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La relation thérapeutique dans les interférences entre la biomédecine et la tradipratique. Une lecture anthropologique à  l'hôpital Laquintinie et à  l'African Clinic de Douala (cameroun).

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par Bruno Duovany BEKOLO ENGOUDOU
Université de Douala (Cameroun) - D.E.A en anthropologie, mention santé 2007
  

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UNIVERSITE DE DOUALA

THE UNIVERSITY OF DOUALA

FACULTE DES LETTRES ET FACULTY OF LETTERS

SCIENCES HUMAINES AND SOCIAL SCIENCES

DEPARTEMENT DEPARTMENT OF

D'ANTHROPOLOGIE ANTHROPOLOGY

LA RELATION THERAPEUTIQUE DANS LES INTERFERENCES ENTRE LA BIOMEDECINE ET LA TRADIPRATIQUE. Une lecture anthropologique à l'hôpital Laquintinie et à l'african clinic de Douala (Cameroun)

Mémoire présenté et soutenu en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) en anthropologie de la santé

Par

BEKOLO ENGOUDOU Bruno Duovany

05S814

Titulaire d'une Maîtrise en sociologie

Option : Population et Développement

Sous la direction de :

Pr. NJIKAM Margaret Savage

Maître de conférences

Année académique 2007-2008

SOMMAIRE

DEDICACE.......................................................................................ii

REMERCIEMENTS...........................................................................iii

RESUME.........................................................................................iV

ABSTRACT......................................................................................V

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES.................................................Vi

LISTE DES TABLEAUX....................................................................Vii

LISTE DES CARTES........................................................................Viii

EPIGRAPHE....................................................................................iX

CARTE DE LA VILLE DE DOUALA......................................................X

INTRODUCTION GENERALE.............................................................1

PREMIERE PARTIE : MEDECINE CONVENTIONNELLE ET MEDECINE TRADINATURELLE DANS LA COUVERTURE SANITAIRE A DOUALA......44

CARTE DE L'HOPITAL LAQUINTINIE DE DOUALA...............................47

CHAPITRE 1 : LES ACTEURS EN PRESENCE A L'HLD.............................48

CHAPITRE 2 : DE LA MEDECINE TRADINATURELLE A DOUALA............66

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE.............................................81

DEUXIEME PARTIE/INTRODUCTION................................................82

CHAPITRE 3 : LE SOCIAL, L'ECONOMIQUE DANS LES RAPPORTS ENTRE TRAITANTS ET PATIENTS A L'HLD.....................................................85

CHAPITRE 4 : LA PLACE DU SOCIAL ET DE L'ECONOMIQUE DANS LA MEDECINE TRADINATURELLE ET LE SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE ......106

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE.......................................... 125

APPROCHE EVALUATIVE DES POLITIQUES SANITAIRES EN VIGUEUR AU CAMEROUN................................................................................. 126

CONCLUSION GENERALE............................................................ 128

BIBLIOGRAPHIE........................................................................ 134

ANNEXES..................................................................................... 145

FICHES SIGNALETIQUES DES INFORMATEURS.............................. 158

TABLE DES MATIERES..................................................................160

A ma famille

.

REMERCIEMENTS

Le présent mémoire est le produit de l'apport de plusieurs personnes à qui nous voulons témoigner ici notre reconnaissance. Aussi, pensons-nous tout d'abord à l'expertise de notre encadreur le Professeur NJIKAM Margaret Savage qui, malgré ses multiples occupations, a fait preuve d'une disponibilité totale pour suivre de bout en bout notre travail.

Nous pensons au Pr. Bruno BEKOLO EBE, au Pr. MBONJI Edjenguèlè qui ont pris une part active dans la réalisation de ce travail. Nous pensons aussi à tous nos enseignants des départements de Sociologie et Anthropologie de l'Université de Douala, pour leur apport dans notre formation en général et dans le processus de réalisation de ce travail en particulier.

Ensuite, nous témoignons notre déférence à tout le personnel de l'hôpital Laquintinie et de l'African clinic, notamment à leurs directeurs respectifs, le docteur Jérémie SOLLE et le docteur TAJOUDINE. Nous pensons également à tous les patients de ces hôpitaux pour leur empressement à répondre à nos questions lors des entretiens et des focus group discussion.

Enfin, nous sommes redevables à notre père, ENGOUDOU BEKOLO Bertin, à notre mère, MESSINA Calixte et au docteur ADOUMBENE Jérémie, qui nous ont soutenu financièrement dans la réalisation de ce travail. En outre, nous voulons dire merci à tous ceux qui, de quelques manières que ce soit, ont contribué à la réalisation de cet ouvrage. Il s'agit nommément, entre autres, de NGARMBATEDJIMAL Alexis, BIDALA Abaniko, TAINO Alain, NGOUYAMSA Valentin, MEVA'A Dominique, TATCHUM Aimé Désiré , GUEBOU T. François, NGO BILLONG Germaine, NGOK Xavier, MOUMGBAYI Bruno, NTEME Monique, YENE Jean-Jacques et à notre amie BASSOP Carine Marie pour ses encouragements. A toutes ces personnes et à bien d'autres, nous leur exprimons notre profonde gratitude.

RESUME

Cette recherche porte sur la relation patient/traitant tant dans la médecine conventionnelle des hôpitaux publics que dans la médecine tradinaturelle. L'objectif en est de mettre en exergue la place que les prestataires de soins accordent à la relation thérapeutique lorsqu'ils suivent leurs patients dans un contexte social fortement marqué par la rationalité, les motivations personnelles, la théorie de l'échange et la recherche des intérêts personnels pour faire face à la précarité grandissante. La méthode de collecte des données repose sur une logique empiro-inductive issue des biographies, des observations directes, des entretiens de groupe, de la participation observante, tous utilisés lors de nos investigations à l'hôpital Laquintinie de Douala et à l'African Clinic. Ces techniques de collecte des donnés privilégient une approche compréhensive de la relation patient/traitant aussi bien à l'HLD qu'à l'AC. Ainsi, nous avons mis un accent sur l'analyse de contenu des données qualitatives contenues dans des sources documentaires et des entretiens réalisés auprès de nos informateurs. Tout cela s'est fait dans un cadre théorique qui combine à la fois l'interactionnisme symbolique et l'ethnométhodologie, toutes étant de ces théories sociologiques qui perçoivent la société comme le fruit, la résultante des actions individuelles. Les résultats montrent qu'à l'HLD, l'accent est beaucoup plus mis sur les médicaments que sur la prise en charge psychologique, mentale et morale des patients. Les traitants réduisent le mal à un dysfonctionnement d'un organe. A l'AC par contre, la médecine dispensée a une approche holistique. Elle prend le malade comme un tout qu'il faut comprendre afin de poser un diagnostic efficient. C'est pourquoi nous avons constaté que patients et traitants sont proches ici les uns des autres et se connaissent. Le lien social est fort entre eux. En conclusion, la médecine tradinaturelle répond plus aux attentes des patients que la médecine conventionnelle des hôpitaux publics.

Mots clés : Relation, interaction, traitement, consultation, satisfaction, médicaments.

ABSTRACT

This study is based on relations between health practitioners and patients in both conventional medecine of public hospital and traditional medecine.Its aim is to emphasize on the the importance that health workers give to the healing relation, the therapeutic relation when they examine their patients, in a social context markqued by rationality, personnal interest and the exchange theory in order to fight the growing precariousness. Its methods of collecting datas was based on the empirico-inductive logic through the use of biographies, direct observation and participant observation, all used during our field investigation .These techniques of collecting data favour an understanding approach of the healer/patient relation. Subsequently, we insisted on content analysis of qualitative data found in books and coming from our informants. As regards sociological theory, we have used Symbolic interactionnism and ethnomethodology which perceive the society to be the result of individual actions. Results show that Laquintinie's hospital places emphasize on cures, medication rather on the psychological and mental healing of patients. At African Clinic in contrast, the traditionnal practitioner heals the totality of his patient. He is close to them and they have confidence in him. Therapies are not expensive as it is in Laquintinie hospital where the first thing health practitioners ask to patients is to pay before treatment even if they are dying. In conclusion, the social link is deeper in traditional medecine than in conventional one. Traditional medecine respond well to the needs of population than the conventional one of public hospital in Cameroon.

Key words: Relation, interaction, treatment, healing, cures, patient-satisfaction.

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

HLD : Hôpital Laquintinie de Douala

AC : African Clinic

REPAMP : Association de Recherche et de la Promotion des Plantes Médicinales

EDS : enquête démographique et de santé

LANACOME : laboratoire national de contrôle de la qualité des médicaments et d'expertise

PCIME : prise en charge intégrée des maladies de l'enfant

GPVMC : groupement professionnel de la visite médicale au Cameroun

SAMU : service d'aide médicale d'urgence

ACPES : association camerounaise pour la promotion de l'éducation en santé

CENAME : cellule nationale d'approvisionnement en médicaments.

IH : infection hospitalière

HH : hygiène hospitalière

CNS : Cameroon nursing society

PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

CAPP : Comité d'Approvisionnement en Produits Pharmaceutiques

CIL : Conseil International de Nursing

UNGC : Union Nationale des Guérisseurs du Cameroun

GIC : Groupement d'Initiative Commune

PROPLAMETRAC : Association pour la Promotion des Plantes Médicinales et de la

Médecine Traditionnelle en Afrique

ONMC : ordre national des médecins du Cameroun

FMLSTP : Fonds Mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme

MCP : Médecine Complémentaire et Parallèle

MA : Médecine Alternative

S S S P: Stratégies Sectorielles de la Santé Publique

LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU 1 : RATIO PERSONNEL SOIGNANT/POPULATION DANS LES DIX PROVINCES DU CAMEROUN...............................27

TABLEAU 2 : PRIX DES SOINS A L'AFRICAN CLINIC........................108

LISTE DES CARTES

1- CARTE DE LA VILLE DE DOUALA..............................................XI

2- CARTE DE L'HOPITAL LAQUINTINIE DE DOUALA........................43

« La maladie est simplement le résultat de nos erreurs, de nos maladresses, de nos négligences. Seulement, le malade est rarement le seul responsable. Il est le plus souvent la victime des erreurs, des fautes de tout le monde. Et ces erreurs sont presque toujours collectives et résultent de notre vie sociale. »

Maurice TIECHE (1985).

CARTE DE LA VILLE DE DOUALA

INTRODUCTION GENERALE

L'accès à la santé a toujours été une question qui préoccupe les pouvoirs publics africains en général et les populations camerounaises en particulier. Les premiers s'attèlent à mettre à la disposition des seconds des structures médicales, en lesquelles les usagers trouverons satisfaction. En outre, l'on remarque que les prestations sanitaires offertes aux patients sont diversifiées et relèvent de la médecine moderne et conventionnelle d'une part, et d'autre part de la médecine tradi-naturelle qui, elle- même, connaît des mutations .

Disons d'emblée que la médecine conventionnelle est celle qui est légalisée par l'Etat camerounais. En clair, il s'agit de la médecine des hôpitaux. A l'inverse, ce que nous appelons médecine tradi-naturelle doit être comprise comme étant l'ensemble des connaissances et des pratiques sur la maladie, la santé et les procédures élaborées par les ancêtres et léguées aux jeunes générations afin de soigner les pathologies qu'elles affrontent (O.M.S. ,2002). Ainsi l'on remarque que l'offre en prestations de santé dans ces deux médecines va grandissante, et qu'elles sont tout aussi bien sollicitées par la population camerounaise. Aussi distinguons-nous dans la médecine des hôpitaux, celle des hôpitaux publics, celle des centres de santé intégrés (CSI), celle des hôpitaux privés dans lesquels l'on retrouve les cabinets de santé privés, les cliniques confessionnelles et celles à but lucratif (SOCPA A. 1995).

L'espace médical camerounais est dès lors multiforme et présente plusieurs visages (BENOIST J. 1996). Chaque visage a sa particularité, ses logiques et ses réalités qu'il nous incombe de mettre en relief en nous appesantissant sur la médecine conventionnelle telle qu'elle est dispensée à l'Hôpital Laquintinie de Douala. Nous porterons également un regard sur la médecine naturelle telle qu'elle est pratiquée par l'African Clinic de cette même ville. En clair, il est ici question de passer au scanner les relations thérapeutiques aussi bien dans la médecine naturelle que dans la médecine moderne (MBONJI E. 1993). L'on comprend dès lors qu'il s'agit de rendre intelligible la perception que les populations -morbide et saine- de la ville de Douala ont des structures médicales, cela à travers le prisme des interactions qu'elles ont eu avec le personnel soignant de celles-ci. Cette recherche s'inscrit dans une approche empirico-inductive et vise à comparer les rapports médicaux entre soignants et soignés dans les hôpitaux à ceux existant entre patients et traitants dans les « cliniques de médecine  traditionnelle » (HATTIER, 2006).

L'analyse des univers médicaux de l'une et l'autre médecine va donc ponctuer l'évolution de ce travail. Le patient et la place qu'on lui donne dans les deux médecines constituent l'idée maîtresse et le fil conducteur de cette recherche. C'est autour des interrelations entre soignants et soignés que portent les analyses qui suivent. Le patient et son traitant sont des producteurs de valeurs, de principes et de normes qui s'inscrivent dans le contexte d'une ville de Douala où l'économique est sublimée. Ce qui, on l'observe bien, ne va pas sans conséquences sur la relation thérapeutique existant entre le patient et le traitant tant dans la médecine des hôpitaux que dans la médicine tradi-naturelle (HOURS B., 1985).

En conséquence, il est apparu que ce que pensent les acteurs en présence dans la médecine conventionnelle et dans la médecine naturelle moderne, a trait à l'humanisme, à la sociabilité, à l'africanisme, à l'humanisme, bref à tout ce qui se passe dans leur société. Les hôpitaux et/ou les structures médicales doivent être perçus comme des laboratoires où l'on peut analyser et interpréter nos sociétés qui s'occidentalisent à un rythme effréné. Etant donné qu'il s'agit ici d'une introduction générale, c'est à dire d'un ensemble constitué de plusieurs parties et sous parties alliant théories et méthodes sociologiques choisies pour conduire cette recherche, celle-ci s'étend donc sur une trentaine de pages. Ce qui nous amène à parler des raisons du choix de notre sujet.

I- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

Le présent sujet qui porte sur « La relation patient/traitant dans les médecines conventionnelle et tradi-naturelle africaines : cas de l'hôpital Laquintinie et de l'African clinic de Douala (Cameroun) », fait l'objet de notre attention pour plus d'une raison. Il nous semble judicieux de signaler que la médecine des hôpitaux camerounais n'a pas beaucoup fait l'objet d'étude de spécialistes des sciences humaines. Ceux-ci ont toujours manifesté un vif intérêt pour des questions politique ( NGA NDONGO V., 2003) ; urbaine (KENGNE FOUDOUOP, 2001), rurale (ELA J. M., 1998) ; de développement (BEKOLO EBE B. , 2002), d'éducation ( TSAFACK G. , 2000), etc.

Il s'en dégage une impression d'oubli de scruter les milieux des hôpitaux camerounais. L'on note tout de même les travaux des auteurs comme Daniel LANTUM, (1978) et MBONJI Edjenguèlè (2000) ; NJIKAM Margaret (2002) qui étudient les hôpitaux camerounais en général et la médecine traditionnelle en particulier. Leurs productions scientifiques relatives à l'étude de cette médecine sont édifiantes et nous ont permis de revisiter l'ethnomédecine africaine afin de l'ausculter.

Tout d'abord, les discours qui se tiennent sur l'une ou l'autre médecine divergent. Parmi ceux qui ont eu à faire avec les hôpitaux publics, l'on rencontre une bonne franche qui estime qu'une bonne partie du personnel y est laxiste, négligeant et irresponsable (DIAKITE T, 1989) . Ce sont les mêmes tares que l'on a relevées lors des états généraux des hôpitaux publics camerounais tenus du 12 au 13 juillet 2005 au Palais des congrès de Yaoundé, sous le haut patronage du chef du gouvernement camerounais, en la personne de M. INONI Ephrem, et du ministre de la Santé publique de cette époque , M. Urbain OLANGUENA AWONO. L'on y a fait ,en quelque sorte, l'autopsie de ces hôpitaux et les récriminations y afférentes étaient les mêmes : négligence du personnel soignant, prééminence de l'économique par rapport au thérapeutique, inexistence du paquet minimum d'activité, manque d'équipement, irresponsabilité médicale ( MEYER P., 1993), la vétusté des équipements et des infrastructures médicaux existant. Cela s'observe même dans les hôpitaux de référence. Ce qui fait mentir B. HOURS ( op. cit.) pour qui les hôpitaux de référence ont toujours été mieux lotis au Cameroun. Il affirme à cet effet :

 Les hôpitaux des métropoles provinciales sont mieux fournis. Quant à ceux des campagnes, ils n'ont pas d'équipements encore moins des mesures d'accompagnement. Je suis allé dans un hôpital des confins du centre Cameroun qui n'avait jamais vu de médecins dans ses murs. Les populations nous ont affirmé ne pas savoir ce que c'est qu'un infirmier. C'est l'une des raisons pour lesquelles elles recourent toujours à la médecine traditionnelle. En fait, les hôpitaux de l'arrière pays en Afrique sont toujours des parents pauvres des politiques sanitaires publiques. (op. cit. p.67).

