Le paysage est lui-même
défini comme le « lieu soumis au regard » par Veyret
Y. et Lemaître A. (1996). De cette définition, se dégage
une ambiguïté qui prend forme lorsque nous considérons qu'il
y aurait autant de paysages que de regards puisqu'il ne devient qu'une
perception, mieux une représentation intellectuelle personnelle. C'est
probablement pour lever cette ambiguïté que l'on s'attelle à
lui rattacher des épithètes. On comprend alors la profusion des
termes comme paysage naturel, proto-paysage, paysage agraire, ... Ce dernier
concept qui nous intéresse dans le cadre de notre étude
apparaît beaucoup plus comme une création humaine. Il s'agit en
fait du résultat concret de l'aménagement de l'espace rural par
un peuple. Son analyse prend en compte le type d'habitat, le parcellaire, le
réseau de chemins, les sols, bref, c'est la photographie d'un terroir
à une époque précise. Il est souvent tributaire des
structures agraires qui y règnent.
6-
Structures agraires
Ce concept désigne la
traduction dans les faits de la relation homme/milieu. Les structures agraires
prennent en compte les formes de propriété du sol, les formes
de son utilisation et les modes de faire-valoir qui y règnent. Comme
tel, elles sont le cadre juridique, l'ossature dans laquelle évolue
l'agriculture sur le terroir considéré. Elles sont
généralement stables et durent longtemps à moins qu'une
réforme ne vienne les rompre. Kola E. (2005) citant Lebeau R. (1979)
avance : « Ces trois éléments :
Système de culture, morphologie agraire, habitat sont l'expression d'une
forme d'occupation du sol, d'une certaine conception de l'organisation du
finage. On donne le nom de structure agraire à cet ensemble de liens
durables et profonds entre l'homme et son sol, que traduisent les paysages
ruraux. C'est une notion plus large que celles purement descriptives de
l'habitat rural et de morphologie agraire, une notion essentiellement
explicative. Les facteurs agronomiques, démographiques, sociologiques et
économiques conduisent à la mise en place des structures
agraires » page 49. Il ne subsiste alors aucun doute sur le sens que
nous leur donnons dans nos travaux même si elles peuvent aussi
dépendre du niveau d'enclavement de la zone d'étude. Qu'est-ce
que l'enclavement ?
7- Enclavement
Dérivé du concept enclave, ce mot trouve son
origine dans le terme latin clavis qui exprime l'idée initiale
de clef, de verrou ou de barre de fermeture (Debrié J et Steck B. 2001).
Le dictionnaire Larousse avance qu'on dit d'un espace
« enfermé, enclos dans un autre », qu'il
est enclavé. Stricto sensu donc, seuls le Vatican, Lesotho et
San Marin sont des pays enclavés au monde. Mais, dans la langue
française contemporaine, on utilise le mot enclavé dans son sens
anglo-saxon : landlocked, « enfermé à
l'intérieur des terres » puisque d'après le
dictionnaire Harcourt (www.harcourt.com), en géographie, il se
défini comme : « a land region, having no access to a
waterway ». C'est donc l'absence d'accès à la mer
qui devient le critère de définition de l'enclavement. C'est du
moins le sens que lui donnent les spécialistes de la
géopolitique. Pour les économistes et les géographes,
« l'isolement dans lequel se trouve une aire plus ou moins
étendue, souvent dans un milieu montagneux ou désertique, du fait
de l'absence, ou de l'insuffisance des moyens de communication »
est l'enclavement, Raballand G. et Zins M. (2003). Mais l'impact
économique de l'enclavement étant difficile à
évaluer, certains géographes et économistes
préfèrent parler des enclavements en y ajoutant une nouvelle
notion, celle de centralité. Il existerait donc d'après ces
derniers, des zones enclavées mais centrales c'est-à-dire
incontournables dans les échanges dans une région comme la Suisse
en Europe, alors que d'autres sont considérées comme
défavorisées.
Néanmoins, en dépit de la
relativité du concept, nous retiendrons dans le cadre de cette
étude que l'enclavement est l'absence, l'insuffisance ou la
praticabilité saisonnière des voies de communication et des
réseaux de télécommunication dans une zone donnée.
Par ailleurs, dans la considération du problème à une
échelle régionale ou nationale, nous nous rendrons compte que
l'enclavement rend compte des certaines inégalités dans la mise
en place des infrastructures de développement. Que sous-tendent ces
disparités régionales ?
8- Disparités
régionales
Concept se rattachant à l'aménagement du
territoire, les inégalités régionales sont des
inégalités qui se manifestent dans des échelles d'espace
équivalentes par l'appréciation des valeurs économiques et
sociales. Elles expriment le déséquilibre dans la
répartition au sein de l'espace national des richesses, des
équipements, des revenus, des niveaux socioculturels, ....
(Aloko-N'guessan J. Cours DEA 2006). A travers ces mots, une nette
appréciation peut se faire entre les comportements
démographiques, le niveau de scolarisation, le revenu de certains
milieux. De nos jours, il est plus facile de comparer les disparités de
développement entre les régions côtières plus riches
et celles intérieures enclavées et plus pauvres.
Néanmoins, dans le cadre de notre étude, les espaces
sous-régionaux ouest et est de la région des Plateaux vont
constitués des éléments d'analyse et de comparaison
surtout lorsqu'il s'agira de la mise en place des infrastructures de
communication et de télécommunication. C'est sans doute dans
l'optique de résoudre ce problème d'injustice que peut s'amorcer
tout processus de désenclavement.
9-
Désenclavement
C'est une conception de l'organisation de l'espace qui se
rapporte à tous les efforts susceptibles d'apporter plus d'ouverture sur
une zone donnée antérieurement enclavée. Il suppose la
transparence spatiale qui caractérise les espaces ouverts, bien
organisés en lignes et noeuds hiérarchisés et fonctionnels
traversés par des flux. Lorsque l'on considère que les
régions enclavées sont en marge de tout réseau
fonctionnel, on comprend bien que le désenclavement vient régler
le problème de leur accessibilité et du coup constitue un moteur
pour leur développement. Voilà à quoi sera lié
l'emploi de ce vocable tout au long de cette étude qui dans la plupart
des cas se fera en lien étroit avec le binôme
enclavement/désenclavement.
La mise à nu d'un certain nombre de concepts relatifs
à notre sujet nous autorise dès à présent à
analyser les différentes approches méthodologiques des uns et des
autres sur la question de l'enclavement et le développement des zones
rurales.
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