur.
Depuis le 1er janvier 1996, ces bornes sont
déterminées de la manière suivante :
ü le TCM, fixé par le Gouverneur, s'applique aux
petits épargnants qui sont définis comme étant
détenteurs des livrets d'un montant inférieur ou égal
à 5 millions de francs CFA ;
ü le TDM, qui s'applique à tous les
établissements de crédit éligibles aux concours de la
BEAC, est égal au taux de pénalité arrêté par
le gouverneur plus une marge fixe établie par le conseil
d'Administration du 25 novembre 1995.
Le Conseil d'Administration de la BEAC lors de sa
séance du 19 mars 1997 a recommandé à la COBAC de veiller
à l'affichage par les banques de leur barème des conditions
minimales et maximales applicables aux opérations avec la
clientèle et d'appliquer les sanctions disciplinaires à
l'égard des établissements de crédit en infraction.
Chapitre III : Études sur la transmission de la politique
monétaire
La littérature économique et financière
s'attache davantage à étudier le niveau des variables (ou
instruments) de politique monétaire, qu'à la manière dont
l'économie réelle réagit aux variations de ces variables.
Pourtant, pour que la politique monétaire joue son rôle, il est
souhaitable que les canaux de transmission entre la sphère
monétaire et l'économie réelle fonctionnent pleinement.
Cherbonnier (2004)
Dans ce chapitre, il est question de faire une revue de la
littérature de quelques travaux théoriques et empiriques sur les
questions de transmission monétaire.
De façon spécifique, nous présentons les
travaux de quelques auteurs, leur méthodologie et les principaux
résultats auxquels ils ont abouti.
III.1. Description des
canaux de transmission de la politique monétaire
Globalement, selon les auteurs tels Legrand33(*) ou Mishkin, l'on peut
regrouper les différents canaux de transmission de la politique
monétaire en trois grands ensembles : les canaux traditionnels de
taux d'intérêt, les canaux de prix des actifs, les canaux de
crédit.
III.1.1. Les canaux
traditionnels de taux d'intérêt
Il s'agit ici du principal mécanisme de transmission de
la politique monétaire dans le modèle keynésien IS-LM. Il
fonctionne de la façon suivante : une politique monétaire
expansionniste, du fait de l'augmentation de l'offre de monnaie, modère
les taux d'intérêt réels d'équilibre sur le
marché de la monnaie, ce qui réduit le coût du capital et
est susceptible de stimuler les dépenses d'investissement. De
l'augmentation des dépenses d'investissement, résulte un
accroissement de la demande globale et donc de la production. Ce qui se
schématise comme suit :
Expansion monétaire
Fléchissement des taux d'intérêt
réels
Hausse de l'investissement en capital et accroissement de la
demande globale
Augmentation de la production
A la suite des travaux des keynésiens qui
présentaient initialement ce canal comme émanant principalement
des décisions des entreprises en ce qui concerne leurs dépenses
d'investissement, des études ont montré que les investissements
de patrimoine des ménages sont également des décisions
d'investissement34(*).
Selon Mishkin (1996), une des caractéristiques
importantes du canal du taux d'intérêt est l'accent qu'il met sur
le taux d'intérêt réel plutôt que sur le taux
d'intérêt nominal comme facteur incitatif. De plus, à cause
de la rigidité des prix à court terme, l'on peut admettre qu'une
modification du taux nominal induit par la Banque Centrale entraîne des
variations proportionnelles de taux réel. Du fait de cette
caractéristique, même si les taux nominaux sont au
« seuil zéro »35(*), ce canal est susceptible de stimuler
l'économie. De même, dans un monde régi par les
anticipations rationnelles, avec les taux nominaux au plancher, on a le
schéma suivant :
Baisse des taux réels (même si les taux nominaux
sont à « zéro »)
Inflation plus élevée
Élévation du niveau des prix attendus
Le schéma nous enseigne que la politique
monétaire peut rester efficace même si les taux nominaux de la
banque centrale sont déjà à
« zéro »36(*).
L'expérience prouve que les taux d'intérêt
exercent un effet considérable sur les dépenses de consommation
et d'investissement (Taylor (1995)) ; ce qui en fait un puissant
mécanisme de transmission. Toutefois, d'autres chercheurs tels Bernanke
et Gertler (1995) pensent plutôt que les études empiriques ont eu
beaucoup du mal à déceler une transmission significative du taux
d'intérêt par le coût du capital.
III.1.2. Canal du prix des
autres actifs
Des travaux post IS-LM ont identifié des canaux de
transmission plus larges incluant outre le taux d'intérêt, le prix
des autres actifs financiers. L'une des principales oppositions des
keynésiens et monétaristes en terme de transmission
monétaire provient du fait que le canal traditionnel n'est axé
que sur le prix d'un actif. (Meltzer (1995) Pour les monétaristes, il
est question d'un mécanisme dans lequel les prix relatifs d'autres
actifs et la richesse réelle transmettent des effets à
l'économie.
Des auteurs keynésiens tels Modigliani
considèrent les prix des autres actifs comme essentiel pour la
transmission de la politique monétaire. Selon Legrand, la politique
monétaire engendre trois types d'effets prix :
ü Effet substitution : l'on peut
considérer la monnaie comme un des actifs détenus, au même
titre que les autres, par les agents économiques. Les
«services» rendus par cet actif rapportent une utilité
marginale décroissante à ses détenteurs. Une
réduction de la quantité de monnaie, à partir d'une
situation d'équilibre, va donc augmenter d'autant son rendement
implicite et déséquilibrer la structure des portefeuilles. Un
réajustement va s'opérer par des mouvements de substitution d'un
actif à l'autre (baisse de la demande de cet actif, donc de sa valeur,
et partant hausse de son taux de rendement implicite ou explicite.
(Strauss-Kahn (1986))
ü Effet revenu : l'on considère ici
la mesure dans laquelle les variations d'intérêt affectent les
comportements des agents en augmentant ou en réduisant leurs flux de
recettes et de dépenses et donc leurs revenus. Si les ménages
sont globalement des créanciers nets de l'économie, une hausse
des taux d'intérêt va augmenter leurs revenus et partant leurs
dépenses. Les entreprises en revanche verront leurs charges
s'accroître du fait de frais financiers alourdis. La fixation de leurs
prix risque d'en être affectée pour peu qu'elle dépende
d'un comportement de marge (mark-up). Les mouvements globaux risquent toutefois
de masquer une grande diversité de situations, puisqu'au sein des
ménages, certains sont plutôt endettés et inversement pour
les entreprises. Pour peu que les comportements désagrégés
diffèrent (par exemple, les propensions à consommer d'un groupe
de ménages à l'autre) le résultat global peut être
ambigu. (Strauss-Kahn (1986))
ü Effet richesse : si les ménages
intègrent la valeur de leurs actifs dans leur fonction d'utilité,
s'ils ont par exemple un objectif désiré en termes de richesse ou
de ratio « revenu sur richesse », leur comportement de
dépense peut varier en fonction du montant ou de la composition de leur
patrimoine. Plus précisément, en prenant cette fois l'exemple
d'une augmentation de l'offre de monnaie, celle-ci a théoriquement un
effet favorable sur l'activité, notamment la consommation des
ménages « enrichis ». Mais ce résultat
théorique doit être jugé avec circonspection, notamment si
l'on tient compte des autres éléments constitutifs de la richesse
et de la façon dont est injecté le surcroît de monnaie dans
l'économie. (Strauss-Kahn (1986))
III.1.2.1. Le canal du taux de change
En régime de change flexible, avec mobilité
internationale des capitaux, une politique monétaire expansive qui
abaisse le taux d'intérêt, induit toutes choses égales par
ailleurs, une dépréciation du taux de change effectif réel
de la monnaie nationale. (Cherbonnier (2004)) Les études sur ce canal
(taux de change et exportation nette), ont débuté aux
États-Unis compte tenu de l'internationalisation de l'économie et
le passage aux taux flexibles. L'importance de ce canal a largement
été démontrée dans la littérature avec
Bryant, Hooper et Mann ou Taylor (1995). Pour un investisseur étranger,
une baisse du taux d'intérêt réel domestique réduit
l'attrait des dépôts en monnaie domestique par rapport aux
dépôts en devise étrangères, entraîne une
dépréciation de la monnaie domestique qui abaisse les prix des
biens domestiques par rapport aux biens étrangers, ce qui se traduit par
une augmentation des exportations nettes et donc un accroissement de la
production globale. Mishkin (1996) schématise ce canal de la
manière suivante :
III.1.2.2. Canal du cours des actions
Il existe deux canaux importants impliquant le cours des
actions pour la transmission monétaire : la théorie de
l'investissement de Tobin (coefficient « q ») et l'effet
richesse sur la consommation.
III.1.2.3. La théorie du
« q » de Tobin
La théorie de l'investissement de Tobin (1969),
établit un mécanisme selon lequel la politique monétaire
affecte les entreprises par le biais de ses effets sur la valorisation des
actions. Tobin définit le coefficient « q » de la
façon suivante :
(Cherbonnier (2004)). Il reprend l'idée de Keynes selon laquelle
l'investissement est lié au cours boursier par suite d'un arbitrage
entre l'achat d'une entreprise existante et
l'investissement.
ü Si q>1, c'est-à-dire que la valeur en
bourse est supérieure à la valeur comptable, alors les
nouveaux investissements sont peu onéreux et donc les émissions
des actions sont avantageuses et l'investissement est souhaitable.
ü Si q<1 c'est-à-dire que la valeur
boursière est inférieure à la valeur comptable, il
n'y aura pas d'acquisition de nouveau bien puisque les émissions
d'actions sont non avantageuses et donc l'investissement sera faible
(uniquement en capital existant).
Le lien entre la politique monétaire et le cours des
actions, se décrit selon les écoles ainsi qu'il suit :
Pour les keynésiens, dans une politique
monétaire expansionniste, la baisse du taux d'intérêt
réduit l'attrait des obligations (baisse de leur rendement) par rapport
à celui des actions ; ce qui suscite une hausse du cours de ces
actions. Il en résulte une augmentation du « q » de
Tobin qui stimule l'investissement et l'économie.
Pour les monétaristes, si l'offre de monnaie augmente,
les agents estiment qu'ils disposent de trop de liquidité par rapport au
niveau souhaité et tentent dès lors de réduire leurs
encaisses en augmentant les dépenses (motif de spéculation). Le
marché boursier leur offre une possibilité de dépenser ce
surplus. D'où une augmentation de la demande d'actions, ce qui
élève leur cours. Il s'ensuit le mécanisme de transmission
suivant :
Toutefois, selon Legrand, la mesure de la profitabilité
de l'entreprise proposée par le « q » de Tobin, est
utile mais pas entièrement satisfaisante. En effet ce ratio porte sur
les investissements déjà réalisés et ne renseigne
pas sur les investissements à venir. Par ailleurs, la valorisation
boursière de l'entreprise qui découle d'opérateurs sur les
marchés financiers qui ne disposent pas forcément d'une
information complète et fiable sur l'entreprise, peut ne pas être
une bonne estimation des profits à venir.
III.1.2.3.1.La théorie de l'effet de richesse
sur la consommation
Selon Mishkin (1996), Modigliani dans le modèle MPS a
mis en évidence un autre canal de transmission monétaire par le
cours des actions, agissant par le biais des effets de richesse sur la
consommation. Selon lui, les dépenses de consommations dépendent
des ressources (capital humain, matériel et financier y compris les
actions ordinaires) des consommateurs tout au long de leur vie.
Lorsque le cours des actions s'élève, le
patrimoine financier s'accroît, ce qui accroît également les
ressources globales et par là même leur consommation.
Selon le paragraphe précédent, il existe un lien
entre une politique monétaire expansionniste et le cours des
actions ; il se dégage le mécanisme suivant :
D'une manière générale, l'on peut retenir avec
Mishkin qu'à ces deux canaux des cours des actions, on peut ajouter
celui du prix des logements et des terrains puisque ces canaux s'appuient sur
une définition globale du capital. La théorie de Tobin
s'appliquerait directement au marché de l'immobilier, où le
logement serait le capital37(*). Il s'en suivrait alors le mécanisme
suivant :
De même, comme le logement et le terrain sont une part
importante de la richesse qui s'accroît si le prix des logements ou des
terrains s'élève, l'on a les mécanismes suivants :
,
Ou alors
III.1.3. Canaux de
crédit
A la suite des conceptions traditionnelles de la transmission
monétaire basée essentiellement sur le taux
d'intérêt et le prix d'autres actifs, il est apparu une nouvelle
conception qui se fonde sur l'existence d'asymétrie d'informations sur
les marchés de capitaux. Il existe deux canaux principaux
découlant des problèmes d'informations sur les marchés du
crédit : le canal du crédit bancaire et le
canal du bilan (théorie de l'accélérateur
financier).
Les principaux tenants de cette conception sont entre autres
Bernanke, Gertler, Cecchetti et Hubbard.
