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Apports de la géomatique à  la dynamique de l'occupation du sol de la région de Dakar: exemple de la commune d'arrondissement de Hann Bel Air

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par Ibrahima Baldé
Université Cheikh Anta Diop de Dakat - Master 2011
  

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II. L'ETAT DE L'ART

II.1. Analyse bibliographique

Il s'agit ici de faire un état de lieux de manière théorique en se basant sur un certain nombre de travaux relatifs à notre thématique. En effet, l'OS a suscité l'intérêt de multiplier les études surtout dans les villes africaines pour apporter une réponse adéquate aux problèmes vécus dans ces zones.

De nombreux documents ont été consultés dans les centres de documentations, établissements universitaires, administrations publiques, privées, etc., qui traitent des questions de l'environnement de la ville, du phénomène urbain, de la gestion des ressources naturelles, etc., que nous voulons mettre en évidence. Mais vu leur nombre très élevé, nous avons jugé de sélectionner, ceux qui nous semblent être les plus pertinents.

Ainsi Benkrid, 2008. Etude de l'évolution spatio-temporelle de l'occupation du sol dans la plaine du bas Chéliff (Algérie), Mémoire Master BGAE, souligne l'intérêt de s'interroger sur la question de l'OS (p.3) et apporte un aperçu sur l'historique de l'étude et la cartographie de l'OS. Pour cet auteur, cette étude très importante dans la compréhension de la dynamique socio-économique et son impact sur le milieu naturel, mais aussi de la confrontation entre le milieu naturel et activité humaine. Il conclut que les changements d'occupation et d'utilisation du sol sont des facteurs clés du développement durable.

Mais il faut noter que les changements d'OS sont caractérisés par une urbanisation galopante.

Philipe et Geneviève Pinchemel par exemple à travers leur ouvrage : « Face de la terre », 1992 renseignent sur le contexte africain de l'urbanisation. Pour eux la croissance urbaine a surtout touché les Etats en voie de développement entre 1950 et 1980, leurs populations urbaines ont augmenté de 697 millions d'habitants (de 275 à 972), avec des taux de croissance urbaine de l'ordre de 7 à 8 % par an, soit un doublement en moins de onze ans. Ces auteurs nous amènent à comprendre les origines de la croissance accélérée des territoires urbanisés et les conséquences qui en découlent.

Niang (1995), Diop (2006), Sneih (2006), Sène (2008) ont abordé dans le même sens que Pinchemel en illustrant leurs propos sur les zones côtières. Pour elles les zones côtières sont les plus dynamiques. C'est autant toutes les conséquences de l'héritage de la politique coloniale qui procédait d'une logique basée sur la rentabilité de la colonie.

D'ailleurs, au Sénégal, de nombreuses études ont été menées dans ce sens comme celles de Dubresson (1979), Sakho (1985), Ba (2004), le SRDS (2005 et 2008), Faye (2010). Pour Dubresson, Dakar est devenue une nouvelle centralité grâce à son statut de capitale de l'AOF, à la multiplication des blocs administratifs, au développement de ses infrastructures, lui permettant ainsi de supplanter Rufisque dont le poids est jusque là incontestable.

Cette position de Dubresson a été illustrée par le SRDS dans son rapport sur « la situation socio- économique de la région de Dakar >> de 2005 qui a été finalisée en 2008. Ce rapport indique la suprématie de la région de Dakar et sa forte attractivité par rapport au reste du pays.

Ce contraste territorial a été longtemps signalé par des auteurs comme Seck (1970), Gravier (1947). Ce dernier compare Dakar et le reste du pays, dans cette expression « Dakar et le désert sénégalais >>, pour montrer comment Dakar est dans une situation macrocéphalique. Cette macrocéphalie urbaine, selon Granotier (1980), traduit l'importance démographique et économique prépondérante d'une ville par rapport aux autres et à l'ensemble du pays. Les villes macrocéphaliques se caractérisent par une concentration plus que proportionnelle des catégories sociales à fort pouvoir d'achat, de l'équipement industriel et des structures bancaires et financières >>.

Dès lors, on comprend pourquoi ces villes sont des pôles d'attraction pour de nombreux migrants.

Pour le SRDS Dakar est une terre privilégiée pour l'exode rural du fait de sa position géographique, une région de transit pour l'émigration internationale. Il est caractérisé par un dynamisme urbain de sa population qui s'accentue d'année en année. Cela résulte généralement de la combinaison de deux principaux facteurs, à savoir la croissance naturelle de la population et l'immigration.

