UNIVERSITE DE DOUALA
THE UNIVERSITY OF DOUALA
FACULTE DES LETTRES ET FACULTY OF LETTERS
SCIENCES HUMAINES AND SOCIAL SCIENCES
DEPARTEMENT
DEPARTMENT OF
D'ANTHROPOLOGIE ANTHROPOLOGY
LA RELATION THERAPEUTIQUE DANS LES INTERFERENCES ENTRE
LA BIOMEDECINE ET LA TRADIPRATIQUE. Une lecture anthropologique à
l'hôpital Laquintinie et à l'african clinic de Douala
(Cameroun)
Mémoire présenté et soutenu en
vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) en
anthropologie de la santé
Par
BEKOLO ENGOUDOU Bruno
Duovany
05S814
Titulaire d'une Maîtrise en
sociologie
Option : Population et
Développement
Sous la direction de :
Pr. NJIKAM Margaret Savage
Maître de conférences
Année académique 2007-2008
SOMMAIRE
DEDICACE.......................................................................................ii
REMERCIEMENTS...........................................................................iii
RESUME.........................................................................................iV
ABSTRACT......................................................................................V
LISTE DES SIGLES ET
ACRONYMES.................................................Vi
LISTE DES
TABLEAUX....................................................................Vii
LISTE DES
CARTES........................................................................Viii
EPIGRAPHE....................................................................................iX
CARTE DE LA VILLE DE
DOUALA......................................................X
INTRODUCTION
GENERALE.............................................................1
PREMIERE PARTIE : MEDECINE
CONVENTIONNELLE ET MEDECINE TRADINATURELLE DANS LA COUVERTURE SANITAIRE A
DOUALA......44
CARTE DE L'HOPITAL LAQUINTINIE DE
DOUALA...............................47
CHAPITRE 1 : LES ACTEURS EN PRESENCE A
L'HLD.............................48
CHAPITRE 2 : DE LA MEDECINE TRADINATURELLE A
DOUALA............66
CONCLUSION DE LA PREMIERE
PARTIE.............................................81
DEUXIEME
PARTIE/INTRODUCTION................................................82
CHAPITRE 3 : LE SOCIAL, L'ECONOMIQUE DANS LES RAPPORTS
ENTRE TRAITANTS ET PATIENTS A
L'HLD.....................................................85
CHAPITRE 4 : LA PLACE DU SOCIAL ET DE L'ECONOMIQUE DANS
LA MEDECINE TRADINATURELLE ET LE SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE
......106
CONCLUSION DE LA DEUXIEME
PARTIE.......................................... 125
APPROCHE EVALUATIVE DES POLITIQUES SANITAIRES EN VIGUEUR AU
CAMEROUN.................................................................................
126
CONCLUSION
GENERALE............................................................
128
BIBLIOGRAPHIE........................................................................
134
ANNEXES.....................................................................................
145
FICHES SIGNALETIQUES DES
INFORMATEURS.............................. 158
TABLE DES
MATIERES..................................................................160
A ma famille
.
REMERCIEMENTS
Le présent mémoire est le produit de l'apport de
plusieurs personnes à qui nous voulons témoigner ici notre
reconnaissance. Aussi, pensons-nous tout d'abord à l'expertise de notre
encadreur le Professeur NJIKAM Margaret Savage qui, malgré ses
multiples occupations, a fait preuve d'une disponibilité totale pour
suivre de bout en bout notre travail.
Nous pensons au Pr. Bruno BEKOLO EBE, au Pr. MBONJI
Edjenguèlè qui ont pris une part active dans la
réalisation de ce travail. Nous pensons aussi à tous nos
enseignants des départements de Sociologie et Anthropologie de
l'Université de Douala, pour leur apport dans notre formation en
général et dans le processus de réalisation de ce travail
en particulier.
Ensuite, nous témoignons notre déférence
à tout le personnel de l'hôpital Laquintinie et de l'African
clinic, notamment à leurs directeurs respectifs, le docteur
Jérémie SOLLE et le docteur TAJOUDINE. Nous pensons
également à tous les patients de ces hôpitaux pour leur
empressement à répondre à nos questions lors des
entretiens et des focus group discussion.
Enfin, nous sommes redevables à notre père,
ENGOUDOU BEKOLO Bertin, à notre mère, MESSINA Calixte et au
docteur ADOUMBENE Jérémie, qui nous ont soutenu
financièrement dans la réalisation de ce travail. En outre, nous
voulons dire merci à tous ceux qui, de quelques manières que ce
soit, ont contribué à la réalisation de cet ouvrage. Il
s'agit nommément, entre autres, de NGARMBATEDJIMAL Alexis, BIDALA
Abaniko, TAINO Alain, NGOUYAMSA Valentin, MEVA'A Dominique, TATCHUM
Aimé Désiré , GUEBOU T. François, NGO BILLONG
Germaine, NGOK Xavier, MOUMGBAYI Bruno, NTEME Monique, YENE Jean-Jacques et
à notre amie BASSOP Carine Marie pour ses encouragements. A toutes ces
personnes et à bien d'autres, nous leur exprimons notre profonde
gratitude.
RESUME
Cette recherche porte sur la relation patient/traitant tant
dans la médecine conventionnelle des hôpitaux publics que dans la
médecine tradinaturelle. L'objectif en est de mettre en exergue la place
que les prestataires de soins accordent à la relation
thérapeutique lorsqu'ils suivent leurs patients dans un contexte social
fortement marqué par la rationalité, les motivations
personnelles, la théorie de l'échange et la recherche des
intérêts personnels pour faire face à la
précarité grandissante. La méthode de collecte des
données repose sur une logique empiro-inductive issue des biographies,
des observations directes, des entretiens de groupe, de la participation
observante, tous utilisés lors de nos investigations à
l'hôpital Laquintinie de Douala et à l'African Clinic. Ces
techniques de collecte des donnés privilégient une approche
compréhensive de la relation patient/traitant aussi bien à l'HLD
qu'à l'AC. Ainsi, nous avons mis un accent sur l'analyse de contenu des
données qualitatives contenues dans des sources documentaires et des
entretiens réalisés auprès de nos informateurs. Tout cela
s'est fait dans un cadre théorique qui combine à la fois
l'interactionnisme symbolique et l'ethnométhodologie, toutes
étant de ces théories sociologiques qui perçoivent la
société comme le fruit, la résultante des actions
individuelles. Les résultats montrent qu'à l'HLD, l'accent est
beaucoup plus mis sur les médicaments que sur la prise en charge
psychologique, mentale et morale des patients. Les traitants réduisent
le mal à un dysfonctionnement d'un organe. A l'AC par contre, la
médecine dispensée a une approche holistique. Elle prend le
malade comme un tout qu'il faut comprendre afin de poser un diagnostic
efficient. C'est pourquoi nous avons constaté que patients et traitants
sont proches ici les uns des autres et se connaissent. Le lien social est fort
entre eux. En conclusion, la médecine tradinaturelle répond plus
aux attentes des patients que la médecine conventionnelle des
hôpitaux publics.
Mots clés : Relation,
interaction, traitement, consultation, satisfaction, médicaments.
ABSTRACT
This study is based on relations between health practitioners
and patients in both conventional medecine of public hospital and traditional
medecine.Its aim is to emphasize on the the importance that health workers give
to the healing relation, the therapeutic relation when they examine their
patients, in a social context markqued by rationality, personnal interest and
the exchange theory in order to fight the growing precariousness. Its methods
of collecting datas was based on the empirico-inductive logic through the use
of biographies, direct observation and participant observation, all used during
our field investigation .These techniques of collecting data favour an
understanding approach of the healer/patient relation. Subsequently, we
insisted on content analysis of qualitative data found in books and coming from
our informants. As regards sociological theory, we have used Symbolic
interactionnism and ethnomethodology which perceive the society to be the
result of individual actions. Results show that Laquintinie's hospital places
emphasize on cures, medication rather on the psychological and mental healing
of patients. At African Clinic in contrast, the traditionnal practitioner heals
the totality of his patient. He is close to them and they have confidence in
him. Therapies are not expensive as it is in Laquintinie hospital where the
first thing health practitioners ask to patients is to pay before treatment
even if they are dying. In conclusion, the social link is deeper in traditional
medecine than in conventional one. Traditional medecine respond well to the
needs of population than the conventional one of public hospital in
Cameroon.
Key words: Relation, interaction, treatment,
healing, cures, patient-satisfaction.
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
HLD : Hôpital Laquintinie de
Douala
AC : African Clinic
REPAMP : Association de Recherche et de
la Promotion des Plantes Médicinales
EDS : enquête démographique
et de santé
LANACOME : laboratoire national de
contrôle de la qualité des médicaments et d'expertise
PCIME : prise en charge
intégrée des maladies de l'enfant
GPVMC : groupement professionnel de la
visite médicale au Cameroun
SAMU : service d'aide médicale
d'urgence
ACPES : association camerounaise pour la
promotion de l'éducation en santé
CENAME : cellule nationale
d'approvisionnement en médicaments.
IH : infection hospitalière
HH : hygiène
hospitalière
CNS : Cameroon nursing society
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés
CAPP : Comité d'Approvisionnement
en Produits Pharmaceutiques
CIL : Conseil International de
Nursing
UNGC : Union Nationale des
Guérisseurs du Cameroun
GIC : Groupement d'Initiative Commune
PROPLAMETRAC : Association pour la
Promotion des Plantes Médicinales et de la
Médecine
Traditionnelle en Afrique
ONMC : ordre national des
médecins du Cameroun
FMLSTP : Fonds Mondial de Lutte contre
le Sida, la Tuberculose et le Paludisme
MCP : Médecine
Complémentaire et Parallèle
MA : Médecine Alternative
S S S P: Stratégies Sectorielles
de la Santé Publique
LISTE
DES TABLEAUX
TABLEAU 1 : RATIO PERSONNEL SOIGNANT/POPULATION
DANS LES DIX PROVINCES DU
CAMEROUN...............................27
TABLEAU 2 : PRIX DES SOINS A L'AFRICAN
CLINIC........................108
LISTE DES CARTES
1- CARTE DE LA VILLE DE
DOUALA..............................................XI
2- CARTE DE L'HOPITAL LAQUINTINIE DE
DOUALA........................43
« La maladie est simplement le
résultat de nos erreurs, de nos maladresses, de nos négligences.
Seulement, le malade est rarement le seul responsable. Il est le plus souvent
la victime des erreurs, des fautes de tout le monde. Et ces erreurs sont
presque toujours collectives et résultent de notre vie
sociale. »
Maurice TIECHE
(1985).
CARTE DE LA VILLE DE DOUALA
INTRODUCTION GENERALE
L'accès à la santé a toujours
été une question qui préoccupe les pouvoirs publics
africains en général et les populations camerounaises en
particulier. Les premiers s'attèlent à mettre à la
disposition des seconds des structures médicales, en lesquelles les
usagers trouverons satisfaction. En outre, l'on remarque que les prestations
sanitaires offertes aux patients sont diversifiées et relèvent de
la médecine moderne et conventionnelle d'une part, et d'autre part de la
médecine tradi-naturelle qui, elle- même, connaît des
mutations .
Disons d'emblée que la médecine conventionnelle
est celle qui est légalisée par l'Etat camerounais. En clair, il
s'agit de la médecine des hôpitaux. A l'inverse, ce que nous
appelons médecine tradi-naturelle doit être comprise comme
étant l'ensemble des connaissances et des pratiques sur la maladie, la
santé et les procédures élaborées par les
ancêtres et léguées aux jeunes générations
afin de soigner les pathologies qu'elles affrontent (O.M.S. ,2002). Ainsi l'on
remarque que l'offre en prestations de santé dans ces deux
médecines va grandissante, et qu'elles sont tout aussi bien
sollicitées par la population camerounaise. Aussi distinguons-nous dans
la médecine des hôpitaux, celle des hôpitaux publics, celle
des centres de santé intégrés (CSI), celle des
hôpitaux privés dans lesquels l'on retrouve les cabinets de
santé privés, les cliniques confessionnelles et celles à
but lucratif (SOCPA A. 1995).
L'espace médical camerounais est dès lors
multiforme et présente plusieurs visages (BENOIST J. 1996). Chaque
visage a sa particularité, ses logiques et ses réalités
qu'il nous incombe de mettre en relief en nous appesantissant sur la
médecine conventionnelle telle qu'elle est dispensée à
l'Hôpital Laquintinie de Douala. Nous porterons également un
regard sur la médecine naturelle telle qu'elle est pratiquée par
l'African Clinic de cette même ville. En clair, il est ici question de
passer au scanner les relations thérapeutiques aussi bien dans la
médecine naturelle que dans la médecine moderne (MBONJI E. 1993).
L'on comprend dès lors qu'il s'agit de rendre intelligible la perception
que les populations -morbide et saine- de la ville de Douala ont des structures
médicales, cela à travers le prisme des interactions qu'elles
ont eu avec le personnel soignant de celles-ci. Cette recherche s'inscrit dans
une approche empirico-inductive et vise à comparer les rapports
médicaux entre soignants et soignés dans les hôpitaux
à ceux existant entre patients et traitants dans les
« cliniques de médecine
traditionnelle » (HATTIER, 2006).
L'analyse des univers médicaux de l'une et l'autre
médecine va donc ponctuer l'évolution de ce travail. Le patient
et la place qu'on lui donne dans les deux médecines constituent
l'idée maîtresse et le fil conducteur de cette recherche. C'est
autour des interrelations entre soignants et soignés que portent les
analyses qui suivent. Le patient et son traitant sont des producteurs de
valeurs, de principes et de normes qui s'inscrivent dans le contexte d'une
ville de Douala où l'économique est sublimée. Ce qui, on
l'observe bien, ne va pas sans conséquences sur la relation
thérapeutique existant entre le patient et le traitant tant dans la
médecine des hôpitaux que dans la médicine tradi-naturelle
(HOURS B., 1985).
En conséquence, il est apparu que ce que pensent les
acteurs en présence dans la médecine conventionnelle et dans la
médecine naturelle moderne, a trait à l'humanisme, à la
sociabilité, à l'africanisme, à l'humanisme, bref à
tout ce qui se passe dans leur société. Les hôpitaux et/ou
les structures médicales doivent être perçus comme des
laboratoires où l'on peut analyser et interpréter nos
sociétés qui s'occidentalisent à un rythme
effréné. Etant donné qu'il s'agit ici d'une introduction
générale, c'est à dire d'un ensemble constitué de
plusieurs parties et sous parties alliant théories et méthodes
sociologiques choisies pour conduire cette recherche, celle-ci s'étend
donc sur une trentaine de pages. Ce qui nous amène à parler des
raisons du choix de notre sujet.
I- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
Le présent sujet qui porte sur
« La relation patient/traitant dans les médecines
conventionnelle et tradi-naturelle africaines : cas de l'hôpital
Laquintinie et de l'African clinic de Douala
(Cameroun) », fait l'objet de notre attention pour
plus d'une raison. Il nous semble judicieux de signaler que la médecine
des hôpitaux camerounais n'a pas beaucoup fait l'objet d'étude de
spécialistes des sciences humaines. Ceux-ci ont toujours
manifesté un vif intérêt pour des questions politique ( NGA
NDONGO V., 2003) ; urbaine (KENGNE FOUDOUOP, 2001), rurale (ELA J. M.,
1998) ; de développement (BEKOLO EBE B. , 2002),
d'éducation ( TSAFACK G. , 2000), etc.
Il s'en dégage une impression d'oubli de scruter les
milieux des hôpitaux camerounais. L'on note tout de même les
travaux des auteurs comme Daniel LANTUM, (1978) et MBONJI
Edjenguèlè (2000) ; NJIKAM Margaret (2002) qui
étudient les hôpitaux camerounais en général et la
médecine traditionnelle en particulier. Leurs productions scientifiques
relatives à l'étude de cette médecine sont
édifiantes et nous ont permis de revisiter l'ethnomédecine
africaine afin de l'ausculter.
Tout d'abord, les discours qui se tiennent sur l'une ou
l'autre médecine divergent. Parmi ceux qui ont eu à faire avec
les hôpitaux publics, l'on rencontre une bonne franche qui estime qu'une
bonne partie du personnel y est laxiste, négligeant et irresponsable
(DIAKITE T, 1989) . Ce sont les mêmes tares que l'on a relevées
lors des états généraux des hôpitaux publics
camerounais tenus du 12 au 13 juillet 2005 au Palais des congrès de
Yaoundé, sous le haut patronage du chef du gouvernement camerounais, en
la personne de M. INONI Ephrem, et du ministre de la Santé publique de
cette époque , M. Urbain OLANGUENA AWONO. L'on y a fait ,en quelque
sorte, l'autopsie de ces hôpitaux et les récriminations y
afférentes étaient les mêmes : négligence du
personnel soignant, prééminence de l'économique par
rapport au thérapeutique, inexistence du paquet minimum
d'activité, manque d'équipement, irresponsabilité
médicale ( MEYER P., 1993), la vétusté des
équipements et des infrastructures médicaux existant. Cela
s'observe même dans les hôpitaux de référence. Ce qui
fait mentir B. HOURS ( op. cit.) pour qui les hôpitaux de
référence ont toujours été mieux lotis au Cameroun.
Il affirme à cet effet :
Les hôpitaux des métropoles
provinciales sont mieux fournis. Quant à ceux des campagnes, ils n'ont
pas d'équipements encore moins des mesures d'accompagnement. Je suis
allé dans un hôpital des confins du centre Cameroun qui n'avait
jamais vu de médecins dans ses murs. Les populations nous ont
affirmé ne pas savoir ce que c'est qu'un infirmier. C'est l'une des
raisons pour lesquelles elles recourent toujours à la médecine
traditionnelle. En fait, les hôpitaux de l'arrière pays en Afrique
sont toujours des parents pauvres des politiques sanitaires
publiques. (op. cit. p.67).
En plus, il nous est apparu que dans les médecines
naturelle et conventionnelle, telles qu'elles se pratiquent au Cameroun, les
praticiens n'ont pas la même perception du patient et bien des
conditionnalités lui sont exigées quant il s'agit de le soigner-
surtout dans la médecine moderne des hôpitaux publics - ce qui ne
va pas, on l'imagine bien, sans conséquences sur la relation
thérapeutique qui naît dès l'arrivée de tout patient
à l'hôpital jusqu'à son traitement et à sa
guérison. Aussi, comprend-t-on, que la relation thérapeutique
existant entre le soignant et le malade dans la médecine des
hôpitaux publics, diffère de la relation médicale existant
entre le thérapeute et son patient dans la médecine
tradi-naturelle. Bien plus, l'une diffère de l'autre sur bien des points
que le Professeur D. LANTUM (op. cit.) a pris le soin d'énumérer.
Nous nous ferons une joie immense de les revisiter dans un chapitre
ultérieur.
Ensuite, en mars 2007, le Ministre de la santé publique
a rendue formelle la médecine tradi-naturelle au fin de
« l'associer » à la
médecine conventionnelle, laquelle est semble fortement
stigmatisée dans les colonnes des journaux. Ainsi, dans Cameroun Tribune
du 04 avril 2007, ETOA M. titre son
article « Cameroun, la médecine
traditionnelle se met en règle. ». De
même, dans Prisma international, SEUMO H.intitule le sien :
« Cameroun : un système sanitaire à
deux vitesses » (02 mars 2007). Dans Jade
Cameroun/Syfia international (avril 2007), Alexandre T. DJIMELI titre
également le sien : « Cameroun :
l'hôpital se fout de la charité ! »
La lecture de tous ces articles et de bien d'autres nous a
fait découvrir que l'hôpital public camerounais n'est plus
chaleureux, accueillant encore moins performant et humaniste. Ce qui donne
raison à Tidiane DIAKITE qui affirme :
C'est dans les hôpitaux publics africains
que se révèle en grande partie le mythe de la solidarité
africaine. On y tue les patients du fait de la négligence de
l'irresponsabilité, du manque d'argent, de l'amateurisme du personnel
soignant. Ce dernier ne s'intéresse qu'aux porte-monnaies des malades.
Ceux qui en ont sont bien traités tandis que ceux qui n'en ont pas sont
abandonnés ou mal traités ( DIAKITE T. , op. cit.
p.70).
Enfin, la médecine tradi-naturelle n'est pas exempte de
tout reproche en ceci qu'on y observe, avec la mercantilisation des moeurs
africaines, un regain de pseudo tradipraticiens qui ternissent la relation
patient/traitant. Aussi, parle-t-on de plus en plus de charlatans, de faux
guérisseurs, de marabouts, de magiciens, etc., qui n'hésitent pas
à extorquer de l'argent aux malades. Ce qui met à rude
épreuve, la crédibilité de cette forme de médecine
quand bien même elle serait « complète et
holistique » (MBONJI E., op. cit., p.75).
En somme, les motivations du choix de ce sujet tournent autour
des raisons ci-dessus évoquées. Retenons que l'une et l'autre
médecine rendent d'inappréciables services à la population
africaine en général et à celle du Cameroun notamment
à Douala en particulier. Seulement, la relation médicale existant
entre le soignant et le malade diffère selon que l'on est dans la
médecine conventionnelle ou dans la médecine naturelle
africaines. Si tant est que la relation médicale conditionne
l'accès à la santé, nous aimerions savoir si l'on en est
conscient dans les hôpitaux de Douala en général et
à l'hôpital Laquintinie en particulier tout autant qu'à
l'African clinic où nous avons effectué notre recherche.
II. DELIMITATION DU SUJET
La présente étude a eu lieu dans la ville de
Douala, plus précisément à l'hôpital Laquintinie
(HLD) et à l'African clinic (AC) ; de septembre 2006 à
juillet 2007. Nous avons opté pour l'HLD pour son emplacement dans la
ville. En fait, l'HLD est situé au centre de la ville de Douala et
constitue un pôle sanitaire attractif pour la population morbide (Eric de
Rosny, 1990). L'on remarque qu'une bonne partie de cette population a tendance
à converger vers cet hôpital. Ce qui entraîne une forte
demande en prestations sanitaires (DE Rosny E, op. cit.). Cette raison s'est
avérée non négligeable pour que nous nous décidions
de nous intéresser à cette structure médicale. En plus,
l'HLD semble souffrir d'une crise de bonne réputation que l'opinion
publique s'est forgée depuis des lustres sur lui.
En effet, pour certains, c'est un
hôpital « aide-moi à
mourir ». Pour d'autres, c'est un
« hôpital où il est difficile de se faire
soigner quand on n'a pas beaucoup d'argent, où on n'est pas bien
accueilli quand on n'est pas riche, ou qu'on ne paie
pas ». C'est dire que pour nombre de citadins de cette
aire urbaine, la norme dans cette institution médicale, c'est le
« fric » (Pascal KROP,
2003 : 15).
L'on comprend, dès lors, que la réputation dont
jouit cet hôpital dérive du type d'interactions que les malades et
leurs proches ont eu avec son personnel soignant. Aussi doit-on comprendre que
l'interaction médicale est au centre de la guérison et du type de
réputation que les individus en société donneront
à toute institution médicale. Ce qui fait dire à Sylvie
FAINZANG :
La relation médecin/malade est la clef de
voûte de la guérison. Plus elle est importante pour les deux
parties, mieux l'une et l'autre se porteront. Si seulement les prestataires de
soins l'avaient toujours en esprit, ils faciliteraient la guérison de
leurs patients. Très souvent, un simple sourire peut produire sur le
malade l'effet que tous les médicaments réunis ne peuvent pas. En
outre, la réputation sociale d'un soignant dépend en grande
partie de ses rapports avec ses patients. (S.
FAINZANG, 2006 : 18).
En outre, il convient de rappeler l'historique de l'HLD et de
l'AC depuis leurs créations respectives jusqu'à nos jours.
Disons d'entrée de jeu que l'HLD est l'une des plus
vieilles structures médicales du Cameroun et plus
particulièrement de la ville de Douala. Elle naît vers les
années 1920 à Bonamoudourou Deido sous la dénomination
« Hôpital indigène de
Douala ». Il a été successivement
déplacé à Bonadibong puis à Bonaminkengue dans le
canton Akwa. Dans les années 30, sa majesté le roi Betote Akwa,
fit détruire ses exploitations agricoles au bénéfice de la
santé des populations. Ce qui a facilité l'implantation du nouvel
hôpital « indigène » sur son cite actuel d'une
superficie de 09 hectares. Les premiers bâtiments du nouvel hôpital
sont construits entre 1931 et 1934. C'est à la fin 1941 que
l'hôpital « indigène » de Douala est
rebaptisé l'hôpital Laquintinie, en mémoire du
médecin, capitaine français, Jean Auguste LAQUINTINIE ;
chirurgien des hôpitaux des armées. Celui-ci est mort le 05 mars
1941 des suites d'une septicémie consécutive à un
éclat d'obus reçu lors de la bataille de Koufra pourtant
remportée par le Général LECLERC.
Au fil du temps, cet hôpital s'est acquitté avec
plus ou moins de bonheur de ses missions connaissant parfois des
périodes de crise. De nos jours, il compte 38 pavillons et emploie 579
personnes dont 64 médecins ( 36 spécialistes et 28
généralistes), 03 pharmaciens, 06 dentistes, 06 techniciens
supérieurs, 19 infirmiers principaux et sages-femmes, 81 infirmiers
diplômés d'Etat, 21 techniciens médicaux sanitaires, 95
infirmiers brevetés, 24 techniciens adjoints de laboratoires, 06 agents
d'appui techniques, 113 aides-soignants, 44 agents des services commun et
administratif, 08 contractuels et 88 temporaires ( Cf. annuaire de l'LHD,
2000).
Le personnel de cette structure est diversifié et
travaille en synergie pour satisfaire la demande en soins de santé.
C'est du moins ce qu'affirme le Directeur de cet hôpital, le Docteur
Jérémie SOLLE :
Le personnel en activité ici doit
travailler en collaboration. Sinon, cela aura des répercussions sur les
malades. On doit pouvoir former un bloc pour satisfaire notre clientèle.
Le véritable problème est celui des équipements. Ils ne
sont pas toujours à la pointe de l'innovation technologique
médicale. Mais je crois que nous nous efforçons de donner le
meilleur de nos possibilités ; et j'y veille, croyez-moi !
Cependant, n'oubliez pas que nous sommes en Afrique où tout ce qui se
rapporte au public présente toujours des lacunes et dysfonctionnements.
Mais depuis un certain temps, on assiste à une mue initiée par
mon prédécesseur dont je suis le continuateur. Tous nos usagers
s'accordent pour dire que l'hôpital Laquintinie présente un
nouveau visage » (entretien réalisé le
15 févier 2007 au bureau du directeur de
l'HLD).
Contrairement à l'HLD, l'AC est une formation sanitaire
qui fait dans la médecine tradi-naturelle africaine. Elle est bien plus
jeune que l'HLD et son personnel n'est pas aussi considérable et
diversifié comme l'HLD. L'AC est née en 2006 sous l'instigation
du groupement d'initiative commune (GIC) appelé PROPLAMETRAC. Ce GIC
ambitionne de revaloriser la médecine tradi-naturelle africaine via la
création de « cliniques traditionnelles » et la
promotion des recherches sur les plantes médicinales (D. LANTUM, op.
cit.). Son personnel n'est pas aussi nombreux que celui de l'HLD. Elle emploie
le « docteur » Tajoudine et deux aides-soignantes
chargées de l'accueil et de la réception des malades. Sa
superficie n'atteint pas 10 mètres carrés. De plus, il est
situé dans un quartier populeux ( Maképè- Maturité
face SIC Cacao). Son étroitesse n'empêche en rien sa
sollicitation. Nous en voulons pour preuve le fait que bien des patients s'y
rendent en journée. Bien plus, le docteur TAJOUDINE consulte ses
patients dans leurs domiciles (CELERIER I., 1995).
A cette délimitation spatiale de notre terrain
d'étude, s'ajoute une délimitation conceptuelle, factuelle et
théorique. Aussi, mettons-nous l'accent sur les notions de relation,
d'interaction, d'interrelation et de rapports dans le domaine de l'accès
à la santé tant dans la médecine naturelle africaine que
dans la médecine conventionnelle .C'est dire que nous circonscrivons
notre étude dans la sociologie interactionniste et
ethnométhodologique via une approche compréhensive (SCHUTZ
A.1959). Par ailleurs, il s'agit de cerner l'importance des relations
thérapeutiques dans ces deux formes de médecines. Le patient et
le traitant collaborent-ils ou alors, sommes-nous en présence de
réticences, d'abus, de brimades et de maltraitance des patients dans les
deux formes de médecines ?. En clair, il s'agit de nous attarder
sur la place réservée à l'être en tant que personne
souffrante dans les deux formes de médecines.
III- LE PROBLEME
Toute recherche ambitionne de résoudre une
difficulté, une contrariété d'ordre social ou
épistémologique. Notre sujet se rapporte aux difficultés
d'accès à la santé au Cameroun en général et
à Douala en particulier. Il semble, en effet, qu'arriver à
l'hôpital est une chose et pouvoir s'y faire soigner, en est une autre.
On comprend dès lors qu'il n'est pas toujours aisé de se faire
soigner normalement dans nos structures médicales publiques surtout
quand on n'est pas issu d'une classe sociale nantie (JAFFRE Y., op. cit.). Bien
plus, selon le rapport 2006 de l'Organisation Mondiale de la santé
(O.M.S), au Cameroun, l'on compte huit fois moins de médecins et dix
fois moins d'infirmiers qu'à la norme internationale (
www.oms.org.).
Devant cet état de chose, on comprend que nos
hôpitaux publics souffrent d'un manque criard de personnel. Quand
celui-ci est présent, l'on remarque bien de égarements de sa
part. Aussi, l'opinion publique lui reproche-t- elle le laxisme, le
rançonnement des patients, l'irresponsabilité (MEYER P., op.
cit.), le non respect du code médical, le non respect de la
déontologie médicale et du secret médical.
En outre, il est de notoriété publique que, pour
se soigner, il faut impérativement avoir de l'argent pour acheter, non
seulement les médicaments, mais aussi pour « payer
les backschichs » (SEUMO H., op. cit.) au
personnel soignant. L'on assiste donc à l'expansion de deux formes de
médecine à l'intérieur de la médecine
conventionnelle camerounaise : la médecine des riches et la
médecine des pauvres. Ceux qui ont des moyens financiers
guérissent rapidement de leurs maladies, alors que ceux qui n `en
ont pas jouissent d'une santé précaire. En clair, nous sommes en
présence d'une médecine à deux vitesses au sein même
de la médecine publique conventionnelle du Cameroun en
général et de Douala en particulier. C'est dire que
l'économique conditionne l'accès à la santé.
Au surplus, l'on assiste à un
déséquilibre notoire entre le nombre de médecins,
infirmiers et le nombre de malades. C'est d'ailleurs ce qu'atteste l'annuaire
statistique du Cameroun en 2004.
Tableau 1 : Ratio population/personnel sanitaire
par province en 2003
Personnel
Province
|
01 médecin Généraliste
pour
|
01 médecin spécialiste pour
|
01 chirurgien dentiste pour
|
01 infirmier pour
|
Adamaoua
|
25844
|
723626
|
723626
|
2575
|
Centre
|
14977
|
41004
|
500246
|
1416
|
Est
|
16780
|
188772
|
755088
|
1833
|
Extrême-Nord
|
73553
|
///////////
|
////////////
|
6403
|
Littoral
|
30169
|
28978
|
244704
|
1773
|
Nord
|
53349
|
204503
|
613509
|
2709
|
Nord-ouest
|
484035
|
368105
|
1840527
|
3287
|
Ouest
|
28726
|
165176
|
1982106
|
1691
|
Sud-ouest
|
21427
|
177536
|
621375
|
2381
|
Sud
|
20571
|
178265
|
534854
|
1783
|
Cameroun
|
26483
|
82795
|
60538
|
222
|
Source : Annuaire
statistique du Cameroun 2004
Nous notons que le ratio personnel soignant/patient a un
écart considérable. Cette insuffisance du personnel traitant
s'ajoute au fait que ceux en exercice semblent plus préoccuper par leur
mobilité et sécurité sociales que par le souci
véritable de satisfaire les patients. Dans chaque province, nous
constatons un fossé énorme entre le nombre de prestataires de
soins et le nombre de malades .Bien plus, de l'an 2005 à l' an 2007, le
personnel soignant des hôpitaux publics camerounais a grevé plus
d'une fois, réclamant la revalorisation de leur salaire et
l'amélioration de leurs conditions de travail.
Pour ce qui est de la médecine tradinaturelle,
l'opinion publique camerounaise lui adresse bien des critiques. Seulement,
près de 80% de la population camerounaise recourt à elle pour se
faire soigner. (Http //www.oms.org). Aussi apparaît-t-il que la
relation patient/traitant varie selon qu'on est dans l'une ou l `autre
médecine au Cameroun.
De plus, l'on assiste à une résurgence
des « cliniques » traditionnelles, lesquelles sont
fortement sollicitées dans la ville de Douala (DE ROSNY E., op. cit.).
Problématique
L'hôpital a toujours été
considéré comme un lieu qui redonnent la santé aux malades
et qui est mis sur pied par les instances politiques afin de garantir aux
populations la lutte contre la morbidité. L'objectif visé
étant l'éradication de toutes les formes de maladies. Pour ce
faire, ces politiques mettent à la disposition des hôpitaux un
certain nombre de mesures d'accompagnements de sorte que les malades puissent y
consulter et partant puissent recouvrer leur santé. Seulement, l'on
note depuis un certain nombre d'année que nombre d'hôpitaux
publics s'illustrent par un laisser aller qui est de nature à
compromettre la guérison des malades qui y vont . De plus, les rapports
entre le personnel soignant et les patients ne sont pas en reste. Ils sont
aussi décriés que la qualité des prestations qui y sont
dispensées.( DIAKITE T. op. Cit)
Pourtant les interactions de face à face (GOFFMAN E.
op. cit.), constituent l'une des conditionnalités relatives à
l'accès à la santé dans la ville de Douala. En effet, pour
sa santé, le patient ou le malade a besoin de se rendre chez un
prestataire de soins. Ce faisant, en face de ce dernier, il bute sur nombre de
difficultés qui diffèrent et/ou compromettent sa guérison.
La relation thérapeutique semble être fonction du statut du
patient qu'on a devant soi. Si le patient est d'une condition sociale
aisée, alors la relation médicale avec son traitant sera
profonde. Si c'est l'inverse, elle sera superficielle. On comprend dès
lors que le social, le politique, et l'économique sous-tendent la
relation médicale aussi bien dans la médecine moderne
conventionnelle que dans la médecine traditionnelle, mais à des
degrés divers.
Par ailleurs, nos observations nous font croire que la
relation thérapeutique n'est pas la même dans les deux formes de
médecines. L'une d'elle semble la minorer et nous nous proposons de voir
à quel point elle le fait par le prisme de l'hôpital Laquintinie
(HOURS B. op. cit.) et de l'African clinic. Nous nous appesantirons sur les
relations « officielles » et les relations
« officieuses » dans ces deux structures médicales
afin de cerner la place qu'elles accordent aux patients (GOFFMAN E. 1961).
La relation patient / traitant prend dès lors encrage
sur les théories des interactions sociales privilégiant ainsi les
côtés socio émotionnels et affectifs de leurs rencontres
physiques, leurs comportements respectifs, en accordant aussi une bonne place
à la théâtralité ou du moins au côté
scénique de ces comportements. A cet effet, pour BENSING J.M. (1976,
1980), lorsque le patient va rencontrer un traitant, il a deux principaux
objectifs. Premièrement, il recherche sa guérison. Cette
dernière étant conditionnée par la prescription par le
docteur d'une ordonnance. Deuxièmement, la maladie met le patient dans
un état de dépression. Cela implique qu'il doit être
rassuré, rasséréné et calmé. On comprend
alors que le traitant doit faire en sorte que le patient ne soit plus anxieux.
En outre, le reproche qui est très souvent à la
médecine conventionnelle des hôpitaux publics africains en
général et ceux du Cameroun en particulier notamment à
l'hôpital Laquintinie de Douala, se rapporte au mauvais traitement et aux
mauvais accueils réservés aux malades. En clair, pour qu'un
patient puisse se rétablir promptement, il a besoin d'être
entouré de soins physiques et mentaux. Quand même il serait dans
un hôpital de renom, s'il n'y est pas bien accueilli et respecté,
il ne guérira pas bien de son mal. Fort heureusement que la
médecine traditionnelle africaine s'efforce bon an mal an à
être holistique, totalisante et complète. Elle soigne l'être
comme une globalité. Elle se souci de ses rapports avec son
environnement social. Il apparaît alors qu'elle soigne le physique et le
moral du patient en tenant compte de son statut social et de sa socioculture.
Cependant, la médecine traditionnelle subi une certaine
modernisation aux dimensions de la médecine conventionnelle. En fait,
elle souffre d'une discréditation savamment planifiée par les
tenants et les promoteurs de la médecine des hôpitaux. Ceux-ci
n'ont de cesse de la phagocyter, de la déstabiliser afin de lui ravir la
vedette et ce, au grand dam des patients. Néanmoins, l'on constate que
leurs efforts sont vains eu égard à l'expansion des cliniques
tradi - naturelles dans la ville de Douala. Leur multitude atteste que les
patients ou du moins les malades opèrent une sorte de « retour
aux sources ». Les malades montrent ainsi qu'ils
préfèrent la médecine de leurs ancêtres, la
médecine de leur culture, laquelle accorde une place de choix à
leur discours. Par conséquent, pour cerner notre sujet , il nous semble
indiquer de nous poser un certain nombre de questions.
QUESTIONS DE RECHERCHE
Question générale
La relation thérapeutique est- elle aussi
indispensable que les médicaments dans les deux formes de
médecines ?
A cette question s'adjoignent quelques unes
spécifiques.
Questions spécifiques
- Quelle est la place de la relation thérapeutique dans
les prestations sanitaires à L'HLD ?
- Quelle importance ces deux structures médicales
accordent-elles à la relation thérapeutique pour le traitement de
leurs patients ?
- Comment se comporte le personnel soignant en situation de
face à face avec ses patients dans les deux formes de
médecines ?
- Quelles sont les différentes conditionnalités
dans l'accès à la santé dans ces deux institutions
médicales ?
- Qu'est-ce qui prime dans l'une et l'autre
médecine : l'économique ?, le social ?, ou le
thérapeutique ?
Toutes ces questions nous permettent à cet effet
d'émettre quelques hypothèses.
HYPOTHESES DE LA RECHERCHE
Hypothèse
générale
- La relation thérapeutique n'a pas la même
valeur que les médicaments dans les deux formes de médecine.
Hypothèses spécifiques
-La relation thérapeutique est paternaliste et
holistique dans la médecine tradinaturelle .
- Les patients butent sur plusieurs obstacles dans leurs
interactions avec les soignants à l'hôpital Laquintinie.
- La prise en charge psychosociale et thérapeutique du
patient dépend très souvent de son statut social.
- La médecine conventionnelle à l'HLD fait
primer l'économique sur le social et le thérapeutique.
- A l'AC, la relation thérapeutique est basée
sur la prise en compte des attentes du patient et non uniquement sur l'achat
des médicaments.
- Les représentations des malades sur l'une ou l'autre
forme de médecine conditionnent le choix de leurs itinéraires
thérapeutiques.
OBJECTIFS DE L'ETUDE
A travers cette étude, nous poursuivons un certain
nombre de desseins qui se subdivisent en un objectif principal et en plusieurs
autres secondaires.
Objectif principal
-Ressortir les différences entre la relation
thérapeutique dans la médecine conventionnelle et la relation
thérapeutique dans la médecine tradinaturelle.