En plus, il nous est apparu que dans les médecines naturelle et conventionnelle, telles qu'elles se pratiquent au Cameroun, les praticiens n'ont pas la même perception du patient et bien des conditionnalités lui sont exigées quant il s'agit de le soigner- surtout dans la médecine moderne des hôpitaux publics - ce qui ne va pas, on l'imagine bien, sans conséquences sur la relation thérapeutique qui naît dès l'arrivée de tout patient à l'hôpital jusqu'à son traitement et à sa guérison. Aussi, comprend-t-on, que la relation thérapeutique existant entre le soignant et le malade dans la médecine des hôpitaux publics, diffère de la relation médicale existant entre le thérapeute et son patient dans la médecine tradi-naturelle. Bien plus, l'une diffère de l'autre sur bien des points que le Professeur D. LANTUM (op. cit.) a pris le soin d'énumérer. Nous nous ferons une joie immense de les revisiter dans un chapitre ultérieur.

Ensuite, en mars 2007, le Ministre de la santé publique a rendue formelle la médecine tradi-naturelle au fin de « l'associer » à la médecine conventionnelle, laquelle est semble fortement stigmatisée dans les colonnes des journaux. Ainsi, dans Cameroun Tribune du 04 avril 2007, ETOA M. titre son article « Cameroun, la médecine traditionnelle se met en règle. ». De même, dans Prisma international, SEUMO H.intitule le sien : « Cameroun : un système sanitaire à deux vitesses » (02 mars 2007). Dans Jade Cameroun/Syfia international (avril 2007), Alexandre T. DJIMELI titre également le sien : « Cameroun : l'hôpital se fout de la charité ! »

La lecture de tous ces articles et de bien d'autres nous a fait découvrir que l'hôpital public camerounais n'est plus chaleureux, accueillant encore moins performant et humaniste. Ce qui donne raison à Tidiane DIAKITE qui affirme :

C'est dans les hôpitaux publics africains que se révèle en grande partie le mythe de la solidarité africaine. On y tue les patients du fait de la négligence de l'irresponsabilité, du manque d'argent, de l'amateurisme du personnel soignant. Ce dernier ne s'intéresse qu'aux porte-monnaies des malades. Ceux qui en ont sont bien traités tandis que ceux qui n'en ont pas sont abandonnés ou mal traités ( DIAKITE T. , op. cit. p.70).

Enfin, la médecine tradi-naturelle n'est pas exempte de tout reproche en ceci qu'on y observe, avec la mercantilisation des moeurs africaines, un regain de pseudo tradipraticiens qui ternissent la relation patient/traitant. Aussi, parle-t-on de plus en plus de charlatans, de faux guérisseurs, de marabouts, de magiciens, etc., qui n'hésitent pas à extorquer de l'argent aux malades. Ce qui met à rude épreuve, la crédibilité de cette forme de médecine quand bien même elle serait « complète et holistique » (MBONJI E., op. cit., p.75).

En somme, les motivations du choix de ce sujet tournent autour des raisons ci-dessus évoquées. Retenons que l'une et l'autre médecine rendent d'inappréciables services à la population africaine en général et à celle du Cameroun notamment à Douala en particulier. Seulement, la relation médicale existant entre le soignant et le malade diffère selon que l'on est dans la médecine conventionnelle ou dans la médecine naturelle africaines. Si tant est que la relation médicale conditionne l'accès à la santé, nous aimerions savoir si l'on en est conscient dans les hôpitaux de Douala en général et à l'hôpital Laquintinie en particulier tout autant qu'à l'African clinic où nous avons effectué notre recherche.

II. DELIMITATION DU SUJET  

La présente étude a eu lieu dans la ville de Douala, plus précisément à l'hôpital Laquintinie (HLD) et à l'African clinic (AC) ; de septembre 2006 à juillet 2007. Nous avons opté pour l'HLD pour son emplacement dans la ville. En fait, l'HLD est situé au centre de la ville de Douala et constitue un pôle sanitaire attractif pour la population morbide (Eric de Rosny, 1990). L'on remarque qu'une bonne partie de cette population a tendance à converger vers cet hôpital. Ce qui entraîne une forte demande en prestations sanitaires (DE Rosny E, op. cit.). Cette raison s'est avérée non négligeable pour que nous nous décidions de nous intéresser à cette structure médicale. En plus, l'HLD semble souffrir d'une crise de bonne réputation que l'opinion publique s'est forgée depuis des lustres sur lui.

En effet, pour certains, c'est un hôpital « aide-moi à mourir ». Pour d'autres, c'est un « hôpital où il est difficile de se faire soigner quand on n'a pas beaucoup d'argent, où on n'est pas bien accueilli quand on n'est pas riche, ou qu'on ne paie pas ». C'est dire que pour nombre de citadins de cette aire urbaine, la norme dans cette institution médicale, c'est le « fric » (Pascal KROP, 2003 : 15).

L'on comprend, dès lors, que la réputation dont jouit cet hôpital dérive du type d'interactions que les malades et leurs proches ont eu avec son personnel soignant. Aussi doit-on comprendre que l'interaction médicale est au centre de la guérison et du type de réputation que les individus en société donneront à toute institution médicale. Ce qui fait dire à Sylvie FAINZANG : 

La relation médecin/malade est la clef de voûte de la guérison. Plus elle est importante pour les deux parties, mieux l'une et l'autre se porteront. Si seulement les prestataires de soins l'avaient toujours en esprit, ils faciliteraient la guérison de leurs patients. Très souvent, un simple sourire peut produire sur le malade l'effet que tous les médicaments réunis ne peuvent pas. En outre, la réputation sociale d'un soignant dépend en grande partie de ses rapports avec ses patients. (S. FAINZANG, 2006 : 18).

En outre, il convient de rappeler l'historique de l'HLD et de l'AC depuis leurs créations respectives jusqu'à nos jours.

Disons d'entrée de jeu que l'HLD est l'une des plus vieilles structures médicales du Cameroun et plus particulièrement de la ville de Douala. Elle naît vers les années 1920 à Bonamoudourou Deido sous la dénomination « Hôpital indigène de Douala ». Il a été successivement déplacé à Bonadibong puis à Bonaminkengue dans le canton Akwa. Dans les années 30, sa majesté le roi Betote Akwa, fit détruire ses exploitations agricoles au bénéfice de la santé des populations. Ce qui a facilité l'implantation du nouvel hôpital « indigène » sur son cite actuel d'une superficie de 09 hectares. Les premiers bâtiments du nouvel hôpital sont construits entre 1931 et 1934. C'est à la fin 1941 que l'hôpital « indigène » de Douala est rebaptisé l'hôpital Laquintinie, en mémoire du médecin, capitaine français, Jean Auguste LAQUINTINIE ; chirurgien des hôpitaux des armées. Celui-ci est mort le 05 mars 1941 des suites d'une septicémie consécutive à un éclat d'obus reçu lors de la bataille de Koufra pourtant remportée par le Général LECLERC.

Au fil du temps, cet hôpital s'est acquitté avec plus ou moins de bonheur de ses missions connaissant parfois des périodes de crise. De nos jours, il compte 38 pavillons et emploie 579 personnes dont 64 médecins ( 36 spécialistes et 28 généralistes), 03 pharmaciens, 06 dentistes, 06 techniciens supérieurs, 19 infirmiers principaux et sages-femmes, 81 infirmiers diplômés d'Etat, 21 techniciens médicaux sanitaires, 95 infirmiers brevetés, 24 techniciens adjoints de laboratoires, 06 agents d'appui techniques, 113 aides-soignants, 44 agents des services commun et administratif, 08 contractuels et 88 temporaires ( Cf. annuaire de l'LHD, 2000).

Le personnel de cette structure est diversifié et travaille en synergie pour satisfaire la demande en soins de santé. C'est du moins ce qu'affirme le Directeur de cet hôpital, le Docteur Jérémie SOLLE :

 Le personnel en activité ici doit travailler en collaboration. Sinon, cela aura des répercussions sur les malades. On doit pouvoir former un bloc pour satisfaire notre clientèle. Le véritable problème est celui des équipements. Ils ne sont pas toujours à la pointe de l'innovation technologique médicale. Mais je crois que nous nous efforçons de donner le meilleur de nos possibilités ; et j'y veille, croyez-moi ! Cependant, n'oubliez pas que nous sommes en Afrique où tout ce qui se rapporte au public présente toujours des lacunes et dysfonctionnements. Mais depuis un certain temps, on assiste à une mue initiée par mon prédécesseur dont je suis le continuateur. Tous nos usagers s'accordent pour dire que l'hôpital Laquintinie présente un nouveau visage » (entretien réalisé le 15 févier 2007 au bureau du directeur de l'HLD).

Contrairement à l'HLD, l'AC est une formation sanitaire qui fait dans la médecine tradi-naturelle africaine. Elle est bien plus jeune que l'HLD et son personnel n'est pas aussi considérable et diversifié comme l'HLD. L'AC est née en 2006 sous l'instigation du groupement d'initiative commune (GIC) appelé PROPLAMETRAC. Ce GIC ambitionne de revaloriser la médecine tradi-naturelle africaine via la création de « cliniques traditionnelles » et la promotion des recherches sur les plantes médicinales (D. LANTUM, op. cit.). Son personnel n'est pas aussi nombreux que celui de l'HLD. Elle emploie le « docteur » Tajoudine et deux aides-soignantes chargées de l'accueil et de la réception des malades. Sa superficie n'atteint pas 10 mètres carrés. De plus, il est situé dans un quartier populeux ( Maképè- Maturité face SIC Cacao). Son étroitesse n'empêche en rien sa sollicitation. Nous en voulons pour preuve le fait que bien des patients s'y rendent en journée. Bien plus, le docteur TAJOUDINE consulte ses patients dans leurs domiciles (CELERIER I., 1995).

A cette délimitation spatiale de notre terrain d'étude, s'ajoute une délimitation conceptuelle, factuelle et théorique. Aussi, mettons-nous l'accent sur les notions de relation, d'interaction, d'interrelation et de rapports dans le domaine de l'accès à la santé tant dans la médecine naturelle africaine que dans la médecine conventionnelle .C'est dire que nous circonscrivons notre étude dans la sociologie interactionniste et ethnométhodologique via une approche compréhensive (SCHUTZ A.1959). Par ailleurs, il s'agit de cerner l'importance des relations thérapeutiques dans ces deux formes de médecines. Le patient et le traitant collaborent-ils ou alors, sommes-nous en présence de réticences, d'abus, de brimades et de maltraitance des patients dans les deux formes de médecines ?. En clair, il s'agit de nous attarder sur la place réservée à l'être en tant que personne souffrante dans les deux formes de médecines.

III- LE PROBLEME

Toute recherche ambitionne de résoudre une difficulté, une contrariété d'ordre social ou épistémologique. Notre sujet se rapporte aux difficultés d'accès à la santé au Cameroun en général et à Douala en particulier. Il semble, en effet, qu'arriver à l'hôpital est une chose et pouvoir s'y faire soigner, en est une autre. On comprend dès lors qu'il n'est pas toujours aisé de se faire soigner normalement dans nos structures médicales publiques surtout quand on n'est pas issu d'une classe sociale nantie (JAFFRE Y., op. cit.). Bien plus, selon le rapport 2006 de l'Organisation Mondiale de la santé (O.M.S), au Cameroun, l'on compte huit fois moins de médecins et dix fois moins d'infirmiers qu'à la norme internationale ( www.oms.org.).

Devant cet état de chose, on comprend que nos hôpitaux publics souffrent d'un manque criard de personnel. Quand celui-ci est présent, l'on remarque bien de égarements de sa part. Aussi, l'opinion publique lui reproche-t- elle le laxisme, le rançonnement des patients, l'irresponsabilité (MEYER P., op. cit.), le non respect du code médical, le non respect de la déontologie médicale et du secret médical.

En outre, il est de notoriété publique que, pour se soigner, il faut impérativement avoir de l'argent pour acheter, non seulement les médicaments, mais aussi pour « payer les backschichs » (SEUMO H., op. cit.) au personnel soignant. L'on assiste donc à l'expansion de deux formes de médecine à l'intérieur de la médecine conventionnelle camerounaise : la médecine des riches et la médecine des pauvres. Ceux qui ont des moyens financiers guérissent rapidement de leurs maladies, alors que ceux qui n `en ont pas jouissent d'une santé précaire. En clair, nous sommes en présence d'une médecine à deux vitesses au sein même de la médecine publique conventionnelle du Cameroun en général et de Douala en particulier. C'est dire que l'économique conditionne l'accès à la santé.

Au surplus, l'on assiste à un déséquilibre notoire entre le nombre de médecins, infirmiers et le nombre de malades. C'est d'ailleurs ce qu'atteste l'annuaire statistique du Cameroun en 2004.

Tableau 1 : Ratio population/personnel sanitaire par province en 2003

Personnel

Province

01 médecin Généraliste pour

01 médecin spécialiste pour

01 chirurgien dentiste pour

01 infirmier pour

Adamaoua

25844

723626

723626

2575

Centre

14977

41004

500246

1416

Est

16780

188772

755088

1833

Extrême-Nord

73553

///////////

////////////

6403

Littoral

30169

28978

244704

1773

Nord

53349

204503

613509

2709

Nord-ouest

484035

368105

1840527

3287

Ouest

28726

165176

1982106

1691

Sud-ouest

21427

177536

621375

2381

Sud

20571

178265

534854

1783

Cameroun

26483

82795

60538

222

Source : Annuaire statistique du Cameroun 2004

Nous notons que le ratio personnel soignant/patient a un écart considérable. Cette insuffisance du personnel traitant s'ajoute au fait que ceux en exercice semblent plus préoccuper par leur mobilité et sécurité sociales que par le souci véritable de satisfaire les patients. Dans chaque province, nous constatons un fossé énorme entre le nombre de prestataires de soins et le nombre de malades .Bien plus, de l'an 2005 à l' an 2007, le personnel soignant des hôpitaux publics camerounais a grevé plus d'une fois, réclamant la revalorisation de leur salaire et l'amélioration de leurs conditions de travail.

Pour ce qui est de la médecine tradinaturelle, l'opinion publique camerounaise lui adresse bien des critiques. Seulement, près de 80% de la population camerounaise recourt à elle pour se faire soigner. (Http //www.oms.org). Aussi apparaît-t-il que la relation patient/traitant varie selon qu'on est dans l'une ou l `autre médecine au Cameroun.

De plus, l'on assiste à une résurgence des «  cliniques » traditionnelles, lesquelles sont fortement sollicitées dans la ville de Douala (DE ROSNY E., op. cit.).

Problématique

L'hôpital a toujours été considéré comme un lieu qui redonnent la santé aux malades et qui est mis sur pied par les instances politiques afin de garantir aux populations la lutte contre la morbidité. L'objectif visé étant l'éradication de toutes les formes de maladies. Pour ce faire, ces politiques mettent à la disposition des hôpitaux un certain nombre de mesures d'accompagnements de sorte que les malades puissent y consulter et partant puissent recouvrer leur santé. Seulement, l'on note depuis un certain nombre d'année que nombre d'hôpitaux publics s'illustrent par un laisser aller qui est de nature à compromettre la guérison des malades qui y vont . De plus, les rapports entre le personnel soignant et les patients ne sont pas en reste. Ils sont aussi décriés que la qualité des prestations qui y sont dispensées.( DIAKITE T. op. Cit)

Pourtant les interactions de face à face (GOFFMAN E. op. cit.), constituent l'une des conditionnalités relatives à l'accès à la santé dans la ville de Douala. En effet, pour sa santé, le patient ou le malade a besoin de se rendre chez un prestataire de soins. Ce faisant, en face de ce dernier, il bute sur nombre de difficultés qui diffèrent et/ou compromettent sa guérison. La relation thérapeutique semble être fonction du statut du patient qu'on a devant soi. Si le patient est d'une condition sociale aisée, alors la relation médicale avec son traitant sera profonde. Si c'est l'inverse, elle sera superficielle. On comprend dès lors que le social, le politique, et l'économique sous-tendent la relation médicale aussi bien dans la médecine moderne conventionnelle que dans la médecine traditionnelle, mais à des degrés divers.

Par ailleurs, nos observations nous font croire que la relation thérapeutique n'est pas la même dans les deux formes de médecines. L'une d'elle semble la minorer et nous nous proposons de voir à quel point elle le fait par le prisme de l'hôpital Laquintinie (HOURS B. op. cit.) et de l'African clinic. Nous nous appesantirons sur les relations « officielles » et les relations « officieuses » dans ces deux structures médicales afin de cerner la place qu'elles accordent aux patients (GOFFMAN E. 1961).

La relation patient / traitant prend dès lors encrage sur les théories des interactions sociales privilégiant ainsi les côtés socio émotionnels et affectifs de leurs rencontres physiques, leurs comportements respectifs, en accordant aussi une bonne place à la théâtralité ou du moins au côté scénique de ces comportements. A cet effet, pour BENSING J.M. (1976, 1980), lorsque le patient va rencontrer un traitant, il a deux principaux objectifs. Premièrement, il recherche sa guérison. Cette dernière étant conditionnée par la prescription par le docteur d'une ordonnance. Deuxièmement, la maladie met le patient dans un état de dépression. Cela implique qu'il doit être rassuré, rasséréné et calmé. On comprend alors que le traitant doit faire en sorte que le patient ne soit plus anxieux.

En outre, le reproche qui est très souvent à la médecine conventionnelle des hôpitaux publics africains en général et ceux du Cameroun en particulier notamment à l'hôpital Laquintinie de Douala, se rapporte au mauvais traitement et aux mauvais accueils réservés aux malades. En clair, pour qu'un patient puisse se rétablir promptement, il a besoin d'être entouré de soins physiques et mentaux. Quand même il serait dans un hôpital de renom, s'il n'y est pas bien accueilli et respecté, il ne guérira pas bien de son mal. Fort heureusement que la médecine traditionnelle africaine s'efforce bon an mal an à être holistique, totalisante et complète. Elle soigne l'être comme une globalité. Elle se souci de ses rapports avec son environnement social. Il apparaît alors qu'elle soigne le physique et le moral du patient en tenant compte de son statut social et de sa socioculture.