III.1.3.1. Canal du crédit bancaire (canal
strict du crédit)
Du fait du rôle spécifique des banques de second
rang au sein du système financier, puisqu'elles sont les mieux
placées pour résoudre les problèmes d'asymétrie
d'information sur les marchés du crédit, si certains
investisseurs n'empruntent pas auprès d'elles, ils n'auront pas
accès aux marchés du crédit.
Sous hypothèse de non-existence d'une parfaite
substituabilité des dépôts bancaires et des autres sources
de financement, les pionniers de cette conception pensent qu'en politique
monétaire expansionniste, les réserves et dépôts
bancaires s'accroissent, ce qui augmente la quantité des prêts
bancaires disponibles. Cela conduira à une hausse des dépenses
d'investissement (et de consommation) et par la suite, génèrera
un accroissement de la demande globale et une production plus
élevée. L'on a alors le mécanisme suivant :
.
Certains auteurs tels Ramey (1993) et Meltzer (1995) estiment
avoir de bonnes raisons de penser que le rôle du crédit bancaire
n'est plus tout aussi puissant qu'autrefois. Ils prennent l'exemple de
l'économie américaine. Premièrement, dans cette
économie, il n'existe plus de restriction en ce qui concerne la collecte
des fonds. Puisque les restrictions telles que l'obligation de constitution de
réserves et le plafonnement de la rémunération des
dépôts ne sont plus d'actualité et donc, les banques
réagissent plus facilement à une réduction de leurs
réserves et à une perte de dépôts, en
émettant des certificats de dépôt aux taux du
marché, qui n'impose pas la constitution de réserves
obligatoires. Deuxièmement, selon Mishkin et Edwards (1995),
l'efficacité de ce canal est moindre à cause du déclin de
l'activité traditionnelle de prêt à l'échelle
mondiale ; les banques jouant un rôle de moins en moins important
sur les marchés de crédit.
III.1.3.2. Canal du bilan (canal large du
crédit)
Ce canal tire aussi son origine de l'existence des
problèmes d'asymétrie d'informations sur le marché du
crédit. En effet, plus la situation nette d'une entreprise est
faible38(*), plus la
probabilité que les emprunteurs acceptent des taux
d'intérêts plus élevés présente de plus
grands risques de crédit et plus les problèmes de
sélection adverse et d'aléa de moralité sont aigus
lorsqu'il s'agit de lui octroyer des prêts.
La politique monétaire est susceptible d'affecter les
bilans des entreprises de plusieurs manières. Une politique
monétaire expansionniste, qui entraîne une hausse des cours des
actions selon l'enchaînement décrit plus haut, renforce la
situation nette des entreprises et aboutit à une augmentation des
dépenses d'investissement et de la demande globale, puisque les
problèmes de sélection adverse et d'aléa de
moralité sont atténués.
L'on en déduit le schéma suivant, pour un canal
de transmission de la politique monétaire par le bilan :
Une politique monétaire expansionniste, qui suscite une
baisse des taux d'intérêt39(*), entraîne également une
amélioration du bilan des entreprises car elle accroît leur revenu
d'exploitation, réduisant par là même les problèmes
de sélection adverse et d'aléa de moralité. L'on en
déduit le schéma suivant, pour un canal de bilan
supplémentaire :
.
Un troisième canal de bilan agit par le biais des
effets de la politique monétaire sur le niveau général des
prix. Étant donné que les versements au titre d'une dette sont
fixés par contrat en termes nominaux, une hausse non anticipée du
niveau des prix réduit la valeur du passif d'une entreprise en termes
réels (elle allège le poids de la dette), mais pas celle de
l'actif, en principe. L'expansion monétaire, qui aboutit à une
hausse non anticipée du niveau des prix, accroît par
conséquent la situation nette réelle, ce qui atténue les
problèmes de sélection adverse et d'aléa de
moralité40(*) et
suscite une hausse des dépenses d'investissement et de la production
globale, ce qu'illustre le schéma ci-dessous :
III.2. Résultats de
quelques études particulières
Comme le faisait remarquer Mishkin (1996), La politique
monétaire est un puissant outil de modification du cours de
l'économie. La compréhension du mécanisme de transmission
monétaire est cruciale pour les banques centrales. La manière
dont les innovations de politique monétaire sont retransmises à
travers différents canaux et les délais d'impact sont tout aussi
importants. Le nombre d'études faites sur les mécanismes de
transmission monétaire a fortement augmenté depuis les travaux
fondateurs de Sims (1980), surtout sur les continents américain et
européen. D'une manière générale, les études
dans ce domaine appliquées aux Banques Centrales, ont principalement
employé l'approche VAR et surtout la forme réduite du lien entre
la politique monétaire et les variables réelles, en utilisant un
nombre restreint de variables comme, le PIB réel, l'inflation, le taux
d'intérêt, le taux de croissance du crédit, les
réserves en devise et l'indice des prix des actions.
Cependant, récemment, plusieurs auteurs ont
appliqué des approches semblables aux analyses de leur pays. Par
exemple, Morsink et Bayoumi (2001) ont fourni une analyse de la position du
Japon; Disyatat et Vongsinsirikul (2003) ont analysé la politique
monétaire et les mécanismes de transmission en Thaïlande;
Poddar, Sab, et Khatrachyan (2006) ont étudié les
mécanismes de transmission monétaire en Jordanie; et Hwee (2004)
a analysé les mécanismes de transmission monétaire
à Singapour.
ü Morsink et Bayoumi (2001) ont employé des
modèles VAR avec des données trimestrielles et corrigées
des variations saisonnières de 1980-1 à 1998-3, en utilisant deux
retards pour analyser l'effet d'un choc monétaire sur l'économie.
Dans leur modèle de base, ils ont employé le PIB, les prix, les
taux d'intérêt, et les réserves. Ils ont constaté
que le taux d'intérêt et les réserves affectent de
manière significative l'économie réelle. Puis,
après avoir examiné le modèle de base, ils ont
prolongé leur VAR pour examiner différents canaux de transmission
et ont conclu que les deux portefeuilles de politique monétaire et le
solde bancaire sont des sources importantes des chocs à produire, que
les banques jouent un rôle crucial en transmettant des chocs
monétaires à l'activité économique, et que
l'investissement productif est particulièrement sensible aux chocs
monétaires.
ü Dans leur analyse, Disyatat et Vongsinsirikul (2003)
ont également employé l'approche VAR avec des données
trimestrielles et corrigées des variations saisonnières de 1993-1
à 2001-4 avec deux retards pour analyser les mécanismes de
transmission monétaire en Thaïlande. Leur modèle de base
comprenait outre le PIB réel, le niveau général des prix
et le taux de rachat à quatorze jours, qu'ils ont supposé
être la mesure de politique monétaire. Ils ont trouvé
qu'une politique monétaire restrictive induit une diminution du produit
global, qui est au plus bas autour de 4 à 5 trimestres et est
résorbée après approximativement onze trimestres. Les
chocs sur le niveau général des prix est d'abord presque
insignifiant mais la réponse commence à se faire sentir
après environ une année. L'investissement a semblé
être la composante la plus sensible du produit intérieur brut
(PIB) aux chocs de politique monétaire. Leurs résultats
étaient conformes à ceux obtenus dans d'autres pays et avec ce
que la théorie monétaire suggère.
ü Dans le cas de la Jordanie, les résultats
étaient différents. Poddar, Sab, et Khatrachyan (2006) n'ont
trouvé aucune évidence en ce qui concerne l'impact de la
politique monétaire sur le produit global. Cependant, la politique
monétaire de la Jordanie, qui est mesurée par le spread entre
leur taux à trois mois et le taux des Fonds Fédéraux des
États Unis, était efficace dans l'influence des réserves
étrangères. D'autres canaux, comme ceux des prix des actions et
du taux de change, n'étaient pas significatifs pour la transmission de
la politique monétaire à l'activité économique.
L'effet de la politique monétaire sur le marché des actions a
également semblé insignifiant.
ü A Singapour, Hwee (2004) a employé le taux de
change effectif réel comme mesure de l'efficacité de la politique
monétaire et a constaté que le produit global réagi
immédiatement et sensiblement à un choc restrictif de politique
monétaire. Il a également constaté que le canal du taux de
change était plus efficace dans la transmission de la politique
monétaire à l'économie que le canal du taux
d'intérêt.
Dans le cas particulier de cette étude sur le Cameroun,
nous convenons avec Mishkin (1995) pour qui, la connaissance de la façon
dont les taux d'intérêt réels évoluent avec le temps
est cruciale à notre compréhension de la macroéconomie.
L'évolution du taux d'intérêt est fondamentale dans le
débat sur les mécanismes de transmission de la politique
monétaire. Dans le paradigme standard IS-LM et dans les modèles
macroéconométriques modernes, la politique monétaire
affecte le taux d'intérêt réel, qui affecte alors les
décisions d'investissement des entreprises et des ménages et par
conséquent la demande globale. Les taux d'intérêt jouent
également un rôle primordial dans les explications des cycles
économiques et des épisodes particulières du cycle
économique.
CADRE EMPIRIQUE
Chapitre IV : SPÉCIFICATION DU MODÈLE
Comme nous l'avons annoncé précédemment,
nous spécifions un modèle qui se prête mieux à une
analyse VAR « structurel » dans le contexte de nos
économies et surtout dans des délais souhaitables. Il est
question ici de décrire ses éléments constitutifs, son
mode de fonctionnement et ses hypothèses sous jacentes.
IV.1. Choix du
système de variables et représentation de leur persistance
Il s'agit de déterminer quelles séries doivent
être observées pour identifier les impulsions structurelles
d'origine monétaire responsables de la dynamique de l'activité
réelle. Une question importante à ce stade porte sur le
degré de persistance de cette dynamique : quelles séries
sont intégrées, éventuellement cointégrées,
ou au contraire stationnaires autour d'une tendance déterministe.
IV.1.1. Spécification
théorique
Dans son ouvrage sur la politique monétaire, Artus
(2001) souligne qu'une modélisation réaliste, en temps continu,
correspondant au fonctionnement effectif de la politique monétaire
serait la suivante :
où Log(PIBréel) ; Log(PIBpotentiel) ; taux d'intérêt nominal ; Log(niveau général des prix) ; taux d'inflation ; accélération du niveau général des
prix ou encore déflateur de la consommation des
ménages; des paramètres positifs.
Le modèle s'interprète sommairement comme
suit :
ü la demande de biens (y) décroît
avec le taux d'intérêt réel (), il s'agit d'une courbe IS ou d'une courbe de demande globale
(AD) ;
ü l'inflation varie avec l'excès de demande de
biens () (en vertu de la loi d'Okun, cette équation
s'interprèterait comme une courbe de Phillips) ;
ü le taux d'intérêt nominal suit une
règle de formation qui le fait dépendre de l'inflation (ceci vise
à éviter des taux d'intérêt négatifs et
éventuellement des trappes à liquidité).
Pour que la dynamique de l'inflation soit stable dans ce
modèle, ou plus précisément pour éviter des cas
d'hyperinflation dans ce modèle, comme c'est d'ailleurs le cas au
Cameroun où l'inflation n'a pas une dynamique explosive, il faudrait
qu'il y ait surindexation du taux d'intérêt sur l'inflation,
c'est-à-dire.
Cette spécification permet, de répondre à
la question du lien entre le taux d'intérêt et l'activité
économique réelle représentée ici par le PIB et le
niveau des prix.
IV.1.2. Adaptation
empirique
Comme le suggère le modèle théorique
précédent, nous retenons comme système de variables, les
éléments suivants : , qui représentent respectivement le logarithme du Produit
Intérieur Brut (PIB) en volume (disponible dans la base de
données de la Banque Mondiale, World Development Indicator), le
logarithme du niveau général des prix mesuré ici par
l'Indice des Prix à la Consommation (disponible à l'Institut
National de la Statistique) et un taux d'intérêt de court terme
représentatif de la politique monétaire (plus
précisément le taux d'intérêt du trésor
français, disponible dans la base de données du Fonds
Monétaire International, International Financial Statistics)41(*). Outre ces variables
endogènes, eu égard au modèle théorique sus
présenté, nous avions besoin du PIBpotentiel
(covariable exogène) pour pouvoir déterminer l'output gap. Nous
l'avons obtenu à partir d'un filtre de Hodrick-Prescott (HP)42(*). Dans une étude
similaire, mais portant sur plusieurs pays de l'OCDE, Gerlach et Smets (1995)
ont retenu le même système de variables.
Les données sont trimestrielles43(*) et portent sur la
période 1995-1 à 2006-4.
Pour parvenir à une forme estimable de ce modèle
à l'aide des logiciels à notre disposition (Eviews 4.1, Stata
8.0), et compte tenu de l'échelle discrète de mesure des
données disponibles, nous écrivons plutôt le modèle
en temps discret. Pour ce faire, il suffit d'exprimer les
dérivées en différence. Ainsi, il vient:
avec et.
