Le rôle du périmètre maraà®cher de Keur Saà¯b Ndoye dans l'approvisionnement du marché central de Thiès en produits maraà®chers (légumes)( Télécharger le fichier original )par Théophile Marc NDIONE Université Chéikh Anta Diop de Dakar - Maitrise en géographie 2009 |
CHAPITRE III : L'écoulement des produits : des exploitations au marchécentral de ThièsA leur production, les légumes suivent un trajet de l'exploitation aux mains des consommateurs en passant par différentes étapes. L'étude de ce trajet permettra d'évaluer le dynamisme de la filière d'écoulement des produits maraichers à keur saïb. Au terme de ceci ressortira les acteurs de la commercialisation, les circuits de commercialisation ainsi que la destination de la production. 1- Les acteurs autour de la commercialisation C'est dans cette phase de commercialisation que les rapports citadins - ruraux s'établissent régulièrement. Car le commerce amplifie les liaisons entre le producteur de KSN et le commerçant ou consommateur de la ville de Thiès. Les produits passent par un circuit d'intermédiaire pour atteindre le citadin consommateur. La vente de ces produits ne répond pas à une structuration préétablie. Elle est monopolisée par les coxeurs et les bana-banas très rusés mais incontournables dans la chaine d'écoulement. Plusieurs catégories d'acteurs sont impliquées dans la filière de commercialisation des produits maraichers. Les producteurs constituent le premier maillon de la chaine. La plupart d'entre eux rencontrent d'énormes difficultés liées au stockage des produits récoltés (parce que périssable), ce qui fait qu'ils sont obligés de les écouler très vite. Ces producteurs travaillent généralement avec deux types de partenaires pour la commercialisation, il s'agit des coxeurs et des bana-banas. Mais parfois ils traitent directement avec les consommateurs qui viennent vers eux. Les coxeurs sont des intermédiaires entre les producteurs et bana-banas qui occupent une position centrale dans la filière de commercialisation. Ils interviennent dans la régulation au sein du marché car ils acceptent les produits quelle que soit la situation sur le marché. Leur rôle consiste à trouver des clients bana-banas pour les producteurs ou à acheter eux la marchandise aux mains des producteurs pour la revendre. Ces coxeurs sont souvent au niveau du marché central (Thiès) et leur intervention diminue parfois fortement le prix de vente des producteurs. Ils vendent comptant ou à crédit selon l'état du marché et interviennent dans la fixation des prix. Les bana-banas assurent la vente des
produits en gros (pour les petits revendeurs) ou en serait de travailler en étroite collaboration et sans intermédiaire. Mais le constat montre que les coxeurs occupent une place presque incontournable dans la filière de commercialisation. Ces acteurs autour de la commercialisation sont issus pour la plupart de keur saïb pour les producteurs et du marché central de Thiès pour les coxeurs et les bana-banas. Cependant certaines femmes de la localité se transforment occasionnellement en revendeuses de détails et amènent les récoltes de leurs maris ou fils au marché central de Thiès pour les écouler. 2- Les circuits de commercialisations Schéma 1 : Ecoulement des produits de l'exploitation aux consommateurs Bana-banas Détaillants Consommateurs Consommateurs Producteurs Coxeurs (au Bana-banas Détaillants Une fois récoltés les produits sont vendus tout de suite et ceci dans toute la zone d'étude. Cette vente se fait dans les exploitations elles mêmes ou dans les marchés (central de Thiès, de Thiaroye). L'essentiel des bana-banas se trouve au marché central. Ainsi le marché central constitue le lieu d'approvisionnement privilégié des autres marchés. 