Selon Houimli (2008) la redistribution spatiale des populations et des activités économiques dans un espace plus large a été favorisé par la déconcentration de l'automobile et l'amélioration des routes.

L'importance du phénomène migratoire à inciter à une recherche de solution durable à travers les plans nationaux d'aménagement du territoire (PNAT). Ces plans sont nécessaires comme le soutient Sawadogo (2008) dans sa revue sur « l'évolution de l'occupation du sol de Ziga dans le Yatenga (Burkina Faso)>>.

Pour lui l'élaboration de plans locaux de développement où tous les groupes d'intérêts sont représentés, constitue un véritable gage de succès dans la gestion des ressources naturelles.

Mais force est de noter que ces plans n'ont pas poussé à redynamiser ou à impulser les zones économiques capables de retenir la population et les investissements. Cela se manifeste, comme le dit Sène (2008), par l'impossibilité de la région de Dakar de satisfaire les besoins essentiels de ses habitants. Ce qui se traduit par une urbanisation incontrôlée et non souhaitée. Et les signes d'une explosion et implosion urbaine sont visibles à travers la problématique du logement et de l'emploi.

L'urbanisation rapide et incontrôlée a été soulignée par Diop (2006) et Sneih (2006) malgré leur échelle d'études différentes. Pour ces auteurs cette urbanisation se manifeste par une occupation anarchique des zones non aedificandi. Elle est plus connue par une dégradation de l'environnement. Et, il est évident que les manifestations les plus évidentes d'une pareille situation résident en l'occupation anarchique du moindre espace vacant, en la cherté du prix au mètre carré, des biens, meubles et immeubles.

D'ailleurs, dans son article sur « l'évolution récente de la population, de l'occupation des sols et de la diversité floristique sur un territoire agricole du Sud-ouest du Niger », Atta (2010) indique que ce phénomène entraîne de profonds changements dans l'occupation des sols et une pression accrue sur les ressources naturelles qui ont une incidence importante sur l'allure de la végétation.

Bamba (2010) a orienté sa recherche dans le même sens qu'Atta. Pour lui, l'un des effets immédiats de l'impact humain sur la biosphère est la suppression de la couverture végétale favorisée par l'ouverture des routes et pistes.

Autres conséquences que l'on peut signaler, l'érosion côtière. Selon Niang (1995) le littoral subit une forte urbanisation. Dans ces conditions, même un faible taux de recul du littoral peut engendrer d'importantes conséquences écologiques, économiques (destructions d'infrastructures et d'habitation), sociale voire culturelle (abandon des lieux de culte).

Le rapport du SRDS est un exemple pour comprendre les contraintes liées à l'urbanisation galopante de la région de Dakar qui se résume en ces termes : taux de croissance de la population très élevé sur un espace réduit ; déficit en matière de logement, d'infrastructure et d'équipements collectifs ; extension urbaine déséquilibrée ; surexploitation et salinisation des nappes ; graves problèmes d'environnement et de cadre de vie ; avancée de la mer ;

dégradation des Niayes ; problèmes d'approvisionnement en eau et en énergie domestique ; défaut de maîtrise foncière et grand retard dans la planification urbaine ; problèmes aigus de transport et de circulation ; activités socioéconomiques mal réparties dans l'espace régional ; problèmes d'emplois ; fortes immigrations dans un espace réduit.

Ces recherches, même si elles ne traitent pas notre thématique ou notre zone d'étude, nous donnent beaucoup d'informations sur la pression que subit l'espace suite à l'évolution démographique et aux conditions climatiques dans les années qui ont suivi les Indépendances. Ces auteurs soulignent tous les déséquilibres sociodémographiques et économiques nés d'une mauvaise distribution géographique des activités et des hommes. Celles-ci sont imputables en grande partie à l'histoire avec la littoralisation de l'économie par les puissances coloniale et au volontarisme d'une classe politique qui n'a pas cherché à se départir d'une pratique coloniale.