Objectifs secondaires
-Mettre en exergue la relation patient/traitant dans les deux
formes de médecine et les comparer en prenant en compte la
communication, la distanciation et / ou le rapprochement
-Rendre compréhensible les comportements et attitudes
tant des patients que du personnel soignant.
-Analyser les logiques et les conditionnalités qui
sous-tendent l'accès à la santé aussi bien à
l'hôpital Laquintinie de Douala qu'à l'African Clinic.
-Dire ce que la population morbide pense des deux formes de
médecine.
-Mettre en relief la place, mieux l'importance accordée
aux malades dans ces deux médecines.
IV- INTERET DU SUJET
La santé d'un groupe social est la clef de
voûte de son dynamisme et l'on ne peut pas travailler quand on est malade
ou quand on a des difficultés à recouvrer sa santé. En
d'autres termes, pour se prendre en charge ou prendre sa destinée en
main, l'Homme ou du moins les acteurs sociaux ont besoin de jouir d'une
santé de fer. La santé de la population est dès lors
considérée comme une condition sine qua non pour le
développement d'un pays (BALANDIER G.1981).
En plus, jouir d'une bonne santé exige un
certain nombre de préalables à réunir. Elle
nécessite la mise en commun de bien des conditions. L'observation des
moeurs dans la plupart des hôpitaux publics montre que les prestataires
des soins ont sublimé les médicaments et l'économique au
détriment des valeurs humaine et citoyenne que sont la
ponctualité, la responsabilité médicale, l'écoute
du patient, le respect de la déontologie médicale et du serment
d'Hippocrate. C'est dire que l'hôpital public n'est plus un lieu qui
redonne l'espoir à tous les malades quels qu'ils soient.
Bien plus, la ville de Douala offre des soins de
santé multiformes. Le paysage médical est
représenté par les structures médicales des
médecines moderne et tradi-naturelle. Cette recherche nous permet de
cerner les représentions que les populations de cette ville se font de
ces deux formes de médecine. Ceci à travers les interactions
qu'elles ont avec les institutions médicales de la ville de Douala. Les
patients que l'on rencontre dans les « cliniques »
traditionnelles et ceux qu'on rencontre dans les hôpitaux publics ont
une perception de ces formes de médecines que nous nous proposons de
rapporter ici. L'avantage de cette recherche réside dans la mise en
évidence de la place de la relation thérapeutique dans les deux
formes de médecines (FAINZANG S., op. cit.).
Au surplus, la relation thérapeutique entre le patient
et son traitant est le premier pas vers la guérison du patient. Le
patient qui entretient une relation affective et humaine avec son traitant,
guérit plus vite de sa maladie que celui qui n'est pas la même
longueur d'onde avec son soignant (GUADAGNOLI E. and Charles G. 1998). Celui-ci
lui impose alors ses quatre volontés et ne tient pas toujours compte des
aspirations de son patient. Pourtant, WERNER D. (1978) affirme à ce
propos: `'The relations between patients and healers are very
decisive in the healing process. Healers have to understand their patients. If
not, it will be dificult for them to put their confidence in those
healers». On comprend alors que la relation
thérapeutique est indispensable dans la quête de la santé.
V- REVUE DE LA LITTERATURE
La maîtrise du sujet de la recherche dans une
enquête scientifique passe nécessairement par la lecture des
auteurs qui ont théorisé sur le même sujet. Les
connaissances livresques relatives au thème de recherche sont donc
indispensables. On comprend pourquoi en sociologie, le chercheur est tenu de se
soumettre aux étapes de la recherche en tête desquelles se trouve
la revue de la littérature existante, laquelle est synonyme d'analyse et
de critique des auteurs ayant été lus par le chercheur. GRAWITZ
M. (2001) nous dit que cela présente plus d'un avantage. Tout d'abord le
chercheur aura une ample idée de la théorie et de la
méthode à adopter pour sa recherche. Il pourra mettre une emphase
sur tel ou tel aspect de son thème qui n'a pas été
abordé par les auteurs qui l'ont précédé. Ensuite,
il saura quelle orientation donnée à son thème.
Enfin il pourra emprunter les idées et les méthodes des auteurs
qu'il a lus et les critiquer constructive ment.
L'on constate que la revue littéraire n'est pas d'une
importance moindre. Les ouvrages que nous avons lus sont de deux ordres :
ceux ayant traité de notre thème et ceux l'ayant
évoqué d'un côté et de l'autre, ceux traitant
uniquement des questions relatives à la santé , relevant de la
socio-anthropologie de la santé et ceux portant sur les théories
et les méthodes en sociologie et en anthropologie.
Les auteurs comme BAYART J.- F. (1985) parlent de l'usage
privé de la chose publique par les gouvernants et les fonctionnaires de
l'Etat camerounais. Cela nous a permis de comprendre pourquoi certains
personnels de santé profitent de leurs fonctions pour exiger des
patients le paiement de
« kicksbacks », sorte de
rançon qui doit leur être versée par le patient soit avant,
soit pendant, soit après le traitement.
NCHINDA T., (1981) parle de la formation et de l'utilisation
du personnel de santé dans les hôpitaux camerounais. Il
s'appesantit sur leur formation et sur leur utilisation. Il s'agit de la
manière avec laquelle on l'emploie. Il pousse son analyse plus loin
lorsqu'il dit que la qualité des soins dispensée aux patients est
tributaire de la qualité de la formation du personnel soignant et du
contexte socioéconomique dans lequel se situe l'hôpital où
il exerce. Toutefois, il passe sous silence les rapports entre ce personnel et
les patients et récuse de s'y attarder.
De plus, une utilisation inappropriée des
médecins et des infirmiers a des conséquences néfastes sur
la santé des patients. Tout comme une utilisation appropriée de
ce même personnel est l'un des préalables pour le prompt
rétablissement des patients.
CARRICABURU D. et MENORET M. (2004), analysent les
institutions sanitaires, les professionnelles, les maladies et la
médicalisation de la société française. Elles
s'intéressent également aux rapports que les patients
entretiennent avec ces institutions sanitaires et ce qu'ils en pensent.
BAJOIT G. (1992) pour sa part s'intéresse à la
sociologie relationnelle- expression qui d'ailleurs est le titre de son
ouvrage- et montre comment les liens sociaux se créent et se
consolident au travers des « interactions de face
à face ». Selon lui , la sociologie doit avoir
pour vocation première l'étude des relations entre les individus
afin de pouvoir cerner le tout social , ou du moins la société
dans sa globalité.
LAPIERRE D. (1979), DIAKITE T. (1985), DE ROSNY E. (1990)
ont respectivement abordé, étudié et analysé les
problèmes de santé en Inde et en Afrique. Diakité T. et de
Rosny E. se sont appesanti respectivement sur la santé et la
médecine tradi-naturelle africaines. Pour le premier, les hôpitaux
publics africains sont de véritables mouroirs où se manifeste ce
qu'il appelle « Le mythe de la solidarité
africaine » (op.cit, p.78). De Rosny quant à
lui s'attellent à montrer comment les Africains en
général, les Camerounais en particulier se soignent à
l'aide de la médecine tradi-naturelle. Il s'emploie dans son livre
à analyser les relations entre les
« Nganga »1(*) et leurs patients. La relation existant entre eux peut
être assimilée, selon lui, entre le maître et son
élève, le père et son fils. En outre, il soutient que les
tares de la santé publique camerounaise sont l `une des causes de
la ruée des malades vers la médecine tradi-naturelle.
Bien plus, CELERIER I. (1995) s'attarde sur la tâche
des médecins humanitaires lors des catastrophes, des cataclysmes et des
guerres. Il relate l'immensité de leur travail et les problèmes
qu'ils rencontrent. Ces hommes et femmes de la médecine venus de
très loin, généralement d'un pays étranger, sont
obligés de faire preuve d'un humanisme sans pareil, basé sur le
respect de la déontologie médicale et du serment d'Hippocrate.
Selon lui, les médecins humanitaires essaient de pallier le
déficit en personnel médical dans les zones et les régions
du monde touchées par les catastrophes naturelles.
Cependant, le reproche qu'on peut adresser à tous ces
auteurs est qu'ils n'ont pas abordé les relations entre le personnel
soignant et les patients de manière à mettre en relief les
logiques officielles et officieuses sous-tendant l'accès à la
couverture sanitaire. Leurs observations nous semblent superficielles par
rapport à notre thème. En outre, nos auteurs n'ont pas
suffisamment mis l'accent sur les inter influences entre les patients et le
personnel médical.
Le livre de HOURS B. (op. cit.) présente - entre
autres choses- le visage de l'hôpital Laquintinie des années
1985. En effet, l'hôpital Laquintinie de cette époque était
caractérisé par l'infection hospitalière, le laxiste et la
négligence du personnel traitant, bien des dysfonctionnements, etc. En
somme, il parle d'un système sanitaire public
« grippé » à travers le fonctionnement
difficultueux des hôpitaux publics.
KNUESEL R. (1991) pour sa part, montre que pour l'Africain
de souche, la saleté ne tue. En clair, selon lui, le noir ne meurt pas
de saleté. C'est la raison pour laquelle il n'aime pas prévenir
les maladies et tient en piètre estime les règles
hygiènes quelles qu'elles soient. Pour lui, même dans les
hôpitaux africains, on les respecte pas toujours.
Quant à FONTAINE M. (1995), son analyse porte sur le
rapport en le recours thérapeutique et la culture dans la zone
septentrionale du Cameroun. On peut retenir de son livre que le type de soin
auquel les populations recourent valorise la culture d'une médecine
précise. A titre d'exemple, lorsqu'un Peuhl, au lieu de se rendre
à l'hôpital pour se faire soigner, lui préfère le
consulter un tradi-praticien, il fait perdurer sa culture et sa tradition dans
le domaine de la santé tout comme quand un individu malade se rend chez
le médecin, c'est la culture occidentale liée à la
médecine qu'il ravive. D'où santé et culture sont
liées.
Toutefois, l'auteur semble négliger les relations
entre patients et traitants de manière à les rendre
compréhensibles. Ce à quoi nous allons nous atteler tout le log
de notre recherche. M'BOKOLO E. (1983) fait une analyse portant sur les
acteurs de la santé et les professionnels de ce secteur, les malades et
les origines de certaines maladies. Il y fait aussi une analyse du mal et de la
douleur que ressent le patient en essayant de retracer l'historique de sa
maladie. Il analyse aussi les origines des maladies comme la trypanosomiase, le
paludisme, le choléra, etc. Ceci dans les angles historique,
anthropologique et sociologique. Il s'attarde également sur la part de
responsabilité de la société dans la maladie dont souffre
un individu et donne tout un éventail de ce nous appellerions les cause
sociales des maladies. L'on retiendra dans cet ouvrage que la
société peut être à l'origine de la maladie d'un
individu tout autant qu'il peut en être un facteur inhibiteur.
ROUGEMONT A. (1992) a étudié la prise en charge
des couches sociales défavorisées en matière de
santé. Il parle d'une santé qui est le produit de la
société, la résultante des interactions entre l'individu
et sa société. Pour lui, c'est la société qui
codifie les soins de santé. L'auteur nous rejoint lorsqu'il pense que
dans les formations sanitaires, on peut entretenir des rapports avec le
personnel médical qui conduisent à la santé des patients
ou qui peuvent aboutir à une guérison approximative.
WERNER D. (op.cit) fait le tour d'horizon des
conditionnalités aux soins de santé primaires que doit assurer
un health worker . IL dit à cet effet
A health worker has to work as an educator and toward
prevention. Il pense que l'agent de santé doive
travailler dans l'optique de leur apprendre à se prendre en charge et
à prévenir les maladies. C'est ce qu'il appelle
« Self reliance for health »
(op.cit. p.70).
Le personnel de santé doit aussi traiter les patients
avec égard et respecter leur personne. C'est pourquoi il parle
d'équilibre entre la prévention et le traitement. D'où, il
affirme : «Working toward a balance between
prevention and traitment». Cet ouvrage est aussi une
compilation de recettes, de potions médicinales à même de
soigner les malades. Il y donne des recettes simples relevant de la
médecine moderne et de la médecine tradi-naturelle. La
première partie de son ouvrage est consacrée à la
relation entre « health worker and
patients » dans les villes et villages. Ce livre va en
droite ligne de notre thème de recherche parce qu'il nous
imprègne sur l'attitude que doit avoir le personnel médical
« en situation de face à
face » avec les malades (GOFFMAN E., 1974 : 26) .
Il pousse sa réflexion plus loin et encourage le personnel
médical à prendre soin de la communauté dans sa
globalité, en se souciant du respect de l'environnement.
La critique que nous pourrions lui adresser est qu'il
arrête son analyse des relations entre et personnel soignant pour
davantage s'appesantir sur la fabrication des médicaments.
Néanmoins, son ouvrage a fortement captivé notre attention
puisqu'il a ouvert notre esprit en matière de contacts ou
d'interrelations entre malades et médecins.
FASSIN D. et JAFFRE Y. (1990) parlent des canons
méthodologiques et théoriques liés à la recherche
en socio anthropologie médicale. Ces auteurs analysent également
presque tous les secteurs d'activités dans une société.
Ils vont du politique à l'économique en passant par le culturel
pour cerner la santé et partant, le développement. Cet ouvrage
nous a permis d'axer notre recherche sur les relations et les interactions
entre le personnel médical et les patients. Nous y avons vu comment
aborder ou étudier ces relations. Allant dans le même ordre
d'idée, MARA VIVEROS (1990) nous a fait part des principes
méthodologiques qui lui ont servi à scruter la relation
patient/traitant dans un village colombien du nom de Villeta.
FAINZANG S. (op. cit.) analyse les contours et les logiques
de la relation médecins/malades. Elle analyse le contenu des discours
tenus par les deux parties en présence dans la relation médicale.
Elle passe au scanner les consultations pour y déceler des mensonges,
des influences et des irrégularités médicales. Quand nous
la lisions, nous comprenions que nombre de patients sont influencés soit
positivement soit négativement dans les relations qu'ils entretiennent
avec leurs traitants, lesquels vont jusqu'à recourir au mensonge pour
les réconforter quand ils sont déprimés du fait de la
maladie.
HATTIER (op.cit) s'intéresse aux médecines
tradi-naturelles. Il passe en revue les moyens thérapeutiques des
médecines naturelles africaine, européenne et asiatique. Chacun
de ces continents a une médecine tradi-naturelle qui lui est propre. Il
met en exergue les vertus thérapeutiques de chacune d'elle. Seulement,
nous avons remarqué qu'il ne s'est pas appesanti de long en large sur
les relations patients/traitants dans lesdites médecines
BENOIST J.(1996) a le mérite d'avoir produit un
ouvrage qui analyse le pluralisme médical. Sa lecture nous a permis de
comprendre les motivations de certains patients qui recourent à
plusieurs médecines pour se soigner. Il révèle que c'est
l'insatisfaction de bien des patients qui les emmène à opter pour
le pluralisme médical. Il déclare à cet effet :
Les patients qui vont à
l'hôpital et en même temps chez le tradipraticien voire chez les
prophètes thérapeutes le font parce qu'ils n'ont pas
trouvé satisfaction chez l'un d'eux. Ils se disent alors qu'en allant
chez tous ces thérapeutes, ils augmentent leur chance de guérison
totale. Ce qui n'est pas toujours le cas parce que le pluralisme médical
entraîne des interférences
médicales (op. cit. p.17).
Dès lors, nous comprenons que le pluralisme
médical traduit les insuffisances des politiques sanitaires et
l'insatisfaction des patients. Ces derniers pensent qu'à chaque forme de
médecine, correspond un type précis de maladie. D'où il
parle « de maladies pour
hôpital » (op. cit. p.40) ;
« de maladies pour
tradipraticien » (op. cit., p.42) ;
« de maladie pour prophète
thérapeute » (op. cit., p.45). Ce qui met en
exergue l'existence de « stéréotypes
liés à la maladie ». Ainsi, quand un
individu est malade, il doit se raviser si oui ou non sa maladie peut
être guérit à l'hôpital ou chez les Nganga et
prendre par conséquent l'itinéraire thérapeutique qui
s'impose.
Le reproche que nous faisons à cet auteur est de
n'avoir pas analysé profondément les relations entre soignants et
patients dans les médecines qu'il a étudiées pour
expliquer le pluralisme médical.
MEYER P.(op. cit.), pour sa part, s'est
intéressé aux dérives du personnel médical des
hôpitaux publics en France. Selon lui, l'irresponsabilité
médicale a des conséquences fâcheuses sur les patients. Son
incidence peut entraîner la mort et jeter « Le
discrédit sur la médecine moderne » (op.
cit. p.78).
NJIKAM M. (1998) a étudié les dynamiques
socio-anthropologiques qui sous-tendent la pandémie du VIH/SIDA dans la
ville de Douala notamment dans le milieu estudiantin de l'université de
cette même ville. RETEL L. Georges (1987) revisite les appellations des
maladies selon qu'on est dans une société moderniste ou dans une
société traditionaliste. Il s'intéresse aussi à la
relation traitant/patient sans pour autant révéler les logiques
qui la sous-tendent comme nous aimerions le faire.
LANTUM D. (op. cit.) a rédigé un ouvrage qui
fait en quelque sorte l'éloge de la médecine tradi-naturelle au
Cameroun. Cependant, il y dit de cette forme médecine qu'elle est en
mal de reconnaissance de la part des décideurs politiques. Ce qui, pour
lui, est une perte considérable pour les peuples africains en
général et camerounais en particulier. En outre, il a
recensé les facteurs -22 très exactement- d'expansion de la
médecine traditionnelle. Ainsi, l'on a :
F1 : Dans les régions
éloignées des centres urbains et hospitaliers, seuls les
guérisseurs indigènes peuvent soigner les
malades.
F2 : Certaines maladies ne peuvent être
soignées que pas les guérisseurs traditionnels : Folie,
jaunisse, épilepsie.
F3 : Les pauvres qui ne sont pas capables
d'acheter les produits pharmaceutiques préfèrent les
guérisseurs indigènes. Certains guérisseurs ne demandent
pas l'argent.
F4 : L'insuffisance des médecins
favorise le choix des guérisseurs indigènes par les
populations.
F5 : Les guérisseurs indigènes
sont mieux connus dans certaines régions grâce à leur
efficacité si bien que la population est satisfaite de leur
présence.
F6 : Les guérisseurs connaissent les
problèmes de leurs sociétés. Ils utilisent ces
connaissances dans leurs diagnostics pour mieux soigner les malades dont ils
sont apparentés ou proches.
F7 : les guérisseurs utilisent des
instruments peu compliqués et ordinaires pour soigner les malades :
Ex : Calebasse, houe, plantes.
F8 : Le guérisseur et le malade sont
souvent de la même tribu. Ainsi le contact est facile.
F9 : Les guérisseurs sont moins
exigeants que les médecins.
F10 : C'est une question de culture
thérapeutique
F11 : Pendant de la consultation le malade
ne parle pas pendant longtemps : il n' y a pas d'ordonnance complexe et
pas d'opérations chirurgicales.
F12 : les guérisseurs traitent souvent
à crédit et demandent parfois qu'on leur paie en nature.
Exemple : poulet, chèvre
F13 : Les guérisseurs indigènes
sont nombreux et bien reparties sur le territoire national.
F14 : Le malade peut choisir d'aller chez un
guérisseur soit parce qu'il est célèbre, soit parce qu'il
souffre de maux que celui-ci soigne facilement.
F15 : Pendant la période du
traitement, le malade, dans certains cas, est logé et nourri
gratuitement.
(...)
F17 : Le guérisseur indigène ne
s'occupe pas seulement de la maladie déclarée, il traite
l'individu dans son âme et/ou dans son esprit. Il prend en compte tous
les liens sociaux du malade.
(...)
F20 : Les guérisseurs reçoivent
les malades et les traitent comme leurs propres enfants. Ils sont
hospitaliers.
F21 : Le manque d'éducation sanitaire
chez les populations favorise le recours aux guérisseurs traditionnel et
la croyance en eux.
F22 : Le guérisseur traditionnel offre
le soutien moral aux malades. Le malade trouve en lui un bon copain avec qui
il peut converser au-delà des problèmes de
santé (...) (DONGMO A., 2000.p40).
MBONJI E. (op. cit.) dans son ouvrage montre comment les
africains sont à cheval entre la médecine tradinaturelle
africaine et la médecine conventionnelle .Pour lui, les citadins
constituent la tranche de la population africaine la plus concernée par
cet écartèlement.
ADAM P. et HERZLICH Cl. (1990), analysent dans leur ouvrage
les interactions dans le milieu médical. Ils s'efforcent de comprendre
l'univers médical, les significations qu'on donne aux maladies et les
représentations que le personnel soignant se fait des malades
Par ailleurs, nous avons parcouru bien des articles se
rapportant à notre thème ou l'ayant évoqué. Nombre
de ces articles sont publiés par la revue internationale
« social science and medecine ».
BENSING J.M. (1991), nous révèle que la bonne
communication est indispensable dans la relation patient/traitant. Nous avons
retenu que cette bonne communication est l'un des préalables au bon
rétablissement des patients.
Pour BERTAKIS J.M (1992), le patient doit être compris
par le traitant et inversement. Il montre comment le patient doit faire l'objet
d'attention et de délicatesse de la part du personnel hospitalier. Nous
nous trouvons là dans le vif de notre sujet et son analyse nous a
fortement édifié et permis d'orienter notre travail.
Dans leur article commun, MEUEWISER L., SHEAP C. and SJAAK
Van der GHEEST (1991), analysent les entretiens entre traitants et patients
pendant les consultations. Ils montrent comment les traitants imposent aux
patients leur quatre volonté et ne tiennent pas toujours compte des
aspirations de ceux-ci quand il s'agit de donner le traitement. Ils disent,
à cet effet, que cela est parfois source de conflits qui ne vont pas
sans conséquences sur la patient.
KLEINMAN A. (1980) a étudié les relations
entre malades et traitants dans le contexte culturel. Il dit à cet effet
que la relation patient/traitant est fonction de chaque aire culturelle tout
autant que de l'importance qu'on lui accorde. De plus, pour cet auteur, l'on
doit utiliser la notion de « modèle
explicatoire » pour désigner, mettre en exergue
et interpréter les différentes idées des malades et des
thérapeutes autour de la maladie et de ses origines. Cet auteur,
à l'instar de bien d'autres, a essayé de classer ses idées
en deux groupes : les croyances internalisantes et les croyances
externalisantes. D'où, pour YOUNG C. - qui est la tête de proue
des auteurs qui se rangent du côté des croyances internalisantes
de l'origine de la maladie- affirme que la genèse des
phénomènes de santé, de souffrance sont localisées
à l'intérieur de l'individu. Ce dernier est donc le seul
responsable de sa situation et l'origine de son mal se trouve soit dans son
comportement incorrect, soit au manque de ressources
socioéconomiques.
FOSTER G. et ANDERSON B. (1978) analysent les canons de
l'anthropologie médicale et son objet d'étude. Ils ont le
mérite d'avoir conçu une des théories de l'Anthropologie
médicale. Pour eux, le chercheur des sciences humaines qui étudie
et explique les causes des maladies doit prendre appui sur ce qu'ils appellent
les « systèmes de croyances personnalistes ou
internalisantes » et les
« systèmes de croyances naturalistes ou
externalisantes ». En clair, une maladie peut
être due soit à un agent pathogène extérieur qui est
« mystique, super naturel », soit
à un agent pathogène intérieur qui provient d'un
déséquilibre interne à l' individu .Seulement , leur
modèle explicatoire des maladies ne fait pas grand cas des rapports
médecins/malades pour cerner les causes et le traitement des maladies.
LAPLANTINE F., à la page 86 de son ouvrage , met en
relief les modèles théoriques inhérentes à
l'Anthropologie médicale. Ainsi, elle parle des
« modèles additifs » et
des « modèles
soustractifs ». Cependant, elle passe sous silence la
relation patient/traitant comme partie à part entière de
l'accès à la santé.
SPEEDING E. et ROSE D. (1985) montrent comment construire
une relation stable et affective avec le patient. De l'accueil jusqu'au
traitement en passant par la consultation, le soignant doit être
attentif ; c'est pourquoi ils
affirment : « The doctor has to pay attention
to all the life of his patients » (op.cit, p.622).
Seulement, SPEEDING et ROSE ne se sont pas appesantis sur la relation
patient/traitant dans la médecine tradi-naturelle.
DEVEUGELE M., DERESE A. et MAESENER J. (2002)
s'évertuent à montrer dans leur article comment le support social
et le soutien moral apportés aux patients les réconfortent et
participent de beaucoup dans leur rétablissement. Pour eux, la bonne
relation thérapeutique est, sinon indispensable, tout au moins
importante entre le patient et celui qui le soigne.
Cependant, ils se sont limités à le dire sans
nous plonger dans un univers hospitalier pour nous montrer comment cela se
manifeste. Néanmoins, ils ont le mérite d'avoir pu
démontrer, ceci avec le concours de plusieurs prestataires de soins, que
la relation médicale et la confiance qui va avec sont indispensables
dans le rétablissement des patients. Les médicaments à eux
seuls ne suffisent pas.
HERVEY D. et Van GYSEHEM (2006), disent que les patients
doivent être traités avec respect. Nous comprenons avec eux que
l'analyse des informations données par le malade obéit à
des règles édictées par la directive 95/46 du code
médical. Michael H., WIADNYANA I. et alii. (1999), s'attardent sur la
question de la satisfaction des patients dans les hôpitaux des pays dits
en développement. C'est dans cet article qu'ils révèlent
que dans nombre de ces hôpitaux publics, l'on ignore la notion
« D'indice de satisfaction des
malades » (op. cit. p.402). Laquelle, selon eux, est
indispensable pour juger de la qualité des soins. En fait, il semble que
l'indice de satisfaction des patients permet aux hôpitaux de s'examiner,
de faire une introspection afin de mieux servir les patients.
Bien plus, les auteurs comme GUADAGNOLI E. et Patricia W.
(1998), ne s'appesantissent sur le degré de participation du patient
dans la prise de décisions relatives à son traitement. Ce genre
de préoccupation n'a cours qu'en Occident dans la mesure où le
rapport médecin/malade frise la relation du maître à
l'esclave en Afrique. Le premier donne les directives que le second doit suivre
à la lettre sans mot dire.
Les chercheurs ne s'intéressent pas encore à ce
genre de problèmes en Afrique en général et au Cameroun
en particulier, si bien que la littérature existante portant sur de
telles préoccupations y est congrue.
Charles G. et al (1984), se demandent si les malades
voudraient être impliqués dans la prise de décision en
rapport avec leur santé. Il ressort de cet article que nombre de
patients voudraient qu'on leur explique et qu'on les mette au courant de tout
ce qui concerne leur santé. BLANCHARD G. (1998), montre comment les
malades atteints du cancer veulent être au parfum de tout ce qui a trait
à leur état de santé. YORRO S. (2003), pense que la
médecine traditionnelle est promue à un bel avenir au regard de
son expansion toujours croissante dans les villes africaines. Selon lui, elle
revalorise l'Homme et le traite dans toutes ses dimensions. Cependant, le
reproche qu'on pourrait lui adresser est de n'avoir pas mis en relief les
logiques qui sous-tendent la relation patient/traitant dans les deux
médecines. SEUMO H. (2007), ETOA Marguerite S. (2007), DJIMELI A.
(2007) affirment dans leurs articles respectifs que dans les hôpitaux
publics camerounais, l'on tient en piètre estime la charité , le
bon accueil et la notion de satisfaction des patients.
Par ailleurs, il n'a pas été question de lire
uniquement des ouvrages spécialisés. Nous avons également
parcouru plusieurs ouvrages de méthodologie et de sociologie
générale. Ainsi, nous avons eu à consulter le
dictionnaire de sociologie de BOUDON R.(1999) , celui écrit par lui et
BOURRICAUD F.(1982), celui écrit par ALBIN M.(1998) ; dans lesquels
nous nous sommes largement imprégnés des mots et expressions
sociologiques et de leurs connotations. De plus, ces auteurs ont
explicité les théories sociologiques et anthropologiques de
manière à les rendre plus accessibles. Les approches,
individualiste, behavioriste, culturaliste, structuraliste, diffusionniste,
etc. y sont amplement détaillées.
Dans leur ouvrage collectif, ETIENNE J. et al (1997)
donnent les terminologies sociologiques, les approches sociologiques tant
classique que contemporaine et leur champ d'application. Nous y avons
puisé des mots et expressions clés qui servent à faire des
analyses sociologiques appropriées.
COULON A. (1987), s'appesantit sur
l'ethnométhodologie et ses principes cardinaux. Il présente en
outre les terrains qui siéent à cette théorie. Nous avons
donc compris que cette théorie est adaptée aux études
sanitaires si tant est qu'elle permet de dénicher les
ethnométhodes des patients dans la quête de la santé ;
les ethnométhodes propres à la profession de personnel soignant
dans le contexte des médecines conventionnelle et traditionnelle. Est
ethnométhode, toute habitude, toute stratégie apprise et
intériorisée par un individu et s'originant dans sa culture, le
contexte socioculturel, politique et économique dans lequel il vit.
RAYMOND A.(1967) pour sa part, retrace les itinéraires
de la pensée sociologique des précurseurs aux contemporains-ceux
de son époques- , en passant bien sûr par les classiques. De ces
pères fondateurs de la sociologie, il met en relief les relans de
sociologie dans quelques unes de leurs productions scientifiques. Il dit
d'ailleurs que la paternité du vocable sociologie échoit
à COMTE A. , lequel l'a forgé à l'université de
BORDEAUX - BORDEAUX 10 très exactement- et en a fait une matière
universitaire à part entière avec pour objectif principal
l'étude de la société française.
ETIENNE J. et MENDRAS H. (1993) passent en revue ce qu'ils
appellent les « grands thèmes de la
sociologie » auxquels ils associent les
« grands sociologues ». Dans cet
ouvrage, nous avons noté ce que chaque auteur de sociologie a eu dire
sur un thème précis et comment il y théorise. Ainsi
DURKHEIM et sa théorie du fait social occupent une place
prépondérante dans cet ouvrage, tout comme CROZIER M. et sa
théorie portant sur les stratégies des acteurs dans les
organisations, etc.
LALLEMENT M. (1993) a tablé sur l'histoire des
idées sociologiques de leurs origines à DURKHEIM (Tome I), de
PARSONS aux contemporains (Tome II). Dans ces parutions, il subsume l'essentiel
des théories de ces différents auteurs et les rend plus
abordables à la compréhension. En plus, il ressort les grands
axes de chacune d'elle et leurs implications sur la perception des champs
sociologiques et la conduite des recherches.
MBONJI E. (2005) recense les théories tant
sociologique qu'anthropologique en les détaillant et en les
synthétisant. Bien plus, il fait comprendre à ses lecteurs ce
qu'ils doivent entendre par méthode, problème de recherche, cadre
théorique, cadre conceptuel, intérêt de l'étude,
etc. Cet ouvrage nous a paru être un parchemin pour qui veut faire de
bonnes recherches ou pour qui veut produire de bons mémoires.
NISBET R. (1984) met en exergue les normes et les valeurs en
sociologie. Pour elle, il existe une tradition sociologique que tous les
chercheurs en sociologie fondamentale et pratique doivent respecter, voire
protéger afin de pérenniser son caractère scientifique.
Ainsi, il convient de dire que la sociologie comporte des canons
théorique et méthodologique que les sociologisants doivent
apprendre et maîtriser. Le cas échant, cette discipline perdrait
sa « mémoire ». Cette
dernière n'est autre chose que l'ensemble des précurseurs et
classiques qui ont jeté les bases de cette science.
PERETZ H. (2004) revoit les méthodes en sociologie et
met un accent particulier sur l'observation scientifique sous toutes ses
formes. Aussi s'appesantit-il sur l'observation directe que les
interactionnistes appellent l'observation in situ et cette autre forme
d'observation chère à BRONISLAV MALINOSWKI (1926), à
savoir l'observation participante encore appelée la participation
observante (MBONJI E. op. cit.)
GARFINKEL H. (1967) ; (1985) a fait des analyses sur
l'ethnométhodologie. Il est d'ailleurs présenté comme
l'une des têtes de proue de cette théorie qui met un accent sur
les motivations des individus en relation avec les ethnométhodes
qu `ils ont apprises de leurs cultures. Pour lui , les actions
individuelles ont le sceau ou le cachet de l'héritage culturel des
individus et ils se comportent en fonction de cet habitus culturel. En clair,
la société n'est que le produit des ethnométhodes que les
individus mettent en oeuvre quotidiennement.
GOFFMAN E. (1973) pense que la vie en société
s'inscrit dans une théâtralité où chacun joue le
rôle qui lui est assigné plus ou moins bien. La
société étant faite de rôles et de statuts qu'elle
confère à ses élus, chacun parmi ceux-ci se doit de
« jouer le rôle inhérent à son
personnage ». Aussi peut-il arriver qu'on le joue bien
ou moins bien. Dans la même optique, les actions individuelles
s'inscrivent dans des « rites
d'interaction » lesquelles émanent de la
législation en vigueur dans la société qui fait jouer aux
individus des rôles (GOFFMAN E.1974. p15).
Dans le tome II (1968), il nous a fait comprendre que les
acteurs sociaux joue des rôles qui sont fonction de leurs
différents statuts. Bien plus, dans nos relations en public, nous
portons des sortes de masques qui correspondent à nos statuts sociaux et
aux images que la société voudrait que nous renvoyions . Au
surplus, en public nous ne sommes plus nous-mêmes. Nous sommes notre
rôle, nous sommes ce que la société nous impose
d'être en face des autres.
Dans son autre ouvrage (1961), il met en relief les
interactions entre les malades mentaux se trouvant dans un asile- lieu qui
n'est autre que le titre du livre en question-, il note à cet effet que
les malades inventent de nouvelles normes(celles -là officieuses), pour
se soustraire aux normes officielles afin de rendre moins pesant leur
séjour dans cet univers médical. Son analyse nous a permis de
cerner dans une certaine mesure les dessous des rapports entre traitants et
soignants dans les structures médicales étudiées.
BACHELARD G. (1980), s'emploie à mettre en exergue les
conditionnalités, mieux les critères de définition d'un
esprit scientifique ou d'un travail scientifique. Il parle -entre autres
choses- des types de recherche en sciences sociales. Il distingue le
modèle de recherche empirico- inductif du modèle de recherche
hypothético- déductif. Le premier modèle
privilégie une méthode compréhensive et
interprétative des faits sociaux. Le second modèle quant à
lui s'appesantit sur une méthode explicative, positiviste et causaliste
des faits sociaux. De plus, il détaille les différentes
étapes d'un travail scientifique.
LADRIERE P. (2001), pense que les recherches en sociologie
doivent se préoccuper des questions éthiques. En fait, il lui a
été donné de constater que dans leur recherches, nombre
de chercheurs font fi de l'éthique et passent outre les droits des
populations sous études. En clair, au nom d'une recherche, se
demande-t-il, doit- on saper les intérêts des
enquêtés comme le font certains chercheurs sous l'instigation de
certains organismes internationaux. Ces organismes internationaux, très
souvent, ne cherchent pas à avoir le consentement des populations
concernées.
Allant dans le même sens, GOSSELIN G. (1972), pense
qu'il y a une « limite » que le
chercheur ne doit pas franchir dans ses enquêtes. Il est des aspects de
la vie des informateurs que le chercheur ne doit pas altérer, tordre et
divulguer dans ses écrits parce qu'ayant trait à leur vie
privée. Il dit également que bien des chercheurs ne se soucient
pas de l'éthique et arrive à la conclusion selon laquelle il est
urgent de se préoccuper de l'éthique dans les recherches en
sciences sociales.
NGA NDONGO V.(2003) estime qu'il faille parler d'une
sociologie africaine qui se préoccupera des questions de ce continent
avec des canons théorique et méthodologique qu'elle va
emprunter à la « sociologie occidentale(classique
et contemporaine) ». Il ne s'agit donc pas de tourner
le dos à la sociologie occidentale comme certains pourrait être
amenés à le croire. Bien au contraire, il que nous nous servions
de la sociologie occidentale pour produire un corps important de connaissances
sur notre continent. Pour lui, les africains sont mieux placés pour
théoriser sur les réalités de leur continent.
Cadre théorique : De
l'interactionnisme symbolique et de l'ethnométhodologie
Tout un courant de la sociologie s'est
développé pour comprendre la société du point de
vue de l'interaction des individus. Fondateur de cette théorie, BLUMER
H. (MENDRAS H., op. cit.) a forgé le terme d'interactionnisme
symbolique pour souligner ses deux principes de base :
premièrement, la société est un réseau
d'interactions entre les individus ; deuxièmement, les individus
agissent sur les choses en fonction des significations qu'ils leur
donnent et ils utilisent ces significations, ces symboles dans leurs
interactions, ou plus exactement, ces symboles sont produits par l'interaction.
Ainsi, la structure sociale et la culture sont vues comme le produit des
interactions. BLUMER retourne la perspective « holiste »
qui voit dans la structure et la culture l'encadrement des actions
individuelles et il va jusqu'à laisser entendre qu'il n' y a rien
d'autre à étudier pour comprendre la société que la
vie quotidienne des individus. De là, ses successeurs ont
développé l'ethnométhodologie, mot ambigu qui fait
référence à l'ethnologie, puisqu'elle prône
l'observation de la vie quotidienne dans nos sociétés, comme les
ethnologues observent les moeurs des populations qu'ils étudient. En
outre, ethno sous-entend l'idée que tout membre d'une
société dispose du savoir de sens commun de sa
société, une ethnoscience.
Cette position méthodologique conduit évidemment
à s'intéresser aux cas atypiques pour analyser, a contrario, les
cas normaux. Par exemple, BECKER H. (1985) a étudié le
métier et la carrière des musiciens professionnels du jazz,
profession qu'il exerçait lui-même. Il a montré
l'importance des facteurs que les études classiques de sociologie du
travail et des professions avaient tendance à négliger. Ainsi,
l'ethnométhodologie conduit à faire de l'observation participante
le principal outil de travail du sociologue et de l'anthropologue.
GOFFMAN E. (op. cit.), de son côté, a fait des
études sur la vie des hôpitaux psychiatriques, ce qui l'a conduit
à présenter la vie sociale comme une scène de
théâtre où les acteurs jouent des rôles et
accomplissent des rites d'interaction.
Enfin, attirés par les cas atypiques, les
ethnométhodologues se sont intéressés aux marginaux et aux
mécanismes de la déviance. L'étude pionnière en ce
domaine est celle de BECKER H. (op. cit.) sur les fumeurs de marijuana dans
laquelle il décrit méticuleusement l'apprentissage. Du point de
vue du déviant, c'est la façon dont les autres le traitent de
déviant, et le traitent en déviant, qui fait de lui un
déviant : on met sur lui une étiquette qui devient
bientôt un stigmate.
Par ailleurs, disons que les analyses interactionnistes
étaient déjà au centre des travaux de la première
école de Chicago. Everett C. HUGHES (1897-1983), professeur à
Chicago puis à Montréal, est un des artisans de la seconde
génération qui a forgé la notion de
l'interactionnisme symbolique. Non seulement auteur d'ouvrages de
référence ( Men and their work 1958, The
sociological eyes, 1971), E. C. HUGHES a su impulser de nombreux travaux
monographiques qui ont fait date dans la domaine du travail ( D. ROY), des
professions ( E. FRIEDSON , Profession of medecine, 1971) ;
de la déviance ( E. LEMERT, Human deviance, 1967 ; D.
MATZA, Becoming deviant, 1969 ; BECKER H. , op. cit.) ou encore
de la maladie ( GLASER B. et STRAUSS A. , Awareness of dying, 1965).