60 Les produits empruntent plusieurs circuits d'écoulement de l'exploitation aux consommateurs, parmi ces chaines les plus connus sont les suivantes (cf. schema No 1): > La première chaine part de l'exploitation vers les marchés (central de Thiès) une fois sur place ces produits sont confiés à des coxeurs qui les vendent à des bana-banas et ces derniers à des détaillants avant qu'ils n'atteignent le consommateur. > La seconde chaine va toujours de l'exploitation vers les coxeurs des marchés qui vendent aux bana-banas qui ravitaillent directement les consommateurs. > La troisième chaine, les bana-banas se ravitaillent dans les exploitations pour revendre aux détaillants qui approvisionnement les consommateurs. > La quatrième chaine est la plus courte car les consommateurs se ravitaillent directement auprès des producteurs. Cependant cette chaine est peu développée comparer aux autres. D'une manière générale, deux grands circuits de commercialisations sont identifiés en fonction des produits et de la quantité produite. Il s'agit des circuits courts et des circuits longs. Pour les premiers qui sont les plus souvent utilisés, il s'agit de la vente directe ou à un intermédiaire. Ces circuits englobent la troisième et quatrième chaine décrites ci-dessus et concernent le plus souvent les produits tels que la salade, le persil, la menthe (denrées périssables supportant moins le transport). Ainsi ces légumes feuilles utilisent les filières courtes avec pas ou peu d'intermédiaires. Les autres spéculations à savoir les légumes fruits utilisent aussi ces circuits lorsque les récoltes ne sont pas très grandes. Pour les circuits longs, ils sont le plus souvent utilisés pour des spéculations comme le piment, les aubergines car ils se conservent mieux et supportent plus les longs trajets. Ces circuits englobent la première et seconde chaine décrite précédemment. Trois ou quatre intermédiaires interviennent le plus souvent dans la distribution : producteur, coxeurs, banabanas, détaillant. En période de surproduction les bana-banas attendent que les maraîchers viennent les trouver alors qu'en période de faible production les bana-banas se déplacent vers les champs pour continuer leur activité. C'est l'occasion pour eux de nouer des relations avec les maraîchers. Le même phénomène est observé pour le piment en période de surproduction entre les coxeurs et les bana-banas : les coxeurs se déplacent vers les bana-banas pour vendre la marchandise qui leur est confiée et qu'ils ne peuvent pas refuser. En période de pénurie les bana-banas doivent se déplacer et trouver les coxeurs car la demande étant supérieure à l'offre. C'est à partir du marché central de Thiès que viennent s'approvisionner les autres commerçants des autres marché de la ville de Thiès. Cependant il est difficile d'avoir les chiffres exacts en termes de quantité de légumes qui arrivent dans le marché en provenance de KSN. Ceci est lié au fait que les légumes débarquent de manière désordonnée et que chaque producteur s'occupe d'écouler ses propres récoltes ou les confient aux coxeurs. Mais selon les témoignages recueillis auprès de certains bana-banas et coxeurs, 90 à 95% des légumes produits à KSN arrivent au marché central de Thiès. Ceci permet d'affirmer que KSN constitue le principal point de ravitaillement de légume de la ville Thiès, mais aussi que cette dernière joue un rôle principal dans le développement du maraichage à keur saïb. Les commerçants de Thiaroye sont ravitaillés par les producteurs de KSN en période de surproduction. Mais la part des légumes qui débarque à Thiaroye en provenance de KSN est presque insignifiante, car ce marché dispose d'une zone d'approvisionnement beaucoup plus proche : les Niayes de pikine. 3- La destination de la production Dans la zone de keur saïb la production n'est pas autoconsommée, elle est destinée entièrement à la commercialisation. Méme s'il est vrai qu'au cours des enquêtes qu'une infime part est prélevée par le propriétaire ou le locataire avant la vente pour les besoins domestiques. En effet, il arrive que des femmes viennent chercher certains légumes dans le champ de leur mari pour le repas du jour ou en emportent avec elles après la cueillette, puisque c'est dans cette activité de la production qu'on les retrouve. Toutefois cette partie de la récolte consommée est insignifiante comparée à celle vendue sur place ou au