Sachant que l'économie peut être exposée
à divers chocs, chocs de demande (), chocs d'offre () et chocs monétaires (), indépendants et identiquement distribués, le
modèle peut s'écrire :
Ce qui peut encore s'écrire :
Soit matriciellement:
en posant :
,
le modèle peut s'écrire sous la forme
structurelle suivante :
où les termes d'erreurs sont indépendants et distribués suivant une loi normale
N(0, ). Cette équation, caractérise un modèle VAR
« structurel » SVAR d'ordre 2 avec comme covariable
exogène, le pibpotentiel () et le vecteur constant.
Toutefois, en ce qui concerne l'ordre empirique du
modèle SVAR, il peut reposer sur un critère d'information
statistique (Akaike, Schwartz, Hannan-Quinn). Néanmoins, ce n'est pas le
seul critère qu'il convient de prendre en compte et comme pour de
nombreuses autres techniques économétriques, il existe un retour
de l'estimation sur l'identification ; ce qui peut conduire à
accepter un nombre de retard plus important.44(*) En effet dans une modélisation SVAR, le choix
subjectif par l'analyste d'un ordre plus faible conduit parfois à un
« Price Puzzle » mis en évidence par Sims
(1992) : l'on constante par exemple qu'un choc monétaire restrictif
identifié à partir d'un SVAR d'un ordre réduit,
entraîne une augmentation de l'inflation45(*). L'on trouve là un effet
« feedback » des résultats relatifs aux effets des
chocs structurels sur la spécification de l'ordre du SVAR, normalement
spécifié à une étape antérieure. Rappelons
que la transformation des séries non stationnaires en séries
stationnaires en différence, peut conduire à une mauvaise
spécification statistique si les séries sont
cointégrées : c'est en effet le modèle à
correction d'erreur (Engle et Granger) qui serait alors adapté ou de
manière équivalente un modèle SVAR dit
« contraint » (Warne, Mellander et al.). Il faut alors
introduire des variables d'écarts aux relations de « long
terme » qui doivent être substituées à autant de
différence des séries initiales. (Bruneau et De Bandt (1998)).
IV.2. Principes et
méthodes d'identification des chocs
Une étape fondamentale de la modélisation SVAR
conduit à passer des chocs issus d'un VAR canonique ou standard à
des chocs pouvant être interprétés sur le plan
économique. Cette phase d'identification repose sur un certain nombre
d'hypothèses qu'il convient de rappeler puis d'expliciter.
IV.2.1. Hypothèses
fondamentales
Lorsque les séries ont été choisies et
corrélativement les composantes du modèle SVAR
(c'est-à-dire, selon le cas, série en niveau ou en
différence, ou variables d'écarts aux relations de long terme
associées aux relations de cointégration), l'on procède
à l'identification des impulsions structurelles. Cette identification
repose, comme le signale Bruneau et De Bandt (1999), sur trois
hypothèses fondamentales :
ü L'économie représentée par un
vecteur de séries observablesà chaque date t, résulte de la combinaison dynamique de
chocs structurels passés. Il s'agit de chocs que l'on souhaite
pouvoir interpréter économiquement.
Dans le cas présent, nous observons trois
séries, le PIB, l'inflation et le taux d'intérêt nominal,
et nous cherchons à identifier à partir de ces séries un
choc d'offre, un choc de demande et surtout un choc monétaire.
ü En notant l'opérateur de régression linéaire, le vecteur des
innovations de la date t, se définit comme :
Il résulte donc de la combinaison instantanée
des chocs structurels46(*). Les innovations canoniques sont les plus petites parties imprévisibles des
différentes séries à cette date, compte tenu de
l'information relative à l'ensemble des valeurs passées du
vecteur à la date t . En ce sens, elles sont représentatives de
« surprises » qui résultent de chocs. L'estimation
des innovations est réalisée selon les principes
préconisés par Sims (1980, 1981), à partir d'une
représentation SVAR de la dynamique étudiée.
ü L'on suppose qu'à chaque date t, les innovations
s'expriment comme une combinaison linéaire des chocs structurels.
Dans l'étude présente, à partir des
résidus des équations de PIB, de niveau des prix et de taux
d'intérêt, nous cherchons à identifier les trois chocs
précédemment cités (choc d'offre, choc de demande et choc
monétaire).
L'intérêt de ces hypothèses apparaît
plus clairement si l'on considère la représentation SVAR que nous
présentons ci-dessous.
IV.2.2. Présentation
des généralités sur le modèle SVAR (p)
D'une manière générale, dire que le
vecteur de taille suit un processus, signifie que ses observations courantes et passées sont
reliées de la façon suivante :
où est tel que
Dans le cas de cette étude, comme ~ avec covariables exogène, la spécification générale est alors :
Matriciellement, cela correspond à :
avec .
IV.2.2.1. Estimation des paramètres du
modèle
Compte tenu de l'effet feed-back inhérent au
système (chaque variable endogène cause contemporainement les
autres variables endogènes), les équations du modèle avec ou sans covariables exogènes, ne peuvent pas être
estimées directement. Pour y parvenir, l'on suit la procédure
suivante :
1ère étape :
L'on écrit le modèle structurel sous une forme
réduite.
Admettons que la matrice ne soit pas singulière (c'est-à-dire existe). En prémultipliant l'équation (12) de la forme
structurelle par il vient :
47(*)
cette équation est de la forme :
avec ; ; et la matrice de variance covariance des résidus est
donnée par :
Les résidus de cette forme réduite, qui sont des
combinaisons linéaires des chocs structurels, sont appelés
« innovations ».
Ce modèle réduit peut être estimé
à l'aide des moindres carrés généralisés
(MCG) ou toute autre technique d'estimation standard (Estimateur du Maximum de
Vraisemblance...).
2ème
étape : Une question
importante qui se pose à ce niveau est celle de savoir comment
à partir des estimations des paramètres de la forme
réduite, l'on pourra estimer ceux de la forme structurelle. Cette
interrogation pose le problème d'identification du modèle. Pour
l'illustrer, l'on présentera premièrement les liens
algébriques qui existent entre les paramètres des formes
structurelle et réduite.
L'on a :
[Forme Structurelle]
[Forme Réduite]
Ces deux formes peuvent être réécrites
à l'aide de l'opérateur retard qui se définit tel que :
Ainsi, la forme structurelle devient :
ou encore :
avec
En considérant que le vecteur soit stationnaire, le polynôme est inversible, ce qui en vertu du théorème de Wold
conduit à :
où lessont des matrices carrées d'ordre 3.
Ainsi, la forme moyenne mobile vectorielle infinie de est :
qui s'écrit aussi :
ou encore de façon plus
générale :
Toujours au moyen du théorème de Wold, la forme
réduite peut également se mettre sous la forme moyenne mobile
vectorielle infinie. Ce qui donnera les équations algébriques
suivantes :
ce qui correspond à :
Et en inversant le polynôme retard, puis en prémultipliant
cette équation par cet inverse, il vient :
soit au final :
La décomposition de Wold étant unique48(*), il vient en rapprochant
les deux formes :
Il en résulte que :
Puisque les paramètres de la forme réduite et
ses résidus sont connus (déjà estimés), alors les
relations devant nous permettre de trouver les estimations des
paramètres de la forme structurelle sont :
Ainsi, étant connu à partir de l'estimation puis l'inversion par
le théorème de Wold de la forme réduite, la connaissance
de va nous permettre de déterminer et . Tout le problème pour y parvenir est de savoir si est identifiable.
IV.2.2.2. Le problème de l'identification de
Ce problème consiste à déterminer si,
à partir des paramètres estimés de la forme
réduite, nous avons assez d'équations que d'inconnues pour
trouver les paramètres de la forme structurelle. Remarquons que :
la forme réduite comporte paramètres49(*). En effet, nous avons matrices carrées d'ordre de coefficients des endogènes retardés () soit paramètres ; composantes de la covariable exogène sur les équations, c'est-à-dire paramètres ; et la matrice de variance-covariance des
innovations qui est symétrique soit en plus paramètres.
S'agissant de la forme structurelle, nous avons en plus des
paramètres de la forme réduite, ceux de la matrice des variables
contemporaines () soit paramètres supplémentaires. Or tous les
éléments de la diagonale de étant égaux à l`unité, n'a en tout que paramètres inconnus. Comme est diagonale, elle n'a que paramètres inconnus. En définitive, la forme structurelle
a avec des paramètres inconnus de covariables exogènes un nombre
de paramètres égal à .
Ainsi, la forme structurelle a paramètres de plus que la forme réduite ; l'on dit
alors que le système est sous identifié. Pour pouvoir le
résoudre, il faudra qu'il soit au moins juste
identifié50(*), ce qui correspond donc à imposer restrictions identifiantes sur les paramètres de la forme
structurelle. Dans le cas de la présente étude, puisque , il faut imposer restrictions.
3ème étape :
Démarche pour imposer les restrictions identifiantes.
Les contraintes identifiantes portent presque toujours sur les
réponses du système aux différentes impulsions
structurelles : le nombre de contraintes identifiantes que le modélisateur doit introduire
en faisant référence à la théorie économique
croit rapidement avec la dimension du système et corrélativement,
le degré d'arbitraire inévitablement associé à
l'expression des a priori correspondants. En pratique, la théorie
économique ne fournit qu'un nombre très réduit de
contraintes identifiantes qui ne soit pas sujet à controverse. (Bruneau
et De Bandt (1998))
Plusieurs approches ont été proposées
dans la littérature pour imposer ces restrictions. Il existe une
façon simple, en effet, plus statistique que véritablement
économique, d'imposer les contraintes identifiantes
supplémentaires. C'est la décomposition de Choleski de la matrice
de variance , définie comme l'unique matrice triangulaire inférieure
telle que
.
L'orthogonalisation des impulsions est alors
réalisée selon les principes préconisés par Sims
(1980), et ne requiert comme a priori que le choix de l'ordre des séries
qui doivent être alors rangées de la variable la plus
« exogène » à la plus
« endogène » : la matrice correspondant à la décomposition de Choleski est
définie de manière unique pour un ordre donné des
composantes du modèle.
Il faut noter ici que l'orthogonalisation obtenue par la
méthode de Choleski a tout de même été
critiquée à de nombreuses reprises et les partisans de la
méthodologie VAR structurel préconisent l'orthogonalisation
fondée sur l'imposition de contraintes identifiantes tirées de la
théorie économique (voir par exemple Shapiro et Watson
(1989) ; Blanchard et Quah (1989), King et al. (1992) etc.).
A l'instar de Mialou (2002), qui a adopté la
démarche proposée par Blanchard et Quah (1989), nous utiliserons
plutôt la démarche dite
« formelle »51(*) qui se présente comme suit :
Si on note l'unique matrice triangulaire obtenue par factorisation de Choleski de
, toute matrice telle que est une transformation orthonormée de . Aussi, la restriction que le coté supérieur droit de la
matrice est égal à zéro est donc une restriction
orthogonale qui détermine de façon unique la transformation
orthonormée.52(*)
En considérant l'équation, l'on peut écrire la matrice d'impact de long terme comme
suit :
est donc triangulaire inférieur et est un facteur de la matrice
. Les restrictions peuvent donc être obtenues en imposant comme étant le facteur de Choleski de cette matrice.
En posant on a :
et donc :
Cette matrice de passage peut être obtenue sans passer
par des algorithmes plus complexes permettant l'estimation des équations
non linéaires.
IV.2.3. Fonctions
Impulsion-Réponse
IV.2.3.1. Détermination des
fonctions impulsion-réponse
D'après la forme réduite estimée, l'on
a : . Les fonctions impulsion-réponse (IRF ou FIR) sont
définies par :
Pour les obtenir, on procède comme suit :
En faisant usage du théorème de Wold, l'on peut
écrire un processus vectoriel autorégressif d'ordre (VAR()) en processus moyenne mobile vectorielle infinie (VMA () ):
c'est-à-dire :
Ce qui s'écrit à l'aide de l'opérateur
retard L, et par conséquent, en prémultipliant cette
équation par l'inverse de ce polynôme retard, il vient :
.
En posant : et il vient:
ou alors
à l'instant , l'on a:
Les fonctions impulsion-réponse étant
données par :
53(*), s=0, 1,
2... on a :
Nous accorderons une attention particulière aux
réponses des variables réelles suite à une innovation
monétaire.
IV.2.3.2. Intervalle de confiance des fonctions
impulsion-réponse
L'analyse économique des fonctions de réponses
impulsionnelles n'a de sens que mise en regard du degré de
précision de l'estimation.
Il existe des formules analytiques pour mesurer l'intervalle
de confiance54(*) autour de ces fonctions; mais celles-ci ne
s'appliquent généralement pas à des contraintes de long
terme55(*) ni a fortiori,
aux cas où l'identification est réalisée conjointement par
des contraintes de court et de long terme. Il est donc commode de
procéder par simulation. Pour obtenir les trajectoires simulées,
la méthode la plus directe consiste à créer des chocs sur
les coefficients estimés du modèle SVAR. Il s'agit des
simulations Monte Carlo, qui reposent sur l'hypothèse de
normalité des estimations des paramètres de la
« moyenne » du modèle VAR, dont on sait qu'elle est
vérifiée asymptotiquement, c'est-à-dire, pour une longueur
suffisamment grande de l'échantillon.
