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Gorbatchev et la politique soviétique 1985-1991

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par Kouassi Roger DJANGO
Université de Bouaké - Master I histoire 2010
  

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CHAPITRE II : LES PRINCIPALES REFORMES DE GORBATCHEV

EN 1986

Depuis la déstalinisation engagée par Khrouchtchev de nombreuses reformes ont été tentées. Ces différentes tentatives sont le témoignage que la prise de conscience du problème par les leaders politiques soviétiques est ancienne. C'est ainsi qu'une reforme en profondeur du système économique, politique et social est apparue à Gorbatchev comme inévitable. Il considère lors de son arrivée au pouvoir que l'URSS est à un tournant important de son histoire. Il va donc lancer sa politique de reforme : perestroïka et glasnost.

I-LA POLITIQUE DE PERESTROÏKA

1- Origines et objectifs de la perestroïka

Lorsque Gorbatchev arrivait au pouvoir, l'URSS était un pays qui était très mal en point sur tous les plans, particulièrement économiques et politiques. Les structures du parti commençaient à vieillir ainsi que ses cadres dirigeants encore fidèles à Brejnev et sa politique immobiliste. Il était donc nécessaire de reformer complètement et de le moderniser. Andropov avait déjà compris, en 1982, cette nécessité pour son pays mais n'avait pas eu le temps d'appliquer ses idées. Gorbatchev reprend le flambeau dès 1985. Il est alors conscient que l'URSS ne peut tenir son rôle de grande puissance ni sortir de l'enlisement si les soviétiques persistent à ne pas s'intéresser à l'effort économique indispensable et au sort de la patrie socialiste. C'est pourquoi il lance dans un ouvrage intitulé « perestroïka » ses idées novatrices. C'est le nom donné à l'ensemble des reformes devant concilier à ses yeux, socialisme et démocratie. Ce terme signifie restructuration. « La perestroïka signifie une mutation profonde et engendre d'énormes transformations qualitatives55(*) Il exprime son souhait de rénover les structures de l'Etat soviétique et du P.C devenu une énorme bureaucratie et son intention de réduire les dépenses d'armement qui freinaient la modernisation de l'URSS. Cette restructuration a pour objectif de transformer non seulement l'économie, mais de reconstruire également le système politique, l'idéologie, le travail du parti, en un mot toute la superstructure économique. Il s'agit d'une restructuration globale, multiforme et complexe.

D'abord au niveau politique, Gorbatchev voulait orienter le système politique soviétique vers un système social et libéral. Il n'était donc pas question de s'écarter du socialisme, ni d'affaiblir le système politique dont les fondements restent le monopole du pouvoir et le rôle dirigeant du parti, mais plutôt de renforcer le système en améliorant son fonctionnement. Ce qui lui permettra de rapprocher son pays de l'Ouest et d'apaiser les tensions avec les Etats Unis. « Nous voulons que nos transformations passent à une autre échelle. Et pour que de tels changements puissent s'accomplir, nous avons besoin d'une collaboration avec les pays occidentaux développés. Ce n'est qu'en travaillant avec ces pays que nous pourrons obtenir de vrais changements. »56(*) La perestroïka permettra de libéraliser et de démocratiser le bloc communiste et notamment les relations entre l'URSS et les démocraties populaires.

Ensuite au niveau économique, Gorbatchev voulait reformer les structures économiques et sociales de l'Union Soviétique. Il va donc introduire progressivement une économie de marché contrôlée et donner une plus grande autonomie à l'appareil productif. L'objectif est de réduire les dépenses de l'Etat. Cela signifie un désengagement de l'Etat dans l'économie soviétique et le désarmement de l'extérieur des principaux conflits soutenus par l'URSS dans le monde qui sont trop coûteux pour l'Union Soviétique. Gorbatchev était « persuadé que le ralentissement de la croissance était purement conjoncturel, alors il lança le slogan de l'accélération ; il suffisait de relancer les investissements dans le secteur des biens d'équipements et réceptionner les produits les jetas en masse au rebut, au grand mécontentement des ouvriers qui ne se sentaient pas toujours responsables en raison de la médiocrité des fournitures et du matériel57(*)

Enfin au plan social, il voulait instaurer plus de démocratie et de liberté de ces concitoyens. Cela permettra au communisme d'avoir un visage humain, compatible avec les Droits de l'homme et d'avoir une société civile libre et ouverte. Les objectifs ayant été spécifiés, quels ont été les résultats de cette politique ?

2- Les principaux apports de la perestroïka

La perestroïka a apporté une vigueur au plan politique, économique et social.

D'abord au niveau politique, Gorbatchev engage une réforme institutionnelle en décembre 1988, qui permet l'organisation d'élections pluralistes au congrès des députés en 1989. L'Etat et le Parti sont désormais séparés. En 1990, le congrès entérine la création de plusieurs groupes politiques autre que le P.C. Ainsi la démocratisation se mit en marche et a favorisé le remplacement de l'ancien système politique qui était basé sur la dictature du prolétariat et la dominance d'un parti unique.