niveau du marché central. Cette commercialisation de la production totale peut s'expliquer par l'exploitation de petits périmètres maraichers dans la zone. Cependant elle a permis de voir le double caractère de la production maraichère : satisfaction des besoins domestiques et accumulation de revenus financiers après la vente. Sur la destination de la récolte des légumes feuilles, tous les maraichers interrogés affirment traiter avec des bana-banas venant du marché central de Thiès. En effet ces bana-banas viennent directement dans les champs acheter la salade, le persil ou la menthe qu'ils acheminent au marché central où ils seront redistribués à l'intérieur du marché et vers les autres marché de la ville (le marché central principal marché de la ville de Thiès joue un rôle Légumes fruits seulement en cas de surproduction Marché de Thiaroye Marché central de Thiès Keur Saïb Ndoye Légumes feuilles et 62 de distributeur pour les marché secondaire de la ville). Ces trois spéculations plus le bissap ne sont vendues que dans les exploitations et par planche du fait de leurs difficultés de conservation. Les maraichers préfèrent laisser les bana-banas ou les consommateurs venir les cherchés. Pour le piment cultivé par 47,69 % des maraichers et l'aubergine douce 32,3 %, ces maraichers affirment qu'ils transportent eux-mémes les produits jusqu'au marché de Thiès ou au marché de Thiaroye (lorsque la production est très importante) ; où ils sont vendus ou confiés à des coxeurs. Par contre lorsque les récoltes sont faibles les maraichers préfèrent attendre les bana-banas dans les champs, car selon eux il n'est pas rentable d'aller jusqu'àThiaroye ou au marché Thiessois pour vendre juste quelques kilogrammes. D'après toujours les résultats des enquêtes, 67,69 % maraichers cultivent la salade, 55,38 le persil, 36,9 % la menthe (ces producteurs ne produisent pas uniquement une seule spéculation et 3 à 5 spéculations peuvent se retrouver dans une même exploitation). Sachant que prés de 98 % de cette production est acheminée par les producteurs ou les bana-banas en direction du marché central de Thiès ; on peut affirmer que la majeure partie des légumes cultivés à keur saïb sont écoulés dans ce marché. Ce qui confirme la seconde hypothèse d'étude qui disait que : La majeure partie des légumes cultivés à keur saïb ndoye sont écoulés vers le marché central de Thiès. Schéma No 2 : Destination des récoltes selon les spéculations 63 En effet seul le piment (cultivé par 47 % des maraichers) et les aubergines sont parfois écoulés vers d'autres marché plus précisément Thiaroye et ceci ne se fait qu'en période de surproduction (voire schéma No 2). Cependant ces flux de légumes vers Thiaroye sont très faibles voire insignifiants. La majeure partie des légumes feuilles vendus au marché central de Thiès proviennent de la zone d'étude. Le méme constat a été fait par MOUSTIER26 dans différentes villes du Sud : « La part de jardins situés dans la ville et dans la périphérie proche représente 80 % de l'approvisionnement en légumes feuilles pour Brazzaville, 100 % pour Bangui ; 90 % pour Bissau et Antananarivo ». Il n'existe pas de flux de légumes feuilles vers Dakar car elle à ses propres lieux de production péri-urbaines en plus de sa proximité avec les Niayes. Cependant selon certains maraichers des commerçants viendraient de Louga et de Touba pour se ravitailler, car la culture des produits maraichers n'étant pas très développés dans ces centres urbains. En somme la commercialisation des légumes est assurée par une multitude, d'acteurs qui font passer les récoltes par différents circuits. Ces derniers peuvent être courts (légumes feuilles) ou longs (légumes fruits). Les légumes feuilles sont pris dans les exploitations par les banabanas puis vendus dans leur quasi totalité au marché central de Thiès. Cette vente procure des revenus aux producteurs et vu la diversité des acteurs, des circuits de commercialisation, il serait intéressant d'analyser les revenus tirés du maraichage. 