Par ailleurs, il est important de souligner qu'il faut
effectuer conjointement des tirages pour l'estimation de la matrice de
variance-covariance des innovations à partir d'une loi asymptotique de
Wishart (inverse de la loi Gamma).
L'on peut aussi obtenir la trajectoire par
« bootstrap ». Dans ce cas, l'on effectue des tirages
indépendants des innovations des différentes dates, avec les
coefficients du modèle fixés, selon une loi uniforme. Cette
méthode à l'avantage de s'appliquer dans les cas de
non-normalité. Pour chacune des trajectoires simulées, la matrice
de variance-covariance doit être estimée. La structure du
modèle (en niveau ou en différence et non
cointégrée) peut néanmoins avoir une influence sur les
résultats et il est préférable de ne procéder
à des simulations que sur des variables stationnaires ou
stationnarisées, pour éviter toute divergence numérique
des valeurs simulées.
Nous privilégions dans le cas de notre étude la
méthode du « bootstrap » mais on vérifie que
les deux méthodes donnent des résultats équivalents dans
le cas particulier de cette étude.
L'intervalle de confiance des IRF est centré sur la
« moyenne » des fonctions de réponses
impulsionnelles plus ou moins un écart-type. Toutefois une importante
question subsiste : quel indicateur de tendance centrale retenir ? Il
existe en effet le choix entre : (i) l'estimation ponctuelle,
tirée directement du modèle SVAR sur les données de base,
et (ii) la moyenne empirique des fonctions de réponse
impulsionnelles correspondant à un ensemble de trajectoires
simulées. Or, il est bien connu, depuis les travaux de Blanchard et Quah
(1989) que les deux peuvent ne pas coïncider. Dans plusieurs cas,
l'estimation (i) est très proche des bornes. Il n'y a pas de raison
particulière justifiant l'une ou l'autre méthode et la moyenne
des simulations est souvent retenu (Bruneau et De Bandt (1998)). En revanche,
comme le fait remarquer Bruneau et De Bandt (1998), il serait erroné de
présenter l'estimation (i) comme tendance centrale et, d'autre part, des
bornes calculées en ajoutant l'écart-type des simulations
à l'estimation (i), puisque cette dernière n'est pas un bon
estimateur de tendance centrale des simulations.
Une question supplémentaire, non sans importance,
concerne la largeur de l'intervalle de confiance. Une grande majorité
d'études empiriques présente les fonctions de réponse
moyenne plus ou moins un écart-type. Rarement, certaines études
fournissent un intervalle de confiance à 90 ou 95 % des simulations,
dans les cas favorables où l'estimation atteint ces degrés de
précision56(*).
IV.2.4. Décomposition
de la variance
La décomposition de la variance permet de percevoir
dans l'analyse de la variabilité des variables endogènes, les
parts de variabilité respectives induites par les différents
chocs exogènes. Analytiquement, ces parts se calculent comme
suit :
Conformément à l'équation de la forme
réduite, nous avons :
c'est-à-dire,
en posant , il vient : soit :
sous l'hypothèse que soit inversible, ce qui serait le cas d'ailleurs dès lors que
notre VAR() est stationnaire, alors en vertu du théorème de Wold,
nous avons où sont des matrices carrées d'ordre 3. Ainsi,
Ce qui est équivalent à :
La matrice de variance-covariance de est définie par :
où
Les étant deux à deux indépendants, il vient :
et donc :
Soit l'élément de rang de la matrice (matrice diagonale). Nous pouvons alors définir la contribution
du ième choc structurel à la variance de comme :
Ainsi le ratio de la variance de expliquée par le ième choc est donné
par57(*) :
De façon plus explicite, donne les ratios
dont le détail est présenté dans le
tableau suivant :
Tableau 1 :
Décomposition de la variance des variables expliquée
par chacune des chocs exogènes
|
1
|
2
|
3
|
Total
|
1
|
|
|
|
=1
|
2
|
|
|
|
=1
|
3
|
|
|
|
=1
|
Chapitre
V :PRÉSENTATION DES PRINCIPAUX RÉSULTATS ET ENSEIGNEMENTS A
TIRER
Après avoir mis en oeuvre le modèle que nous
avons spécifié, nous présentons ici les principaux
résultats des estimations et des simulations qui en découlent.
À la suite de cela, nous déduisons les enseignements qui peuvent
être utiles à la compréhension et à
l'évaluation de l'efficacité de la politique des taux
d'intérêt de la banque centrale.
V.1. Estimation du
modèle SVAR
V.1.1.
Caractérisation de l'évolution des variables
Les séries LNPIB et LNPRIX telles que nous pouvons le
remarquer sur les figures ci-dessous, évoluent autour d'un trend
déterministe ; ce que confirment l'examen de leurs
corrélogrammes simples et partiels respectifs. En effet, les
corrélogrammes partiels n'ont que leur premier terme qui soit
significativement différent de zéro, alors que les termes des
corrélogrammes simples quant à eux décroissent très
lentement. Ce qui est effectivement caractéristique du profil des
séries affectées d'une tendance linéaire
déterministe.58(*)
Figure V-1 :
Caractérisation du comportement des variables LNPIB et
LNPRIX.
Figure V-2 Présentation des
corrélogrammes des variables LNPIB et LNPRIX
Pour la variable représentative du taux
d'intérêt par contre, son évolution est assez erratique.
Cela pourrait être le reflet de son mode de détermination (le plus
souvent discrétionnaire).
Figure V-3 :
Caractérisation du comportement de la variable TXFR
S'il est vrai que son corrélogramme partiel n'a que sa
première valeur qui soit significativement non nulle comme les autres
variables, son corrélogramme simple décroît assez
rapidement mais redevient significativement différent de zéro
vers sa 15ème valeur ; preuve que la dynamique de
la série n'est pas standard.
V.1.2. Détermination de
l'ordre d'intégration des séries
Les enseignements tirés du test usuel de racine
unitaire (Dickey-Fuller Augmenté)59(*), précisent que :
ü La série LNPIB est la combinaison d'une tendance
déterministe avec un terme d'erreur bruit blanc (composante
stochastique). De plus, le test de racine unitaire effectué sur cette
composante stochastique montre que cette dernière est stationnaire
autour de la tendance.
ü De même, la série LNPRIX est aussi
composée de deux tendances : l'une déterministe, et l'autre
stochastique stationnaire autour de la première.
ü La série TXFR suit une marche aléatoire
sans dérive, donc non stationnaire.
Nous pouvons résumer les résultats de tests de
racine unitaire effectués sur les différentes variables dans le
tableau suivant :
Tableau V-1
Résumé du processus de stationnarisation des
différentes séries du modèle
Hypothèses de test60(*) :
variables
|
Degré d'intégration
|
Nombre de retards
|
Valeur du test
|
Type de processus (TS/DS)
|
Mode d'entrée dans le SVAR
|
Valeur Empirique (ADF)
|
Valeur Théorique (5%)
|
LNPIB
|
I(0)
|
1
|
-2.517426
|
-1.948140
|
TS
|
en Niveau
|
LNPRIX
|
I(0)
|
7
|
-4.627591
|
-1.949319
|
TS
|
en Niveau
|
TXFR
|
I(1)
|
6
|
-3.316788
|
-1.949319
|
DS
|
en Différence 1ère
|
Comme nous l'avons fait remarquer dans le choix du
système de variables, notre modèle comprend comme variables
exogènes outre la constante, le PIB potentiel (composante lourde ou
tendance de fond de la série). Nous l'avons obtenue au moyen du filtre
de Hodrick et Prescott, dont une présentation est faite en annexe. Sa
représentation graphique confirme bien qu'il s'agit d'un trend
linéaire61(*). Par
conséquent, les covariables exogènes de notre modélisation
SVAR sont la constante et le trend.
V.1.3. Vérification de
la stabilité du modèle
Il est bien connu dans la littérature sur les
modèles VAR qu'une condition nécessaire pour que le modèle
soit stable ou stationnaire et donc que tous les résultats soient
valides, est que les racines du polynôme caractéristique de la
matrice des coefficients du modèle soient de module inférieur
à l'unité ou que les inverses de ces racines aient des modules
supérieurs à l'unité c'est-à-dire que les racines
du polynôme retard B(L) doivent être à
l'intérieur du cercle unité.
Figure V-4 : Représentation des inverses
des racines du polynôme caractéristique de
B(L)
Roots of Characteristic Polynomial
|
Endogenous variables: LNPIB LNPRIX D(TXFR)
|
Exogenous variables: C @TREND
|
Lag specification: 1 2
|
Date: 03/15/08 Time: 11:19
|
Root
|
Modulus
|
0.781775 - 0.188972i
|
0.804290
|
0.781775 + 0.188972i
|
0.804290
|
0.723591
|
0.723591
|
-0.410243
|
0.410243
|
0.294373 - 0.136906i
|
0.324652
|
0.294373 + 0.136906i
|
0.324652
|
No root lies outside the unit circle.
|
VAR satisfies the stability condition.
|
Sur cette figure et dans le tableau correspondant, l'on a les
inverses des Racines du polynôme caractéristique qui sont toutes
à l'intérieur du cercle unité ; preuve que le
modèle respecte les conditions de stabilité.
Les séries LNPIB et LNPRIX étant I(0), nous
n'avons pas besoin d'implémenter un test de cointégration sur nos
variables.
V.1.4. Estimation des
coefficients du modèle
Afin d'éviter toute divergence numérique de nos
résultats, dans les paragraphes précédents, il
était question de se rassurer du mode d'entrée de chaque variable
dans le modèle. Nous allons à présent déterminer
les coefficients de notre modèle.
Les résultats des estimations du modèle se
résument par les relations suivantes entre les variables :
Ce qui se formalise matriciellement de la manière
suivante :
Notons qu'une présentation globale de ces
résultats est faite en annexe.
V.2. Analyse de la
persistance des chocs
V.2.1.
Enseignements de la décomposition de la variance
Rappelons que la décomposition de la variance de
l'erreur de prévision a pour objectif de déterminer pour chacun
des chocs, sa contribution à la variance de l'erreur en pourcentage
d'une variable endogène. Quand une innovation explique une part
importante de la variance de l'erreur de prévision d'une variable
endogène, l'on en déduit que l'économie
étudiée est très sensible aux innovations affectant cette
série. La décomposition de la variance (voir annexe pour une
présentation plus détaillée) indique que :
Tableau 2 :
Décomposition de la variance des résidus de prévision de
la série LNPIB
Variance Decomposition of LNPIB:
|
Period
|
S.E.
|
Supply
Shock
|
Demand
Shock
|
Monetary Shock
|
1
|
1.000000
|
100.0000
|
0.000000
|
0.000000
|
2
|
1.848167
|
99.74537
|
0.254621
|
6.55E-06
|
3
|
2.584312
|
99.54171
|
0.458268
|
1.96E-05
|
4
|
3.171585
|
99.43276
|
0.567202
|
3.76E-05
|
5
|
3.607548
|
99.38756
|
0.612384
|
5.50E-05
|
6
|
3.909779
|
99.37576
|
0.624173
|
7.00E-05
|
7
|
4.104905
|
99.37941
|
0.620510
|
8.15E-05
|
8
|
4.221296
|
99.38831
|
0.611596
|
8.99E-05
|
9
|
4.284509
|
99.39714
|
0.602765
|
9.54E-05
|
10
|
4.314985
|
99.40350
|
0.596405
|
9.88E-05
|
11
|
4.327421
|
99.40683
|
0.593069
|
0.000101
|
12
|
4.331285
|
99.40762
|
0.592276
|
0.000101
|
13
|
4.331949
|
99.40676
|
0.593136
|
0.000102
|
100
|
4.336789
|
99.39931
|
0.600585
|
0.000102
|
200
|
4.336789
|
99.39931
|
0.600585
|
0.000102
|
500
|
4.336789
|
99.39931
|
0.600585
|
0.000102
|
1000
|
4.336789
|
99.39931
|
0.600585
|
0.000102
|
|
4.336789
|
99.39931
|
0.600585
|
0.000102
|
ü concernant le PIB, le choc d'offre explique
l'essentiel de sa dynamique. De façon instantanée, 100 % de la
variance de l'erreur de prévision du PIB est dû au choc d'offre.
(voir 1ère ligne tableau ci-dessus) le choc
monétaire n'a pas d'effet statistiquement non nul sur le PIB.
