CONCLUSION
Nous concluons notre recherche en faisant le bilan des
contributions et en soulignant les limites tant sur les plans théoriques
qu?empiriques. Cela nous amène à revenir sur la
problématique de notre travail et à présenter les
résultats auxquels nous avons abouti concernant le thème
étudié qui est celui du Financement de la gestion des
déchets ménagers à Porto-Novo au Bénin.
La gestion des déchets ménagers demeure l?un des
problèmes majeurs dans les villes des pays africains. Elle figure parmi
les principaux défis environnementaux. Plus précisément,
le problème du financement par le ménage des dommages
environnementaux créés par les déchets qu?il produit est
récurrent.
Dans un premier temps, Nous avons constaté que
la situation actuelle en matière de gestion des ordures
ménagères se caractérisait par de nombreux
dysfonctionnements. En effet, l'accumulation des déchets autour des
points de transfert choisis parfois en accord avec les populations
elles-mêmes et la prolifération des dépotoirs sauvages,
observés pratiquement un peu partout à travers la ville prouvent
que le mode d'organisation de la gestion des déchets ménagers
dans la ville de Porto-Novo est peu efficace.
En s?intéressant aux facteurs à la base de cette
faible efficacité du système de gestion, on peut citer surtout
les problèmes de manque de ressources nécessaires au
fonctionnement des équipements de collecte des déchets et
d'insuffisance du niveau de sensibilisation et de mobilisation de la
population, élus compris, face aux implications liées
à la gestion des déchets. En outre, un certain nombre d?ONG
interviennent pour collecter les déchets d?une partie des
ménages. Cette intervention pose plusieurs difficultés ;
notamment, l'impossibilité d'uniformiser les tarifs, la
précarité de l'équilibre financier des ONG.
Dans un second temps, l?évaluation monétaire des
dommages liés aux déchets ménagers a été
abordée. Une gestion optimale des déchets ménagers suppose
la maîtrise de tous les coûts liés à la gestion des
déchets ménagers. S?il est facile d?appréhender les
coûts directs, l?évaluation des coûts indirects,
c'est-à-dire les coûts externes causés par les
déchets ménagers demeure complexe par les décideurs.
Au cours de notre recherche, nous avons essayé
d?évaluer monétairement ces coûts externes par la
méthode d?évaluation contingente. Au-delà d?une
évaluation monétaire des coûts externes, cet exercice
permet d?apprécier le degré d?acception sociale d?un programme
public d?amélioration de la qualité de la gestion des
déchets ménagers. Pour ce faire, nous avons recouru à une
enquête auprès de 150 ménages dans la ville de Porto-Novo
à travers une enquête contingente.
Les résultats obtenus indiquent que le consentement
à payer (CAP) estimé à travers l?enquête contingente
montre l?existence d?un bénéfice potentiel lié à
l?amélioration de la qualité de la gestion des déchets
ménagers. En moyenne, un ménage est prêt à payer
1593,827 FCFA par mois pour un service d?élimination de ses
déchets. Ce CAP traduit la valeur monétaire des dommages
évités (nuisances olfactives et visuelles, effets sanitaires
liés à la présence des déchets dans son
environnement) par le ménage suite à une amélioration de
la qualité du service.
Concernant le degré d?acceptation sociale d?un
programme damélioration de la qualité du service
d?élimination des déchets ménagers dans la ville de
Porto-Novo, signalons que notre scenario contingent permet à l?individu
interviewé de faire son choix parmi deux situations. La situation 1
propose de garder la qualité du service actuel. Cette situation
n?implique par de surcoût pour le ménage. La situation 2 propose
de participer financièrement à un programme d?amélioration
de la qualité du service. 53,1% des répondants acceptent de
participer au programme. Cette proportion d?acceptation se rapproche à
d?autres évaluations contingentes (environ 80%, selon Mitchell et
Carson, 1989).
Les résultats économétriques montrent que
les ménages qui ont un revenu élevé sont plus enclins
à accepter de participer à un programme d?amélioration de
la qualité du système de gestion des ordures
ménagères. Le revenu influence fortement et positivement la
probabilité de demander le service. Ce qui montre que toute politique de
mise en oeuvre d?une tarification doit tenir compte du niveau de vie.
D?autres enseignements peuvent être tirés des
résultats des estimations. Les individus qui versent une redevance
mensuelle aux ONG de la pré-collecte ont un impact positif et
significatif sur la demande du d?amélioration du service.
Mais il se pose un problème de fiabilité des
réponses obtenues. Selon la littérature économique, la
probabilité d?obtenir des résultats peu fiables est
élevée et il faut procéder à des tests de
fiabilité en comparant
les résultats obtenus à celles des autres
études similaires ou à celles obtenues à l?aide des autres
techniques indirectes. Si les résultats sont approximativement les
mêmes, on peut avoir une plus grande confiance dans l?évaluation
faite sinon, la vérification devient plus complexe.
Ensuite, nous n?avons pas étudié les
modalités pratiques de mise en oeuvre de la redevance prenant en compte
les coûts externes de la production et de la gestion des déchets.
Ces modalités peuvent influencer la décision du ménage
relativement à sa volonté de payer.
Enfin, sur la question de la gestion durable des
déchets au Bénin, un des prolongements envisagés porte sur
la gestion intégrée de l?ensemble de la filière des
déchets en prenant en compte outre les déchets ménagers,
les autres types de déchets produits par les autres secteurs
d?activités.
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