SECTION II : ORGANISATION DES POPULATIONS
Agenda 21 et d'autres instruments internationaux ont
recommandé l'implication des populations locales au combat
écologique. La société civile burkinabé a de ce
fait besoin de soutien financier et technique pour asseoir sa
stratégie.
§1-Appui technique
L'implication des populations dans la protection de
l'environnement constitue un atout supplémentaire pour des
résultats probants. Dans un pays ou près de 50% de la population
est en dessous du seuil de pauvreté, les populations, abandonnées
à elles-mêmes ne sauraient ni prendre conscience, ni s'organiser
pour défendre leur environnement. L'État a eu la volonté
de les appuyer par l'adoption de la RAF et des TOD [40], mais les
moyens n'ont pas suivi. C'est encore aux institutions internationales de tendre
la main aux populations pour susciter et maintenir en elles un élan
protectionniste. Cette assistance vise d'abord à organiser les
communautés locales, leur « ouvrir les yeux » afin
qu'elles se rendent capables de prendre les décisions propices à
la protection de leur environnement. Ensuite, cette assistance vise à
les imprégner des mesures législatives qui ont vocation à
s'appliquer à elles. Et enfin les populations locales sont
organisées de sorte à pouvoir participer, en connaissance de
cause, aux activités qui touchent à leur environnement. C'est
ainsi que la réserve naturelle communautaire Gabia-Gao a suscité
la création de comités villageois de gestion. Ces comités
ont été impliqués non seulement dans l'adoption de
l'arrêté de classification mais aussi dans l'exécution de
cet arrêté.
L'assistance technique a souvent besoin de soutien financier pour
fonctionner.
§2-Assistance financière
Il est illusoire de vouloir impacter seulement par le verbe le
comportement de populations ivres de pauvreté, quelque soit la
qualité du message. Bien que conscients des enjeux de leurs actes, les
populations sont souvent dirigées par leur instinct de survie,
focalisé plus sur les besoins ponctuels que sur la gestion durable.
C'est ce qui justifie l'appui financier et matériel des organismes
internationaux aux populations. Cela se fait à travers les structures
centrales ou celles à la base. Par exemple, le Fonds Municipal Vert de
la Fédération Canadienne des Municipalités,
créé en 2000 à partir d'une dotation du gouvernement
fédéral vise le versement de subventions et de prêts dans
le but de soutenir des projets environnementaux. Il soutient les
municipalités burkinabés dans leurs
40 RAF : Réformes Agraires et
Foncières ; Ordonnance n° 84-050/CNR/PRES du 04 Août 1984
portant RAF au Burkina Faso. - Décret n° 85-404/CNR/PRES du 04
Août 1985 portant application de la RAF
TOD : Textes d'Orientation de la
Décentralisation ; Loi N°013-2001/ AN du 02 juillet 2001
initiatives destinées à améliorer la
qualité de l'air, des eaux et des sols. D'autres initiatives visent
à soutenir la production agricole ou la réalisation de retenues
d'eau ou encore à assurer la subsistance des organisations locales.
Après avoir permis aux populations d'atteindre un
certain niveau de suffisance, ces institutions internationales reviennent,
cette fois-ci, avec des messages de responsabilisation qui ont maintenant plus
de chance de rencontrer l'oreille attentive des populations.
Conformément au postulat selon lequel l'environnement
est l'affaire de tous, les institutions internationales contribuent,
directement ou indirectement, à l'édification aussi bien des
organes centraux de l'État que ceux de la société civile.
Cela a au moins le mérite de susciter une prise de conscience
généralisée de la dégradation du cadre de vie.
Au terme de ce titre, nous nous apercevons que les normes ont
besoins d'institutions pour atteindre leurs objectifs. C'est pourquoi l'appui
extérieur n'occulte pas cette réalité dans ses efforts de
limiter l'épuisement des ressources naturelles du Burkina. Cependant ces
efforts sont tâchés d'insuffisances qui limitent leur
efficacité.
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