Globalement, 99,3993 % de la variance des erreurs de prévision du PIB
sont dues aux propres innovations de l'offre ; 0,6006 % sont attribuables
au choc de demande et le reste % est le fait du choc monétaire. C'est dire que l'impact
des effets monétaire sur l'activité réelle est totalement
négligeable. Ce résultat infirme notre Hypothèse N°2
selon laquelle, toute variation du taux d'intérêt de la BEAC a
un impact significatif sur le PIB et le niveau des prix au cameroun. Ceci
peut trouver une explication dans le caractère « hors
banque » des banques régionales, celles-ci ne
réagissent presque pas aux modifications de taux d'intérêt
de la Banque Centrale. On n'oublie pas non plus le paradoxe de nos banques
commerciales (surliquidité mais pas de crédit bancaire
offert). Toutefois, bien que l'ordre d'entrée de nos variables dans
ce SVAR contribue à cette conclusion, les données à notre
disposition ne suffisent cependant pas pour conclure à une non
neutralité totale des grandeurs monétaires sur les grandeurs
réelles. Tant il est vrai que d'autres canaux de transmission de la
politique monétaire ne sont pas explorés dans cette
étude.
Tableau 3 :
Décomposition de la variance des résidus de prévision de
la variable LNPRIX
Variance Decomposition of LNPRIX:
|
Period
|
S.E.
|
Supply
Shock
|
Demand Shock
|
Monetary Shock
|
1
|
1.012121
|
2.380742
|
97.61926
|
0.000000
|
2
|
1.347043
|
1.347251
|
98.65267
|
7.53E-05
|
3
|
1.497829
|
1.310173
|
98.68940
|
0.000422
|
4
|
1.561662
|
1.309278
|
98.69005
|
0.000669
|
5
|
1.588960
|
1.278147
|
98.72102
|
0.000834
|
6
|
1.603333
|
1.632261
|
98.36683
|
0.000913
|
7
|
1.616561
|
2.675104
|
97.32396
|
0.000939
|
8
|
1.632520
|
4.363786
|
95.63528
|
0.000936
|
9
|
1.650786
|
6.401252
|
93.59783
|
0.000919
|
10
|
1.669269
|
8.443665
|
91.55544
|
0.000900
|
11
|
1.685925
|
10.23967
|
89.75945
|
0.000882
|
12
|
1.699503
|
11.66760
|
88.33153
|
0.000868
|
13
|
1.709628
|
12.71073
|
87.28841
|
0.000859
|
14
|
1.716574
|
13.41576
|
86.58338
|
0.000852
|
15
|
1.720961
|
13.85664
|
86.14251
|
0.000848
|
16
|
1.723499
|
14.11016
|
85.88899
|
0.000846
|
17
|
1.724828
|
14.24239
|
85.75676
|
0.000845
|
100
|
1.725855
|
14.34294
|
85.65621
|
0.000845
|
200
|
1.725855
|
14.34294
|
85.65621
|
0.000845
|
500
|
1.725855
|
14.34294
|
85.65621
|
0.000845
|
1000
|
1.725855
|
14.34294
|
85.65621
|
0.000845
|
|
1.725855
|
14.34294
|
85.65621
|
0.000845
|
ü Concernant le niveau des prix : la
décomposition de la variance de l'erreur de prévision des prix
indique que de manière instantanée, 97,62 % de celle-ci est
dû au choc de demande contre 2,38 % pour le choc d'offre. Les effets du
choc monétaire ne sont significatifs ni à court terme ni à
long terme. Cela est tout de même paradoxal, puisque selon une conception
bien connue de la politique monétaire, l'inflation serait partout et
toujours un phénomène monétaire. Le rejet de notre
hypothèse N°2 se trouve conforté par ce constat : la
politique du taux d'intérêt se trouve dès lors
inefficace.
Tableau 4 :
Décomposition de la variance des résidus de prévision de
la variable TXFR
Variance Decomposition of D(TXFR):
|
Period
|
S.E.
|
Supply
Shock
|
Demand Shock
|
Monetary Shock
|
1
|
1.110989
|
0.330549
|
18.65161
|
81.01784
|
2
|
17.89529
|
50.60429
|
49.08341
|
0.312297
|
3
|
25.70632
|
73.93450
|
25.91176
|
0.153741
|
4
|
32.73214
|
82.65706
|
17.24800
|
0.094938
|
5
|
37.74307
|
86.74424
|
13.18436
|
0.071405
|
6
|
41.16152
|
88.72049
|
11.21943
|
0.060078
|
7
|
43.29943
|
89.75856
|
10.18713
|
0.054308
|
8
|
44.54211
|
90.29878
|
9.649885
|
0.051335
|
9
|
45.19605
|
90.57044
|
9.379691
|
0.049868
|
10
|
45.49980
|
90.69452
|
9.256268
|
0.049210
|
11
|
45.61709
|
90.74231
|
9.208730
|
0.048959
|
12
|
45.65006
|
90.75513
|
9.195983
|
0.048889
|
13
|
45.65435
|
90.75540
|
9.195716
|
0.048880
|
14
|
45.65514
|
90.75369
|
9.197428
|
0.048879
|
15
|
45.66033
|
90.75366
|
9.197476
|
0.048868
|
16
|
45.66981
|
90.75561
|
9.195547
|
0.048847
|
17
|
45.68098
|
90.75866
|
9.192514
|
0.048824
|
18
|
45.69141
|
90.76187
|
9.189329
|
0.048801
|
19
|
45.69974
|
90.76460
|
9.186613
|
0.048784
|
20
|
45.70561
|
90.76662
|
9.184612
|
0.048771
|
21
|
45.70928
|
90.76792
|
9.183312
|
0.048763
|
22
|
45.71132
|
90.76868
|
9.182565
|
0.048759
|
23
|
45.71231
|
90.76905
|
9.182192
|
0.048757
|
24
|
45.71271
|
90.76921
|
9.182037
|
0.048756
|
100
|
45.71304
|
90.76932
|
9.181929
|
0.048755
|
500
|
45.71304
|
90.76932
|
9.181929
|
0.048755
|
|
45.71304
|
90.76932
|
9.181929
|
0.048755
|
ü Pour ce qui est de la variance des erreurs de
prévision du taux d'intérêt, nous voyons bien que
dès la première période 81 % de variabilité sont le
fait du choc monétaire contre 18.65 % pour le choc de demande et 0.33 %
pour le choc d'offre. Ceci était tout à fait prévisible,
puisqu'il s'agit de la variable directement liée au choc
monétaire. Cette tendance se renverse dès le second trimestre et
le choc monétaire n'explique plus que 0.31 % de la variabilité
des erreurs du taux d'intérêt.
V.2.2. Enseignements des
fonctions de réponse au choc monétaire
ü Réponse du PIB
(représenté par la variable LNPIB)
Figure V-5 : Représentation de la
réponse de la variable LNPIB suite à un choc
monétaire
L'analyse de la figure ci-dessus de la réponse du PIB
à un choc monétaire, fait ressortir que : une politique
monétaire expansive se traduit par un effet positif sur le PIB, effet
dont l'ampleur maximale se situe autour du 6ème trimestre. Le
Pib redescend ensuite pendant 9 trimestres, puis traverse sa tendance de long
terme et se stabilise à son niveau initial au bout de 6 ans
(25ème trimestres). Cela est tout à fait conforme aux
prescriptions théoriques62(*), sauf que l'on ne perd pas de vue que l'effet est
statistiquement nul puisque l'on peut remarquer que l'ampleur des effets reste
très insignifiante, de l'ordre de 0,002 % maximum. Et donc l'impact
d'un choc monétaire ne saurait avoir de persistance significative.
Ces résultats sont conformes à ceux obtenus par
Poddar, Sab, et Khatrachyan (2006) en Jordanie. Ils ont utilisé un
modèle comprenant outre le PIB, le niveau général des
prix, les réserves étrangères, le cours des actions, le
taux de change et le spread entre leur taux à trois mois et le taux des
Fonds Fédéraux des États-Unis. Ils n'ont trouvé
aucune évidence en ce qui concerne l'impact de la politique
monétaire sur le produit global. L'effet de la politique
monétaire sur le marché des actions a également
semblé insignifiant. D'autres canaux, comme ceux des prix des actions et
du taux de change, n'étaient pas significatifs pour la transmission de
la politique monétaire à l'activité économique.
ü Réponse du niveau des prix
(représenté par la variable LNPRIX)
Figure V-6 : Représentation de la
réponse de la variable LNPRIX suite à un choc
monétaire
Pour ce qui est de l'inflation, comme nous l'enseigne la
représentation graphique ci-dessus, l'impact d'un choc monétaire
sur l'inflation est instantanément négatif et atteint son niveau
maximum après 3 périodes avant d'amorcer son retour progressif
vers sa tendance de long terme, puis dépasse cette tendance avant de
s'estomper au bout de 5 ans (22 trimestres). Il est clair que l'impact d'un
choc monétaire provoque l'effet dépressif attendu sur les prix,
du moins pour ce qui est du sens attendu de la réaction. Nous n'oublions
pas que l'effet demeure statistiquement insignifiant.
ü Réponse du taux
d'intérêt (représenté par la variable
TXFR)
Figure V-7 : Représentation de la
réponse de la variable TXFR suite à un choc
monétaire
La figure précédente nous indique qu'un choc
monétaire se traduit par une hausse de presque 1 point du taux
d'intérêt, mais cet effet est très vite
résorbé puisque la variable revient très rapidement
à son niveau de long terme. Ceci est tout à fait normal, puisque
c'est ce choc (monétaire) qui traduit le mouvement du taux
d'intérêt, l'impact unitaire sur le taux d'intérêt
correspond à cet effet.
Des résultats des estimations que nous venons de
présenter, l'on peut tirer quelques enseignements :
ü Le constat selon lequel l'impact d'un choc
monétaire n'ait pas de persistance significative, nous permet de
conclure à l'absence de réaction du secteur réel à
une impulsion monétaire ni à court ni à long terme. Cela
est d'ailleurs confirmé par l'ampleur de l'effet puisque le maximum de
la réponse du PIB atteint au 6ème trimestre, se situe
à 0.0018 % de même que pour les prix dont le maximum en valeur
absolue, est voisin de 0.0028 %. Une autre explication tout aussi plausible
s'obtient de la décomposition de la variance des erreurs de
prévision. Le paragraphe précédent nous indique que seuls
0.102 ×10-3 % de la variabilité des erreurs de
prévision du PIB et 0.845×10-3 de variabilité des
erreurs du niveau des prix sont expliqués par le choc
monétaire ; ce qui est relativement infinitésimal.
ü Pour ce qui est de l'impact d'un choc monétaire
sur le niveau des prix, les effets se dissipent tout aussi rapidement que dans
le cas du PIB. Le sens de la réaction est bien conforme à la
théorie économique puisque c'est par le biais des réponses
données par la croissance économique aux variations du taux
d'intérêt qu'il est généralement convenu
d'interpréter le sens de l'évolution des prix : dans un contexte
de récession, la faiblesse de la demande exerce un effet
déflationniste. Ce canal de transmission de la politique
monétaire explique l'antériorité de la réponse du
PIB sur celle des prix suite à un choc monétaire. (Banque de
France (1998))
Le fonctionnement inefficace de la politique monétaire
au Cameroun tient tout aussi à un certain nombre de difficultés
d'ordre structurel :
· l'existence de circuits exceptionnels de
refinancement63(*),
nuisibles à l'efficacité de la politique monétaire ce qui
conduit à une atonie de la demande de refinancement du système
bancaire camerounais à la Banque Centrale.
· La Banque Centrale n'a pas vraiment
développée des stratégies pour inciter les banques
à aller sur le marché monétaire. Les banques
opérant dans le système restent « hors banque »
puisqu'elles sont des filiales de banques étrangères et se
contentent des bénéfices retirés des opérations de
gestion de comptes clients. Il se pose alors ici la question de la mesure
à mettre en oeuvre pour résorber ce type de
difficultés.
· Le caractère embryonnaire du système
financier de la sous région.
Toutefois il y a lieu de rester prudent face aux
résultats de l'étude, du fait du caractère
athéorique ou plus statistique qu'économique de la
modélisation SVAR, utilisée ici pour l'identification des
coefficients en dessous de la diagonale de la matrice de long terme. De plus,
la série du PIB a été obtenue par trimestrialisation de
Goldstein et Kahn (1976). Quoiqu'étant une technique robuste
d'estimation de données infra annuelles, elle ne peut guère se
substituer à la disponibilité réelle de données
brutes. Ce qui laisse forcément échapper de ce fait quelques
informations sur la série véritable.
En outre, il est bien connu que la politique budgétaire
et la politique monétaire devraient opérer en coordination. Il
aurait donc été souhaitable de prendre en compte la politique
budgétaire dans le modèle (notamment par une variable telle que
le rapport du solde budgétaire au PIB). Par ailleurs, cette étude
pourrait être étendue à tous les pays de la zone
d'émission.
Enfin, nous aurions aussi pu explorer le canal stricte du
crédit (canal du crédit bancaire) ce qui nécessitait
naturellement plus de temps et de connaissance en techniques quantitatives, et
pourrait éventuellement faire l'objet de réflexions futures.
CONCLUSION GÉNÉRALE
En octobre 1990, à la suite de la prise de conscience
des échecs de leur politique monétaire, les pays de la zone CEMAC
ont adopté une nouvelle stratégie de politique monétaire.