4- Les problèmes liés à l'écoulement de la production Les problèmes liés à l'écoulement des produits sont nombreux mais les plus saillants sont ceux en rapport avec le transport et le manque de moyens de conservation. Les difficultés liées au transport concernent surtout les filières longues pour les produits comme le piment, les aubergines. Le transport de ces produits vers des villes comme Dakar ou Touba pose d'énormes problèmes quand on sait que les maraichers ne disposent pas souvent de moyens financiers nécessaires au transport des récoltes vers ces sites éloignés. Même si la vente s'effectue à des prix souvent favorables. Ces maraichers sont donc obligés d'avoir recours aux taxis clandos qui desservent keur saïb jusqu'à la gare routière de Thiès avant de prendre un autre véhicule en partance pour d'autres villes. 26 MOUSTIER, P., (1999), Complémentarité entre agriculture urbaine et agriculture rurale, http://www.idrc.ca, site du CRDI 64 A coté de ces problèmes liés au transport se pose la question de la conservation des produits une fois récoltés. Dans toute la zone de keur saïb il n'existe aucun hangar aménagé pour conserver les récoltes juste pour quelques jours. C'est ce qui explique qu'en cas de mévente ou de surplus de production, les maraichers n'ont d'autre alternative que de bazarder leurs récoltes. En effet faute de moyens de stockage, ils sont souvent obligés de se plier aux exigences aléatoires du marché et des bana-banas intéressés par le profit. La mise en place d'un local de conservation s'impose donc d'autant plus des rumeurs faisant état de difficultés de conservation du persil arrosé à l'eau épurée de la STEP commence à s'élever, mais ils restent à vérifier. En somme, l'écoulement des produits passent par plusieurs acteurs et filières de l'exploitation aux consommateurs. Les légumes cultivés à keur saïb sont destinés pour leur grande majorité à approvisionner le marché central de Thiès en dépit du fait que certaines spéculations continuent jusqu'à Dakar. L'écoulement de ces produits est cependant confronté à certains problèmes, néanmoins les producteurs en tirent des revenus plus ou moins considérables. CHAPITRE IV : Les aspects financiers, sociaux et l'avenir du maraichage a Keur Saïb Ndoye L'agriculture maraichère pratiquée à la périphérie des villes bien que discrètement représentée vis-à-vis de l'ensemble des activités des secteurs secondaires et tertiaires, joue un rôle important dans l'économie péri-urbaine. Elle constitue pour ces acteurs un secteur d'emploi et de revenu. 1- Les revenus tirés des différentes spéculations Les prix des spéculations ne sont pas fixes. Les variations des prix des spéculations ou fluctuations saisonnières dépendent de plusieurs facteurs parmi lesquels la production. Si les maraichers produisent les mêmes cultures durant la même période, il est évident que ces derniers seront disponible en grande quantité sur le marché donc seront vendus à bas prix. Ce qui réduit considérablement les revenus des maraichers durant cette période. Alors que s'ils diversifient ou alternent les cultures de sorte que ces dernières ne se retrouvent pas en même temps sur le marché, celle-ci seront limitées et vendues à bon prix, donc plus de revenus pour les producteurs. Ainsi mis a part les facteurs de productions, une moyenne des bons et bas pris de chaque spéculation a été calculée afin d'avoir une idée beaucoup plus précise sur les revenus des maraichers. On remarque sur ce tableau que les revenus tirés des spéculations ne sont pas les mêmes selon qu'on soit en période de bas ou bon prix. Les spéculations sont hiérarchisées dans ce tableau par ordre de rentabilité. En effet les revenus provenant des spéculations comme la salade, le persil, le piment, la menthe sont beaucoup plus élevés que les autres. En d'autres termes, ces spéculations sont beaucoup plus rentables. Ceci s'explique par l'importance des superficies qu'elles occupent (2 ou 3 d'entre elles sont citées par les maraichers comme faisant partie des principales spéculations cultivées), et d'autre part par leur prix de vente. Ce prix peut atteindre 1500 à 2000f Cfa/kg pour le piment, 3000f Cfa/planche pour la salade, le persil, la menthe et 250 à 350f Cfa/kg pour les aubergines. Toutes les autres spéculations restantes sont marquées par la part faible qu'elles occupent dans les superficies et par des prix de vente variant entre 125 et 500f Cfa/kg. Donc ces dernières sont beaucoup moins rentables. 66 Tableau No 6 : Moyenne des prix des différentes spéculations en FCFA
Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010 N.B : Le bissap n'est pas noté ici car connaissant une variation des prix selon les maraichers Dans ces petites exploitations de KSN, ce n'est pas l'aspect technique qui est primordial, mais plutôt le bénéfice social à tirer du lopin de terre. Certains maraichers rencontrés disent avoir opté pour le maraichage comme activité primaire à cause des gains qu'elle procure, méme dans l'absence totale de mécanisation ou d'organisation de la filière. Quelle que soit l'importance de l'offre, le maraichage procure annuellement des revenus monétaires relativement confortables. 2- Les apports financiers du maraichage 2-1 : Les revenus mensuels des maraichers Il est très difficile de connaitre les revenus mensuels exacts tirés du maraichage, ceci du fait que le secteur baigne dans l'informel total. Et aussi comme cela a été dit un peu plus en haut, les maraichers étaient très réticents quand il s'agissait de répondre aux questions relatives aux aspects financiers. Mais également du fait que les maraichers estiment leurs revenus en termes de campagne : campagne piment, campagne salade etc..... C'est pour cela que les données financières obtenues ici sont tirées auprès de certains producteurs après estimation des recettes par campagne et comparaison avec les données tirées d'autres sources. Le graphique suivant décrit les revenus mensuels des producteurs après déduction des charges. Figure No 12 : la répartition des revenus mensuels des maraichers Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010 Ce tableau montre d'une manière générale que les revenus mensuels tirés du maraichage varient de moins de 100000f Cfa à 200000f Cfa. En effet la majorité des maraichers enquêtés précisément 55,4 % affirment que les sommes qu'ils tirent de cette activité s'élève à moins de 100000f Cfa/mois. Ils sont suivis par ceux qui ont un revenu variant de 100000 à 150000f Cfa, ces derniers constituent 13,8 % de l'échantillon. Une faible part des maraichers dépasse cependant la barre des 150000f Cfa/mois, seule 3,1 % des maraichers. Ces derniers sont pour la plupart ceux disposant de grande surface utilisant l'eau de la STEP ou ayant une motopompe. Ces résultats peuvent cependant varier du fait de l'importance des non réponses, 27,7 % des maraichers n'ont pas souhaités répondre à cette question alors que leur réponse aurait certainement une incidence sur le résultat global. 2-2 : La rentabilité du maraichage Dans la zone de keur saïb, le maraichage constitue la principale source de revenu du 2/3 des maraichers enquêtés. Cette activité comme toute autre activité est susceptible de fournir des revenus et les personnes (maraichers) qui s'y adonnent aspirent à tirer profit de ce travail de longue haleine. Se référant aux résultats obtenus lors des enquêtes 64,6 des producteurs maraichers jugent l'activité rentable. Car selon eux, méme s'il est vrai que le maraichage 68 constitue une activité pénible, il n'en demeure pas moins qu'elle soit rentable. Ils ajoutent qu'après vente des récoltes et déduction des frais (semences, fertilisant, salaire des employés etc....), ils leur restent de l'argent pour subvenir à leurs besoins personnels. A cotés de ces maraichers certains (13,8 %) soutiennent que le maraichage n'est du tout rentable, ils le pratique faute de trouver un autre travail et d'autres (21,5 %) également qui n'ont pas souhaités répondre à cette question comme nous le montre graphique suivant. Figure No 13 : La rentabilité du maraichage Sources : Données d'enquêtes T.M. NDIONE, 2010 3- Les apports du maraichage dans la zone Le maraichage constitue la principale activité pratiquée à KSN sur laquelle la plupart de la population tire leurs revenus. Qu'ils soient producteurs, employés, bana-banas etc.... ces acteurs essaient de tirer profit de cette activité. Ces profits sont analysés ici pour les producteurs en termes d'amélioration de leur situation économique et sociale avec la pratique du maraichage, ainsi que des réalisations faite grâce aux revenus générés par celui-ci. 3-1 : L'amélioration de la situation économique et sociale des maraichers Cette partie de l'enquête aussi n'a pas été
