L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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Remerciements
Nous remercions :
8 Le Professeur Mme Habiba MAMDOUH qui a bien voulu diriger ce
modeste travail,
8 Le Professeur Mme Imane OUALIJI responsable pédagogique
du module,
8 Tout le corps professoral de l'université Hassan Ier de
Settat.
8 Tous ceux qui de prés ou de loin, par leurs conseils,
encouragements, critiques, soutien matériel ou morale ont
contribué à l'accomplissement de ce travail en particulier et
notre réussite scolaire en général.
Qu'ils trouvent ici, l'expression de notre reconnaissance
éternelle.
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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Sommaire
Introduction
Première partie : La gestion de l'entreprise en
difficulté.
Chapitre I : La prévention et le règlement
amiable des entreprises en difficulté
Section-1 Les mesures préventives
A- Mesures renforçant l'information comptable
et
Financière et renforçant le contrôle des comptes
B- Les mécanismes d'alerte
Section-2 Le règlement amiable
A- Les conditions de mise en oeuvre
B- Les effets du règlement amiable
Chapitre II : L'ouverture et l'observation de l'entreprise
en vue
du choix de la procédure
Section-1 L'ouverture de la procédure
A- Les conditions d'ouvertures de la procédure
B- Les organes de procédure
Section-2 La gestion de l'entreprise pendant la période
d'observation
A- L'entreprise pendant la période d'observation
B- La nullité de certains actes
C- Le sort des créanciers
Deuxième partie : Le sort des entreprises en
difficulté.
Chapitre III : Le plan de continuation de l'entreprise
Section-1 Plan de redressement
A- Elaboration du plan.
B- Effets du Plan
Section-2 La cession de l'entreprise
A- Les conditions de la cession
B- Les effets du Plan de cession.
Chapitre IV: Le prononcé de la liquidation
judiciaire
Section 1 La liquidation judiciaire
A- La décision de liquidation judiciaire
B- La réalisation de l'actif.
C- L'apurement du passif
Section-2 Les sanctions à l'encontre des dirigeants
A- Les sanctions civiles
B- Les sanctions pénales
C- Les sanctions professionnelles
Conclusion
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Introduction
Le droit commercial a un double objet, en tant qu'il
s'intéresse à la fois aux personnes et à l'activité
de celles-ci.
Dans sa vision subjective, le droit commerciale régit
les commerçants du point de vue juridique, le commerçant n'est
pas seulement celui qui fait le négoce, qui accomplit une
activité commerciale proprement dite.
En vérité, l'homme d'affaire est la figure centrale
du droit commerciale.
Dans une vision objective, le droit commercial régit
les actes de commerce qui ne sont pas réservés à l'usage
des seuls commerçants. Ainsi, la signature d'une lettre de change est un
acte de commerce, quelle que soit la qualité de ceux qui
interviennent.
Cette double précision aide à mesurer l'empire
du droit commercial. Le droit commercial est tout entier imbibé de
l'esprit d'entreprendre. On ne gère pas le patrimoine d'un incapable
comme on gère un fonds de commerce ou une société
commerciale. C'est cet esprit qui justifie la souplesse des règles, car
il faut limiter au maximum les entraves à l'action des entreprises.
L'esprit d'entreprise du droit commercial trouve sa trace
aussi dans la rapidité ; le temps commercial est plus court que le temps
civil ; ce qui explique la relative brièveté du délai de
prescription, comme la liberté de preuve.1
Si l'on fait abstraction du débat autour du concept
« droit des affaires », nous pouvons dire que cette branche a connu
depuis deux décennies une refonte totale. Même si elle n'est pas
encore parvenue à son terme.
Partout dans le monde, l'environnement du droit est
traversé par des mutations profondes tant sur le plan économique,
que politique et culturel. Des concepts nouveaux tels le nouvel ordre
économique mondial, le partenariat, l'entreprise citoyenne, la
privatisation ... sont autant d'indicateurs d'un nouvel ordre supranational
mais à répercussions nationales certaines.2
Inscrivant son action dans cette dynamique, le
législateur marocain s'est résolument engagé depuis plus
de deux décennies dans la voie des reformes globales, aussi bien d'ordre
économique que politique. Leur consécration juridique s'est
traduite par une panoplie de codes et de lois inaugurant une véritable
renaissance législative et un grand mouvement de codification. En plus
de la reforme fiscale, le législateur s'est préoccupé de
la promotion de l'épargne, de l'encouragement des investissements et de
la moralisation du monde des affaires, comme autant de conditions
préalables du développement total d'un pays.
En conséquence de nombreux textes ont été
adoptés, souvent à l'unanimité. Ainsi, au Maroc le droit
comptable est né avec l adoption de la loi n°9-88 relative aux
obligations comptable qui a abrogé les articles 13 et suivants du code
de commerce de 1913.
Ce droit propose de refléter objectivement la
consistance réelle du patrimoine de l'entreprise
alors qu'auparavant,
le concept lui-même de l entreprise était passé sous
silence, le dahir des
obligations et contrats ayant opté pour
l'unité du patrimoine et ignoré la notion de patrimoine
d' affectation...
Cette démarche a été consolidée par
le dahir n°1-96-8 du 1 aout 1996 formant code de
commerce, qui donne
une nouvelle configuration de la matière commerciale à travers
ses cinq
1 CHERKAOUI 2001 : 10
2 ESSAID 2000 : 349
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livres relatifs au commerçant, au fond de commerce, aux
effets de commerce, aux contrats commerciaux et aux difficultés de
l'entreprise.
Ainsi, l'entreprise a fait l'objet d'une vision moderne,
souple, et évolutive. Depuis la promulgation du code de commerce, la
législation sur la faillite a connu de nombreux remaniements, dus
principalement à la modification du problème posé par les
difficultés qu'une entreprise pouvait rencontrer.
La loi de 1996 innove en considérant qu'il fallait
séparer « l'homme » de l'entreprise ; en effet, il ne semblait
plus systématique qu'une entreprise se trouve en difficulté du
fait qu'une faute ait été commise par l'homme : le dirigeant.
Ainsi cette loi n'excluait pas la possibilité
d'éventuelles sanctions prononcées contre le dirigeant fautif,
dans des conditions précises, mais instituait de règles sur la
possible survie de l'entreprise, auquel cas le commerçant, personne
physique ou morale était mis en règlement judiciaire; ou sur
l'impossibilité de continuation de l'entreprise, impossible à
redresser, auquel cas les juges prononce la liquidation des biens.
Ainsi les difficultés de l'entreprise peuvent conduire
au dépôt de bilan. Mais la situation de l'entreprise peut
seulement être mauvaise sans être désespérée.
La loi envisage donc des traitements dont l'efficacité dépend de
la prise de conscience de ces difficultés. D'une part, elle organise une
procédure de prévention visant à permettre le
règlement amiable de ces difficultés ; d'autre part elle remplace
l'ancienne procédure de faillite par une procédure
privilégiant la sauvegarde de l'entreprise et le maintient de l'emploi.
Le tri entre ces deux procédures se fait en fonction d'un critère
simple, celui de la cessation des paiements, c'est-à-dire
l'impossibilité de faire au passif exigible avec l'actif disponible.
Ainsi, lorsqu'une entreprise n'est pas en cessation des
paiements, mais ce trouve en difficulté, la loi prévoit un
dispositif d'alerte tendant à appeler l'attention des dirigeant sociaux
sur la nécessité pour eux de prendre des mesures en vue de
redresser cette situation. Ces mesures ont pour but de prévenir les
difficultés de l'entreprise, lorsque l'entreprise est reconnue en
cessation des paiements (chapitre I et II). La loi prévoit une
procédure de traitement des ces difficultés. Elle entend
maintenir en vie si possible en organisant son redressement judiciaire
(chapitre III). Lorsqu'aucune de ces deux solutions n'apparaît possible,
il est procédé à la liquidation judiciaire de l'entreprise
(chapitre IV).
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Première partie : La gestion de l'entreprise en
difficulté
CHAPITRE I : La prévention et le règlement
amiable des entreprises en difficulté.
SECTION-1 : Les mesures préventives.
Avec l'avènement du dahir N°1-96-83 du 15 Rabii1
1417(1 août 1996) portant promulgation de la loi N°15-95 formant
code de commerce, le législateur marocain a prévu des mesures
relatives à la prévention et au règlement amiable des
difficultés de l'entreprise. Ce qui est officiellement le premier texte
consacré à la prévention des difficultés des
entreprises. Cependant il ne s'agit pas là d'une nouveauté dans
la mesure où toute règle juridique a pour objectif de faciliter
le bon fonctionnement et le développement des entreprises, en somme de
prévenir les difficultés. Les mesures édictées par
la présente loi ne sont certainement pas les seules à traiter de
la prévention.
La prévention des difficultés d'une entreprise
se heurte à un obstacle de nature psychologique. En effet, le chef
d'entreprise doit faire part des ses difficultés à un tiers, ce
qui n'est pas chose aisée.3
D'ailleurs, la prévention a un domaine d'application qui
ne dépend pas uniquement de la
Situation financière de l'entreprise. Elle concerne les
entreprises qui sont encore saines puisque toute entreprise rentable est
potentiellement une entreprise en difficulté. Un délicat
équilibre est à trouver entre cet objectif de prévention
et le respect de la liberté du commerce et de l'industrie qui
empêche d'imposer des contraintes trop lourdes.
Les mesures de prévention doivent, pour assurer leur
efficacité respecter deux impératifs.
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Le premier impératif est la rapidité. car la
situation financière d'une entreprise qui présente des signes
révélateurs de difficulté risque de se dégrader
très vite. La loi doit instaurer des mécanismes susceptibles
d'être mises en oeuvre par toute personne y ayant
intérêt.
Le second impératif est la discrétion. La
révélation d'une difficulté temporaire ou mineure risque
de porter atteinte au crédit de l'entreprise et d'entraîner sa
cessation de payement que l'on voulait éviter. Les mesures de
prévention se doivent donc d'être confidentielles, surtout au
début.
A° Mesures renforçant l'information comptable et
financière et renforçant le contrôle des comptes.
La loi 15-95 en son livre V, titre I, relatif à la
prévention et au règlement amiable des
difficultés des entreprises part du postulat que
Gérer, c'est essentiellement prévoir.
D'ailleurs, un chef d'entreprise ne peut pas redresser une situation qui
commence à se dégrader s'il ignore l'étendue des
difficultés qu'il rencontre. L'information précède
nécessairement la prise des mesures de redressement et constitue un
outil de prévention indispensable. Ces mesures permettant un
contrôle de gestion plus rigoureux. En France elles ne s'adressent qu'aux
personnes morales de droit privé, commerçantes ou non mais ayant
une activité économique, et dépassant un certains seuil
quant à leur chiffre d'affaires, ou à leur nombre de
salariés.
3 CHAMOULAUD-TRAPIERS et GULSEN 2003 : 215
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Exemple :
o 50 salariés ;
o 3100000 euros de chiffres d'affaires hors taxes ;
o 1550000 euros d'actif net au bilan.4
1/La prévention interne
· Le commissaire aux comptes
Les entreprises sont tenues d'établir annuellement, ou
parfois même semestriellement, certains documents d'information
financière et prévisionnelle strictement déterminés
par la loi.
Selon l'article 546 de la loi 15-95, livre V, titre I,
« le commissaire aux comptes, s'il en existe ou tout
associé dans la société informe le chef de l'entreprise
des faits de nature à compromettre la continuité de
l'exploitation et ce, dans un délai de 08 jours à compter de la
découverte des faits et par lettre recommandée avec accusé
de réception, l'invitant à redresser la situation de
l'entreprise.
En cas d'inexécution par le chef d'entreprise dans un
délai de 15 jours de la réception ou s'il n'arrive pas
personnellement ou après délibération du conseil
d'administration ou du conseil de surveillance, selon le cas, à un
résultat positif, il est tenu de faire délibérer la
prochaine assemblée générale sur rapport du commissaire
aux comptes à ce sujet.»
Si l'assemblée générale ne
délibère pas à ce sujet ou s'il a été
constaté que malgré les décisions prise par cette
assemblée, la continuité de l'entreprise demeure compromise, le
Président du tribunal dans ce cas, en est informé par le
commissaire aux comptes ou par le chef d'entreprise.
· Groupements de prévention
agréés
Dans le souci de renforcer la prévention des
difficultés, Il a été instauré en France des
groupements de prévention.5 Ainsi, toute
société commerciale ou toute personne morale de droit
privé peut adhérer à un groupement de prévention
agrée. La mission de ces groupements sera de fournir à leurs
adhérents, de façon confidentielle, une analyse des informations
comptables et financières, qu'ils s'engagent à leur transmettre
régulièrement. Ces groupements pourront obtenir le concours ou
les aides des certains organismes publics ou de certaines administrations.
2/La prévention externe
· Le Président du tribunal
Au sens de l'article 548 de la loi 15-95, Le président
du tribunal convoque le chef d'entreprise après avoir été
informé par le commissaire aux comptes ou résultant de tout autre
acte à savoir les documents ou procédures qu'une
société commerciale, ou une entreprise individuelle commerciale
ou artisanale, connaît des difficultés de nature à
compromettre la continuité de l'entreprise.
Pour que soit envisagés les mesures propres à
redresser la situation. A l'issue de cet entretien,
le Président du
tribunal, Peut nonobstant toute disposition législative contraire,
obtenir
communication, Par le commissaire aux comptes, les administrations,
les organismes publics
4 CHAMOULAUD-TRAPIERS et GULSEN 2003 : 216
5 FONTAINE , PERRONZLATIEW et CAVALERIE 1987 : 180
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ou le représentant du personnel ou par toute autre
personne, des renseignements de nature à lui donner une exacte
information sur la situation économique et financière du
débiteur.