Cependant, la médecine traditionnelle subi une certaine modernisation aux dimensions de la médecine conventionnelle. En fait, elle souffre d'une discréditation savamment planifiée par les tenants et les promoteurs de la médecine des hôpitaux. Ceux-ci n'ont de cesse de la phagocyter, de la déstabiliser afin de lui ravir la vedette et ce, au grand dam des patients. Néanmoins, l'on constate que leurs efforts sont vains eu égard à l'expansion des cliniques tradi - naturelles dans la ville de Douala. Leur multitude atteste que les patients ou du moins les malades opèrent une sorte de « retour aux sources ». Les malades montrent ainsi qu'ils préfèrent la médecine de leurs ancêtres, la médecine de leur culture, laquelle accorde une place de choix à leur discours. Par conséquent, pour cerner notre sujet , il nous semble indiquer de nous poser un certain nombre de questions.

QUESTIONS DE RECHERCHE

Question générale

La relation thérapeutique est- elle aussi indispensable que les médicaments dans les deux formes de médecines ?

A cette question s'adjoignent quelques unes spécifiques.

Questions spécifiques

- Quelle est la place de la relation thérapeutique dans les prestations sanitaires à L'HLD ?

- Quelle importance ces deux structures médicales accordent-elles à la relation thérapeutique pour le traitement de leurs patients ?

- Comment se comporte le personnel soignant en situation de face à face avec ses patients dans les deux formes de médecines ?

- Quelles sont les différentes conditionnalités dans l'accès à la santé dans ces deux institutions médicales ?

- Qu'est-ce qui prime dans l'une et l'autre médecine : l'économique ?, le social ?, ou le thérapeutique ?

Toutes ces questions nous permettent à cet effet d'émettre quelques hypothèses.

HYPOTHESES DE LA RECHERCHE

Hypothèse générale

- La relation thérapeutique n'a pas la même valeur que les médicaments dans les deux formes de médecine.

Hypothèses spécifiques

-La relation thérapeutique est paternaliste et holistique dans la médecine tradinaturelle .

- Les patients butent sur plusieurs obstacles dans leurs interactions avec les soignants à l'hôpital Laquintinie.

- La prise en charge psychosociale et thérapeutique du patient dépend très souvent de son statut social.

- La médecine conventionnelle à l'HLD fait primer l'économique sur le social et le thérapeutique.

- A l'AC, la relation thérapeutique est basée sur la prise en compte des attentes du patient et non uniquement sur l'achat des médicaments.

- Les représentations des malades sur l'une ou l'autre forme de médecine conditionnent le choix de leurs itinéraires thérapeutiques.

OBJECTIFS DE L'ETUDE

A travers cette étude, nous poursuivons un certain nombre de desseins qui se subdivisent en un objectif principal et en plusieurs autres secondaires.

Objectif principal

-Ressortir les différences entre la relation thérapeutique dans la médecine conventionnelle et la relation thérapeutique dans la médecine tradinaturelle.

Objectifs secondaires

-Mettre en exergue la relation patient/traitant dans les deux formes de médecine et les comparer en prenant en compte la communication, la distanciation et / ou le rapprochement

-Rendre compréhensible les comportements et attitudes tant des patients que du personnel soignant.

-Analyser les logiques et les conditionnalités qui sous-tendent l'accès à la santé aussi bien à l'hôpital Laquintinie de Douala qu'à l'African Clinic.

-Dire ce que la population morbide pense des deux formes de médecine.

-Mettre en relief la place, mieux l'importance accordée aux malades dans ces deux médecines.

IV- INTERET DU SUJET

La santé d'un groupe social est la clef de voûte de son dynamisme et l'on ne peut pas travailler quand on est malade ou quand on a des difficultés à recouvrer sa santé. En d'autres termes, pour se prendre en charge ou prendre sa destinée en main, l'Homme ou du moins les acteurs sociaux ont besoin de jouir d'une santé de fer. La santé de la population est dès lors considérée comme une condition sine qua non pour le développement d'un pays (BALANDIER G.1981).

En plus, jouir d'une bonne santé exige un certain nombre de préalables à réunir. Elle nécessite la mise en commun de bien des conditions. L'observation des moeurs dans la plupart des hôpitaux publics montre que les prestataires des soins ont sublimé les médicaments et l'économique au détriment des valeurs humaine et citoyenne que sont la ponctualité, la responsabilité médicale, l'écoute du patient, le respect de la déontologie médicale et du serment d'Hippocrate. C'est dire que l'hôpital public n'est plus un lieu qui redonne l'espoir à tous les malades quels qu'ils soient.

Bien plus, la ville de Douala offre des soins de santé multiformes. Le paysage médical est représenté par les structures médicales des médecines moderne et tradi-naturelle. Cette recherche nous permet de cerner les représentions que les populations de cette ville se font de ces deux formes de médecine. Ceci à travers les interactions qu'elles ont avec les institutions médicales de la ville de Douala. Les patients que l'on rencontre dans les « cliniques » traditionnelles et ceux qu'on rencontre dans les hôpitaux publics ont une perception de ces formes de médecines que nous nous proposons de rapporter ici. L'avantage de cette recherche réside dans la mise en évidence de la place de la relation thérapeutique dans les deux formes de médecines (FAINZANG S., op. cit.).

Au surplus, la relation thérapeutique entre le patient et son traitant est le premier pas vers la guérison du patient. Le patient qui entretient une relation affective et humaine avec son traitant, guérit plus vite de sa maladie que celui qui n'est pas la même longueur d'onde avec son soignant (GUADAGNOLI E. and Charles G. 1998). Celui-ci lui impose alors ses quatre volontés et ne tient pas toujours compte des aspirations de son patient. Pourtant, WERNER D. (1978) affirme à ce propos: `'The relations between patients and healers are very decisive in the healing process. Healers have to understand their patients. If not, it will be dificult for them to put their confidence in those healers». On comprend alors que la relation thérapeutique est indispensable dans la quête de la santé.

V- REVUE DE LA LITTERATURE

La maîtrise du sujet de la recherche dans une enquête scientifique passe nécessairement par la lecture des auteurs qui ont théorisé sur le même sujet. Les connaissances livresques relatives au thème de recherche sont donc indispensables. On comprend pourquoi en sociologie, le chercheur est tenu de se soumettre aux étapes de la recherche en tête desquelles se trouve la revue de la littérature existante, laquelle est synonyme d'analyse et de critique des auteurs ayant été lus par le chercheur. GRAWITZ M. (2001) nous dit que cela présente plus d'un avantage. Tout d'abord le chercheur aura une ample idée de la théorie et de la méthode à adopter pour sa recherche. Il pourra mettre une emphase sur tel ou tel aspect de son thème qui n'a pas été abordé par les auteurs qui l'ont précédé. Ensuite, il saura quelle orientation donnée à son thème.  Enfin il pourra emprunter les idées et les méthodes des auteurs qu'il a lus et les critiquer constructive ment.

L'on constate que la revue littéraire n'est pas d'une importance moindre. Les ouvrages que nous avons lus sont de deux ordres : ceux ayant traité de notre thème et ceux l'ayant évoqué d'un côté et de l'autre, ceux traitant uniquement des questions relatives à la santé , relevant de la socio-anthropologie de la santé et ceux portant sur les théories et les méthodes en sociologie et en anthropologie.

Les auteurs comme BAYART J.- F. (1985) parlent de l'usage privé de la chose publique par les gouvernants et les fonctionnaires de l'Etat camerounais. Cela nous a permis de comprendre pourquoi certains personnels de santé profitent de leurs fonctions pour exiger des patients le paiement de « kicksbacks », sorte de rançon qui doit leur être versée par le patient soit avant, soit pendant, soit après le traitement.

NCHINDA T., (1981) parle de la formation et de l'utilisation du personnel de santé dans les hôpitaux camerounais. Il s'appesantit sur leur formation et sur leur utilisation. Il s'agit de la manière avec laquelle on l'emploie. Il pousse son analyse plus loin lorsqu'il dit que la qualité des soins dispensée aux patients est tributaire de la qualité de la formation du personnel soignant et du contexte socioéconomique dans lequel se situe l'hôpital où il exerce. Toutefois, il passe sous silence les rapports entre ce personnel et les patients et récuse de s'y attarder.

De plus, une utilisation inappropriée des médecins et des infirmiers a des conséquences néfastes sur la santé des patients. Tout comme une utilisation appropriée de ce même personnel est l'un des préalables pour le prompt rétablissement des patients.

CARRICABURU D. et MENORET M. (2004), analysent les institutions sanitaires, les professionnelles, les maladies et la médicalisation de la société française. Elles s'intéressent également aux rapports que les patients entretiennent avec ces institutions sanitaires et ce qu'ils en pensent.

BAJOIT G. (1992) pour sa part s'intéresse à la sociologie relationnelle- expression qui d'ailleurs est le titre de son ouvrage- et montre comment les liens sociaux se créent et se consolident au travers des « interactions de face à face ». Selon lui , la sociologie doit avoir pour vocation première l'étude des relations entre les individus afin de pouvoir cerner le tout social , ou du moins la société dans sa globalité.

LAPIERRE D. (1979), DIAKITE T. (1985), DE ROSNY E. (1990) ont respectivement abordé, étudié et analysé les problèmes de santé en Inde et en Afrique. Diakité T. et de Rosny E. se sont appesanti respectivement sur la santé et la médecine tradi-naturelle africaines. Pour le premier, les hôpitaux publics africains sont de véritables mouroirs où se manifeste ce qu'il appelle « Le mythe de la solidarité africaine » (op.cit, p.78). De Rosny quant à lui s'attellent à montrer comment les Africains en général, les Camerounais en particulier se soignent à l'aide de la médecine tradi-naturelle. Il s'emploie dans son livre à analyser les relations entre les « Nganga »1(*) et leurs patients. La relation existant entre eux peut être assimilée, selon lui, entre le maître et son élève, le père et son fils. En outre, il soutient que les tares de la santé publique camerounaise sont l `une des causes de la ruée des malades vers la médecine tradi-naturelle.

Bien plus, CELERIER I. (1995) s'attarde sur la tâche des médecins humanitaires lors des catastrophes, des cataclysmes et des guerres. Il relate l'immensité de leur travail et les problèmes qu'ils rencontrent. Ces hommes et femmes de la médecine venus de très loin, généralement d'un pays étranger, sont obligés de faire preuve d'un humanisme sans pareil, basé sur le respect de la déontologie médicale et du serment d'Hippocrate. Selon lui, les médecins humanitaires essaient de pallier le déficit en personnel médical dans les zones et les régions du monde touchées par les catastrophes naturelles.

Cependant, le reproche qu'on peut adresser à tous ces auteurs est qu'ils n'ont pas abordé les relations entre le personnel soignant et les patients de manière à mettre en relief les logiques officielles et officieuses sous-tendant l'accès à la couverture sanitaire. Leurs observations nous semblent superficielles par rapport à notre thème. En outre, nos auteurs n'ont pas suffisamment mis l'accent sur les inter influences entre les patients et le personnel médical.

Le livre de HOURS B. (op. cit.) présente - entre autres choses- le visage de l'hôpital Laquintinie des années 1985. En effet, l'hôpital Laquintinie de cette époque était caractérisé par l'infection hospitalière, le laxiste et la négligence du personnel traitant, bien des dysfonctionnements, etc. En somme, il parle d'un système sanitaire public « grippé » à travers le fonctionnement difficultueux des hôpitaux publics.

KNUESEL R. (1991) pour sa part, montre que pour l'Africain de souche, la saleté ne tue. En clair, selon lui, le noir ne meurt pas de saleté. C'est la raison pour laquelle il n'aime pas prévenir les maladies et tient en piètre estime les règles hygiènes quelles qu'elles soient. Pour lui, même dans les hôpitaux africains, on les respecte pas toujours.

Quant à FONTAINE M. (1995), son analyse porte sur le rapport en le recours thérapeutique et la culture dans la zone septentrionale du Cameroun. On peut retenir de son livre que le type de soin auquel les populations recourent valorise la culture d'une médecine précise. A titre d'exemple, lorsqu'un Peuhl, au lieu de se rendre à l'hôpital pour se faire soigner, lui préfère le consulter un tradi-praticien, il fait perdurer sa culture et sa tradition dans le domaine de la santé tout comme quand un individu malade se rend chez le médecin, c'est la culture occidentale liée à la médecine qu'il ravive. D'où santé et culture sont liées.

Toutefois, l'auteur semble négliger les relations entre patients et traitants de manière à les rendre compréhensibles. Ce à quoi nous allons nous atteler tout le log de notre recherche. M'BOKOLO E. (1983) fait une analyse portant sur les acteurs de la santé et les professionnels de ce secteur, les malades et les origines de certaines maladies. Il y fait aussi une analyse du mal et de la douleur que ressent le patient en essayant de retracer l'historique de sa maladie. Il analyse aussi les origines des maladies comme la trypanosomiase, le paludisme, le choléra, etc. Ceci dans les angles historique, anthropologique et sociologique. Il s'attarde également sur la part de responsabilité de la société dans la maladie dont souffre un individu et donne tout un éventail de ce nous appellerions les cause sociales des maladies. L'on retiendra dans cet ouvrage que la société peut être à l'origine de la maladie d'un individu tout autant qu'il peut en être un facteur inhibiteur.

ROUGEMONT A. (1992) a étudié la prise en charge des couches sociales défavorisées en matière de santé. Il parle d'une santé qui est le produit de la société, la résultante des interactions entre l'individu et sa société. Pour lui, c'est la société qui codifie les soins de santé. L'auteur nous rejoint lorsqu'il pense que dans les formations sanitaires, on peut entretenir des rapports avec le personnel médical qui conduisent à la santé des patients ou qui peuvent aboutir à une guérison approximative.

WERNER D. (op.cit) fait le tour d'horizon des conditionnalités aux soins de santé primaires que doit assurer un health worker . IL dit à cet effet A health worker has to work as an educator and toward prevention. Il pense que l'agent de santé doive travailler dans l'optique de leur apprendre à se prendre en charge et à prévenir les maladies. C'est ce qu'il appelle « Self reliance for health » (op.cit. p.70).

Le personnel de santé doit aussi traiter les patients avec égard et respecter leur personne. C'est pourquoi il parle d'équilibre entre la prévention et le traitement. D'où, il affirme : «Working toward a balance between prevention and traitment». Cet ouvrage est aussi une compilation de recettes, de potions médicinales à même de soigner les malades. Il y donne des recettes simples relevant de la médecine moderne et de la médecine tradi-naturelle. La première partie de son ouvrage est consacrée à la relation entre « health worker and patients » dans les villes et villages. Ce livre va en droite ligne de notre thème de recherche parce qu'il nous imprègne sur l'attitude que doit avoir le personnel médical « en situation de face à face » avec les malades (GOFFMAN E., 1974 : 26) . Il pousse sa réflexion plus loin et encourage le personnel médical à prendre soin de la communauté dans sa globalité, en se souciant du respect de l'environnement.

La critique que nous pourrions lui adresser est qu'il arrête son analyse des relations entre et personnel soignant pour davantage s'appesantir sur la fabrication des médicaments. Néanmoins, son ouvrage a fortement captivé notre attention puisqu'il a ouvert notre esprit en matière de contacts ou d'interrelations entre malades et médecins.

FASSIN D. et JAFFRE Y. (1990) parlent des canons méthodologiques et théoriques liés à la recherche en socio anthropologie médicale. Ces auteurs analysent également presque tous les secteurs d'activités dans une société. Ils vont du politique à l'économique en passant par le culturel pour cerner la santé et partant, le développement. Cet ouvrage nous a permis d'axer notre recherche sur les relations et les interactions entre le personnel médical et les patients. Nous y avons vu comment aborder ou étudier ces relations. Allant dans le même ordre d'idée, MARA VIVEROS (1990) nous a fait part des principes méthodologiques qui lui ont servi à scruter la relation patient/traitant dans un village colombien du nom de Villeta.

FAINZANG S. (op. cit.) analyse les contours et les logiques de la relation médecins/malades. Elle analyse le contenu des discours tenus par les deux parties en présence dans la relation médicale. Elle passe au scanner les consultations pour y déceler des mensonges, des influences et des irrégularités médicales. Quand nous la lisions, nous comprenions que nombre de patients sont influencés soit positivement soit négativement dans les relations qu'ils entretiennent avec leurs traitants, lesquels vont jusqu'à recourir au mensonge pour les réconforter quand ils sont déprimés du fait de la maladie.

HATTIER (op.cit) s'intéresse aux médecines tradi-naturelles. Il passe en revue les moyens thérapeutiques des médecines naturelles africaine, européenne et asiatique. Chacun de ces continents a une médecine tradi-naturelle qui lui est propre. Il met en exergue les vertus thérapeutiques de chacune d'elle. Seulement, nous avons remarqué qu'il ne s'est pas appesanti de long en large sur les relations patients/traitants dans lesdites médecines

BENOIST J.(1996) a le mérite d'avoir produit un ouvrage qui analyse le pluralisme médical. Sa lecture nous a permis de comprendre les motivations de certains patients qui recourent à plusieurs médecines pour se soigner. Il révèle que c'est l'insatisfaction de bien des patients qui les emmène à opter pour le pluralisme médical. Il déclare à cet effet :

 Les patients qui vont à l'hôpital et en même temps chez le tradipraticien voire chez les prophètes thérapeutes le font parce qu'ils n'ont pas trouvé satisfaction chez l'un d'eux. Ils se disent alors qu'en allant chez tous ces thérapeutes, ils augmentent leur chance de guérison totale. Ce qui n'est pas toujours le cas parce que le pluralisme médical entraîne des interférences médicales (op. cit. p.17).