L'interactionnisme prend enfin une forme originale et plus personnalisée
avec la sociologie dramaturgique d'Erwing GOFFMAN (1922-1982), ancien
élève de E. C. HUGHES, et dont l'une des ambitions majeures est
de répondre au défi des fondations microsociologiques de l'ordre
social.
En plus, l'ethnométhodologie est
présentée comme la variante la plus récente mais aussi la
plus radicale de l `interactionnisme symbolique. Pour son fondateur,
GARFINKEL H. (op. cit.), la réalité sociale est une construction
permanente qui n'a rien d'extérieur aux individus aux individus. Il
s'inscrit dès lors dans une perspective phénoménolomogique
qui le met en phase avec les travaux comme ceux de A. SCHUTZ ,
réfugié autrichien qui enseigna à la new school for social
research( New York), et ses élèves P. BERGER et T. LUCKMANN (
The social construction of the reality, 1967). Lorsque, avec la fin
des années 1960, s'amenuise le poids institutionnel des
universités de Harvard, Columbia et Chicago, l'ethnométhodologie,
jusqu'à lors confinée à un petit groupe de californiens,
prend un premier envol institutionnel. Des travaux sur la justice,
l'école, l'hôpital, les organisations, la science, les groupes de
rencontre ou encore la délinquance, se multiplient.
L'interactionnisme serait donc une tendance récente de
la sociologie américaine étudiant l'influence réciproque
que les partenaires exercent sur leurs actions respectives lorsqu'ils sont en
présence physiques les uns des autres (LALLEMENT M. 1993). Il ne s'agit
pas de la personnalité de l'individu mais de ce qu'il est avec les
autres. Nous avons porté notre choix sur cette théorie parce que
notre thème est son reflet. En d'autres termes, quand on lit notre
thème- la relation patient/ traitant dans les médecines
conventionnelle et tradinaturelle africaines : cas de l'hôpital
Laquintinie et de l'African Clinic de Douala (Cameroun) - l'on pourrait faire
usage de l'interactionnisme symbolique et de l'ethnométhodologie pour
mener à bien cette recherche. C'est le lieu de présenter les
grands axes de ces théories.
Le premier fondement de l'interactionnisme est l'observation
in situ. Cette dernière se veut la règle primordiale de
l'interactionnisme parce que pour pouvoir étudier les rapports entre les
acteurs sociaux, le chercheur doit pouvoir les observer (LAPASSADE G.1991).
Dès lors, il est impérieux que le chercheur face corps avec son
objet d'étude afin de voir et d'observer. En clair, il s'agit de porter
un regard attentif sur les interactions humaines lesquelles constituent le
deuxième fondement de cette théorie (MBONJI E.2005).
La notion d'interaction symbolique :
Due à Herbert
BLUMER en 1937, désigne l'unité minimale des échanges
sociaux ou situation où chacun des membres d'un groupe joue, agit et se
comporte en fonction de l'autre. L'interaction est ainsi une microstructure non
préétablie mais formée à l'instant T de
l'interface, et dont le présupposé est le partage des
significations dans les situations particulières. (MBONJI
E. op. cit., p22).
De plus, nous nous sommes inspirés des principes
fondateurs de la démarche interactionniste pour conduire notre
recherche. Selon H. BLUMER (1937), les humains agissent à l'égard
des choses en fonction du sens que les choses ont pour eux. Ce sens provient
des interactions de chacun avec autrui. C'est dans un processus
d'interprétation mis en oeuvre par chacun dans le traitement des objets
rencontrés que ce sens est manipulé ou modifié. COULON A.
(1987) affirme à cet effet :
... Les interactionnistes soutiennent
à contrario que c'est la description que les acteurs se font du social
qui constitue en dernière analyse, l'objet essentiel de la recherche.
Nous vivons, disent-ils, dans un monde à la fois physique et
symbolique ; et c'est nous -mêmes qui construisons les
significations de nos actions et du monde à l'aide des symboles
signifiants. (Op.cit.p87).
Les chefs de file de cette théorie se sont
intéressés à l'analyse des hôpitaux
(FRIEDSON E. 1971) ; (GLASER B. et STRAUSS A. 1965) etc. Ceux-ci
considèrent les représentations comme un autre fondement de
l'interactionnisme. E. GOFFMAN (1961) a étudié les interactions
entre malades et personnels soignants dans un asile. Il en ressort que les
handicapés développent des adaptations secondaires pour
échapper aux normes préétablies en tissant des relations
entre eux.
L'ethnométhodologie pour sa part nous a permis de
mettre en relief les «ethnométhodes » des patients et du
personnel soignant. Ces deux parties adoptent des attitudes et des
comportements en fonctions des représentations sociales qu'elles ont des
deux formes de médecines. Ainsi, tout patient qui se rend dans une
formation médicale de l'une ou l'autre médecine, met en oeuvre un
certain nombres d'ethnométhodes qu'il a su intérioriser. Les
ethnométhodes sont des us et coutumes sociales
intériorisés par les acteurs (SCHUTZ A. op. cit.).
Cette théorie porte sur les méthodes des acteurs
sociaux. Pour agir, ces derniers mettent sur pied des stratégies qui
sont tributaires de leurs représentations et de leur savoir culturel.
L'ethnométhodologie fait alors partie de la sociologie
compréhensive en ceci qu'elle cherche à montrer pourquoi
l'individu X va à droite plutôt que d'aller à gauche.
GARFINKEL H. déclare à ce sujet :
« Ethno semble faire allusion au savoir
quotidien de la société en tant que connaissance de tout ce
qui est à la disposition d'un membre ».
(1985. p46).
Il existe également d'autres théories
médicalisées qui s'inscrivent dans la vision interactionniste de
la maladie et s'appesantissent sur la relation entre le malade et son traitant.
Ces théories peuvent s'appliquer aussi bien à la médecine
conventionnelle qu'à la médecine tradi-naturelle. En fait, la
théorie des interactions sociales et la théorie de la
réciprocité expliquent l'inter influence entre le patient et le
traitant. Elles ont profondément l'aspect socio émotionnel ou
affectif de la relation patient / traitant.
Ces théories dont la paternité reviennent
à BENSING (op. cit.), mettent un point d'honneur sur l'étude des
objectifs que veulent atteindre les patients et leur traitant. Elles
s'intéressent aux logiques et modalités qui sous-tendent le
traitement, la rédaction des ordonnances, bref à tout ce qui
apparaît quand le patient est en interaction avec son patient. Elles
analysent aussi le degré de communication, de rapprochement ou de
distanciation existant entre le patient et son soignant.
En plus, elles marquent un temps d'arrêt sur le
comportement des patients et du personnel traitant. Elles étudient aussi
les tâches qui incombent à ce personnel et les émotions de
tous les personnels impliquées dans la quête de la santé
à l'hôpital.
LA THEORIE DE LA RECIPROCITE
Selon GOULDNER (1960), ROBERTS et ARUGETE (2000), la
théorie de la réciprocité stipule que les individus ont
tendance à transmettre aux autres les biens et les services dont ils
font l'objet. Pour eux, les émotions et les sentiments que nous
manifestons ne sont le produit que des émotions et des sentiments des
autres envers nous. En clair, l'individu X se comporte envers l'individu Y en
fonction de la manière donc Y se comporte envers lui. Bien plus,
l'individu X donne à l'individu Y parce qu'il a reçu de
l'individu Z et inversement. C'est dire que la vie ou du moins l'interaction
sociale ne se résume qu'au don et au contre don dont parle Marcel MAUSS.
Au surplus, lors d'une consultation, le médecin ou
l'infirmier exige du patient toute sont attention quand il lui parle. Le
patient en retour attend de lui qu'il lui donne satisfaction. ROBERTS et
ARUGETE (op. cit.) pensent que les patients bien éduqués son
respectueux envers leur traitant, sont aussi dans la plupart des cas satisfaits
et réciproquement. Cela engendre un climat de
sérénité et partant induit mieux favorise la
guérison du patient. Ils pensent aussi que le comportement du patient
est fonction de l'intensité et du type de sa maladie. La nature de la
maladie conditionne l'humeur et le comportement du malade envers le
médecin ou le tradi - thérapeute, son entourage et dans une
certaine mesure sa famille ; d'où l'on peut dire que la nature de
la maladie est liée à l'attitude, à la mentalité et
au comportement du malade. Elle influe sur son tempérament. D'où
il semble impérieux d'intégrer cette dimension dans la prise en
charge psychosociale du malade.
METHODES DE COLLECTE DES DONNEES
Ce qui fait la scientificité d'un travail de recherche,
c'est le respect scrupuleux de la part du chercheur de la méthode. C'est
elle qui différencie la connaissance scientifique de la connaissance
vulgaire et profane. La méthode peut être comprise comme le chemin
qu'emprunte un chercheur pour atteindre les objectifs liés à son
étude. A ce propos, MBONDJI E. affirme :
Du grec meta et hodos : chemin ; ou
du latin « methodus » : poursuite ; la
méthode est la manière d'aborder l'objet d'étude, le
chemin parcouru, la voie à suivre par l'esprit humain pour
décrire ou élaborer un discours cohérent, atteindre la
vérité de l'objet à analyser.
(op.cit.p11).
Pour les hommes de Science, toute personne qui entreprend
une enquête doit faire usage de techniques pour recueillir les
informations et révéler des vérités sur son objet
d'étude. Ainsi, en sociologie, la recherche s'inscrit dans cette logique
et ne saurait se faire sans un canal méthodique qui sert de ligne de
conduite, des gardes- fous à celui qui recueille les informations. Cela
lui permet de garantir la crédibilité scientifique de son
travail. Pour mener à bien nos multiples investigations sur le terrain
d'étude (l'HLD et l'AC), nous nous sommes servis des questionnaires, des
entretiens de groupe avec les patients, des récits de vie et de
l'observation in situ ou observation directe. ( GRAWITZ M. op. cit.). C'est au
travers de ces techniques que nous avons pu cerner les logiques qui sous-
tendent l'accès à la santé à l'HLD et l'AC. Dans
les lignes qui suivent, nous nous proposons de présenter
brièvement le panorama de ces techniques et leur apport dans notre
recherche.
LE QUESTIONNAIRE DESTINE AUX PATIENTS
Ce questionnaire avait pour objectif de nous donner
l'idée que les patients dans ces hôpitaux se font du personnel
soignant, ceci en se basant sur les relations qu'ils entretiennent avec eux et
les représentations qui en découlent. Ce questionnaire ne
renfermait pas des interrogations en vue de chiffrer les données. Il
visait tout simplement à nous imprégner de ce que les patients
qui sont à l'AC et à l'HLD pensent de leurs soignants. Il nous a
permis de glaner un nombre considérable d'informations (BEAUD M. 2003).
LE QUESTIONNAIRE DESTINE AU PERSONNEL
SOIGNANT
Au travers de ce questionnaire, nous voulions mettre en
évidence ce que le personnel soignant de l'AC et de l'HLD pensent de
leurs patients et des rapports qu'ils ont avec eux. Les questions qui s'y
trouvaient s'attardaient sur la couverture sanitaire notamment sur la
dispensation des soins. Nous voulions avoir une idée de ce qu'ils
pensent de leurs patients, de leurs professions selon qu'ils étaient
médecins, infirmiers, tradit-hérapeutes, infirmiers et/ou
aides-soignants. La connaissance scientifique ne peut pas s'élargir sans
questionnement préalable. BACHELARD G. (1967) affirme à cet
effet : « Pour un esprit scientifique, toute
connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a
pas de questions, il ne peut y avoir de connaissance
scientifique. » (p14).
TYPOLOGIE DES ENTRETIENS UTILISES LORS DES
ENQUETES
- Les entretiens semi directifs
Dans l'optique de cerner les interactions entre le personnels
de ces hôpitaux et leurs patients, il s'est avéré
indispensable que nous ayons des entretiens et les interviews avec toutes les
parties en présence notamment les personnes ressources comme les
directeurs, les médecins, les majors des pavillons, le personnel
paramédical et les patients. Les entretiens que nous avons eus avec
nombre de ces informateurs étaient semi directifs. Nous leur faisions
connaître notre thème et leur laissions la latitude de s'exprimer
en orientant tout de même leurs réponses dans le sens de notre
sujet (BLANCHET A. et al, 1985).
- Les entretiens à questions ouvertes
Nous avons fait usage de ce type d'entretien pour recueillir
le maximum d'informations possibles lors des entretiens de groupe avec les
patients et le personnel soignant pendant les pauses café. Nous leur
faisions connaître notre sujet et nous en discutions. C'est alors que
chacun s'exprimait librement et nous faisait part de ses expériences
personnelles dans les hôpitaux publics de la ville de Douala en
général et à l `HLD en particulier ( PENEFF J.,
1990). Aux fins de valider ou d'invalider les informations recueillies, nous
avons eu recourt à l'observation in situ ou à l'observation
directe et à l'observation participante.
L'observation in situ ou l'observation directe
L'on ne peut bien cerner les interactions entre le personnel
traitant et les patients dans la quête de la santé si on ne les
observe pas directement. L'observation est une étape primordiale dans
tout travail de recherche. Elle est synonyme d'allées et venues du
chercheur sur son terrain d'étude pour voir et regarder ce qui s'y passe
(PERETZ H., 2004).
Selon SELYE (1973), l'observation se subdivise en trois
étapes. Il pense que, pour bien observer, le chercheur doit remarquer,
reconnaître et évaluer. Il dit en outre que l'observation permet
de tester ses hypothèses et les suppositions émises.
L'observation du réel s'avère ainsi indispensable à toute
entreprise voulant se justifier sur des principes scientifiques. C'est sur
cette base que LACOSTE Y.(1966) reconnaît IBN KHALDOUM, historien
maghrébin du XIVème siècle, comme le fondateur de
l'histoire scientifique, car il aurait été le premier à
axer sa recherche historique sur l'observation de la nature des choses.
Observer, pour le scientifique, est donc une préoccupation majeure. Son
esprit doit y demeurer attaché comme le sont les yeux de l'automobiliste
sur la route.
Les observations que nous avons faites au sujet des rapports
entre personnel de santé et patients dans les deux structures
médicales que nous avons étudiées, nous ont permis de
considérer et de mettre en valeur les logiques de ces rapports et ce qui
les sous-tend. Elles nous ont permis de voir comment les soins sont
dispensés, comment sont accueillis les patients et comment les patients
attendent de façon stoïque et téméraire les
consultations médicales. Grâce à elles, nous avons pu
établir le degré de communication, de rapprochement et de
distanciation entre le personnel soignant et les patients dans les deux formes
de médecines (ANCELIN A., 1972).
L'observation participante et la participation
observante
Elle nous a aidé à intégrer les milieux
hospitaliers de Laquintinie et de l'AC. Ainsi nous nous sommes fait
passé pour un patient afin de ressentir ce que les patients
éprouvent lorsqu'ils viennent en consultation auprès du personnel
soignant (VAN DER GEEST S., et SARKODIE S., 1998). Cette participation
observante a duré deux semaines à l'HLD.et une semaine à
l'AC.
BRONISLAV MALINOSWKI (1926), pour étudier le crime
et les coutumes dans les sociétés dites primitives, a cru bon de
devenir un membre à part entière desdites sociétés.
Dans la même perspective, Robert JAULIN (1983) pense qu'il faut pouvoir
faire partie du phénomène étudié pour être en
mesure d'en parler correctement. C'est d'ailleurs ce qu'il a fait concernant
l'inceste puisqu'il l'avait expérimenté avec sa soeur et, par
conséquent, estimait qu'il était plus à même d'en
parler par rapport à ces autres chercheurs qui, - s'adressant
implicitement à Claude LEVI- STRAUSS- ne l'ont étudié
que de « l'extérieur » (MBONJI E., op.
cit.).
DEFINITION DES CONCEPTS ET NOTIONS CLES
Médecine conventionnelle :
Ensemble des prestations sanitaires légalisées par le
ministère de la santé publique et offertes par les hôpitaux
tant publics que privés.
Médecine traditionnelle :
Ensemble des soins de santé dispensés sur la base d'un savoir
traditionnel hérité, oral ou écrit.
Médecine : Ensemble des
connaissances scientifiques et des moyens mis en oeuvre pour la
prévention, la guérison ou le soulagement des maladies, blessures
ou infirmités.
Couverture sanitaire : Ensemble des
moyens, techniques et stratégies thérapeutiques
déployés pour pallier la morbidité dans un pays et/ou dans
un hôpital.
Population vulnérable : Femmes en
âge de procréer, enfants de 0 à 5 ans, personnes
âgées et pauvres.
Paquet minimum d'activités
(PMA) : Minimum incompressible d'activités à la
fois curative, préventive et promotionnelle qui doivent être
exécutées dans chaque aire de santé.
Structure sanitaire : Edifice dans
lequel sont dispensés des soins.
Formation sanitaire : Etablissement qui
dispense des soins.
Equité : Capacité de
garantir aux plus pauvres l'accessibilité aux soins de qualité
Pyramide sanitaire :
Représentation hiérarchisée (sous forme de pyramide) de
trois niveaux du système de santé :
-Le niveau central au sommet : Les services
centraux
-Le niveau intermédiaire au milieu :
Les services techniques d'appui que sont les délégations
provinciales.
-Le niveau périphérique à la
base : Services opérationnels au contact des communautés
(hôpitaux).
Phytothérapie : Traitement des
maladies par les plantes
Herboriste : Professionnel titulaire
d'un diplôme l'habilitant à vendre des plantes
médicinales.
Herboristerie : Boutique de
l'herboriste
Para médecine : Ensemble des
prestations sanitaires uniquement dispensées par le personnel
paramédical (infirmiers et aides- soignants) d'un hôpital.
Curetage : procédé au
moyen duquel un thérapeute enlève les produits chimiques des
médicaments de l'organisme de son patient.
Naturopathe : Personne qui soigne à
partir des plantes ou des produits dérivés.
Relation thérapeutique : Interaction
ou rapport établit entre le patient et son soignant.
Infections nosocomiales : Ensemble des
maladies contractées par un patient pendant son séjour à
l'hôpital, du fait de l'insuffisance de l'hygiène
hospitalière.
Nganga : Terme Duala qui renvoie au
tradipraticien ou au phytothérapeute.
Mbombog : Dignitaire et dans une certaine
mesure le tradipraticien en pays Bassa
Pharmacopée : (Avec une
majuscule).Recueil officiel contenant les médicaments, leur composition,
leur effet. (Avec une minuscule).Ensemble des remèdes.
Pharmacovigilance : Centralisation,
contrôle et diffusion des informations sur les effets nocifs ou
imprévus des médicaments.
Parturition : Accouchement
Hôpital de référence :
Structure médicale de renommée provinciale voire nationale
Major : Personne qui dirige un pavillon ou
un service dans un hôpital.
Consultation médicale : Entretien
qu'un prestataire de soins a avec son patient afin de diagnostiquer son mal.
Patient « orphelin » ou sans
« tuteur » : Qualificatif que nous avons
donné aux patients sans gardes-malades.
Tâcleurs : Personnes prostrées
à l'entrée de l'hôpital Laquintinie avec pour but de
détourner les malades vers des pharmacies privées avec lesquelles
elles sont en collaboration.
Ausculter : Examiner le malade.
DES DIFFICULTES RENCONTREES
Les obstacles sur lesquels nous avons butés sont de
deux ordres. Les premiers ont trait aux ouvrages que nous avons lus alors que
les seconds ont trait à la disponibilité de nos informateurs
pendant les consultations médicales.
Certains documents consultés certes, traitent des
problèmes de santé, mais ne portent pas uniquement sur une
analyse profonde de la relation personnel médical/patients dans les
structures sanitaires. Bien plus, les ouvrages se rapportant à la
relation thérapeutique entre patients et traitants à l'HLD et
à l'AC ne sont pas encore disponibles. En outre, le secteur
médical camerounais n'a pas encore fait l'objet d'une large analyse
scientifique de la part des spécialistes des sciences humaines. Ce qui
fait que les données secondaires se rapportant à ce secteur sont
congrues.
En conséquence, l'accès aux informations
relevant de telles études est bien difficile. Néanmoins, nous
nous sommes contentés des lectures faites par les spécialistes
occidentaux et quelques uns d'Afrique.
Au surplus, la consultation médicale étant une
affaire sécrète, il nous a été difficile
d'assister aux séances de parturition (accouchement) des femmes ou
d'assister aux consultations se tenant entre le gynécologue et son
patient. C'est la même situation avec les autres consultations.
Interroger un malade n'est pas chose aisée parce qu'il est souffrant et
qu'il est difficile pour lui de faire preuve d'objectivité.
Les enquêtes nocturnes nous ont été
proscrites. A l'AC, nous n'avons presque pas eu des difficultés pour
recueillir les informations et faire nos investigations. Toutefois, nous avons
aussi buté sur la confidentialité des informations.
En dépit de ces difficultés, nous avons
réussi à recueillir bien des informations qui nous ont permis de
réaliser notre travail structuré en deux parties
subdivisées chacune en deux chapitres. La première partie porte
sur la médecine conventionnelle et la médecine tradi-naturelle
dans la couverture sanitaire à Douala. La seconde partie, quant à
elle, se penche sur les places du social, de l `économique et de la
relation thérapeutique entre soignants et malades dans les deux formes
de médecine à Douala. Cette deuxième partie est
talonnée par une approche évaluative de la politique sanitaire en
vigueur au Cameroun et de la conclusion générale.
PREMIERE PARTIE :
DE LA MEDECINE CONVENTIONNELLE ET DE LA MEDECINE
TRADINATURELLE DANS LA COUVERTURE SANITAIRE A DOUALA
INTRODUCTION
Dans cette partie, l'on retrouvera les médecines dans
lesquelles nous avons étudié la relation patients /traitants
dans la ville de Douala. Cette dernière renferme plusieurs formations
médicales tant publiques que privées. A cela s'ajoutent les
centres de santé intégrés, les cabinets médicaux
privés, les cliniques, les hôpitaux confessionnels et les
tradipraticiens. La couverture sanitaire est, dès lors, variée et
multiforme dans cette ville. Le malade n'a qu'à choisir le type de
médecine et la structure médicale qui lui conviennent le mieux
afin de se rétablir promptement. Nous avons porté notre attention
sur l'hôpital Laquintinie et sur l'African clinic pour étudier les
relations patients/traitants en vue d'identifier les dissemblances et les
ressemblances tant dans la médecine conventionnelle que dans la
médecine naturelle. Les chapitres qui suivent s'attardent tour à
tour sur le personnel soignant et les patients aussi bien à l'HLD
qu'à l'AC.
« Aider un malade à
guérir, ce n'est donc pas seulement le mettre à l'hôpital,
lui donner sa potion, lui faire des piqûres ou lui administrer des
hormones ou des vitamines. C'est surtout l'aider à résoudre ses
problèmes intérieurs en lui garantissant une bonne prise en
charge psychosociale. »
Maurice TIECHE (op. cit.)
CARTE DE L'HOPITAL LAQUINTINIE DE
DOUALA
CHAPITRE I
CHAPITRE : 1
LES ACTEURS EN PRESENCE A L'HOPITAL
LAQUINTINIE DE DOUALA
Introduction :
L'hôpital Laquintinie de Douala est une formation
médicale de référence qui accueille un nombre important
d'usagers soit un chiffre de 10.000 consultations médicales par jour
(cf. annuaire de l'HLD, 2000). Sa position stratégique dans la capitale
provinciale du littoral favorise cette forte demande en soins de santé.
Aussi, remarque-t-on que la population morbide a toujours tendance à
solliciter ses services. Cela a pour conséquence positive la
mobilisation d'un personnel soignant face à une demande médicale
importante et pour conséquence négative, une demande en
prestations sanitaires supérieure à l'offre. La structure abrite
non seulement un personnel diversifié, mais également elle
accueille des patients « externe et interne ».
Les patients « externes » sont ceux-
là venus uniquement en consultation et qui, après celles-ci,
retournent chez eux. A l'inverse, les patients « internes »
encore appelés les « internés » ou
« hospitalisés » sont ceux -là qui doivent
séjourner à l'hôpital pour être suivis de près
par le personnel soignant (FAINZANG S., op. cit.).
I- Le personnel en activité à
l'hôpital Laquintinie de Douala
Le personnel en activité dans cet hôpital est
constitué du personnel administratif, du personnel soignant et du
personnel d'appui. Chaque catégorie socioprofessionnelle remplit une
fonction bien précise afin de diligenter l'accès aux soins et le
bon fonctionnement de l'hôpital. Une insuffisance ou un dysfonctionnement
pouvant entraîner inévitablement une incidence sur le climat
hospitalier. ROUGEMONT A. (1992).
1- 1- 1-Le personnel administratif
Ce personnel veille à l'application de la politique
sanitaire telle qu'élaborée par le ministère de la
santé publique. C'est à lui de veiller mieux de mettre en oeuvre
toutes les orientations édictées par la tutelle afin que cet
hôpital soit performant et offre des prestations sanitaires de
qualité. Comme personnel administratif nous avons le directeur de cet
hôpital, les membres du comité de gestion, les surveillants
généraux des différents pavillons, les chefs de services
de chacune des spécialités médicales et les majors encore
appelés coordinateur d'activité de soins dans chaque pavillon.
Les comptables matières et autres responsables de l'hygiène
hospitalière n'étant pas en reste.
Ce personnel est une courroie entre le ministère de la
santé publique et le personnel soignant. C'est à lui que revient
la responsabilité de faire appliquer la stratégie sectorielle de
la santé publique (SSSP) dans cet hôpital. En outre, le personnel
administratif de cette structure médicale est composé
d'administrateurs civils, d'administrateurs de santé et de
spécialistes en médecine. Il lui est demander de réduire
de un tiers au moins (1/3) la charge morbide globale et la mortalité des
groupes vulnérables, en mettant à moins d'une heure et pour 90%
de la population, une formation sanitaire délivrant le paquet minimum
d `activité (PMA). Ce dernier est synonyme du minimum
incompressible des activités à la fois curatives,
préventives et promotionnelles qui doivent être
exécutées dans chaque aire de santé. C'est à lui de
promouvoir l'équité dans l'accès aux soins. Cette
équité viserait à garantir l'accessibilité des plus
pauvres aux soins de qualité (cf. Annuaire statistique du Cameroun,
2004). Tâche qui, du reste, est aussi dévolue au personnel
soignant de cette structure sanitaire.
2-Le personnel soignant à l'hôpital
Laquintinie
L'hôpital Laquintinie de Douala présente à
ses usagers deux catégories socioprofessionnelles en matière de
santé. Nous avons le personnel médical essentiellement
constitué de médecins spécialistes tout autant que
généralistes. En 2000 cet hôpital comptait 64
médecins dont 36 spécialistes et 28
généralistes.
i. le personnel médical
Les médecins spécialistes sont ceux- là
qui ont suivi une formation spécialisante dans une branche
précise de la médecine (CELERIER I., 1995). Ce peut être en
cardiologie, en neurologie, en oncologie et en dermatologie. Ils se
démarquent des médecins généralistes en ceci que
ceux-ci ont suivi une formation médicale somme toute
générale et non spécialisante. Les médecins sont
plus en contact avec les malades que lors des consultations, de l'auscultation
et des rondes médicales. C'est le personnel paramédical qui est
plus au contact des patients (BEISECKER, 1990).
ii. le personnel paramédical
Ce personnel est le garant de la para médecine. C'est
à lui de s'occuper de tout ce qui tourne autour de la médecine.
C'est ici que se retrouvent les infirmiers, les techniciens
médico-sanitaires, les techniciens supérieurs, les sages femmes,
les infirmiers principaux, les infirmiers diplômés d'état,
les contractuels et les temporaires. La particularité de ce personnel
est qu'il est plus au contact des patients que ne l'est le personnel
médical. Très souvent le personnel paramédical accueille
les malades, les reçoit, les oriente. Il suit également
l'évolution de leur état sanitaire, veille à l'application
des directives données par le médecin et prend les
paramètres sur le patient. Les paramètres renvoient à la
prise du pouls, de la température et des signes pouvant plus tard aider
le médecin à poser un diagnostic efficace. En clair, le personnel
paramédical est le relais entre le patient et le médecin.
D'après l'annuaire de cet hôpital, l'on compte un peu plus de 113
aide-soignants. Le personnel paramédical dans son ensemble avoisine le
nombre de 400 personnes.
Le malade qui se rend dans cet hôpital voudrait
bénéficier de l'expertise médicale de ces
différentes mais complémentaires catégories
socioprofessionnelles. D'où il est bien souvent obligé de se
retrouver en situation de face à face avec chacune d'elle (GOFFMAN E. ,
1968). Il en résulte des inter influences, des relations et des rapports
que nous avons étudiés.
3- Le personnel d'appui
Le personnel d'appui vient aider le personnel administratif et
le personnel soignant dans leurs tâches respectives. Ce personnel
s'occupe des questions liées à la salubrité et à la
maintenance des équipements hospitaliers. On y retrouve les main
tenanciers, les informaticiens, le service de nettoyage des bâtiments et
des pavillons, le SAMU, les brancardiers, la police, les agents de
sécurité et de gardiennage. Ce personnel apporte une large
contribution au bon fonctionnement de l'hôpital Laquintinie. Le visage
reluisant que cette institution médicale affiche ces dernières
années n'est autre chose que le fruit du dur labeur du personnel
d'entretien. On comprend pourquoi un de nos informateurs, patient dans cet
hôpital, affirme : « cet hôpital est
devenu semblable à un hôpital privé. Il est propre et
le cadre hospitalier est de plus en plus salubre. Chaque jour le personnel
d'entretien passe deux fois pour nettoyer notre chambre
d'hospitalisation. Ce qui n'était pas le cas il y a quelques
années. » (Entretien réalisé avec
le nommé POUM Noé le 05-12-06 dans sa chambre d'hospitalisation
de l'HLD)
La suite de l'entretien nous a fait croire que ce monsieur
était visiblement du travail abattu par le service d'hygiène de
cet hôpital. Les efforts que ce dernier fournit participent du bien
-être de tous les usagers de cette formation médicale en
général et des patients en particulier.
II- Les patients à l'hôpital Laquintinie
de Douala
De part sa position géographique dans la ville de
Douala, l'HLD accueille un nombre considérable de malades (HOURS B., op.
cit.).Pour pouvoir satisfaire la demande en prestations sanitaires, l'on y
trouve deux types de consultations. Les consultations externes -qui
relèvent des services externes -, et les consultations internes qui,
elles, relèvent des services internes.
Les services externes renvoient aux bâtiments des
urgences et aux consultations qui s'y font (Cf. plan de l'HLD).Ces services
aident à résorber le problème de la demande
« médicale extérieure ».A contrario, les
services internes s'intéressent davantage aux patients
hospitalisés qu'aux patients externes (NCHINDA T. , op. cit.)
1-Les malades venus uniquement pour la consultation ou
les « externes »
Les externes sont rencontrés au pavillon des urgences
.Il y en a qui vont à l'étage et ceux qui sont dans un
état critique sont affectés aux soins intensifs qui se trouvent
aux rez-de-chaussée du même bâtiment. Tous les
accidentés, les malades chroniques qui arrivent dans cet hôpital
sont directement conduits dans ce service. Le bâtiment s'apparente
à un micro-hôpital ou à un hôpital
miniaturisé. Le nouvel arrivant malade , en principe, ne doit pas
consulter à l'intérieur de la grande structure médicale.
Le pavillon des urgences offre des prestations diversifiées à
l'image des prestations offertes à l'intérieur.
En consultations externes, les patients sollicitent les
traitants selon chacune de leurs affections. Ainsi, nous en avons
rencontré qui voulaient consulter le gynécologue, certains le
dermatologue et d'autres le médecin généraliste. La
diversification des spécialités médicales participe du
souci de soigner toutes les affections des patients qui les sollicitent (AUGE
M. et HERZLICH Cl., 1984).Dès lors, nous comprenons pourquoi le
coordinateur de soins des consultations externes, Monsieur BASSAMA Paul,
affirme :
Les services externes sont organisés
tel que toutes les maladies peuvent y être soignées .Il suffit
simplement que le patient soit au contact du médecin
spécialisé dans le traitement de sa maladie .En fait ,notre
service fonctionne comme un petit hôpital. C'est lorsque le cas du
patient nécessite un internement qu'il est admis à
l'intérieur de l'hôpital. (Entretien
réalisé le 20-10-06 à l'HLD).
Le nombre de patients qui sollicitent les soins aux urgences
varie en fonction des jours .En conséquence, il est des jours où
en consultation externe notamment chez le médecin
généraliste ou chez l'infirmier principal, ils enregistrent de
200 à 300 consultations. A l'accueil du service des urgences, il est des
jours où ils reçoivent de 10 à 50 accidentés ou des
cas de maladies délicates. Les jours où il y a affluence sont le
Lundi et le Vendredi. Et M. BASSAMA de
dire : « A la veille de ces deux jours, je me
prépare en conséquence ».
D'après nos observations, au courant de la
journée les patients affluent dans ces services entre 7h30 et 14h30 pour
espérer être soignés avant que le personnel ne
« déserte » les lieux.
(DIAKITE T., op. cit.). En clair dans la matinée, cet hôpital en
général et son service des urgences en particulier, sont
fortement sollicités .Dans l'après-midi par contre, le nombre de
patients qui sollicitent ce service baisse considérablement. Ceci parce
que les patients estiment qu'il n'est pas aisé de rencontrer le
personnel à cette heure de la journée (MEYER P., op. cit.).
En outre, ils disent qu'à cette heure, bien des
médecins de l'HLD exercent dans leurs cabinets privés de
santé. Le personnel soignant quant à lui pense qu'il est
difficile pour les malades d'aller à l'hôpital sous le soleil ou
sous la pluie. D'où ils préfèrent consulter en grand
nombre dans la matinée où très souvent le plus gros du
staff médical est présent (HOURS B., op. cit.).En plus dans la
matinée, le climat est relativement doux.
Par ailleurs, ce qui frappe l'observateur dans ce service,
c'est que dans la matinée, l'affluence est telle que l'on ne peut pas
facilement se mouvoir le long du couloir de ce bâtiment. Hommes, femmes,
enfants et personnel soignant y vont et viennent avec pour objectif la
quête de la santé, mieux la guérison (FAINZANG S., op.
cit.). Aussi remarque-t- on que les salles de pré attente sont toujours
pleines. Dans ces salles, le patient et son garde-malade peuvent se divertir en
regardant la télévision en même temps qu'ils attendent leur
tour de consultation.
2-Les patients hospitalisés ou internés
à l'HLD
L'HLD a une capacité d'accueil en terme du nombre de
lits disponibles dans tous les services, 707 lits qui sont pour la plupart
occupés par les patients. Cet hôpital, selon les informations
à nous données par le chef du personnel dans cette structure en
la personne de madame DOGMO Jeanne ; accueille plus de 16000 patients par
an. C'est le lieu ici de signaler que les patients sont tous ceux -là
qui bénéficient des soins à l'intérieur de la
formation médicale dans ce service précis. Les internes ou les
hospitalisés ont la particularité de séjourner à
l'intérieur de la structure médicale, accompagné d'au
moins un proche parent - qui généralement joue le rôle de
garde malade - .
En plus, le malade interné nécessite des soins
particuliers et une attention particulière de manière à
pouvoir bénéficier d'un diagnostic efficient lui permettant de
guérir rapidement de sa maladie. Lorsqu'on en vient à l'interner,
c'est que son état est, soit critique, soit délicat et
incompréhensible pour le médecin (COX C. et MEAD M., 1975). Au
pavillon de la médecine par exemple, nos enquêtes nous ont
montré que les patients hospitalisés sont dans un état de
morbidité avancée qui exige une proximité étroite
entre eux et le personnel soignant (RETEL L., op. cit.).
Bien plus, les services internes que nous avons visités
lors de nos investigations , sont la maternité, le petit-payant et la
médecine. L'on y trouve un nombre important de malades
hospitalisés. Cela nous a permis de comprendre que la relation
patients/traitants est dense ou superficielle en fonction du type d'affection
dont est victime le malade (FAINZANG S., op. cit.). Il est des cas de maladies
qui exigent une attention particulière de la part du personnel
soignant. C'est le cas d'un malade atteint d'une gangrène ou victime
d `un accident grave ou encore souffrant du SIDA (NJIKAM Margaret, 1998).
Il lui faut des soins intensifs afin de le maintenir en vie. Par contre, un
malade dont la vie n'est pas en danger peut suivre des prestations normales.
D'où il faudrait adopter le point de vue de la nommée BOUELET
ABENG, médecin au service des urgences de l'HLD :
« Toute personne admise à l'hôpital et dont
l'état de santé est critique a besoin d'une attention
particulière du personnel soignant. Il y va de sa vie surtout si elle
ne bénéficie pas d'une expertise médicale
appropriée » (entretien du 14 janvier 2007).
C'est dire que le patient interné est plus vulnérable que le
patient se trouvant dans les services externes. C'est à juste titre que
DEVEUGELE M., DERESE A., DE MAESENEER font bien de titré leur article
« Is general practicioners - patients communication
related to their perceptions of illness severity, coping and social
support ? » (op. cit., p.1). Selon eux, le
degré de communication entre le patient et son traitant est fonction de
l'état de morbidité du patient.
Au surplus, l'observation des comportements du personnel
soignant d'une part et ceux des patients d'autre part, nous a
révélé que le personnel soignant est plus en rapport avec
les patients internés qu'avec les patients externes. Plus le patient
séjourne à l'hôpital, plus il est au contact du personnel
soignant et plus ses contacts sont révélateurs et
évocateurs d'un certain nombre de pratiques humanisantes et/ou
déshumanisantes selon qu'il est pétri ou non de la conscience
professionnelle (CELERIER I. op. cit.). C'est pourquoi nous avons mis un
accent notable sur les rapports entre patients internés et personnel
soignant. Cependant, cela n'est pas une négation ou un refus de notre
part de scruter les rapports entre les patients externes et le personnel
traitant. Ces rapports ont fait l'objet d'une étude minutieuse.
Par ailleurs, dans les différents contacts existant
entre le personnel soignant et les malades, il est une catégorie de
personnes qui viennent les faciliter. Il s'agit des gardes- malades.
3. De la présence des gardes- malades
à l'HLD
S'il est une remarque que l'observateur occidental puisse
faire quand il étudie les hôpitaux africains en
général, ceux du Cameroun en particulier, c'est celle ayant trait
à la présence aux côtés du patient, de proches
parents qui l'aident et veillent sur lui pendant tout son séjour
à l'hôpital. En Occident, les gardes- malades sont une
catégorie socioprofessionnelle. C'est dire qu'ils sont recrutés
par le ministère en charge des questions sanitaires et médicales
en tant que personnel à part entière de la santé publique
(CARRICABURU D. et MENORET M., op. cit.). Leur devoir est de s'occuper du
patient pendant son séjour à l'hôpital surtout quand il y
est interné. C'est du moins ce que révèlent FASSIN D. et
JAFFRE Y. (op. cit.). En Afrique par contre, et notamment au Cameroun, les
gardes- malades sont généralement les proches du patient. Ce sont
soit ses parents, soit ses frères, soit ses amis et/ou ses
connaissances.
Les gardes- malades viennent pallier le déficit en
personnel médical de nos hôpitaux. Etant donné que l'Etat
ne peut pas recruter des gardes- malades qui devront laver, nettoyer les effets
du patient, l'écouter, lui donner à manger, créer des
liens avec lui, liens qui doivent l'aider à avoir un moral haut, rien de
mieux que les proches parents ou amis pour pouvoir jouer ce rôle.