Cette nouvelle orientation de la politique monétaire, s'est
caractérisée par des innovations telles que l'institution de la
Programmation Monétaire, le renforcement du dispositif de surveillance
bancaire, la promotion d'un système financier intégré
et l'instauration du Marché Monétaire. Une interrogation
inhérente à la mise en oeuvre de cette nouvelle politique
monétaire est celle de savoir si les réformes instituées
dans cet environnement, ont porté leurs fruits depuis la
dévaluation du franc CFA. Eu égard à la permanente remise
en cause de l'utilisation des instruments de politique monétaire par les
banques centrales64(*),
nous nous sommes interrogé dans cette étude sur
l'efficacité de la mise en oeuvre de la politique des taux
d'intérêt par la BEAC65(*).
L'objectif principal de cette étude était
d'analyser sur le plan empirique, la pertinence du mécanisme
traditionnel de transmission de la politique monétaire de la BEAC, par
le canal du taux d'intérêt dans le cas du Cameroun, sur la
période 1995-2006.
Afin d'atteindre nos objectifs, nous avons dans un premier
temps fait un rappel de la théorie sur l'efficacité de la
politique monétaire que la majorité des manuels d'économie
regroupe en 4 écoles :
ü La première (monétarisme simple)
prône la neutralité de la monnaie (monnaie voile), et
estime que la politique monétaire à mener par la banque
centrale doit porter exclusivement sur le contrôle de
l'inflation.
ü La deuxième (monétarisme actif),
tout en remettant en cause la thèse de la monnaie voile, prône la
constance de la vitesse de circulation de la monnaie, et
pense que la politique monétaire peut et doit viser à
contrôler non seulement l'inflation, mais aussi l'activité
économique générale, c'est-à-dire le niveau
réel du revenu national.
ü La troisième, d'inspiration
keynésienne, vient critiquer le monétarisme actif en
émettant l'avis selon lequel soit la variabilité de la
vitesse de circulation de la monnaie, soit la possibilité d'une trappe
à la liquidité, soit encore l'éventuelle
inélasticité de la demande d'investissement en période de
sous-emploi, détruisent l'influence que cette politique pourrait avoir
sur le niveau du produit national. Pour ces trois raisons, il faudrait
considérer le monétarisme « actif » comme
inopérant. Cette école reconnaît la capacité de
la politique monétaire pour agir sur l'inflation mais préconise
l'utilisation de la politique budgétaire pour agir sur les variables
réelles.
ü Enfin la dernière (friedmanienne) vient
s'opposer farouchement à la précédente théorie tout
en reconnaissant l'impertinence de la thèse de constance de la vitesse
de circulation de la monnaie. Elle affirme que sans être constante, la
vitesse de circulation de la monnaie est une fonction stable de variables
statistiquement identifiables. Pour elle l'orientation efficace de la
politique monétaire doit consister à faire croître l'offre
de monnaie à un taux qui, majoré du taux de variation de la
vitesse de circulation de la monnaie, serait égal à celui de la
croissance du produit national en termes réels.
Nous avons ensuite introduit une présentation du
nouveau cadre institutionnel de la politique monétaire de la BEAC, ses
objectifs final et intermédiaires, ainsi que les instruments qu'elle
utilise pour atteindre ses objectifs.
Puis, nous avons passé en revue les
considérations théoriques de la transmission d'impulsions
monétaires à l'économie réelle au travers des
différents canaux rencontrés dans la littérature et dont
le plus intéressant pour notre travail était celui du taux
d'intérêt (toute variation du taux
d'intérêt66(*) conduit à une modification des investissements
(en sens inverse) et partant du produit global dans le même sens que les
investissements). Ayant choisit une approche économétrique
Vectorielle Autorégressive Structurelle, nous avons
présenté les résultats de quelques études
similaires réalisées dans certains pays.
Dans un second temps, nous avons eu recours à une
modélisation vectorielle autorégressive structurelle (SVAR) pour
évaluer empiriquement le fonctionnement du canal du taux
d'intérêt au Cameroun sur la période 1995 :1 à
2006 : 4.
Les principaux enseignements tirés de cette
modélisation se résument en ces termes : toute variation du
taux d'intérêt induit une réaction du PIB et du niveau des
prix, dans le sens prévu par la théorie économique.
Toutefois, du fait de l'ampleur statistiquement négligeable67(*) des effets de cette impulsion,
nous sommes arrivé à la conclusion que dans le cas du Cameroun et
sur la base des données à notre disposition, le canal du taux
d'intérêt n'a pas suffisamment fonctionné durant la
période sous revue. Il s'ensuit que nous pouvons en conclure que la
politique des taux d'intérêt a été inefficace sur
cette période. Il conviendrait donc que les autorités
monétaires prennent des mesures visant à rendre les banques
camerounaises et sous-régionales, plus assujetties aux taux
d'intérêt pratiqués dans la zone.
Il y a lieu de retenir que ce travail aussi modeste qu'il est,
mérite que ses résultats soient nuancés, tant il est vrai
qu'il s'agit de résultats économétriques, revêtant
un caractère plus statistique qu'économique. De plus, bien
d'autres canaux de transmission de la politique monétaire pourraient
être explorées dans cet environnement.
ANNEXES
Encadré Variation de la
quantité de monnaie : fondement de la règle
friedmanienne.
La règle énoncée dans la proposition
friedmanienne sur la croissance du produit national par rapport à celle
de l'offre de monnaie, peut être déduite comme suit d'une forme
simplifiée de l'équation des transactions, à savoir: où P est une moyenne des prix et Q une
représentation agrégée des quantités (le produit
national en termes réels).
Soient une variation de la quantité de monnaie
décidée par la banque centrale, la variation prévue de la vitesse de circulation, et les variations des prix et des quantités qui en
résultent. On tire de l'équation, par différentiation, la
relation suivante: . En divisant à gauche par, et à droite par , on obtient après simplifications : . Cette expression suggère que si la banque centrale choisit (taux de variation de la quantité de monnaie) de manière
que, compte tenu de ce que l'on prévoit pour (taux de variation de la vitesse de circulation), tout le membre de
gauche soit égal à, qui est le taux de croissance réel de l'économie, alors
on a nécessairement, c'est-à-dire un taux d'inflation nul.
Annexe 1 : Algorithme de trimestrialisation de
Goldstein et Kahn (1976)
Étant donné, trois observations annuelles successives de la variable X. si la
fonction quadratique qui passe par ces trois points (cf.
THÉORÈME D'EUCLIDE) est telle
que :
Alors, on peut déterminer les paramètres a, b et
c, en calculant d'abord les intégrales de (1) à (3), puis en
résolvant le système d'équation suivant :
La résolution de ce système conduit au
résultat suivant :
A partir des valeurs des paramètres de la fonction
quadratique ainsi obtenues, les quatre observations trimestrielles de
l'année t peuvent être calculées en utilisant les formules
d'interpolation suivantes :
Les calculs algébriques effectués sur les
expressions (6) à (9) ci-dessus dans lesquelles l'on aurait au
préalable remplacé les paramètres a, b et c par leur
expression de (5), conduisent enfin aux données d'interpolation
trimestrielles suivantes :
La série trimestrielle obtenue peut être
ramenée à une série annuelle par sommation des
observations des quatre trimestres de chaque année. En effet,
d'après la relation de Chasles, l'on a :
. Il reste à préciser que ce procédé ne
s'applique qu'aux flux et pas aux stocks.
Annexe 2 : Le filtre de
Hodrick-Prescott
Le filtre de HODRICK-PRESCOTT (HP) est une des méthodes
privilégiées pour extraire la composante tendancielle d'une
série macroéconomique. Ce filtre est en effet transparent et
aisé à mettre en oeuvre. Une littérature abondante montre
qu'il possède des propriétés statistiques satisfaisantes.
Par ailleurs, même s'il donne lieu à des effet de bord, le
filtrage des derniers point de l'échantillon est relativement peu
sensible aux prévisions utilisées pour prolonger les
séries à moyen terme. D'où son utilisation courante dans
un grand nombre de travaux empiriques d'organisations nationales et
internationales.
Le filtre (HP) suppose que la série X se
décompose en une tendance et un cycle : où la tendance T résulte du calcul d'optimisation
suivant :
Ce filtre s'apparente à une moyenne mobile
symétrique de longueur infinie. Pour filtrer un point spécifique
de l'échantillon, on affecte des pondérations aux observations
qui l'entourent, ceux-ci dépendant d'une part de la taille de
l'échantillon, d'autre part de la valeur du paramètre. Le choix du paramètre va conditionner d'une part le nombre d'observations qu'il faut rajouter
à la fin (ou plus rarement au début) de l'échantillon
initial pour éviter le problème des effets de bord, d'autre part
certaines propriétés de la tendance, en particulier son
degré de cyclicité. Le choix de la valeur de doit s'appuyer sur des critères économiques et
statistiques.
Fonction de transfert du filtre HP
La formule du filtre peut se réécrire de la facon suivante :
La condition de 1er ordre s'obtient de la formule
ci-dessous en différenciant cette expression par rapport à.
En réécrivant cette expression grâce à
l'opérateur retard L, on obtient :
C'est-à-dire
On peut déduire de cette expression l'écriture
du filtre qui permet de représenter la tendance par :
La composante cyclique de la série X
s'écrit :
Pour analyser le filtre HP dans le domaine des fréquences, on
pose.
Sachant que :
On obtient alors la « fonction de réponse
fréquentielle » du filtre CC (L) du filtre (HP).
La fonction de transfert du filtre est le carré de la valeur
absolue de :
Annexe3-Tableau 5 : Test
de racine unitaire sur les séries LNPIB et LNPRIX
Null Hypothesis: RESIDPIB has a unit root
|
Exogenous: None
|
Lag Length: 1 (Automatic based on SIC, MAXLAG=9)
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-2.517426
|
0.0129
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-2.616203
|
|
|
5% level
|
|
-1.948140
|
|
|
10% level
|
|
-1.612320
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(RESIDPIB)
|
Method: Least Squares
|
Date: 03/19/08 Time: 18:26
|
Sample(adjusted): 1995:3 2006:4
|
Included observations: 46 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
RESIDPIB(-1)
|
-0.133450
|
0.053010
|
-2.517426
|
0.0155
|
D(RESIDPIB(-1))
|
0.597968
|
0.099975
|
5.981199
|
0.0000
|
R-squared
|
0.472800
|
Mean dependent var
|
0.00084
|
Adjusted R-squared
|
0.460818
|
S.D. dependent var
|
0.00595
|
S.E. of regression
|
0.004369
|
Akaike info criterion
|
-7.98597
|
Sum squared resid
|
0.000840
|
Schwarz criterion
|
-7.90646
|
Log likelihood
|
185.6772
|
Durbin-Watson stat
|
2.13252
|
Null Hypothesis: RESIDPRIX has a unit root
|
Exogenous: None
|
Lag Length: 7 (Automatic based on AIC, MAXLAG=9)
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-4.627591
|
0.0000
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-2.624057
|
|
|
5% level
|
|
-1.949319
|
|
|
10% level
|
|
-1.611711
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(RESIDPRIX)
|
Method: Least Squares
|
Date: 03/19/08 Time: 18:33
|
Sample(adjusted): 1997:1 2006:4
|
Included observations: 40 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
RESIDPRIX(-1)
|
-0.967251
|
0.209018
|
-4.627591
|
0.0001
|
D(RESIDPRIX(-1))
|
0.657649
|
0.188334
|
3.491919
|
0.0014
|
D(RESIDPRIX(-2))
|
0.354671
|
0.185123
|
1.915863
|
0.0644
|
D(RESIDPRIX(-3))
|
0.348322
|
0.188375
|
1.849089
|
0.0737
|
D(RESIDPRIX(-4))
|
0.785424
|
0.195288
|
4.021879
|
0.0003
|
D(RESIDPRIX(-5))
|
0.459530
|
0.195707
|
2.348055
|
0.0252
|
D(RESIDPRIX(-6))
|
0.419810
|
0.190297
|
2.206081
|
0.0347
|
D(RESIDPRIX(-7))
|
0.408156
|
0.175812
|
2.321551
|
0.0268
|
R-squared
|
0.475042
|
Mean dependent var
|
0.00040
|
Adjusted R-squared
|
0.360207
|
S.D. dependent var
|
0.00959
|
S.E. of regression
|
0.007674
|
Akaike info criterion
|
-6.72522
|
Sum squared resid
|
0.001884
|
Schwarz criterion
|
-6.38745
|
Log likelihood
|
142.5045
|
Durbin-Watson stat
|
1.85265
|
Sur la base de ces résultats de test de racine
unitaire, sur les composantes lourdes des séries LNPIB et des LNPRIX,
l'on peut conclure qu'elles sont toutes deux stationnaires autour d'une
tendance déterministe.