Dès lors, nous comprenons que le pluralisme médical traduit les insuffisances des politiques sanitaires et l'insatisfaction des patients. Ces derniers pensent qu'à chaque forme de médecine, correspond un type précis de maladie. D'où il parle « de maladies pour hôpital » (op. cit. p.40) ; « de maladies pour tradipraticien » (op. cit., p.42) ; « de maladie pour prophète thérapeute » (op. cit., p.45). Ce qui met en exergue l'existence de « stéréotypes liés à la maladie ». Ainsi, quand un individu est malade, il doit se raviser si oui ou non sa maladie peut être guérit à l'hôpital ou chez les Nganga et prendre par conséquent l'itinéraire thérapeutique qui s'impose.

Le reproche que nous faisons à cet auteur est de n'avoir pas analysé profondément les relations entre soignants et patients dans les médecines qu'il a étudiées pour expliquer le pluralisme médical.

MEYER P.(op. cit.), pour sa part, s'est intéressé aux dérives du personnel médical des hôpitaux publics en France. Selon lui, l'irresponsabilité médicale a des conséquences fâcheuses sur les patients. Son incidence peut entraîner la mort et jeter « Le discrédit sur la médecine moderne » (op. cit. p.78).

NJIKAM M. (1998) a étudié les dynamiques socio-anthropologiques qui sous-tendent la pandémie du VIH/SIDA dans la ville de Douala notamment dans le milieu estudiantin de l'université de cette même ville. RETEL L. Georges (1987) revisite les appellations des maladies selon qu'on est dans une société moderniste ou dans une société traditionaliste. Il s'intéresse aussi à la relation traitant/patient sans pour autant révéler les logiques qui la sous-tendent comme nous aimerions le faire.

LANTUM D. (op. cit.) a rédigé un ouvrage qui fait en quelque sorte l'éloge de la médecine tradi-naturelle au Cameroun. Cependant, il y dit de cette forme médecine qu'elle est en mal de reconnaissance de la part des décideurs politiques. Ce qui, pour lui, est une perte considérable pour les peuples africains en général et camerounais en particulier. En outre, il a recensé les facteurs -22 très exactement- d'expansion de la médecine traditionnelle. Ainsi, l'on a :

  F1 : Dans les régions éloignées des centres urbains et hospitaliers, seuls les guérisseurs indigènes peuvent soigner les malades.

F2 : Certaines maladies ne peuvent être soignées que pas les guérisseurs traditionnels : Folie, jaunisse, épilepsie.

F3 : Les pauvres qui ne sont pas capables d'acheter les produits pharmaceutiques préfèrent les guérisseurs indigènes. Certains guérisseurs ne demandent pas l'argent.

F4 : L'insuffisance des médecins favorise le choix des guérisseurs indigènes par les populations.

F5 : Les guérisseurs indigènes sont mieux connus dans certaines régions grâce à leur efficacité si bien que la population est satisfaite de leur présence.

F6 : Les guérisseurs connaissent les problèmes de leurs sociétés. Ils utilisent ces connaissances dans leurs diagnostics pour mieux soigner les malades dont ils sont apparentés ou proches.

F7 : les guérisseurs utilisent des instruments peu compliqués et ordinaires pour soigner les malades : Ex : Calebasse, houe, plantes.

F8 : Le guérisseur et le malade sont souvent de la même tribu. Ainsi le contact est facile.

F9 : Les guérisseurs sont moins exigeants que les médecins.

F10 : C'est une question de culture thérapeutique

F11 : Pendant de la consultation le malade ne parle pas pendant longtemps : il n' y a pas d'ordonnance complexe et pas d'opérations chirurgicales.

F12 : les guérisseurs traitent souvent à crédit et demandent parfois qu'on leur paie en nature. Exemple : poulet, chèvre

F13 : Les guérisseurs indigènes sont nombreux et bien reparties sur le territoire national.

F14 : Le malade peut choisir d'aller chez un guérisseur soit parce qu'il est célèbre, soit parce qu'il souffre de maux que celui-ci soigne facilement.

F15 : Pendant la période du traitement, le malade, dans certains cas, est logé et nourri gratuitement.

(...)

F17 : Le guérisseur indigène ne s'occupe pas seulement de la maladie déclarée, il traite l'individu dans son âme et/ou dans son esprit. Il prend en compte tous les liens sociaux du malade.

(...)

F20 : Les guérisseurs reçoivent les malades et les traitent comme leurs propres enfants. Ils sont hospitaliers.

F21 : Le manque d'éducation sanitaire chez les populations favorise le recours aux guérisseurs traditionnel et la croyance en eux.

F22 : Le guérisseur traditionnel offre le soutien moral aux malades. Le malade trouve en lui un bon copain avec qui il peut converser au-delà des problèmes de santé (...)  (DONGMO A., 2000.p40).

MBONJI E. (op. cit.) dans son ouvrage montre comment les africains sont à cheval entre la médecine tradinaturelle africaine et la médecine conventionnelle .Pour lui, les citadins constituent la tranche de la population africaine la plus concernée par cet écartèlement.

ADAM P. et HERZLICH Cl. (1990), analysent dans leur ouvrage les interactions dans le milieu médical. Ils s'efforcent de comprendre l'univers médical, les significations qu'on donne aux maladies et les représentations que le personnel soignant se fait des malades

Par ailleurs, nous avons parcouru bien des articles se rapportant à notre thème ou l'ayant évoqué. Nombre de ces articles sont publiés par la revue internationale « social science and medecine ».

BENSING J.M. (1991), nous révèle que la bonne communication est indispensable dans la relation patient/traitant. Nous avons retenu que cette bonne communication est l'un des préalables au bon rétablissement des patients.

Pour BERTAKIS J.M (1992), le patient doit être compris par le traitant et inversement. Il montre comment le patient doit faire l'objet d'attention et de délicatesse de la part du personnel hospitalier. Nous nous trouvons là dans le vif de notre sujet et son analyse nous a fortement édifié et permis d'orienter notre travail.

Dans leur article commun, MEUEWISER L., SHEAP C. and SJAAK Van der GHEEST (1991), analysent les entretiens entre traitants et patients pendant les consultations. Ils montrent comment les traitants imposent aux patients leur quatre volonté et ne tiennent pas toujours compte des aspirations de ceux-ci quand il s'agit de donner le traitement. Ils disent, à cet effet, que cela est parfois source de conflits qui ne vont pas sans conséquences sur la patient.

KLEINMAN A. (1980) a étudié les relations entre malades et traitants dans le contexte culturel. Il dit à cet effet que la relation patient/traitant est fonction de chaque aire culturelle tout autant que de l'importance qu'on lui accorde. De plus, pour cet auteur, l'on doit utiliser la notion de « modèle explicatoire » pour désigner, mettre en exergue et interpréter les différentes idées des malades et des thérapeutes autour de la maladie et de ses origines. Cet auteur, à l'instar de bien d'autres, a essayé de classer ses idées en deux groupes : les croyances internalisantes et les croyances externalisantes. D'où, pour YOUNG C. - qui est la tête de proue des auteurs qui se rangent du côté des croyances internalisantes de l'origine de la maladie- affirme que la genèse des phénomènes de santé, de souffrance sont localisées à l'intérieur de l'individu. Ce dernier est donc le seul responsable de sa situation et l'origine de son mal se trouve soit dans son comportement incorrect, soit au manque de ressources socioéconomiques.

FOSTER G. et ANDERSON B. (1978) analysent les canons de l'anthropologie médicale et son objet d'étude. Ils ont le mérite d'avoir conçu une des théories de l'Anthropologie médicale. Pour eux, le chercheur des sciences humaines qui étudie et explique les causes des maladies doit prendre appui sur ce qu'ils appellent les « systèmes de croyances personnalistes ou internalisantes » et les « systèmes de croyances naturalistes ou externalisantes ». En clair, une maladie peut être due soit à un agent pathogène extérieur qui est « mystique, super naturel », soit à un agent pathogène intérieur qui provient d'un déséquilibre interne à l' individu .Seulement , leur modèle explicatoire des maladies ne fait pas grand cas des rapports médecins/malades pour cerner les causes et le traitement des maladies.

LAPLANTINE F., à la page 86 de son ouvrage , met en relief les modèles théoriques inhérentes à l'Anthropologie médicale. Ainsi, elle parle des « modèles additifs » et des « modèles soustractifs ». Cependant, elle passe sous silence la relation patient/traitant comme partie à part entière de l'accès à la santé.

SPEEDING E. et ROSE D. (1985) montrent comment construire une relation stable et affective avec le patient. De l'accueil jusqu'au traitement en passant par la consultation, le soignant doit être attentif ; c'est pourquoi ils affirment : « The doctor has to pay attention to all the life of his patients » (op.cit, p.622). Seulement, SPEEDING et ROSE ne se sont pas appesantis sur la relation patient/traitant dans la médecine tradi-naturelle.

DEVEUGELE M., DERESE A. et MAESENER J. (2002) s'évertuent à montrer dans leur article comment le support social et le soutien moral apportés aux patients les réconfortent et participent de beaucoup dans leur rétablissement. Pour eux, la bonne relation thérapeutique est, sinon indispensable, tout au moins importante entre le patient et celui qui le soigne.

Cependant, ils se sont limités à le dire sans nous plonger dans un univers hospitalier pour nous montrer comment cela se manifeste. Néanmoins, ils ont le mérite d'avoir pu démontrer, ceci avec le concours de plusieurs prestataires de soins, que la relation médicale et la confiance qui va avec sont indispensables dans le rétablissement des patients. Les médicaments à eux seuls ne suffisent pas.

HERVEY D. et Van GYSEHEM (2006), disent que les patients doivent être traités avec respect. Nous comprenons avec eux que l'analyse des informations données par le malade obéit à des règles édictées par la directive 95/46 du code médical. Michael H., WIADNYANA I. et alii. (1999), s'attardent sur la question de la satisfaction des patients dans les hôpitaux des pays dits en développement. C'est dans cet article qu'ils révèlent que dans nombre de ces hôpitaux publics, l'on ignore la notion « D'indice de satisfaction des malades » (op. cit. p.402). Laquelle, selon eux, est indispensable pour juger de la qualité des soins. En fait, il semble que l'indice de satisfaction des patients permet aux hôpitaux de s'examiner, de faire une introspection afin de mieux servir les patients.

Bien plus, les auteurs comme GUADAGNOLI E. et Patricia W. (1998), ne s'appesantissent sur le degré de participation du patient dans la prise de décisions relatives à son traitement. Ce genre de préoccupation n'a cours qu'en Occident dans la mesure où le rapport médecin/malade frise la relation du maître à l'esclave en Afrique. Le premier donne les directives que le second doit suivre à la lettre sans mot dire.

Les chercheurs ne s'intéressent pas encore à ce genre de problèmes en Afrique en général et au Cameroun en particulier, si bien que la littérature existante portant sur de telles préoccupations y est congrue.

Charles G. et al (1984), se demandent si les malades voudraient être impliqués dans la prise de décision en rapport avec leur santé. Il ressort de cet article que nombre de patients voudraient qu'on leur explique et qu'on les mette au courant de tout ce qui concerne leur santé. BLANCHARD G. (1998), montre comment les malades atteints du cancer veulent être au parfum de tout ce qui a trait à leur état de santé. YORRO S. (2003), pense que la médecine traditionnelle est promue à un bel avenir au regard de son expansion toujours croissante dans les villes africaines. Selon lui, elle revalorise l'Homme et le traite dans toutes ses dimensions. Cependant, le reproche qu'on pourrait lui adresser est de n'avoir pas mis en relief les logiques qui sous-tendent la relation patient/traitant dans les deux médecines. SEUMO H. (2007), ETOA Marguerite S. (2007), DJIMELI A. (2007) affirment dans leurs articles respectifs que dans les hôpitaux publics camerounais, l'on tient en piètre estime la charité , le bon accueil et la notion de satisfaction des patients.

Par ailleurs, il n'a pas été question de lire uniquement des ouvrages spécialisés. Nous avons également parcouru plusieurs ouvrages de méthodologie et de sociologie générale. Ainsi, nous avons eu à consulter le dictionnaire de sociologie de BOUDON R.(1999) , celui écrit par lui et BOURRICAUD F.(1982), celui écrit par ALBIN M.(1998) ; dans lesquels nous nous sommes largement imprégnés des mots et expressions sociologiques et de leurs connotations. De plus, ces auteurs ont explicité les théories sociologiques et anthropologiques de manière à les rendre plus accessibles. Les approches, individualiste, behavioriste, culturaliste, structuraliste, diffusionniste, etc. y sont amplement détaillées.

Dans leur ouvrage collectif, ETIENNE J. et al (1997) donnent les terminologies sociologiques, les approches sociologiques tant classique que contemporaine et leur champ d'application. Nous y avons puisé des mots et expressions clés qui servent à faire des analyses sociologiques appropriées.

COULON A. (1987), s'appesantit sur l'ethnométhodologie et ses principes cardinaux. Il présente en outre les terrains qui siéent à cette théorie. Nous avons donc compris que cette théorie est adaptée aux études sanitaires si tant est qu'elle permet de dénicher les ethnométhodes des patients dans la quête de la santé ; les ethnométhodes propres à la profession de personnel soignant dans le contexte des médecines conventionnelle et traditionnelle. Est ethnométhode, toute habitude, toute stratégie apprise et intériorisée par un individu et s'originant dans sa culture, le contexte socioculturel, politique et économique dans lequel il vit.

RAYMOND A.(1967) pour sa part, retrace les itinéraires de la pensée sociologique des précurseurs aux contemporains-ceux de son époques- , en passant bien sûr par les classiques. De ces pères fondateurs de la sociologie, il met en relief les relans de sociologie dans quelques unes de leurs productions scientifiques. Il dit d'ailleurs que la paternité du vocable sociologie échoit à COMTE A. , lequel l'a forgé à l'université de BORDEAUX - BORDEAUX 10 très exactement- et en a fait une matière universitaire à part entière avec pour objectif principal l'étude de la société française.

ETIENNE J. et MENDRAS H. (1993) passent en revue ce qu'ils appellent les « grands thèmes de la sociologie » auxquels ils associent les « grands sociologues ». Dans cet ouvrage, nous avons noté ce que chaque auteur de sociologie a eu dire sur un thème précis et comment il y théorise. Ainsi DURKHEIM et sa théorie du fait social occupent une place prépondérante dans cet ouvrage, tout comme CROZIER M. et sa théorie portant sur les stratégies des acteurs dans les organisations, etc.

LALLEMENT M. (1993) a tablé sur l'histoire des idées sociologiques de leurs origines à DURKHEIM (Tome I), de PARSONS aux contemporains (Tome II). Dans ces parutions, il subsume l'essentiel des théories de ces différents auteurs et les rend plus abordables à la compréhension. En plus, il ressort les grands axes de chacune d'elle et leurs implications sur la perception des champs sociologiques et la conduite des recherches.

MBONJI E. (2005) recense les théories tant sociologique qu'anthropologique en les détaillant et en les synthétisant. Bien plus, il fait comprendre à ses lecteurs ce qu'ils doivent entendre par méthode, problème de recherche, cadre théorique, cadre conceptuel, intérêt de l'étude, etc. Cet ouvrage nous a paru être un parchemin pour qui veut faire de bonnes recherches ou pour qui veut produire de bons mémoires.

NISBET R. (1984) met en exergue les normes et les valeurs en sociologie. Pour elle, il existe une tradition sociologique que tous les chercheurs en sociologie fondamentale et pratique doivent respecter, voire protéger afin de pérenniser son caractère scientifique. Ainsi, il convient de dire que la sociologie comporte des canons théorique et méthodologique que les sociologisants doivent apprendre et maîtriser. Le cas échant, cette discipline perdrait sa « mémoire ». Cette dernière n'est autre chose que l'ensemble des précurseurs et classiques qui ont jeté les bases de cette science.

PERETZ H. (2004) revoit les méthodes en sociologie et met un accent particulier sur l'observation scientifique sous toutes ses formes. Aussi s'appesantit-il sur l'observation directe que les interactionnistes appellent l'observation in situ et cette autre forme d'observation chère à BRONISLAV MALINOSWKI (1926), à savoir l'observation participante encore appelée la participation observante (MBONJI E. op. cit.)

GARFINKEL H. (1967) ; (1985) a fait des analyses sur l'ethnométhodologie. Il est d'ailleurs présenté comme l'une des têtes de proue de cette théorie qui met un accent sur les motivations des individus en relation avec les ethnométhodes qu `ils ont apprises de leurs cultures. Pour lui , les actions individuelles ont le sceau ou le cachet de l'héritage culturel des individus et ils se comportent en fonction de cet habitus culturel. En clair, la société n'est que le produit des ethnométhodes que les individus mettent en oeuvre quotidiennement.

GOFFMAN E. (1973) pense que la vie en société s'inscrit dans une théâtralité où chacun joue le rôle qui lui est assigné plus ou moins bien. La société étant faite de rôles et de statuts qu'elle confère à ses élus, chacun parmi ceux-ci se doit de « jouer le rôle inhérent à son personnage ». Aussi peut-il arriver qu'on le joue bien ou moins bien. Dans la même optique, les actions individuelles s'inscrivent dans des « rites d'interaction » lesquelles émanent de la législation en vigueur dans la société qui fait jouer aux individus des rôles (GOFFMAN E.1974. p15).

Dans le tome II (1968), il nous a fait comprendre que les acteurs sociaux joue des rôles qui sont fonction de leurs différents statuts. Bien plus, dans nos relations en public, nous portons des sortes de masques qui correspondent à nos statuts sociaux et aux images que la société voudrait que nous renvoyions . Au surplus, en public nous ne sommes plus nous-mêmes. Nous sommes notre rôle, nous sommes ce que la société nous impose d'être en face des autres.

