Gorbatchev et la politique soviétique 1985-1991( Télécharger le fichier original )par Kouassi Roger DJANGO Université de Bouaké - Master I histoire 2010 |
CONCLUSION GENERALE
Durant les cinquante dernières années qui ont suivi la seconde guerre mondiale, le monde s'est organisé autour de deux idéologies différentes. L'idéologie communiste est incarnée par l'URSS tandis que l'idéologie capitaliste est incarnée par les Etats-Unis. Dès cet instant la politique internationale tournera autour de ces deux idéologies. L'Europe deviendra alors l'enjeu de leurs rivalités et s'étendra sur toute la planète. L'URSS s'impose à toute la partie Orientale tandis que les Etats-Unis s'imposeront à la partie Ouest de l'Europe. Cette situation divisera le monde idéologiquement en deux pendant plusieurs décennies. Le modèle soviétique qui repose sur la dictature de Moscou qui est le leader incontesté du bloc communiste alors que le modèle américain repose sur le libre choix et la libre expression des populations dans les affaires courantes du pays. Le modèle soviétique qui était inviolable sous Staline est contesté après 1956. Le pays entre dans une stagnation sous Brejnev qui est caractérisé par un immobilisme politique. L'Union Soviétique au début des années 1980, connaîtra des évolutions contradictoires. Le système de croissance extensive fondé sur le gaspillage des ressources privilégiant la croissance rapide et visible, mais négligeant les infrastructures et l'environnement atteints ses limites. Le coût élevé du rayonnement de l'URSS, la course aux armements, le soutien aux pays frères, et le conflit afghan pèseront sur le niveau de vie de la population. Face à la stagnation de la vie, les Soviétiques réagissent à leur manière. Le travail au noir se développe. L'initiative individuelle renaît dans l'économie parallèle, et souvent corrompue, qui remédie aux pénuries du quotidien. Derrière la façade idéologique officielle se développe une culture parallèle. Jamais le contraste n'a été aussi grand entre l'image officielle donnée par l'URSS et des réalités économiques sociales qui appellent des changements urgents. C'est ainsi qu'à la mort de Brejnev en 1982, l'URSS fut confrontée à un problème de succession ou en trois ans, les successeurs de Brejnev sont morts parce que trop vieux. C'est alors qu'en mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir. Dès son arrivée au pouvoir, Gorbatchev constate que son pays est confronté à une crise aiguë. Cette crise est avant tout économique mais également morale et sociale. Il qualifie les années de Brejnev comme une période de stagnation, ce qui montre que le modèle soviétique de croissance extensive, basée sur les ressources en main-d'oeuvre et les investissements, a épuisé ses potentialités. En effet, depuis le début des années 1960, la croissance économique ne cesse de ralentir, puis de stagner. Tout le système soviétique est très dégradant. C'est au vu de ce constat que Mikhaïl Gorbatchev décide de transformer l'économie de son pays pour éviter la catastrophe et refaire le retard accusé sur les Etats-Unis. C'est à ce moment qu'il lance sa politique de réformes que sont la perestroïka (restructuration) et la glasnost (transparence). En lançant ses réformes, il voulait une rupture avec le passé c'est-à-dire la création d'une économie mixte dans laquelle le secteur d'Etat serait redynamisé par la présence de secteur privé et coopératif ; induisait aussi une transition délicate pour un système rangé par les contradictions internes. Gorbatchev voulait aussi alléger l'URSS du poids très lourd de son empire et de sa rivalité avec l'ennemi de toujours, les Etats-Unis. Malgré de tels accomplissements, Gorbatchev ne put sauver son pays. Car il avait hérité d'un bateau ébréché de tous bords qui prenait l'eau de partout et qui était voué au naufrage. Il ne pouvait plus rien faire, l'Union était condamnée quoi qu'il fasse à nourrir. Mais, il réussit la démocratisation de la vie politique qui s'est appuyée sur la transparence. Ces réformes ont aussi permis de redéfinir la politique extérieure et de diminuer ses responsabilités mondiales. La perestroïka