Ainsi, conscient de cette situation inquiétante de la région de Dakar, l'Etat à travers des politiques dites aménagements du territoire tente de résoudre ce phénomène. Des textes juridiques ont été mis en place pour la maîtrise du sol. Ils sont souvent non respectés par la population. C'est pour cela en 1996 une loi a été établie par l'Etat du Sénégal. Cette loi n° 96- 06 du 22 mars 1996 portant la création des collectivités locales ou régionalisation érige la région en troisième ordre de collectivité locale en plus de la commune et de la communauté rurale. Le « contrôle de légalité a postériori, rapproché » se substitue « le contrôle de légalité a priori, centralisé ». Aussi dans le souci de mieux rapprocher l'administration aux administrés, les grandes communes sont subdivisées en plusieurs communes qui prennent le nom de communes d'arrondissement (CA). Ces grandes communes sont appelées « ville ». C'est ainsi que la région de Dakar est divisée en 43 communes d'arrondissement (dont 19 pour le seul département de Dakar). La loi n°96-09 du 22 mars 1996 fixe l'organisation administrative et financière de la CA et ses rapports avec la ville. Tandis que la loi n°96-07 du 22 mars 1996 transfère aux collectivités locales neufs domaines de compétences (Domaine ; Environnement et gestion des ressources naturelles ; Santé, population et action sociale ; Jeunesse, sport et loisirs ; Culture ; Education ; Planification, Aménagement du territoire ; urbanisme et habitat).

Aussi, il faut signaler que la majeure partie des élus locaux de même que la population comprennent mal ces lois dont certaines sont imprécises.

C'est ce que remarque Dickarodo (2004) dans le bilan des rapports entre la commune et la CA où il indique par exemple que la notion comme de « petits travaux » prérogative des CA est floue. Pour lui ces imprécisions ne font que croître les rapports de conflits entre les collectivités locales.

Les CA ont fait l'objet de plusieurs travaux de recherche du fait de leur complexité et de leur spécificité.

D'ailleurs Kane (2006) souligne dans son Mémoire sur les « mutations socioéconomiques sur l'espace d'un quartier résidentiel : cas du Point E dans la CA de Fann-Point E-Amitié » que le quartier Point E enregistre des activités commerciales et de services qui contribuent à la verticalité de l'habitat contrairement à sa vocation d'un espace résidentiel. Cela prouve que l'espace est changeant et résulte d'un produit social.

Sène (2007) a orienté ses recherches dans le même sens que Kane et Dioume (2007). Pour lui Médina a subi un processus de transformation et de sa composition ethnique durant plusieurs phases dont les effets varient. Cela entraine un contraste de classe sociale avec la croissance du prix au mètre carré.

Dioume, à la différence de Sène s'est intéressé aux taudis du Niaye Thioker dans la CA du Dakar Plateau. Il souligne également que ce quartier subit un changement vocationnel de taille. L'analyse des données cartographiques sur le quartier laisse apparaitre une occupation continue de l'espace.

Ces recherches nous permettent de bien cerner la problématique. Mais, la CAHBA est à distinguer par rapport à ces CA du fait de ses spécificités à savoir sa position géographique, son contexte de création et où la production littéraire sur les dynamiques de l'occupation du sol est moins fournie.

Des auteurs ont étudié sur cette zone comme Diop (2006) et Faye (2010) ont étudié cette zone. Mais une étude quantitative et qualitative précise n'y a pas été faite, notamment avec les outils de la géomatique.

Dans ce cadre scientifique, on trouve beaucoup de travaux sur l'étude de l'évolution spatiotemporelle de l'occupation du sol en utilisant les différentes données, méthodes et outils de la géomatique.

C'est ainsi que Sneih (2006) utilise une méthode combinée des outils géographiques et des approches socio-anthropologiques. L'approche géographique consiste à faire une cartographie

diachronique de 1980 à 2002. La méthode de socio-anthropologique a nécessitéessentiellement des interviews semi-structurées. La même méthode a été utilisée par Diop (2006).

Sawadogo (2008) contrairement à Sneih (2006) utilise une méthode basée uniquement sur l'interprétation des photographies aériennes de différentes dates du site de Ziga.

A l'échelle du pays, l'étude et la cartographie de l'OS sont assurées par plusieurs organismes (DTGC, CSE, LERG). Les travaux effectués par ces structures sont réalisés à partir des outils de la géomatique mais souvent à des échelles moyennes ou petites. Aussi, ces interpolations engendrent des informations qu'il faut renforcer par des études topographiques, des observations de terrain et une utilisation élargie d'images de Haute Résolution.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus