1.7. Les considérations
éthiques et critiques de la recherche
Au regard des considérations éthiques, nous nous
sommes imposé une discipline rigoureuse en respectant dans la mesure du
possible, les exigences d'une recherche scientifique. Le contrôle
personnel de la validité intérieure a été pour nous
un cheval de bataille tandis que le contrôle externe sanctionné
par la validité de la publication soutenue par le résultat
jugé transférable, a constitué pour nous un cheval de
parade.
La présente recherche, comme nous ne cessons de le
rappeler, rentre dans une posture constructiviste. Sous cet angle, elle
crée une rupture avec le sens commun. C'est dans cette optique que nous
avons présenté notre épigraphe selon lequel, l'OPJ juge
les faits tandis que le criminologue les contextualise pour les comprendre sans
les juger. C'est cette pensée qui a conduit de stigmatiser la
visée de cette recherche qui consiste à creuser dans les
pratiques informelles pour en dégager l'essentiel de la pratique de l'
« OPJ debout » comme modèle non prescrit de
régler les conflits entre les individus vivant dans la
communauté.
Le souci de la validité interne nous a poussé
à une introspection qui consistait à faire chaque fois une
réflexion rétrospective centrée sur la cohérence
entre la question de recherche, l'approche théorique mobilisée,
le modèle d'analyse, la méthode et technique de recueil des
données ainsi que leur analyse.
Nous pensons avoir présenté cette recherche avec
minutie en présentant les détails des informations et la
manière dont elles sont empiriquement récoltées.
Par ailleurs, nous avons aussi présenté d'une
manière précise, les différentes sources d'informations
dans la collecte des données. Nous pensons aussi avoir respecté
l'anonymat des acteurs participants et leur point de vue dans la manière
d'enregistrer les données que dans celle de les présenter. Par
surcroît, nous avons aussi fourni un effort dans la rédaction pour
utiliser les concepts neutres en évitant ceux susceptibles d'apporter
les jugements de valeurs. A défaut de trouver un équivalent
neutre, il nous arriver aussi d `utiliser ce concepts teintés de
jugement en les mettant entre guillemets surtout s'ils relèvent des
données empiriques.
Il sied de signifier que cette manière de faire une
autocritique de la recherche implique l'idée de
crédibilité et de transparence de la recherche. L'homme
étant imparfait, sa construction quoi que prétendue scientifique
en est un témoignage matériel. Il en est de même pour cette
recherche. L'idéal d'un chercheur est de présenter une recherche
respectueuse qui tient compte d'une description parfaite et d'une analyse
interprétative qui fait que les acteurs participants puissent se
découvrir, s'identifier et se reconnaître à travers la
recherche non pas singulièrement, mais d'une manière globale en
tant que membre de la communauté analysée.
L'objet et la méthode imposent des limites à la
recherche. Parmi, elles, nous pouvons épingler celle qui s'aligne au
souci du savoir. En préparant cette étude, nous avons
été animé par le souci non pas de savoir, mais
plutôt celui de savoir plus et de tout savoir sur la question de
recherche. Ce souci que nous avons aussi considéré comme l'une
des finalités de recherche est limitée par la question
centrale.
Sur ce, le souci du savoir plus et de tout savoir quoi que
limité, offre des opportunités d'ouvrir les brèches comme
nouvelles pistes de recherche ultérieure. C'est pourquoi, en
élaborant cette étude, nous avons pensé à cerner
aussi la déontologie policière et la discipline militaire.
Déontologie policière parce que la police est un corps de l'ordre
ou de commandement. Elle a une déontologie appropriée. Et la
discipline militaire puisque la police est militarisée. Cette discipline
n'est autre que la manifestation de l'extériorisation des
règlements militaires.
La déontologie policière et la discipline
militaire dictent la ligne de conduite des policiers. Si la première se
limite au rôle directif, la seconde par contre va au-delà de
prévention et s'affirme répressif. C'est le cas de violation des
consignes souvent utilisées comme élément de preuve pour
en punir l'auteur « transgressant », relève du
règlement militaire qui régit aussi la police. Le fil conducteur
de la recherche est la question centrale. Aborder ces deux notions en termes
spécifiques et en profondeur c'est outrepasser l'objet de recherche.
C'est dans ce contexte que ces notions sont mises en jachères pour des
études futures ;La présente recherche reste dans la posture
du travail judiciaire en visant l'essentiel de la pratique de l'
« OPJ debout ».
Une autre limite est celle liée à la
documentation. Nous avions à notre portée plusieurs ouvrages sur
la police et surtout d'éditions très récentes. Pour
éviter la gloutonnerie livresque, nous nous sommes limité
à ceux qui touchent d'une manière ou d'une autre, à notre
objet de recherche. L'inconvénient est l'absence des vieux documents
auxquels renvoient les nouveaux comme référence. Pour
éviter les sources de seconde main, il n'y a qu'à s'abstenir
puisque les moyens font défaut pour les commander.
Nous avions aussi cerné la limite liée à
notre « être » ou l'être du chercheur. En
qualité de chercheur participant observant et observé, il est
difficile d'échapper à la subjectivité. C'est pourquoi
cette recherche est à la fois partiale et partielle. Partiale puisque
liée à notre propre vision par opposition à partielle qui
fait que cette construction ne soit qu'une partie du savoir puisqu'il se passe
que notre « mémoire » en tant qu'humain, est
faillible, imparfaite et incapable de nous restituer toute la pensée qui
traverse notre esprit. L'on ne peut évoquer que ce qui est
présent à l'esprit. C'est pourquoi dans la phase finale de la
recherche, de nouvelles idées viennent basculer les idées
déjà conçues et fixées.
Comme remède à cette faculté de l'oubli,
une nouvelle culture du chercheur se cristallise en nous. C'est la maladie de
disposer à tout moment et à tout lieu d'un bic et d'un carnet,
à défaut, d'un crayon et d'un papier pour noter toute idée
qui passe par la tête et qui est en rapport avec notre recherche. C'est
dans ce contexte que nous avons produit ce savoir.
Si le sous-commissariat de Police KAFUBU a été
ciblé comme cadre référentiel et site d'analyse, notre
observation est allée au-delà de ce site. Pour recouper les
données de l'observation, il nous était arrivé d'observer
la pratique policière au stade, au marché pirate et pendant la
patrouille.
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