Dans son autre ouvrage (1961), il met en relief les interactions entre les malades mentaux se trouvant dans un asile- lieu qui n'est autre que le titre du livre en question-, il note à cet effet que les malades inventent de nouvelles normes(celles -là officieuses), pour se soustraire aux normes officielles afin de rendre moins pesant leur séjour dans cet univers médical. Son analyse nous a permis de cerner dans une certaine mesure les dessous des rapports entre traitants et soignants dans les structures médicales étudiées.

BACHELARD G. (1980), s'emploie à mettre en exergue les conditionnalités, mieux les critères de définition d'un esprit scientifique ou d'un travail scientifique. Il parle -entre autres choses- des types de recherche en sciences sociales. Il distingue le modèle de recherche empirico- inductif du modèle de recherche hypothético- déductif. Le premier modèle privilégie une méthode compréhensive et interprétative des faits sociaux. Le second modèle quant à lui s'appesantit sur une méthode explicative, positiviste et causaliste des faits sociaux. De plus, il détaille les différentes étapes d'un travail scientifique.

LADRIERE P. (2001), pense que les recherches en sociologie doivent se préoccuper des questions éthiques. En fait, il lui a été donné de constater que dans leur recherches, nombre de chercheurs font fi de l'éthique et passent outre les droits des populations sous études. En clair, au nom d'une recherche, se demande-t-il, doit- on saper les intérêts des enquêtés comme le font certains chercheurs sous l'instigation de certains organismes internationaux. Ces organismes internationaux, très souvent, ne cherchent pas à avoir le consentement des populations concernées.

Allant dans le même sens, GOSSELIN G. (1972), pense qu'il y a une « limite » que le chercheur ne doit pas franchir dans ses enquêtes. Il est des aspects de la vie des informateurs que le chercheur ne doit pas altérer, tordre et divulguer dans ses écrits parce qu'ayant trait à leur vie privée. Il dit également que bien des chercheurs ne se soucient pas de l'éthique et arrive à la conclusion selon laquelle il est urgent de se préoccuper de l'éthique dans les recherches en sciences sociales.

NGA NDONGO V.(2003) estime qu'il faille parler d'une sociologie africaine qui se préoccupera des questions de ce continent avec des canons théorique et méthodologique qu'elle  va emprunter à la « sociologie occidentale(classique et contemporaine) ». Il ne s'agit donc pas de tourner le dos à la sociologie occidentale comme certains pourrait être amenés à le croire. Bien au contraire, il que nous nous servions de la sociologie occidentale pour produire un corps important de connaissances sur notre continent. Pour lui, les africains sont mieux placés pour théoriser sur les réalités de leur continent.

Cadre théorique : De l'interactionnisme symbolique et de l'ethnométhodologie

Tout un courant de la sociologie s'est développé pour comprendre la société du point de vue de l'interaction des individus. Fondateur de cette théorie, BLUMER H. (MENDRAS H., op. cit.) a forgé le terme d'interactionnisme symbolique pour souligner ses deux principes de base : premièrement, la société est un réseau d'interactions entre les individus ; deuxièmement, les individus agissent sur les choses en fonction des significations qu'ils leur donnent et ils utilisent ces significations, ces symboles dans leurs interactions, ou plus exactement, ces symboles sont produits par l'interaction. Ainsi, la structure sociale et la culture sont vues comme le produit des interactions. BLUMER retourne la perspective « holiste » qui voit dans la structure et la culture l'encadrement des actions individuelles et il va jusqu'à laisser entendre qu'il n' y a rien d'autre à étudier pour comprendre la société que la vie quotidienne des individus. De là, ses successeurs ont développé l'ethnométhodologie, mot ambigu qui fait référence à l'ethnologie, puisqu'elle prône l'observation de la vie quotidienne dans nos sociétés, comme les ethnologues observent les moeurs des populations qu'ils étudient. En outre, ethno sous-entend l'idée que tout membre d'une société dispose du savoir de sens commun de sa société, une ethnoscience.

Cette position méthodologique conduit évidemment à s'intéresser aux cas atypiques pour analyser, a contrario, les cas normaux. Par exemple, BECKER H. (1985) a étudié le métier et la carrière des musiciens professionnels du jazz, profession qu'il exerçait lui-même. Il a montré l'importance des facteurs que les études classiques de sociologie du travail et des professions avaient tendance à négliger. Ainsi, l'ethnométhodologie conduit à faire de l'observation participante le principal outil de travail du sociologue et de l'anthropologue.

GOFFMAN E. (op. cit.), de son côté, a fait des études sur la vie des hôpitaux psychiatriques, ce qui l'a conduit à présenter la vie sociale comme une scène de théâtre où les acteurs jouent des rôles et accomplissent des rites d'interaction.

Enfin, attirés par les cas atypiques, les ethnométhodologues se sont intéressés aux marginaux et aux mécanismes de la déviance. L'étude pionnière en ce domaine est celle de BECKER H. (op. cit.) sur les fumeurs de marijuana dans laquelle il décrit méticuleusement l'apprentissage. Du point de vue du déviant, c'est la façon dont les autres le traitent de déviant, et le traitent en déviant, qui fait de lui un déviant : on met sur lui une étiquette qui devient bientôt un stigmate.

Par ailleurs, disons que les analyses interactionnistes étaient déjà au centre des travaux de la première école de Chicago. Everett C. HUGHES (1897-1983), professeur à Chicago puis à Montréal, est un des artisans de la seconde génération qui a forgé la notion de l'interactionnisme symbolique. Non seulement auteur d'ouvrages de référence ( Men and their work 1958, The sociological eyes, 1971), E. C. HUGHES a su impulser de nombreux travaux monographiques qui ont fait date dans la domaine du travail ( D. ROY), des professions ( E. FRIEDSON , Profession of medecine, 1971) ; de la déviance ( E. LEMERT, Human deviance, 1967 ; D. MATZA, Becoming deviant, 1969 ; BECKER H. , op. cit.) ou encore de la maladie ( GLASER B. et STRAUSS A. , Awareness of dying, 1965). L'interactionnisme prend enfin une forme originale et plus personnalisée avec la sociologie dramaturgique d'Erwing GOFFMAN (1922-1982), ancien élève de E. C. HUGHES, et dont l'une des ambitions majeures est de répondre au défi des fondations microsociologiques de l'ordre social.

En plus, l'ethnométhodologie est présentée comme la variante la plus récente mais aussi la plus radicale de l `interactionnisme symbolique. Pour son fondateur, GARFINKEL H. (op. cit.), la réalité sociale est une construction permanente qui n'a rien d'extérieur aux individus aux individus. Il s'inscrit dès lors dans une perspective phénoménolomogique qui le met en phase avec les travaux comme ceux de A. SCHUTZ , réfugié autrichien qui enseigna à la new school for social research( New York), et ses élèves P. BERGER et T. LUCKMANN ( The social construction of the reality, 1967). Lorsque, avec la fin des années 1960, s'amenuise le poids institutionnel des universités de Harvard, Columbia et Chicago, l'ethnométhodologie, jusqu'à lors confinée à un petit groupe de californiens, prend un premier envol institutionnel. Des travaux sur la justice, l'école, l'hôpital, les organisations, la science, les groupes de rencontre ou encore la délinquance, se multiplient.

L'interactionnisme serait donc une tendance récente de la sociologie américaine étudiant l'influence réciproque que les partenaires exercent sur leurs actions respectives lorsqu'ils sont en présence physiques les uns des autres (LALLEMENT M. 1993). Il ne s'agit pas de la personnalité de l'individu mais de ce qu'il est avec les autres. Nous avons porté notre choix sur cette théorie parce que notre thème est son reflet. En d'autres termes, quand on lit notre thème- la relation patient/ traitant dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines : cas de l'hôpital Laquintinie et de l'African Clinic de Douala (Cameroun) - l'on pourrait faire usage de l'interactionnisme symbolique et de l'ethnométhodologie pour mener à bien cette recherche. C'est le lieu de présenter les grands axes de ces théories.

Le premier fondement de l'interactionnisme est l'observation in situ. Cette dernière se veut la règle primordiale de l'interactionnisme parce que pour pouvoir étudier les rapports entre les acteurs sociaux, le chercheur doit pouvoir les observer (LAPASSADE G.1991). Dès lors, il est impérieux que le chercheur face corps avec son objet d'étude afin de voir et d'observer. En clair, il s'agit de porter un regard attentif sur les interactions humaines lesquelles constituent le deuxième fondement de cette théorie (MBONJI E.2005).

La notion d'interaction symbolique :

 Due à Herbert BLUMER en 1937, désigne l'unité minimale des échanges sociaux ou situation où chacun des membres d'un groupe joue, agit et se comporte en fonction de l'autre. L'interaction est ainsi une microstructure non préétablie mais formée à l'instant T de l'interface, et dont le présupposé est le partage des significations dans les situations particulières. (MBONJI E. op. cit., p22).

De plus, nous nous sommes inspirés des principes fondateurs de la démarche interactionniste pour conduire notre recherche. Selon H. BLUMER (1937), les humains agissent à l'égard des choses en fonction du sens que les choses ont pour eux. Ce sens provient des interactions de chacun avec autrui. C'est dans un processus d'interprétation mis en oeuvre par chacun dans le traitement des objets rencontrés que ce sens est manipulé ou modifié. COULON A. (1987) affirme à cet effet :

... Les interactionnistes soutiennent à contrario que c'est la description que les acteurs se font du social qui constitue en dernière analyse, l'objet essentiel de la recherche. Nous vivons, disent-ils, dans un monde à la fois physique et symbolique ; et c'est nous -mêmes qui construisons les significations de nos actions et du monde à l'aide des symboles signifiants. (Op.cit.p87).

Les chefs de file de cette théorie se sont intéressés à l'analyse des hôpitaux (FRIEDSON E. 1971) ; (GLASER B. et STRAUSS A. 1965) etc. Ceux-ci considèrent les représentations comme un autre fondement de l'interactionnisme. E. GOFFMAN (1961) a étudié les interactions entre malades et personnels soignants dans un asile. Il en ressort que les handicapés développent des adaptations secondaires pour échapper aux normes préétablies en tissant des relations entre eux.

L'ethnométhodologie pour sa part nous a permis de mettre en relief les «ethnométhodes » des patients et du personnel soignant. Ces deux parties adoptent des attitudes et des comportements en fonctions des représentations sociales qu'elles ont des deux formes de médecines. Ainsi, tout patient qui se rend dans une formation médicale de l'une ou l'autre médecine, met en oeuvre un certain nombres d'ethnométhodes qu'il a su intérioriser. Les ethnométhodes sont des us et coutumes sociales intériorisés par les acteurs (SCHUTZ A. op. cit.).

Cette théorie porte sur les méthodes des acteurs sociaux. Pour agir, ces derniers mettent sur pied des stratégies qui sont tributaires de leurs représentations et de leur savoir culturel. L'ethnométhodologie fait alors partie de la sociologie compréhensive en ceci qu'elle cherche à montrer pourquoi l'individu X va à droite plutôt que d'aller à gauche. GARFINKEL H. déclare à ce sujet : « Ethno semble faire allusion au savoir quotidien de la société en tant que connaissance de tout ce qui est à la disposition d'un membre ». (1985. p46).

Il existe également d'autres théories médicalisées qui s'inscrivent dans la vision interactionniste de la maladie et s'appesantissent sur la relation entre le malade et son traitant. Ces théories peuvent s'appliquer aussi bien à la médecine conventionnelle qu'à la médecine tradi-naturelle. En fait, la théorie des interactions sociales et la théorie de la réciprocité expliquent l'inter influence entre le patient et le traitant. Elles ont profondément l'aspect socio émotionnel ou affectif de la relation patient / traitant.

Ces théories dont la paternité reviennent à BENSING (op. cit.), mettent un point d'honneur sur l'étude des objectifs que veulent atteindre les patients et leur traitant. Elles s'intéressent aux logiques et modalités qui sous-tendent le traitement, la rédaction des ordonnances, bref à tout ce qui apparaît quand le patient est en interaction avec son patient. Elles analysent aussi le degré de communication, de rapprochement ou de distanciation existant entre le patient et son soignant.

En plus, elles marquent un temps d'arrêt sur le comportement des patients et du personnel traitant. Elles étudient aussi les tâches qui incombent à ce personnel et les émotions de tous les personnels impliquées dans la quête de la santé à l'hôpital.

LA THEORIE DE LA RECIPROCITE

Selon GOULDNER (1960), ROBERTS et ARUGETE (2000), la théorie de la réciprocité stipule que les individus ont tendance à transmettre aux autres les biens et les services dont ils font l'objet. Pour eux, les émotions et les sentiments que nous manifestons ne sont le produit que des émotions et des sentiments des autres envers nous. En clair, l'individu X se comporte envers l'individu Y en fonction de la manière donc Y se comporte envers lui. Bien plus, l'individu X donne à l'individu Y parce qu'il a reçu de l'individu Z et inversement. C'est dire que la vie ou du moins l'interaction sociale ne se résume qu'au don et au contre don dont parle Marcel MAUSS.

Au surplus, lors d'une consultation, le médecin ou l'infirmier exige du patient toute sont attention quand il lui parle. Le patient en retour attend de lui qu'il lui donne satisfaction. ROBERTS et ARUGETE (op. cit.) pensent que les patients bien éduqués son respectueux envers leur traitant, sont aussi dans la plupart des cas satisfaits et réciproquement. Cela engendre un climat de sérénité et partant induit mieux favorise la guérison du patient. Ils pensent aussi que le comportement du patient est fonction de l'intensité et du type de sa maladie. La nature de la maladie conditionne l'humeur et le comportement du malade envers le médecin ou le tradi - thérapeute, son entourage et dans une certaine mesure sa famille ; d'où l'on peut dire que la nature de la maladie est liée à l'attitude, à la mentalité et au comportement du malade. Elle influe sur son tempérament. D'où il semble impérieux d'intégrer cette dimension dans la prise en charge psychosociale du malade.

METHODES DE COLLECTE DES DONNEES

Ce qui fait la scientificité d'un travail de recherche, c'est le respect scrupuleux de la part du chercheur de la méthode. C'est elle qui différencie la connaissance scientifique de la connaissance vulgaire et profane. La méthode peut être comprise comme le chemin qu'emprunte un chercheur pour atteindre les objectifs liés à son étude. A ce propos, MBONDJI E. affirme :

Du grec meta et hodos : chemin ; ou du latin « methodus » : poursuite ; la méthode est la manière d'aborder l'objet d'étude, le chemin parcouru, la voie à suivre par l'esprit humain pour décrire ou élaborer un discours cohérent, atteindre la vérité de l'objet à analyser. (op.cit.p11).

Pour les hommes de Science, toute personne qui entreprend une enquête doit faire usage de techniques pour recueillir les informations et révéler des vérités sur son objet d'étude. Ainsi, en sociologie, la recherche s'inscrit dans cette logique et ne saurait se faire sans un canal méthodique qui sert de ligne de conduite, des gardes- fous à celui qui recueille les informations. Cela lui permet de garantir la crédibilité scientifique de son travail. Pour mener à bien nos multiples investigations sur le terrain d'étude (l'HLD et l'AC), nous nous sommes servis des questionnaires, des entretiens de groupe avec les patients, des récits de vie et de l'observation in situ ou observation directe. ( GRAWITZ M. op. cit.). C'est au travers de ces techniques que nous avons pu cerner les logiques qui sous- tendent l'accès à la santé à l'HLD et l'AC. Dans les lignes qui suivent, nous nous proposons de présenter brièvement le panorama de ces techniques et leur apport dans notre recherche.

LE QUESTIONNAIRE DESTINE AUX PATIENTS

Ce questionnaire avait pour objectif de nous donner l'idée que les patients dans ces hôpitaux se font du personnel soignant, ceci en se basant sur les relations qu'ils entretiennent avec eux et les représentations qui en découlent. Ce questionnaire ne renfermait pas des interrogations en vue de chiffrer les données. Il visait tout simplement à nous imprégner de ce que les patients qui sont à l'AC et à l'HLD pensent de leurs soignants. Il nous a permis de glaner un nombre considérable d'informations (BEAUD M. 2003).

LE QUESTIONNAIRE DESTINE AU PERSONNEL SOIGNANT

Au travers de ce questionnaire, nous voulions mettre en évidence ce que le personnel soignant de l'AC et de l'HLD pensent de leurs patients et des rapports qu'ils ont avec eux. Les questions qui s'y trouvaient s'attardaient sur la couverture sanitaire notamment sur la dispensation des soins. Nous voulions avoir une idée de ce qu'ils pensent de leurs patients, de leurs professions selon qu'ils étaient médecins, infirmiers, tradit-hérapeutes, infirmiers et/ou aides-soignants. La connaissance scientifique ne peut pas s'élargir sans questionnement préalable. BACHELARD G. (1967) affirme à cet effet : « Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas de questions, il ne peut y avoir de connaissance scientifique. » (p14).

TYPOLOGIE DES ENTRETIENS UTILISES LORS DES ENQUETES

- Les entretiens semi directifs

Dans l'optique de cerner les interactions entre le personnels de ces hôpitaux et leurs patients, il s'est avéré indispensable que nous ayons des entretiens et les interviews avec toutes les parties en présence notamment les personnes ressources comme les directeurs, les médecins, les majors des pavillons, le personnel paramédical et les patients. Les entretiens que nous avons eus avec nombre de ces informateurs étaient semi directifs. Nous leur faisions connaître notre thème et leur laissions la latitude de s'exprimer en orientant tout de même leurs réponses dans le sens de notre sujet (BLANCHET A. et al, 1985).

- Les entretiens à questions ouvertes

Nous avons fait usage de ce type d'entretien pour recueillir le maximum d'informations possibles lors des entretiens de groupe avec les patients et le personnel soignant pendant les pauses café. Nous leur faisions connaître notre sujet et nous en discutions. C'est alors que chacun s'exprimait librement et nous faisait part de ses expériences personnelles dans les hôpitaux publics de la ville de Douala en général et à l `HLD en particulier ( PENEFF J., 1990). Aux fins de valider ou d'invalider les informations recueillies, nous avons eu recourt à l'observation in situ ou à l'observation directe et à l'observation participante.