A cette réforme institutionnelle s'ajoute, la réforme de l'appareil judiciaire soviétique. En fait, Gorbatchev voulait développer l'Etat de Droit, il a engagé ainsi une profonde réforme judiciaire. Cette réforme permet d'importants progrès comme «  une restriction du champ d'application de la peine de mort et la fin de la pratique de l'exil intérieur58(*)Dans cette réforme figure également la volonté de voir les organisations représentatives autre que le P.C, devenir elles aussi des groupes d'influence. Pour lui ces réformes doivent aboutir à la création d'un véritable Etat de Droit, où « tout est permis sauf ce qui est interdit par la loi59(*)On assiste à une véritable révolution dans le système politique soviétique.

La perestroïka a permis le dégraissage de la hiérarchie bureaucratique. En effet, elle maintient le système ministériel, tout en cherchant une réduction de son pouvoir. Au niveau des ministères de branche, qui se voient supprimer leurs fonctions de contrôle au jour le jour sur les entreprises. La réforme consiste à concentrer l'organigramme et à concentrer les effectifs.

La création de super ministères qui regroupent plusieurs ministères couvrant le même domaine d'activités doit permettre une simplification de la hiérarchie intermédiaire facilitant le contrôle du centre. Ainsi sept super ministères sont crées entre 1985 et 1987 dans plusieurs branches : l'agriculture, la construction, les relations économiques extérieures, la construction mécanique, l'énergie, les complexes chimiques et du bois, le développement social. Cette réduction des effectifs accompagne la réorganisation administrative. Ainsi d'importants redéploiements sur des centaines de milliers de fonctionnaires ont lieu, renforçant ainsi la défiance de la population vis-à-vis des réformes.

Au niveau économique, Gorbatchev prendra des mesures spectaculaires. C'est ainsi que de 1986 à 1988, il pratique de grandes formes. Cette réforme permet une autonomie financière aux entreprises. En effet, les entreprises industrielles fonctionneront sur la base de l'autofinancement et de l'autonomie comptable. Ce qui donne droit l'ouverture du capital de l'entreprise à l'étranger Des sociétés mixtes sont créées et la libéralisation du commerce extérieur se mit en place.

A ce niveau du commerce extérieur, avant l'arrivée au pouvoir de Gorbatchev, plusieurs facteurs ont été officiellement admis pour expliquer le marasme de l'économie soviétique. La politique d'investissement qui était trop appuyée sur l'importation d'équipements étrangers, puis le ralentissement de la croissance, deux éléments qui ont largement contribué à la montée de l'endettement. C'est pourquoi  le volet externe de la perestroïka s'est fixé pour objectif de réduire l'économie administrée mais aussi d'alléger la dépendance face à l'étranger. Corriger les déséquilibres nécessitait une réforme du mécanisme des relations extérieures. C'est ainsi que Gorbatchev à son arrivée au pouvoir remet en cause le système d'allocation administrative des biens de consommations tant celui-ci a décliné et semble même tombé en panne. Il promulguera trois décrets entre août 1986 et janvier 1987 concernant les relations économiques extérieures. Ces décrets permettent de corriger les déséquilibres extérieurs. Il participe au réveil de l'esprit exportateur des entreprises soviétiques, l'encouragement à la compétitivité dans les créneaux d'exportateurs retenus et l'usage plus économique des importations. Cette situation permettra la création d'une économie mixte ou le secteur d'Etat, toujours dominant serait redynamisé par la présence de secteur privé et coopératif.

Dans l'agriculture, la réussite de la perestroïka se joue en partie sur l'amélioration du niveau de vie et de la consommation des ménages. Ainsi le recours aux activités privées et coopératives indépendantes de l'Etat est considéré par Gorbatchev comme compatible avec l'idéologie socialiste. Le volet privé et coopératif des réformes a pour objet de légaliser les activités que l'on peut trouver dans l'économie secondaire, de satisfaire les besoins non couverts dans le domaine de la consommation et des services. De permettre le redéploiement de la structure de l'emploi induit par les réformes industrielles. Gorbatchev a restitué les terres aux paysans. Cette politique permit de rapprocher l'homme de la propriété en louant la terre aux paysans sous forme de contrat de sous-traitance familiale, de contrat de groupe, individuel et de contrat bail.

Cependant, ces grands chantiers ne doivent pas ignorer les fondements majeurs du régime que sont la dictature du prolétariat et la propriété par l'Etat des moyens de productions.

De plus, cette nouvelle libéralisation lancée par Gorbatchev est très soutenue par l'intelligentsia. Cette restructuration nécessite pour réussir et pour rétablir la crédibilité du régime un climat de transparence.

* 55 A, aganbeguian, 1987, La perestroïka : le double défi soviétique, Economica, p.14

* 56 A, Gratchev, 1992, Histoire vraie de la fin de l'URSS, Edition du Rocher, p.48

* 57 J-L, van regemorter, 1998, La Russie et l'ex-URSS au XXème siècle, Armand Colin, p.155

* 58 L. pascal, 1993, Histoire de la perestroïka, Paris, Presse Universitaire de France « Que-sais-je ?»P.15

* 59 M, martin, 1995, La tragédie soviétique : histoire du socialisme en Russie 1917-1991, Edition les Seuil, P. 447

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