III.3. LE JOURNALISME POUR LA PAIX EN RDC
En jetant un coup d'oeil aux grilles de diffusion des
différentes stations analysées, on est frappé par la
diversité des programmes, mais aussi par l'apparente qualité de
la programmation : émissions sur la réconciliation nationale,
pour la promotion de la femme, sur l'intégration des sidéens, sur
l'acceptation des réfugiés, sur la problématique de droit
de l'homme ; les grilles regorgent de programmes proactifs. On croirait
d'ailleurs que le Congo est le
(1) Rapport Fonds solidarité, Solidaire Radio
en Afrique, pg 8 Cité par Marie soleil Frère dans paysage
médiatique congolais pg 22.
pays d'origine de la théorie du journalisme proactif.
Comme nous le verrons, il en représente non l'origine, mais bien un
terrain privilégié d'expérimentation. Pour Isidore Kabongo
« la Radio Nationale Congolaise ajuste sa grille selon les besoins qui se
présentent » (1)
Si cette réalité peut être
affirmée, d'autres stations à large couverture comme Digital
Congo « reste écarter d'adapter sa grille avec des programmes
proactifs certes, rare sont des fois dans les animations d'antenne qu'il traite
des thèmes controversé.»(2)
(1) Isidore kabongo entretien personnel à la RTNC le 29
Aout 2010
(2) Bijou Idi responsable des reportages, entretien personnel
à Digital Congo le20 Aout 2010
III.3.1. Les types de production
Puisque l'application d'un journalisme de paix peut se faire
de trois façons différentes, elle a aussi été
étudiée selon trois axes différents : les programmes de
fiction d'une part, les programmes à vocation réconciliatrice
d'autre part et enfin les informations d'actualité.
III.3.1.1. Les programmes de fiction
Même si la fiction ne fait pas à vrai dire partie
du domaine de la production journalistique, nous en parlerons brièvement
ici. En effet, « la radio étant le médium africain au taux
de pénétration le plus élevé, il s'agit d'un des
moyens les plus efficaces pour faire passer un message à la population
» (1). Sans télévision, les populations locales se
fidélisent facilement aux programmes radiophoniques et d'autant plus aux
fictions, plus divertissantes,
(1) KIMANI Many, Op-cit, p3.
« puisqu'il s'agit d'un des seuls loisirs disponibles
dans les zones rurales. Nous allons parler ici d'une production fictive : le
feuilleton radiophonique.
Le feuilleton radiophonique
Basé sur un principe identique, il se diffère du
spot par sa longueur (une vingtaine de minutes) et par les personnages et le
décor, qui restent immuables d'un épisode à l'autre. A
l'instar des séries américaines du type Seven Heaven qui
diffusait voici quelques années les valeurs chrétiennes, la
fiction et le divertissement créées par les feuilletons
radiophoniques ont pour but de propager des messages de paix et de
réconciliation nationale. Parmi les différents feuilletons
diffusés sur les ondes Congolaises, deux ont retenus notre attention
(<< Notre voisin, notre famille >>), produit par le Studio Ijambo,
crée par le Search for Common ground et la série équipe
produit par le centre Lokole.
car il ne correspondait plus à la réalité
nationale. Lancé en 1997, le feuilleton relatait l'histoire de deux
familles et mettait en scène des situations de la vie de tous les jours.
Le thème du feuilleton peut être résumé de la sorte
: << Nous avons tous quelque chose en commun quoique on en dise.
Même le jour et la nuit se rejoignent à l'aurore et à la
tombée de la nuit >>. L'histoire se déroule dans les
collines rurales burundaises et des thèmes nouveaux étaient
abordés à chaque nouvel épisode : SIDA, exactions,
corruptions, viols, retour des réfugiés, etc. Ce feuilleton qui
passait aux antennes des radios de l'est comme Maendeleo grace à un
partenariat entre cette station et le studio Ijambo.
Les problèmes mis en scène par Notre voisin,
notre famille sont ceux du quotidien, avec en toile de fond un thème
récurrent : la réconciliation. Le titre reflète une des
valeurs fondamentales pour La communauté des grands lacs africaines
avant 2001 :
Ce feuilleton, dans sa logique veux nous démontrer
« qu'un voisin est un frère à qui tu peux confier tes
enfants malades quand tu vas aux champs, c'est lui qui va venir inspecter ta
maison s'il sent une odeur suspecte. Or avec la guerre, les gens
commençaient à perdre cette notion au profit de
l'ethnicité » (1) : on ne voyait plus en lui le voisin,
mais bien le Hutu ou le Tutsi
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