L'observation in situ ou l'observation directe

L'on ne peut bien cerner les interactions entre le personnel traitant et les patients dans la quête de la santé si on ne les observe pas directement. L'observation est une étape primordiale dans tout travail de recherche. Elle est synonyme d'allées et venues du chercheur sur son terrain d'étude pour voir et regarder ce qui s'y passe (PERETZ H., 2004).

Selon SELYE (1973), l'observation se subdivise en trois étapes. Il pense que, pour bien observer, le chercheur doit remarquer, reconnaître et évaluer. Il dit en outre que l'observation permet de tester ses hypothèses et les suppositions émises. L'observation du réel s'avère ainsi indispensable à toute entreprise voulant se justifier sur des principes scientifiques. C'est sur cette base que LACOSTE Y.(1966) reconnaît IBN KHALDOUM, historien maghrébin du XIVème siècle, comme le fondateur de l'histoire scientifique, car il aurait été le premier à axer sa recherche historique sur l'observation de la nature des choses. Observer, pour le scientifique, est donc une préoccupation majeure. Son esprit doit y demeurer attaché comme le sont les yeux de l'automobiliste sur la route.

Les observations que nous avons faites au sujet des rapports entre personnel de santé et patients dans les deux structures médicales que nous avons étudiées, nous ont permis de considérer et de mettre en valeur les logiques de ces rapports et ce qui les sous-tend. Elles nous ont permis de voir comment les soins sont dispensés, comment sont accueillis les patients et comment les patients attendent de façon stoïque et téméraire les consultations médicales. Grâce à elles, nous avons pu établir le degré de communication, de rapprochement et de distanciation entre le personnel soignant et les patients dans les deux formes de médecines (ANCELIN A., 1972).

L'observation participante et la participation observante

Elle nous a aidé à intégrer les milieux hospitaliers de Laquintinie et de l'AC. Ainsi nous nous sommes fait passé pour un patient afin de ressentir ce que les patients éprouvent lorsqu'ils viennent en consultation auprès du personnel soignant (VAN DER GEEST S., et SARKODIE S., 1998). Cette participation observante a duré deux semaines à l'HLD.et une semaine à l'AC.

BRONISLAV MALINOSWKI (1926), pour étudier le crime et les coutumes dans les sociétés dites primitives, a cru bon de devenir un membre à part entière desdites sociétés. Dans la même perspective, Robert JAULIN (1983) pense qu'il faut pouvoir faire partie du phénomène étudié pour être en mesure d'en parler correctement. C'est d'ailleurs ce qu'il a fait concernant l'inceste puisqu'il l'avait expérimenté avec sa soeur et, par conséquent, estimait qu'il était plus à même d'en parler par rapport à ces autres chercheurs qui, - s'adressant implicitement à Claude LEVI- STRAUSS- ne l'ont étudié que de « l'extérieur » (MBONJI E., op. cit.).

DEFINITION DES CONCEPTS ET NOTIONS CLES

Médecine conventionnelle : Ensemble des prestations sanitaires légalisées par le ministère de la santé publique et offertes par les hôpitaux tant publics que privés.

Médecine traditionnelle : Ensemble des soins de santé dispensés sur la base d'un savoir traditionnel hérité, oral ou écrit.

Médecine : Ensemble des connaissances scientifiques et des moyens mis en oeuvre pour la prévention, la guérison ou le soulagement des maladies, blessures ou infirmités.

Couverture sanitaire : Ensemble des moyens, techniques et stratégies thérapeutiques déployés pour pallier la morbidité dans un pays et/ou dans un hôpital.

Population vulnérable : Femmes en âge de procréer, enfants de 0 à 5 ans, personnes âgées et pauvres.

Paquet minimum d'activités (PMA) : Minimum incompressible d'activités à la fois curative, préventive et promotionnelle qui doivent être exécutées dans chaque aire de santé.

Structure sanitaire : Edifice dans lequel sont dispensés des soins.

Formation sanitaire : Etablissement qui dispense des soins.

Equité : Capacité de garantir aux plus pauvres l'accessibilité aux soins de qualité

Pyramide sanitaire : Représentation hiérarchisée (sous forme de pyramide) de trois niveaux du système de santé :

-Le niveau central au sommet : Les services centraux

-Le niveau intermédiaire au milieu : Les services techniques d'appui que sont les délégations provinciales.

-Le niveau périphérique à la base : Services opérationnels au contact des communautés (hôpitaux).

Phytothérapie : Traitement des maladies par les plantes

Herboriste : Professionnel titulaire d'un diplôme l'habilitant à vendre des plantes médicinales.

Herboristerie : Boutique de l'herboriste

Para médecine : Ensemble des prestations sanitaires uniquement dispensées par le personnel paramédical (infirmiers et aides- soignants) d'un hôpital.

Curetage : procédé au moyen duquel un thérapeute enlève les produits chimiques des médicaments de l'organisme de son patient.

Naturopathe : Personne qui soigne à partir des plantes ou des produits dérivés.

Relation thérapeutique : Interaction ou rapport établit entre le patient et son soignant.

Infections nosocomiales : Ensemble des maladies contractées par un patient pendant son séjour à l'hôpital, du fait de l'insuffisance de l'hygiène hospitalière.

Nganga : Terme Duala qui renvoie au tradipraticien ou au phytothérapeute.

Mbombog : Dignitaire et dans une certaine mesure le tradipraticien en pays Bassa

Pharmacopée : (Avec une majuscule).Recueil officiel contenant les médicaments, leur composition, leur effet. (Avec une minuscule).Ensemble des remèdes.

Pharmacovigilance : Centralisation, contrôle et diffusion des informations sur les effets nocifs ou imprévus des médicaments.

Parturition : Accouchement

Hôpital de référence : Structure médicale de renommée provinciale voire nationale

Major : Personne qui dirige un pavillon ou un service dans un hôpital.

Consultation médicale : Entretien qu'un prestataire de soins a avec son patient afin de diagnostiquer son mal.

Patient « orphelin » ou sans « tuteur » : Qualificatif que nous avons donné aux patients sans gardes-malades.

Tâcleurs : Personnes prostrées à l'entrée de l'hôpital Laquintinie avec pour but de détourner les malades vers des pharmacies privées avec lesquelles elles sont en collaboration.

Ausculter : Examiner le malade.

DES DIFFICULTES RENCONTREES

Les obstacles sur lesquels nous avons butés sont de deux ordres. Les premiers ont trait aux ouvrages que nous avons lus alors que les seconds ont trait à la disponibilité de nos informateurs pendant les consultations médicales.

Certains documents consultés certes, traitent des problèmes de santé, mais ne portent pas uniquement sur une analyse profonde de la relation personnel médical/patients dans les structures sanitaires. Bien plus, les ouvrages se rapportant à la relation thérapeutique entre patients et traitants à l'HLD et à l'AC ne sont pas encore disponibles. En outre, le secteur médical camerounais n'a pas encore fait l'objet d'une large analyse scientifique de la part des spécialistes des sciences humaines. Ce qui fait que les données secondaires se rapportant à ce secteur sont congrues.

En conséquence, l'accès aux informations relevant de telles études est bien difficile. Néanmoins, nous nous sommes contentés des lectures faites par les spécialistes occidentaux et quelques uns d'Afrique.

Au surplus, la consultation médicale étant une affaire sécrète, il nous a été difficile d'assister aux séances de parturition (accouchement) des femmes ou d'assister aux consultations se tenant entre le gynécologue et son patient. C'est la même situation avec les autres consultations. Interroger un malade n'est pas chose aisée parce qu'il est souffrant et qu'il est difficile pour lui de faire preuve d'objectivité.

Les enquêtes nocturnes nous ont été proscrites. A l'AC, nous n'avons presque pas eu des difficultés pour recueillir les informations et faire nos investigations. Toutefois, nous avons aussi buté sur la confidentialité des informations.

En dépit de ces difficultés, nous avons réussi à recueillir bien des informations qui nous ont permis de réaliser notre travail structuré en deux parties subdivisées chacune en deux chapitres. La première partie porte sur la médecine conventionnelle et la médecine tradi-naturelle dans la couverture sanitaire à Douala. La seconde partie, quant à elle, se penche sur les places du social, de l `économique et de la relation thérapeutique entre soignants et malades dans les deux formes de médecine à Douala. Cette deuxième partie est talonnée par une approche évaluative de la politique sanitaire en vigueur au Cameroun et de la conclusion générale.

PREMIERE PARTIE :

DE LA MEDECINE CONVENTIONNELLE ET DE LA MEDECINE TRADINATURELLE DANS LA COUVERTURE SANITAIRE A DOUALA

INTRODUCTION

Dans cette partie, l'on retrouvera les médecines dans lesquelles nous avons étudié la relation patients /traitants dans la ville de Douala. Cette dernière renferme plusieurs formations médicales tant publiques que privées. A cela s'ajoutent les centres de santé intégrés, les cabinets médicaux privés, les cliniques, les hôpitaux confessionnels et les tradipraticiens. La couverture sanitaire est, dès lors, variée et multiforme dans cette ville. Le malade n'a qu'à choisir le type de médecine et la structure médicale qui lui conviennent le mieux afin de se rétablir promptement. Nous avons porté notre attention sur l'hôpital Laquintinie et sur l'African clinic pour étudier les relations patients/traitants en vue d'identifier les dissemblances et les ressemblances tant dans la médecine conventionnelle que dans la médecine naturelle. Les chapitres qui suivent s'attardent tour à tour sur le personnel soignant et les patients aussi bien à l'HLD qu'à l'AC.

« Aider un malade à guérir, ce n'est donc pas seulement le mettre à l'hôpital, lui donner sa potion, lui faire des piqûres ou lui administrer des hormones ou des vitamines. C'est surtout l'aider à résoudre ses problèmes intérieurs en lui garantissant une bonne prise en charge psychosociale. »

Maurice TIECHE (op. cit.)

CARTE DE L'HOPITAL LAQUINTINIE DE DOUALA

CHAPITRE I

CHAPITRE : 1

LES ACTEURS EN PRESENCE A L'HOPITAL

LAQUINTINIE DE DOUALA

Introduction :

L'hôpital Laquintinie de Douala est une formation médicale de référence qui accueille un nombre important d'usagers soit un chiffre de 10.000 consultations médicales par jour (cf. annuaire de l'HLD, 2000). Sa position stratégique dans la capitale provinciale du littoral favorise cette forte demande en soins de santé. Aussi, remarque-t-on que la population morbide a toujours tendance à solliciter ses services. Cela a pour conséquence positive la mobilisation d'un personnel soignant face à une demande médicale importante et pour conséquence négative, une demande en prestations sanitaires supérieure à l'offre. La structure abrite non seulement un personnel diversifié, mais également elle accueille des patients « externe et interne ».

Les patients « externes » sont ceux- là venus uniquement en consultation et qui, après celles-ci, retournent chez eux. A l'inverse, les patients « internes » encore appelés les « internés » ou « hospitalisés » sont ceux -là qui doivent séjourner à l'hôpital pour être suivis de près par le personnel soignant (FAINZANG S., op. cit.).

I- Le personnel en activité à l'hôpital Laquintinie de Douala

Le personnel en activité dans cet hôpital est constitué du personnel administratif, du personnel soignant et du personnel d'appui. Chaque catégorie socioprofessionnelle remplit une fonction bien précise afin de diligenter l'accès aux soins et le bon fonctionnement de l'hôpital. Une insuffisance ou un dysfonctionnement pouvant entraîner inévitablement une incidence sur le climat hospitalier. ROUGEMONT A. (1992).

1- 1- 1-Le personnel administratif

Ce personnel veille à l'application de la politique sanitaire telle qu'élaborée par le ministère de la santé publique. C'est à lui de veiller mieux de mettre en oeuvre toutes les orientations édictées par la tutelle afin que cet hôpital soit performant et offre des prestations sanitaires de qualité. Comme personnel administratif nous avons le directeur de cet hôpital, les membres du comité de gestion, les surveillants généraux des différents pavillons, les chefs de services de chacune des spécialités médicales et les majors encore appelés coordinateur d'activité de soins dans chaque pavillon. Les comptables matières et autres responsables de l'hygiène hospitalière n'étant pas en reste.

Ce personnel est une courroie entre le ministère de la santé publique et le personnel soignant. C'est à lui que revient la responsabilité de faire appliquer la stratégie sectorielle de la santé publique (SSSP) dans cet hôpital. En outre, le personnel administratif de cette structure médicale est composé d'administrateurs civils, d'administrateurs de santé et de spécialistes en médecine. Il lui est demander de réduire de un tiers au moins (1/3) la charge morbide globale et la mortalité des groupes vulnérables, en mettant à moins d'une heure et pour 90% de la population, une formation sanitaire délivrant le paquet minimum d `activité (PMA). Ce dernier est synonyme du minimum incompressible des activités à la fois curatives, préventives et promotionnelles qui doivent être exécutées dans chaque aire de santé. C'est à lui de promouvoir l'équité dans l'accès aux soins. Cette équité viserait à garantir l'accessibilité des plus pauvres aux soins de qualité (cf. Annuaire statistique du Cameroun, 2004). Tâche qui, du reste, est aussi dévolue au personnel soignant de cette structure sanitaire.

2-Le personnel soignant à l'hôpital Laquintinie

L'hôpital Laquintinie de Douala présente à ses usagers deux catégories socioprofessionnelles en matière de santé. Nous avons le personnel médical essentiellement constitué de médecins spécialistes tout autant que généralistes. En 2000 cet hôpital comptait 64 médecins dont 36 spécialistes et 28 généralistes.

i. le personnel médical

Les médecins spécialistes sont ceux- là qui ont suivi une formation spécialisante dans une branche précise de la médecine (CELERIER I., 1995). Ce peut être en cardiologie, en neurologie, en oncologie et en dermatologie. Ils se démarquent des médecins généralistes en ceci que ceux-ci ont suivi une formation médicale somme toute générale et non spécialisante. Les médecins sont plus en contact avec les malades que lors des consultations, de l'auscultation et des rondes médicales. C'est le personnel paramédical qui est plus au contact des patients (BEISECKER, 1990).

ii. le personnel paramédical

Ce personnel est le garant de la para médecine. C'est à lui de s'occuper de tout ce qui tourne autour de la médecine. C'est ici que se retrouvent les infirmiers, les techniciens médico-sanitaires, les techniciens supérieurs, les sages femmes, les infirmiers principaux, les infirmiers diplômés d'état, les contractuels et les temporaires. La particularité de ce personnel est qu'il est plus au contact des patients que ne l'est le personnel médical. Très souvent le personnel paramédical accueille les malades, les reçoit, les oriente. Il suit également l'évolution de leur état sanitaire, veille à l'application des directives données par le médecin et prend les paramètres sur le patient. Les paramètres renvoient à la prise du pouls, de la température et des signes pouvant plus tard aider le médecin à poser un diagnostic efficace. En clair, le personnel paramédical est le relais entre le patient et le médecin. D'après l'annuaire de cet hôpital, l'on compte un peu plus de 113 aide-soignants. Le personnel paramédical dans son ensemble avoisine le nombre de 400 personnes.

Le malade qui se rend dans cet hôpital voudrait bénéficier de l'expertise médicale de ces différentes mais complémentaires catégories socioprofessionnelles. D'où il est bien souvent obligé de se retrouver en situation de face à face avec chacune d'elle (GOFFMAN E. , 1968). Il en résulte des inter influences, des relations et des rapports que nous avons étudiés.

3- Le personnel d'appui

Le personnel d'appui vient aider le personnel administratif et le personnel soignant dans leurs tâches respectives. Ce personnel s'occupe des questions liées à la salubrité et à la maintenance des équipements hospitaliers. On y retrouve les main tenanciers, les informaticiens, le service de nettoyage des bâtiments et des pavillons, le SAMU, les brancardiers, la police, les agents de sécurité et de gardiennage. Ce personnel apporte une large contribution au bon fonctionnement de l'hôpital Laquintinie. Le visage reluisant que cette institution médicale affiche ces dernières années n'est autre chose que le fruit du dur labeur du personnel d'entretien. On comprend pourquoi un de nos informateurs, patient dans cet hôpital, affirme : « cet hôpital est devenu semblable à un hôpital privé. Il est propre et le cadre hospitalier est de plus en plus salubre. Chaque jour le personnel d'entretien passe deux fois pour nettoyer notre chambre d'hospitalisation. Ce qui n'était pas le cas il y a quelques années. » (Entretien réalisé avec le nommé POUM Noé le 05-12-06 dans sa chambre d'hospitalisation de l'HLD)

La suite de l'entretien nous a fait croire que ce monsieur était visiblement du travail abattu par le service d'hygiène de cet hôpital. Les efforts que ce dernier fournit participent du bien -être de tous les usagers de cette formation médicale en général et des patients en particulier.

II- Les patients à l'hôpital Laquintinie de Douala

De part sa position géographique dans la ville de Douala, l'HLD accueille un nombre considérable de malades (HOURS B., op. cit.).Pour pouvoir satisfaire la demande en prestations sanitaires, l'on y trouve deux types de consultations. Les consultations externes -qui relèvent des services externes -, et les consultations internes qui, elles, relèvent des services internes.

Les services externes renvoient aux bâtiments des urgences et aux consultations qui s'y font (Cf. plan de l'HLD).Ces services aident à résorber le problème de la demande « médicale extérieure ».A contrario, les services internes s'intéressent davantage aux patients hospitalisés qu'aux patients externes (NCHINDA T. , op. cit.)