S'il apparaît que les difficultés de
l'entreprise sont susceptibles d'être aplanies grâce à
l'intervention d'un tiers à même de réduire les oppositions
éventuelles des partenaires habituels de l'entreprise, Le
Président du tribunal le désigne en qualité de mandataire
spécial ; il lui assigne une mission et un délai pour
l'accomplir.
B° Les mécanismes d'alerte
Les informations comptables et financières
livrées à certains acteurs de l'entreprise peuvent être le
révélateur de difficultés futures qui vont
nécessité d'organiser rapidement et discrètement une
défense. Pour éviter que l'entreprise subisse les
conséquences d'une riposte tardive.
Le législateur marocain a prévu des
procédures d'alerte destinées à obliger le chef
d'entreprise à prendre rapidement des mesures.
Cette procédure d'alerte peut être
déclenchée par les commissaires aux comptes ou par d'autres
personnes.
1/Alerte déclenchée par le commissaire
aux comptes.
Le commissaire aux comptes est l'un de ceux qui connaît
le mieux l'entreprise. C'est pourquoi l'article 546 du code de commerce
marocain l'a investi d'un devoir de déclencher une procédure
d'alerte lorsqu'il constate des faits de nature à compromettre la
continuité de l'exploitation de l'entreprise. Cette obligation s'exerce
dans toutes les personnes morales où il est présent ; peu importe
sa forme (société civile ou commerciale, association ou
groupement d'intérêt économique) et le fait que sa
présence soit obligatoire ou facultative. Le commissaire aux comptes
engage sa responsabilité s'il ne déclenche pas la
procédure d'alerte, élément essentiel du processus de
prévention des difficultés.
Cette alerte déclenchée par le commissaire aux
comptes suppose la réunion de certaines conditions.
Le commissaire aux comptes doit avoir relevé de faits de
nature à compromettre la continuité de l'entreprise.
Il doit s'agir d'un ensemble convergeant de faits
significatifs.
Les faits doivent être de nature à provoquer une
cessation des paiements si aucune mesure de redressement n'est prise en temps
utile.
La situation doit révéler l'absence de
réaction appropriée ou la carence des dirigeants.
Les faits doivent être révéler par le
commissaire aux comptes à l'occasion de l'exercice de sa mission.
2/Alerte déclenchée par d'autres
acteurs.
D'autres personnes ont aussi le droit de provoquer une
procédure d'alerte. Mais à la différence du commissaire
aux comptes, Il ne s'agit pour elles que d'une faculté et non d'une
obligation.
Le Comité d'entreprise peut déclencher l'alerte
s'il a connaissance des faits de nature à affecter de manière
préoccupante la situation économique de l'entreprise. Les cas
d'ouverture d'une telle procédure sont plus vastes que pour le
commissaire aux comptes. La procédure cependant reste, dans tous les cas
confidentielle.
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La procédure débute par une demande
d'explications à la direction. Si le chef d'entreprise fournit des
explications insuffisantes ou s'il refuse de répondre, le comité
d'entreprise établit un rapport d'alerte. Pour ce faire, il peut se
faire assisté d'un expert comptable.
Ce rapport peut être communiqué au conseil
d'administration ou de surveillance ou à défaut aux
associés et aux commissaires aux comptes.
Une procédure d'alerte est reconnue aux associés
de la société à responsabilités limitées
(SARL) et aux actionnaires de la société anonyme.
Dans la SARL, tout associé non gérant peut, deux
fois par exercice, poser par écrit des questions au gérant sur
tout fait de nature à compromettre la continuité de l'entreprise.
La réponse du gérant est communiquée aux commissaires aux
comptes.
Dans la société anonyme cette même
faculté est reconnue à un ou plusieurs actionnaires
représentants au moins 5% du capital social ou à une association
d'actionnaires.
Le Président du tribunal de commerce peut
déclencher une procédure d'alerte.
En France, dans les petites entreprises non tenues de tenir
des documents de gestion prévisionnelle, le droit d'alerte peut
être exercé soit par le Président du tribunal de commerce
soit par un groupement de prévention agréé.
Le Président du tribunal de commerce : lorsque les
comptes font apparaître une perte nette comptable supérieure
à 1/3 du montant des capitaux propres en fin d'exercice : ce dernier
demande alors au chef d'entreprise les mesures qu'il compte prendre et peut
même proposer un règlement amiable.
Groupement de prévention agréé : par
ailleurs ces groupements qui relèvent des indices de difficultés
chez l'un de ses adhérents doit en informer le chef d'entreprise et peut
lui proposer l'intervention d'un expert.
SECTION-2 : Le règlement amiable.
Le code de commerce marocain a mis en place des
procédures non contentieuses dont l'objectif est de trouver un terrain
d'entente entre l'entreprise et les créanciers et éviter le
recours à des procédures plus lourdes.
Le président du tribunal de commerce peut notamment,
à la demande du chef d'entreprise ou de lui même désigner
un mandataire ad hoc. Cet usage pratiqué par certains tribunaux a
été institutionnalisé par la loi du 01/08/1 996, dans son
article 552. Il s'agit d'un expert en gestion chargé d'élaborer
un plan de redressement de l'entreprise. C'est une procédure qui doit
rester discrète. Sa mission est surtout d'amener les principaux
créanciers à ne pas exiger immédiatement le paiement de
leurs créances pourtant exigibles.
Mais cette désignation peut ne pas être
suffisante. Dans ce cas, la loi offre la possibilité de mettre en place
une procédure de règlement amiable. Le Président du
tribunal de commerce nomme un conciliateur ayant pour mission de rechercher un
accord entre l'entreprise et ses créanciers. Toutefois, cette
procédure suppose le respect de certaines conditions et a des effets
précis.
A° Les conditions de mise en oeuvre
La procédure de règlement amiable est ouverte
à toute entreprise, commerciale ou artisanale et, de manière
générale, à toutes les personnes morales de droit
privé.
Au sens de l'article 550 du code de commerce marocain, cette
procédure de règlement amiable est ouverte aux entreprises qui ne
sont pas en cessation de paiement, éprouvant une difficulté
juridique, économique ou financière ou des besoins ne pouvant
être couverts par un financement adapté aux possibilités de
l'entreprise.
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1/Saisine du tribunal de commerce
Le Président du tribunal est saisi par une
requête du chef de l'entreprise, qui expose sa situation
financière économique et sociale, les besoins de financement
ainsi que les moyens d'y faire face.
Le Président du tribunal peut même
désigner un expert pour qu'il établisse un rapport plus complet
sur la situation de l'entreprise. Il peut obtenir des renseignements
auprès des tiers qui ne peuvent opposer le secret professionnel. Le
président peut refuser le bénéfice du règlement
amiable notamment lorsque l'entreprise est en cessation de paiement. En outre,
s'il considère que ce moyen permettra de faire face aux
difficultés, Le président du tribunal nomme un conciliateur
chargé de chercher l'accord entre le débiteur et ses
créanciers.
Peuvent être désignés comme conciliateur
toute personne compétente dans le redressement d'entreprise comme des
administrateurs judiciaires, les experts en diagnostic d'entreprise, des
experts- comptables ou des juges consulaires. Toutefois, le conciliateur n'aura
pas le statut de mandataire de justice.
2/Missions du conciliateur.
Cette mission est fixée par le Président du
tribunal pour une période de 3 mois renouvelable pour 1
mois.6 Son but est de favoriser le fonctionnement de l'entreprise et
non pas son redressement et de chercher la conclusion d'un accord avec les
créanciers. Cependant, le règlement amiable n'est pas opposable
à tous les créanciers. Il s'agit d'une mesure collective. Par
conséquent ceux qui acceptent d'y participer se voient opposer les
mesures décidées.
Le conciliateur a la possibilité de demander au
président d'ordonner la suspension provisoire des poursuites, s'il
estime cette mesure de nature à faciliter l'accord. S'il accepte de la
prononcer, les initiatives individuelles, qu'il s'agisse d'actions en paiement
ou de mesures d'exécution sont paralysées. De son
côté, le débiteur ne peut plus payer ses créanciers
sauf autorisation du président.
Toutefois, cette mesure fait l'objet d'une publicité au
registre du commerce et met donc fin à la confidentialité de la
procédure.
L'accord entre créanciers est un acte unique qui contient
des délais de paiement, des abandons de créances. Deux situations
peuvent se présentées :
· Le conciliateur obtient l'accord de tous les
créanciers : l'accord est obligatoirement homologué par le
président et déposé au greffe.
· Un accord est conclu avec seulement certains
créanciers : le président a le droit de l'homologuer et
d'accorder délais de paiement pour les autres créances.
Toutefois il paraît nécessaire de montre que le
débiteur, pour pouvoir bénéficier du règlement
amiable doit proposer un plan d'apurement de son passif.
Exemple : les remises de dettes dont il a besoin.
Mais aussi un plan de redressement économique et
financier de l'entreprise par exemple : les mesures de licenciement, apports de
capitaux, restructuration de l'entreprise.
6 la loi n° 15-95 formant code de commerce marocain,
article 553
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B° Les effets du règlement amiable.
Les effets du règlement amiable sont liés
à la nature de l'accord conclu entre le débiteur et ses
créanciers. L'accord, selon article 557 du code de commerce marocain
doit être signé et daté par les parties et le conciliateur.
Ce document est déposé au greffe du tribunal.
A l'égard des parties qui ont participé
à l'accord, la force obligatoire du contrat s'impose. Chacun doit
respecter ses engagements. D'ailleurs, si l'accord a été
homologué par le juge, l'ordonnance d'homologation a autorité de
la chose jugée : elle offre aux parties un titre revêtu de la
force exécutoire. Toutes les poursuites individuelles, portant aussi
bien sur les meubles que sur les immeubles du débiteur et ayant pour but
d'obtenir le paiement des créances, sont suspendues. Pendant la
durée de l'exécution de l'accord.
A l'égard des tiers, le principe de l'effet relatif des
contrats s'impose. Les créanciers qui n'ont pas participé
à l'accord ne peuvent se voir opposer le règlement amiable. Leur
droit de poursuite n'est pas suspendu, ce qui explique souvent l'échec
de la procédure. Toutefois, le Président peut accorder au
débiteur des délais de paiement pour les créances non
incluses dans l'accord.
En principe le caractère confidentiel des ces
négociations oblige tout créancier contacté, même
s'il refuse de traiter avec le chef d'entreprise, a être lié par
le secret professionnel sous peine de sanction pénale.
En cas de non respect de l'accord, une procédure de
redressement judiciaire ne peut être ouverte, même si l'entreprise
n'est pas véritablement en cessation de paiement. Les créanciers
signataires retrouvent alors leurs droits existants antérieurement
à l'accord.
Exemple : Le créancier qui avait consenti une remise
de 20% du montant de sa créance pourra demander devant le tribunal le
paiement de l'intégralité de celle -ci.
Une procédure de redressement judiciaire peut
être ouverte, ce qui entraine la résolution du règlement
amiable, cependant, dans les faits, lorsque l'entreprise débitrice est
dans l'impossibilité d'exécuter ses engagements découlant
de l'accord, il faut en conclure qu'elle se trouve en état de cessation
de paiement et dans ce cas une véritable procédure collective est
inévitable.
CHAPITRE II : L'ouverture et l'observation de
l'entreprise en vue du choix de la procédure.
SECTION-1 : L'ouverture de la procédure.
La cessation de paiement marque le passage entre les techniques
amiables et les procédures plus lourdes de redressement ou de
liquidation judicaire.
Ces procédures sont le résultat d'une longue
évolution du droit des affaires.
Au XIXème siècle, le commerçant ou la
société qui ne payait plus ses dettes était mis en
faillite cela signifie tout simplement que le commerçant en
difficulté était considéré comme fautif et devrait
être mis au banc de la société.7
Des assouplissements ont été progressivement
apportés pour que le droit des procédures collectives
évolue dans un sens moins radical. Une distinction s'opère
désormais entre :
7 CHAMOULAUD-TRAPIERS et GULSEN 2003 :227
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Le sort de l'entreprise qu'il faut tenter de sauver, notamment
avec la conclusion d'un concordat signé entre les créanciers
regroupés dans une masse.
Et le sort des dirigeants qu'il faut sanctionner dans le cas
où il serait fautif.
La notion d'entreprise s'enracine dans le droit des affaires
et le terme de faillite laisse progressivement place à celui de
liquidation ainsi le législateur marocain va poursuivre ce processus et
donner la priorité sur la survie de l'entreprise. Elle institue deux
procédures :
Le redressement judiciaire et la liquidation judiciaire.
Parallèlement, elle institue des mécanismes
destinés à sauvegarder l'emploi et à assurer l'apurement
du passif. Pour parvenir à ses objectifs une nouvelle équipe de
gestionnaires est créée : des administrateurs judiciaires et les
mandataires liquidateurs.
Ainsi l'accent a été mis sur le renforcement de
la prévention de la simplification de la procédure,
amélioration de la situation des créances et une meilleure
transparence dans la gestion des entreprises en difficulté. Ces
modifications sont le révélateur de la difficulté à
concilier l'intérêt de l'entreprise des salariés et des
créanciers. L'ouverture de toute procédure collective suppose le
respect de conditions de fond et de forme. Une fois la procédure
ouverte, le sort de l'entreprise n'intervient qu'à l'issue d'une
période d'observation qui entraine des changements tant à
l'égard de l'entreprise qu'à l'égard de ses partenaires.
