II- Rapport social plus que rapport économique
dans la médecine naturelle à l'AC
Le rapport social semble avoir une importance
particulière par rapport à l'économique dans la
médecine tradinaturelle. En effet, les patients et le personnel de l'AC
fondent le guérison beaucoup plus sur la bonne entente, la
compréhension mutuelle, le respect mutuel que sur l'économique.
L'argent n'est pas sublimé. Il est même minoré afin de
permettre à toutes les composantes sociales de pouvoir se faire soigner
quand elles sont malades (YORRO S. op. cit.) En fait, le rapprochement entre
patients et traitants à l'AC ambitionne d'attirer plus la
clientèle, la fidéliser afin de revaloriser la médecine
naturelle (L'KHADIR A. op. cit.).
1- Le docteur TAJOUDINE et ses patients dans la
recherche de la santé
Le docteur TAJOUDINE nous a permis d'assister
à certaines de ses consultations pour voir comment elles sont conduites
et comment il s'entretient avec ses patients. Il ressort de l'analyse de ces
consultations qu'elles tournent autour de la globalité ou de
l'holisticité de la vie du patient (DE ROSNY op. cit.).
La première interrogation se rapporte toujours à
« ce qui ne va pas ». Ceci
quand c'est un nouveaux patient. Celui-ci s'attelle dès lors à
relater son mal, sa manifestation et bien évidemment, son origine et sa
localisation. La langue utilisée pour véhiculer son message est
soit le français, le pidgin, l'anglais et /ou le Bamoun.
Pendant que le patient s'exprime, le
« docteur » TAJOUDINE prend note et l'écoute
attentivement. Les notes prises servent à diagnostiquer le mal et
à prescrire un traitement approprié (BENSING J. M. op. cit.).
Après cela le « Docteur » TAJOUDINE ausculte
son patient. Il le palpe et prend sa température. Assister à une
consultation n'est pas chose aisée. Cela peut être vu comme une
atteinte à la dignité du patient. D'où nous avons requis
leur accord (surtout celui des femmes) avant d'y assister. Ceci pour des
exigences éthiques liées non seulement aux modalités de la
recherche scientifique, mais aussi à la déontologie
médicale (LADRIERE P. op. cit.). Selon les ouvrages qui
réglementent la fonction médicale, il n'est pas permis d'assister
à la consultation d'un malade avec son médecin traitant.
(MANUILA.I., MANUILA M. et MICOULIN M. op. cit.)
De plus, après que le patient ait fini de s'exprimer,
le traitant peut donc lui dire la nature de sa maladie et lui proposer une
médication dans la pharmacie qui se trouve dans son bureau. Avant de
lui révéler la nature de sa maladie, il s'attarde sur tous les
autres aspects de la vie du patient. Le « docteur »
TAJOUDINE s'informe sur sa famille, ses amis, sa profession, le quartier
où il réside, sur son alimentation, ses difficultés et ses
problèmes. Ceci parce que pour lui : «Le
médicament d'une maladie peut se trouver dans l'une des dimensions de la
vie du patient » (Entretien réalisé le
03-05-07 au bureau du « docteur » TAJOUDINE à
l'AC).
A la fin de l'entrevue médicale, le docteur TAJOUDINE
ne se prive pas de conseiller ses patients sur les modalités de
prévention de leurs maladies. Pour lui, la prévention est
préférable à la guérison surtout quand on est un
patient qui n'est sûr d'avoir les moyens de se faire soigner. Il faut
toujours anticiper sur la maladie. Dans un contexte socio-économique
marqué par la précarité, il s'avère indispensable
de prévenir les maladies en conseillant les malades qu'il (le docteur)
suit sur les voies et moyens à mettre en oeuvre pour éviter les
maladies. Pour ce faire, les traitants doivent s'apparenter à des sortes
de conseillers médicaux (MBONJI E. op. cit.).
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