facile car certaines réponses étaient vagues. En
effet yalla27 ». Et vu la conception sénégalaise de ce terme on a jugé prudent de le classer dans la catégorie des non réponses et ces derniers représentent 24,6% des réponses comme l'indique le tableau suivant. Néanmoins 66,2 % des maraichers interrogés affirment avoir constatés une amélioration de leur condition de vie avec la pratique du maraichage. Cependant 9,2 % d'entres eux disent ne pas constater une amélioration. Tableau No 111[ 11;P SDct11dX11P DLDIWDTe11IXL11l'Dmélioration de la situation économique et sociale des maraichers
Ces résultats confirment donc notre affirmation vu que la majeure partie des maraichers (65,8 %) habite keur saïb et que plus de la moitié sont d'avis que la pratique du maraichage améliore leurs conditions de vie. En effet Pour la plupart d'entre eux c'est grace au maraichage qu'ils entretiennent leur famille, arrivent à subvenir à leurs besoins et économisent de l'argent pour invertir dans d'autre secteurs. A la lumière de ces résultats la troisième hypothèse d'étude qui disait que : les revenus générés grâce à cette activité contribuent à l'amélioration des conditions de vie des populations locales, est vérifiée. 3-2 : Les réalisations faites grâce aux revenus tirés du maraichage La première vocation du maraichage péri-urbain vise moins l'autoconsommation que le ravitaillement des marchés urbains. Les revenus maraichers jouent un rôle déterminant dans l'équilibre économique de l'unité de production. Ils permettent la couverture des besoins de consommation courants (besoins alimentaires, habillement, dépenses de santé et d'éducation etc....) mais également le financement du capital de production et l'investissement dans d'autres secteurs d'activités. Ici à keur saïb, les réponses qui revenaient le plus souvent pour les maraichers de plus de 40 ans étaient la prise en charge de la famille, la construction de chambre en dur, l'élevage de bovin et d'ovin etc.... Pour les jeunes de moins de 30 ans le 27 Terme ouolof signifiant littéralement nous rendons grâce à Dieu 70 maraichage constitue un tremplin pour économiser de l'argent pour investir dans le commerce en ville, pour payer les frais relatifs à l'obtention d'un permis de conduire, investir dans l'aviculture. A cet effet l'aviculture connait ces dernières années un développement important dans la zone. Tandis que d'autre jeune affirment leur volonté d'acheter un taxi clando ou d'émigrer en Europe s'ils économisent assez d'argent. Donc pour la plupart de ces jeunes qui s'activent dans le maraichage cette activité n'est qu'un passage avant une probable reconversion vers d'autres secteurs d'activités. 4- Fonctions et avenir du maraichage à keur saïb Dans cette partie l'intérêt est porté sur l'étude du rôle ou l'importance des activités maraichères dans la zone mais aussi l'avenir du maraichage face à l'avancé du front urbain. 