Annexe 4-Tableau 6 :
Test de racine unitaire sur la variable TXFR
Null Hypothesis: D(TXFR) has a unit root
|
Exogenous: None
|
Lag Length: 0 (Automatic based on SIC, MAXLAG=9)
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-6.344165
|
0.0000
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-2.616203
|
|
|
5% level
|
|
-1.948140
|
|
|
10% level
|
|
-1.612320
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller Test Equation
|
Dependent Variable: D(TXFR,2)
|
Method: Least Squares
|
Date: 03/15/08 Time: 14:05
|
Sample(adjusted): 1995:3 2006:4
|
Included observations: 46 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
D(TXFR(-1))
|
-0.939090
|
0.148024
|
-6.344165
|
0.0000
|
R-squared
|
0.472029
|
Mean dependent var
|
0.013515
|
Adjusted R-squared
|
0.472029
|
S.D. dependent var
|
0.982488
|
S.E. of regression
|
0.713892
|
Akaike info criterion
|
2.185328
|
Sum squared resid
|
22.93385
|
Schwarz criterion
|
2.225081
|
Log likelihood
|
-49.26255
|
Durbin-Watson stat
|
2.023340
|
Annexe 5-Figure 8 :
Représentation de la composante lourde du PIB extraite à partir
du filtre HP
Annexe 6-Tableau 7 :
Résultat de l'estimation du VAR
Vector Autoregression Estimates
|
Date: 03/15/08 Time: 12:11
|
Sample(adjusted): 1995:4 2006:4
|
Included observations: 45 after adjusting endpoints
|
Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]
|
|
LNPIB
|
LNPRIX
|
D(TXFR)
|
LNPIB(-1)
|
1.566028
|
-0.131198
|
-14.68633
|
|
(0.13800)
|
(0.27195)
|
(21.9067)
|
|
[ 11.3483]
|
[-0.48243]
|
[-0.67040]
|
|
|
|
|
LNPIB(-2)
|
-0.634351
|
0.132922
|
6.138378
|
|
(0.13407)
|
(0.26421)
|
(21.2834)
|
|
[-4.73147]
|
[ 0.50308]
|
[ 0.28841]
|
|
|
|
|
LNPRIX(-1)
|
-0.093485
|
0.889424
|
12.52329
|
|
(0.08691)
|
(0.17127)
|
(13.7967)
|
|
[-1.07566]
|
[ 5.19301]
|
[ 0.90770]
|
|
|
|
|
LNPRIX(-2)
|
0.075110
|
-0.136170
|
-8.952045
|
|
(0.08923)
|
(0.17586)
|
(14.1659)
|
|
[ 0.84171]
|
[-0.77433]
|
[-0.63194]
|
|
|
|
|
D(TXFR(-1))
|
0.000473
|
-0.001169
|
0.010192
|
|
(0.00102)
|
(0.00202)
|
(0.16237)
|
|
[ 0.46228]
|
[-0.57997]
|
[ 0.06277]
|
|
|
|
|
D(TXFR(-2))
|
0.000188
|
-0.001734
|
0.147345
|
|
(0.00102)
|
(0.00201)
|
(0.16212)
|
|
[ 0.18367]
|
[-0.86173]
|
[ 0.90884]
|
|
|
|
|
C
|
1.983570
|
1.194464
|
218.2110
|
|
(1.55010)
|
(3.05479)
|
(246.075)
|
|
[ 1.27964]
|
[ 0.39101]
|
[ 0.88677]
|
|
|
|
|
@TREND
|
0.001353
|
0.001318
|
0.125709
|
|
(0.00099)
|
(0.00194)
|
(0.15667)
|
|
[ 1.37120]
|
[ 0.67751]
|
[ 0.80238]
|
R-squared
|
0.999625
|
0.987726
|
0.071599
|
Adj. R-squared
|
0.999554
|
0.985403
|
-0.104045
|
Sum sq. resids
|
0.000843
|
0.003275
|
21.24847
|
S.E. equation
|
0.004774
|
0.009408
|
0.757815
|
F-statistic
|
14075.58
|
425.3407
|
0.407636
|
Log likelihood
|
181.0606
|
150.5330
|
-46.96874
|
Akaike AIC
|
-7.691581
|
-6.334798
|
2.443055
|
Schwarz SC
|
-7.370397
|
-6.013613
|
2.764239
|
Mean dependent
|
28.05944
|
5.145093
|
-0.050691
|
S.D. dependent
|
0.225939
|
0.077866
|
0.721223
|
Determinant Residual Covariance
|
1.12E-09
|
|
Log Likelihood (d.f. adjusted)
|
272.1915
|
|
Akaike Information Criteria
|
-11.03073
|
|
Schwarz Criteria
|
-10.06718
|
|
Annexe 7-Tableau 8 :
Résultat de la factorisation structurelle de
Structural VAR Estimates
|
Date: 03/15/08 Time: 12:11
|
Sample(adjusted): 1995:4 2006:4
|
Included observations: 45 after adjusting endpoints
|
Estimation method: method of scoring (analytic derivatives)
|
Convergence achieved after 7 iterations
|
Structural VAR is over-identified (3 degrees of freedom)
|
Model: Ae = Bu where E[uu']=I
|
Restriction Type: short-run pattern matrix
|
A =
|
1
|
0
|
0
|
|
|
0
|
1
|
0
|
|
|
0
|
0
|
1
|
|
|
B =
|
1
|
0
|
0
|
|
|
C(1)
|
1
|
0
|
|
|
C(2)
|
C(3)
|
1
|
|
|
|
Coefficient
|
Std. Error
|
z-Statistic
|
Prob.
|
C(1)
|
0.156167
|
0.149071
|
1.047598
|
0.2948
|
C(2)
|
0.063875
|
0.165342
|
0.386316
|
0.6993
|
C(3)
|
0.479808
|
0.149071
|
3.218653
|
0.0013
|
Log likelihood
|
-136.9797
|
|
|
|
LR test for over-identification:
|
Chi-square(3)
|
818.3424
|
|
Probability
|
0.0000
|
Estimated A matrix:
|
1.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
|
|
0.000000
|
1.000000
|
0.000000
|
|
|
0.000000
|
0.000000
|
1.000000
|
|
|
Estimated B matrix:
|
1.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
|
|
0.156167
|
1.000000
|
0.000000
|
|
|
0.063875
|
0.479808
|
1.000000
|
|
|
Annexe 8-Tableau 9 :
Décomposition de la variance des erreurs de prévision des
variables endogènes
Variance Decomposition of LNPIB:
|
Period
|
S.E.
|
Demand Shock
|
Supply Shock
|
Monetary Shock
|
1
|
1.000000
|
100.0000
|
0.000000
|
0.000000
|
2
|
1.848167
|
99.74537
|
0.254621
|
6.55E-06
|
3
|
2.584312
|
99.54171
|
0.458268
|
1.96E-05
|
4
|
3.171585
|
99.43276
|
0.567202
|
3.76E-05
|
5
|
3.607548
|
99.38756
|
0.612384
|
5.50E-05
|
6
|
3.909779
|
99.37576
|
0.624173
|
7.00E-05
|
7
|
4.104905
|
99.37941
|
0.620510
|
8.15E-05
|
8
|
4.221296
|
99.38831
|
0.611596
|
8.99E-05
|
9
|
4.284509
|
99.39714
|
0.602765
|
9.54E-05
|
10
|
4.314985
|
99.40350
|
0.596405
|
9.88E-05
|
11
|
4.327421
|
99.40683
|
0.593069
|
0.000101
|
12
|
4.331285
|
99.40762
|
0.592276
|
0.000101
|
13
|
4.331949
|
99.40676
|
0.593136
|
0.000102
|
14
|
4.331985
|
99.40513
|
0.594767
|
0.000102
|
15
|
4.332307
|
99.40338
|
0.596516
|
0.000102
|
16
|
4.333016
|
99.40189
|
0.598012
|
0.000102
|
17
|
4.333921
|
99.40078
|
0.599115
|
0.000102
|
18
|
4.334809
|
99.40006
|
0.599835
|
0.000102
|
19
|
4.335543
|
99.39965
|
0.600252
|
0.000102
|
20
|
4.336076
|
99.39944
|
0.600463
|
0.000102
|
21
|
4.336419
|
99.39935
|
0.600551
|
0.000102
|
22
|
4.336616
|
99.39932
|
0.600577
|
0.000102
|
23
|
4.336715
|
99.39932
|
0.600577
|
0.000102
|
24
|
4.336757
|
99.39933
|
0.600572
|
0.000102
|
25
|
4.336771
|
99.39933
|
0.600569
|
0.000102
|
26
|
4.336773
|
99.39933
|
0.600569
|
0.000102
|
27
|
4.336773
|
99.39933
|
0.600571
|
0.000102
|
28
|
4.336774
|
99.39932
|
0.600575
|
0.000102
|
29
|
4.336776
|
99.39932
|
0.600578
|
0.000102
|
30
|
4.336779
|
99.39932
|
0.600581
|
0.000102
|
31
|
4.336782
|
99.39932
|
0.600583
|
0.000102
|
32
|
4.336785
|
99.39931
|
0.600584
|
0.000102
|
33
|
4.336787
|
99.39931
|
0.600585
|
0.000102
|
34
|
4.336788
|
99.39931
|
0.600585
|
0.000102
|
35
|
4.336789
|
99.39931
|
0.600585
|
0.000102
|
Variance Decomposition of LNPRIX:
|
Period
|
S.E.
|
Demand Shock
|
Supply Shock
|
Monetary Shock
|
1
|
1.012121
|
2.380742
|
97.61926
|
0.000000
|
2
|
1.347043
|
1.347251
|
98.65267
|
7.53E-05
|
3
|
1.497829
|
1.310173
|
98.68940
|
0.000422
|
4
|
1.561662
|
1.309278
|
98.69005
|
0.000669
|
5
|
1.588960
|
1.278147
|
98.72102
|
0.000834
|
6
|
1.603333
|
1.632261
|
98.36683
|
0.000913
|
7
|
1.616561
|
2.675104
|
97.32396
|
0.000939
|
8
|
1.632520
|
4.363786
|
95.63528
|
0.000936
|
9
|
1.650786
|
6.401252
|
93.59783
|
0.000919
|
10
|
1.669269
|
8.443665
|
91.55544
|
0.000900
|
11
|
1.685925
|
10.23967
|
89.75945
|
0.000882
|
12
|
1.699503
|
11.66760
|
88.33153
|
0.000868
|
13
|
1.709628
|
12.71073
|
87.28841
|
0.000859
|
14
|
1.716574
|
13.41576
|
86.58338
|
0.000852
|
15
|
1.720961
|
13.85664
|
86.14251
|
0.000848
|
16
|
1.723499
|
14.11016
|
85.88899
|
0.000846
|
17
|
1.724828
|
14.24239
|
85.75676
|
0.000845
|
18
|
1.725442
|
14.30335
|
85.69580
|
0.000845
|
19
|
1.725682
|
14.32694
|
85.67222
|
0.000845
|
20
|
1.725752
|
14.33371
|
85.66545
|
0.000845
|
21
|
1.725763
|
14.33463
|
85.66452
|
0.000845
|
22
|
1.725765
|
14.33462
|
85.66454
|
0.000845
|
23
|
1.725773
|
14.33525
|
85.66391
|
0.000845
|
24
|
1.725788
|
14.33658
|
85.66257
|
0.000845
|
25
|
1.725806
|
14.33823
|
85.66093
|
0.000845
|
26
|
1.725822
|
14.33978
|
85.65937
|
0.000845
|
27
|
1.725835
|
14.34102
|
85.65814
|
0.000845
|
28
|
1.725844
|
14.34189
|
85.65727
|
0.000845
|
29
|
1.725849
|
14.34242
|
85.65674
|
0.000845
|
30
|
1.725852
|
14.34271
|
85.65645
|
0.000845
|
31
|
1.725854
|
14.34284
|
85.65631
|
0.000845
|
32
|
1.725854
|
14.34289
|
85.65626
|
0.000845
|
33
|
1.725854
|
14.34291
|
85.65625
|
0.000845
|
34
|
1.725854
|
14.34291
|
85.65625
|
0.000845
|
35
|
1.725854
|
14.34291
|
85.65625
|
0.000845
|
Variance Decomposition of D(TXFR):
|
Period
|
S.E.