Dès lors, l'on comprend pourquoi quand on visite les
pavillons de ces hôpitaux, on rencontre des patients toujours
accompagnés des leurs. Ces derniers sont le relais entre eux et le
personnel soignant au point où on peut affirmer sans ambages que le
patient qui se rend dans un hôpital africain sans être
accompagné des siens alors qu'il est dans un état critique,
rencontrera bien des difficultés pour accéder aux soins (DIAKITE
T., op. cit.).
A l'HLD ou du moins dans les pavillons que nous avons
visités, il nous a été donné des remarquer que huit
patients sur dix étaient accompagnés des leurs proches parents ou
amis. Dans les salles d'hospitalisation du service de la médecine par
exemple, les gardes- malades rencontrés pour la plupart disaient
connaître les malades pour lesquels ils étaient là. C'est
le cas d'Alain qui dit :
Mon petit frère a été
victime d'un accident de voiture qui l'a gravement blessé. Si
je ne venais pas le garder ou quelqu'un d'autre de la famille, il serait
certainement mort. Le médecin a dit que je dois l'essuyer au moins cinq
fois par jour à cause de la chaleur. Si non, ses blessures vont
dégager une mauvaise odeur. Je ne vois pas quelqu'un d'autre pouvant
accepter un travail et un sacrifice de ce genre si ce n'est pas un membre de
ta famille ou si n'est pas ta personne. (Entretien du 10 janvier
2007).
Un témoignage identique nous est fait par madame ABENA
Célestine, garde- malade de son époux :
Mon mari a une blessure qu'il porte depuis
un an. Il faut beaucoup de patience pour supporter ses caprices et ce
que le médecin veut qu'on fasse pour lui. En plus, beaucoup d'eau sort
de sa blessure. Je crois que ce n'est que moi qui peux supporter ce genre de
chose parce que c'est mon mari. Je dois le laver, nettoyer ses vêtements.
Tantôt il veut manger ceci, tantôt il veut manger cela. Ce n'est
pas facile. A la maison, les enfants sont seuls. C'est ma voisine qui les aide
à faire la cuisine. Il faut également acheter les
médicaments et aller toujours appeler le major ou l'infirmier quand il
fait une crise. Ce n'est pas facile, mais je supporte. (Entretien
du 12 décembre 2006).
L'état de morbidité fait donc que le garde-
malade doit être des plus patients, disponible et éveillé.
Ces attributs viennent alors faciliter l'accès auprès du
personnel soignant des pavillons.
Le garde- malade joue un rôle très important
voire indispensable dans la relation que son malade entretient avec le
traitant. Sans lui, il serait difficile pour le patient - surtout dans une
auguste formation sanitaire comme l'HLD - de se retrouver ou de se
repérer. A cela, s'adjoint la douleur qui, très souvent, le
terrasse. Le garde- malade vient alors lui permettre de ne pas avoir de soucis
supplémentaires susceptibles d'aggraver sa maladie.
Les gardes- malades qui viennent faire consulter leurs
patients dans les services externes vont d'abord acheter un carnet
médical au guichet ensuite, il se dirige au service de consultation
externe situé au dessus des urgences où ils feront prendre des
paramètres (pouls, température, tension, informations
paramédicales et para symptomatiques). Enfin, il faut attendre l'appel
de son nom, lequel donne accès auprès du médecin.
L'attente de l'entrevue avec le médecin semble être une
étape éprouvante. C'est ici que le garde- malade doit faire
preuve de patience parce que le médecin est fortement sollicité
par les autres patients. Le garde- malade, s'il n'est pas
téméraire, risquerait de perdre patience. A cela s'ajoutent bien
souvent les gestes douloureux et pathétiques qui n'hésitent pas
à vous arracher les larmes.
Après la consultation, les consignes sont
données aux gardes- malades par le médecin ou l'infirmier lui
signifiant la conduite à tenir par le malade. Il s'agit de la posologie
des médicaments, de l'explication de l'ordonnance. Dans le cas où
le patient n'est pas à même de prendre acte toutes les
recommandations à lui données, c'est à lui que le
personnel soignant explique la posologie (BLANCHARD G., op. cit.). La
posologie se rapporte à la fréquence avec laquelle le malade doit
prendre un médicament précis.
En suite à cela, le garde-malade et son malade prennent
congés du médecin, lequel, s'il le juge indispensable, donne un
autre rendez-vous au patient. Dès lors, ils iront acheter les
médicaments prescrits sur l'ordonnance soit à la pharmacie de
l'HLD ou dans une pharmacie que leur aura indiquée le médecin.
L'on imagine très certainement qu'à la maison, le garde- malade
continuera de veiller sur son patient. C'est pourquoi madame ONANA Aline,
mère d'enfants, affirme : « Quand je viens
à l'hôpital, je dois être éveillée. Je dois
aussi suivre les ordres que me donne le pédiatre par rapport à
l'enfant. Même à la maison, je le fais »
(entretien du 16 novembre 2006 à l'HLD). Une autre dame
rencontrée dans le même service déclare :
« Prendre soin de nos petits enfants ne
s'arrête pas ici. Cela continue à la maison où c'est plus
difficile à cause des autres travaux qu'on doit accomplir. Ici à
l'hôpital, nous expliquons au médecin, les symptômes de la
maladie de l'enfant. A la maison, nous sommes des mères et des
épouses qui doivent s'occuper du foyer. Ma présence ici est
indispensable pour pouvoir identifier la maladie qui dérange mon
enfant » (entretien du 16 novembre 2006).
C'est sensiblement le même discours que nous ont tenu
tous ceux et toutes celles qui accompagnent les malades aux consultations
externes. Tout cela ne vient que confirmer le rôle
prépondérant des gardes-malades dans les relations qui existent
entre le patient et son traitant. C'est en tout cas ce que pensent WERNER D.
(op. cit.) et SPEEDING E. (op. cit.) respectivement dans leurs ouvrage et
article respectifs. C'est le lieu de nous plonger dans l'univers des
différents pavillons de l'HLD.
III. Patients et soignants dans les pavillons de l'HLD
1- Dans les services externes
Il s'agit des urgences et du pavillon de la consultation
externe. Les urgences par exemple sont un service qui est toujours en alerte
et où le personnel doit être sur le qui vive du fait de
l'arrivée massive des malades et des accidentés. Les urgences de
cet hôpital ont connu une amélioration dans la qualité du
service avec l'arrivée du docteur NTONE NTONE Fritz. Lequel a
redoré le blason de cette institution médicale. D'ailleurs ,
à l'observation ,l'on remarque une nette différence entre le
visage que présente cet hôpital aujourd'hui et celui que nous
dépeignent HOURS B.(op. cit.) et DE ROSNY E.(op. cit.).Ces derniers en
font une peinture marquée par le laxisme, l'insalubrité des
lieux, la mauvaise gestion des déchets de l'hôpital, etc.
Aujourd'hui, des efforts sont faits pour que cet hôpital nous
présente un visage attrayant. Aussi avons-nous remarqué que dans
cet hôpital en général et aux urgences en particulier, les
locaux sont plutôt propres.
La qualité de l'accueil, de mauvaise qu'elle
était à l'époque où écrivaient DE ROSNY et
HOURS B., est passée à passable parce qu'elle a connu des
améliorations notables .Le personnel des urgences nous a montré
des preuves d'attention et de dévouement envers les patients pendant nos
investigations. Les patients, dès leur arrivée, sont mis au soin
du personnel y afférent. Les urgences sont dotées de
brancardiers, d'une ambulance et bénéficient de l'appui du SAMU.
Ce qui fait que quand un patient leur est amené, il est sensé
être pris en charge par ce service en fonction du paquet minimum
d'activité. Il s'agit de l'ensemble des soins dont toute personne
gravement malade lorsqu'elle se rend à l' HLD, doit
bénéficier en attendant qu'elle ou ses proches parents puissent
les payer. Mais le problème se pose toujours au niveau des moyens
financiers. D'ailleurs c'est ce que confirme le major de ce
pavillon :
La gestion des cas urgents est difficile
dans la mesure où nous ne pouvons pas aller au -delà de nos
moyens qui, déjà, sont congrus. Le personnel est disponible .Mais
ce n'est pas à lui de supporter les frais des prestations sanitaires
des cas urgents qu'on nous amène .Parfois même, nous le faisons
.Si vous étiez venus hier, vous auriez vu la collecte à main
levée que nous avons initiée pour pouvoir sauver la vie d'un
patient grièvement blessé. Nous recevons toujours des cas
pathétiques au point où dès qu'il y a problème, on
nous indexe du doigt comme étant les premiers
responsables. (Entretien du 25-01-07 avec M. MANGA Simon,
major du service des urgences de l'HLD).
Son collègue du même service, le médecin
chef NJOCK Raphaël, partage son point de vue quand il
déclare :
Ce qui peut constituer un
problème majeur dans la relation qui nous lie aux cas urgents, c'est le
problème des moyens financiers .Plusieurs patients pensent que le
simple fait d'être admis dans un l'hôpital public, leur donne tous
les droits du monde et les dispense des frais médicaux. Cependant, ils
oublient que ces droits sont payants étant donné que
l'hôpital n'est pas un lieu de sacerdoce. Bien au contraire, les frais
des prestations permettent d'assurer son bon fonctionnement. Il y a des jours
où nous recevons 30 à 40 cas urgents. Ce n'est pas toujours
facile. (Entretien du 25-01-07 à l'HLD).
La particularité de la relation
patient/traitant au niveau des urgences est que le malade qui est dans un
état critique, ne peut pas objecter, accepter ou informer le traitant
.Ce dernier pose le diagnostic avec l'aide de ceux qui l'ont amené
jusqu'à lui et à partir des paramètres et symptômes
qu'il a identifiés au préalable. Si le patient n'a pas de moyens
financiers et que les salles de soins des urgences sont pleines, il est mis au
couloir à même le sol en attendant qu'on lui trouve un lit libre
là aux urgences ou dans un pavillon indiqué à
l'intérieur de l'hôpital. Pour le visiteur qui passe par
là, il est fort probable qu'aille jusqu'à croire que le personnel
est négligeant alors que c'est un problème de
disponibilité de chambre (HARDON A. et al, 1995).
Des personnes interviewées nous ont
révélées que cet hôpital était appelé,
il y a de cela quelques années, « hôpital
aide-moi à mourir ».Ceci parce que le personnel
soignant y était laxiste, irresponsable et in humaniste. (HOURS B., op.
cit.). Cependant, les analyses nous permettent de dire que les
responsabilités sont partagées. Le personnel soignant y a sa
part, les personnes qui mènent les malades à l'hôpital ont
les leurs et le système sanitaire en les siennes. DIAKITE T. fait,
dès lors, la remarque
suivante : « Nombre d'hôpitaux publics
africains sont de hauts lieux d'inhumanisme du fait de lacunes notoires
relevées dans les politiques de santé publique. »
(op. cit.p72).
Le service de la consultation externe permet aux externes ou
aux non hospitalisés de consulter sans perturber le fonctionnement des
services internes. Malgré cela il est des malades qui consultent
à l'intérieur de l'hôpital parce que le service
sollicité n'est pas représenté au pavillon des
consultations externes. En fait, ce pavillon fonctionne comme un service de
triage. Les cas les plus sérieux sont admis à l'hôpital
alors que les malades donc l'état de santé ne nécessite
pas l'internement sont gérés au service externe.
Le premier contact du malade avec le traitant dans ce pavillon
au service divers se situe au niveau de l'accueil. Ce dernier est fait par les
hôtesses et davantage par les infirmières et aides- soignantes.
Les patients, après avoir déposé leurs carnets
médicaux à l'entrée du bureau des paramètres,
doivent patienter et attendre qu'on les appelle. S'il y a affluence, l'attente
sera longue. Si au contraire il n'y a pas affluence, leur attente sera de
courte durée.
Quant bien même le traitant est là, il faut
toujours attendre. L'attente apparaît dès lors comme une condition
sine qua non pour qui veut suivre le processus normal de la démarche
sanitaire dans ce pavillon. En plus, chaque médecin établit une
liste de ses patients. Cette liste est soigneusement gardée au bureau de
la documentation de manière à ce que lorsque le même
patient reviendra, il soit exempté d'un certains nombre de
conditionnalité notamment, de l'achat d'un autre carnet médical
ou de la consultation d'un médecin autre que celui qui l'avait
ausculté précédemment. L'objectif poursuivi ici est de
créer une relation étroite entre le malade et son traitant, afin
que le malade puisse se confier totalement à lui.
Bien plus, après l'accueil et l'attente - qui
généralement varie de nature en fonction de l'humeur du personnel
soignant et même de celui du malade - , le patient est admis à
consulter le médecin. Tout d'abord, il entre dans le bureau et le
médecin lui présente une chaise sur laquelle il s'asseoir. Le
médecin lui demande ce qui ne va pas. Les douleurs qu'il ressent, la
date du début des douleurs et leurs manifestations. L'entretien entre
les deux peut mettre 8 à 10 minutes. Lorsque le médecin ne
parvient pas à poser un diagnostic immédiatement, l'entretien
mieux la consultation met plus long. (HARDON Anita et al, op. cit.). Mais s'il
l'ausculte rapidement et identifie la maladie, la consultation sera de courte
durée. De toutes les consultations auxquelles nous avons assisté
dans le service de la pédiatrie, la plupart était interactive ou
du moins participative. Le médecin posait des questions auxquelles
répondait la mère de l'enfant malade ou le patient.
Le problème s'est posé au niveau de la
consultation des personnes adultes néanmoins nous les interviewions
à la sortie des consultations. La consultation étant une
affaire secrète et confidentielle qui ne regarde que le malade et son
médecin traitant (FAINZANG S., op. cit.). C'est la raison pour laquelle
il a été impossible que nous assistions aux entretiens entre le
gynécologue et son patient. Nous avons tout de même initié
les interviews et les entretiens à la sortie de chaque consultation
ayant eu lieu dans le bureau dudit gynécologue.
En consultation externe, le point de densité de la
relation entre le patient et son traitant se situe à l'accueil et
pendant la consultation. Les patents pensent que le personnel
paramédical est « dur »
(difficile), alors les médecins sont relativement compréhensifs.
Ceci tient au fait que le personnel paramédical est plus au contact des
malades que ne l'est le personnel médical. Il semble que plus ils se
côtoient, plus ils se découvrent les uns aux autres. (GREENLEEF R.
1988). En plus, le personnel paramédical est toujours sollicité
alors que le médecin, lui, ne voit le patient que pendant la
durée de la consultation.
En définitive, nos observations nous ont amené
à relever que l'accueil du patient peut être soit froid
(inhospitalier), soit chaleureux (hospitalier). La nature de l'accueil
réservé aux patients aura, dès lors, un impact non
seulement sur la représentation que le patient se fait de
l'hôpital et de son personnel soignant, mais également sur la
relation qu'il entretient avec le même personnel soignant. L'analyse des
consultations quant à elle montre que la consultation est soit
participative, soit unilatérale, soit interactive. C'est à
partir de cet accueil et de ces consultations que chaque patient alimente des
discours et des débats ayant trait à l'accès aux soins
à l'HLD et/ou tout autre structure médicale (HOURS B. op.
cit.).
2- Des services internes de santé à
l'HLD
a- La pédiatrie et la
maternité
La pédiatrie est cette branche de la médecine
qui s'occupe des affections infantiles. Bien qu'ayant une
spécialité au pavillon de la consultation externe, la
pédiatrie est plus vaste et a deux pavillons à l'intérieur
de l'hôpital. La pédiatrie de la consultation externe n'est que la
porte d'entrée qui donne lieu a un service pédiatrique plus
étendue où sont internés tous les enfants malades. Ici, le
rôle de la mère est capital dans la relation que le traitant
entretient avec son patient. Les enfants, généralement les
bébés de bas ages, qui ne peuvent pas s'exprimer pour dire aux
médecins leurs maux, ont tendance à le faire néanmoins
à leurs mères. Lesquelles les transmettent aux médecins ou
au personnel soignant.
La relation patient /traitant met en exergue deux types de
relations. La relation normale qui est faite du respect mutuel, de patience,
d'écoute, d'attention et même de pitié. La relation
difficile où rugueuse est entachée de plusieurs lacunes allant
du manque de conscience professionnelle à l'irresponsabilité
médicale. Nous avons observé ces deux types de relations dans ce
pavillon. Pour ce qui d'un exemple de relation normale entre le patient et son
traitant voici quelques cas de figure que nous avons relevés parmi tant
d'autres observés.
Certaines infirmières de ce pavillon nous ont
montré un attachement sincère envers des mères dont les
enfants étaient gravement malades. Aussi, les avons-nous vu respectant
toujours les heures des rondes médicales tant diurnes que nocturnes, la
prononciation de mots encourageants et le soutien moral à l'endroit des
patients. « Bonjour Madame est-ce que l'enfant a
bien dormi, de toute façon ça va aller »
et au bébé, « alors mon grand est-ce que
ça va ? Il faut vite guérir ». Des
mots d'exhortation sont nombreux. Ceux-ci participent de l'entretien du bon
moral, de l'espoir, et du soutien accordé aux malades. Ces mots qui sont
apparemment banals le sont moins pour le malade et celui qui le garde (SPEEDING
E. et ROSE D., op. cit.). Ce qu'il demande c'est comme nous le dit monsieur
AYINDA : « [...] Que quand on arrive ici à
l'hôpital, on nous traite comme les êtres humains. Ce n'est pas
toujours l'argent qui fait problème. C'est je crois, le mauvais accueil
qui est réservé aux malades. »
(Entretien du 20-11-2006 au pavillon pédiatrique de l'HLD). Des
efforts significatifs sont faits dans ce sens. Il fut une époque
où les patients butaient beaucoup plus sur le problème de ce que
le professeur DIAKITE appelle « La mauvaise
qualité des hommes » que sur les
difficultés financières dans cet hôpital (op. cit.p100).
Pendant cette époque en effet, il n'était donc pas
« anormal » qu'un infirmier ou une infirmière voire
un médecin rançonne, raquette, insulte ou manque de tenue envers
un malade (DE ROSNY E. op. cit.) aujourd'hui par contre, nos observations nous
permettent de dire qu'une bonne partie du personnel soignant de l'HLD est
consciencieux même si on remarque çà et là des
insuffisances notoires. A la question posée aux malades et aux gardes
malades : « Etes-vous bien traités dans cette
hôpital notamment dans ce pavillon ? » Les
réponses ont été divergentes. Ainsi pour certaines
mères, leurs enfants ont été bien traités alors
que pour d'autres, il y a beaucoup de choses à redire et à revoir
surtout au niveau de l'attitude des aides-soignants. Elles disent à ce
propos :
Il n y en a qui nous insultent parfois et
sont impolies. Quand je suis arrivée avec mon enfant ici, il
était très faible et moi j'étais inquiète mais
l'infirmière qui lui a pris les paramètres m'a manqué de
respect en me disant que si je ne lui obéissais pas je devais foutre le
camp. Et que qu'est-ce qu'il y avait a venir déranger les gens. Elle m'a
demandé où je me croyais. Je vous assure que si je n'aimais pas
mon fils, je serais parti d'ici par amour propre. Moi je pense que le personnel
soignant doit être doux, poli, accueillant et patient comme des
prêtres et peut être plus qu'eux . (Entretien de
groupe du 20-11-2006 au pavillon pédiatrique de l'HLD).
Et une autre mère d'enfant d'ajouter :
C'est vrai que ce sont des hommes comme
nous mais ils sont là pour nous servir et non pour nous maltraiter. Ils
ont beaucoup de travail c'est vrai, leurs salaires ne sont pas
proportionnés à leur travail, mais ils doivent apprendre les
bonnes manières. Le sourire par exemple, ils doivent l'apprendre, moi
j'ai remarqué qu'il ont toujours les visages renfrognés ,surtout
quand on est un patient qui ne leur donne pas quelque chose. Ce qui donne
à la plupart des pavillons de cet hôpital des allures de
cimetière. C'est comme si on a un problème avec qu'eux. Pourtant,
un personnel accueillant et jovial est tout ce qu'il y a de bien dans un
hôpital. (Entretien du 27-11-06 à
l'HLD).
Une chose est certaine, c'est que le personnel abat un travail
immense. L'on sait que s'occuper des enfants est une tache pas toujours
aisée. Il faut un certain renoncement pour pouvoir le faire. Cependant
cela ne doit pas être une excuse pour laisser libre cours à toute
attitude asociale envers les patients et les gardes- malades (FAINZANG S. op.
cit.). De plus, il semble que certains infirmiers et aides- soignants mettent
ceux des patients qui leur donnent des pourboires au petit soin. Ceux-là
qui ne leur donnent pas des dessous de table sont délaissés, ou
du moins, font l'objet d'une attention médicale superficielle. La
maternité pour sa part des insuffisances analogues.
La maternité présente un autre visage, un
visage identique à celui de la pédiatrie. C'est ici que les
femmes enceintes viennent consulter, faire l'échographie et/ou
accoucher. Elles sont, dès lors, au contact de sages-femmes et
personnel soignant, les seconds s'occupent de l'évolution de la
grossesse alors que les premières s'occupent de l'accouchement encore
appelé en terme médical parturition.
L'un des faits marquants dans l'observation de la relation
patient traitant au niveau de cette maternité est le traitement
infligé aux femmes presque à terme de grossesse où en
plein accouchement. Ces dernières sont parfois chosifiées,
infantilisées, arnaquées et maltraitées par certaines
sages-femmes. Lesquelles les injurient et portent très souvent atteinte
à leur vie privée. Elles disent à ce sujet :
Maintenant tu viens ici crier, pleurer et
gémir. Quand tu faisais ça avec ton mari, est-ce que nous
étions là, vous savez seulement déranger les gens.
D'ailleurs on va voir comment tu vas souffrir ici aujourd'hui toute seule,
vous aimez trop la vie facile pour faire souffrir les autres, tu vas souffrir
seule avec ton enfant. Tu dois même me donner quelque chose, sinon on va
voir comment tu vas accoucher ici. En tout cas, moi je ne travaille pas pour
rien. (Entretien du 28-11-06 à la maternité
de l'HLD).
Conclusion
En conclusion, au sortir de ce chapitre qui s'appesantissait
sur les acteurs en présence à l'HLD, l'on retiendra que nous
avons d'un coté le personnel soignant et de l'autre les patients. Tous
se côtoient dans l'immensité de cet hôpital et à
l'intérieur de ses divers pavillons. Le personnel soignant est là
pour traiter mieux soigner les patients alors que ceux-ci soupirent
après la guérison. En plus, nous avons établi la typologie
du personnel de cet hôpital. D'où nous avons le personnel
administratif, le personnel médical et paramédical et le
personnel d'appui. Les patients se regroupent en deux : les externes
désignant tous ceux qui viennent uniquement dans cette structure pour
consulter et après retourner chez eux. A l'opposé, les internes
qui sont tous ces patients hospitalisés. Nous avons également vu
comment les patients et le personnel se comportent dans les services tant
externes qu'internes. Dès lors, il nous été donné
de constaté que la relation entre patient et le traitant est moins dense
dans les services externes que dans les services internes. Ceci parce que dans
les services externes, le patient vient consulter et s'en va à la fin
de la consultation. A contrario, dans les services internes, le patient est
hospitalisé. Ce qui l'oblige à avoir plus d'un rapport avec les
soignants. Ce qui met en exergue plus d'une entorse faite au code de la
déontologie médicale et permet de voir le dévouement de
certains médecins et infirmiers restés fidèles au serment
d'Hippocrate.
Ce chapitre nous a plongé dans les
réalités de nos hôpitaux publics en général
et de l'HLD en particulier. Celui qui vient à sa suite portera sur
l'ethnomédecine africaine au travers de l'African Clinic de Douala.
CHAPITRE 2 :
DE LA MEDECINE TRADINATURELLE AFRICAINE A DOUALA :
CAS DE L'AFRICAN CLINIC
Introduction
La médecine naturelle peut être
considérée comme la fille de la tradipratique. Cette
médecine faite à base de plantes prend de l'ampleur dans la ville
de Douala. Quand on sillonne les rues de cette ville, l'on rencontre sinon une
clinique de la médecine traditionnelle, tout au moins une pharmacie qui
s'y rapporte. Elles foisonnent et c'est la raison pour laquelle elles sont en
contact avec une bonne partie de la population urbaine (HATTIER op. cit.).
L'AFRICAN CLINIC est une structure qui fait dans la médecine
traditionnelle et est située au quartier SIC CACAO juste en face de la
société de chocolaterie dont le quartier a emprunté le
nom. Née de l'action d'un groupe d'initiative commune à savoir
PROPLAMETRAC, qui ambitionne de restaurer et de revaloriser le patrimoine
thérapeutique naturel africain. L'AC est dirigée par le Docteur
LOUMPIT TAJOUDINE Mohammed, ce dernier est non seulement praticien mais aussi
chercheur dans la composition des produits médicamenteux faits à
base de plantes.
I- Présentation de l'AFRICAN CLINIC et de son
personnel.
1- Présentation physique
L'AC est une structure bien petite par rapport à l'HLD.
La comparaison de ces deux institutions médicales fait penser à
l'histoire biblique de David et Goliath. L'AC est composée de deux
salles. La première est la salle d'accueil et la seconde tient office
de pharmacie, de salle de consultation et de bureau dans lequel l'on retrouve
un ordinateur et des ouvrages de phytothérapie.
Dès son accueil, l'usager ou le patient peuvent lire la
liste des affections que le Docteur TAJOUDINE soigne. La modestie des lieux et
leur exiguïté font croire que l'AC est encore à ses
débuts. Néanmoins elle est fortement sollicitée. Il n'y a
qu'à voir l'affluence qui y régnait et le nombre de patients qui
voulaient rencontrer le praticien (DE ROSNY E. op. cit.)
Pendant que certains patients sont assis, d'autres par contre
sont debout du fait d'un manque de sièges. Par ailleurs, le personnel de
l'AC n'est pas aussi diversifié que celui des formations
médicales conventionnelles.
2- De la présentation du personnel de l'AC
L'African Clinic est constituée du personnel soignant
incarné en la personne du docteur TAJOUDINE. Ce dernier a fait ses
études primaire et secondaire à l'Ouest Cameroun. Initié
dès sa prime enfance à la médecine traditionnelle
africaine par des proches parents, il nous rapporte avoir
« aimé » cette forme de
médecine à laquelle il a consacré le plus clair de son
temps, une bonne partie de son intelligence et de sa dévouement. C'est
la raison pour laquelle il a fait ses études supérieures en
médecine naturelle au Togo, au Sénégal et au Mali. Pays
où cette médecine est légalisée. Ici à
Douala, il s'est entouré d'un certain nombre de chercheurs en
médecine traditionnelle regroupés en GIC. Ces GIC s'emploient
à développer la médecine naturelle au travers de
recherches en laboratoire, de la création de pharmacies et de cliniques
traditionnelles afin de résorber le problème de la
morbidité dans la ville de Douala.
De plus, le Docteur TAJOUDINE a à ses cotés 2
hôtesses qui sont chargées d'accueillir les malades qui veulent
bien le rencontrer. Ainsi, quand l'une d'elle est de service, l'autre est mise
au repos. Si l'une d'elle travaille dans la matinée (de 8H à
13H), l'autre prend le relais dans l'après midi (13H-20H). Ces
hôtesses s'apparentent à des aides- soignantes, à la seule
différence qu'elles ne peuvent pas prescrire des ordonnances (quelles
qu'elles soient), encore moins jouer le rôle que ceux-ci jouent dans les
hôpitaux. Elles ne se limitent qu'à accueillir de façon
digne, zélée et chaleureuse les malades de manière
à leur redonner du courage. C'est ce qu'affirment respectivement nos
deux hôtesses. Pour Estelle : « Quand le
malade arrive ici je le reçois bien en lui donnant une place pour
s'asseoir. Si le Docteur n'est pas occupé, je l'introduis
immédiatement dans son bureau. » (Entretien du
15-05-07 dans les locaux de l'AC). C'est sensiblement le même discours
que nous a tenu sa collègue Chimène :
« J'aime bien recevoir les gens chez moi. En plus, c'est
cela mon travail ici. Redonner l'espoir aux malades qui viennent voir le docta,
c'est ça mon travail. Je me dis parfois que si je ne les accueille pas
bien ils seront mal à l'aise et seront plus
malades » (Entretien du 15-05-07 à l'AC).
3- Les catégories sociales et l'African Clinic
L'AC est sollicitée par presque toutes les couches
sociales de la ville de Douala. Riches et pauvres s'y rencontrent. Mais ce sont
davantage des personnes de conditions moyenne et modeste qu'on n'y rencontre.
Les raisons de cet état des choses sont diverses et nous nous ferons un
plaisir de les énumérer ultérieurement. L'A.C est
sollicitée et presque toutes les couches sociales s'y retrouvent comme
nous l'avons dit plus haut. Nous comprenons pourquoi DE ROSNY (1990 p60) parle
de la « thérapie de la dernière
chance ». En clair, il s'agit d'une médecine
vers laquelle tous les usagers insatisfaits de la médecine
conventionnelle se rabattent afin de guérir de leurs maladies. Ce que
des auteurs, comme le Professeur LANTUM Daniel (op. cit.) qualifie de
« come back to traditionnal medecine ».
C'est dire qu'on assiste de la part des africains occidentalisés en
général et des camerounais en particulier à un retour
à cette forme de médecine. Ici l'on rencontre des jeunes filles,
des jeunes hommes et des personnes âgées. Ce qui semble conforter
l'appellation qu'on donne à cette forme de médecine à
savoir la « médecine de
tous »(HATTIER, op. cit.).
II- A la base des rapports entre le naturopathe et ses
patients
L'interaction entre le patient et son soignant dans la
médecine naturelle est fondée sur un certain nombre de principes
immuables qui dérivent des conditionnalités de la tradipratique.
En effet, la médecine traditionnelle africaine comporte bien des
exigences de la part du praticien. Ce dernier doit être
compréhensif, patient et prompt à écouter les attentes et
sollicitations de son patient (DE ROSNY E., op. cit.). Il est admis de presque
tous les naturopathes que la relation médicale doit être
bâtie sur le respect mutuel, la franchise, l écoute du patient
et le respect du « code médical ».
1- Du respect mutuel
La relation médicale qui s'établit entre le
traitant et son patient est basée sur plus d'un principe qui la facilite
en vue de favoriser le prompt rétablissement du patient. Aussi
avons-nous constaté que le patient et le traitant, quoique
impliqués dans une situation de « face à
face », notion chère à GOFFMAN E. (1974),
obéissent à des règles respectivement explicite pour le
premier et implicite pour le second. Le patient semble se dire que comme je
suis malade et que j'ai besoin de l'aide du phytothérapeute, alors je
lui dois du respect, je dois l'écouter et suivre ses conseils. A
contrario, le naturopathe quant à lui a intériorisé la
conduite normale à tenir devant ses patients. C'est ainsi qu'il dit
devoir toujours écouter ce que le patient a à lui dire sur sa vie
en général et sur les symptômes de sa maladie en
particulier. C est ce que nous révèle le docteur LOUMPIT ;
responsable de l'African Clinic. Il dit en effet :
Ma profession voudrait que je sache beaucoup
écouter mes patients. Pour cela, je dois toujours avoir de l'estime pour
tous ceux-là qui se présentent devant moi. Les
déclarations des patients sont secrètes et je les
considère comme étant même sacrées. Je ne dois pas
m'amuser avec les problèmes des autres. En retour, j'attends de mes
patients qu'ils me fassent confiance. Chacun doit respecter l'autre.
(Entretien réalisé le 15 mai 2007 à
l'African Clinic).
Les observations faites plus tard nous ont permis de
confirmer ses dires. Les manières avenantes avec lesquelles les patients
sont accueillis séduiraient même le plus imperturbable des hommes
et redonneraient courage au malade le plus épuisé ou le plus
affecté.
De plus, cette atmosphère qui règne dans
l'African Clinic, peut être due à la bonne réputation dont
jouit la médecine tradinaturelle parmi les habitants de la ville de
Douala. En effet, des personnes interviewées nous ont
révélés : « quand on va
à l'hôpital, on a la peur qui nous étreint les intestins
alors que quand on va chez les médecins de la médecine naturelle,
on est sûre qu'on sera satisfait » (Vox populi
réalisé les 17, 18 et 19 mai 2007dans les rues du quartier
BEPANDA). L'accès aux naturopathes n'est pas difficile comme l'est
l'accès auprès des médecins des hôpitaux de
référence. C'est sans compter les brimades, le manque
d'égards auxquels les malades sont bien souvent soumis, selon leurs
dires, dans ces hôpitaux et notamment à l'hôpital
Laquintinie de Douala (JAFFRE Y. op. cit.).
Bien plus, le respect dû au patient et que le praticien
lui témoigne vise à réconforter le patient, à le
revigorer et à le mettre en confiance (BENSING J., op. cit.) et BERTAKIS
J. M. 1992).
2- De la compréhension et de la patience
De nos observations et de nos enquêtes sur le terrain,
il découle que le praticien de la médecine naturelle doit
toujours comprendre les attentes et les sollicitations de son patient. Il
s'agit de saisir les maux du malade et de pouvoir les interpréter afin
de soigner ses affections. Pour arriver à le faire, il semble
indispensable pour le traitant de faire preuve de patience.
Du latin patientia, la patience est une aptitude à
supporter avec constance ou résignation les maux. Le naturopathe nous
a paru patient parce qu'il a toujours écouté tout ce que ces
patients avaient à lui dire afin de comprendre, de cerner leurs
maladies. Bien des patients révèlent d'ailleurs cette
qualité propre à ce naturopathe. Ils disent à ce
sujet : « Il nous écoute tellement qu'il nous
donne même les conseils pour résoudre certains problèmes de
la vie. Il ne s'occupe pas seulement de nous prescrire des médicaments,
il nous comprend. Quant on le rencontre, on est sur qu'on va
guérir »
Il faut également dire que la compréhension et
la patience dont il est question ici sont propres non seulement au praticien
mais aussi aux patients. En fait ces derniers doivent pouvoir comprendre le
praticien et lui obéir. Il sera alors question de se conformer aux
prescriptions et proscriptions faites par le traitant (MEUEWISER L., SHAAP C.
and SJAAK VAN DER G., op. cit.). Dans cet article, ces auteurs s'attellent
à montrer comment la bonne entente entre les patients et leurs traitants
facilite la guérison des patients. Ils révèlent même
que la qualité de la conversation conditionne également le
rétablissement des patients. Selon eux, l'interaction qu'il y a entre le
praticien et son patient ne doit pas se limiter à la médication
et/ou à l'auscultation du patient. Elle est, tout au contraire, bien
plus dense qu'on ne l'imagine et intègre le social, le culturel et le
thérapeutique La compréhension et la patience mutuelles sont
indispensables et c'est pourquoi le responsable de l'African Clinic
affirme : « Quand un praticien prend le temps
d'écouter son patient et vice-versa, le guérison du patient est
assurée ou garantie » (Entretien
réalisé le 15/05-07 à l'African Clinic), SPEEDING E. et
ROSE D. 1985) Bien plus encore, la relation patient/ traitant dans la
médecine naturelle africaine doit être bâtie sur ce que nous
appellerons un « code médical ».
3- Le respect du « code
médical » traditionnel
Ce que nous appelons code médical traditionnel n'est
pas à proprement parler l'équivalent du code de
déontologie médicale qui régit le rapport entre le patient
et son traitant dans la médecine des hôpitaux. Ce code de
déontologie des hôpitaux est légal , formel voire
universel , contrairement à celui de la médecine naturelle qui se
veut informel, illégal et qui, de toute évidence, semble
dépendre de l'échelle de valeurs du praticien. Aussi pourrait-on
remarquer des dérapages et/ou des abus notoires de leur part puisqu'
ils sont « libres » de tout mouvement . Cependant, ils sont
tenus de se conformer à une certaine éthique traditionnelle.
Le « code médical » dont il est
question ici est celui propre aux praticiens de l'African Clinic. Comme quoi
chaque structure a ses normes officielle et officieuse. (COULON A 1987). Quand
bien même il existe une norme « Commune » et
« officielle », il y en a qui se soustraient et inventent
des stratégies d'action s'inscrivant dans la grille des normes
« officieuses ». (CROZIER M. ET FRIEDBERG E , 1977).
Cependant, il est admis de tous les naturopathes que la relation
médicale est basée sur le respect de la vie des patients, la
confidentialité de leurs maladies, qui s'assimile à une sorte de
secret médical, le refus de rançonner les patients, l'humanisme.
A cet effet, le Dr LOUMPIT de l'African Clinic déclare :
Ce qui importe le plus dans notre
médecine, c'est la guérison du patient. Je vais même
jusqu'à baisser les prix des médicament quand le patient peut pas
les acheter. Et s'il ne peut vraiment pas les acheter, je lui donne les noms
des plantes médicinales qu'il devra associer dans une potion pour
pouvoir se soigner. Ceci moyennant une modique somme d'argent.
(Entretien réalisé le 16 mai 2007 dans les locaux de
l'AC).
Pour M. EBOUELLE J., praticien de la médecine naturelle
et détenteur d'une pharmacie considérable au quartier
Makepè ,la relation entre le patient et son traitant dans cette
médecine obéit à des valeurs reconnues universellement
comme justes et nobles à savoir l'humanisme, la fraternité, la
solidarité, et le secret médical. Il dit à ce sujet :
« Mon patient pour moi, c'est un fils, un frère,
un proche qui a besoin de mon aide. Je ne peux par conséquent pas
l'exploiter pour m'enrichir. Je ne suis pas de ceux qui profitent de la
misère des autres. Ça porte malheur. Mais je sais que je peux
bien aider tous ses gens sans les rançonner »
(Entretien réalisé le 07-05-07 au quartier
Maképè dans la clinique des Dr EBOUELLE Jacques)
En fait, la médecine naturelle africaine étant
fille de la médecine traditionnelle d'Afrique, laquelle a toujours tenu
l'être malade en grande estime en minorant les considérations
pécuniaires, l'on comprend bien pourquoi les discours du Dr LOUMPIT et
de M. EBOUELLE Jacques se recoupent. Les traditions africaines ont toujours
accordé une valeur inestimable à l'Homme. En plus, en Afrique en
général et au Cameroun en particulier, l'on sait qu'il n'y a de
richesses que l'Homme. Aussi certains praticiens de la médecine
naturelle s'efforcent-ils, bon an mal an, de pérenniser cette
tradition. D'autres par contre, la mettent à mal en s'en servant pour
extorquer de l'argent aux populations (HOURS B., op. cit.). FAINZANG S.(op.
cit. ) l'illustre allègrement dans l'un de ses ouvrages .
La déontologie médicale tradinaturelle met donc
l'Homme au centre de ses préoccupations. Ce qui fait
généralement problème, c'est l'entrée en lice des
considérations financières à une époque où
les camerounais en général et ceux de Douala en particulier,
semblent déifier l'argent. En outre, la ville de Douala, de part son
statut de capitale économique du Cameroun, fait de ses habitants des
personnes toujours intéressées, à la recherche du profit
et même calculatrices. L'économisme en est la règle d'or.
Cela se ressent dans presque tous les secteurs d'activité. La
médecine traditnaturelle n'étant pas en reste. C'est alors que la
théorie de HOMANS G. (), stipulant que la vie sociale ne se
résume qu' en des lois économiques, où tout
s'échange, où chaque individu ne cherche qu'à minimiser
ses coûts et à maximiser ses profits, se trouve confirmée.