1-Les malades venus uniquement pour la consultation ou les « externes »

Les externes sont rencontrés au pavillon des urgences .Il y en a qui vont à l'étage et ceux qui sont dans un état critique sont affectés aux soins intensifs qui se trouvent aux rez-de-chaussée du même bâtiment. Tous les accidentés, les malades chroniques qui arrivent dans cet hôpital sont directement conduits dans ce service. Le bâtiment s'apparente à un micro-hôpital ou à un hôpital miniaturisé. Le nouvel arrivant malade , en principe, ne doit pas consulter à l'intérieur de la grande structure médicale. Le pavillon des urgences offre des prestations diversifiées à l'image des prestations offertes à l'intérieur.

En consultations externes, les patients sollicitent les traitants selon chacune de leurs affections. Ainsi, nous en avons rencontré qui voulaient consulter le gynécologue, certains le dermatologue et d'autres le médecin généraliste. La diversification des spécialités médicales participe du souci de soigner toutes les affections des patients qui les sollicitent (AUGE M. et HERZLICH Cl., 1984).Dès lors, nous comprenons pourquoi le coordinateur de soins des consultations externes, Monsieur BASSAMA Paul, affirme : 

 Les services externes sont organisés tel que toutes les maladies peuvent y être soignées .Il suffit simplement que le patient soit au contact du médecin spécialisé dans le traitement de sa maladie .En fait ,notre service fonctionne comme un petit hôpital. C'est lorsque le cas du patient nécessite un internement qu'il est admis à l'intérieur de l'hôpital. (Entretien réalisé le 20-10-06 à l'HLD).

Le nombre de patients qui sollicitent les soins aux urgences varie en fonction des jours .En conséquence, il est des jours où en consultation externe notamment chez le médecin généraliste ou chez l'infirmier principal, ils enregistrent de 200 à 300 consultations. A l'accueil du service des urgences, il est des jours où ils reçoivent de 10 à 50 accidentés ou des cas de maladies délicates. Les jours où il y a affluence sont le Lundi et le Vendredi. Et M. BASSAMA de dire : « A la veille de ces deux jours, je me prépare en conséquence ».

D'après nos observations, au courant de la journée les patients affluent dans ces services entre 7h30 et 14h30 pour espérer être soignés avant que le personnel ne « déserte » les lieux. (DIAKITE T., op. cit.). En clair dans la matinée, cet hôpital en général et son service des urgences en particulier, sont fortement sollicités .Dans l'après-midi par contre, le nombre de patients qui sollicitent ce service baisse considérablement. Ceci parce que les patients estiment qu'il n'est pas aisé de rencontrer le personnel à cette heure de la journée (MEYER P., op. cit.).

En outre, ils disent qu'à cette heure, bien des médecins de l'HLD exercent dans leurs cabinets privés de santé. Le personnel soignant quant à lui pense qu'il est difficile pour les malades d'aller à l'hôpital sous le soleil ou sous la pluie. D'où ils préfèrent consulter en grand nombre dans la matinée où très souvent le plus gros du staff médical est présent (HOURS B., op. cit.).En plus dans la matinée, le climat est relativement doux.

Par ailleurs, ce qui frappe l'observateur dans ce service, c'est que dans la matinée, l'affluence est telle que l'on ne peut pas facilement se mouvoir le long du couloir de ce bâtiment. Hommes, femmes, enfants et personnel soignant y vont et viennent avec pour objectif la quête de la santé, mieux la guérison (FAINZANG S., op. cit.). Aussi remarque-t- on que les salles de pré attente sont toujours pleines. Dans ces salles, le patient et son garde-malade peuvent se divertir en regardant la télévision en même temps qu'ils attendent leur tour de consultation.

2-Les patients hospitalisés ou internés à l'HLD

L'HLD a une capacité d'accueil en terme du nombre de lits disponibles dans tous les services, 707 lits qui sont pour la plupart occupés par les patients. Cet hôpital, selon les informations à nous données par le chef du personnel dans cette structure en la personne de madame DOGMO Jeanne ; accueille plus de 16000 patients par an. C'est le lieu ici de signaler que les patients sont tous ceux -là qui bénéficient des soins à l'intérieur de la formation médicale dans ce service précis. Les internes ou les hospitalisés ont la particularité de séjourner à l'intérieur de la structure médicale, accompagné d'au moins un proche parent - qui généralement joue le rôle de garde malade - .

En plus, le malade interné nécessite des soins particuliers et une attention particulière de manière à pouvoir bénéficier d'un diagnostic efficient lui permettant de guérir rapidement de sa maladie. Lorsqu'on en vient à l'interner, c'est que son état est, soit critique, soit délicat et incompréhensible pour le médecin (COX C. et MEAD M., 1975). Au pavillon de la médecine par exemple, nos enquêtes nous ont montré que les patients hospitalisés sont dans un état de morbidité avancée qui exige une proximité étroite entre eux et le personnel soignant (RETEL L., op. cit.).

Bien plus, les services internes que nous avons visités lors de nos investigations , sont la maternité, le petit-payant et la médecine. L'on y trouve un nombre important de malades hospitalisés. Cela nous a permis de comprendre que la relation patients/traitants est dense ou superficielle en fonction du type d'affection dont est victime le malade (FAINZANG S., op. cit.). Il est des cas de maladies qui exigent une attention particulière de la part du personnel soignant. C'est le cas d'un malade atteint d'une gangrène ou victime d `un accident grave ou encore souffrant du SIDA (NJIKAM Margaret, 1998). Il lui faut des soins intensifs afin de le maintenir en vie. Par contre, un malade dont la vie n'est pas en danger peut suivre des prestations normales. D'où il faudrait adopter le point de vue de la nommée BOUELET ABENG, médecin au service des urgences de l'HLD : « Toute personne admise à l'hôpital et dont l'état de santé est critique a besoin d'une attention particulière du personnel soignant. Il y va de sa vie surtout si elle ne bénéficie pas d'une expertise médicale appropriée » (entretien du 14 janvier 2007). C'est dire que le patient interné est plus vulnérable que le patient se trouvant dans les services externes. C'est à juste titre que DEVEUGELE M., DERESE A., DE MAESENEER font bien de titré leur article « Is general practicioners - patients communication related to their perceptions of illness severity, coping and social support ? » (op. cit., p.1). Selon eux, le degré de communication entre le patient et son traitant est fonction de l'état de morbidité du patient.

Au surplus, l'observation des comportements du personnel soignant d'une part et ceux des patients d'autre part, nous a révélé que le personnel soignant est plus en rapport avec les patients internés qu'avec les patients externes. Plus le patient séjourne à l'hôpital, plus il est au contact du personnel soignant et plus ses contacts sont révélateurs et évocateurs d'un certain nombre de pratiques humanisantes et/ou déshumanisantes selon qu'il est pétri ou non de la conscience professionnelle (CELERIER I. op. cit.). C'est pourquoi nous avons mis un accent notable sur les rapports entre patients internés et personnel soignant. Cependant, cela n'est pas une négation ou un refus de notre part de scruter les rapports entre les patients externes et le personnel traitant. Ces rapports ont fait l'objet d'une étude minutieuse.

Par ailleurs, dans les différents contacts existant entre le personnel soignant et les malades, il est une catégorie de personnes qui viennent les faciliter. Il s'agit des gardes- malades.

3. De la présence des gardes- malades à l'HLD

S'il est une remarque que l'observateur occidental puisse faire quand il étudie les hôpitaux africains en général, ceux du Cameroun en particulier, c'est celle ayant trait à la présence aux côtés du patient, de proches parents qui l'aident et veillent sur lui pendant tout son séjour à l'hôpital. En Occident, les gardes- malades sont une catégorie socioprofessionnelle. C'est dire qu'ils sont recrutés par le ministère en charge des questions sanitaires et médicales en tant que personnel à part entière de la santé publique (CARRICABURU D. et MENORET M., op. cit.). Leur devoir est de s'occuper du patient pendant son séjour à l'hôpital surtout quand il y est interné. C'est du moins ce que révèlent FASSIN D. et JAFFRE Y. (op. cit.). En Afrique par contre, et notamment au Cameroun, les gardes- malades sont généralement les proches du patient. Ce sont soit ses parents, soit ses frères, soit ses amis et/ou ses connaissances.

Les gardes- malades viennent pallier le déficit en personnel médical de nos hôpitaux. Etant donné que l'Etat ne peut pas recruter des gardes- malades qui devront laver, nettoyer les effets du patient, l'écouter, lui donner à manger, créer des liens avec lui, liens qui doivent l'aider à avoir un moral haut, rien de mieux que les proches parents ou amis pour pouvoir jouer ce rôle.

Dès lors, l'on comprend pourquoi quand on visite les pavillons de ces hôpitaux, on rencontre des patients toujours accompagnés des leurs. Ces derniers sont le relais entre eux et le personnel soignant au point où on peut affirmer sans ambages que le patient qui se rend dans un hôpital africain sans être accompagné des siens alors qu'il est dans un état critique, rencontrera bien des difficultés pour accéder aux soins (DIAKITE T., op. cit.).

A l'HLD ou du moins dans les pavillons que nous avons visités, il nous a été donné des remarquer que huit patients sur dix étaient accompagnés des leurs proches parents ou amis. Dans les salles d'hospitalisation du service de la médecine par exemple, les gardes- malades rencontrés pour la plupart disaient connaître les malades pour lesquels ils étaient là. C'est le cas d'Alain qui dit :

Mon petit frère a été victime d'un accident de voiture qui l'a gravement blessé. Si je ne venais pas le garder ou quelqu'un d'autre de la famille, il serait certainement mort. Le médecin a dit que je dois l'essuyer au moins cinq fois par jour à cause de la chaleur. Si non, ses blessures vont dégager une mauvaise odeur. Je ne vois pas quelqu'un d'autre pouvant accepter un travail et un sacrifice de ce genre si ce n'est pas un membre de ta famille ou si n'est pas ta personne. (Entretien du 10 janvier 2007).

Un témoignage identique nous est fait par madame ABENA Célestine, garde- malade de son époux :

 Mon mari a une blessure qu'il porte depuis un an. Il faut beaucoup de patience pour supporter ses caprices et ce que le médecin veut qu'on fasse pour lui. En plus, beaucoup d'eau sort de sa blessure. Je crois que ce n'est que moi qui peux supporter ce genre de chose parce que c'est mon mari. Je dois le laver, nettoyer ses vêtements. Tantôt il veut manger ceci, tantôt il veut manger cela. Ce n'est pas facile. A la maison, les enfants sont seuls. C'est ma voisine qui les aide à faire la cuisine. Il faut également acheter les médicaments et aller toujours appeler le major ou l'infirmier quand il fait une crise. Ce n'est pas facile, mais je supporte. (Entretien du 12 décembre 2006).

L'état de morbidité fait donc que le garde- malade doit être des plus patients, disponible et éveillé. Ces attributs viennent alors faciliter l'accès auprès du personnel soignant des pavillons.

Le garde- malade joue un rôle très important voire indispensable dans la relation que son malade entretient avec le traitant. Sans lui, il serait difficile pour le patient - surtout dans une auguste formation sanitaire comme l'HLD - de se retrouver ou de se repérer. A cela, s'adjoint la douleur qui, très souvent, le terrasse. Le garde- malade vient alors lui permettre de ne pas avoir de soucis supplémentaires susceptibles d'aggraver sa maladie.

Les gardes- malades qui viennent faire consulter leurs patients dans les services externes vont d'abord acheter un carnet médical au guichet ensuite, il se dirige au service de consultation externe situé au dessus des urgences où ils feront prendre des paramètres (pouls, température, tension, informations paramédicales et para symptomatiques). Enfin, il faut attendre l'appel de son nom, lequel donne accès auprès du médecin. L'attente de l'entrevue avec le médecin semble être une étape éprouvante. C'est ici que le garde- malade doit faire preuve de patience parce que le médecin est fortement sollicité par les autres patients. Le garde- malade, s'il n'est pas téméraire, risquerait de perdre patience. A cela s'ajoutent bien souvent les gestes douloureux et pathétiques qui n'hésitent pas à vous arracher les larmes.

Après la consultation, les consignes sont données aux gardes- malades par le médecin ou l'infirmier lui signifiant la conduite à tenir par le malade. Il s'agit de la posologie des médicaments, de l'explication de l'ordonnance. Dans le cas où le patient n'est pas à même de prendre acte toutes les recommandations à lui données, c'est à lui que le personnel soignant explique la posologie (BLANCHARD G., op. cit.). La posologie se rapporte à la fréquence avec laquelle le malade doit prendre un médicament précis.

En suite à cela, le garde-malade et son malade prennent congés du médecin, lequel, s'il le juge indispensable, donne un autre rendez-vous au patient. Dès lors, ils iront acheter les médicaments prescrits sur l'ordonnance soit à la pharmacie de l'HLD ou dans une pharmacie que leur aura indiquée le médecin. L'on imagine très certainement qu'à la maison, le garde- malade continuera de veiller sur son patient. C'est pourquoi madame ONANA Aline, mère d'enfants, affirme : « Quand je viens à l'hôpital, je dois être éveillée. Je dois aussi suivre les ordres que me donne le pédiatre par rapport à l'enfant. Même à la maison, je le fais » (entretien du 16 novembre 2006 à l'HLD). Une autre dame rencontrée dans le même service déclare : 

« Prendre soin de nos petits enfants ne s'arrête pas ici. Cela continue à la maison où c'est plus difficile à cause des autres travaux qu'on doit accomplir. Ici à l'hôpital, nous expliquons au médecin, les symptômes de la maladie de l'enfant. A la maison, nous sommes des mères et des épouses qui doivent s'occuper du foyer. Ma présence ici est indispensable pour pouvoir identifier la maladie qui dérange mon enfant » (entretien du 16 novembre 2006).

C'est sensiblement le même discours que nous ont tenu tous ceux et toutes celles qui accompagnent les malades aux consultations externes. Tout cela ne vient que confirmer le rôle prépondérant des gardes-malades dans les relations qui existent entre le patient et son traitant. C'est en tout cas ce que pensent WERNER D. (op. cit.) et SPEEDING E. (op. cit.) respectivement dans leurs ouvrage et article respectifs. C'est le lieu de nous plonger dans l'univers des différents pavillons de l'HLD.

III. Patients et soignants dans les pavillons de l'HLD

1- Dans les services externes

Il s'agit des urgences et du pavillon de la consultation externe. Les urgences par exemple sont un service qui est toujours en alerte et où le personnel doit être sur le qui vive du fait de l'arrivée massive des malades et des accidentés. Les urgences de cet hôpital ont connu une amélioration dans la qualité du service avec l'arrivée du docteur NTONE NTONE Fritz. Lequel a redoré le blason de cette institution médicale. D'ailleurs , à l'observation ,l'on remarque une nette différence entre le visage que présente cet hôpital aujourd'hui et celui que nous dépeignent HOURS B.(op. cit.) et DE ROSNY E.(op. cit.).Ces derniers en font une peinture marquée par le laxisme, l'insalubrité des lieux, la mauvaise gestion des déchets de l'hôpital, etc. Aujourd'hui, des efforts sont faits pour que cet hôpital nous présente un visage attrayant. Aussi avons-nous remarqué que dans cet hôpital en général et aux urgences en particulier, les locaux sont plutôt propres.

La qualité de l'accueil, de mauvaise qu'elle était à l'époque où écrivaient DE ROSNY et HOURS B., est passée à passable parce qu'elle a connu des améliorations notables .Le personnel des urgences nous a montré des preuves d'attention et de dévouement envers les patients pendant nos investigations. Les patients, dès leur arrivée, sont mis au soin du personnel y afférent. Les urgences sont dotées de brancardiers, d'une ambulance et bénéficient de l'appui du SAMU. Ce qui fait que quand un patient leur est amené, il est sensé être pris en charge par ce service en fonction du paquet minimum d'activité. Il s'agit de l'ensemble des soins dont toute personne gravement malade lorsqu'elle se rend à l' HLD, doit bénéficier en attendant qu'elle ou ses proches parents puissent les payer. Mais le problème se pose toujours au niveau des moyens financiers. D'ailleurs c'est ce que confirme le major de ce pavillon : 

 La gestion des cas urgents est difficile dans la mesure où nous ne pouvons pas aller au -delà de nos moyens qui, déjà, sont congrus. Le personnel est disponible .Mais ce n'est pas à lui de supporter les frais des prestations sanitaires des cas urgents qu'on nous amène .Parfois même, nous le faisons .Si vous étiez venus hier, vous auriez vu la collecte à main levée que nous avons initiée pour pouvoir sauver la vie d'un patient grièvement blessé. Nous recevons toujours des cas pathétiques au point où dès qu'il y a problème, on nous indexe du doigt comme étant les premiers responsables.  (Entretien du 25-01-07 avec M. MANGA Simon, major du service des urgences de l'HLD).

Son collègue du même service, le médecin chef NJOCK Raphaël, partage son point de vue quand il déclare : 

 Ce qui peut constituer un problème majeur dans la relation qui nous lie aux cas urgents, c'est le problème des moyens financiers .Plusieurs patients pensent que le simple fait d'être admis dans un l'hôpital public, leur donne tous les droits du monde et les dispense des frais médicaux. Cependant, ils oublient que ces droits sont payants étant donné que l'hôpital n'est pas un lieu de sacerdoce. Bien au contraire, les frais des prestations permettent d'assurer son bon fonctionnement. Il y a des jours où nous recevons 30 à 40 cas urgents. Ce n'est pas toujours facile.  (Entretien du 25-01-07 à l'HLD).