L'issue de la procédure dépend de la situation de l'entreprise.
Le tribunal saisi peut soit prononcer sa continuation, soit sa reprise, soit sa
liquidation. Parallèlement, des sanctions peuvent être
prononcées à l'encontre de ses dirigeants.
A° Les conditions d'ouvertures de la
procédure.
1/Les conditions de fond :
· Les personnes juridiques
concernées
Les procédures collectives ne sont plus, comme par le
passé, réservées aux seuls commerçants.
L'article 560 du code de commerce marocain dispose que le
redressement et la liquidation judiciaire sont applicables à tout
commerçant, à tout artisan, et à toute personne morale de
droit privé.
S'agissant des personnes physiques, la procédure peut
être ouverte contre tout commerçant ou non commerçant.
Toutefois, pour les artisans et les commerçants, une procédure de
règlement amiable doit avoir été préalablement mise
en oeuvre.
Dans certains cas, le redressement ou la liquidation
judiciaire est applicable aux personnes physiques, membres ou dirigeants de
personnes morales, faisant elles-mêmes l'objet d'une procédure
collective.
Sont visés :
---Les membres d'une personne morale tenue indéfiniment
du passif
---Les dirigeants qui ont tiré un profit personnel de
l'exploitation de la personne morale ou qui ont commis des fautes de
gestion.
S'agissant des personnes morales elles entrent toutes dans le
champ d'application de la loi 15-95 dés lors qu'elles sont de droit
privé8, elles soient civiles ou commerciales. Toutefois, la
condition est qu'elles aient la personnalité morale. Par
conséquent, sont exclues les sociétés créées
de fait, les sociétés en participation ou les associations non
déclarées.
8 Loi n°17-95 relative les sociétés anonymes
et la loi 5-96 formant s.e.n.c, s.c.s, S.A.R.L., article 2
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En revanche, les sociétés de fait qui sont des
sociétés qui ont été annulées après
leur immatriculation au registre de commerce et des sociétés,
peuvent faire l'objet d'un redressement judiciaire.
En effet, la nullité équivaut à une
dissolution. De matière générale, une procédure
collective peut être ouverte contre une personne qui a perdu la
personnalité morale dans l'année qui suit sa radiation dés
lors que la cessation de paiement était antérieure à cette
radiation.
Exceptionnellement, une procédure ouverte à
l'encontre d'une personne morale peut être étendue à une ou
plusieurs autres même si ces dernières ne sont pas en état
de cessation de paiement. Les différents patrimoines vont être
réunis dans une masse unique dans l'intérêt des
créanciers, conformément à l'article 570 de la loi
15-95.
Cette extension se fonde soit sur la théorie de la
confusion des patrimoines entre deux sociétés ; soit sur la
fictivité d'une société.
· Etat de cessation des paiements de
l'entreprise.
L'entreprise mise en redressement judiciaire doit être en
cessation de paiement.
Ainsi selon l'article 560 de la loi 15-95 comme l'article 25
de l'acte uniforme du 10 Avril 1998 portant organisation des procédures
collectives d'apurement du passif de l'organisation pour l'harmonisation du
droit des affaires en Afrique (OHADA) dont fait parti le Sénégal,
l'entreprise doit être dans l'impossibilité de faire face au
passif exigibles avec son actif disponible. Le passif exigible comprenant des
dettes liquides et exigibles échues de l'entreprise et dont le paiement
peut être effectivement réclamé du débiteur. L'actif
disponible constituant des liquidités de l'entreprise, des actifs
réalisables à court terme et de toutes les sommes
immédiatement disponibles.
Dans les faits, il est difficile de déterminer le
moment de la cessation de paiement. En effet, une simple gêne de
trésorerie ne suffit pas et il n'est pas nécessaire que la
situation de l'entreprise soit irrémédiablement compromise. Cet
état ne se confond pas avec celui d'insolvabilité. Certains
indices sont révélateurs de la cessation des paiements : le
défaut de paiement d'une créance exigible ; le recours à
des moyens de paiement frauduleux ou ruineux. La preuve de cet état
incombe à celui qui demande l'ouverture de la procédure, comme un
créancier.
Il existe aussi d'autres cas d'ouverture d'une
procédure collective ou la cessation de paiement n'est pas
nécessaire. Elle est possible lorsque le débiteur ne respecte pas
ses engagements financiers pris lors du règlement amiable. Le tribunal
à la faculté et non plus l'obligation de prononcer le
redressement judiciaire de l'entreprise.
Elle est aussi permise à l'encontre du
locataire-gérant du fond de commerce chaque fois que celui-ci
n'exécute pas les engagements pris lors de la prise en charge du
fond.
La date de cessation de paiement permet de déterminer
une période pendant laquelle les actes passés par le
débiteur pourront être remis en question c'est la
période suspecte. Le tribunal fixe immédiatement cette
date qui ne peut être antérieure à 18 mois de la date du
jugement d'ouverture.
Toutefois, la fixation de cette date est provisoire. Elle peut
être reportée une ou plusieurs fois.
Exemple : Le tribunal a initialement fixé cette
date au jour du jugement. Puis il apprend qu'il y a six mois, l'entreprise
avait contracté auprès d'une banque un « emprunt ruineux
» ; pour obtenir la nullité de cet acte, le tribunal fixe la
cessation de paiement six mois avant jugement d'ouverture.
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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2/Les conditions de forme :
Dés lorsqu'une entreprise est en état de cessation
de paiement, une procédure collective peut être ouverte.
Toutefois, cela suppose aussi de respecter des conditions de forme.
La loi 15-95 formant code de commerce marocain encadre le
déroulement de l'instance.
· Saisine du tribunal
Selon les dispositions de l'article 561 de la loi 15-95
« Le chef de l'entreprise doit demander l'ouverture d'une procédure
de traitement au plus tard dans les quinze jours qui suivent la cessation de
ses paiements. »
Par contre, dans le souci de donner plus de temps au chef
d'entreprise, l'acte uniforme du 10 Avril 1 998(ohada), cite dans son article
25 que: « (...) la déclaration doit être faite dans les
trente jours de la cessation des paiements (...)». Et pour obtenir le
redressement judiciaire, le chef d'entreprise doit, selon l'acte uniforme du 10
Avril 1 998(ohada) déposer en même temps que la déclaration
citée à l'article 25 ou, au plus tard dans les quinze jours qui
suivent celle-ci un plan de redressement judicaire ou une offre de concordat
(article 27 ohada).
La saisine s'effectue par déclaration au greffe du
tribunal compétent. La demande doit être accompagnée de
tous les éléments concernant la situation de la
trésorerie, des créances et des dettes, des sûretés,
du nombre de salariés et de l'inventaire de l'entreprise. Lesdits
documents doivent être datés, signés et certifiés
par le chef d'entreprise ; dans le cas où l'un de ces documents ne peut
être fourni où ne peut l'être qu'incomplètement, la
déclaration doit contenir l'indication des motifs qui empêchent
cette production. Le greffier atteste de la réception de ces documents
(article 562 de la loi 15-95).
La procédure peut également être ouverte
sur l'assignation d'un créancier justifiant d'une créance
certaine, liquide et exigible. Il doit justifier non seulement des
procédures et des voies d'exécution engagées pour
recouvrer sa créance mais aussi de l'état de cessation du
paiement du débiteur. Le tribunal peut être saisi par le Procureur
de la République ou se saisir d'office. L'inexécution d'un
règlement amiable peut aussi déclencher la procédure.
La loi exclut la saisine du comité d'entreprise ou des
délégués. Ces derniers ont seulement la possibilité
de communiquer au président du tribunal ou au procureur des
éléments qui révèlent la cessation des
paiements.
Les tribunaux de commerce ont une compétence exclusive
pour les procédures ouvertes à l'encontre de commerçant ou
d'artisan. Les tribunaux de grandes instances sont compétents pour les
autres cas. Le tribunal initialement saisi reste compétent pour
connaître de l'extension de la procédure ouverte à une ou
plusieurs personnes.
Selon l'article 566 de la loi 15-95 le tribunal territorialement
compétent est celui dans le
ressort duquel le débiteur a le siège de son
entreprise. Ou à défaut de siège sur le territoire, le
centre principal de ses intérêts sur le territoire.
· Prononcé du jugement d'ouverture.
Le tribunal, une fois saisi doit obligatoirement entendre en
chambre du conseil le débiteur. Il peut également entendre toute
personne dont l'audition lui parait utile sans qu'elle puisse invoquer le
secret professionnel ; il peut aussi requérir l'avis de toute personne
qualifiée.
Le tribunal doit vérifier si toutes les conditions sont
réunies. Il doit notamment constater l'état de cessation des
paiements et fixer la date de celle-ci.
Une fois que l'état de cessation des paiements est
constaté, le redressement judiciaire est
prononcé s'il apparaît que la situation de
l'entreprise n'est pas irrémédiablement compromise. A
défaut, la liquidation judiciaire est prononcée et le tribunal
procède obligatoirement à la désignation des organes de la
procédure :
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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B° Les organes de procédure
Vu l'importance des organes de procédure dans le
déroulement du redressement ou de la
liquidation judiciaire, l'acte uniforme de L'OHADA leur a
consacré, à l'instar du code de commerce marocain un chapitre
afin de définir leur rôle (titre II ; chapitre 2). Cependant il
parait nécessaire de montrer, contrairement au code de commerce marocain
la présence obligatoire du ministère public pour l'acte uniforme
de l'OHADA.
Ils sont désignés, selon l'article 568 de la loi
15-95 par le président du tribunal.
1/Le juge commissaire.
Selon l'article 39 de l'acte uniforme de L'OHADA, le juge
commissaire, placé sous l'autorité de la juridiction
compétente, veille au déroulement rapide de la procédure
et aux intérêts en présence.
Il recueille tous les éléments d'information
qu'il juge utiles. Il peut notamment, entendre le débiteur ou les
dirigeants de la personne morale, leurs préposés, les
créanciers ou toute autre personne, y compris le conjoint ou les
héritiers connus du débiteur décédé en
état de cessation des paiements.
Nonobstant toute disposition législative ou
réglementaire contraire, il peut obtenir communication, par les
commissaires aux comptes, les comptables, les membres, et représentant
du personnel, par les administrations et organismes publics, les organismes de
prévoyance et de sécurité sociales, les
établissements de crédit ainsi que les services chargés de
centraliser les risques bancaires et les incidents de paiement, des
renseignements de nature à lui donner une information exacte sur la
situation économique et financière de l'entreprise. Le juge
commissaire fait rapport à la juridiction compétente de toutes
contestations nées de la procédure collective.
La juridiction compétente peut à tout moment
procéder au remplacement du juge commissaire.
Le juge commissaire statue sur les demandes, contestations et
revendications relevant de sa compétence, dans le délai de huit
jours à partir de la saisine. Passé ce délai, s'il n'a pas
statué, il est réputé avoir rendu une décision de
rejet de la demande.
Les décisions du juge sont immédiatement
déposées au greffe et notifiées par les soins du greffier,
par lettre recommandée ou tout moyen laissant trace écrite,
à toute personne à qui elles sont susceptibles de faire grief.
Elles peuvent être frappées d'opposition
formées par simple déclaration au greffe dans les huit jours de
leur dépôt ou de leur notification en suivant le délai
prévu par l'aliéna 01 de l'article 40. Pendant le même
délai, la juridiction compétente peut se saisir d'office et
réformer ou annuler les décisions du juge commissaire.
La juridiction compétente statue à la
première audience. Lorsque la juridiction compétente statue sur
une opposition formée contre une décision du juge commissaire, ce
dernier ne peut siéger.
2/Le syndic
L'article 41 de l'acte uniforme de L'OHADA dispose qu'aucun
parent ou allié du débiteur jusqu'au quatrième
degré inclusivement ne peut être nommé syndic.
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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Lorsqu'il y a lieu de procéder à l'adjonction ou
au remplacement d'un ou de plusieurs syndics, il est en
référé par le juge commissaire à la juridiction
compétente qui procède à la nomination.
La juridiction compétente peut prononcer la
révocation d'un ou de plusieurs syndics sur proposition du juge
commissaire agissant, soit d'office, soit sur les réclamations qui lui
sont adressées par le débiteur, par les créanciers ou par
les contrôleurs.
Si une réclamation tend à la révocation du
syndic, le juge commissaire doit statuer, dans les 8 jours en rejetant la
demande ou en proposant à la juridiction compétente la
révocation du syndic.
Si l'expiration de ce délai, le juge commissaire n'a
pas statué, la réclamation peut être portée devant
la juridiction compétente ; s'il a statué, sa décision
peut être frappée d'opposition dans les conditions prévues
par l'article 40.
La juridiction compétente entend, en audience non
publique, le rapport du juge commissaire et les explications du syndic. Sa
décision est prononcée en audience publique.
Le ou les syndics sont chargés de représenter les
créanciers sous réserves des dispositions des articles 52 et 53
de l'acte uniforme de L'OHADA.
Ils ont la qualité de mandataires et
rémunérés et sont civilement responsables de leurs fautes
dans les termes du droit commun, sans préjudice de leur
responsabilité pénale.
S'il a été nommé plusieurs syndics, ils
agissent collectivement. Toutefois, le juge commissaire peut selon les
circonstances, donner à un ou plusieurs d'entre eux le pouvoir d'agir
individuellement, dans ce cas, seuls les syndics ayant reçu ce pouvoir
sont responsables en cas de faute de leur part.
