2.2.3.4. De 1996 à
nos jours
Si le régime mobutiste a profité à une
bourgeoisie minoritaire et de compradore, la majorité populaire par
contre croupissait dans la misère.
A ce sujet, CHEUZEVILLE H., décrit la situation des
fonctionnaires en ces termes : « ils ne sont pas payés
depuis longtemps et doivent avoir recours à toutes sortes
d'expédients pour pouvoir survivre. Les militaires non plus ne sont plus
payés, mais eux au moins, ils peuvent rançonner la population
pour se nourrir. » (2003 : 173)
Avec l'avènement de l'AFDL en date du 17 mai 1997, il a
été constaté que les militaires étaient bien
payés puisqu'ils touchaient une prime de 100 $ U.S. Il se passe que
même les couches démunies pouvaient consommer les poissons tomsons
appelés « MPIODI » qui autrefois étaient un
luxe.
Cette période du lait et du miel s'est vite
éclipsée puisque la prime n'a pas été
indexée en dollars et est restée insignifiante. A cette
période, il eut mariage entre agents de force de Police et la
population. Un ivrogne pouvait être conduit à son domicile par les
patrouilleurs.
Avant la constitution de la Police c'est l'armée qui
assumait l'ordre par le fouet sur le ventre et l'arme à feu comme moyen
de régulation sociale. C'est-à-dire forme de contrôle
social. A cet effet, le cachot et la prison n'existaient pas. Certains
innocents périrent sans forme de procès, criblés de balles
par des militaires.
Aujourd'hui, la police a évolué pour fonctionner
sur de base légale avec les problèmes liés à
l'organisation, à l'équipement, à la formation et à
la survie du personnel. Il y a divorce entre la police et la population qu'elle
est appelée à protéger.
Quelle police faut-il pour cette république
naissante ?
Nous pensons qu'elle revêtira le type du pouvoir en
place. Ne dit-on pas que la police est le visage de l'Etat.
L'opportunité nous est aussi offerte pour
présenter d'une manière laconique comment a évolué
chronologiquement la précarité à travers la lecture
d'affichage sur les grilles de mission d'habitation dans la ville de
Lubumbashi. Concrètement, nous pouvons retenir ce qui suit :
« Kazi iko » (il y a du travail).
C'est l'époque de l'ascension économique, l'époque avant
la zaïrianisation ou la nationalisation.
« Kazi hakuna » (il n'y a pas
d'emploi). C'est la période de la crise qui s'installe et se
cristallise.
« Simba iko, Tembo iko, Fresco iko » (Ici,
l'on vend de la bière et du succré). Entre-temps, l'on
écrit aussi « Imbwa makali » (chien méchant).
C'est l'économie informel qui se pratique comme mécanisme de
survie.
« munkoyo iko, mayi matalala iko »
(ici l'on vend le munkoyo ou boisson traditionnelle et de l'eau froide). La
crise prend une allure inquiétante puisqu'il était autrefois
inconcevable que l'eau soit vendue en sachet.
« Maheu, loly, sun glace iko » (vente
de ces boissons dont les deux premières sont importées et le sun
glace fabriqué localement). Ceci traduit la persistance de la
précarité et de l'économie informelle.
Propriété gardée par securicor, Force
one, DSA » Ceci traduit le gardiennage privé qui
protège une partie minoritaire de la population. C'est la
sécurité privée qui émerge aujourd'hui.
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