Cependant, l'on retrouve des praticiens probes et amateurs de leur
métier. D'où, il nous semble aviser de dire que les brebis
galeuses se retrouvent tant dans la médecine moderne conventionnelle que
dans la médecine naturelle. C'est ainsi également que l'on
retrouve de bons praticiens dans les hôpitaux comme on en retrouve dans
le médecine naturelle (DE ROSNY 1990, op. cit.). C'est ce que confirme
le propos du Dr LOUMPIT à l'AC :
Vous savez, les brebis galeuses, on les
retrouve partout. Il y a de bons élèves qui côtoient
toujours les mauvais élèves. La médecine moderne, il y a
de bons soignants. Dans la médecine rationnelle, il y en a
également. A l'hôpital, vous avez sans doute remarqué de
mauvais élèves. Quand vous y étiez lors de vos
enquêtes. Maintenant que vous explorez la médecine naturelle, vous
allez aussi rencontrer de bien mauvais élèves. Les parvenus, au
Cameroun, sont partout même dans le domaine de la médecine. Vous
avez sans doute entendus parler des charlatans, des féticheurs et
autres. Voilà quelques parvenus de la médecine naturelle. C'est
d'autant plus dangereux et inquiétant que notre régularisation
tarde à être effective. (Entretien
réalisé le 16-05-2007 dans les locaux de l'African Clinic).
C'est dire que les codes de déontologie médicale
des médecines conventionnelle et tradinaturelle, sont foulés au
pied par certains prestataires de soins, qu'ils soient médecins ou
tradithérapeutes (TCHINDA T. C., 1981 p30)
Au demeurant, le code médical en médecine
naturelle doit être perçu comme un garde -fou sans lequel
pratiquer cette médecine serait difficile. Il exige du praticien ou du
tradithérapeute le respect du secret médical, le respect du
patient, l'humanisme, la solidarité, la compréhension et la
patience. Toutes ces exigences font dès lors penser que la
médecine naturelle est des plus sérieuses en ceci qu'elle
ambitionne de guérir, de soigner et de revitaliser le malade (MANUILA
I., MANUILA A et MICOULIN M. op. cit.)
III- De la médecine traditionnelle à
Douala : Une médecine éclatée ?
La médecine traditionnelle connaît une expansion
multiforme dans la ville de Douala et il n' y a qu'à observer les
diverses prestations offertes à la population de cette ville.
Généralement, l'imagerie populaire lui adjoint les charlatans et
autres féticheurs de tous bords. Mais il faut signaler que ces derniers
sont des arrivistes dans cette forme de médecine. Leur objectif
principal n'est donc pas de soulager les maux de la population morbide, mais
bien plutôt de profiter de celle-ci. Les services offerts en
médecine traditionnelle sont variés. Il importe par
conséquent de les présenter succinctement afin de mieux clarifier
notre objet d'étude (HATTIER, op. cit.).
1- De la médecine naturelle « brute ou
verte » à Douala
Cette médecine est pratiquée par les vendeurs
des plantes thérapeutiques que l'on rencontre dans les marchés de
cette ville notamment au marché « Nkololoun »,
au marché « Ndokotti » et dans bien d'autres
marchés. Ces vendeurs disent avoir une expérience dans la dans
la composition des potions médicinales faites à base de plantes.
C'est pourquoi, lorsqu'un client se présente devant eux et leur
révèle son mal, il lui est conseillé une quantité
importante de plantes qu'il devra soit mâcher, soit faire essorer, soit
faire bouillir pour après boire le jus. Ce peut également
être de client lui-même qui, connaissant les vertus
thérapeutiques d'une plante qu'il ne peut avoir dans son voisinage,
décide d'aller vers ces vendeurs pour s'en procurer.
D'après nos observations, tout africain de souche
connaît les propriétés médicinales d'au moins une
plante. De ce fait, lorsqu'on a identifié son mal, on est porté
à se rendre dans ces marchés pour les acheter. Les plantes ont
toujours soigné les africains (DE ROSNY, op. cit.). Les camerounais et
partant l'ensemble des africains se sont soignés à l'aide de
plantes. Nombreuses sont ces personnes qui s'interrogent sur le background et
la compétence de ces vendeurs de plantes médicinales.
En fait, le plupart de ces vendeurs maîtrisent les
propriétés des plantes qu'ils vendent. Ils savent qu'en
associant telle plante à telle autre plante, voilà la maladie
qu'on pourra soigner chez un tiers. De plus, l'appellation que nous lui avons
prêtée, à savoir la médecine naturelle
« brute ou verte » tient au fait que les plantes ici ne
subissent pas une altération chimique avant d'être consommé
(NGAMBOUK V. 1998). Elles sont tout aussi naturelles qu'elles soient bouillies
ou écrasées. Ce qu'atteste Olivier NAKAM, vendeur de plantes
médicinales au marché Nkololoun à Douala :
« Ces plantes soignent. Qu'elles soient bouillies ou
non, elles soignent. Mais il y en a qui doit d'abord être bouillies avant
de les consommer. D'autres peuvent être mâchées,
pressées ou écrasées, même bouillies, leur
efficacité reste intacte » (Entretien
réalisé le 02 avril 2007 au marché Nkololoun). Son propos
suscite en nous les scènes relatées par DE ROSNY dans l'un de ses
ouvrages portant sur l'analyse de la tradithérapie en pays Duala (une
des ethnies peuplant la province du Littoral camerounais) (op. cit.).
2- De la tradipratique à Douala
La tradipratique encore appelée tradithérapie,
médecine traditionnelle, existe depuis belle lurette dans la ville de
Douala. Seulement, tous ceux-là qui adjoignent à cette
médecine une dimension ésotérique se retrouvent, mieux
sont localisés dans les banlieues de la ville Douala. Le propre ou la
particularité de la tradipratique est qu'elle allie la thérapie
à l'ésotérisme. Donc elle intègre une dimension
métaphysique, méta naturelle (HEGBA M. 1973). Les cas de figure
relevés par le prêtre DE ROSNY dans la ville de Douala des
années 1980-1992 illustrent notre propos (op. cit.)
En outre, la tradipratique, comme le dit AURENCHE E, inclue
une bonne dose de la dimension traditionnelle. Par conséquent,
le « Nganga » (DE ROSNY op.
cit. p30), peut faire appel aux forces occultes pour soigner son patient. Le
« Nganga » est le tradipraticien.
C'est l'appellation Duala du tradithérapeute-. A Douala, ils sont
nombreux et exercent leur métier dans leurs domiciles. (Pour ceux qui
ont préféré rester dans la ville). Ils jouissent
d'ailleurs d'une bonne réputation.
Le « Nganga »
est un homme tout à la fois admiré et craint. Admiré pour
les services inappréciables qu'il rend à ses patients. C'est
généralement un monsieur d'âge mûr, marié et
père d'enfants. Son attitude toujours paternaliste qu'il adopte face au
malade traduit son désir de susciter la confiance en celui-ci. C'est le
cas du « Nganga » que nous allons
appeler X pour des besoins d'anonymat. X est non seulement tradipraticien mais
également chef de quartier à Deido. X est comme un père
pour tous ses patients, lesquels
affirment : « Il nous écoute, il nous
conseille et il nous soigne. Parfois, quand j'ai des problèmes dans mon
foyer, il appelle ma femme et moi pour qu'on s'arrange »
(Entretien réalisé le 05-01-07 au quartier Deido au
domicile du chef de quartier).
Le tradipraticien est craint par ses patients parce qu'il
détient un pouvoir qui lui vient de ses aïeuls, de ses
ancêtres. En effet, le fait de pouvoir faire guérir un malade de
sa maladie entraîne immanquablement du respect de la part de celui-ci et
de ses proches. Dès lors, quand on adjoint à ce pouvoir, le
mystique, l'ésotérique, domaine non moins important pour le vrai
africain, il est certain que le tradipraticien sera admiré,
honoré et tout aussi craint. Ce qui lui permet sans doute de comprendre
ses malades et de les soigner. Les tradipraticiens sont nombreux dans la ville
de Douala. Il n'y a qu'à suivre les annonces qu'ils font lire aux
média de la place. Seulement, ceux qui font ces annonces sont beaucoup
plus phytothérapeutes que tradipraticiens ou pour emprunter un mot cher
à ERIC DE ROSNY, que
« Nganga ». il s'agit, entre
autres bien sûr ,du Dr Prince Aimé de New-bell, du Dr ABIDOU, du
Dr LOUMPIT et qui chacun dispose d'une pharmacie considérable dans sa
clinique. Ceux-là sont plus scientifiques que les Nganga ou les
« Mbock-mbock » (tradipraticien, chef traditionnel en
langue bassa du Cameroun).
Ces scientifiques de la médicine naturelle, de par ces
annonces, bénéficieront d'une aura considérable. Les
tradipraticiens par contre doivent très souvent se contenter du
téléphone arabe (Nouvelle qui se transmet de bouches à
oreilles). Ce qui fait penser au paradigme épidémiologique de
Henri MENDRAS (Rocher G, 1968). Selon ce paradigme, une innovation se
répand sur une population comme une épidémie de
choléra sur celle-ci ou comme un tâche d'huile sur une feuille
blanche. Ce qui veut dire que pour les
« Nganga », les patients
fidélisés vont parler de leurs prouesses aux personnes malades et
les leur conseillent. C'est ainsi ici qu'ils finissent par devenir
célèbres et jouissent aussi d'une bonne réputation.
L'assimilation de la réputation du tradipraticien
à l'expansion d'une innovation tient au fait que le processus est
sensiblement identique. Un tradipraticien qui exerce nouvellement dans la ville
de Douala et qui vient de s'y installer est vu comme un
« fait nouveau » par la
population de son quartier. Ceux des malades qui vont l'aborder en premier se
rapprochaient de ce que MENDRAS H. appelle « les
pionniers ». Ces derniers, ayant été
guéris par ce nouveau tradipraticien, s'en iront ne et ne manqueront
pas de parler de lui à leurs proches. Ceux-ci, lorsqu'ils tomberont
malades, se rendront volontiers chez notre tradipraticien. Ils constitueraient
ce que MENDRAS H. désigne par la notion de « la
majorité précoce ». Celle-ci va
également entrer en contact avec d'autres malades qui jusque-là,
avaient hésité à consulter le tradithérapeute pour
des raisons sommes toutes subjectives. Mais ayant vu les prouesses dudit
tradipraticien sur leurs proches, ils se décident alors de se faire
soigner par lui. Cette catégorie est appelée par Henri MENDRAS
« Les retardataires ».
La dernière catégorie, celle dite des
« réfractaires », est
celle qui abhorraient ou tenaient en piètre estime la médecine
traditionnelle et lui préféraient les hôpitaux. Cette
catégorie est caractérisée par son conservatisme.
Cependant, Henri dit qu'à force d'entendre parler de la médecine
traditionnelle et de ses vertus, ils se verraient obliger de
reconsidérer leur position, leur attitude envers elle.
L'évolution de la réputation du tradipraticien
que nous venons de faire et que nous avons assimilé au paradigme
épidémiologique de Henri MENDRAS, met en évidence les
étapes qui sous-tendent la construction et la consolidation de ladite
réputation. La réputation dont il est question ici, est la
résultante du type de rapport que ce Nganga aura au préalable
entretenu avec tous ses patients. C'est sans doute ce qui fait dire à
PIAULT C. (1975) que ce qui fait la force d'un thérapeute, c'est son
aptitude à comprendre et à réconforter ses malades dans
tous les rapports qu'il a avec eux. Selon lui donc, la médecine doit pas
seulement être somatique, elle doit s'occuper tout à la fois du
psychique et du somatique (le corps) du patient. C'est également un des
objectifs que s'efforce d'atteindre la médecine naturelle dans cette
ville.
3- De la médecine naturelle moderne africaine
à Douala
Le paysage médical que l'on observe dans la ville de
Douala est diversifié. Cette diversification se trouve même au
sein des principales formes de médecine que l'on rencontre dans cette
ville. L'on a à cet effet, la médecine traditionnelle et la
médecine conventionnelle prophétique. Cette dernière est
pratiquée par les pasteurs de certaines confessions religieuses (PIAULT
C. op. cit.). C'est également d'eux dont parle le prêtre DE ROSNY
E. (op. cit.).
La médecine naturelle est pratiquée par plus
d'une structure médicale privée ayant à leurs têtes
des collèges de phytothérapeutes qui, pour la plupart, ont fait
leurs études qui au Mali, qui au Bénin, qui au
Sénégal, pour obtenir les diplômes leur habilitant à
soigner les malades à partir des médicaments faits à base
de plantes. La liste des phytothérapeutes exerçant dans la ville
de Douala est loin d'être limitative.
Les cliniques de médecine naturelle que nous avons
visitées pendant nos enquêtes, sont celles des tradinaturopathes
que nous avons cités ci-dessus. Elles disposent toutes d'un personnel
médical (des sortes d'infirmières : deux ou trois tout au
plus), un médecin naturopathe (un ou deux tout au plus). Ces
médecins ont tous la particularité de faire partie des
groupements d'initiatives communes en abrégé GIC axé sur
la valorisation de la recherche en phytothérapie. (Recherche sur les
plantes médicinale et pharmacopée camerounaise). C'est
grâce à ces GIC de santé qu'elles (les cliniques
naturelles) sont fournies en médicaments et peuvent par
conséquent satisfaire les patients qui sont les leurs, les GIC les plus
célèbres dont on entend parler sont, parmi tant d'autres,
NATURALIA, WAZA, REPAMP, PROPLAMETRAC, etc.
Le GIC de santé PROPLAMETRAC est celui-là qui
nous a servi d'objet d'étude. C'est ce GIC de santé, fille de
l'Association pour la Promotion des Plantes Médicinales et la
médecine traditionnelle en Afrique qui soutient l'African Clinic. Son
ambition est de promouvoir les recherches dans les plantes médicinales,
le traitement des maladies au travers des connaissances thérapeutiques
traditionnelles et la guérison rapide à l'aide des plantes sans
effets secondaires. Le Docteur LOUMPIT dit à ce sujet :
« Nous voulons faire ressusciter la médecine naturelle et
le patrimoine thérapeutique traditionnelle en modernisant tout ce
savoir. D'où nous accueillons tout ceux qui voudraient valoriser cette
médecine ancestrale ceci dans le but soigner nos populations et à
faible coût » (Entretien du 16-05-2007 dans les
locaux de l'AC).
L'exhumation de ce patrimoine thérapeutique culturel
pourrait, dès lors, palier le problème de la morbidité
dans la ville de Douala. Elle permet aussi de revisiter les normes culturelles
en matières de santé (FONTAINE M. op. cit.) cette initiative ne
concerne uniquement la réduction de la morbidité à Douala
mais également sur toute l'étendue du territoire camerounais voir
dans toute l'Afrique. Pour se faire, ces promoteurs de cette médecine
pense qu'il faut leur associer des spécialistes des sciences sociales
(LAPLANTINE F. 1992). Ceci afin de mieux pallier les problèmes de
morbidité en Afrique. Ce désir est perceptible dans le propos de
Monsieur EBOUELE Jacques, détenteur d'un cabinet de médecine
naturelle. Il dit à cet effet :
Les recherches dans la médecine
naturelle doivent être entreprises sur la base des besoins des
populations en matières de santé. Ces besoins qui peuvent
être la cause de plusieurs maladies. Si l'on pouvait associer nos
recherches aux connaissances produites par les spécialistes des sciences
humaines, on soignerait mieux nos patients et on saurait qu'est-ce qui, dans la
société, peut causer leurs malaises et leurs désordres
organiques, psychique. Je pense que notre grande faiblesse se situe à ce
niveau. Nous ne maîtrisons pas la société dans laquelle
nous vivons et c'est logique de fonctionnement. Pourtant, on devrait parce que
nous avons besoins de comprendre nos malades. (Entretien du
08-05-2007).
Le terme de compréhension revient dans le propos de
Monsieur EBOUELE Jacques parce qu'il semble savoir que société
et maladies sont très liées. En clair, la maladie dont souffre
l'individu peut être la résultante d'une déficience sur les
plans social, économique, familial, professionnel, métaphysique
et culturel. C'est pourquoi il juge nécessaire la collaboration avec les
sciences humaines. La maladie, à son sens, a une cause sociale. L'un
des devoirs du praticien est donc de la déceler. (BASTIDE R. 1976).
D'où il rejoint BASTIDE qui affirme :
Il en résulte que la thérapie
doit s'attaquer en premier lieu au milieu social qu'il faut transformer, et aux
conditions de vie, qu'il faut améliorer. Si nous laissons de coté
les psychoses pour lesquelles les perturbations sociales ne jouent qu'un
rôle secondaire, les névroses devraient en tout cas
disparaître avec le passage de la société capitaliste
à la société communiste, puisque cette dernière
fait disparaître les contradictions de la première.
(op. cit. p28-29).
Etant donné que la ville de Douala est
foncièrement économique voire économisiste, les
naturopathes que nous avons interviewés pensent donc que les exigences
liées à la vie dans une pareil ville pourraient entraîner
des désordres physiologique et psychique graves. Par conséquent,
il semble indispensable de cerner les conditions de vie à Douala et d'en
tenir compte dans l'élaboration et la composition des produits
médicamenteux. La médecine naturelle nous apparaît
dès lors comme une médecine complète (MBONJI E. op.
cit.). Ce que nous nous proposons d'étayer dans un chapitre
ultérieur. Nous disons qu'elle est complète par ce qu'au regard
de os enquête, elle se préoccupe du passé, du
présent et du futur du malade.
En somme, la médecine naturelle telle qu'elle est
pratiquée dans la ville de Douala par ses promoteurs et ses
spécialistes contribue pour une large part dans la réduction du
taux de morbidité de la province du Littoral. (DE ROSNY E. op cit).
Conclusion
Ce chapitre portait sur la médecine tradinaturelle
africaine à douala en général, et à l'AC en
particulier. Il ressort que, la médecine naturelle est
diversifiée et qu'elle offre bien des services thérapeutiques
à la population de cette ville. Elle inclue la tradipratique
(ethnomédecine), les guérisseurs et médecine faite
à base plante qu'on appelle phytothérapie. L'on doit aussi
retenir que bien des promoteurs regroupés en GIC s'évertue
à redorer son blason lequel a, pendant longtemps, fait l'objet de
l'informel voire de l'illégal. De plus la médecine naturelle est
également éclatée. Ainsi nous avons les vendeurs de
plantes médicinales en bordure de route ou dans les marchés de
cette ville, à Nkololoun par exemple. L'on a aussi la médecine
naturelle Chinoise qui la côtoie. Cette médecine ambitionne de
réduire la morbidité et de revaloriser le patrimoine
thérapeutique traditionnel fait à base de plantes (HATTIER op.
cit.). En plus, plusieurs camerounais en général et notamment
des citadins lui préfèrent à la médecines des
hôpitaux. C'est sans doute pour ces raisons que l'on remarque une
expansion d'associations oeuvrant pour sa promotion (FASSIN D. et JAFFRE Y.
op. cit.). Par ailleurs, dans la relation qui existe entre le patient et celui
qui le soigne, il est des dimensions non moins importantes, surtout lorsqu'on
vit dans la ville de Douala. C'est le social et l'économique, lesquels
feront l'objet d'analyse de la prochaine partie.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Tout au long de cette partie, nous avons mis en exergue la
médecine conventionnelle à travers l'hôpital Laquintinie de
Douala et la médecine naturelle par le biais de l'African Clinic.
L'Hôpital Laquintinie est une structure médicale de
référence dans cette ville et même dans toute la province
du Littoral. Cet hôpital est fortement sollicité et accueille
chaque jour près d'un millier de malade (cf. annuaire de l'HLD 2000).
Cet hôpital a fait sa mue avec la réhabilitation de ses
bâtiments et l'entretien de son enceinte. Seulement, les patients et le
personnel soignant ne sont pas toujours sur la même longueur d'ondes. Par
de là les beaux bâtiments qu'on aperçoit de
l'extérieur, se joue ce que le Professeur DIAKITE Tidiane appelle
« Le drame des hôpitaux publics
africains » (op. cit. p66). Il entend par là le
laxisme, l'irresponsabilité médicale, la négligence, le
rançonnement des patients, etc. Toutes ces tares se manifestent lors des
différentes interactions entre les malades et le personnel soignant
(JAFFRE Y. 2005). Pour ce qui est de la médecine naturelle, nous
l'avons présentée par le prisme de l'African Clinic. Cette
dernière accueille des malades et les soigne à l'aide des
produits fait à base de plantes. Dans la prochaine partie, il sera
alors question d'analyser la place, mieux l'importance du social et de
l'économique dans les relations entre les malades et leurs soignants.
DEUXIEME PARTIE :
LE SOCIAL, L'ECONOMIQUE ET LA RELATION PATIENT-TRAITANT
DANS LES DEUX FORMES DE MEDECINES
Introduction
La présente partie s'appesantie sur les places
qu'occupent le social et l'économique dans les deux formes de
médecines. Ces places respectives se manifestent par l'importance que
les praticiens accordent à ces deux dimensions qui font partie
intégrante de l'accès à la santé. En fait, il est
ici question de savoir si la place qu'occupent le social et l'économique
dans la médecine conventionnelle est identique à la place
réservée à ces deux aspects dans la médecine
complémentaire et parallèle (OMS, 2002-2005). Dès lors,
nous plongerons dans l'univers de la perception de ces deux dimensions de la
thérapie tant dans la médecine moderne des hôpitaux que
dans la médecine traditionnelle encore appelée médecine
alternative (OMS, op. cit.). Ceci par l'analyse des interactions qui existent
entre soignants et soignés aussi bien à l'HLD qu'à l'AC de
cette même ville. Il convient de signaler d'entrer de jeu que cette
étude s'inscrit dans une perspective comparative. Aussi nous
référons- nous de temps à autre aux anecdotes, aux
récits de vie et aux observations prises sur notre terrain de recherche.
Ainsi, le premier chapitre de cette partie portera un regard sur la place du
social et de l'économique dans la médecine conventionnelle
à l'HLD, le second tournera autour de ces mêmes dimensions, mais
cette fois dans la médecine traditionnelle telle qu'elle est
pratiquée par l'African Clinic.
« Dans cette tâche d'entretien
d'un bon moral chez un malade intervient la personnalité du
médecin qui le soigne. Nous ne dirons jamais assez combien le rôle
de celui- ci est important et à quel point il peut modifier, par sa
propre attitude, les réactions du malade devant la
maladie. »
Maurice TIECHE (op. cit.)
CHAPITRE III :
LE SOCIAL ET L'ECONOMIQUE DANS LES RAPPORTS ENTRE
TRAITANTS ET PATIENTS A
L'HOPITAL LAQUINTINIE DE DOUALA
Introduction
L'accès à la santé dans la ville Douala
est une préoccupation majeure pour la population morbide (HOURS B. op.
cit.). Chaque malade a généralement devant lui un
répertoire diversifié d'offre médicale dans bien des
structures sanitaires. L'Hôpital LAQUINTINIE est, comme nous l'avons dit
plus haut, fortement sollicité au regard des foules de malades qu'il
accueille et du nombre sans cesse croissant des patients qui y
séjournent. Seulement, pour que toutes ces personnes puissent
accéder à la santé, il est des conditionnalités
à remplir. Ces conditionnalités, sommes toutes, tournent autour
des finances et du social. La notion de relation étant usitée ici
au sens bourdieusien. En fait, elle renvoie au « capital
social » d'un patient alors que l'économique
renvoie à ce que BOURDIEU P. (1980) appelle le
« capital économique »
(p25). Les rapports entre le personnel soignant et leurs patients
s'entretiennent donc sur la base de ces deux dimensions, selon la
gravité de la maladie dont chaque patient souffre. Le présent
chapitre tourne par conséquent autour de l'importance que les
prestataires de soins accordent aux dimensions sus-évoquées.
C'est à ce niveau que se révèlent nombre de pratiques qui
nous intéressent à plus d'un titre en tant que sociologues et qui
mettent en évidence « les paliers en
profondeurs » (GURWITCH G.) de l'accès à
la santé dans les hôpitaux publics en général et
à l'HLD en particulier. Dès lors, nous présenterons les
cotés officiel et officieux de la relation patient/ traitant, tout
autant que nous mettrons en évidence les fondements de ces relations
selon les principes cardinaux de la médecine conventionnelle.
I- A la Base des rapports entre personnel soignant et
patients à l'HLD.
Les rapports entre le personnel soignant et leurs patients
doivent être vus sous deux angles : le formel ou l'officiel d'un
coté et de l'autre, l'informel ou l'officieux. L'officiel à trait
ici au respect du code de la déontologie médicale et au respect
du serment d'Hyppocrate.
1- Des normes officielles d'accès aux prestations
sanitaires
Toutes ses normes se résument dans la notion de la
déontologie médicale. Cette dernière dérive de
l'association de deux mots grecs. Ainsi, nous avons le mot
« déontos » qui renvoie à ce qu'il convient
de faire ou de ne pas faire. Le deuxième mot
« logos » renvoie au discours. Il s'agit alors d'un
discours médical sur la conduite à tenir ou sur ce qu'il
convient de faire ou de ne pas faire. La déontologie peut être
aussi comprise comme l'ensemble des règles et des devoirs qui
régissent une profession, la conduite de ceux qui l'exercent. Les
rapports entre ceux-ci et les clients ou le public (MANUILA M. Et MANUILA I.
1996). En conséquence, c'est un ensemble de principe moraux qu'un
travailleur exerçant dans un domaine précis est tenu d'observer,
de respecter et d'honorer pour donner un bonne image de son travail et de sa
profession afin d'améliorer les conditions de vie des individus en
société . La notion de déontologie médicale se
situe dans le même sillage, ceci dans l'optique de sauver des vies et de
guérir les malades (MEYER P. op. cit.).
En clair, la profession de personnel soignant semble donc
être des plus délicates parce qu'elle permet aux personnes malades
de se rétablir et de recouvrer la santé mise à rude
épreuve par la maladie. Cette dernière menace très souvent
la vie des individus et pis, la leur arrache. D'où le besoin de se
faire soigner par un prestataire de soins se fait alors pressant. Par
conséquent il apparaît une nécessité sociale de
recourir à un thérapeute. Le cas échéant, c'est la
morbidité et/ou le décès. Les praticiens de la
santé s'apparentent donc à ce que nous pourrions appeler les
gardiens de la santé physique, mentale et sociale. Autrement dit, ce
sont des protecteurs et des promoteurs de la bonne santé des individus
en société (WERNER D. op. cit.). cette tâche - étant
entendu qu'elle ambitionne de restaurer la santé des patients,
présente cependant des risques, des dangers qui ne peuvent être
éviter qu'avec la bonne formation du personnel de santé et le
respect scrupuleux, de la part de celui-ci, de la déontologie
médicale.
· · De la qualité de l'accueil
réservé aux patients
Le respect de la déontologie médicale commence
avec la qualité de l'accueil réservé aux patients.
(FAINZANG S. op. cit). Cet accueil doit être chaleureux et
zélée. En effet, la maladie comme le dit David WERNER (op.
cit.), est d'abord une affaire psychologique. Il faut donc que le
médecin ou l'infirmière sache accueillir les malades, car selon
lui « The first contact and those who follow with the
patients are very decisive and very important in the healing
process. » (p17). La qualité de l'accueil, en
d'autres termes, est déterminante dans le prélude à la
guérison du patient. (MICHAEL H. et alii, op. cit.) Le patient doit
être pris avec délicatesse, avec tact, avec douceur parce
qu'étant diminué amoindrit par sa maladie. Il faut donc de la
part du personnel soignant un maximum de patience, d'écoute,
d'attention et beaucoup d'égards envers les malades. Le respect de ces
prescriptions favorise la guérison de leurs patients.
· L'enregistrement du malade
Il s'agit ici d'une étape importante. Il est question
de recueillir les informations liées à la personne même du
malade. Il s'agit de son âge, de son quartier résidentiel, de sa
profession, de son sexe, de son heure d'arrivée à l'institution
hospitalière. Bref, lors de l'enregistrement du patient, le personnel
soignant doit glaner le maximum d'informations possible. Ceci afin de savoir,
mieux de connaître ses antécédents avec la maladie.
L'enregistrement permet aussi d'établir les statistiques sur le taux de
prévalence de certaines maladies pour des besoins
épidémiologiques.
· De la consultation des malades
La consultation est incluse dans l'accueil et est capitale
lorsqu'il s'agit de poser le diagnostic (CELERIER I. op. cit.). Elle est
synallagmatique et /ou réciproque. Autant le patient consulte son
médecin traitant autant celui-ci le consulte dans la mesure où il
lui demande ce qui ne va pas, ce qu'il ressent. La consultation est
« bonne » quand le traitant permet aux patients de
s'exprimer librement. Quant le médecin ou l'infirmier écoute
attentivement le malade et lui consacre un temps considérable qui est
fonction de la gravité de la maladie. Ce qui doit induire un examen
minutieux du malade (BEISECKER, op. cit.).
L'auscultation du malade est donc non négligeable dans
l'accueil qui lui est fait ceci parce qu'elle permet à l'infirmier de
tirer avec exactitude des conclusions sur la nature de son mal, sur la nature
de la maladie dont souffre son patient. Le tact, la douceur et la patience
entrent donc en jeux tout comme le questionnement continu du malade. Le
touché est aussi important dans cet examen (CARRICABARU D. et MENORET
M. op. cit.). L'étape de la consultation achevée, s'ensuit celle
de l'orientation du malade soit chez un spécialistes, soit à la
pharmacie, soit un généraliste et soit dans un pavillon
précis pour son internement ou son hospitalisation. Celle-ci est
subséquente à la décision du service des urgences
à d'interner le malade.
· L'orientation du malade
Il s'agit ici d'envoyer le patient dans le pavillon
approprié pour sa maladie, ce service est le plus à même
de faire en sorte qu'il guérisse vite de sa maladie en
bénéficiant de l'expertise des spécialistes dans ce
domaine. Il n'est donc pas question d'orienter un malade souffrant du paludisme
à la chirurgie alors qu'il doit être envoyé au pavillon de
la médecine générale ou encore d'envoyer une femme en
pleine parturition à la radiologie plutôt que de la conduire au
pavillon de la maternité (NCHINDA T. op. cit.). On comprend dès
lors que l'orientation qu'on doit donner aux malades est fonction du type de
maladies dont ils souffrent. Tous ces principes de la déontologie
médicale sous-entendent que le personnel ait été bien
formé, qu'il soit régulièrement soumis au recyclage en
vue d'un traitement efficient des patients.
-La formation du personnel et le
traitement des patients
LA déontologie médicale considère la
qualité des soins comme s'intégrant dans un tout cohérent
car, elle commence avec la qualité de la formation du personnel
médicale et se répercute sur la qualité des soins
dispensés aux malades. Il y a donc un lien logique entre leur bonne
formation et leur degré élevé de conscience
professionnelle (NCHINDA T. op. cit.).
- La formation du personnel
Outre la maîtrise de la médecine, elle inculque
au personnel de santé un sens poussé des valeurs de
ponctualité, de rigueur, de responsabilité, de patience,
d'humilité, d'humanisme etc. ; parce qu'il s'agit de sauvegarder
la vie des acteurs sociaux. Lorsqu'on prête le serment d'Hippocrate, l'on
n'est tenu de ne manquer sous aucun prétexte à son devoir. La
santé du patient doit primer sur toutes les autres
considérations. Le personnel de santé est donc obligé
d'être rompu à la tâche et de maîtriser celle-ci dans
tous ces contours. Dans le cas contraire, les conséquences seront
désastreuses. La Déontologie médicale doit donc être
à la base de toute action que pose un agent de santé. Elle
codifie tous ces agissements dans la structure médicale de même au
sein de la société. De toute façon, d'après elle,
le personnel de santé est le gardien de la santé des individus
en société. Il ne peut bien assumer cette tâche s'il n'est
pas au préalable bien formé ; ce qui aurait des
répercussions sur la qualité des prestations sanitaires et bien
évidemment sur la qualité du traitement dont les patients
feront l'objet.
- Le traitement des patients
La qualité de la formation comme, nous l'avons vu plus
haut, ne va pas sans conséquence sur la qualité des prestations
sanitaires tant il est vrai que tout ce que l'on fait avec
célérité dépend du background qu'on a. Quant un
agent de santé a été bien formé, il est fort
probable qu'il prenne très au sérieux son devoir. Il suscite la
confiance aux patients et ceux-ci se sentent en sécurité avec
lui. Ce qui est un grand pas vers la guérison (SPEEDLING E. and ROSE
D., op. cit.). C'est pourquoi la relation entre le malade et son traitant doit
être une relation de confiance mutuelle et toute aussi de respect
mutuel. Ajouter à l'action de la cure, le malade se sentira bien dans sa
tête. Tout ce qui affecte le psychique du malade retarde ou
accélère sa guérison. MEYER P. op cit). En plus, il est
strictement interdit qu'il fasse l'objet d'une vente illicite des
médicaments au sein de la structure sanitaire dans laquelle il
séjourne.
· Le serment d'Hippocrate
- Soulager la souffrance et conserver la
vie
Ce serment vise la conservation de la vie et sa protection
au travers de l'action thérapeutique. Mais pour y parvenir, il faut
soulager le patient de ses maux et de ses douleurs qui l'affaiblissent
l'amoindrissent sur les plans physique et psychologique. Soulager le malade,
c'est donc l'aider médicalement à se rétablir. C'est
l'amener à recouvrer sa santé et faire en sorte que ses douleurs
s'estompent aux moyens d'une bonne prise en charge psychologique et d'un
traitement efficace. Le préventif et le curatif jouent ici un rôle
déterminant dans le prompt rétablissement du patient (KNUESEL R.
op. cit.).
En outre, conserver la vie est synonyme de la primauté
de la vie du patient sur les priorités du personnel soignant. Cela est
la priorité des priorités. Pour q'un patient ou un malade
gravement souffrant soit amené à l'hôpital et que
personnel médical soit sur le point de s'en aller celui-ci doit
s'occuper de lui premièrement et faire tout ce qui est en son pouvoir
pour le maintenir en vie (FAINZANG S. op. cit.). Il devra donc user de son
expertise pour sauver ce malade qui est dans un état critique. La
conservation de la vie part de la prévention jusqu'à la
guérison du patient grâce aux médicaments en passant par
les séances d'éducation sanitaire. L'infirmier ou le
médecin se doivent donc d'être les garants ou les
dépositaires de la santé ou du moins de la vie des individus.
Ce n'est pas à eux de décider de la mort d'un individu du fait
qu'il soit en proie aux maux ineffables. Lorsque le personnel de santé
entretient des relations thérapeutiques avec des malades, il doit
pouvoir garder le secret médical.
· Savoir garder le secret
médical
Le métier d'infirmier et celui de médecin sont
très délicats dans la mesure où le personnel de
santé est toujours au contact de milliers de personnes qui le consultent
et dont il est très souvent appelé à connaître
l'intimité et les secrets. Ce personnel connaît bien de secrets
propres aux acteurs sociaux quand le sont les malades. Les hommes, les femmes
et les enfants lors des consultations, sont amenés à leur confier
leurs secrets les plus intimes afin qu'ils fassent un diagnostic adéquat
ou approprié. Ils sont obligés de s'ouvrir à ce personnel.
On comprend dès lors que le médecin ou l'infirmier ne doivent pas
divulguer une information liée à la vie de leur patient sauf si
c'est dans un cadre strictement professionnel. Mais, quant à ameuter
l'entourage sur tel ou tel autre patient, cela est fortement interdit pour
favoriser le plein épanouissement des patients dans les hôpitaux.
On peut donc dire qu'avec la déontologie médicale, les patients
ou du moins les malades sont assurés d'être bien traités du
moins dignement (BENSING J. M., 1991, P40).
En somme, ce tour d'horizon des normes et des bases officielle
sur lesquelles sont fondées les interactions entre soignants et
soignés à l'hôpital Laquintinie de Douala nous permet de
les assimiler à des garde-fous sans lesquels il serait difficile de se
faire soigner dans cet hôpital. Seulement il nous a été
donné de constater lors de nos enquêtes, que quand bien même
ces normes officielles existent, elles côtoient d'autres qui,
celles-là, sont « officieuses ».
2- Des
normes « officieuses » d'accès à
la santé à l'HLD
Les normes « officieuses » d'accès
à la santé sont tous ces préalables que les patients et
le personnel médical adjoignent aux normes officielles pour
rétablir l'équilibre sanitaire. En clair, il est ici question de
toutes les conditionnalités officieuses, illégales voire
informelles d'accès à la santé à l'HLD. Comme dans
toute structure, l'on est en présence de normes officielles et
officieuses. Les premières étant produites par le système
ou la tutelle (le ministre de la santé) alors que les secondes
résultent de l'inventivité des acteurs qui cherchent toujours
à contourner les premières où à passer à
travers elles (CROZIER M. et FRIEDBERG E., 2001 p17). L'analyse ou
l'observation des interactions entre patients et soignants vient ;
dès lors ; jeter un faisceau de lumière sur toutes ces
normes au nombre desquelles figure en bonne place la vente illicite des
médicaments.
· La vente illicite des
médicaments
L'une des prescriptions du code de déontologie
médicale est celle ayant trait à la vente illégale des
médicaments. En effet, le personnel soignant ne doit, sous aucun
prétexte, vendre aux patients des médicaments même si
ceux-ci serviront à leur prompt rétablissement. Cependant lors de
nos observations, nous avons constaté que cette pratique est bien
encrée dans les moeurs de cet hôpital. Le cas de figure qui suit
s'est déroulé au pavillon de la médecine et nous est
rapporté par un patient qui a requis l'anonymat, voici son propos :
Je suis hospitalisé depuis
près d'un mois dans cet hôpital. Ça veut dire que j'ai vu
beaucoup de choses que si je vous dis tout, ça va vous faire mal.
Parfois ; quand on te prescrit les médicaments, l'infirmier te dit
qu'ils sont chers et qu'il peut te trouver ceux qui sont moins chers quelque
part. comme moi je n'ai pas les moyens, j'accepte. Mais on m'a appris que ces
médicaments viennent du gazon (appellation donnée à la
partie du marché centrale de Douala où l'on vend des
médicaments). Il parait que certains médecins et infirmiers d'ici
là ont leurs livreurs et leurs vendeurs là-bas. Moi je veux
seulement guérir. (Entretien réalisé le
20-10-06 à l'HLD). En outre, ce propos vient s'ajouter à celui
qui suit :
Tout le monde sait que dans cet
hôpital on vend les médicaments, on détourne les patients.
Quand le médicament qu'on t'a prescrit ne se trouve pas à la
pharmacie, les infirmiers et parfois même le médecin te
conseillent d'aller l'acheter dans une pharmacie précise. Si ce n'est
pas ça, ils peuvent te proposer de te vendre le médicament que tu
recherches à un bon prix. C'est comme ça ici à
l'hôpital. L'an dernier, ma fille était gravement malade et je
l'ai amenée ici et on nous a hospitalisés. Comme je n'avais pas
suffisamment d'argent pour acheter les médicaments mon voisin de lit qui
était là, m'a indiqué une infirmière qui pouvait me
vendre des médicaments à un bon prix. Il m'a dit de ne pas
m'inquiéter pour la provenance. Elle était en rapport avec un
médecin de ce pavillon qui maîtrise son travail. J'ai suivi son
conseil, j'ai eu les médicaments et l'enfant s'est rétabli deux
semaines plu tard. Moi je trouve que ça nous aide, vous savez, tout est
difficile sans cet hôpital. (Entretien
réalisé le 20-10-06 avec M. NDONGO Jean à l'HLD).
Les discours tenus par les patients du pavillon de la
médecine générale de l'HLD en rapport avec la vente
illicite des médicaments nous plongent irrésistiblement dans
l'univers médical de cet hôpital. Nos enquêtes nous ont
révélés que bien des soignants sont effectivement en
rapport avec des vendeurs du « gazon ». Lesquels leur
envoient des patients inversement. SOCPA A. (op. cit.), le démontre
clairement dans ses travaux de recherches portant sur les pharmacies de rues
à Douala. La vente des médicaments montre à cet effet que
bien des patients sont ballottés entre le personnel soignant et
certains vendeurs du « gazon ».
Les raisons de cet état des choses sont diverses. Tout
d'abord ; l'on à la conscience professionnelle qui est
piètre chez ceux ou celles qui se livrent à ce genre de
pratiques. Ensuite, l'on peut indexer la sécurité sociale
inhérente à leur fonction ou à leur profession. Enfin
l'âpreté de l'existence est également à la base de
ces dérives et le fait que les médicaments ne sont pas à
la portée de toutes les bourses. En fait, selon le major des urgences de
cet hôpital, l'hôpital Laquintinie est l'hôpital le plus
sollicité par les classes sociales moyennes et pauvre. Ces
dernières sont nombreuses. Ce qui a pour conséquence un travail
énorme. Quant on fait le rapport demande/offre en prestations
sanitaires, on se rend compte qu'on fournit beaucoup d'efforts pour des
salaires qui ne sont pas toujours à la hauteur du travail abattu. C'est
pourquoi il affirme :
Ici aux urgences par exemple, nous sommes
toujours sollicités. Le jour comme la nuit. Parfois même je sens
comment mes collègues sont dépassés. Ce qui crée la
mauvaise humeur, qui se répercute sur la qualité de l'accueil des
malades, la déprime, le stress et le rançonnement des patients et
la négligence. Certes les équipes de relève sont bien
organisées mais le travail est éreintant.
(Entretien réalisé le 07-01-07 avec le major des
urgences de l'HLD en la personne de MANGA Simon).
Les remarques que fait ce major rejoignent l'analyse de PR
TIDIANE DIAKITE (1989, op. cit.). Selon lui, dans les hôpitaux publics
africains, le travail est immense au point où le personnel soignant
préfère se servir (extorquer de l'argent aux patients) au lieu de
servir. C'est ce que nous appelons le rançonnement des patients.
· Du rançonnement et de l'accaparement des
patients
Le rançonnement des patients est le fait pour un agent
de santé de cet hôpital d'exiger le paiement de l'argent pour un
service rendu à un patient. C'est le fait pour un patient de payer un
service pour lequel il ne devrait pas. En clair, il s'agit du paiement des
« dessous de table » et des
« bakchichs » pour
bénéficier des prestations sanitaires (DIAKITE T., op. cit. p60).
Ces pratiques, en effet, ont cours dans nombre d'hôpitaux publics
camerounais en général et dans ceux de la ville de Douala en
particulier. C'est ce qu'attestent ces propos recueillis sur le terrain :
Ici à l'hôpital Laquintinie, si
vous voulez être bien traité, vous devez toujours motiver les
infirmiers et certains médecins. Les tarifs varient selon le service
demandé et vont de 500F à 5 000F voire plus. Quand vous ne
payer pas, vous êtes délaissés et personne ne s'occupe de
vous normalement. On vous fuit même. On va dire que vous êtes un
mauvais patient. Mais quand vous motivez les infirmiers et voire les
médecins, on vous traitera de bon patient. (Entretien
réalisé le 27-01-07 à l'HLD avec le patient M. NDOMBA).
M. FOUMZIE nous a tenu un discours similaire. Il
déclare à en effet :
Je pense comme mon voisin de banc. L'argent
ici est roi dans cet hôpital. Si tu l'as quand tu es malade, s'il est
possible qu'on te fasse revenir à la vie après ta mort, ils
n'hésiteront pas. Regardez, nous sommes là depuis 8h du matin
pour attendre un médecin qui ne viendra peut être pas puisqu'il
est déjà 15h. Quand il va venir il faudra que j'apprête
5000F pour sa bière. Sinon il ne va pas honorer au rendez-vous qu'il va
me donner. Si tu veux qu'on s'occupe bien de toi ici, mets les moyens en
jeu. Ils s'occupent bien des patients qui paient. Nous les pauvres, on nous
maltraite partout même ici à l'hôpital. On dit qu'on lutte
contre la pauvreté. Moi je crois plutôt qu'on lutte contre les
pauvres. (Entretien réalisé le 27-01-07 aux
urgences de l'HLD)
Les discours analogues sont légions et la litanie est
presque la même. « Ils -le personnel soignant- nous
maltraitent ». En fait, le personnel soignant, pour un
nombre de nos informateurs, s'apparente à des bourreaux, à des
tortionnaires (DIAKETE T. op. cit.). Les raisons de cet état de chose
sont nombreuses et diverses. Nous nous ferons un plaisir de les
énumérer dans un chapitre ultérieur.
Pour ce qui est de l'accaparement des patients, elle est
renvoie au fait que certains médecins et infirmiers détournent
des patients qui se dirigent à l'hôpital Laquintinie pour les
conduire vers leurs cliniques privées dans les quartiers de la ville.
C'est la raison pour laquelle le phénomène de
« tâcleurs » prend de plus en plus de l'ampleur au
niveau de l'entrée de cet hôpital.
Les « tâcleurs » sont ces personnes
que tout malade, toute personne qui veut entrer à l'hôpital
Laquintinie rencontre à l entrée dudit hôpital et qui lui
propose les services un médecin exerçant en consultations
privées. Ces tâcleurs ont pour but d'orienter les patients vers
les cliniques privées de certains médecins et infirmiers de
l'hôpital Laquintinie. Lesquels médecins et infirmiers leur
versent des sommes d'argent qui sont fonction du nombre de patients qu'ils leur
ont amenés. C'est ce que déclare M NTOLE :
Mon travail consiste à conduire des
malades vers les pharmacies et les hôpitaux privés avec lesquels
je travaille. Après ma licence, comme le dehors est dur, c'est un ami
qui m'a initié ce métier pour que je puisse survivre. Ça
me rapportait de quoi survivre en payant ma chambre, mes vêtements, en
assurant ma nutrition et ma santé. Un malade que je conduis dans une
clinique privée équivaut à 1500 FCFA om à 1000Fcfa.
Soit le patient me motive, soit le pharmacien, le médecin et
l'infirmier le font. En fin de journée, ici je peux détourner 5
malades et parfois plus ou moins (Entretien le 02-02-07 à
l'entrée de l'hôpital Laquintinie de Douala) M. NGANKEU Blaise dit
pour sa part :
Mon travail de tâcleur me permet de
soutenir ma petite famille. Je travaille avec 2 médecins de cet
hôpital qui ont leurs cliniques. Quand je parviens à convaincre un
malade, je l'amène là-bas. Le transport est à la charge de
la clinique qui m'emploie. Je peux percevoir 500 voire 1000F par
médicament acheté par la malade que j'ai amené dans cette
pharmacie ou dans cet hôpital. C'est dans l'après midi qu'il est
plus facile de détourner les patients parce que à cette heure
tout le monde sait qu'il est difficile de rencontrer un spécialiste.
Lorsqu'ils n'ont pas pu le rencontrer, ils sont obligés de nous suivre.
Ce qu'ils oublient, c'est que nous travaillons en collaboration avec certains
médecins et infirmiers qu'ils recherchent. Ce qui veut dire que nous
connaissons leur emploi de temps. C'est pourquoi, les malades qui nous
connaissent et viennent rencontrer un médecin, viennent directement
nous voir avant d'entrer à l'hôpital (Entretien le
02-02-07) à l'entrée de `HLD)
Ce que l'on doit dire ; c'est que ces tâcleurs
nous ont semblé bien informés sur les allées et venues de
biens des médecins et infirmiers de cet hôpital, c'est la raison
pour laquelle nous avons cherché à vérifier leurs dires.
Il s'est avéré qu'ils maîtrisaient effectivement sinon
tout l'emploi du temps, tout au moins une bonne partie de l'emploi du temps de
ces médecins et infirmiers. Ce qui induit qu'ils sont manifestement en
relation et en intelligence d'esprit avec eux. Les anecdotes qui suivent
viennent infirmier nos allégations et vous a été
rapportées par les patients rencontrées à
l'intérieur de cet hôpital. M BAZOU Calvin
déclare :
Je suis là depuis le matin.
Jusqu'à 14h le docteur n'est pas encore là mais je suis sûr
qu'il est dans sa clinique personnelle. Mais allé à leur chef,
ils vous diront qu'ils sont empêchés ou qu'ils sont malades, en
tout cas ils ne vous diront pas la vérité. La conséquence
est que nous sommes obligés d'attendre et de toujours attendre. Quand
c'est trop, on va dans les cliniques privées et les cabinets
privés du sous quartier. (Entretien
du 03-02-07 au pavillon de la médecine de l'HLD). M. BATOUM
Honoré quant à lui affirme :
Dans cet hôpital, c'est vrai qu'il est
propre et bien entretenu mais le véritable problème est celui
des hommes qui travaillent ici. Ils pensent que la maladie se résume
seulement aux médicaments ou à l'achat des médicaments
dès que l'infirmier te remet une longue ordonnance il pensent que c'est
suffisant même s'il te brime, te fait patienter pour le rencontrer ou te
manque de respect. Ta vie même, il s'en moque surtout quand tu n'a pas
les moyens, ce qu'il faut, c'est d'abord payer les soins si tu veux survivre et
guérir. Sinon tu vas croupir ici, personne ne va se gêner, le
personnel de santé va passer tout à coté de toi sans te
demander ce qui ne va pas. Moi je pense qu'ici à l'hôpital
Laquintinie, le premier souci du personnel de santé n'est pas la prise
en charge des patients. Je vous assure que si maintenant je décide
d'aller dans la clinique du Docteur que je suis en train d'attendre je vais le
trouver là-bas. Et il va bien m'accueillir et bien me traiter. Mais ici
à l'hôpital il n'a pas le temps d'être
patient. (Entretien du 03-02-07 au pavillon externe de
l'HLD)
Nous comprenons dès lors que le service médical
public sert de moyen pour s'approprier les patients, lesquels qui, voulant
être bien traités sont obligés de se déverser chez
ces médecins et infirmiers détenteurs de centres de santé
privés. A l'hôpital, nos médecins viennent honorer leurs
matricules de la fonction publique. L'on joue sur deux fronts pour pouvoir
améliorer ses fins de mois. Cependant, étant donné qu'il
est difficile de suivre deux lièvres à la fois, l'on
préfère privilégier son investissement privé au
détriment de ses charges et de ses responsabilités envers
l'hôpital public. La conséquence en est que nombre de patients se
plaignent de rendez-vous non honorés, de lapins que des prestataires de
soins leur ont posés, de la négligence, du manque de
sérieux de leurs part. mais l'alternative qu'on leur donne est de se
rendre auprès des « tâcleurs » ou de suivre
les prestataires de soins dans leurs cliniques personnelles. Quand chacun
d'eux a ses patients fidélisés, ils sont bien traités tant
à l'hôpital que dan sa clinique. Mais les patients
« orphelins » ou sans « tuteur » sont
abandonnés à leur sort. Il apparaît à cet effet que
la relation thérapeutique est basée sur la connaissance des
proches parents, du client, et du patient et beaucoup plus sur le faits qu'ils
ont les moyens. De plus pour fidéliser son patient à sa clinique
privé, le médecin ou l'infirmier se montre patient
compréhensif et généreux. Bref ils deviennent subitement
un bon médecin ou infirmier et jouiront de ce fait d'une bonne
considération dans leur quartier et auprès de la population
morbide (L'KHADIR A. juin 1998). Ces notions d'estime et de
considération sont indispensables dans la relation thérapeutique.
Les prestataires de soins à toujours besoin de se sentir estimé,
valorisé et considéré au sein de la société
dans laquelle il vit. Bien des paramètres socioculturels
politico-économiques font en sorte que certains soignant
préfèrent exercer de façon autonome pour se faire un
capital social et économique important. C'est ce qu'affirme M. KALDJOP
Vincent, propriétaire d'un centre de santé privé au
quartier MAKEPE (Douala) en même temps infirmier à l'Hôpital
de District de la Cité des Palmiers :
Ce travail me permet de rencontrer une bonne
partie de population de cette ville. A l'hôpital, je rencontre plusieurs
personnes qui ont besoins de mes services tout comme ici au quartier. Quand je
ne peux pas les satisfaire à l'hôpital, je leur demande de venir
dans mon cabinet médical. Là j'ai tout mon temps et je peux
même soigner à crédit ou la patient va payer
progressivement. Mais ce n'est pas le cas à l'hôpital où il
y a toujours affluence, où le travail est énorme et où les
salaires sont bas. Ici par contre, je peux me faire un peu de sous dans avoir
à rendre compte à qui que ce soit, je préfère cette
activité parallèle au lieu de soutirer aux malades à
l'hôpital. Les gens de ce quartier me respectent, il m'aiment bien parce
qu'ils savent que je leur rend service.[...] Je dois vous avouer que ce n'es
pas facile de concilier les deux emplois du temps et de satisfaire tout le
monde. Mais on se bat comme on peut. C'est vrai qu'ici je peux réaliser
des profits en termes de relations et en termes de fonds.
(Entretien réalisé le 20-02-07 dans les locaux du
« cabinet médical de la Paix » sis à
MAKEPE-MATURITE).
Ce propos témoigne de ce que la relation
thérapeutique est tout aussi importante voire indispensable que les
médicaments dans les cliniques privées. Là, le personnel
médical est plus consciencieux parce que la fonction y est lucrative.
Mais lorsqu'il sort est à l'hôpital, cette relation
thérapeutique est minorée et l'on met beaucoup plus d'accent sur
l'achat des médicaments de la part des patients. Ceci parce qu'on sait
d'avance qu'ils ne seront pas à même de s'en procurer. La relation
médicale apparaît alors comme une pure perte de temps à
l'hôpital Laquintinie parce que le travail ne rapporte rien. Ce temps
qu'on va alors consacré au malade et qui ne rapporte peut être
utilisé dans le cabinet médical privé qui, lui ;
rapporte en terme de présent de relation, de devise et de
considération. D'où l'on comprend pourquoi bien des patients et
des soignants sont très souvent sur le pied de guerre.
II- De la place de l'économique à
l'Hôpital Laquintinie
L'accès à la santé nécessite le
concours d'un certain nombre de préalables, lesquels conditionnent la
guérison des patients ou des malades comme nous l'avons vu plus haut.
Nous avons également dit que dans cet accès à la
santé, les dimensions sociale et économique de la relation
thérapeutique sont de mises voire incontournables dans une ville de
douala où l'argent et tout ce qui s'y rapporte sont estimés,
valorisés et survalorisés. Dès lors, l'objectif de la
présente section est de mesurer, au travers de données
recueillies sur le terrain et de nos observations, l'importance de l'une et
l'autre de ces deux dimensions dans la médecine conventionnelle telle
que pratiquée par l' hôpital Laquintinie de Douala. Les
données analysées et interprétées ici sont issues
des pavillons de la maternité et de la médecine de l'H.L.D.
1- Patients et traitants dans les prix des soins
La relation thérapeutique en rapport avec les
conditionnalités d'accès à la santé notamment les
prix des médicaments et des soins, révèlent que l'argent
est roi dans cet hôpital. Déjà pour y accéder,
à des heures sommes toutes indues, il faut débourser une somme de
cent francs FCFA (100Fcfa). C'est dire qu'autant d'entrées, autant de
pièces de 100Fcfa à débourser ou à remettre aux
vigiles prostrées au portail central de cet hôpital. Cette somme
que qu'on réclame à tout les visiteurs ou gardes- malades,
servirait à l'entretien des locaux et des bâtiments de cet
hôpital. Seulement, pour nombre de visiteurs, l'on se demande bien si
effectivement ces pièces de 100Fcfa servent à l'entretien de cet
hôpital puisque l'entretien de l'hôpital est
budgétisé. C'est sans doute pour cette raison que plusieurs
visiteurs interviewés à ce propos pensent comme M. LINDJOUN Luc,
agent de l'Etat à la délégation provinciale des
enseignements secondaires du Littoral :
Hier, quand j'ai amené mon fils
était gravement malade, je suis ressorti pour acheter des
médicaments. Au retour, ils m'ont exigé le billet
d'entrée. Je n'avais pas de pièce d'argent sur moi. Ils m'ont
fait perdre une quinzaine de minute. Quand je suis arrivé du bloc
opératoire, mon fils était déjà dans le coma. Il
faut qu'on réglemente cette activité. Ils viennent importuner
les nobles citoyens même quand le maladie les frappe. Quand je pense
qu'à cause des 100F qu'ils demandent là à l'entrée,
j'ai failli perdre mon fils, ça me révolte.
(Entretien à l'entrée de l'hôpital
Laquintinie). M. BALEP Valentin pour sa part déclare :
J'ai amené mon épouse ici
hier pour rendre visite à un collègue de service . Au niveau du
portail, on nous intercepte parce qu'on n'avait pas acheté de billet
d'entrée. Alors que je me dirigeais vers le guichet pour le faire, l'un
des concierges, celui qui a les rastas comme un fou là, a eu l'audace de
poser ses mains sur les fesses de mon épouse. Il est même
allé jusqu'à touché ses seins. J'ai failli faire sortir
mon arme de sa sacoche pour lui donner une bonne leçon. C'est pour
100FCFA qu'il manque de respect envers les honnêtes citoyens. En plus,
dès l'entrée, il faut payer, à l'intérieur alors,
c'est grave. On ne regarde bien que ceux-là qui paient et paient bien.
(Entretien réalisé le 09-02-09) au pavillon de la
médecine de la médecine de l'hôpital Laquintinie).
Bien plus, la particularité des analyses sur les prix
est que ce sont les patients issus de classas démuni qui se plaignent.
Le personnel soignant pense que ces prix des médicaments sont
abordables pour les patients issus d'une classe moyenne. Mais, il semble
oublier que ce ne sont pas tous les patients qui sont issus des classes
moyennes. L'accès à une consultation au niveau des services
externes nécessite une somme de 1200Fcfa. La consultation qui elle, est
parfois « mécanique et
machinal » (Selon les termes d'un patient qui a requis
l'anonymat) ne porte que sur les douleurs physiques dans la plupart des cas. A
l'issue de cette consultation, l'on doit débourser au moins 3000Fcfa
pour acheter les médicaments prescrits.
Au surplus, payer les prestations sanitaires, en soi n'est
pas mauvais dans la mesure où cela permet de faire fonctionner
l'hôpital. (70% des revenus de cet hôpital sont alloués
à son fonctionnement et les autres 30% sont envoyés à la
tutelle qui n'est autre que le Ministère de la santé publique).
Mais bien des patients n'acceptent pas qu'on exige le paiement des frais
hospitaliers avant tout soins au point de permettre que les patients gravement
malades passent de vie à trépas. Aussi avons-nous vu des patients
délaissés pour des affections bénignes. D'autres
agonisants et couchés à même le sol à cause du
manque d'argent. Une infirmière est même allée
jusqu'à dire :
Laquintinie n'est pas le cap de bonne
espérance, encore moins l'hôpital du bon samaritain. La
règle est simple ici. Si tu es malade, tu payes avant d'être
soigné. Vous nous causez du souci. Nous n'avons pas des
médicaments gratuits ici. Le paquet minimum n'est pas suffisant. La
demande de soins est supérieure à l'offre médicale.
(Propos recueillis lors des observations faites à
Laquintinie).
La maternité offre un spectacle porteur de sens en
ceci qu'elle s'est présentée comme un laboratoire in vivo
(MENDRAS H., op. cit.). Les femmes en pleine parturition sont parfois
traitées comme des bêtes de somme. Plus d'une fois, il a
été question d'une atteinte à la dignité humaine
comme l'atteste le cas de figure qui suit et dont les principaux acteurs
sont les sages-femmes et les femmes enceintes. «
Tu pleures maintenant, alors que le jour où ton type et toi
faisiez cela, jouissiez là-bas, nous étions là ? Si
tu veux, meurt même une fois. Les vieilles femmes comme ça qui
viennent déranger les gens ici » (Propos d'une
infirmière accoucheuses de la maternité de l'HLD). Quand le
patient ne paie pas, il dérange. Mais quand il paie, il ne
dérange pas. Parfois, aux faîtes de douleurs atroces
qu'éprouve une femme en pleine délivrance, certaines se
permettent de manquer du sérieux dans l'accomplissement de leur
tâche. C'est là que les injures fusent de toutes parts (DIAKITE
T., op. cit.) et que l'on néglige son poste de travail (MEYER P., op.
cit.).
2- Une médecine à deux vitesses à
l'hôpital Laquintinie
Les difficultés d'accès à la santé
et l'inégalité devant cet accès à la santé
font que le personnel soignant et la tutelle (le ministère de la
publique) en relation avec le CENAME, lequel est en contact avec certaines
industries pharmaceutiques internationales, ont trouvé une alternative
mieux une solution pour les patients pauvres. Il s'agit de la vente de
médicaments génériques. Comme le dit le Dr BOUELET ABENG
Barbara :
Le générique est un
médicament qui se vend à un prix relativement bas par rapport au
médicament original. En fait, le générique a les
mêmes vertus thérapeutiques que les médicaments originaux.
En plus, il est moins cher. La seule différence est qu'il est
fabriqué par les industries pharmaceutiques de l'Inde, de l'Afrique du
Sud et a de ce fait un autre emballage et une autre étiquette. Ces
industries indiennes et sud africaines voudraient aider les populations pauvres
du globe à accéder facilement à la santé. Par
contre, le médicament original n'est pas toujours à la
portée de toutes les couches sociales. Ce genre de médicaments
est fabriqué par les industries pharmaceutiques européennes et/ou
américaines qui, elles, travaillent poursuivent avant tout des buts
lucratifs. (Entretien réalisé le 05/01/07 à
l'HLD).
Aussi peut-on dire sans risque de se tromper que le
générique, quand il y en a, est pour les pauvres tandis que les
médicaments originaux sont pour les riches.
Pour ce qui est de la qualité des prestations
sanitaires dispensées, l'on remarque également une nette
distinction. Les pauvres ou du moins les patients pauvres ne sont pas aussi
bien traités que les patients qui ont les moyens financiers et qu'on
nomme là-bas les « bons
patients » parce qu'ils paient
« bien ». Ceux des patients qui
paient bien sont mis dans les chambres individuelles, alors que ceux qui ne
« paient pas bien » sont mis dans
des salles communes avec d'autres malades.
Les patients qui sont dans les chambres individuelles sont
suivis de manière soutenue et le personnel s'efforce de respecter les
heures de ronde parce qu'il sait que les
« bakchichs » sont garantis.
D'où le patient est entouré de soins et fait l'objet d'une
attention particulière. Quand on entre dans ces chambres, on est tout
de suite frappé par la propreté des lieux et le calme qui y
règne. On assiste peu ou prou aux invectives, aux accrochages entre
patients et soignants. Les premiers recherchent l'affection des seconds,
lesquels se montrent particulièrement courtois dans l'espoir d'avoir
une motivation financière. Ce qui n'est pas le cas dans les salles
communes.
Dans les salles communes les rapports entre soignants et
soignés au niveau de la maternité et du pavillon de la
médecine sont distants et superficiels. Ceci parce que les malades sont
nombreux et que pouvoir s'occuper de chacun d'eux de façon soutenue et
ininterrompue est bien difficile. Lorsqu'on a une infirmière pour 20
patients, on comprend qu'il y en a qui seront défavorisés par
rapport à d'autres au niveau du suivi médical et/ou
paramédical. Les rapports entre patients et soignants dans les salles
individuelles sont denses alors que dans les salles communes, ils sont
platoniques et superficiels. De toute façon, ces interactions font
penser aux analyses sociométriques de MORENO J.L. (1953).
III- Du social dans les relations entre malades et
traitants
1- Du social dans les relations entre patient et
traitant à l'HLD
Les analyses sociométriques de MORENO J. L. (op.
cit.) pour mathématiser les interactions entre les individus dans la
société nous ont permis de faire un rapprochement entre elles et
les relations thérapeutiques. Seulement, la relation sociale qui
s'établit entre le patient et le médecin et/ou l'infirmier
dépend du degré de confiance que l'un a envers l'autre et
inversement.
Dans une relation thérapeutique où règne
une confiance mutuelle, le patient et son traitant sont détendus. Les
douleurs qu'éprouve le patient sont atténuées par le
réconfort que lui apportent le médecin ou l'infirmier et les
soulagements subséquents à la prise des médicaments. Par
delà ces médicaments, le médecin ou l'infirmier qui se
montre accueillant, souriant et attentionné envers le malade, est
toujours aimé et apprécié. C'est le cas de ces
médecins des urgences de l'HLD dont on disait bien des choses
satisfaisantes. En effet, selon certains malades rencontrés dans ce
bâtiment :
Les deux médecins là sont
toujours là même les jours fériés dans la nuit. Ils
nous écoutent, ils nous comprennent et nous redonnent espoir. Quand on
m'a amené aux urgences, il s'est occupé de moi et des frais
à son propre comte en attendant que mes fils viennent régler la
note .C'est grâce à lui qu'on a pu m'opérer sans grande
difficulté. Avant cela, on ne se connaissait pas, mais maintenant, dans
cet hôpital, il est comme un ange gardien pour moi. Je le remercie
beaucoup et remercie aussi Dieu pour tout cela. (Entretien
réalisé avec Madame ZOUM Bernadette, patient au pavillon de la
chirurgie, le 03/02/07 à l'HLD). C'est dire que les actes de
socialité sont néanmoins enregistrés ça et
là dans cet hôpital.
2- De la socialité dans les rapports entre le
personnel traitant et les patients à l'hôpital Laquintinie de
Douala
L'hôpital Laquintinie n'est pas que fait d'un
« vide social ». Dans ce
labyrinthe, l'on remarque également des actes de
générosité, de
« solidarité » tant
« organique » que
« mécanique » pour parler
comme DURKHEIM E. (1986, op. cit.). Entre les patients hospitalisés dans
les salles communes, l'on assiste à une forte cohésion et
à une forte tendance à partager les repas, des outils de
ménage voire certains médicaments (gélules, alcool,
sparadrap, compresse, etc.)
En outre, bien des médecins et infirmiers sont
démotivés du fait de l'immensité du travail.
Néanmoins, ils s'efforcent de réconforter les patients, quelles
que soient leurs origines sociales, avec le peu de moyen dont ils disposent.
Ce qui signifie que dans cet océan de précarité, il est
des médecins et infirmiers qui sont encore mus par la conscience
professionnelle pure, l'humanisme et la vocation. Les contradictions que l'on
observe ça et là dans cet hôpital ne sont pas des
fatalités. Toutes traduisent une déficience tant structurelle
qu'humaine qu'on pourrait palier avec une ferme volonté du politique.
De plus, l'on peut dire que l'indifférence sur
laquelle butent nombre de patients est en quelque sorte une réponse des
praticiens de la santé au mutisme de l'Etat face à leurs
doléances. Entre autres doléances, nous avons
l'amélioration des conditions de travail (Infrastructure et
équipements), la revalorisation de leur salaire, la création
d'un comité d'éthique médicale, le recyclage du personnel
médical et paramédical, ...Mais en attendant, certains
prestataires de soins sont consciencieux et rompus à la tâche.
3-Les catégories sociales et l'accès à
la santé à l'hôpital Laquintinie
L'accès à la santé exige à tous
les malades d'entrer en contact avec les prestataires de soins pour
bénéficier d'un diagnostic approprié et efficient. Ce
faisant, les acteurs sociaux n'ont pas les mêmes atouts pour pouvoir
entrer en contact avec les soignants. L'accès à la santé
est dès lors fonction de la hiérarchisation sociale, des
attributs ontologiques du patient, de son origine sociale et de son statut
social (FAINZANG S., op. cit.)
*Le personnel soignant et
les patients enfants
La relation entre le traitant et le patient enfant repose en
grande partie sur le rôle le charisme de la mère ou du
père dudit enfant dans la mesure où c'est à eux de
faciliter ces rapports afin que l'enfant en question puisse se rétablir.
La remarque que nous avons faite est que certains pédiatres font preuve
de délicatesse quand ils auscultent les enfants. Ils sont attentifs,
attentionnés envers ceux-ci et font des reproches non pas aux enfants
mais bien plutôt à leurs parents quand il le faut. Ils leur disent
également comment donner les médicaments à l'enfant. C'est
de relever l'immensité du travail qui est le leur en ceci qu'il faut
beaucoup de patience et de maîtrise pour pouvoir établir un
rapport entre ce que lui ont dit les parents de l'enfant et les symptômes
de la maladie afin de poser le diagnostic efficient. Certes c'est leur
métier, mais il faut avouer que ce n'est pas une tâche
aisée que de s'occuper de la santé des tous petits. Cependant, il
faut dire que le personnel soignant ici au niveau de la pédiatrie peut
être divisée en deux catégories. La première est
celle qui s'efforce encore à humaniser les prestations sanitaires-
pour combien de temps encore pourrait-on se demander-, la seconde quant
à elle brille par son inconscience professionnelle en rendant
difficile l'accès aux soins. De toute façon, nous dirons que les
pesanteurs humaines à l'accès à la santé
s'observent également dans les autres pavillons de cet
hôpital.
CONCLUSION
Au sortir de ce chapitre qui tournait autour du social, de
l'économique et de la relation thérapeutique entre soignants et
malades de l'HLD, force est de constater que l'économique l'emporte sur
la relation médicale. Cette dernière est fortement minorée
et dévalorisée dans cet hôpital. Les prestataires de soins
ne lui accordent de l'importance que dans la mesure où le patient
« paie » bien et achète
tous les médicaments qui lui sont demandés avant le traitement.
L'on doit aussi retenir que le capital social (BOURDIEU P., op. cit.) est
indispensable pour qui veut se faire soigner dans cet hôpital. Le patient
qui connaît au moins un infirmier, se verra facilement pris en charge par
rapport à celui- là qui ne connaît personne. En clair, les
normes officielles d'accès à la santé dans cet
hôpital perdent du terrain et sont supplantées par les normes
« officieuses » qui, elles, ont tendances à devenir
officielles et « légales » du fait des patients, du
personnel soignant et du contexte socio-économique qui s'y prête.
De toute évidence, il apparaît que dans cet hôpital
l'économique, les médicaments sont sublimés,
déifiés au détriment de la relation thérapeutique,
qui elle, est minorée. Les raisons de cet état de chose sont
diverses et les responsabilités sont partagées. L'occasion nous
sera donnée de le prouver dans une partie ultérieure.
Déjà , appesantissons- nous sur le social, l'économique et
la relation thérapeutique dans la médecine tradinaturelle
à l'AC.
CHAPITRE IV :
LA PLACE DU SOCIAL, DE L'ECONOMIQUE DANS LA MEDECINE
TRADINATURELLE ET LE SOUTIEN MORAL DANS LES DEUX FORMES DE MEDECINES
Introduction
Le chapitre qui suit portera sur la compréhension de
la socialité et de l'économique dans la médecine naturelle
et le soutien moral apporté aux patients dans les médecines
sus-évoquées. La relation entre le patient et son traitant peut
revêtir plusieurs formes. Ainsi, elle peut être conflictuelle, de
sujet à sujet, de domination, beaucoup plus de compréhension
mutuelle et paternaliste. Quant au social et à l'économique, les
places qu'ils occupent dans la médecine naturelle sont
différentes. Le social, au regard de nos observations, l'emporte sur
l'économique, lequel semble revêtir un caractère caritatif,
aux fins de permettre aux malades de recouvrer leur santé (HATTIER, op.
cit.). En fait, les groupements d'initiatives communes en matière de
santé ambitionnent de revaloriser le patrimoine culturel africain en
général et camerounais en particulier dans le cadre de ce que
les présidents THABO MBEKI (de l'Afrique du Sud), OLUSEGUN OBASSANJO (du
Nigeria), appellent « la renaissance
africaine ». A cet effet, les GIC rencontrés
à savoir PROPLAMETRAC, NATURALIA, WAZA et NATURO-SANTE, multiplient les
artifices pour fidéliser le public à la médecine naturelle
en même temps qu'ils s'évertuent de l'officialiser ou de la rendre
formelle.
I- De la place de l'économique dans la
médecine naturelle de L'African Clinic
L'importance de l'économique dans la médecine
tradi-naturelle de l'African Clinic de prime abord, n'est pas aussi
survalorisée comme celle de l'hôpital Laquintinie. En fait,
l'économique est certes important ici, mais il joue un rôle de
facilitateur d'accès à la santé. L'on ne le sublime pas et
l'on n'en fait pas une condition sine qua non d'accès aux
médicaments et partant d'accès à la santé (YORRO
S., op. cit.). Dès lors, l'on comprend pourquoi la grille tarifaire des
soins de santé ici est abordable et à la portée de presque
toutes les bourses (CELERIER I., op. cit.).
De plus, le paiement des soins peut être fait en
plusieurs tranches selon les possibilités des patients. Ce qui nous
plonge dans la perception que le personnel de l'African Clinic a de ces
derniers. En effet, nos observations nous permettent de dire que le patient est
considéré et valorisé de par la qualité de
l'accueil qui lui est réservé, la gratuité de la
consultation, la disponibilité du soignant et l'intérêt
que celui-ci porte à ses patients (SPEEDING E. J. and ROSE D. N. op.
cit.). la relation médicale devient donc affective et les patients se
sentent en sécurité alors qu'ils sont en face de leurs traitants.
L'argent ne vient que pour symboliser la volonté des deux parties
prenantes de se satisfaire mutuellement. Aussi comprend-t-on pourquoi tout se
passe dans une ambiance bon enfant et dans un climat détendu.
Bien plus, dans le contexte de la médecine naturelle,
il semble que l'argent n'exerce pas une pression supplémentaire sur le
patient parce qu'il n'influe pas sur la relation médicale existant
entre son traitant et lui. Les conditions, même si elles sont modestes,
sont tout de même réunies pour soutenir le moral des patients.
Lors de la consultation à l'hôpital Laquintinie et notamment au
pavillon de la maternité, l'on a le sentiment que le volet
économique est redouté et craint parce que les prix des
médicaments et des soins ne sont pas au niveau de toutes les
composantes sociales. Le patient redoute toujours cet instant où il
faudrait bien qu'il prenne connaissance des prix des médicaments. Aussi
constate-t-on que la relation médicale est mise à mal à
cause de la pression qu'exercent les prix des soins sur un nombre important des
patients ou des malades. En revanche, la grille tarifaire des soins à
l'African Clinic est somme toute abordable comme nous l'avons
précisé plus haut (LANTUM D. op. cit.).
1- Patient et traitants dans les prix des soins à
l'African Clinic
Produits
|
Maladies
|
Prix
|
Avoline Forte : Look précaution
|
STD: a chlamédia of gonoria, loses white, demangeaisons,
stomach ache, menonal pain, painful, mentrual, vest pain.
|
Pharmacy: 2000 Fcfa
Promotion : 1000 FCFA
|
Man power natural
|
Treatment: sexual weakness, frigidité, preciness
ejaculation, increases amont of spermatozoids, Re-inforces the waist
|
Pharmacy: 3700 Fcfa
Promotion : 1500 FCFA
|
Anti douleur natural
|
Treatment of bad mouth adour, tooth ache, wounds, extern and
intern inflation
|
Pharmacy: 2900 Fcfa
Promotion : 1500 FCFA
|
Gel d'Aloe Vera
|
Treatment starter, lost of hair, filary champignons, business
Abundant white lost and vaginal inching, genital herpes, stomach
ache, choemorhage
|
Pharmacy: 2500 Fcfa
Promotion : 1700 FCFA
|
Teinture d'ail et d'oignon
|
Treatment of ear pain, tooth ache
Hypertension arterialn nerves pain
Intestine worms
|
Pharmacy: 2500 Fcfa
Promotion : 1700 FCFA
|
FENGYOU JING
|
Treatment of rhumatismes, cramps, stress, nerves pain
|
Pharmacy: 1800 Fcfa
Promotion : 1000 FCFA
|
Fresh-plus (produits de beauté)
|
- nourishes the body, shines skin, black option and pinpons
- Maintain the skin colour
|
Pharmacy: 2900 Fcfa
Promotion : 1000 FCFA
|
You will find imported products from Asia, America and West
Africa.
NB: We offer you our method of
treatment of illness neglected badly treated and chronic, through a good
consultation method and ancestral treatment, based on plants freshly harvested
through traditional norms for a rapid care without side effect.
Source originelle: grille des prix des
médicaments à l'African Clinic.
L'analyse de cette grille des prix des prestations
médicales montre que l'économique y est minoré alors que
le thérapeutique couvre presque toutes les affections. Pour
accéder à ces prix, le patient n'a pas besoin de payer la
consultation. La gratuité de cette dernière obéit avant
tout à un souci social qu'à un souci lucratif. Les divers et
multiples rapports thérapeutiques que les patients entretiennent avec
leurs traitants ont toujours un aspect particulier qui est fonction de la
spécificité de chaque maladie. On comprend pourquoi le
« Dr » TAJOUDINE déclare :
Chaque patient que je rencontre, qui me
consulte est une histoire faite de hauts et de bas. Je crois que tout homme est
particulier. C'est pourquoi je prends tout le temps nécessaire pour
comprendre chaque malade. Je crois aussi que la médication se trouve
aussi dans l'histoire de tout malade. Le médicament et l'argent ne
viennent que pour faciliter cette guérison. D'où il faut
être attentif quand le patient parle, quand il s'exprime. Celui que les
médicaments qu'on évalue à cent mille francs CFA n'ont
pas pu guérir, une simple écoute et plusieurs conseils peuvent le
faire. (Entretien réalisé le 05-05-07 dans les
locaux de l'AC).
En outre, l'on constate que les médicaments ne
dépassent pas le prix ou le seuil de 4000 Fcfa quels qu'ils soient,
quelle que soit la maladie du patient. C'est sans doute pour cette raison que
le nombre de patient que cette structure accueille par jour va augmentant. A
ses débuts, l'African Clinic accueillait 10 à 15 clients
(malades) par jour. Aujourd'hui (mai 2007) l'AC accueille près de 50
clients par jour. Ses patients fidélisés s'attellent à
faire sa publicité dans leur entourage, dans leur voisinage. Ce qui
contribue à élargir considérablement sa clientèle
et sa renommée. D'où un patient, TCHAMIEU Bertrand,
affirme :
Au début, je venais ici seul. Comme
ils m'ont bien traité, maintenant j'amène les membres de ma
famille quand ils sont malades. Même mes voisins viennent
déjà ici parce que je leur avais conseillé de le faire.
Ici c'est comme une grande famille. On se croise, on se recroise et on
s'habitue aux autres. On connaît cette clinique dans presque tout le
quartier. Elle nous aide beaucoup. Je préfère venir ici que
d'aller à Laquintinie. Pour arriver à Laquintinie et entrer pour
consulter, tu dépenses déjà pas moins de 15000Fcfa, alors
qu'ici avec cette même somme, tu fais le bilan de santé, tu
achètes tes médicaments et tu te fais soigner. Personne ne va te
rançonner, personne ne va te maltraiter. Ici, on a la paix du coeur
qu'on n'a pas toujours quand on va à l'hôpital Laquintinie.
Parfois, j'ai même peur d'y aller. Mon épouse me dit toujours que
si un jour elle est gravement malade, que je ne part pas avec elle
là-bas. Sinon on aura les problèmes parce qu'en l'amenant
là-bas, pour elle, c'est comme si je voulais précipiter sa mort.
(Entretien réalisé le 10-05-07 à l'AC).
La renommée des structures médicales est donc
le produit ou la dérivée des interactions de face à face
que les patients ont eues avec le personnel soignant alors qu'ils
étaient à l'intérieur de celles-ci. (JAFFRE Y. op.