Si une réclamation est formée contre l'une
quelconque des opérations du syndic, le juge commissaire est saisi et
statue dans les conditions prévues par l'article 40 de l'acte
précité.
Le syndic a l'obligation de rendre compte de sa mission et du
déroulement de la procédure collective au juge commissaire selon
une périodicité définie par ce magistrat. A défaut,
il doit rendre compte une fois par mois et, dans tous les cas, chaque fois que
le juge commissaire le lui demande.
Le syndic qui cesse ses fonctions doit rendre ses comptes au
nouveau syndic, en présence du juge commissaire, le débiteur doit
dûment appeler par lettre recommandée ou tout moyen laissant trace
écrite.
Les deniers éventuellement recueillis par le syndic,
quelle qu'en soit la provenance, sont versés immédiatement
à un compte spécialement ouvert pour chaque procédure
collective auprès d'un établissement bancaire ou postal ou au
trésor. Dans les huit jours des recettes, le syndic doit justifier
lesdits versements au juge commissaire. En cas de retard, le syndic doit les
intérêts des sommes qu'il n'a pas versées. Le juge
commissaire arbitre les sommes nécessaire aux dépenses et frais
de la procédure.
Si des fonds dus au débiteur ont été
déposés à un compte spécial par des tiers, il en
fait transfert en compte ouvert par le syndic au nom de la procédure
collective à charge par lui d'obtenir main levée des oppositions
éventuelles.
Les fonds ainsi versés ne peuvent être
retirés qu'en vertu d'une décision du juge commissaire. Le syndic
est responsable des livres, papiers, et effets remis par le débiteur ou
appartenant à celui-ci ainsi que par les créanciers ou par tout
apporteur pendant cinq à partir du jour de la reddition des comptes.
3/Le ministère public
L'article 47 de l'acte uniforme de L'OHADA dispose que le
représentant du ministère est
informé du
déroulement de la procédure collective par le juge commissaire,
il peut à toute
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époque requérir communication de tous actes livres
ou documents relatifs à la procédure collective.
Le défaut de communication d'information ou de document
ne peut être invoqué que par le représentant du
ministère public.
Le représentant du ministère public communique
au juge commissaire sur sa demande ou même d'office, les renseignements
utiles à l'administration de la procédure collective et provenant
de toute procédure pénale, nonobstant le secret de
l'instruction.
4/les contrôleurs
A toutes époques, le juge commissaire peut nommer un ou
plusieurs contrôleurs choisis parmi les créanciers, sans que leur
nombre puisse excéder trois.
Toutefois, la nomination de contrôleurs est obligatoire
à la demande des créanciers représentant, au moins, la
moitié du total des créances même non
vérifiées.
Dans ce cas, le juge commissaire désigne trois
contrôleurs choisis respectivement par mi les créanciers munis de
sûretés réelles spéciales mobilières ou
immobilières, les représentants du personnel et les
créanciers chirographaires.
Aucun parent ou allié du débiteur ou des
représentants de la personne morale, jusqu'au ,quatrième
degré inclusivement, ne peut être nommé contrôleur ou
représentant d'une personne morale désignée comme
contrôleur.
Les contrôleurs peuvent être révoqués
par la juridiction compétente sur proposition du juge commissaire.
Après révocation, le juge commissaire nomme leurs
remplaçants.
Les contrôleurs assistent le juge commissaire dans sa
mission de surveillance du déroulement de la procédure collective
et veillent aux intérêts des créanciers.
Ils ont toujours le droit de vérifier la
comptabilité et l'état de situation présenté par le
débiteur, de demander compte de l'état de procédure, des
actes accomplis par le syndic ainsi que des recettes faites et des versements
effectués.
Ils sont obligatoirement consultés pour la
continuation de l'activité de l'entreprise au cours de la
procédure de vérification des créances et à
l'occasion de la réalisation des biens du débiteur. Ils peuvent
saisir de toutes contestations le juge commissaire qui statue
conformément aux dispositions de l'article 40 de l'acte
précité.
Les fonctions des contrôleurs sont gratuites et doivent
être exercées personnellement. Les contrôleurs ne
répondent que de leurs fautes lourdes.
SECTION-2 : La gestion de l'entreprise pendant la
période d'observation.
Une fois la procédure ouverte, le tribunal ne peut pas
prononcer immédiatement le redressement judiciaire ou la liquidation
judiciaire de l'entreprise. Sa décision sur le sort de celle-ci
n'intervient qu'à l'issue d'une période d'observation. Pendant
cette période d'observation, quoique relativement brève,
l'activité de l'entreprise doit être poursuivie, en évitant
que la situation ne continue à s'aggraver, certains actes passés
par le débiteur seront remis en question et les créanciers
doivent se manifester. Ainsi le tribunal laisse l'entreprise pendant un
certains temps en fonctionnement pour déterminer ses difficultés
réelles. L'objectif est principalement de permettre aux organes de la
procédure et aux débiteurs de chercher les moyens de sauver
l'entreprise.
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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A° L'entreprise pendant la période
d'observation
En France il existe une procédure simplifiée pour
les petites entreprises. N'intervient alors que le juge commissaire, un
contrôleur et les représentants du personnel, ou à
défaut un représentant des salariés.9
Dés le jugement d'ouverture de la procédure,
des garanties sont prises, pour éviter les fuites de capitaux ou de
fraude de la part des dirigeants. Il existe des mesures obligatoires :
incessibilité des parts sociales ou actions des dirigeants, des mesures
facultatives : inventaire des biens de l'entreprise et apposition des
scellés.
Du fait de l'ouverture d'une procédure collective, le
chef d'entreprise ne gère plus librement son entreprise. Certes, il
n'est pas obligatoirement dessaisi ses prérogatives mais ses pouvoirs de
direction sont limités par ceux accordés à
l'administrateur par le tribunal.
Le ou les administrateurs peuvent se voir confier : soit de
surveiller les opérations de gestion, soit d'assister le débiteur
pour les actes concernant la gestion ou certains d'entre eux, soit d'assurer
seul, entièrement ou en parti, l'administration de l'entreprise. Cette
mission peut évoluer en cours de procédure mais dés son
entrée en fonction, l'administrateur est tenu de requérir du chef
d'entreprise ou, selon les cas de faire lui-même tous les actes
nécessaires à la conservation des droits de l'entreprise contre
les débiteur de celle-ci et à la préservation des
capacités de production. Par conséquent l'administrateur doit
effectuer les actes conservatoires comme faire inscrire des hypothèques,
des gages ou des privilèges pour sauvegarder les intérêts
de l'entreprise ; procéder à l'inventaire des biens de
l'entreprise au jour de l'ouverture de la procédure ; maintenir les
contrats en cours, selon les dispositions de l'article 576 de la loi 15-95.
Pendant la période d'observation, l'étendue des
pouvoirs du chef d'entreprise est fonction de la mission dévolue
à l'administrateur. Il conserve l'exercice des droits et actions qui
n'en font pas partie ; les actes de gestion courantes qu'accomplit seul le
débiteur sont réputés valables à l'égard des
tiers de bonne foi ; il continue à exercer seul sur son patrimoine
personnel des actes de disposition et d'administration. Sur ce point, une
distinction s'opère entre le patrimoine de l'entreprise et celui de
l'entrepreneur lui-même ; le juge commissaire peut aussi autoriser le
chef d'entreprise ou l'administrateur à faire un acte de disposition
étranger à la gestion courante, à constituer une
hypothèque ou un nantissement ou à compromettre ou à
transiger. Si l'objet du compromis ou de la transaction est d'une valeur
indéterminée ou excède la compétence en dernier
ressort du tribunal, le compromis ou la transaction est soumis à
l'homologation du tribunal, selon l'article 578 du code de commerce
marocain.
Toutefois, à tout moment, le tribunal peut ordonner la
cessation totale ou partielle de l'activité ou la liquidation
judiciaire. Lorsque l'activité est poursuivie, il prévoie
quelques aménagements.
1/Les contrats en cours
En excluant du contrat de travail, l'administrateur a seul la
faculté d'en exiger l'exécution et fournit dans ce cas la
prestation promise.
Exemple : Les factures d'électricité n'ont pas
été payées ; l'administrateur peut exiger la continuation
du contrat, en payant les factures postérieures au jugement
d'ouverture.
9 FONTAINE , PERRONZLATIEW et CAVALERIE 1987 : 192
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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Si l'administrateur ne veut pas de lui même poursuivre
l'exécution d'un contrat, le cocontractant victime de
l'inexécution peut demander au débiteur des dommages et
intérêts, mais il devra en déclarer le montant au passif
comme toute autre créance. Enfin, est nulle toute clause d'un contrat
qui prévoirait la résiliation ou résolution de celui-ci en
cas de mise en redressement judiciaire de l'un des
contractants.10
2/Le sort des créances nées
régulièrement après le jugement d'ouverture.
Lorsque l'activité est poursuivie, elles sont
payées à leur échéance. En cas de cession totale ou
de liquidation, elles sont payées en priorité à toutes les
autres créances, assorties ou non de privilèges ou de
sûretés, à l'exception des créances garanties par le
super- privilège des salariés.
3/La conclusion d'un contrat de location
gérance
Le tribunal peut autoriser cette conclusion pendant la
période d'observation, seulement dans le cas où il estime que la
disparition de l'entreprise serait de nature à causer un trouble grave
à l'économie nationale. Le contrat est alors conclu pour une
durée maximale de deux ans ; la durée d'observation est alors
prorogée jusqu'au terme du contrat. L'administrateur veille au respect
des engagements du locataire gérant, et le tribunal peut ordonner la
résiliation du contrat de location gérance lorsque le locataire
se trouve dans une situation précisée par la loi.
Exemple : le locataire gérant diminue les garanties
qu'il avait données.
4/Les payements reçus par l'administrateur ou
par le représentant des créanciers
Les sommes sont : soit portées sur des comptes
bancaires ou postaux du débiteur, pour les besoins de la poursuite de
l'activité de l'entreprise, soit versées immédiatement
à la caisse des dépôts et consignations.
B° La nullité de certains actes
Les actes du chef d'entreprise pendant la période
suspecte sont fragiles car suspects. C'est pourquoi, ils peuvent être
remis en cause, selon l'article 681 de la loi 15-95.
Pour reconstituer l'actif du débiteur, la loi permet
à l'administrateur ou aux représentants des créanciers
d'exercer une action en nullité contre un acte accompli par le
débiteur depuis la date de cessation des paiements. Il est prévu
des cas de nullité systématique et des cas facultatifs.
1/Nullité systématique
Certains actes font l'objet d'une nullité obligatoire
dés lors qu'ils sont conclus par le débiteur à partir de
la date de la cessation des paiements. L'administrateur, le représentant
des créanciers, le liquidateur ou le commissaire à
l'exécution du plan peuvent demander leur
annulation sans avoir à apporter la preuve directe de la
faute du débiteur et de la mauvaise foi du créancier ou d'un
préjudice à l'égard de l'entreprise.
Il s'agit des actes à titre gratuits translatifs de
propriété mobilière ou immobilière ; des
10 DE BERCEGOL , DUQUENNE et LEMAITRE 1995 : 199
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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contrats commutatifs déséquilibrés ; des
paiements de dettes non-échues au jour du paiement ; des paiements non
communément admis dans les relations d'affaires pour dettes
échues comme la dation en paiement ; des dépôts et
consignations, de constitution de sûretés en garantie de dettes
antérieures comme une hypothèque.
Exemple : Sûretés conventionnelles : le
débiteur consent une constitution d'hypothèque dans un acte sous-
seing privé. L'acte notarié constatant l'existence de
l'hypothèque a lieu pendant la période suspecte.
L'hypothèque, postérieure à la dette garantie est nulle de
plein droit.
2/Nullité facultative
D'autres actes accomplis par le débiteur pendant la
période suspecte font simplement l'objet d'une nullité
facultative. Ce n'est ici l'acte lui-même qui est suspect, mais les
circonstances dans les quelles il a été passé. Peuvent
ainsi être annulés : les actes à titre onéreux,
lorsque deux conditions sont remplies :
L'acte est intervenu en période suspect, ou le
créancier avait connaissance de l'état de cessation des paiements
du débiteur, avant ou au moment de la réception du paiement.
Les actes à titre gratuit translatif de
propriété mobilière ou immobilière accomplis dans
les six mois précédant la date de cessation des paiements du
débiteur.
Les autres actes du dirigeant demeurent valables comme la
conclusion d'une lettre de change, d'un billet à ordre ou d'un
chèque. Une action en rapport est cependant possible pour les
bénéficiaires de ces effets de commerce qui avaient
eu connaissance de la cessation des paiements.
C° Le sort des créanciers.
1/Les Salariés
La loi distingue désormais les salariés des autres
créanciers. La préservation de l'emploi a été l'un
des objectifs des récentes réformes du droit des
procédures collectives.
Selon l'article 95 de l'acte uniforme de l'OHADA, « les
créanciers résultant du contrat de travail ou du contrat
d'apprentissage sont garanties, en cas de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens par le privilège des salaires établi pour
les causes et les montants définis par la législation du Travail
et les dispositions relatives aux sûretés ». Cette faveur est
symbolisée par la désignation d'un représentant des
salariés dont le rôle est de défendre leurs
intérêts.