|
Demand Shock
|
Supply Shock
|
Monetary Shock
|
1
|
1.110989
|
0.330549
|
18.65161
|
81.01784
|
2
|
17.89529
|
50.60429
|
49.08341
|
0.312297
|
3
|
25.70632
|
73.93450
|
25.91176
|
0.153741
|
4
|
32.73214
|
82.65706
|
17.24800
|
0.094938
|
5
|
37.74307
|
86.74424
|
13.18436
|
0.071405
|
6
|
41.16152
|
88.72049
|
11.21943
|
0.060078
|
7
|
43.29943
|
89.75856
|
10.18713
|
0.054308
|
8
|
44.54211
|
90.29878
|
9.649885
|
0.051335
|
9
|
45.19605
|
90.57044
|
9.379691
|
0.049868
|
10
|
45.49980
|
90.69452
|
9.256268
|
0.049210
|
11
|
45.61709
|
90.74231
|
9.208730
|
0.048959
|
12
|
45.65006
|
90.75513
|
9.195983
|
0.048889
|
13
|
45.65435
|
90.75540
|
9.195716
|
0.048880
|
14
|
45.65514
|
90.75369
|
9.197428
|
0.048879
|
15
|
45.66033
|
90.75366
|
9.197476
|
0.048868
|
16
|
45.66981
|
90.75561
|
9.195547
|
0.048847
|
17
|
45.68098
|
90.75866
|
9.192514
|
0.048824
|
18
|
45.69141
|
90.76187
|
9.189329
|
0.048801
|
19
|
45.69974
|
90.76460
|
9.186613
|
0.048784
|
20
|
45.70561
|
90.76662
|
9.184612
|
0.048771
|
21
|
45.70928
|
90.76792
|
9.183312
|
0.048763
|
22
|
45.71132
|
90.76868
|
9.182565
|
0.048759
|
23
|
45.71231
|
90.76905
|
9.182192
|
0.048757
|
24
|
45.71271
|
90.76921
|
9.182037
|
0.048756
|
25
|
45.71282
|
90.76925
|
9.181991
|
0.048756
|
26
|
45.71284
|
90.76926
|
9.181986
|
0.048756
|
27
|
45.71284
|
90.76926
|
9.181988
|
0.048756
|
28
|
45.71285
|
90.76926
|
9.181987
|
0.048756
|
29
|
45.71288
|
90.76926
|
9.181979
|
0.048756
|
30
|
45.71292
|
90.76928
|
9.181968
|
0.048756
|
31
|
45.71296
|
90.76929
|
9.181957
|
0.048756
|
32
|
45.71299
|
90.76930
|
9.181947
|
0.048756
|
33
|
45.71301
|
90.76930
|
9.181940
|
0.048756
|
34
|
45.71302
|
90.76931
|
9.181935
|
0.048755
|
35
|
45.71303
|
90.76931
|
9.181932
|
0.048755
|
Annexe 9 -Figure
9 : Fonctions Impulsion-réponse croisée de toutes les
variables
Annexe 10-Figure 10 :
Autocorrélogrammes des résidus
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BIBLIOGRAPHIQUES
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www.rce-revue.com
www.beac.Int
www.banqueducanada.ca
* 1 Les produits de base
à savoir (cacao, café, coton, banane, pétrole brut,
canne à sucre...) constituaient et constituent encore l'essentiel des
richesses des pays de la BEAC.
* 2 Indicateurs
macroéconomiques et monétaires « dans le
rouge » et système bancaire fragilisé.
* 3 C'est-à-dire le
rapport des avoirs extérieurs bruts aux engagements de la Banque
Centrale.
* 4 Quoi qu'elle ait vraiment
été appliquée à partir 2000.
* 5 Taux
d'Intérêt des Appels d'Offre ou Taux d'Intérêt de
Prise en Pension.
* 6 Eu égard aux
grands principes de politique économique : Une politique = Un
objectif, des instruments, une évaluation au moyen des délai de
réaction et de l'ampleur des impacts sur les variables objectifs (Lange,
(1970)).
* 7 Nous avons choisi de
focaliser notre études sur la période 1995 à 2006 parce
que nous estimons que le processus de reforme de la politique monétaire
a été parachevé en 1994 par la dévaluation du F.CFA
et le lancement du Marché Monétaire sous-régional ;
de plus un test de rupture de Monte-Carlo peut aisément être mis
en oeuvre et il en sortira que le comportement de l'ensemble de nos variables
change à partir de 1994-1995 ; enfin l'indisponibilité des
données à jour (illico presto) nous conduit à
nous arrêter en 2006.
* 8 Cette analyse
intègre la détermination du sens de réaction (la
réaction est-elle conforme à la théorie
économique ?), des délais de réactions et de
l'ampleur des effets, de manière à pouvoir se prononcer sur
l'efficacité de ceux-ci.
* 9 Cette méthodologie
s'est développée afin de répondre à la critique des
méthodes d'identification généralement utilisées
dans les modèles économétriques traditionnels. Dans
Macroeconomics and Reality, Sims (1980) affirme que la construction des
modèles macroéconométriques comporte trop
d'hypothèses non testées qui conduisent le modélisateur
à imposer a priori des restrictions trop fortes. Il déplore
notamment l'absence de tests sérieux sur la structure causale, en
particulier sur la distinction entre variables exogènes et
endogènes. Ces restrictions imposées lors de l'écriture et
de l'estimation économétrique ne se justifient pas et doivent
être remises en question. Il propose donc de traiter toutes les variables
de façon symétrique, sans condition d'exclusion ou
d'exogénéité.
* 10 Cités par Auray
(2003).
* 11 Idem.
* 12 Le pouvoir politique
fixant leur statut et nommant les dirigeants, son influence peut être
significative.
* 13 Les marchés
dérivés ne font pas partie des marchés de capitaux. Ils
ont pour but de fournir aux agents économiques des techniques de
couverture et de protection contre l'évolution des prix, des taux
d'intérêt et des taux de change.
* 14 Voir par exemple le
cours de Legrand E. Université de Rennes.
* 15 En situation de
sous-emploi, une politique monétaire expansive permet de réduire
le chômage, par la baisse des taux d'intérêt et la reprise
de l'investissement qu'elle induit, au détriment de la stabilité
des prix. A l'inverse lors des périodes de croissance
accélérée, la politique monétaire doit permettre de
limiter les tensions inflationnistes par la hausse des taux et la contraction
de l'activité qui en résulte.
* 16 La « Federal
Reserve » américaine (1972), la Banque Fédérale
d'Allemagne (1974), la Banque d'Angleterre et la Banque de France (1976),
l'avaient aussi adopté.
* 17 La banque centrale
détermine l'encours des crédits que les banques peuvent
accorder.
* 18 Dans le cas particulier
de la BEAC, ces fonds sont rémunérés au taux de 0.35 %.
* 19 La deuxième
égalité tient au fait que la formulation de l'équation
ignore les transactions sur biens intermédiaires.
* 20 Cf. figure
I.2A.
* 21 Cf. figureI.2B.
* 22 À moins que ne
soit suffisamment reculée la limite du plein emploi.
* 23 Elle est
essentiellement le fruit des travaux de Friedman.
* 24Ceci découle de
la manière dont Friedman a reformulé la fonction de demande de
monnaie,
Où V est une fonction des six arguments
figurant entre les parenthèses. Il en résulte que le rapport
entre le revenu national Y et la quantité de monnaie M
n'est plus constant mais dépend de V qui est fonction
stable de variables précises. L'on est cependant assez loin de la
théorie quantitative originale, qui défendait l'existence d'une
relation proportionnelle fixe entre M et Y.
* 25 Les États-Unis
et la Grande Bretagne ont connu au cours des années 1980-1985 une
politique monétaire inspirée au départ par les
idées de Friedman. L'inflation de plus de 10 % l'an qui avait
sévi dans ces deux pays (et dans bien d'autres) pendant les cinq
années précédentes fut ramenée à près
de 0% à fin 1985, à la suite d'une politique monétaire qui
fut par moments très restrictive. L'on peut voir ici une illustration
d'un aspect du monétarisme, celui qui concerne les prix. Mais en
même temps, le chômage s'est fortement accru en Grande-Bretagne, et
aux États-Unis. Dans la perspective strictement friedmanienne, ceci
serait à attribuer au fait que les variations de l'offre de monnaie ont
été trop irrégulières, plutôt que trop
fortes.
* 26 Depuis
l'instauration du marché monétaire en juillet 1994, l'action de
politique monétaire de la BEAC s'exerce sur la liquidité
bancaire, à travers le refinancement (Objectif de refinancement et taux
d'intérêt) et les réserves obligatoires.
* 27 Ce recentrage est
évidemment lié au fait qu'à partir du début des
années 1980, la priorité a été donnée dans
la plupart des pays à la lutte contre l'inflation. Mais plus
fondamentalement, il illustre le triomphe des conceptions d'inspiration
monétariste.
* 28 1euro = 655.957 F.CFA
depuis le 1er janvier 1999.
* 29 Il s'agit notamment
d'indicateurs de croissance économique, d'équilibre
extérieur, d'inflation et des finances publiques, dans le cadre de la
programmation monétaire.
* 30 Compartiment des
interventions de la Banque Centrale.
* 31 Taux
d'Intérêt des Appel d'Offre, il constitue le principal taux
directeur de la BEAC.
* 32 Compartiment
interbancaire.
* 33 Le Professeur Legrand
est enseignant à l'Université de Rennes.
* 34 Il vient donc que le
schéma s'applique aussi bien aux ménages qu'aux entreprises.
* 35 Lors d'une
déflation.
* 36 C'est ce qui explique
que les États-unis n'aient pas succombé à la
« trappe à la liquidité » lors de la grande
dépression.
* 37 De même, comme
les logements et terrains sont une part importante de la richesse, on peut
passer par là.
* 38 Les prêteurs
disposent d'une moindre garantie en contrepartie de leurs prêts et les
pertes dues à la sélection adverse sont donc plus importantes.
* 39 Stiglitz et Weiss
(1981) montrent que le rationnement du crédit, intervient dans des cas
où les emprunteurs se voient refuser des prêts, même s'ils
sont disposés à payer un taux d'intérêt plus
élevé.
* 40 La sélection
adverse fait référence à la situation dans laquelle, en
voulant sélectionner les bons risques pour un contrat donné,
à cause d'une asymétrie d'informations ex ante, l'on en
sélectionne les mauvais.
* 41 Nous utilisons ce taux
comme Proxy à l'instar de Koulet-Vickot (2002) pour qui il convient de
détecter parmi toute la gamme d'actifs existants, ceux dont la
pertinence est nette, ainsi que les pays avec lesquels les arbitrages sont
susceptibles d'être faits. A ce titre, au regard du principe de
liberté des mouvements de capitaux entre la sous région et la
France, si arbitrage il y a, il est fort probable qu'il s'effectue avec la
France, pays d'ancrage du F.CFA. Les titres les plus représentatifs des
instruments négociables à court terme et à long terme en
France sont respectivement ceux du marché monétaire et ceux du
Trésor. En raison de la forte colinéarité entre les deux
taux, l'un des deux sera retenu notamment celui qui nous donne le meilleur
résultat. Notre choix est alors empirique.
* 42 Une présentation
de la fonction de transfert de ce filtre est faite en annexe.
* 43 Principalement pour ce qui est du
PIB, nous avons utilisé la méthode de Goldstein et Kahn (1976)
pour obtenir les données de la série trimestrielle à
partir de la série annuelle. Le procédé
mathématique est présenté en annexe1.
* 44 Voir Bruneau et De
Bandt (1998).
* 45 Des études
relatives aux États-Unis d'Amérique (Christiano, Einchenbaum et
Evans (1994)) ont montré que l'introduction de variables
supplémentaires de prix (prix du pétrole et/ou des autres
matières premières) permet de réduire l'effet du
« Price Puzzle ». En effet dans ce cas, l'on intègre
dans l'analyse l'information dont dispose la banque centrale sur
l'évolution future de l'inflation.
* 46 L'on remarque que les
innovations dépendent de manière cruciale, de la
représentation multivariée de la dynamique à
étudier.
* 47 Cette équation
est dite forme réduite du modèle structurel.
* 48 Puisque la
représentation moyenne mobile vectorielle est issue de l'inversion d'une
forme stationnaire de.
* 49 Il suffit de les
compter en utilisant les ordres des différentes matrices.
* 50 C'est-à-dire que
le nombre de paramètres inconnus soit au moins égal au nombre
d'équations.
* 51 Cette démarche
est en fait une variante de la décomposition de Choleski.
* 52 Cf. Blanchard et Quah
(1989).
* 53 Soit au total 9
fonctions impulsion réponse, dans le cas de cette étude.
* 54 Voir Lutkepöhl
(1990) et Hamilton (1994), cité par Mialou (2002).
* 55 Sauf dans
Lutkepöhl et Reimers (1992), cité par Mialou (2002).
* 56 La
représentation des bornes d'un écart type n'est critiquable que
si et seulement si l'interprétation n'est pas assortie de
précaution sur la significativité.
* 57 Il est important de
noter ici que ce n'est pas à proprement parler la part du choc
lui-même qui est représentée, mais, la part de ses
effets.
* 58 Cf. Bourbonnais (2003).
* 59 Voir annexe 3 et 4.
* 60 Exceptionnellement pour le
taux d'intérêt
* 61 Voir annexe 5.
* 62 Ce qui confirme notre
hypothèse N°1.
* 63 Par exemple le fait que
les banques commerciales qui sont en général des succursales de
banques étrangères s'adressent à leur siège central
pour les refinancements.
* 64 Cela a
été le cas pour plusieurs banques, même les plus
importantes du monde.
* 65 Que plus d'un jugent
inappropriée.
* 66 Modification
discrétionnaire.
* 67 L'ampleur de la
réaction des variables réelles est de l'ordre du millième
pourcent.
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