Cit.). L'African Clinic jouit d'une bonne
célébrité dans son quartier d'implantation grâce au
zèle de son personnel et à la proximité qui existe entre
celui-ci et ses patients. On comprend pourquoi selon le prêtre DE ROSNY
(1990), la médecine naturelle est une médecine populaire. En
clair, c'est le recours thérapeutique que la plupart des africains
maîtrise le plus et mieux (BENOIST J., op. cit.). Le vrai africain,
celui-là qui l'est de souche ne saurait la dévaloriser (MBONJI E.
op. cit.). Elle constitue et représente un patrimoine culturel
thérapeutique que les pouvoirs publics doivent exhumer et
réhabiliter. Elle nous permettra de mieux résorber les
problèmes de morbidité en Afrique (RETEL L., op. cit.). En fait
c'est une médecine tout aussi complète que préventive
(MBONJI E. op. cit.).
2- L'African Clinic et les mesures préventives des
maladies.
L'African Clinic, dans un souci de prévention d'un
certain nombre de maladies, a jugé bon de produire un fascicule. Lequel
sert à prémunir sa clientèle contre bien de maux. Ce
fascicule est intitulé «How to cure yourself as from
natural plants?» Ce titre traduit en français donne
« Comment guérir d'une maladie à partir
des plantes ? » Dans ledit fascicule, nous y
trouvons les vertus thérapeutiques d'une trentaine de plantes
lesquelles soigneraient soixante et quinze (75) maladies. Cette opuscule est le
fruit du naturopathe et herboriste CHOUAIFOU MOPA en partenariat avec
d'autres phytothérapeutes. Chaque maladie identifiée a à
sa suite son mode de traitement fait à base de plantes que l'on peut
trouver sur les marchés de la ville de Douala. Les auteurs y ont
également mis les mesures de prévention de nombre de maladies.
La dimension préventive dans la lutte contre la morbidité occupe
par conséquent une place non négligeable dans la médecine
naturelle, du moins telle qu'elle est pratiquée à l'AC. Ce qui
remettrait en cause les points de vue de KNUESEL R. (op. cit.) pour qui, les
africains aiment à guérir de leurs maladies plutôt que de
les prévenir. Il dit à cet effet :
Pour les peuples d'Afrique, le noir ne meurt pas
de saleté. Allez au fin fond de l'Afrique, vous y verrez des personnes
qui ne savent presque rien des règles d'hygiène. Mais vous les
verrez toujours bien portante. Préjugé ou réalité,
en tout cas, l'homme africain sait que la prévention n'est pas toujours
une nécessité.
Le lieu n'étant pas indiqué pour envenimer le
débat -ce qui est au-dessus de nos compétences- disons tout de
même que l'AC s'attelle à enseigner à ses patients comment
prévenir bien des maladies. C'est à juste titre que dès
l'entrée dans ses locaux, l'on lira sur les affiches murales et dans le
fascicule dont nous parlions plus haut, les seize règles de santé
ci-après :
The 16 health rules: (observe these health
rules and you shall live long)
1- Air is a free gift of heaven, be outside for
many houses by day, open doors and windows for goods
ventilation.
2- Bath with the sun and benefit from his monhymme
kindness. This is mostly for those who are always in their ears, in their
office with air condition; the sun is the source o vitamins D. this vitamins
source in bains and teeth.
3- Always rules all parts of your body, rest at
least one day by week, let your stomach to rest at least for 05 hours before
next meal.
4- Always regarly make sport, there no exercise
that is beneficial to all parts of the body their trekking subscribers of taxi
and proprietors of personal cars owners should think over it do at least 3
minutes of trekking (walking) every day.
5- You must have good feeding regime consuming
more herbs such as lettuce, leaves, cocoyam, leaves cabbage and cassava
leaves.
6- Consume fruits of life such as of live such as
bananas, pawpaw, orange, egoissi, pineapple, lemons; these are true products
which are laxative to protect you against constipation and
parasites.
7- Do not drink water during the meal. Drink to
glasses of water or lemons before break fast to purify your organism. This
shall protect you from all sickness.
8- Cool water is not advisable
9- Do not smoke, stop drinking alcohol, do not
drink gaseous drink. They are source of many sicknesses.
10- Abandon toxins medicines such as paracetamol,
aspirin and others. They never cure you, they destroy your lives, your west and
lungs.
11- Do not consume proc-meat, it can be dangerous
to you health. It meat contains excess cholesterol which is at the origin of
diabetic, hypertension, nerves pains and stoutness.
12- Do not consume pigment in excess. Consume
honey on the place of sugar and do not exaggerate the consumption of tea and
coffee.
13- Stop the abusive consumption of palm oil, all
types of meat, salt, vinegar, eggs (03 eggs per weets).
14- Avoid cool chicken and almost all cool
products
15- Do not eat late and night
supper
16- Use more garlic and onion in your dish, they
are true health guardian.
Les règles de santé ci-dessus
détaillées et énumérées, permettent à
nombre d'usagers de cette structure médicale de veiller sur leur mode de
vie, l'une des conditions sine qua non pour jouir d'une bonne santé. Il
s'agit dès lors de responsabiliser les patients en leur conseillant
d'être pointilleux quant à ce qui se rapporte à leur
hygiène de vie (YOUNG C., op. cit.) On comprend alors que pour les
promoteurs de la médecine naturelle, du moins ceux de l'AC ; la
responsabilité individuelle est pour beaucoup dans les maladies
sociales. (BURNLEY, op. Cit.). Aussi le Docteur TAJOUDINE et son
personnel n'hésitent-ils pas à blâmer, à reprendre
et à conseiller leurs patients sur la nécessité de prendre
soin de leur santé.
Au surplus, toutes ces mesures sanitaires plaisent bien aux
patients dans la mesure où ils nous ont révélé ne
pas en bénéficier dans le hôpitaux publics. Selon nombre
d'entre eux, l'accent y est mis beaucoup plus sur le médicament et le
traitement que sur la prévention des maladies. (KNUESEL R., op cit).
Plusieurs préféreraient que les hôpitaux ou du moins les
prestataires de soins intègrent la dimension préventive dans le
traitement. Pour eux, tout homme doit pouvoir prendre soin de sa santé,
c'est pourquoi l'Etat se doit d'informer ses citoyens afin que ceux-ci puisent
se prémunir contre la morbidité sous toutes ses formes. En clair,
il s'agit alors de procéder exactement pour les autres maladies comme
les pouvoirs publics le font pour le VIH/SIDA. C'est dire que l'on doit donc
joindre le préventif au curatif dans les hôpitaux comme le font
les prestataires de soins de l'AC (BENOIST J., op. cit.)
Par ailleurs, l'AC s'attelle à aller au- delà
du biologique pour atteindre le social des patients dans les dispensations des
soins. Aussi comprend-t-on mieux pourquoi le PR MBONJI (spécialiste
camerounais en ethnomédecine) considère la médecine
traditionnelle comme une médecine complète en ceci qu'elle tient
compte du rapport du patient avec son milieu (le cosmos), son psychique et la
société. Ce qui n'est pas différent de la
définition que l'OMS donne de la santé. Elle la définit en
effet comme étant : « Un état de
bien- être physique, mental et social » (
www.oms.org).
3- Le traitant et les proches du patient à l'AC
Les allées et venues de plusieurs patients dans l'AC
sont marqués par le soutien que leur apporte leur famille, laquelle
jouent un rôle dans la quête des soins. Les patients, quand il
s'agit d'enfants de bas âge, sont amenés à l'AC par leurs
parents. Ces derniers les présentent au « Docteur »
TAJOUDINE afin qu'il les ausculte.
La consultation d'un enfant de bas âge (05 à 08
ans) n'est pas aisée du fait de la timidité ou de la peur qu'il
éprouve à la seule vue du docteur. C'est alors que la
mère, le père ou le grand frère sont appelés
à la rescousse afin de mieux expliquer et détailler les
symptômes de la maladie au soignant. Les conversations ne se limitent pas
aux seuls maux des patients mais aussi à ses activités ludique,
scolaire et familiale. La bonne entente est donc de mise ici en ce sens que
gardes-malades et traitant doivent être sur la même longueur d'onde
afin de poser un diagnostic tant préventif que curatif adéquat
(DEVEUGELE M., DERESE A., DE MAESENER J. op. cit.).
En outre, les patients qui sont gravement malades et qui sont
suivis par le Docteur TAJOUDINE, suivent le traitement dans leurs
domiciles respectifs. On comprend dès lors que c'est le traitant qui va
à leur rencontre. C'est en quelque sorte l'équivalent du service
français d'aide médicale d'urgence à domicile (SFMUD). Les
malades qui ne peuvent donc plus se rendre à l'hôpital sont
suivis chez eux comme s'ils étaient à l'hôpital. Les
patients suivis à domicile par les prestataires de soins de l'AC
disaient être satisfaits (Michel A, WIADNYANA IGP, HARVEY, op. cit.).
Ces patients affirment à cet effet :
Nous sommes déjà vieux et pour
nous faire soigner, ce n'est pas facile dans les hôpitaux publics.
Là-bas il n y a pas de médecine de la vieillesse que les blancs
appellent la gériatrie. Quant tu vas à Laquintinie par exemple,
à mon âge, tu peux facilement avoir une crise cardiaque. On te
méprise, on t'insulte, on ne te respecte pas malgré ton âge
avancé, on te demande de payer pour voir le médecin. Quand moi je
pense à ça, je préfère rester chez moi et me faire
soigner à domicile par des personnes qui m'estiment. Ce docta, je le
connais depuis près de cinq ans, il est déjà comme mon
propre fils et moi comme son père. Ma famille le connaît. Avec
lui, je me sens en sécurité et en paix. Quand j'allais dans les
hôpitaux, j'avais toujours peur parce qu'on n'accueille pas bien les
gens sauf s'ils ont de quoi payer. (Entretien
réalisé ave M. EBONGUE Jules - sexagénaire et militaire
à la retraite le 20-05-07 dans son domicile par l'entremise du
« docteur » TAJOUDINE).
L'on comprend dès lors que la médecine naturelle
est une médecine de proximité dans la ville de Douala dans la
mesure où selon les termes du « docteur »
TAJOUDINE :
Nous multiplions des stratégies pour
nous rapprocher des patients et des malades. C'est pourquoi nous allons jusque
chez eux quand ils sont gravement malades. On les suit en fonction du type de
maladie qui les affecte. C'est vrai que quand on va chez un malade pour le
soigner, on est bien accueille dans la plupart des cas. Mais là, les
prix des soins sont un peu revus à la hausse. Le déplacement est
inclus. Ces prix sont néanmoins abordables. C'est la raison pour
laquelle, je suis toujours sollicité le jour et même tard dans la
nuit.
II- Rapport social plus que rapport économique
dans la médecine naturelle à l'AC
Le rapport social semble avoir une importance
particulière par rapport à l'économique dans la
médecine tradinaturelle. En effet, les patients et le personnel de l'AC
fondent le guérison beaucoup plus sur la bonne entente, la
compréhension mutuelle, le respect mutuel que sur l'économique.
L'argent n'est pas sublimé. Il est même minoré afin de
permettre à toutes les composantes sociales de pouvoir se faire soigner
quand elles sont malades (YORRO S. op. cit.) En fait, le rapprochement entre
patients et traitants à l'AC ambitionne d'attirer plus la
clientèle, la fidéliser afin de revaloriser la médecine
naturelle (L'KHADIR A. op. cit.).
1- Le docteur TAJOUDINE et ses patients dans la
recherche de la santé
Le docteur TAJOUDINE nous a permis d'assister
à certaines de ses consultations pour voir comment elles sont conduites
et comment il s'entretient avec ses patients. Il ressort de l'analyse de ces
consultations qu'elles tournent autour de la globalité ou de
l'holisticité de la vie du patient (DE ROSNY op. cit.).
La première interrogation se rapporte toujours à
« ce qui ne va pas ». Ceci
quand c'est un nouveaux patient. Celui-ci s'attelle dès lors à
relater son mal, sa manifestation et bien évidemment, son origine et sa
localisation. La langue utilisée pour véhiculer son message est
soit le français, le pidgin, l'anglais et /ou le Bamoun.
Pendant que le patient s'exprime, le
« docteur » TAJOUDINE prend note et l'écoute
attentivement. Les notes prises servent à diagnostiquer le mal et
à prescrire un traitement approprié (BENSING J. M. op. cit.).
Après cela le « Docteur » TAJOUDINE ausculte
son patient. Il le palpe et prend sa température. Assister à une
consultation n'est pas chose aisée. Cela peut être vu comme une
atteinte à la dignité du patient. D'où nous avons requis
leur accord (surtout celui des femmes) avant d'y assister. Ceci pour des
exigences éthiques liées non seulement aux modalités de la
recherche scientifique, mais aussi à la déontologie
médicale (LADRIERE P. op. cit.). Selon les ouvrages qui
réglementent la fonction médicale, il n'est pas permis d'assister
à la consultation d'un malade avec son médecin traitant.
(MANUILA.I., MANUILA M. et MICOULIN M. op. cit.)
De plus, après que le patient ait fini de s'exprimer,
le traitant peut donc lui dire la nature de sa maladie et lui proposer une
médication dans la pharmacie qui se trouve dans son bureau. Avant de
lui révéler la nature de sa maladie, il s'attarde sur tous les
autres aspects de la vie du patient. Le « docteur »
TAJOUDINE s'informe sur sa famille, ses amis, sa profession, le quartier
où il réside, sur son alimentation, ses difficultés et ses
problèmes. Ceci parce que pour lui : «Le
médicament d'une maladie peut se trouver dans l'une des dimensions de la
vie du patient » (Entretien réalisé le
03-05-07 au bureau du « docteur » TAJOUDINE à
l'AC).
A la fin de l'entrevue médicale, le docteur TAJOUDINE
ne se prive pas de conseiller ses patients sur les modalités de
prévention de leurs maladies. Pour lui, la prévention est
préférable à la guérison surtout quand on est un
patient qui n'est sûr d'avoir les moyens de se faire soigner. Il faut
toujours anticiper sur la maladie. Dans un contexte socio-économique
marqué par la précarité, il s'avère indispensable
de prévenir les maladies en conseillant les malades qu'il (le docteur)
suit sur les voies et moyens à mettre en oeuvre pour éviter les
maladies. Pour ce faire, les traitants doivent s'apparenter à des sortes
de conseillers médicaux (MBONJI E. op. cit.).
2- Le « Docteur » TAJOUDINE et ses
patients dans leurs domiciles
Le « Docteur » TAJOUDINE nous a permis,
dans le cadre de ce que nous appellerions « sa
médecine de proximité », de le suivre
dans certains de ses déplacements. L'équivalent du service
français d'aide médicale d'urgence à domicile (SFAMUD) qui
s'attèle à soigner les malades dans leurs domiciles. Le GIC qui
soutient le « docteur » TAJOUDINE a estimé que les
patients qui n'ont pas assez de moyens pour venir vers lui, peuvent être
satisfaits quant il va vers eux dans leurs domiciles.
Généralement, ce sont les patients qui sont gravement malades qui
nécessitent ce genre de visite.
Le « docteur » TAJOUDINE, en se
déplaçant lui-même, majore les prix des prestations
sanitaires en fonction de la distance à parcourir entre sa clinique et
le domicile du malade. Dès son arrivée, l'accueil est d'abord
chaleureux et il s'imprègne sur la situation familiale et cherche
à savoir si tout le monde va bien. Ensuite, il ausculte son
patient , et si besoin est, lui prescrit un médicament naturel
fabriqué par le GIC (PROPLAMETRAC). La plupart des patients que nous
avons rencontrés dans leurs domiciles sont satisfaits. Ainsi l'un d'eux
affirme :
Je suis fier de ce qu'il vient jusqu'ici
chez moi pour me soigner. Ici chez moi, il apprend à me comprendre. Il
me connaît bien. Moi je met toute ma confiance en lui parce qu'il nous
redonne espoir. Mon mal de dos me cloue sur le lit. S'il ne me soignait pas
à domicile, il y a longtemps que je serais déjà mort. Moi
je suis content de le voir. Ma famille est habituée à lui.
D'ailleurs mes enfants l'appellent tonton Tajou. (Entretien
réalisé au domicile de M. TAFOU Bertrand, patient du docteur
TAJOUDINE, le 06-05-07).
Bien plus, Mme OLONG Françoise affirme :
Ce docteur vient ici grâce à
un ami qui a passé son numéro à mon mari. Je suis
anémiée et j'ai mal aux os. Ce qui me donne le vertige. Chaque
fois que je l'appelle, on prend un rendez-vous. Il vient ici à la maison
et me soigne. Il me donne beaucoup de conseils pour rester en vie. Ses conseils
me donnent du courage et de l'espoir. Un jour, il est même venu ici avec
sa femme pour me rendre visite alors que je m'étais évanoui. Ils
s'étaient empressés de venir voir mon état. Les
médicaments qu'ils me donnent me permettent de me sentir revivre.
(Entretien réalisé le 17-05-07) à son
domicile)
Au surplus, Mlle FINDOU Adélaïde
déclare :
Docta TAJOUDINE me suit depuis 3 mois chez
moi, chaque fois qu'il vient, il me redonne espoir. Il me conseille. Avant, je
ne marchais pas. Mais maintenant, je peux sortir là dehors. Je lui dis
merci pour cela. Quand il vient, il prend le temps pour savoir ce qui m'est
arrivé quant il n'était pas là. Quand j'ai perdu mon
emploi, il m'a conseillé et m'a rassuré que tout va s'arranger.
C'est pourquoi, quand quelqu'un est malade et qu'on ne peut pas l'amener
à l'hôpital je lui donne son numéro et il vient le
rejoindre. (Entretien réalisé le 18-05-07) au
domicile de Mlle FINDOU A.)
Tous ces récits de vie montrent combien, la
tâche du « docteur » TAJOUDINE est importante et
utile pour ses patients. Ces derniers voient en lui une sorte de sauveur qui
leur redonne espoir dans les plus sombres heures de leur vie (BENOIT J., op.
cit.). C'est pourquoi, ce qu'il leur demande de faire, selon eux ne vise que
leur rétablissement. Ils estiment donc qu'ils doivent mettre leur
confiance en lui au regard de toute la peine qu'il se donne pour les traiter.
C'est pourquoi, certains ne s'empêchent pas de l'inviter à table
pour dîner. La profondeur des rapports entre le
« docteur » TAJOUDINE et ses patients est telle qu'on
pourrait se demander si la médecine naturelle n'est pas une
médecine sociale. Au regard de ces rapports, nous pouvons arriver
à cette conclusion.
3- Les patients et les aides-soignants
A l'arrivée d'un patient ou d'un malade à l'AC,
celui-ci doit obligatoirement se faire enregistrer par le personnel aide-
soignant de cette structure médicale. A l'AC, nous avons
dénombré deux (02) aides -soignantes qui reçoivent ou
accueillent les patients, les enregistrent et/ou leur vendent des produits
médicamenteux (SOCPA A., op. cit.).
L'accueil du patient, qui qu'il soit, passe par un certain
nombre d'étapes. Tout d'abord, cet accueil est chaleureux et
bienveillant. C'est à ce niveau qu'il est demandé aux patients
ce qu'il veut, ses attentes et sollicitations. Si le patient veut acheter des
produits pour une maladie précise, c'est le personnel
paramédical qui les lui vend, surtout si le
« Docteur » TAJOUDINE est absent ou quand il est
allé consulter à domicile.
La vente des médicaments par ce personnel qui joue le
rôle de pharmacien ne se fait pas au hasard. Les aides -soignants vendent
les médicaments sollicités à l'aide du fascicule où
sont inscrits les maladies, les médicaments et les tarifs y
afférents (NGAMBOUCK V. 1998). En plus, nos aides- soignantes se doivent
d'expliquer et de présenter les vertus du produit acheté par le
patient.
C'est à elle également que revient le rôle
d'entretenir les patients qui veulent à tout prix rencontrer le
« docteur » TAJOUDINE ceci pour qu'ils ne se sentent pas
seuls et/ou abandonnés. Selon elles, l'ennui du malade peut le pousser
à la déprime et pis, à entretenir le doute sur sa
guérison. C'est pourquoi , il est indispensable d'entretenir le moral
des patients même si pour cela, il faut consentir à un certain
nombre de libéralités (DONGMO A., op. cit.). Il est donc
question ici de faire en sorte que le patient ressente que sa maladie n'est que
passagère et qu'il pourra recouvrer sa santé. C'est à
juste titre que l'une d'elles affirme :
Chaque patient a droit à un bon
accueil et à un respect particulier. Quand on est malade, c'est notre
vie qui est menacée et également celle des membres de notre
famille. Quand au chef de famille qui est malade, s'il n'est pas bien
traité et qu'il décède, la vie de sa famille devient
difficile. C'est pourquoi, moi je pense qu'on ne doit pas blaguer avec la
santé des gens. Quand ils prennent la peine de venir vous voir parce
qu'ils sont malades, même s'ils n'ont pas l'argent nécessaire pour
cela, faites le minimum pour qu'ils se sentent bien dans leurs
têtes. (Entretien réalisé le 20-05-07 avec
Mme DJEUFACK Aline à l'AC, aide- soignante à l'AC).
De toute évidence, le personnel paramédical de
l`AC est conscient des missions qui sont les siennes malgré
l'immensité du travail qui est le leur. Cependant, il est arrivé
lors de nos observations, de noter des sauts d'humeur de chacune d'elles
lesquelles étaient dues, on l'imagine bien, à la fatigue et
à la lourdeur du travail et non à la mauvaise foi ou à
l'inconscience professionnelle. Etant tous des hommes, on comprend que nous
fassions de temps à autres des erreurs dans l'accomplissement ou dans
l'exercice de nos fonctions. (CELERIER I., op cit). Cependant, ce qui pose
problème, c'est quand on se complait dans « la
culture des erreurs » qu'on observe dans les milieux
hospitaliers camerounais (MEYER P. op. cit. p27).
Les aides- soignantes s'évertuent aussi de bien
entretenir les gardes- malades ou du moins ceux des malades qui viennent avec
leurs proches. Les discussions vont de la santé du malade au politique
et à la conjoncture dans la ville de Douala qui n'est pas à la
portée de toutes les bourses ou de toutes les couches sociales. Les
informations qu'ils s'échangent leur permettent de mieux se
connaître et partant de prendre soin des intérêts des uns et
des autres (DE ROSNY op. cit.). Cela permet de se rapprocher, de se faire
mutuellement confiance. (BEISECKER A., op. cit. ). Nous constatons dès
lors que les patients et les traitants ici construisaient un lien social fort
au travers des interactions qui aboutissent sur le rétablissement des
patients et le contentement du personnel soignant (CARRICABURU D. et MENORET M.
op. cit.).
III- La médecine tradinaturelle : un
palliatif au problème de santé publique en Afrique
La médecine tradinaturelle au fil des années
prend de l'ampleur dans l'espace public africain en général et
camerounais en particulier (YORRO S. op. cit.). Cela tient au fait que la
médecine conventionnelle ou occidentale vient d'ailleurs et qu'elle a
été en quelque sorte imposée aux peuples africains pendant
la période coloniale (M'BOKOLO E. op. cit.). Certains auteurs pensent
même que ce qui l'a fait perdurer et résister aux
velléités du pouvoir colonial de la phagocyter, c'est parce que
bien des africains traditionalistes l'ont toujours pratiquée
discrètement et secrètement. (DE ROSNY E., op cit). D'où
aujourd'hui, jouissant d'une certaine autonomie politique, les pays d'Afrique
l'ont en quelque sorte réhabilitée et restaurée (Ghana,
Sénégal, Togo, Bénin, Mali, Nigeria, etc.). De plus, l'on
ne peut exclure le contexte socio-économique qui favorise aussi son
embellie. Le PR LANTUM D. (op. cit.) a mis en relief les facteurs sociaux,
économiques et culturels qui sous- tendent son expansion.
1- Les facteurs d'expansion de la médecine
naturelle
Les facteurs explicatifs du retour en grâces de la
médecine traditionnelle (HOURS B. op. cit.) sont recensés par le
PR LANTUM Daniel, spécialiste des questions relevant de cette forme de
médecine au Cameroun. Il en a distingué 22 qui combinent le
social, l'économique et le culturel. Nous avons donc , pour les
énumérer, la lettre F comme initiale du mot facteur et la
numérotation va de 1 jusqu'à 22.
Les facteurs que nous avons évoqués plus haut
(cf. page 18 et 19) relèvent du social, de l'économique et du
culturel dans la médecine traditionnelle
« primaire ». Celle-là qu'on appelle tradipratique
et que DE ROSNY E (op. cit.) explore dans ses ouvrages. Dans la tradipratique,
tous ces facteurs sont confirmés. Mais dans la médecine
naturelle moderne, le souci de faire le profit se fait ressentir quand bien
même certains praticiens sont consciencieux, solidaires et hospitaliers.
Seulement, ils ne subliment par l'économique au même titre que
les médecins des hôpitaux. Il faut bien vendre les produits, se
nourrir, et s'occuper de la famille tout en satisfaisant ses patients. Il en
découle une consolidation des relations existant entre eux et leurs
patients, une bonne entente, un respect mutuel et une satisfaction mutuelle. En
clair, chacune des parties en présence tire profit de
« l'interaction de face à
face » (GOFFMAN E., op. cit.).
2- Une solution au problème d'infrastructure
sanitaire
La médecine tradinaturelle prend de l'ampleur comme
nous l'avons dit plus haut et dans chaque quartier, on remarque une
pléthore de « cliniques » traditionnelles. (HATTIER,
op cit). La ville de Douala en est remplie. Certes, nous ne disposons pas
encore de statistiques relatives à leur nombre, mais le plus
significatif est le rôle qu'elle joue auprès de la population
morbide. Plutôt que d'aller à l'hôpital qui est à des
années lumières du lieu où on est, on
préfère consulter directement tout à coté le
thérapeute de la médecine naturelle qui offre des prestations
sanitaires à faibles coûts et qui accueille bien. Plutôt que
de se rendre à l'hôpital où l'on n'est pas sûr d'y
être bien accueilli et de bénéficier de soins à
faibles coûts ou du paquet minimum d'activité (PMA). En outre,
c'est sans compter les frais de déplacement, l'attente de la
consultation qui, à elle seule, peut décourager le malade le plus
tenace.
Bien plus, il est vrai que les cabinets privés de
santé conventionnelle, se disputent le paysage médical avec les
« cliniques » traditionnelles, mais ils s'efforcent de
satisfaire la population morbide qui n'a pas de moyens pour se faire soigner
à l'hôpital. Ce dernier, pour nombre de patients, est un
labyrinthe et tout se marchande. La multiplication des cabinets de santé
de la médecine naturelle vient remédier aux lacunes notoires du
système sanitaire public du Cameroun notamment de Douala. Que ce soit au
Nord ou au Sud Cameroun, la médecine traditionnelle soutient la
médecine conventionnelle (FONTAINE M. op. cit.).
Au surplus, la médecine tradinaturelle est une
réponse de la société à la solidarité
organique (DURKHEIM E. op. cit.) parce que la médecine conventionnelle
semble la promouvoir. La médecine traditionnelle à l'inverse
replace l'homme au centre de ses préoccupations. Elle véhicule
des valeurs traditionnelles africaines d'entraide, de patience, de
générosité, de partage, d'intégrité, de paix
et d'oubli de soi (DE ROSNY, op. cit.). Les prestations de soins ici sont
encore pétries d'humanisme et valorisent l'Homme plutôt que
l'argent. La possession de ce dernier est bien difficile pour les classes
sociales pauvres. Selon le rapport 2006 du programme des nations Unies pour le
développement (PNUD), près de 47% de la population camerounaise
vit avec moins de 500F par jour.
3- La médecine tradinaturelle comme une
médecine holistique
La médecine traditionnelle est une médecine
holistique en ceci qu'elle soigne l'être malade dans la globalité
(LANTUM D., op. cit.). C'est dire qu'elle ne se limite pas à
circonscrire le mal ou la douleur mais qu'elle recherche ses origines dans la
société où vit le patient. En clair, elle prend le tout
de l'être malade pour mettre en exergue les rapports entre ce tout et la
maladie. Dès lors, le patient est perçu comme une organisme
défaillant qui requiert une observation attentive. WERNER D. , affirme
à ce sujet :
La médecine naturelle revêt
des aspects de scientificité qui établissent des
corrélations entre les malades et son environnement. L'on ne peut
dissocier maladie, malade et société. Mêmes les maladies
dites héréditaires le sont parce qu'on vit en
société. D'où l'on ne doit pas toujours réduire la
maladie à la douleur. Ce défi, la médecine naturelle l'a
toujours relevé. (op. cit. p17)
En réalité, la médecine traditionnelle
africaine est héritière des cultures africaines qui estiment
qu'il y a de richesses que l'Homme. Par conséquent, l'être malade
doit être pris avec délicatesse selon la plupart des cultures
africaines. C'est la raison pour laquelle, le tradipraticien que les peuples du
Littoral camerounais appellent « Nganga » et/ou
« Mbock-Mbock », se faisait le devoir et l'honneur
d'héberger chez lui les malades et mêmes leurs proches venus le
soutenir. Ceci afin de mieux le soigner (DE ROSNY E. op. cit.). Dès
lors, il s'agit de permettre aux malades non seulement de guérir mais
aussi de retrouver leur place dans la société. SOW I.
déclare à juste titre :
Soigner le malade, c'est le comprendre et
identifier ses craintes, ses aspirations, ses liens sociaux aussi complexes
soient-ils. A l'évidence, c'est ce que font nombre de traditions
africaines en matière de santé. Ici, l'on est un présence
d'une médecine qui n'exclut pas le malade quelle que soit sa maladie.
Dans les familles africaines où l'on retrouve des enfants atteints de
démence ou de malades mentales, on les garde toujours avec soi à
la maison ou au foyer. Ceci parce que la famille est un tout et doit le
demeurer. On comprend alors pourquoi la médecine ici est un tout qui
soigne l'être en entier ( op. cit. ,p49).
La médecine traditionnelle moderne de l'AC
prônent bien des valeurs qu'elle semble avoir hérité de la
tradipratique et bien évidemment, des cultures africaines du Cameroun. A
l'AC, le malade est au centre des préoccupations même s'il ne
paie pas. Il est certain qu'on trouvera une solution pour lui. De plus, le
personnel de l'AC est fortement imprégné des règles de
civilité et de bienséance inhérentes à la
médecine africaine. La preuve en est que l'AC multiplie des
stratégies pour que les produits médicamenteux soient à la
portée de toutes les bourses. Bien plus, elle fait dans la consultation
à domicile qui se révèle être indispensable pour les
populations des zones reculées de la ville de Douala. Son statut de
médecine de proximité lui permet de résorber la demande
médicale des couches sociales démunies et de bien d'autres
personnes.
Tout bien considéré, la médecine
traditionnelle est « holistique »
(MBONJI E. op. cit.) et est à la portée de toutes les couches
sociales. On lui préfère la médecine moderne parce qu'elle
est proche de tout le monde et qu'elle soigne le corps et le psychique du
malade. On la retrouve un peu partout. Pour avoir accès à elle,
on n'a pas besoin de fournir beaucoup d'efforts (HATTIER, op. cit.).
CONCLUSION
A l'issue de ce chapitre, il convient de rappeler que la
médecine à l'AC accorde une place prépondérante
à l'être malade, à la relation thérapeutique entre
le traitant et son patient. Cette relation thérapeutique peut
être , comme nous l'avons vue, paternaliste, de sujet à sujet
mais beaucoup plus de compréhension mutuelle. En plus, sur la base de
nos observations, le social l'emporte sur l'économique et frise le
caritatif. Ceci pour permettre à bien des patients de guérir de
leurs maladies. Bien plus, nous avons également vu que patients et
traitants sont plus proches les uns des autres dans la médecine
traditionnelle que dans le médecine conventionnelle. Au surplus, la
médecine traditionnelle est une médecine de proximité et
une médecine holistique. Elle revalorise l'être malade et lui
accorde une valeur, une importance qui agit comme un moyen
thérapeutique. Par ailleurs, elle permet de revaloriser, de revisiter
les cultures africaines en matière de savoir médical (OMS, op.
cit.). Les africains de souche lui accordent du crédit et lui
préfèrent à la médecine conventionnelle (DE ROSNY,
op. cit.)
. CONCLUSION DE LA DEUXIEME
PARTIE
Le social et l'économique, dans les médecines
conventionnelle et traditionnelle africaines, ont fait l'objet d'analyse de
cette partie. Il était question de cerner les places qu'on leur accorde
dans les deux médecines à passant au scanner les relations entre
soignants et patients. A l'HLD, nous avons remarqué que
l'économique est à la base de tous les soins. Il sous-tend toute
initiative thérapeutique de quelle que nature qu'elle soit (SEUMO H.,
op. cit.) quand bien même des patients entretiennent de bons rapports
avec leurs soignants, ces rapports sont basés sur l'économique.
Même si peu après ils feront plus ample connaissance. Cependant,
on observe ça et là des îlots de conscience
professionnelle. Le rapport thérapeutique est donc fonction du rapport
économique. A l'AC par contre, les considérations
thérapeutiques prennent le pas sur l'économique. Patients et
traitants font des efforts pour être sur la même longueur d'onde au
point de former une famille où les membres se soucient du
bien-être collectif. De l'accueil au traitement en passant par la
consultation, le patient se sent en sécurité et met sa confiance
en son traitant (LANTUM D. op. cit.). Le traitant lui accorde une certaine
valeur, une certaine importance qui le revigorent et lui redonnent espoir. Le
soutien moral est plus considérable ici qu'à l'HLD où
l'on se demande même si les prestataires qui sont dans cet hôpital
connaissent ce que cela signifie. Toutefois, l'on doit pouvoir comprendre
que toutes ces médecines africaines ont chacune leurs tares
spécifiques. Les hôpitaux publics camerounais sont des
structures qui représentent un système politique qui a fait du
désordre, de l'incompétence, de la corruption et de la
négligence, ses normes. Le mauvais traitement du personnel soignant se
répercute directement sur les relations entre lui et ses patients
malgré le serment d'Hippocrate et l'existence du code de
déontologie médicale (MANUILA I, MANUILA M. et MICOULIN M.,
op. cit.).
Approche évaluative des
politiques sanitaires publiques du Cameroun
Il s'agit ici d'une approche critique et d'un regard
sociologique sur la politique sanitaire en vigueur au Cameroun. Nul ne peut
objectivement remettre en cause les problèmes que pose la distribution
des soins de santé dans notre pays. La sécurité sociale
apparaît à l'examen comme le dernier des soucis de nos
gouvernants.
Pourtant le budget de la santé publique au Cameroun est
souvent l'un des plus importants. Il se chiffre régulièrement en
centaines de milliards de francs CFA. Comment, dès lors, comprendre la
situation déficitaire, lacunaire de ce système sanitaire presque
toujours chronique que l'on observe ? Est-ce le fait de nos hôpitaux
publics accusés à torts ou à raison d'être
gaspilleurs ou mal gérés ? Est-ce la faute des pharmaciens
dont les profits sont taxés d'excessifs ? De toute façon, le
malaise des hôpitaux publics camerounais tire sa source de son
système politique (HOURS B., op. cit.).
En fait, en deux années (de 2005 à 2007), le
personnel soignant des hôpitaux publics a observé au moins deux
(02) mouvements de grève. Le malaise dans ces hôpitaux est de
deux ordres. Le malaise du personnel lui-même dû sans doute aux
mauvaises conditions de travail et aux salaires qui sont bas et par
conséquent ne lui permettent pas de subvenir à ses besoins
basiques. Le malaise des patients qui lui, est dû à
l'irresponsabilité du personnel sanitaire. En clair, devant ce malaise
général, les responsabilités sont partagées. L'Etat
a les siennes, le personnel soignant a les siennes et les patients aussi ne
sont pas toujours exempts de tout reproche. (MEYER P. op cit).
Très souvent ; les malades rejettent sur le dos
des soignants toutes les difficultés sur lesquelles ils butent dans les
hôpitaux publics et ce à tort ou à raison. Cependant, l'on
doit comprendre que le personnel médical des hôpitaux publics
camerounais travaille dans des conditions inimaginables où le sacrifice,
l'oubli de soi et la débrouillardise sont les règles. Lors de
nos enquêtes, nous avons eu à rencontrer des jeunes
médecins qui n'avaient pas de salaires mensuels mais qui pourtant
devaient, chaque jour, donner le meilleur d'eux-mêmes en soignant les
malades à l'HLD. La conséquence de cette situation est qu'ils
exercent en consultations à domicile et désertent très
souvent leurs postes de travail à l'HLD. Ils sont en plus
sollicités par les cliniques privées. Ce qui leur permet de
survivre et de subvenir aux besoins de leurs familles. C'est pourquoi
rencontrer certains médecins n'est pas chose aisée dans la
soirée à l'HLD (il est des malades qui nous ont affirmer avoir
fait plus d'une semaine à chercher à rencontrer un
médecin). (HOURS B, op. Cit.).
A l'inverse, la médecine traditionnelle offre des
potentialités énormes qui permettent non seulement de
résorber les problèmes d'accès à la santé
mais aussi de l'exploiter. (LANTUM D. op cit). Les camerounais en
général et ceux de Douala en particulier la respectent et
aimeraient la voir légaliser et réglementer effectivement afin de
limiter tout débordement (ETOA M. in Cameroun tribune du 04 avril 2007).
Seulement, l'on sait que ce ne sera pas facile dans la mesure où les
grandes firmes pharmaceutiques mondiales la perçoivent comme une
concurrente voire un adversaire sérieux et redoutable en Afrique.
D'où elles exercent leur droit de veto sur l'Etat camerounais afin
qu'il réduise au maximum son essor. Malgré cela, elles n'y
parviennent pas puisque, de toute évidence, nous sommes passés
de la tradipratique à la médecine naturelle moderne faite
à base de plantes aux vertus thérapeutiques diverses (HATTIER,
op. cit.). Elles prennent de l'ampleur et l'OMS reconnaît dans son
rapport de l'année 2005 : « Près de
80% de la population africaine recourt à la médecine
complémentaire et parallèle pour se faire
soigner » (OMS, op. cit.). Par
conséquent, il y a fort à parier qu'elle a devant elle, un avenir
reluisant avec l'expansion, dans la plupart des quartiers de la ville de
Douala, des cliniques de médecine naturelles. Lesquelles sont tenues par
des spécialistes -généralement des docteurs qui ont fait
leurs études en Afrique de l'Ouest- (FAINZANG S., 1982).
CONCLUSION GENERALE
A l'entame de cette étude qui porte sur la
relation patient/traitant dans les médecines conventionnelle et
tradinaturelle africaines : Cas de l'hôpital Laquintinie et de
l'African Clinic de Douala (Cameroun), nous avions pour
question générale de recherche : « La
relation thérapeutique est-elle aussi indispensable que les
médicaments dans les deux formes de
médecines ? ». Cette dernière nous a
permis de meubler notre travail en nous appuyant sur plus d'une
hypothèse spécifique. L'objectif principal étant
d'établir les ressemblances et les dissemblances entre la
médecine conventionnelle et la médecine tradinaturelle dans la
prise en charge des patients respectivement à l'HLD et à l'AC.
Ainsi à l'AC et à l'HLD, nous avons remarqué que la
relation thérapeutique n'a pas la même importance. .
Ce qui implique que nos
hypothèses générale et spécifiques sont
confirmées.
A l'HLD, la relation. thérapeutique
a pour conditionnalité des
médicaments et l'économique. Le patient qui veut être
soigné ici doit d'abord « passer à la
caisse » ; avoir les moyens du coût du
traitement et pouvoir donner des dessous de tables au personnel soignant.