S'agissant de la protection en cas de licenciement, qui
revêt un caractère urgent, inévitable et indispensable du
licenciement des salariés. Pendant la période d'observation,
l'administrateur peut demander l'autorisation au juge commissaire de
procéder à des licenciements, seulement lorsque ces
caractères sont présents. L'administrateur doit effectuer des
démarches d'information et de communication auprès du
comité d'entreprise ou à défaut le représentant des
salariés. Ces démarches doivent être faites avant de saisir
le juge commissaire. L'administrateur doit, à l'appui de sa demande au
juge commissaire joindre les avis recueillis et les justifications de ses
diligences en vue de faciliter l'indemnisation et le reclassement des
salariés. Tenant de la vérification et de l'admission des
créances, le représentant des créanciers établit
les relevés des créances résultant d'un contrat de
travail, entend le débiteur et transmet ces relevés au
représentant des salariés. Les salariés sont
dispensés de déclarer leurs créances salariales,
échappant ainsi au risque de forclusion.
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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En cas de contestation d'un salarié soit parce que sa
créance ne figure pas en tout ou en partie sur un relevé, dans ce
cas il peut saisir le tribunal. Pour attester de l'état des
créances, le
relevé des créances résultant d'un contrat
de travail est visé par le juge commissaire, puis déposé
au greffe du tribunal.
Les créances résultant du contrat de travail
sont garanties par : le super privilège qui porte sur les 60 derniers
jours de salaires non payés. Si l'administrateur dispose des fonds
nécessaires, il doit régler ces créances sur ordonnance du
juge commissaire dans les 10 jours du jugement d'ouverture de la
procédure. Toutefois, les créances salariales ne sont garanties
que dans la limite d'un plafond mensuel retenu par le calcul des cotisations de
sécurité sociale.11
2/Autres créanciers
On assiste de plus en plus à une suppression de la masse
des créanciers, personne morale. Désormais :
---Le représentant des salariés a seul
qualité pour agir au nom et dans l'intérêt des
créanciers, ---Les sommes recouvrées à la suite des
actions du représentant des créanciers entre dans le patrimoine
du débiteur, et sont affectées en cas de continuation de
l'entreprise, selon les modalités prévues pour l'apurement du
passif.
Les règles s'imposant aux créanciers sont :
En premier lieu, la suspension des poursuites individuelles.
Celles-ci sont suspendues pour les créanciers dont la créance
à son origine avant le jugement d'ouverture. En effet, toute action en
justice tendant à la condamnation du débiteur au paiement d'une
somme d'argent, ou tendant à la résolution d'un contrat pour
défaut de paiement d'une somme d'argent. Cela est aussi pour les voies
d'exécution.
Exemple .
· les délais de prescription
extinctive (perte d'un droit, faute d'action) .sont suspendus.
Les instances en cours jusqu'à ce que le
créancier poursuivant ait procédé à la
déclaration de sa créance. Ensuite, celles-ci sont reprises de
plein droit mais elles peuvent uniquement tendre à la constation des
créances et à la fixation de leur montant.
S'agissant des absences de déchéance du terme et
arrêt du cours des intérêts. Les créances non
échues à la date du jugement d'ouverture ne deviennent pas
exigibles de ce fait.
Exemple .
· le créancier de trois
paiements semestriels ne pourra espérer obtenir le paiement de chacun
d'eux qu'une fois leur terme échu. Il ne pourra réclamer
immédiatement la totalité du montant de sa
créance.
Le cours des intérêts légaux et
conventionnels, des intérêts de retard et majoration et
arrêté dés le jugement d'ouverture pour tous les
créanciers, sauf le cours des intérêts :
--- les contrats de prêt conclus pour une durée
égale ou supérieure à un an,
---des contrats assortis d'un paiement différé d'un
an ou plus.
S'agissant de l'interdiction des inscriptions en principe,
les hypothèques, nantissements, privilèges, et les actes et
décisions judiciaires translatifs ou constitutifs de droits réels
ne peuvent plus être inscrits à compter du jugement d'ouverture.
Reste toutefois exclus les privilèges du vendeur de fond de commerce, et
celui du trésor public.
Les créanciers antérieurs sont les seules
à être véritablement sacrifiées par l'ouverture
d'une
procédure collective à l'encontre de leur
débiteur. Des règles assez strictes leur sont
11 loi n° 65-99 relative au Code du Travail marocain dans
ses articles 65 et sv
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applicables. Le jugement d'ouverture emporte de plein droit
l'interdiction de payer toute créance née antérieurement
au jugement, il devient interdit de payer de telles créances. L'objectif
est de préserver les liquidités de l'entreprise qui sont
nécessaires à son redressement. Le jugement entraine
l'arrêt de poursuites individuelles de tous les créanciers dont la
créance est antérieurement au jugement, plus
précisément sont suspendues ou interdites toutes actions en
justice tendant à la condamnation du débiteur au paiement d'une
somme d'argent, à la résolution d'un contrat par défaut de
paiement d'une somme d'argent. Tout créancier d'un débiteur
faisant l'objet d'une procédure collective doit impérativement
déclarer son droit de créance. Ne sont pas soumises à
cette obligation les créances des salariés et les créances
qui ne peuvent être recouvrées auprès des tiers. La
déclaration de créances est la contrepartie de l'arrêt des
poursuites individuelles. Il s'agit de l'acte par lequel le créancier
dont la créance est antérieure au jugement d'ouverture de la
procédure manifeste sa volonté d'en obtenir le paiement dans le
cadre de la procédure. Elle a pour objectif de mesurer l'étendue
du passif de l'entreprise.
S'agissant de la vérification de l'administration des
créances, le représentant des créanciers établit,
après avoir recueilli les observations du débiteur, une ou
plusieurs listes des créances déclarées, avec ses
propositions d'admission, de rejet ou de renvoie devant la juridiction
compétente. Le juge commissaire, au vu de ses
propositions, décide alors pour chaque créance, soit de son
admission, soit de son rejet, soit que la contestation, le cas
échéant, ne relève pas de sa compétence, soit enfin
aucune instance est en cours. Le créancier, le débiteur,
l'administrateur ou le représentant des créanciers peuvent,
individuellement contester la décision du juge commissaire, et effectuer
pour cela un recours devant la cour d'appel. Enfin, les décisions du
juge commissaire sont portées sur un état qui est
déposé au greffe du tribunal; toute personne
intéressée peut en prendre connaissance et former
réclamation. Dans ce cas, le juge commissaire entend le
représentant des créanciers et les parties
intéressées, puis statue.
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Deuxième partie : le sort des entreprises en
difficulté
CHAPITRE III : Le plan de continuation de
l'entreprise
La période d'observation est essentielle car elle
permet au tribunal de mesurer les difficultés de l'entreprise et de
déterminer des chances réelles de redressement. Au sens de
l'article 592 du code de commerce marocain, à l'issue de cette
période, trois solutions sont envisageables : la continuation de
l'entreprise, sa cession ou sa liquidation.
Si l'entreprise apparaît viable, la continuation
d'activité peut être décidée. Un plan de
redressement est alors arrêté en imposant certains engagements aux
débiteurs et en désignant un commissaire à
l'exécution du plan.
Le plan de redressement résulte d'une décision
judiciaire mais il a aussi une nature contractuelle dans la mesure où il
repose sur des accords de volontés de la part des créanciers et
des dirigeants. C'est pourquoi l'action en nullité pour vice du
consentement reste possible. Le tribunal fixe la durée du plan qui ne
peut excéder dix ans, en précise le contenu précis et les
effets.
SECTION-1 : Plan de redressement
A° Elaboration du plan
Le tribunal décide, sur le rapport de l'administrateur
d'un plan de redressement lorsqu'il juge qu'il existe des possibilités
de redressement et de règlement du passif. Ce contenu du plan est donc
orienté vers la sauvegarde de l'entreprise.12
Le plan mentionne les engagements souscris qui sont
nécessaires au redressement de l'entreprise et qui portent sur l'avenir
de l'activité, les modalités de financement et de
règlement du passif et les garanties fournies pour en assurer
l'exécution. Il expose aussi les perspectives d'emploi et les conditions
sociales envisagées pour la poursuite de l'activité.
A ce titre, il précise les licenciements qui doivent
intervenir après le jugement.
Si le tribunal estime que certains biens sont indispensables
à la continuation de l'entreprise, il peut décider, dans le
jugement arrêtant le plan, que lesdits biens sont inaliénables
pour une période déterminée. Ces biens
déclarés inaliénables doivent faire l'objet d'une
publicité pour l'information des tiers. La conséquence est que
ces biens deviennent insaisissables sous peine de nullité absolue de
l'acte.
La continuation de l'entreprise peut être
décidée sous condition d'une restructuration sous la forme d'un
arrêt, d'une adjonction ou d'une cession d'une branche
d'activités.
Le plan mentionne aussi des modifications de statuts
nécessaires à la continuation de l'entreprise. Il peut s'agir
d'une modification de capital, d'une cession de parts ou d'un remplacement d'un
dirigeant. L'administrateur reçoit mandat pour convoquer
l'assemblée des associés (article 595 du code de commerce
marocain).
B° Effets du Plan
La décision optant pour un plan de redressement met fin
à la période d'observation.
L'entreprise est
gérée par dirigeant, ancien ou remplacé, qui retrouve ses
pouvoirs et sa liberté
d'action, à l'exception de ceux
limités ou interdits par le plan. Toutefois, si un administrateur
12 Code de commerce français article.621-70
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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avait été nommé il reste en place. Sa
mission est fixée par le tribunal qui lui attribue les pouvoirs
nécessaires à la bonne exécution du plan. C'est lui
notamment qui va procéder au licenciement prévu.
Conformément à l'article 598 de la loi 15-95,
en ce qui concerne les remises et les délais de payement, le tribunal
donne acte des délais et remises acceptés par les
créanciers, après proposition du représentant des
créanciers. Cependant ces délais et remises peuvent, le cas
échéant, être réduits par le tribunal.
Pour les autres créanciers, ceux qui n'ont rien
accepté, le tribunal impose des délais uniformes de payement
pouvant excéder la durée du plan. La réduction de la
créance n'est définitivement acquise qu'après le
versement, au terme fixé, de la dernière échéance
prévue par le plan.
Exemple : un créancier a
préféré un payement de 70% du montant de sa créance
échelonné sur deux ans.
Si au bout de deux ans, il n'a pas perçu cette somme,
la réduction de sa créance n'étant pas
définitivement acquise, il lui sera possible d'en réclamer la
totalité.
En revanche, s 'il a perçu les 70% dans le
délai déterminé, il est réputé avoir
consenti au débiteur une remise de dette sur laquelle il ne pourra plus
revenir. En aucun cas il ne sera pas autorisé à réclamer
les 30% restant.13
Toutefois, certaines créances ne peuvent faire l'objet
de remises et de délais : c'est le cas des créances garanties par
le superprivilège des salaires ; les créances résultant
d'un contrat de travail garanties par le privilège des salariés
lorsque le montant de celles ci n'a pas été avancé ou n'a
pas fait l'objet d'une subrogation. Les créances les plus faibles dans
la limite de 5% du passif estimé, et sans que chacune puisse
excéder un montant fixé par décret.
Concernant l'actif de l'entreprise, en cas de vente d'un bien
grevé d'un privilège spécial, d'un nantissement ou d'une
hypothèque, les créanciers bénéficiers de ces
sûretés ou titulaires d'un privilège général
sont payés sur le prix, après payement des créances
garanties par le superprivilège des salariés.
Ils reçoivent les dividendes à échoir
d'après le plan, réduits en fonction des payements
anticipés suivant l'ordre de préférence existant entre
eux.
En cas de cession partielle d'actifs, lorsque qu'aucun
privilège de spécial, nantissement ou hypothèque ne
grèvent ces biens, le prix est versé à l'entreprise.
Il existe aussi des sanctions tenant du respect des
engagements financiers. Ainsi un créancier ou un groupe de
créanciers, représentant au moins 15% des créances peut,
après avoir informé le commissaire à l'exécution du
plan, saisir le tribunal aux fins :
-- de résolution du plan ;
-- et d'ouverture d'une procédure de redressement
judicaire qui ne peut tendre qu'à la cession ou à la liquidation
de l'entreprise.
Le tribunal peut également être saisi à la
demande du commissaire à l'exécution du plan ou du
ministère public.
En définitive, la continuation de l'entreprise sans
changement de propriétaires et d'associés représente
certainement la solution la plus conforme à l'objectif de redressement.
Toutefois, elle suppose la réunion de certaines conditions :
o un passif faible ou des créanciers qui acceptent des
remises de dettes ; o une trésorerie suffisante pour payer les
salariés et les petits créanciers ;
13 FONTAINE , PERRONZLATIEW et CAVALERIE 1987 : 210
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o une possibilité de continuer une exploitation en
dégageant assez de bénéfices ; o la confiance des
partenaires envers les débiteurs ;
o un climat social calme.
Or ces conditions sont rarement réunies. Le plan de
continuation ne peut réussir que si les difficultés
financières s'expliquent par des événements accidentels
comme la défaillance d'un cocontractant ou l'exécution d'un
cautionnement. Car chaque fois que la cessation de payements aura des causes
plus profondes, une autre solution devra être recherchée.
SECTION-2 : La cession de l'entreprise
La cession d'entreprise a pour but d'assurer le maintien
d'activités susceptibles d'exploitation autonome, de tout ou partie des
emplois qui y sont attachés et d'apurer le passif (Article 621- 83 du
code de commerce français). Ainsi le tribunal peut ordonner à la
fois la continuation de l'entreprise et une cession partielle est soumise aux
mêmes règles que la cession totale, sous réserve des
différences qui seront soulignées au cours des
développements de la situation de l'entreprise. En pratique, cette
technique de survie est surtout utilisée pour les entreprises
importantes. La loi soumet la cession de l'entreprise en difficulté
à des conditions particulières dérogatoires des cessions
classiques et lui fait produire un certain nombre d'effets.