4-1 : Les fonctions du maraichage à keur saïb Ces fonctions sont nombreuses mais retenons celles économiques et social ainsi qu'a celles alimentaires. Comme tantôt signalé la majeur partie des maraichers interrogés habitent le quartier et que pour 83,1 % d'entre eux cette activité constitue la principale, voir l'unique source de revenu par conséquent son caractère économique apparait a ce niveau. Ces maraichers n'ont pas ou peu d'autres opportunités d'emploi et de revenu. Ces revenus qu'ils tirent du maraichage dont la moyenne mensuelle tourne autour de 100000f Cfa servent à satisfaire les besoins fondamentaux des populations locales qui s'activent autour du maraichage. A cela s'ajoute le fait que certains exploitants emploient des surgas venant soit de keur saïb ou des villages environnants qui trouvent dans cette activité une source de revenu pendant la saison sèche. Avec comme objectif final la constitution d'un petit capital pour démarrer une activité dans le commerce ou dans le transport. Le maraichage fait également intervenir un nombre important d'intermédiaire (bana-banas, détaillants) habitant la zone. Il offre ainsi aux femmes et jeunes non scolarisés du quartier une opportunité d'emploi, jouant par la même occasion une fonction sociale. A coté de ces fonctions, y'a aussi une fonction alimentaire. Car qu'elle soit destiné à l'autoconsommation ou à l'approvisionnement de la ville, la destination finale des produits c'est leur consommation dans les ménages. Ces producteurs maraichers jouent un rôle important dans l'approvisionnement en légumes feuilles de Thiès. Ceci s'explique en partie par la proximité du site qui fait qu'il est très facile pour les producteurs d'aller en ville écouler leurs récoltes ou pour les bana-banas d'accéder aux exploitations pour se ravitailler. Cependant cette fonction d'approvisionnement est fortement concurrencée par la zone des Niayes, c'est pour cela que les maraichers de keur saïb se sont spécialisés dans les produits qui ont un avantage comparatif par rapport à ceux de la zone des Niayes. 4-2 : L'avenir du maraichage face à l'avancée de la yille de Thiès L'épuisement des réserves foncières de la ville de Thiès fait que celle-ci se tourne de plus en plus vers les zones péri-urbaines pour répondre aux besoins en demandes de parcelles à usage d'habitations. Dans ces conditions les maraichers de keur saïb sont sous la menace d'une expropriation car étant plus proche de la ville. Mais malgré cela 61,5 % des maraichers interrogés disent ne pas se sentir menacer par l'expansion urbaine. Ils avancent comme argument : pour ceux qui sont dans le site du barrage que la zone est inhabitable car inondable, elle constitue le point de chute des eaux de ruissellements. Tandis que ceux qui sont dans les carrières (camb yi 1 et 2), évoquent la profondeur des cuvettes qui constituerait un frein pour toute tentative de construction d'habitations. Dans ces conditions ces maraichers on une certaine sécurité foncière. Mais selon certaines autorités, si l'extension de la ville continue vers l'Est, le comité de gestion des terres, rattaché à la mairie peut décider de lotir ces espaces maraichers et construire des routes pour y accéder. D'autres avaient méme préconisé de remblayer les cuvettes, mais cette solution demande un financement. Le bitumage de la route Thiès - Fandène qui passe par keur saïb pourrait accélérer les constructions dans la zone, car les populations trouveraient des terrains moins chers avec un accès facile à la ville. C'est ce qu'a peut être sentis 38,5 % des maraichers qui affirment avoir des soucis quant à la pérennité de leur activité face à l'avancée du front urbain. Selon eux l'augmentation du rythme de construction des maisons, des petites fermes avicoles, d'auberges etc..... ne présage pas de lendemains meilleurs pour leur activité. En conclusion, la plupart des maraichers se sont adaptés aux contraintes de l'urbanisation de la ville en exploitant des zones plus difficilement constructible (carrières, bas-fond). Tandis que d'autres comptent sur la plantation d'arbres fruitiers pour espérer au moins avoir un dédommagement considérable en cas d'expropriation. Pour l'instant donc, le maraichage à de beaux jours devant lui à keur saïb malgré la pression foncière de plus en plus forte. D'ailleurs prés de 80 % des maraichers considèrent cette proximité de la ville comme un réel avantage, car elle constitue un débouché pour écouler les récoltes, une possibilité facile de ravitaillement en intrants dans les magasins en ville, mais aussi possibilité d'aller en ville pour se renseigner sur les tendances et les prix sur le marché. 72 |
|