4.1.2. Une zone de
peuplement récent et inachevé
L'appréciation des potentialités agricoles de
l'environnement d'étude prend en compte outre les traits physiques, les
conditions humaines. Celles-ci s'énoncent en terme de densité de
population et son inégale répartition. Mais en prélude
à ces précisions, il est de bon ton de revisiter l'histoire du
peuplement de ce no man's land.
4.1.2.1. Un peuplement
récent
- Le peuplement de la zone d'investigation remonte à l'époque
coloniale avec la volonté du colon de décongestionner les massifs
Kabyè pour repeupler le centre Togo. Ce projet datant de la colonisation
allemande connut un coup de froid avec la Grande Guerre et ne repris forme
qu'avec les Français. En effet, c'est en 1924 que la plaine du centre
fut véritablement colonisée avec le gouverneur
Bonnecarrère qui mit en relation les commandants des cercles de
Sokodé et d'Atakpamé pour l a création des premiers
villages (Gayibor N. L. 2005, Tome I Vol. II, page 505). Néanmoins, il
faut préciser que la zone de l'Est-Mono n'a connu une occupation
effective que dans les années 1954 avec la dernière phase de la
« colonisation dirigée » qui fut
baptisée « l'Opération Est-Mono ».
Elle pris fin en 1956 après avoir atteint son objectif qui était
de peupler la boucle Mono-Ogou dans la région d'Elavagnon. Dans ce
cadre, « l'administration fit appel non seulement aux
Kabyè et Losso mais aussi à d'autres ethnies comme les Ana et les
Kpessi » (Gayibor N. L. op. cit. page 507). Autant dire que le
Plateaux Est abrite des populations diverses dont la répartition dans
l'espace et la densité d'occupation du sol ne sont que des avantages
dans l'appréciation des conditions humaines qui favorisent
l'activité agricole.
4.1.2.2. Une zone de
faible densité de population
- L'environnement d'étude couvre une superficie de 6 300 km² et
présente des densités de population de 33 hab./km² contre
environ 73 hab./km² pour l'ensemble de la région10(*). Cette situation laisse
apparaître de grands espaces susceptibles d'accueillir les
activités agricoles. C'est sans doute ce qui explique la forte
prévalence de la population rurale puisque en 1997, la population rurale
était estimée à 813 000 hab. soit 83% de la
population régionale11(*). Cependant ce fort taux de la population rurale cache
d'énormes disparités au niveau de la répartition de la
population. En effet, outre les centres urbains ou semi-urbains
(Atakpamé, Anié, Notsè, Tohoun, Elavagnon ...), les
populations se concentrent essentiellement le long de trois axes
principaux :
- · la nationale n°1 avec les localités de Gléi,
Wahala, Anié, Nyamassila, ....
- · l'axe Tohoun - Tado - Kpékplèmé - Outivou -
Afolé - Igboloudja - Kamina
- · le demi-cercle allant de Morétan à Glitto en passant
par Kpessi, Gbadjahè, Doté, Oké.
- C'est bien évidemment cette inégale répartition qui
dégage des zones vides (Isati, Yanda, Adogbénou) tout autour du
Mono ou de ses affluents.
- Au total, conditions physiques et humaines se réunissent dans la
zone d'étude pour offrir de grandes possibilités agricoles. Ce
n'est donc pas un hasard lorsque nous inscrivons notre analyse sur les zones
rurales qui sont des bassins de productions qui malheureusement sont
plongées dans une fermeture par rapport aux grands réseaux de
distribution à l'échelle nationale. Quelle méthodologie
pour étudier ce phénomène ?
* 10 Ces chiffres sont issus de
nos calculs sur la base des données estimatives de la Direction de la
Comptabilité Générale et des Statistiques Nationales
(2005), Lomé.
* 11 Selon la même
source, en 1997, la région des Plateaux comptait 977 500 hab. dont
164 500 urbains et 813 000 ruraux.
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