A° Les conditions de la cession.
Il a été indiqué précédemment
que des offres de reprise de l'entreprise en difficulté peuvent
être déposées dés le jugement qui ouvre la
procédure de redressement judiciaire.
Les articles 604 et suivants du code de commerce marocain
précisent le contenu et la présentation des offres dans la
perspective d'un plan de cession les offres d'acquisition doivent être
reçues par le syndic dans le délai fixé par celui-ci et
qui l'a porté à la connaissance des contrôleurs.
Toute offre doit indiquer : 1° les prévisions
d'activités de financement ; 2° le prix de cession et ses
modalités de règlement ; 3° la date de réalisation de
la cession ; 4° le niveau et les perspectives d'emploi justifiés
par l'activité considérée ; 5° les garanties
souscrites en vue d'assurer l'exécution de l'offre ; 6° les
prévisions de ventes d'actifs au cours des deux ans suivants la
cession.
Le juge commissaire peut demander des indications
complémentaires.
Le syndic donne au tribunal tout élément
permettant de vérifier le caractère sérieux de l'offre.
Toute fois le code de commerce français impose des conditions assez
strictes à l'endroit du repreneur.
Ne peuvent être repreneur, directement ou par personne
interposée les dirigeants de la personne morale en redressement
judiciaire, les parents ou alliés jusqu'au deuxième degré
de ces dirigeants ou du débiteur. Une dérogation accordée
par tribunal est possible pour les exploitations agricoles.
L'objectif étant bien sûr d'éviter que le
débiteur ne se porte acquéreur de sa propre entreprise.
Dés lors que toutes ces conditions sont remplies, la cession de
l'entreprise est ordonnée par le tribunal sans le consentement du
débiteur. Plusieurs solutions sont possibles.
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1/La cession de l'entreprise peut être totale
:
L'intégralité de l'actif est alors
cédée au repreneur. Ce n'est pas celui qui offre un prix d'achat
le plus important qui a la priorité mais celui qui propose un rachat qui
préserve au mieux les intérêts des salariés et de
l'entreprise.
2/La cession peut être seulement partielle :
Elle porte sur un ensemble d'éléments
d'exploitation qui forme une ou plusieurs branches d'activités
autonomes.
3/La cession peut être assortie d'une location
gérance :
Le locataire gérant a l'obligation d'acquérir
l'entreprise dans les deux ans du jugement arrêtant le plan. A
défaut, il risque de faire l'objet d'une procédure de
redressement judiciaire ouverte.
B° Les effets du Plan de cession
L'un des effets principaux du plan de cession est de
transférer au cessionnaire les contrats déterminés par le
tribunal et qui sont nécessaires au maintien de l'activité. Il
s'agit des contrats de crédit bail, de location, de fournitures de biens
ou de services. Ce principe s'applique aussi aux contrats conclus intuitu
personae14 et exige pas le consentement du contractant
cédé. Le crédit bail obéit à un
régime particulier : l'intégralité des sommes dues en
vertu du contrat doit être versée à l'établissement
de crédit pour que l'entreprise puisse lever l'option.
A l'égard des créanciers, le plan de cession
doit permettre le règlement du passif. Le jugement rend exigible les
dettes non échues. Le prix de cession est réparti par le
commissaire à l'exécution du plan. En principe, les
créanciers sont payés suivant un rang déterminé.
Des exceptions sont cependant prévues.
--- Les créanciers titulaires de sûretés
spéciales grevant des biens inclus dans la cession se partagent en
priorité une quote-part du prix de cession.
--- Pour les titulaires de sûretés
immobilières spéciales qui ont servi à accorder un
crédit à l'entreprise pour le financement d'un bien, la charge
des sûretés est transférée au repreneur qui doit
honorer les échéances postérieures à la gestion.
--- Les créanciers titulaires du droit de
rétention ne subissent pas les conséquences de la cession. Ils ne
sont pas dessaisis du bien légitimement retenu.
Pour les salariés, les contrats de travail sont maintenus
sous réserve des licenciements prévus par le plan.
Le plan de cession impose des obligations au cessionnaire.
La principale obligation est de payer le prix de cession dont
le montant, les modalités de payement et les garanties sont fixés
par le tribunal. Tant qu'il n'a pas payé l'intégralité du
prix, il ne peut céder les biens compris dans la cession.
Le cessionnaire doit rendre compte annuellement de
l'exécution du plan au commissaire à l'exécution du
plan.
Il doit respecter l'inaliénabilité de certains
biens prononcés par le tribunal.
14 GUILLIEN R et VINCENT J (1999), lexique des termes
juridiques, Dalloz, page 299
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En cas de difficultés d'exécution du plan, le
cessionnaire peut demander au tribunal une modification qui ne peut pas porter
sur le prix.
En cas de défaut de payement du prix de cession, le
tribunal peut d'office, à la demande du syndic ou « de tout
intéressé, le cessionnaire étant entendu en chambre du
conseil, nommer un administrateur spécial dont il détermine la
mission et la durée de celle-ci, qui ne saurait excéder 3 mois
», en vertu de l'article 614 du code de commerce marocain.
A défaut de solution ou, de manière
générale en cas de non respect de ses engagements par le
cessionnaire, le tribunal peut prononcer la résolution du plan. Elle a
pour effets de rouvrir la procédure de redressement judicaire
initialement ouverte. Le cessionnaire peut engager sa responsabilité et
être personnellement soumis à une procédure si les
difficultés d'exécution du plan révèlent une
cessation de payement.
CHAPITRE IV: Le prononcé de la liquidation
judiciaire
SECTION-1 La liquidation judiciaire
Lorsque l'entreprise n'a plus aucune chance sérieuse
de poursuivre son activité, la liquidation, c'est-à-dire sa fin,
est inévitable. Le tribunal est obligé de la prononcer. La
liquidation judiciaire peut être prononcée immédiatement,
sans passer par une période d'observation dés lors que
l'entreprise en état de cessation de payements a cessé son
activité ou que son redressement est manifestement impossible. Toutefois
la liquidation intervient également :
--- Au cours ou à l'issue de la période
d'observation lorsque les chances de survie de l'entreprise sont
limitées.
--- A la suite de l'échec du plan de redressement.
La liquidation judiciaire peut être demandée par
le débiteur, l'administrateur, représentant des
créanciers, un contrôleur ou par le procureur de la
république. Le tribunal peut également se saisir d'office.
La décision de mise en liquidation entraine :
--- des conséquences pour les principales personnes
concernées par la procédure ; --- L'ouverture des
opérations de liquidation.
A° La décision de liquidation judiciaire.
La décision de liquidation judiciaire met en place un
liquidateur ; le débiteur voit alors ses droits limités, et son
entreprise est à disparaître à plus ou moins brève
échéance.
1/A l'égard du liquidateur
Le liquidateur est nommé par le tribunal qui prononce
sa liquidation judiciaire, c'est en principe, le représentant des
créanciers qui prend la qualité de liquidateur. Toutefois, le
tribunal peut par décision motivée, désigner le
liquidateur parmi les autres mandataires- liquidateurs.
Quant à sa mission il procède aux
opérations de liquidation, il achève éventuellement la
vérification des créances, et établit l'ordre des
créanciers. Et il peut introduire les actions relevant de la
compétence du représentant des créanciers. Il
procède aussi au licenciement en application de la décision
prononçant la liquidation. De même il tient informer, le juge
commissaire et le procureur de la république, du déroulement des
opérations. Et en fin il doit verser toute somme reçue dans
l'exercice de ses fonctions en compte de dépôt à la caisse
de dépôts et consignations.
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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C'est désormais le liquidateur qui est chargé de
la gestion de l'entreprise jusqu'à sa liquidation complète. Il
est interdit au débiteur d'effectuer des actes tant d'administration que
de disposition sur l'ensemble de ses biens, y compris ceux qui dépendent
de la communauté s'il est marié sous le régime matrimonial
légal. Tous les actes passés en méconnaissance de cette
légale sont frappés d'inopposabilité. Il peut toutefois
effectuer les actes de conservation qui ne nuisent pas aux créanciers et
il conserve l'exercice de ses droits extrapatrimoniaux.
2/A l'égard du débiteur.
Dés le jugement qui prononce la liquidation
judiciaire, et de plein droit, le débiteur est dessaisi de ses droits,
pour l'administration et la disposition de ses biens, tant que la liquidation
judiciaire n'est pas clôturer.
Exemple .
· Un débiteur personne physique,
n'est le seul héritier de son père qui vient de
décéder. Il ne peut disposer de cet héritage.
Pendant toute la durée de la liquidation judiciaire, les
droits et actions du débiteur concernant son patrimoine sont
exercés par le liquidateur.
3/A l'égard de l'entreprise.
En principe son activité cesse, ou doit cesser
rapidement. Exceptionnellement le maintient de l'activité peut
être prononcé par le tribunal pour une période ne pouvant
excéder 3 mois, si deux conditions sont remplies :
¾ Si l'intérêt public, ou celui des
créanciers l'exige,
Exemple .
· l'entreprise procède une
clientèle dans ses éléments d'actif, susceptibles
d'être vendue. L'activité devra être poursuivie tant qu'un
acquéreur ne s'est pas présenté pour conserver intacte
cette clientèle.
¾ Si ce maintient est nécessaire pour les seuls
besoins de la
liquidation,
Exemple .
· le prix de cette clientèle, ainsi
vendue sans avoir perdu de valeur, il a gonflé l'actif de l'entreprise,
ce qui permettra de mieux désintéresser les
créanciers.
En cas de maintient de l'activité, l'administration de
l'entreprise est assurée par l'administrateur qui reste alors en
fonction, ou à défaut par le liquidateur. Les créances
nées régulièrement après le jugement, du fait de la
poursuite d'activités, son payées à leur
échéance15.
En ce qui concerne les licenciements, l'administrateur, ou,
à défaut, le liquidateur procède aux licenciements dans
les conditions fixées par le code du travail. La décision de mise
en liquidation judiciaire de l'entreprise a aussi des conséquences sur
les créanciers mais leurs intérêts sont mieux
protégés que lors du redressement.
Les créances nées après le jugement
d'ouverture sont primées par les créances garanties par le
privilège des salariés, celui des frais de justice, celles qui
sont garanties par des sûretés immobilières ou
mobilières spéciales.
15 RIPERT-traité du droit commercial- tome 2,1992
p.285
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Les créanciers titulaires d'une sûreté
spéciale ainsi que le trésor public, pour ses créances
privilégiées, retrouvent leurs droits de poursuite. Le
liquidateur a la faculté d'opter pour la continuation des contrats en
cours si elle est nécessaire pour sauvegarder la valeur des actifs.
B° La réalisation de l'actif.
De manière à désintéresser au
mieux les créanciers, les biens de l'entreprise ayant une certaine
valeur vont être mis en vente, soit globalement, soit individuellement ;
les biens gagés, quant à eux, obéiront à des
règles spécifiques. En fin, les créanciers, directement
intéressés par cette réalisation de l'actif ont la
possibilité d'émettre des contestations. Ainsi, peuvent faire
l'objet d'une cession globale : des unités de production
composées de tout ou partie de l'actif mobilier ou immobilier.
S'agissant des offres d'acquisition, elles sont suscitées
par le liquidateur qui fixe le délai pendant lequel elles sont
reçues.
Toute personne intéressée peut soumettre son
offre au liquidateur ; l'offre doit être écrite et comprendre les
indications précisées par la loi (article 604 de la loi 15-95) ;
de plus l'offre doit être déposée au greffe du tribunal ou
tout intéressé peut en prendre connaissance.
Elle est communiquée au juge commissaire.
Pour le choix de l'offre, le liquidateur consulte le
comité d'entreprise, ou à défaut les représentants
des salariés et provoque les observations du débiteur et des
contrôleurs. Doit être retenue par le liquidateur l'offre la plus
sérieuse, et permettant dans les meilleures conditions d'assurer
durablement l'emploi et le payement des créanciers. Il est à
noter que la cession est ordonnée par le juge commissaire.
La conséquence de la cession globale est qu'une
quote-part du prix de cession et affectée à chacun des biens
cédés pour la répartition du prix, et l'exercice du droit
de préférence.
La vente des biens individuellement concerne les ventes
d'immeubles qui ont lieu :
--- soit par adjudication amiable ou de gré à
gré, lorsque la consistance des biens, leur emplacement ou les offres
reçues sont de nature à permettre une cession amiable dans les
meilleures conditions.
--- soit suivant les formes prescrites en matière de
saisie immobilière.
Les adjudications emportent purge des hypothèques.
Exemples : le droit réel qu'est l'hypothèque
ne suivra pas l'immeuble, même si le créancier
Hypothécaire n'est pas totalement payé du
montant de sa créance avec le produit de la vente.
Le liquidateur répartit le produit des ventes, et
règle l'ordre entre les créanciers. Quant à la vente des
autres biens de l'entreprise, elles sont ordonnées par le juge
commissaire soit aux enchères publiques, soit de gré à
gré.
NB : préalablement, le juge commissaire aura entendu ou
dûment appelé le débiteur et recueilli les observations des
contrôleurs.