et la glasnost ont permis à la population d'avoir la libre expression et de pouvoir connaître les exaltions du passé. Il a aussi libéré les milliers de dissidents. Malgré toutes ces reformes engagées par Gorbatchev, l'économie soviétique se dégradait très sensiblement. Les pénuries dans le ravitaillement de la population, les grèves et les troubles sociaux se multiplient de plus en plus en URSS. Tout ceci parce que Gorbatchev a « désorganisé les rouages traditionnels sans les remplacer par des nouveaux.»110(*)Autrement dit, l'économie s'est retrouvé sans plan ni marché, situation intermédiaire et intenable. Les prix ont flambé, et ces inégalités- là, largement plus visibles que les avantages en nature dont jouit la nomenklatura, ont rendu la perestroïka impopulaire. Par ailleurs de nombreux problèmes ne permettront pas à la perestroïka d'obtenir le résultat ou le succès qu'elle espérait. Les causes de son échec sont nombreuses et se situent à plusieurs niveaux. Nous avons les membres du P.C qui étaient divisés en deux groupes les conservateurs et les réformateurs radicaux. Les conservateurs sont les dignitaires de l'armée, de la police, l'administration, du parti et de la nomenklatura qui s'opposaient aux réformes, car ils craignaient la perte de leurs privilèges et des honneurs qu'ils recevaient. Les conservateurs pensaient aussi que les réformes de Gorbatchev étaient une liquidation du communisme. A ceux là s'ajoute les réformateurs radicaux qui voulaient une application rapide des reformes. Cependant Gorbatchev ne voulait pas bouleverser le régime. Mais voulait être fidèle aux principes léninistes. La perestroïka et la glasnost avaient pour but de donner une meilleure image du pouvoir soviétique et de réconcilier le parti et la société d'où les hésitations dans ces prises de décisions. La forte bureaucratie, l'incertitude ou l'incrédibilité d'une partie de la population ou encore l'émergence des nationalités ont tous concouru à des degrés divers à l'échec des réformes de Gorbatchev. Le changement de la politique intérieure et extérieure de l'Union Soviétique, a permis à Gorbatchev de revoir ses rapports avec les pays du monde communiste et de se rapprocher des Occidentaux. En effet, cette nouvelle attitude permettra à partir des années 1989-1991 à l'accession à l'indépendance des pays qui composaient l'URSS et même à la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 sans que Gorbatchev ne puisse intervenir. Ce qui a favorisé l'éclatement du bloc de l'Est et la disparition de l'Union Soviétique définitivement de la planète. La politique extérieure de l'URSS change aussi et le pays se rapproche des pays Occidentaux notamment avec les Etats-Unis leur plus grand rival. Plusieurs rencontres leurs permettent de réduire les armes nucléaires et apporté la paix sur la planète. Elle s'est matérialisée par le désengagement progressif des deux grands dans les conflits dans lesquels ils sont engagés directement ou indirectement. C'est ainsi que l'URSS qui est beaucoup affectée par la crise de son système réduit son aide au tiers monde et aux mouvements communistes dans le monde. Les organisations qui constituent le socle même du bloc communiste le CAEM et le Pacte de Varsovie sont dissouts laissant ainsi l'OTAN, l'organisation occidentale seule sur la scène internationale. Plusieurs pays du bloc de l'Est demandent alors l'intégration dans les structures mondiales et européennes. La clé finale de cette désintégration est la démission de Mikhaïl Gorbatchev le 25 décembre 1991. Les Etats-Unis restent alors les seuls maîtres du monde. Notons que les années 1990 apparaissent comme une période de transition dans les relations internationales. Le bloc communiste disloqué laisse la voie au monde capitaliste. Le monde est donc à la recherche d'un nouvel ordre international. La Russie devient l'héritière de l'ex-URSS. Elle rentre alors dans une période de transition au plan international. Quel rôle jouera la Russie dans les relations internationales? * 110 L. pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?» p.112 |
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