Dès lors, il pourra être pris en charge. Dans le cas contraire,
il est abandonné à lui-même. En plus, la relation
médicale ici est alors perçue comme une épreuve par nombre
de patients qui, à la fin, n'ont plus de volonté, subissent et
croient que l'hôpital public est un mouroir, une jungle, et un
labyrinthe où le personnel soignant dicte ses lois et enjoint les
patients à les suivre.
A l'AC par contre, le personnel soignant est sur la même
longueur d'onde que ses patients, il s'implique même dans la vie
privée des patients en faisant des consultations à domicile. Cela
entraîne un rapprochement entre le patient et son traitant. Il nous a
été donné de constater que la médecine naturelle
mieux tradinaturelle est une médecine
« complète et
holistique » parce qu'elle prend en compte tous
les aspects de la vie du patient (MBONJI E. op. cit.).
La méthode que nous avons utilisée pour
recueillir toutes ces données va des recherches documentaires et
livresques aux observations sur le terrain en passant bien sûr par les
entretiens de groupe, les entretiens individuelles et l'administration des
questionnaires. Les informations recueillies grâce à toutes ces
techniques nous ont permis d'étoffer notre travail et de le diviser en
deux parties, faites chacune de deux chapitres.
Les ouvrages que nous avons lus portaient sur la
méthode de la recherche et sur les questions de santé. Ces
ouvrages nous ont permis de mieux visualiser les techniques de collectes de
données les plus a même de nous aider à recueillir bien des
informations relatives à notre thème.
Les théories sociologiques dont nous nous sommes
servies étaient l'interactionnisme symbolique et sa fille
l'ethnométhodologie grâce auxquelles nous avons mis un accent sur
l'observation in situ, l'analyse des interactions entre patients et traitants,
les représentations qu'ils ont les uns des autres et enfin les ethno
méthodes (COULON A. , op. cit.) que chacun d'eux met en oeuvre pour se
faire soigner. C'est dire que notre travail a adopté une approche
compréhensive de la relation patient/traitant tant dans la
médecine conventionnelle que dans la médecine traditionnelle.
Les résultats auxquels nous aboutissons sont nombreux.
Tout d'abord, la médecine conventionnelle des hôpitaux publics en
général et de l'HLD en particulier, est une médecine sinon
à plusieurs vitesses selon les classes sociales, tout au moins à
deux vitesses lorsqu'on perçoit la société camerounaise
comme étant une entité bipolaire : les riches et les
pauvres. Nous sommes donc en présence de plusieurs types de
médecines dispensées dans une seule et même institution
médicale. Ainsi, quand on est riche, bénéficiera-t-on des
soins de santé conséquents et à la pointe des
innovations médicales. Quand par contre on est pauvre, il nous sera
dispensé des soins de santé approximatifs comme c'est très
souvent le cas à l'HLD.
En plus, la relation médicale est également
fonction de l'origine sociale du patient. Le patient qui est issus d'un milieu
social aisé a une relation dense et profonde avec le personnel soignant
lui permettant d'endiguer sa pathologie. Mais le patient qui est issu d'un
milieu social défavorisé n'a droit qu'à une prise en
charge médicamenteuse et non médicamenteuse faible et
insuffisante. En clair, à l'HLD, la thérapie
médico-sociale est fonction de la valeur économique du
patient.
Bien plus, certains soignants, pour améliorer leurs
conditions salariales, rackettent et rançonnent nombre de patients. Ces
derniers, pour être pris en charge, préfèrent consulter
dans les cliniques médicales privées qui se comptent par
centaines dans la ville de Douala. Le paquet minimum d'activités se
révèle être très souvent insuffisants pour tous
les patients qui arrivent aux urgences de l'HLD. La prise en charge sociale et
non médicamenteuse est insuffisante et presque inexistante.
Pour ce qui est de la médecine traditionnelle, l'AC
allie prise en charge médicamenteuse et non médicamenteuse pour
pouvoir soigner tous les malades qui sollicitent ses services. Les
médicaments sont à la portée de toutes les couches
sociales. La prise en charge médico-sociale est efficiente et la
relation thérapeutique est profonde à telle enseigne que l'AC
s'emploie dans les consultations et les hospitalisations à domicile.
Quand la maladie du patient est grave, le docteur TAJOUDINE se déplace
pour le soigner à domicile. Aussi remarque-t-on que les rapports entre
soignants et soignés sont denses. Tous vibrent en phase et sont toujours
sur le même diapason. Ce qui nous amène à penser que la
médecine traditionnelle est une médecine de proximité et
une médecine qui vient pallier les lacunes de la prise en charge
sociale du système sanitaire public du Cameroun. Sans elle, pour
sûr que le taux de morbidité et partant celui de la
mortalité seraient revues à la hausse au Cameroun , dans les
villes et les compagnes africaines (HATTIER, op. cit.).
La fonction sociale de cette forme de médecine vient
remettre sur la sellette l'épineuse question de sa légalisation
et de sa réglementation. En fait, on a le sentiment que l'Etat a sa
forme de médecine à savoir la médecine conventionnelle
occidentale qui, on l'imagine bien, lui rapporte des devises venant des
grosses firmes pharmaceutiques internationales. Ces dernières
s'attellent à lui exiger de ne pas légaliser la médecine
traditionnelle. Laquelle est la médecine de la plus grande partie des
populations camerounaise et africaine. Cette médecine traditionnelle
rend de fiers services à l'immense majorité de pauvres qui se
trouvent en Afrique.
Les promoteurs de cette forme de médecine ont vite fait
de comprendre cela. C'est pourquoi l'on assiste à une expansion des
« cliniques traditionnelles » mieux des cliniques de
médecine traditionnelle et naturelle partout au Cameroun en
général et à Douala en particulier. Cette expansion fait
le bonheur des couches sociales défavorisées de la ville de
Douala. Pour une maladie, on tourne dans un coin de la rue du sous quartier et
l'on se fait soigner par le tradithérapeute plutôt que d'aller
à l'HLD où il faut d'abord payer le taxi, acheter le billet de
session et après attendre. Tout ceci sans être sûr qu'on
sera bien reçu et traité à la fin ou qu'on pourra
rencontrer le soignant. La médecine traditionnelle est dès lors,
vue sous cet angle, une médecine
« palliative » pour les peuples
d'Afrique (FAINZANG S. op. cit.). Les Etats africains en général
et l'Etat camerounais en particulier, gagneraient à l'officialiser et
à la réglementer pour garantir le bien être des
populations. Elle représente un patrimoine et une richesse brute qu'il
leur incombe d'exploiter, de valoriser. Bien des camerounais, dès lors,
s'en trouveraient mieux (LANTUM D. op. cit.).
Quant aux hôpitaux publics, leur problème de fond
tire sa source dans les conditions salariales du personnel soignant. En
l'espace de deux ans, ce personnel a observé trois (03) mouvements de
grèves tous liées à ses conditions salariales. Un jeune
médecin, fraîchement sorti du CUSS n'a pas un salaire fixe.
Celui-ci varie entre 20.000 et 50. 000 Fcfa, quand on pense même
à le lui verser. Une infirmière n'atteint pas un salaire de
30 000Fcfa par mois. Quant aux infirmiers bénévoles, ils
font dans le sacerdoce. C'est dire qu'ils ne sont pas
rémunérés comme ils devraient l'être . Dans un tel
contexte, on comprend pourquoi nombre de soignants sont amenés à
rançonner, à maltraiter les patients, à négliger et
à mépriser leurs postes de travail. Ils ne leur accordent de
l'importance que dans la mesure où ils leur rapportent de l'argent.
Ensuite, parce qu'ils ne sont pas satisfaits de leurs
conditions salariales, ils inventent des palliatifs. Ce peut être en
rackettant les patients ou en exerçant en consultations privées
pour arrondir les fins de mois et pour survivre dans la ville de Douala
où cela est bien difficile lorsqu'on n'a pas un revenu stable et
conséquent. En outre, il faut admettre que la notion de respect de la
déontologie médicale fait défaut à bien des
soignants. A l'analyse, on comprend que bon nombre exercent ce métier
non pas par vocation mais bien plutôt par «
que faire d'autre dans la vie ». D'où nous
observons tous les dérapages qu'on leur connaît. Ainsi ils
perçoivent leur travail comme une contrainte et non comme un devoir. Par
conséquent, il faut capitaliser, tirer profit au maximum, même si
pour cela ils doivent faire fi de la déontologie médicale. Nos
observations nous ont poussé à croire que nombre d'entre eux ne
savent pas ce qu'elle signifie (les bénévoles et certains
aides-soignants). On pourrait donc comprendre que leur recrutement se fait par
parrainage, par copinage au détriment des règles de l'art.
Enfin, il se fait donc urgent de scruter de près les
milieux médicaux publics du Cameroun, au risque de les voir devenir,
davantage des sortes de mouroirs pour les malades. Il est aussi indispensable
de légaliser, de codifier et de réglementer la médecine
tradinaturelle pour pallier la morbidité dans les couches sociales.
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L'irresponsabilité médicale, Paris, PUF.
· NGA NDONGO V., (2003), Plaidoyer
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· NGONDO L., (1982), Histoire des
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· PIAULT C. (Sous la direction de),
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· RETEL L. ; (1987), Etiologie
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· ROSNY E. DE (1981),
Les yeux de ma chèvre. Sur les pas de ceux qui soignent dans la nuit
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· ROUGEMONT A., (1992), La prise en
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· SCHÜTZ A., (1959), La
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THESES
· L'KHADIR A., (juin 1998), Mal,
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· SOCPA A., (1995), Les
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Emergence et déterminants des stratégies informelles
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MEMOIRES
· DONGMO A, (1999-2000),
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Mémoire de Maîtrise.
· NGAMBOUK V.P., (1998), The growth
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ARTICLES DES REVUES SCIENTIFIQUES
· VAN GYSEGHEM J.M (hiver 2006),
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· MICHAEL H., WIADNYANA I. Etal,
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· DEVEUGELE M., DERESE A. and DE MAESENEER J.,
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· VAN DER GHEEST and SARKODIE S., (1998) ,
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· NJIKAM Margaret S., (2005), Risky
sexual behaviour, sexually tramsitted infections, HIV/AIDS and health promotion
among students in the university of Douala, vol 20, n 1, p 53-67.
· NJIKAM M., (1998), Adolescents
beliefs and perceptions towards sexuality in urban Cameroon in
sexuality and reproductive health during adolescence in Africa with special
reference to Cameroon, unversity of Ottawa, p77-90.
· NJIKAM M., (2001), Changing
perspectives on sexuality, family and marriage among young male adults in
Douala (Cameroon), presented at the panafrican anthropologist conference,
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· Rapport de l'OMS en 2003,
Stratégies de l'OMS pour la médecine traditionnelle
2002-2005,...
· YORRO S., (2002), Les
médecines traditionnelles, ...
DJIMELI A., Cameroun :
L'hôpital se fout de la charité ! in Jade Cameroun/Syfia
international26/01/2012
· ETOA M. Cameroun : La
médecine traditionnelle se met en règle, in Cameroun Tribune
du 04 avril 2007.
· -SEUMO H. Cameroun : Un
système sanitaire à deux vitesses, in Prisma international
du 02 mars 2007.
WEBOGRAPHIE
* www. Oms. org
* google. fr
ANNEXES
ANNEXES 1
UNIVERSITE DE DOUALA
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE
OPTION : SOCIO-ANTHROPOLOGIE MEDICALE
NIVEAU 5
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES DISCUSSIONS
AVEC
LES TRADIPRATICIENS DE LA VILLE DE
DOUALA
THEME : La relation patient/traitant
dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines :
cas de l'HL et l'African Clinic de Douala (Cameroun)
Axe 1 : De l'accueil réservé aux
patients
1- Comment accueillez-vous vos patients ?
2- Quels sont les moyens déployés pour bien les
accueillir ?
3- Pourquoi viennent-ils consulter chez vous et non à
l'hôpital ?
· Quels sont les profils de vos patients ?
Axe 2 : De la consultation
1- Comment se fait l'examen du patient ?
2- Associez-vous l'auscultation verbale et visuelle à
celle du touché ?
3- Quelle est la durée moyenne d'une
consultation ?
4- Abordez-vous, lors des consultations, les autres aspects de
la vie de vos patients ?
5- Quelles interprétations donnez-vous à la
maladie de votre patient ?
6- Que lui dites-vous sur sa maladie : la
vérité ou le mensonge ?
Axe 3 : Du traitement des patients
1- Sur quelles bases traitez-vous vos patients ?
2- Existe-il un certain « code de
déontologie » dans la médecine traditionnelle ?
3- Quelle est la part du patient dans le traitement ?
4- Quelle attitude exigez-vous du patient ?
5- L'économique est-il une conditionnalité
indispensable pour traiter le patient ?
6- En quoi la relation que vous entretenez avec votre patient
diffère-t-elle de la relation qu'un infirmier ou qu'un médecin
entretient avec son patient ?
7- Peut-on envisager des plates- formes médicales, des
zones de complémentarité entre la médecine traditionnelle
et la médecine moderne mieux soigner les patients ?
ANNEXES 2
UNIVERSITE DE DOUALA
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE
OPTION : SOCIO-ANTHROPOLOGIE MEDICALE
NIVEAU 5
GUIDE D'ENTRETIEN POUR DES DISCUSSIONS AVEC
DES PATIENTS SOUS TRAITEMENT CHEZ LES
TRADITHERAPEUTES
THEME : La relation patient/traitant
dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines :
Cas de l'HLD et l'African Clinic de Douala (Cameroun)
Axe 1 : les patients et l'accueil qui leur est
réservé
1- Pourquoi consultez-vous un tradipraticien ?
2- Prend-t-il soin de vous et vous
écoute-t-il ?
3- Prend-t-il en compte toute votre vie ?
4- Que pensez-vous de lui ?
5- Jusqu'ici s'étend la relation que vous lie à
votre tradipraticien ?
6- Vous ménage-t-il ?
Axe 2 : De la satisfaction des
patients
1- Quelles sont les insuffisances que vous avez
remarquées dans la relation que vous liez à votre
traitant ?
2- Qu'aimerez-vous qu'il vous fasse ou vous dise à
propos de votre maladie ?
3- Vous parle-t-il des voies et moyens pour éviter
cette maladie à l'avenir ?
4- Etes-vous satisfait du traitement et sa
qualité ?
5- Le cadre dans lequel vous êtes traités est-il
propre ?
6- Selon vous, quelles différences y a-t-il entre la
médecine des hôpitaux et celle des tradipraticiens ?
Axe 3 : Les patients : entre médecine
et médecin traditionnelle
1- Vous est-il arrivé de consulter les traitants des
deux médecines ?
2- Quelles sont les maladies pour lesquelles vous avez eu
à la faire ?
3- Quelles sont les maladies dont le traitement exclue la
conjonction des deux formes de médecines ?
4- Pourquoi usez-vous parfois des deux médecines pour
vous soigner ?
5- Vous assurez-vous au préalable que cela ne
représente aucun risque pour votre organisme
ANNEXES 3
UNIVERSITE DE DOUALA
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE
OPTION : SOCIO-ANTRHOPOLOGIE MEDICALE
NIVEAU 5
GUIDE D'ENTRETIEN POUR DES DISCUSSIONS DE
GROUPE AVEC LES PATIENTS INTERNES A L'HOPITAL LAQUINTINIE DE
DOUALA
THEME : La relation patient/traitant
dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines :
Cas de l'H.L et l'African Clinic de Douala (Cameroun)
Axe 1 : De l'accueil réservé aux
patients
1- Etes-vous satisfait de l'accueil qui vous a été
réservé à votre entrée dans cet hôpital,
2- Etes-vous satisfait de la consultation du
médecin ?
3- Les locaux sont-ils propres ?
4- Avez-vous remarqué des insuffisances tout au long de
votre séjour ici ?
5- Que pensez-vous du corps médical et du corps
paramédical ?
Axe 2 : De la satisfaction du patient
1- A votre avis, êtes-vous bien suivi par le personnel
soignant ?
2- Le personnel soignant est-il accueillant et
serviable ?
3- Le personnel soignant est-il disponible et constamment
à votre écoute ?
4- La relation que vous entretenez avec le personnel est-elle
contraignante, pacifique ou paternaliste ?
5- Quel comportement aimerez-vous que le personnel soignant
adopte à votre égard ?
Axe 3 : Des conditionnalités
d'accès aux soins
1- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour
pouvoir accéder aux soins ?
2- Dans ces difficultés, quelle est la place de
l'économique ?
3- Que pensez-vous de la médecine traditionnelle ?
4- Que pensez-vous des prestations sanitaires à
l'hôpital Laquintinie ?
5- A votre avis y a-t-il une médecine pour riche et une
médecine pour pauvre dans cet hôpital ?
6- Quelles sont les attentes sur les relations entre patients et
traitants dans cet hôpital
ANNEXES 4
UNIVERSITE DE DOUALA
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE
OPTION : SOCIO-ANTHROPOLOGIE MEDICALE
NIVEAU 5
GUIDE D'ENTRETIEN POUR DES DISCUSSIONS DE
GROUPE AVEC LE PERSONNEL SOIGNANT DE L'HOPITAL LAQUINTINIE DE
DOUALA
THEME : La relation patient/traitant
dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines :
Cas de l'HL et l'African Clinic de Douala (Cameroun)
Axe 1 : L'accueil réservé des
patients
1- Comment accueillez-vous les patients ?
2- Qu'est-ce que l'accueil d'un patient ?
3- En quoi consiste-elle dans cet hôpital ?
4- Quels sont les moyens mis en oeuvre pour bien accueillir les
patients ?
Axe 2 : La consultation
1- Quelle est la durée d'un entretien avec un
patient ?
2- L'entretien est-il interactif ou participatif ?
3- Comment des patients vous consultent-ils ?
4- Quelles sont les étapes d'une consultation ?
Axe 3 : La communication entre patient et
traitant à l'Hôpital Laquintinie
1- Quelle langue utilisez-vous pour communiquer avec vos
patients
2- Vous comprennent-ils très souvent ?
3- Comment faites-vous pour assurer que vous êtes bien
compris ?
4- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez lors
de l'auscultation des patients ?
5- Que faites-vous pour rassurer le patient dans son
infortune ?
Axe 4 : Le traitement des patients
1- Comment se fait le traitement et quelles en sont ses
étapes ?
2- Que pensez-vous des malades internés ?
3- Sur quelles bases dispensez-vous les soins
médicaux ?
4- Quelle place accordez-vous au traitement mental des
patients ?
ANNEXES 5
UNIVERSITE DE DOUALA
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE
OPTION : SOCIO-ANTHROPOLOGIE MDICALE
NIVEAU 5
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX PATIENTS A L'HOPITAL
LAQUINTINIE DE DOUALA
THEME : La relation patient/ traitant
dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle : Cas de l'HL
et l'African Clinic de Douala (Cameroun)
Les réponses données ou apportées
à toutes les questions posées ne serviront que des buts purement
académiques et scientifiques. Aussi ne ferez-vous l'objet d'aucune
poursuite de quelque nature qu'elle soit. Bien vouloir cocher la case
correspondante à votre avis.
1- Le personnel soignant vous traite-t-il bien, du moins comme
vous le souhaitez ? Oui Non
2- Etes-vous satisfait de la qualité des soins ?
Oui Non
3- Les questions que le médecin ou l'infirmier vous
posent, se limitent-elles à votre maladie ? A vos
problèmes sociaux ?
4- Le personnel médical est-il accueillant ? Oui
Non
5- Le personnel est-il à votre écoute et est-il
disponible ? Oui Non
6- Ce personnel paramédical est-il disponible ?
Oui Non
7- A votre avis, un patient peut-il survivre dans cet
hôpital sans des proches parents servant de gardes malades ? Oui
Non
8- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez
dans cet hôpital ? Veuillez les énumérer.
1-________________________________________________________
2-________________________________________________________
3-________________________________________________________
4-________________________________________________________
9- Avez-vous déjà été
maltraité par un infirmier ou un médecin dans cet
hôpital ?
10- Vous a-t-on déjà extorqué de
l'argent dans cet hôpital ? Oui Non
11- Quelles sont vos attentes et vos sollicitations par
rapport à la relation que vous entretenez avec le personnel soignant de
cet hôpital ? Veuillez les énumérez.
1-________________________________________________________
2-________________________________________________________
3-________________________________________________________
4-________________________________________________________
Merci pour votre bonne
collaboration
ANNEXES 6
UNIVERSITE DE DOUALA
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE
OPTION : SOCIO-ANTHROPOLOGIE MEDICALE
NIVEAU 5
QUESTIONNAIRE ADRESSE AU PERSONNEL SOIGNANT DE
L'HOPITAL
LAQUINTINIE DE DOUALA
THEME : La relation patient/traitant
dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines :
Cas de l'HL et l'African Clinic de Douala (Cameroun)
Les réponses données ou apportées
à toutes les questions posées ne serviront que des buts purement
académiques et scientifiques. Aussi ne ferez-vous l'objet d'aucune
poursuite de quelque nature qu'elle soit. Bien vouloir cocher la case
correspondante à votre avis.
1- Lors des consultations, quel nombre de minutes
consacrez-vous à un patient?
_______________________________________________________________
2- Accueillez-vous bien les patients ou les malades qui vous
sollicitent ?
Oui Non
3- Pour rassurer les malades sur l'issu de leurs maladies,
leur dites-vous la vérité ou des demi vérités ou
même du mensonge?
Toute la vérité des demi vérités
Le mensonge
4- Votre profession vous plait-elle. ? Oui Non
5-Vos patients se plaignent-ils de vous ? Oui Non
6- Existe-il des patients qui vous ennuient ? Oui Non
7- Etes-vous submergé par le nombre de patients qui
vous sollicitent ?
Oui Non
8- Quelle attitude adoptez-vous en face d'un malade ou d'un
patient à l'hôpital ?
Autoritaire compassion
Paternaliste de domination
9- Etes-vous toujours disponible et ponctuel ? Oui
Non
10- Soignez-vous aussi le mental des patients ? Oui
Non
11- Quelles sont vos attentes et vos sollicitations dans la
relation que vous entretenez avec vos patients ? Veuillez les
énumérez.
_____________________________________________________________________________________________________________
FICHES SIGNALETIQUES DES INFORMATEURS
Noms et prénoms
|
Sexe
|
Age
|
Profession
|
Lieu
|
Date
|
Statut matrimonial
|
Dr LOUMPIT TJOUDINE
|
M
|
39 ans
|
Tradipraticien
|
African Clinic
|
02-05-07
|
Marié
|
TCHAMEU Bertrand
|
M
|
49 ans
|
Agent commercial
|
AC
|
10-05-07
|
Marié
|
EBONGUE Jules
|
M
|
65 ans
|
Militaire retraité
|
Maképé
|
20-05-07
|
Veuf
|
NDONGO Jean
|
M
|
39 ans
|
Mécanicien
|
HLD
|
20-10-06
|
Célibataire
|
NDOUMBA Christophe
|
M
|
29 ans
|
Ingénieur
|
HLD
|
27-01-07
|
Marié
|
Mme FOUMZOH Claire
|
F
|
32 ans
|
Enseignante
|
HLD
|
27-01-07
|
Mariée
|
TOUM Bernard
|
M
|
40 ans
|
Chômeur
|
HLD
|
03-02-07
|
|
Dr BOUELET ABENG
|
F
|
38 ans
|
Médecin
|
HLD
|
05-01-07
|
Mariée
|
NAKAM Olivier
|
M
|
35 ans
|
Herboriste
|
Nkololoun
|
02-04-07
|
Marié
|
MONKEU Pierre
|
M
|
40 ans
|
Mototaximen
|
Nkololoun
|
05-01-07
|
Marié
|
NBOLE Yvonne
|
F
|
28 ans
|
Etudiante
|
AC
|
02-02-07
|
Célibataire
|
Mme NGANKEU Flore
|
M
|
30 ans
|
Infirmière
|
HLD
|
03-02-07
|
|
BAZOU Calvin
|
M
|
38 ans
|
Mototaximen
|
HLD
|
03-02-07
|
Marié
|
Mme BATOUM Honorine
|
F
|
29 ans
|
Enseignante
|
HLD
|
03-02-07
|
Mariée
|
KALE Job Vincent
|
M
|
40 ans
|
Infirmier
|
Cabinet médical
|
10-02-07
|
Marié
|
BALEP Valentin
|
M
|
32 ans
|
Policier
|
HLD
|
09-02-07
|
Marié
|
LINDJOUN Luc
|
M
|
45 ans
|
Fonctionnaire
|
HLD
|
03-02-07
|
Marié
|
Dr Jérémie SOLLE
|
F
|
53 ans
|
Médecin
|
HLD
|
15-02-07
|
Marié
|
MANIO Alain
|
M
|
28 ans
|
Menuisier
|
AC
|
05-05-07
|
Célibataire
|
POUM Noé
|
M
|
27 ans
|
Gendarme
|
HLD
|
05-12-06
|
Célibataire
|
BASSAMA Paul
|
M
|
40 ans
|
Infirmier
|
HLD/urgence
|
20-10-06
|
Marié
|
ELEE Alain
|
M
|
26 ans
|
Etudiant
|
HLD/médecine
|
10-01-07
|
Célibataire
|
ABENA Célestine
|
F
|
48 ans
|
Institutrice
|
HLD/médecine
|
12-12-06
|
Mariée
|
ONANA Aline
|
F
|
45 ans
|
Ménagère
|
|
16-11-06
|
Célibataire
|
MANGA Simon
|
M
|
40 ans
|
Major des urgence
|
HLD/urgence
|
25-01-07
|
Marié
|
NJOCK Raphaël
|
M
|
49 ans
|
Médecin
|
HLD/urgence
|
25-01-07
|
Marié
|
M. AYONDA Clément
|
M
|
35 ans
|
Taximen
|
HLD/pédiatrie
|
20-11-06
|
Célibataire
|
Estelle
|
F
|
28 ans
|
Hôtesse
|
AC
|
15-05-07
|
Célibataire
|
Chimène
|
F
|
26 ans
|
Hôtesses
|
AC
|
15-05-07
|
Mariée
|
EBOUELLE Jacques
|
M
|
48 ans
|
Naturopathe
|
Maképé
|
07-05-07
|
Marié
|
X(a requis l'anonymat)
|
M
|
62 ans
|
Tradipraticien
|
Deido
|
05-01-07
|
Marié
|
M. NDOMBA
|
M
|
49 ans
|
Fonctionnaire
|
|
02-02-07
|
Marié
|
M. NBOLE
|
M
|
32 ans
|
Tacleurs
|
Entrée HLD
|
21-02-07
|
Célibataire
|
Dr Joseph TEKAM
|
M
|
49 ans
|
Médecin
|
HLD
|
22-02-07
|
Marié
|
M. NGAMPE Xavier
|
M
|
43 ans
|
Infirmier
|
|
25
|
Marié
|
Dr GUIFO Odette
|
F
|
42 ans
|
Pédiatre
|
HLD/pédiatrie
|
01-07
|
Marié
|
Dr OWONO EBOUNDI J.
|
M
|
50 ans
|
|
|
16-11-06
|
Marié
|
Dr MPATCHOU Jean C
|
M
|
37 ans
|
Pédiatre
|
HLD/pédiatrie
|
16-11-06
|
Marié
|
Dr MOUDZE KAPTUE B.
|
M
|
41 ans
|
Pédiatre
|
HLD/pédiatrie
|
26-05-06
|
Marié
|
Dr DIOP Adrien
|
M
|
36 ans
|
|
HLD/urgence
|
26-05-07
|
Marié
|
ASHEE Patricia
|
F
|
29 ans
|
Infirmière
|
HLD/Maternité
|
20-03-07
|
Marié
|
AZION Dorothée
|
F
|
31 ans
|
Infirmière
|
HLD/Maternité
|
20-03-07
|
Marié
|
BAHIGA Robert
|
M
|
34 ans
|
Infirmier
|
HLD/médecine
|
20-03-07
|
Marié
|
BEKONDO Marie
|
F
|
35 ans
|
Infirmière
|
HLD/médecine
|
20-03-07
|
Marié
|
BITOM Catherine
|
F
|
28 ans
|
Aide- soignante
|
HLD/médecine
|
20-03-07
|
Célibataire
|
BIYO Mathias
|
M
|
29 ans
|
|
HLD/médecine
|
20-03-07
|
Célibataire
|
BONGUILE Sophie
|
F
|
30 ans
|
Aide- soignante
|
HLD/médecine
|
20-03-07
|
Célibataire
|
BIANKE Delphine
|
F
|
45 ans
|
Sage femme
|
HLD/Maternité
|
21-03-07
|
Mariée
|
ONDA Rose ep BEKONO
|
F
|
46 ans
|
Sage femme
|
HLD/Maternité
|
21-03-07
|
Mariée
|
DEFFO Martine
|
F
|
40 ans
|
Sage femme
|
HLD/Maternité
|
21-03-07
|
Mariée
|
DIKAKI Berthe
|
F
|
34 ans
|
Buy'em and sell'em
|
HLD/Maternité
|
21-03-07
|
Mariée
|
EBONE Marguerite
|
F
|
26 ans
|
Sans emploi
|
HLD/Maternité
|
21-03-07
|
Mariée
|
FEUKAM Anne
|
F
|
22 ans
|
Etudiante
|
|
|
Mariée
|
EWANE EPOULE Jean
|
M
|
32 ans
|
Infirmier
|
HLD/médecine
|
22-03-07
|
Marié
|
KOFANE ABASSOMBO
|
M
|
35 ans
|
Aide soignant
|
HLD/médecine
|
22-03-07
|
Célibataire
|
AGOKEN Dieudonné
|
M
|
30 ans
|
Agent de maîtrise
|
HLD/médecine
|
22-03-07
|
Célibataire
|
BEA Martin
|
M
|
34 ans
|
Fonctionnaire
|
HLD/médecine
|
22-03-07
|
Fiancé
|
EDOUKA Cyrille
|
M
|
33 ans
|
Chômeur
|
HLD/urgence
|
22-03-07
|
Célibataire
|
FONKE Jean Pierre
|
M
|
21 ans
|
Etudiant
|
HLD/urgence
|
|
Célibataire
|
KAMGAIN Daniel
|
M
|
17 ans
|
Elève
|
HLD/urgence
|
22-03-07
|
Célibataire
|
MABE Jean
|
M
|
20 ans
|
Sans emploi
|
|
24-03-07
|
Célibataire
|
Marcel Maurice
|
M
|
19 ans
|
Elève
|
HLD/urgence
|
28-03-07
|
Célibataire
|
MBOUYEP Marie
|
F
|
37 ans
|
Vendeuse
|
|
28-03-07
|
Célibataire
|
MASSO Jeannette
|
F
|
38 ans
|
Secrétaire
|
HLD/Maternité
|
01-05-07
|
Mariée
|
MOABACK Alain
|
M
|
35 ans
|
Sérigraphe
|
AC
|
01-05-07
|
Marié
|
MBANG Nlate
|
F
|
32 ans
|
Ménagère
|
AC
|
01-05-07
|
Mariée
|
MAP Céline
|
F
|
29 ans
|
Secrétaire
|
AC
|
02-05-07
|
Mariée
|
NDIP Lydia
|
F
|
30 ans
|
Ménagère
|
AC
|
02-05-07
|
Mariée
|
NGAVOE Brigitte
|
F
|
24 ans
|
Ménagère
|
AC
|
02-05-07
|
Mariée
|
NGO BONGA Frida
|
F
|
22 ans
|
Etudiante
|
AC
|
03-05-07
|
Célibataire
|
NANGA Jeannette
|
F
|
27 ans
|
Institutrice
|
AC
|
03-05-07
|
Célibataire
|
NGO KONDE Jeanne
|
F
|
37 ans
|
Vendeuse
|
AC
|
08-05-07
|
Mariée
|
OBEKA M Apollo
|
M
|
40 ans
|
Fonctionnaire
|
AC
|
08-05-07
|
Célibataire
|
TSIMI Joseph
|
M
|
29 ans
|
Barman
|
AC
|
08-05-07
|
Célibataire
|
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE.......................................................................................i
DEDICACE.......................................................................................ii
REMERCIEMENTS............................................................................iii
RESUME.........................................................................................iv
ABSTRACT......................................................................................
v
LISTE DES
SIGLES...........................................................................
vi
LISTE DES
TABLEAUX....................................................................vii
LISTE DES
CARTES........................................................................viii
EPIGRAPHE....................................................................................ix
CARTE DE LA VILLE DE
DOUALA......................................................x
INTRODUCTION
GENERALE..............................................................1
I- Justification du choix du
sujet..............................................................3
II- Délimitation du
sujet........................................................................6
III-
Problème....................................................................................9
Problématique.............................................................................12
Questions de
recherche..................................................................14
Question
générale.....................................................................14
Questions
spécifiques.................................................................14
Hypothèses de la
recherche..............................................................14
Hypothèse
générale.....................................................................15
Hypothèses
spécifiques................................................................15
Objectifs de la
recherche.................................................................15
Objectif
principal........................................................................15
Objectifs
secondaires...................................................................16
IV- Intérêt du
sujet............................................................................17
V -Revue de la
littérature....................................................................18
VI- Cadre
théorique .........................................................................32
VII- Méthodes de collecte des
données...................................................37
- Le questionnaire destiné aux
patients..........................................38
- Le questionnaire au personnel
soignant.......................................38
- Typologie des entretiens utilisés
lors de nos enquêtes......................38
* Les entretien semi-
directifs................................................39
* Les entretiens à questions
ouvertes........................................39
* L'observation in situ ou observation
directe..............................39
* L'observation participante ou la participante
observation..............40
- Définition des concepts
clés..........................................................41
- Des difficultés
rencontrées............................................................43
PREMIERE PARTIE : DE LA MEDECINE CONVENTIONNELLE ET
DE LA MEDECINE TRADINATURELLE DANS LA COUVERTURE SANITAIRE A
DOUALA.........................................................................................44
INTRODUCTION DE LA I ère
PARTIE.................................................45
EPIGRAPHE....................................................................................46
CARTE DE L'HOPITAL LAQUINTINIE DE
DOUALA.................................47
CHAPITRE 1 : Les acteurs en présence à
l'HLD...........................................48
Introduction....................................................................................48
I- Le personnel en activité à
l'HLD.........................................................48
1- Le personnel
administratif..............................................................49
2- Le personnel
soignant...................................................................49
*Le personnel
médical...................................................................50
* Le personnel
paramédical.............................................................50
3- Le personnel
d'appui....................................................................51
II- Les patients à
l'HLD.....................................................................51
1- Les patients
« externes »...............................................................52
2- Les patients internés ou
hospitalisés..................................................53
3- De la présence des
gardes-malades...................................................55
III- Patients et soignants dans les pavillons de
l'HLD...................................58
1- Dans les services
externes.............................................................58
2- Dans les services
internes..............................................................62
a- De la pédiatrie et de la
maternité..................................................62
Conclusion....................................................................................65
CHAPITRE 2 : DE LA MEDECINE TRADINATURELLE A
DOUALA.............66
Introduction....................................................................................66
I- Présentation de l'AC et de son
personnel...............................................66
1-Présentation
physique...................................................................66
2- Présentation du personnel de
l'AC...................................................67
3- Les catégories sociales et
l'AC.......................................................68
II- A la base des rapports entre le naturopathe et ses
patients..........................68
1- Du respect mutuel
.....................................................................69
2- De la compréhension et de la
patience...............................................70
3- Le respect du « code »
médical.......................................................71
III- La médecine traditionnelle à Douala :
une médecine éclatée ?....................73
1- De la médecine naturelle « brute ou
verte » ........................................74
2- De la tradipratique à
Douala..........................................................75
3- De la médecine naturelle moderne
africaine........................................78
Conclusion....................................................................................80
CONCLUSION DE LA 1ère
PARTIE.....................................................81
DEUXIEME PARTIE : LE SOCIAL, L'ECONOMIQUE ET LA
RELATION PATIENT/TRAITANT DANS LES DEUX FORMES DE
MEDECINES.........82
INTRODUCTION DE LA 2ème
PARTIE..................................................83
EPIGRAPHE.................................................................................84
CHAPITRE 3 : LE SOCIAL, L'ECONOMIQUE ET LA RELATION
PATIENT/TRAITANT A
L'HLD...........................................................85
Introduction......................................................................................85
I- A la base des rapports entre personnel soignants et patients
à l'HLD..................86
1- Des normes officielles d'accès aux prestations
sanitaires.............................86
* La qualité de l'accueil réservé
aux patients..........................................87
* L' enregistrement du
malade..........................................................87
* La consultation des
malades...........................................................87
* L' orientation du
malade...............................................................88
* La formation du personnel et le traitement des
patients............................89
* Le serment
d'Hippocrate...............................................................90
2- Des normes officieuses d'accès à la
santé...............................................91
* La vente illicite des
médicaments.....................................................92
* Du rançonnement et de l'accaparement des
patients...............................94
II- De la place de l'économique à
l'HLD.....................................................98
1- Patients et traitants dans les prix des
soins..............................................99
2- De la médecine à deux vitesses à
l'HLD..............................................101
III- Du social dans les relations entre malades et
traitants................................102
1- Patients et traitants à
l'HLD.............................................................102
2- De la socialité dans les rapports entre le personnel
traitant.........................103
3- Les catégories sociales et l'accès aux soins
à l'HLD..................................104
Conclusion.......................................................................................105CHAPITRE
4 : De la place du social et de l'économique dans la
médecine tradinaturelle et le soutien psychologique dans les deux formes
de médecines.106
Introduction.....................................................................................106
I- De la place de l'économique dans la médecine
naturelle à Douala...................107
1- Patients et traitants dans les prix des soins à
l'AC...................................108
2- L'AC et les mesures préventives des
maladies.......................................110
3- Le traitant et les proches du patient à
l'AC........................................... 113
II- Rapports sociaux plus que rapport économique dans la
médecine naturelle à
l'AC..............................................................................................114
1- Le docteur TAJOUDINE et ses
patients...............................................115
2- Le docteur TAJOUDINE et ses patients dans leurs
domiciles.....................116
3- Les patients et les aides soignants à
l'AC.............................................118
III- La médecine tradinaturelle : un palliatif aux
problèmes de santé publique en
Afrique...........................................................................................119
1- Les facteurs d'expansion de la médecine
naturelle...................................120
2- Une solution au problème d'infrastructures
sanitaires..............................121
3- La médecine tradinaturelle comme une médecine
holistique.......................122
Conclusion.....................................................................................124
CONCLUSION DE LA 2ème
PARTIE....................................................125
Approche évaluative des politiques sanitaires publiques au
Cameroun.................126
CONCLUSION
GENERALE...............................................................128
BIBLIOGRAPHIE...........................................................................134
A- OUVRAGES
GENERAUX.............................................................134
B- OUVRAGES
SPECIALISES............................................................137
C-
THESES....................................................................................141
D-
MEMOIRES..............................................................................141
E- ARTICLES DES REVUES
SCIENTIFIQUES.......................................141
F- ARTICLES DES
JOURNAUX.........................................................143
ANNEXES.....................................................................................148
-ANNEXE 1 : GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE PERSONNEL
SOIGNANT.................................................................................149
- ANNEXE 2 : GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES PATIENTS A
L'HLD..151
- ANNEXE 3 : GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES
TRADIPRATICIENS.................................................................153
- ANNEXE 4 : GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES PATIENTS DU
NATUROPATHE......................................................................155
- ANNEXE 5 : QUESTIONNAIRE DESTINE AU PERSONNEL
SOIGNANT.............................................................................158
- ANNEXE 6 : QUESTIONNAIRE DESTINE AUX
PATIENTS...............159
- FICHES SIGNALETIQUE DES
INFORMATEURS...............................1
TABLE DES
MATIERES........................................................................160
* 1 Guérisseurs
traditionnels en langue Douala
|