Pour les biens gagés, plus précisément
le retrait des biens constitués en gage par le débiteur. Le
liquidateur, autorisé par le juge commissaire, peut retirer ces biens en
payant la dette, dans un délai de 15 jours précédent la
réalisation du gage (article 626, alinéa 3, de la loi 15-95). Le
créancier gagiste, grâce à son droit de rétention,
prime tous les autres créanciers.
Exemple : Le liquidateur veut inclure dans une cession
globale une machine qui est gagée. Il le Pourra, en payant le montant de
la créance du créancier gagiste.
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Concernant la réalisation du gage, le liquidateur doit,
demander l'autorisation au juge commissaire, de procéder à la
réalisation. Le liquidateur notifie l'autorisation au créancier.
En cas de vente du bien gagé par le liquidateur, le droit de
rétention est de plein droit porté sur le prix de vente. Le
créancier gagiste sera payé en priorité et en
totalité sur le prix de vente. L'inscription éventuelle prise
pour la conservation du gage est radiée à la diligence du
liquidateur.
C° L'apurement du passif.
La procédure se termine par la clôture des
opérations de liquidation, après que les créanciers aient
été réglés du montant de leurs créanciers
jusqu'à épuisement de l'actif. Donc l'apurement du passif
entraîne la répartition du prix entre les créanciers. Car
le jugement ouvrant la liquidation rend exigible toutes les créances. Le
liquidateur doit effectuer le payement après les avoir
vérifiées. Toutefois, le payement ne sera pas assuré s'il
s'avère que l'actif sera absorbé par les frais de justice et les
créances privilégiées.
Pour le règlement des créanciers, les
créances qui n'étaient pas échues à la date du
jugement d'ouverture de la procédure, deviennent exigibles dés la
date du jugement prononçant la liquidation.
Le droit de poursuite individuelle donne aux créanciers
titulaires d'un privilège spécial (d'un nantissement ou d'une
hypothèque et le trésor public) peuvent, dés lorsqu'ils
ont déclaré leurs créances, même s'ils ne sont pas
encore admis, exercer leur droit de poursuite individuelle si le liquidateur
n'a pas entrepris la liquidation dans un délai de 3 mois à
compter du jugement qui prononce la liquidation judiciaire (article 628 du code
de commerce marocain).
S'agissant de la répartition du produit de la
liquidation, lorsqu'il y a des répartitions partielles de fonds, les
créanciers privilégiés ou hypothécaires participent
à cette répartition dans la proportion de leurs créances
totales.
Après la vente des immeubles, et le règlement
définitif de l'ordre entre les créanciers hypothécaires et
privilégiés, ce d'entre ceux qui viennent en rang utile sur le
prix des immeubles pour la totalité de leurs créances ne
perçoivent le montant de leurs créances garanties que sous la
déduction des sommes qu'ils ont déjà reçues.
Si les créanciers privilégiés ou
hypothécaires n'ont pas été totalement
désintéressés par le prix des immeubles, ils concourent
avec les créanciers chirographaires pour ce qui leur reste dû.
En fin, le montant de l'actif, déduction faite des
frais et dépens de la liquidation judiciaire ; des Subsides
accordés au chef d'entreprise ou au dirigeant, ou à leur famille
; des sommes payées aux créanciers privilégiés, est
réparti entre tous les créanciers c'est-à-dire
proportionnellement au montant de leurs créances si elles sont
admises.
La clôture des opérations de liquidation est
prononcée par le tribunal, il peut le faire même d'office dans les
cas suivants :
---Lorsqu'il n'existe plus de passif exigible ou que le
liquidateur dispose de sommes suffisantes pour désintéresser les
créanciers ;
---Lorsque la poursuite des opérations de liquidation est
rendue impossible par l'insuffisance de l'actif.
En principe, le jugement de clôture pour insuffisance
d'actif ne fait pas recouvrer aux créanciers l'exercice individuel de
leurs actions contre le débiteur. Ils n'auront donc aucune
possibilité de récupérer leurs créances. Celles-ci
seront proprement et simplement anéanties. Par exception, les
créanciers, recouvrent leur droit de poursuite individuelle lorsque
leurs créances résultent : soit d'une condamnation pénale
pour des faits étrangers à l'activité professionnelle.
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Exemple : une victime d'un accident de la circulation
causée par le débiteur, faute de respect du code de la
route.
Soit de droits attachés à la personne.
Exemple : des dommages et intérêts pour non
respect de la vie privée.
Les créanciers dont les créances ont
été admises, et qui recouvrent l'exercice individuel de leurs
actions, peuvent obtenir, par ordonnance du président du tribunal, un
titre exécutoire. Ils auront ainsi une décision constatant
l'existence de leurs créances, qui leur permettra de poursuivre le
débiteur sans autres formalités, au cas où il reviendrait
à meilleure fortune. Dés le prononcé du jugement
d'ouverture :
---La mission des organes de la procédure prend fin ;
---Le dessaisissement du débiteur prend fin.
La procédure peut reprendre s'il s'avère que
certains actifs n'ont pas été réalisés ou une
action d'un créancier n'a pas été prise en compte.
Toutefois, l'initiative et les frais engendrés par la reprise incombent
aux créanciers.
SECTION-2 Les sanctions à l'encontre des
dirigeants
Le droit des procédures collectives a
été pendant longtemps très influencé par le droit
pénal. L'objectif était surtout de sanctionner le débiteur
mis en faillite. Ainsi, le sort du dirigeant a été
dissocié de celui de l'entreprise. Tous les dépôts de bilan
ne sont plus considérés comme dus à un comportement fautif
du débiteur mais pour l'essentiel, à la conjoncture
économique. Ce changement est notablement amoindri par le
caractère répressif de la législation. Les sanctions ne
sont plus prononcées qu'en cas de faute des dirigeants. Elles sont de
nature civile, pénale et professionnelle.
A° les sanctions civiles
Sont visés par les sanctions de nature civile, les
dirigeants de droit ou de fait, personnes physiques ou morales; les personnes
physiques représentant permanant les dirigeants de personnes morales.
Les personnes physiques commerçantes ne sont pas concernées dans
la mesure où pour elles, leur patrimoine fait naturellement parti du
gage de leurs créanciers.
Ces sanctions civiles sont soumises à une prescription
de 3 ans à compter du jugement qui arrête le plan de redressement
de l'entreprise ou qui prononce sa liquidation judiciaire. Ces sanctions sont
prononcées par le tribunal qui a eu à connaître de la
procédure. Il peut soit se saisir d'office, soit être saisi par
les mandataires intervenant dans la procédure ou par le procureur de la
république.
Le dirigeant peut tout d'abord faire l'Objet d'une action en
comblement d'insuffisance.
En effet, l'action en comblement de passif suppose la
réunion d'un certain nombre de conditions.
Il faut tout d'abord une insuffisance d'actif qui rend
impossible le désintéressement des créanciers. Cette
insuffisance d'actif doit découler d'une faute de gestion imputable au
dirigeant de l'entreprise. Il peut s'agir de la poursuite d'une activité
déficitaire, de la tenue d'une comptabilité
irrégulière ou incomplète. Le demandeur doit prouver
l'existence de cette faute et le lien de causalité.16
16 Dahir des obligations et des contrats (D.O.C) du 12
Août 1913 modifié et complété par la loi
n°44-00, dans son article 78
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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L'action doit être exercée contre un dirigeant de
fait ou de droit de l'entreprise. La détermination de la qualité
de dirigeant de fait relève de l'appréciation souveraine des
juges du fond. Dés lors que les conditions de l'action en comblement
sont remplies, le tribunal fixe le montant de la réparation due par le
dirigeant qui n'est pas nécessairement égal au montant du
préjudice subi. Cette action exclut en principe le droit commun de la
responsabilité civile. La condamnation doit permettre de combler
l'insuffisance d'actif. C'est pourquoi, les sommes payées par le
dirigeant en vertu de cette condamnation tombent dans le patrimoine de la
personne morale débitrice. Elles sont réparties
conformément au plan d'apurement du passif. En outre le dirigeant peut
aussi faire l'objet d'une action en extension de la procédure
collective.
Cela signifie qu'une procédure de redressement ou de
liquidation judiciaire est ouverte contre un dirigeant personnellement selon
l'article 706 de la loi 15-95. Sont concernés les dirigeants qui :
--- 1° ont disposé des biens de la
société comme des leurs propres ;
--- 2° ont accompli des actes de commerce sous le couvert
de la personne morale masquant ces agissements ;
--- 3° ont tenu une comptabilité manifestement
incomplète ou irrégulière ou regard des dispositions
légales;
--- 4° ont tenu une comptabilité fictive ou fait des
documents comptables de la personne morale ou se sont abstenus de toute
comptabilité conforme ;
--- 5° ont fait des biens ou du crédit de la
personne morale un usage contraire à l'intérêt de celle-ci
à des faits personnels ;
--- 6° ont détourné ou dissimulé tout
ou partie de l'actif ou frauduleusement augmenté le passif de la
personne morale ;
--- 7° ont poursuivi abusivement, dans un
intérêt personnel, une exploitation déficitaire qui ne
pouvait qu'aboutir à une cessation de payement de la personne morale.
Dans tous les cas, le dirigeant aura plus ou moins confondu
le patrimoine de la personne morale et son patrimoine personnel. Dans l'une de
ces hypothèses, une procédure collective distincte de celle de la
personne morale est ouverte au nom du dirigeant. Il y a ainsi confusion du
passif de la personne morale et du passif personnel pour permettre aux
créanciers de l'entreprise de se faire payer sur le patrimoine personnel
du dirigeant.
B° les sanctions pénales
Les dirigeants peuvent faire l'objet d'une sanction
pénale de banqueroute. L'infraction de banqueroute17 ne peut
être relevée par le tribunal correctionnel que lorsque le tribunal
de commerce a préalablement ouvert une procédure de redressement
judiciaire en constatant la réunion des conditions de fond prescrites
par la loi : la qualité du débiteur, l'état de cessation
des payements.
L'indépendance de l'action publique et de l'action civile
ne se conçoit pas dans ce cas. C'est bien ce qui résulte de
l'article 721 du code commerce marocain.
La banqueroute est punie d'un an à cinq ans
d'emprisonnement et d'une amende de 10000 à 100000 dhs ou l'une de ces
deux peines seulement.
17 Dahir n° 1-59-415 du 28 joumada II 1382 (26 novembre
1962) portant approbation du texte du code pénal marocain, dans son
article 556
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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La juridiction répressive prononce également au
titre d'une peine accessoire la déchéance commerciale des
personnes coupables de l'infraction, selon l'article 723 du code de commerce
marocain.
La peine est aggravée et portée au double lorsque
le banqueroutier est dirigeant, de droit ou de fait, d'une
société dont les actions sont cotées en bourse.
L'action publique est déclenchée par le
ministère ou sur constitution de partie civile, par les mandataires de
justice intervenant dans la procédure. Un créancier ne peut se
constituer partie civile que s'il justifie d'un préjudice individuel. Le
juge répressif peut aussi en complément prononcer la faillite
personnelle ou l'interdiction de diriger. Les personnes morales faisant l'objet
de sanctions spécifiques.
NB : il est à noter qu'au sens de l'article 722,
alinéa 2 de la loi 15-95, les complices de banqueroute encourent les
peines de banqueroute même s'ils n'ont pas la qualité de dirigeant
d'entreprise.
En particulier, le banquier qui a permis au débiteur
de prolonger artificiellement son existence Commerciale en lui consentant, en
connaissance de cause, des crédits dont le montant dépassait
manifestement ses possibilités financières peut être
poursuivi comme complice.
Il convient de signaler que les poursuites pénales ne
peuvent pas atteindre les banques en qualité de personnes morales, mais
seulement les personnes physiques (directeurs d'agence, personnel). Les peines
de banqueroute sont applicables aussi au liquidateur soit l'article 724,
alinéa 2 de la loi 15-95.
Est puni également des mêmes peines, le
créancier qui, après le jugement d'ouverture de la
procédure, a passé un ou plusieurs contrats lui accordant des
avantages particuliers au détriment des autres créanciers.
C° les sanctions professionnelles
En présence d'une faute à la charge d'un
dirigeant, le tribunal peut prononcer des sanctions professionnelles. Leurs
objectifs est d'éviter que la personne qui a conduit l'entreprise
à une situation de difficulté ne recommence une activité.
Elles concernent les dirigeants personnes physiques, commerçants ou
artisans exploitant une entreprise individuelle; soit dirigeants de droit ou de
fait d'une personne morale ayant une activité économique ; soit
représentant permanent d'une personne morale dirigeant de droit. Ces
sanctions sont de deux types. Sont prononcées à toute
époque de la procédure, soit par le tribunal de la
procédure, soit par le tribunal correctionnel.
S'agissant du cas de faillite personnelle, le code de
commerce marocain accorde une faculté d'interdiction de diriger, de
gérer, d'administrer ou de contrôler directement ou indirectement
toute entreprise commerciale ou artisanale, toute exploitation agricole de
toute personne morale ayant une activité économique. Le failli
est privé du droit d'exercer certaines professions, de ses
prérogatives d'associé et de ses droits politiques (article718 de
la loi 15- 95).
L'entrepreneur individuel qui poursuit de manière
abusive une activité déficitaire qui détourne des
éléments d'actifs, qui omet de tenir une comptabilité; le
dirigeant qui utilise des moyens ruineux pour se procurer des fonds, qui ne
respecte pas les interdictions découlant de la procédure
collective. Le tribunal peut être saisi par l'administrateur, le
représentant des créanciers, le liquidateur ou par le procureur
de la république et même se saisir d'office. La durée de
l'interdiction ne peut être inférieure à cinq ans. Les
effets de la faillite cessent à l'arrivée du terme et pour
extinction du passif en cas de clôture de la procédure. Le failli
peut demander à être relevé de ses interdictions s'il
justifie avoir apporté une contribution suffisante au payement du
passif.
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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Lorsque les faits sont moins graves, le tribunal peut se
borner à prononcer, à édicter des déchéances
professionnelles. La sanction se limite à une interdiction de
gérer une ou plusieurs entreprises. Elle concerne tous les cas où
le dirigeant encoure la faillite personnelle mais aussi dans le cas où
le débiteur aurait dissimulé une partie de son actif en ne
donnant au représentant des créanciers la liste complète
et certifiée de ses créanciers et le montant de ses dettes dans
un délai de 8 jours suivant le jugement d'ouverture.
Conclusion
En définitive, le règlement des difficultés
de l'entreprise obéit à une procédure spéciale.
En effet, dans l'optique de prévenir lesdites
difficultés, le législateur à prévu des
mécanismes d'alerte tant au niveau interne et qu'externe. Ces
mécanismes permettent d'anticiper les difficultés, le cas
échéant, le dirigeant de l'entreprise pourra entamer une
procédure de règlement amiable sauf s'il ne se trouve en
état de cessation de payements.
Si cette procédure de règlement amiable n'apporte
pas satisfaction, le tribunal peut prononcer l'état de cessation des
payements ayant pour conséquence le redressement de l'entreprise.
Après l'observation de l'entreprise si malgré
l'établissement du plan de redressement, la situation perdure, le
tribunal pourra prononcer la cession ou la liquidation judiciaire de
l'entreprise.
Ainsi, les litiges entre commerçants présentent
des caractéristiques spécifiques, ils doivent être
tranchés rapidement et si possible de manière discrète.
Ils mettent souvent aux prises de nombreux plaideurs. Ils ont
fréquemment un aspect international. Et ces différends opposent
souvent des entreprises qui continuent d'avoir des relations d'affaires de
telle sorte que le juge doit plus préparer l'avenir que liquider le
passé. Toutes ces raisons expliquent l'originalité des modes de
règlement des différends commerciaux, tel que l'arbitrage et la
médiation commerciale.
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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CROQUIS DE LA PROCEDURE DE RESOLUTION DE L'ENTREPRISE EN
DIFFICULTE
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Déclaration des
créances
Après avoir :
- dressé l'état des créances -
vérifié les créances
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Cessation des paie-
ments
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Saisine du tribunal
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Jugement d'ouverture
de la procédure
Bilan économique et
social
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Décision du tribunal
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Jugement de liquida-
tion judiciaire
Réalisation des élé-
ments de
l'actif
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Jugement arrêtant le
plan de redressement
Continuation de
l'entreprise
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Autorisation
éventuelle
de location-
gérance
Cession de
l'entreprise
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Apurement du passif
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Défaut de
paiement
Répartition du
prix de vente
entre
les
créanciers
Résolution
du plan
Exécution
du plan
Clôture de la liquida-
tion
Clôture pour insuffi-
sance d'actifs
Jugement d'ouverture de
redressement judiciaire
FIN
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Cession
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Liquidation
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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Glossaire
Ad hoc : Expression voulant dire « pour
cela » ; ainsi on nomme un
tuteur, un administrateur, un juge « ad hoc ».
Dépens : Part des frais engendrés
par le procès que le gagnant peut se
faire rembourser par le perdant, à moins que le tribunal
n'en décide autrement.
Force obligatoire : Le caractère
obligatoire de l'exécution des conventions pour les
deux parties.
Force exécutoire : Qualité d'un
acte qui s'impose ou permet le recours à la force
publique pour assurer son exécution.
Chose jugée : Autorité
attachée à un acte de juridiction servant de fondement
à l'exécution forcée du droit
judiciairement établi, et faisant obstacle à ce que la même
affaire soit à nouveau portée devant le juge.
Période suspecte : Période qui
s'étend de la cessation des payements au jugement
prononçant le redressement judiciaire.
Créancier chirographaire :
Créancier ne bénéficiant d'aucune garantie
particulière pour le recouvrement de sa créance.
Procédure collective : Ensemble des
règles qui régissent le traitement judiciaire des
entreprises en difficultés.
Intuitu personae : Considération de la
personne. L'expression signifie que, dans
un contrat, la considération du capital apportée
est plus importante que la qualité de la personne qui l'apporte.
Subside : Somme d'argent versée à
titre de secours.
Forclusion : Expiration d'un délai pour
engager une instance, accomplir un
acte exercer un recours qui entraine une déchéance
de la faculté d'agir.
Passif : Ensemble de dettes d'un
commerçant, d'une entreprise.
Effet relatif des contrats :
Conséquences des effets du contrat sur les ayants droits.
Assignation : Acte de procédure par lequel le demandeur
cite son adversaire
(le défendeur) par l'intermédiaire d'un huissier
de justice à
comparaitre devant une juridiction de l'ordre judiciaire et
valant, devant le tribunal de grande instance, conclusion
pour
le demandeur.
Sous-seing privé : Acte écrit,
généralement instrumentaire, plus rarement
nécessaire à l'existence de la situation
juridique, rédigé par un particulier et comportant la signature
manuscrite des parties.
Subrogation : opération qui substitue
une personne ou une chose à une
autre, le sujet ou l'objet
obéissant au même régime juridique que
l'élément qu'il remplace.
Déchéance : perte d'un droit,
soit à titre de sanction, soit en raison du
non respect de ses conditions d'exercice.
Banqueroute : Infraction commise par un
commerçant ou le dirigeant
d'une personne morale qui ne peut plus payer ses dettes en
raison de fautes commises.
Infraction : Action ou commission,
définie par la loi pénale et punie
d'une certaine peine fixée par celle-ci.
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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Licenciement : Résiliation du contrat de
travail à durée indéterminée à
l'initiative de l'employeur. Pour licencier, l'employeur doit
observer une procédure et il n'a le droit de le faire que pour une cause
réelle et sérieuse.
Trésorerie : Dénomination
actuelle du poste comptable du trésor naguère
appelé : perception. Ce dernier terme traditionnel, est
encore très souvent utilisé dans la langue
courante.
Débiteur : Personne tenue envers une
autre d'exécuter une prestation
Commissaire aux comptes : Personne, physique ou
morale, chargée par le législateur de contrôler de
façon très stricte la régularité de la gestion
comptable des sociétés anonymes et de certains autres
groupements, et de tenir informés les organes de direction et les
actionnaires des faits dont elle a eu connaissance et des
irrégularités qu'elle a relevées dans la gestion comptable
de la société.
Révocation : Terme susceptible de deux
acceptations :
1 -licenciement d'un agent public pour raison disciplinaire. 2-
mise à néant d'un acte administratif par son auteur, synonyme
tantôt de retrait, tantôt d'abrogation.
Créancier : Titulaire d'un droit de
créance.
OHADA : Organisation pour l'harmonisation du
droit des affaires en
Afrique.
Sûreté : Garantie accordée
au créancier pour le recouvrement de sa
créance.
Entreprise : Unité économique qui
implique la mise en oeuvre de moyen
humain et matériel de production ou de distribution des
richesses reposant sur une organisation préétablie.
Inaliénable : Caractéristique
juridique d'un bien dont le propriétaire ne peut pas transmettre son
droit ou constitué un droit réel au profit d'un tiers.
Trésor public : Service public investi
d'attributions financières : il tient la
caisse de l'Etat, des collectivités territoriales et de
nombreux établissements publics, et il joue un rôle de banquier.
Administratives : il participe à l'exercice de la tutelle de
l'Etat sur le marché monétaire et le système bancaire.
Adjudication : Mode de conclusion des
marchés publics attribuant
automatiquement la commande à celui des entrepreneurs qui
consent le prix le plus bas, après une mise en concurrence
préalable des candidats.
Purge : Procédure par laquelle le tiers
acquéreur d'un immeuble
hypothéqué offre aux créanciers
hypothécaires de leur verser le montant du prix
d'acquisition ou de la valeur de l'immeuble, s'il l'a acquis à titre
gratuit, ce qui aura pour effet de libérer l'ensemble des
hypothèques qui le grèvent.
Enchères : Offre d'acheter à un
certain prix au cours d'une adjudication
Faillite : état d'un débiteur qui
ne peut plus payer ses créanciers.
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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Bibliographie
Textes législatifs et
réglementaires
8 Dahir des obligations et des contrats (D.O.C)
du 12 Août 1913 modifié et complété par la loi
n°44-00.
8 Acte uniforme du 10 Avril 1998 portant organisation des
procédures collectives et d'apurement du passif de l'organisation pour
l'harmonisation du droit des affaires en Afrique (ohada).
8 Dahir n° 1-96-83 du 15 rabii I 1417 (01 Août 1996)
portant promulgation de la loi n° 15-95 formant code de
commerce marocain.
8 Dahir n° 1-59-4 15 du 28 joumada II 1382 (26 novembre
1962) portant approbation du texte du code pénal
marocain.
Chapitre : des crimes et des délits contre les biens
Section IV de la banqueroute.
8 En France, la loi du 24-07-1967 qui avait comme innovation la
séparation de l'homme et de l'entreprise. La loi du 03-01-1984 et son
décret d'application du 30-01- 1985.
8 Dahir n° 1-03-194 du 14 rejeb (11 septembre 2003) portant
promulgation de la loi n° 65-99 relative au Code du
Travail marocain.
Ouvrages et cours
· CHAMOULAUD-TRAPIERS A et YILDIRIM G (2003), droit des
affaires : Relations de l'entreprise commerciale, Bréal, Paris, 255
pages.
· FONTAINE M, PERRON-ZLATIEW C et CAVALERIE F (1987),
Principes et Techniques du droit, Foucher, Paris, 512 pages.
· CHERKAOUI H (2001), Droit commercial, najah, al
Jadida, 334 pages.
· ESSAID Jalal M (2000), Introduction à
l'étude du droit, Fédala, Mohammedia, 649 pages.
· ROBLOT R et RIPERT G (1991), Traité de droit
commercial, LGDJ, Paris, p n°5 et suivant.
· DE BERCEGOL P, DUQUENNE A et LEMAITRE P (1995), le
droit et l'entreprise, Vuibert, Paris, 204 pages.
· Cour du Professeur M Tarek Mouassadak, sur le
redressement et la liquidation judiciaire (2007).
· GUILLIEN R et VINCENT J (1999), lexique des termes
juridiques, Dalloz, 561 pages.
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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Table des matières
Remerciements 1
Sommaire 2
Introduction 3 et 4
Première partie : La gestion de l'entreprise en
difficulté
Chapitre I : La prévention et le règlement
amiable des entreprises en difficulté.
Section-1 Les mesures préventives 5
A Mesures renforçant l'information comptable et
Financière et renforçant le contrôle des
comptes 5
1 La prévention interne 6
Le commissaire aux comptes 6
Groupements de prévention agréés 6
2 La prévention externe 6
¾ Le Président du tribunal 6
B Les mécanismes d'alerte 7
1 Alerte déclenchée par le commissaire aux comptes
7
2 Alerte déclenchée par d'autres acteurs 7
Section-2 Le règlement amiable 8
A Les conditions de mise en oeuvre 8
1 Saisine du tribunal de commerce 9
2 Missions du conciliateur 9
B Les effets du règlement amiable 10
Chapitre II : L'ouverture et l'observation de l'entreprise
en vue
du choix de la procédure.
Section-1 L'ouverture de la procédure 10
A Les conditions d'ouvertures de la procédure 11
1 Les conditions de fond : 11
¾ Les personnes juridiques concernées 11
Etat de cessation des paiements de l'entreprise 12
2 Les conditions de forme : 13
Saisine du tribunal 13
Prononcé du jugement d'ouverture 13
B Les organes de procédure 14
1 Le juge commissaire 14
2 Le syndic 14
3 Le ministère public 15
4 Les contrôleurs 16
Section-2 La gestion de l'entreprise pendant la période
d'observation 16
A L'entreprise pendant la période d'observation 17
1 Les contrats en cours 17
2 Le sort des créances nées
régulièrement après le jugement d'ouverture
3 La conclusion d'un contrat de location gérance 18
4 Les payements reçus par l'administrateur ou par le
représentant des
créanciers 18
L'ENTREPRISE EN DIFFICUL TE
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B La nullité de certains actes 18
1 Nullité systématique 18
2 Nullité facultative 19
C Le sort des créanciers 19
1 Les Salariés 19
2 Autres créanciers 20 et 21
Deuxième partie : Le sort des entreprises en
difficulté
Chapitre III : Le plan de continuation de l'entreprise.
Section-1 Plan de redressement 22
A Elaboration du plan 22
B Effets du Plan 22 et 23
Section-2 La cession de l'entreprise 24
A Les conditions de la cession 24
1 La cession de l'entreprise peut être totale 25
2 La cession peut être seulement partielle 25
3 La cession peut être assortie d'une location
gérance 25
B Les effets du Plan de cession 25
Chapitre IV: Le prononcé de la liquidation
judiciaire.
Section 1 La liquidation judiciaire 26
A La décision de liquidation judiciaire 26
B La réalisation de l'actif 28
C L'apurement du passif 29
Section-2 Les sanctions à l'encontre des dirigeants 30
A Les sanctions civiles 30
B Les sanctions pénales 31
C Les sanctions professionnelles 32
Conclusion 34
Glossaire 35 et 36
Bibliographie 37
Table des matières 38 et 39