La particularité de la relation patient/traitant au niveau des urgences est que le malade qui est dans un état critique, ne peut pas objecter, accepter ou informer le traitant .Ce dernier pose le diagnostic avec l'aide de ceux qui l'ont amené jusqu'à lui et à partir des paramètres et symptômes qu'il a identifiés au préalable. Si le patient n'a pas de moyens financiers et que les salles de soins des urgences sont pleines, il est mis au couloir à même le sol en attendant qu'on lui trouve un lit libre là aux urgences ou dans un pavillon indiqué à l'intérieur de l'hôpital. Pour le visiteur qui passe par là, il est fort probable qu'aille jusqu'à croire que le personnel est négligeant alors que c'est un problème de disponibilité de chambre (HARDON A. et al, 1995).

Des personnes interviewées nous ont révélées que cet hôpital était appelé, il y a de cela quelques années, « hôpital aide-moi à mourir ».Ceci parce que le personnel soignant y était laxiste, irresponsable et in humaniste. (HOURS B., op. cit.). Cependant, les analyses nous permettent de dire que les responsabilités sont partagées. Le personnel soignant y a sa part, les personnes qui mènent les malades à l'hôpital ont les leurs et le système sanitaire en les siennes. DIAKITE T. fait, dès lors, la remarque suivante : « Nombre d'hôpitaux publics africains sont de hauts lieux d'inhumanisme du fait de lacunes notoires relevées dans les politiques de santé publique. » (op. cit.p72).

Le service de la consultation externe permet aux externes ou aux non hospitalisés de consulter sans perturber le fonctionnement des services internes. Malgré cela il est des malades qui consultent à l'intérieur de l'hôpital parce que le service sollicité n'est pas représenté au pavillon des consultations externes. En fait, ce pavillon fonctionne comme un service de triage. Les cas les plus sérieux sont admis à l'hôpital alors que les malades donc l'état de santé ne nécessite pas l'internement sont gérés au service externe.

Le premier contact du malade avec le traitant dans ce pavillon au service divers se situe au niveau de l'accueil. Ce dernier est fait par les hôtesses et davantage par les infirmières et aides- soignantes. Les patients, après avoir déposé leurs carnets médicaux à l'entrée du bureau des paramètres, doivent patienter et attendre qu'on les appelle. S'il y a affluence, l'attente sera longue. Si au contraire il n'y a pas affluence, leur attente sera de courte durée.

Quant bien même le traitant est là, il faut toujours attendre. L'attente apparaît dès lors comme une condition sine qua non pour qui veut suivre le processus normal de la démarche sanitaire dans ce pavillon. En plus, chaque médecin établit une liste de ses patients. Cette liste est soigneusement gardée au bureau de la documentation de manière à ce que lorsque le même patient reviendra, il soit exempté d'un certains nombre de conditionnalité notamment, de l'achat d'un autre carnet médical ou de la consultation d'un médecin autre que celui qui l'avait ausculté précédemment. L'objectif poursuivi ici est de créer une relation étroite entre le malade et son traitant, afin que le malade puisse se confier totalement à lui.

Bien plus, après l'accueil et l'attente - qui généralement varie de nature en fonction de l'humeur du personnel soignant et même de celui du malade - , le patient est admis à consulter le médecin. Tout d'abord, il entre dans le bureau et le médecin lui présente une chaise sur laquelle il s'asseoir. Le médecin lui demande ce qui ne va pas. Les douleurs qu'il ressent, la date du début des douleurs et leurs manifestations. L'entretien entre les deux peut mettre 8 à 10 minutes. Lorsque le médecin ne parvient pas à poser un diagnostic immédiatement, l'entretien mieux la consultation met plus long. (HARDON Anita et al, op. cit.). Mais s'il l'ausculte rapidement et identifie la maladie, la consultation sera de courte durée. De toutes les consultations auxquelles nous avons assisté dans le service de la pédiatrie, la plupart était interactive ou du moins participative. Le médecin posait des questions auxquelles répondait la mère de l'enfant malade ou le patient.

Le problème s'est posé au niveau de la consultation des personnes adultes néanmoins nous les interviewions à la sortie des consultations. La consultation étant une affaire secrète et confidentielle qui ne regarde que le malade et son médecin traitant (FAINZANG S., op. cit.). C'est la raison pour laquelle il a été impossible que nous assistions aux entretiens entre le gynécologue et son patient. Nous avons tout de même initié les interviews et les entretiens à la sortie de chaque consultation ayant eu lieu dans le bureau dudit gynécologue.

En consultation externe, le point de densité de la relation entre le patient et son traitant se situe à l'accueil et pendant la consultation. Les patents pensent que le personnel paramédical est « dur » (difficile), alors les médecins sont relativement compréhensifs. Ceci tient au fait que le personnel paramédical est plus au contact des malades que ne l'est le personnel médical. Il semble que plus ils se côtoient, plus ils se découvrent les uns aux autres. (GREENLEEF R. 1988). En plus, le personnel paramédical est toujours sollicité alors que le médecin, lui, ne voit le patient que pendant la durée de la consultation.

En définitive, nos observations nous ont amené à relever que l'accueil du patient peut être soit froid (inhospitalier), soit chaleureux (hospitalier). La nature de l'accueil réservé aux patients aura, dès lors, un impact non seulement sur la représentation que le patient se fait de l'hôpital et de son personnel soignant, mais également sur la relation qu'il entretient avec le même personnel soignant. L'analyse des consultations quant à elle montre que la consultation est soit participative, soit unilatérale, soit interactive. C'est à partir de cet accueil et de ces consultations que chaque patient alimente des discours et des débats ayant trait à l'accès aux soins à l'HLD et/ou tout autre structure médicale (HOURS B. op. cit.).

2- Des services internes de santé à l'HLD

a- La pédiatrie et la maternité

La pédiatrie est cette branche de la médecine qui s'occupe des affections infantiles. Bien qu'ayant une spécialité au pavillon de la consultation externe, la pédiatrie est plus vaste et a deux pavillons à l'intérieur de l'hôpital. La pédiatrie de la consultation externe n'est que la porte d'entrée qui donne lieu a un service pédiatrique plus étendue où sont internés tous les enfants malades. Ici, le rôle de la mère est capital dans la relation que le traitant entretient avec son patient. Les enfants, généralement les bébés de bas ages, qui ne peuvent pas s'exprimer pour dire aux médecins leurs maux, ont tendance à le faire néanmoins à leurs mères. Lesquelles les transmettent aux médecins ou au personnel soignant.

La relation patient /traitant met en exergue deux types de relations. La relation normale qui est faite du respect mutuel, de patience, d'écoute, d'attention et même de pitié. La relation difficile où rugueuse est entachée de plusieurs lacunes allant du manque de conscience professionnelle à l'irresponsabilité médicale. Nous avons observé ces deux types de relations dans ce pavillon. Pour ce qui d'un exemple de relation normale entre le patient et son traitant voici quelques cas de figure que nous avons relevés parmi tant d'autres observés.

Certaines infirmières de ce pavillon nous ont montré un attachement sincère envers des mères dont les enfants étaient gravement malades. Aussi, les avons-nous vu respectant toujours les heures des rondes médicales tant diurnes que nocturnes, la prononciation de mots encourageants et le soutien moral à l'endroit des patients.  « Bonjour Madame est-ce que l'enfant a bien dormi, de toute façon ça va aller » et au bébé, « alors mon grand est-ce que ça va ? Il faut vite guérir ». Des mots d'exhortation sont nombreux. Ceux-ci participent de l'entretien du bon moral, de l'espoir, et du soutien accordé aux malades. Ces mots qui sont apparemment banals le sont moins pour le malade et celui qui le garde (SPEEDING E. et ROSE D., op. cit.). Ce qu'il demande c'est comme nous le dit monsieur AYINDA : « [...] Que quand on arrive ici à l'hôpital, on nous traite comme les êtres humains. Ce n'est pas toujours l'argent qui fait problème. C'est je crois, le mauvais accueil qui est réservé aux malades. » (Entretien du 20-11-2006 au pavillon pédiatrique de l'HLD). Des efforts significatifs sont faits dans ce sens. Il fut une époque où les patients butaient beaucoup plus sur le problème de ce que le professeur DIAKITE appelle «  La mauvaise qualité des hommes » que sur les difficultés financières dans cet hôpital (op. cit.p100). Pendant cette époque en effet, il n'était donc pas « anormal » qu'un infirmier ou une infirmière voire un médecin rançonne, raquette, insulte ou manque de tenue envers un malade (DE ROSNY E. op. cit.) aujourd'hui par contre, nos observations nous permettent de dire qu'une bonne partie du personnel soignant de l'HLD est consciencieux même si on remarque çà et là des insuffisances notoires. A la question posée aux malades et aux gardes malades : « Etes-vous bien traités dans cette hôpital notamment dans ce pavillon ? » Les réponses ont été divergentes. Ainsi pour certaines mères, leurs enfants ont été bien traités alors que pour d'autres, il y a beaucoup de choses à redire et à revoir surtout au niveau de l'attitude des aides-soignants. Elles disent à ce propos :

  Il n y en a qui nous insultent parfois et sont impolies. Quand je suis arrivée avec mon enfant ici, il était très faible et moi j'étais inquiète mais l'infirmière qui lui a pris les paramètres m'a manqué de respect en me disant que si je ne lui obéissais pas je devais foutre le camp. Et que qu'est-ce qu'il y avait a venir déranger les gens. Elle m'a demandé où je me croyais. Je vous assure que si je n'aimais pas mon fils, je serais parti d'ici par amour propre. Moi je pense que le personnel soignant doit être doux, poli, accueillant et patient comme des prêtres et peut être plus qu'eux . (Entretien de groupe du 20-11-2006 au pavillon pédiatrique de l'HLD).

Et une autre mère d'enfant d'ajouter :

  C'est vrai que ce sont des hommes comme nous mais ils sont là pour nous servir et non pour nous maltraiter. Ils ont beaucoup de travail c'est vrai, leurs salaires ne sont pas proportionnés à leur travail, mais ils doivent apprendre les bonnes manières. Le sourire par exemple, ils doivent l'apprendre, moi j'ai remarqué qu'il ont toujours les visages renfrognés ,surtout quand on est un patient qui ne leur donne pas quelque chose. Ce qui donne à la plupart des pavillons de cet hôpital des allures de cimetière. C'est comme si on a un problème avec qu'eux. Pourtant, un personnel accueillant et jovial est tout ce qu'il y a de bien dans un hôpital. (Entretien du 27-11-06 à l'HLD).

Une chose est certaine, c'est que le personnel abat un travail immense. L'on sait que s'occuper des enfants est une tache pas toujours aisée. Il faut un certain renoncement pour pouvoir le faire. Cependant cela ne doit pas être une excuse pour laisser libre cours à toute attitude asociale envers les patients et les gardes- malades (FAINZANG S. op. cit.). De plus, il semble que certains infirmiers et aides- soignants mettent ceux des patients qui leur donnent des pourboires au petit soin. Ceux-là qui ne leur donnent pas des dessous de table sont délaissés, ou du moins, font l'objet d'une attention médicale superficielle. La maternité pour sa part des insuffisances analogues.

La maternité présente un autre visage, un visage identique à celui de la pédiatrie. C'est ici que les femmes enceintes viennent consulter, faire l'échographie et/ou accoucher. Elles sont, dès lors, au contact de sages-femmes et personnel soignant, les seconds s'occupent de l'évolution de la grossesse alors que les premières s'occupent de l'accouchement encore appelé en terme médical parturition.

L'un des faits marquants dans l'observation de la relation patient traitant au niveau de cette maternité est le traitement infligé aux femmes presque à terme de grossesse où en plein accouchement. Ces dernières sont parfois chosifiées, infantilisées, arnaquées et maltraitées par certaines sages-femmes. Lesquelles les injurient et portent très souvent atteinte à leur vie privée. Elles disent à ce sujet :

  Maintenant tu viens ici crier, pleurer et gémir. Quand tu faisais ça avec ton mari, est-ce que nous étions là, vous savez seulement déranger les gens. D'ailleurs on va voir comment tu vas souffrir ici aujourd'hui toute seule, vous aimez trop la vie facile pour faire souffrir les autres, tu vas souffrir seule avec ton enfant. Tu dois même me donner quelque chose, sinon on va voir comment tu vas accoucher ici. En tout cas, moi je ne travaille pas pour rien.  (Entretien du 28-11-06 à la maternité de l'HLD).

Conclusion

En conclusion, au sortir de ce chapitre qui s'appesantissait sur les acteurs en présence à l'HLD, l'on retiendra que nous avons d'un coté le personnel soignant et de l'autre les patients. Tous se côtoient dans l'immensité de cet hôpital et à l'intérieur de ses divers pavillons. Le personnel soignant est là pour traiter mieux soigner les patients alors que ceux-ci soupirent après la guérison. En plus, nous avons établi la typologie du personnel de cet hôpital. D'où nous avons le personnel administratif, le personnel médical et paramédical et le personnel d'appui. Les patients se regroupent en deux : les externes désignant tous ceux qui viennent uniquement dans cette structure pour consulter et après retourner chez eux. A l'opposé, les internes qui sont tous ces patients hospitalisés. Nous avons également vu comment les patients et le personnel se comportent dans les services tant externes qu'internes. Dès lors, il nous été donné de constaté que la relation entre patient et le traitant est moins dense dans les services externes que dans les services internes. Ceci parce que dans les services externes, le patient vient consulter et s'en va à la fin de la consultation. A contrario, dans les services internes, le patient est hospitalisé. Ce qui l'oblige à avoir plus d'un rapport avec les soignants. Ce qui met en exergue plus d'une entorse faite au code de la déontologie médicale et permet de voir le dévouement de certains médecins et infirmiers restés fidèles au serment d'Hippocrate.

Ce chapitre nous a plongé dans les réalités de nos hôpitaux publics en général et de l'HLD en particulier. Celui qui vient à sa suite portera sur l'ethnomédecine africaine au travers de l'African Clinic de Douala.

CHAPITRE 2 :

DE LA MEDECINE TRADINATURELLE AFRICAINE A DOUALA : CAS DE L'AFRICAN CLINIC

Introduction

La médecine naturelle peut être considérée comme la fille de la tradipratique. Cette médecine faite à base de plantes prend de l'ampleur dans la ville de Douala. Quand on sillonne les rues de cette ville, l'on rencontre sinon une clinique de la médecine traditionnelle, tout au moins une pharmacie qui s'y rapporte. Elles foisonnent et c'est la raison pour laquelle elles sont en contact avec une bonne partie de la population urbaine (HATTIER op. cit.). L'AFRICAN CLINIC est une structure qui fait dans la médecine traditionnelle et est située au quartier SIC CACAO juste en face de la société de chocolaterie dont le quartier a emprunté le nom. Née de l'action d'un groupe d'initiative commune à savoir PROPLAMETRAC, qui ambitionne de restaurer et de revaloriser le patrimoine thérapeutique naturel africain. L'AC est dirigée par le Docteur LOUMPIT TAJOUDINE Mohammed, ce dernier est non seulement praticien mais aussi chercheur dans la composition des produits médicamenteux faits à base de plantes.

I- Présentation de l'AFRICAN CLINIC et de son personnel.

1- Présentation physique

L'AC est une structure bien petite par rapport à l'HLD. La comparaison de ces deux institutions médicales fait penser à l'histoire biblique de David et Goliath. L'AC est composée de deux salles. La première est la salle d'accueil et la seconde tient office de pharmacie, de salle de consultation et de bureau dans lequel l'on retrouve un ordinateur et des ouvrages de phytothérapie.

Dès son accueil, l'usager ou le patient peuvent lire la liste des affections que le Docteur TAJOUDINE soigne. La modestie des lieux et leur exiguïté font croire que l'AC est encore à ses débuts. Néanmoins elle est fortement sollicitée. Il n'y a qu'à voir l'affluence qui y régnait et le nombre de patients qui voulaient rencontrer le praticien (DE ROSNY E. op. cit.)

Pendant que certains patients sont assis, d'autres par contre sont debout du fait d'un manque de sièges. Par ailleurs, le personnel de l'AC n'est pas aussi diversifié que celui des formations médicales conventionnelles.

2- De la présentation du personnel de l'AC

L'African Clinic est constituée du personnel soignant incarné en la personne du docteur TAJOUDINE. Ce dernier a fait ses études primaire et secondaire à l'Ouest Cameroun. Initié dès sa prime enfance à la médecine traditionnelle africaine par des proches parents, il nous rapporte avoir « aimé » cette forme de médecine à laquelle il a consacré le plus clair de son temps, une bonne partie de son intelligence et de sa dévouement. C'est la raison pour laquelle il a fait ses études supérieures en médecine naturelle au Togo, au Sénégal et au Mali. Pays où cette médecine est légalisée. Ici à Douala, il s'est entouré d'un certain nombre de chercheurs en médecine traditionnelle regroupés en GIC. Ces GIC s'emploient à développer la médecine naturelle au travers de recherches en laboratoire, de la création de pharmacies et de cliniques traditionnelles afin de résorber le problème de la morbidité dans la ville de Douala.

De plus, le Docteur TAJOUDINE a à ses cotés 2 hôtesses qui sont chargées d'accueillir les malades qui veulent bien le rencontrer. Ainsi, quand l'une d'elle est de service, l'autre est mise au repos. Si l'une d'elle travaille dans la matinée (de 8H à 13H), l'autre prend le relais dans l'après midi (13H-20H). Ces hôtesses s'apparentent à des aides- soignantes, à la seule différence qu'elles ne peuvent pas prescrire des ordonnances (quelles qu'elles soient), encore moins jouer le rôle que ceux-ci jouent dans les hôpitaux. Elles ne se limitent qu'à accueillir de façon digne, zélée et chaleureuse les malades de manière à leur redonner du courage. C'est ce qu'affirment respectivement nos deux hôtesses. Pour Estelle : « Quand le malade arrive ici je le reçois bien en lui donnant une place pour s'asseoir. Si le Docteur n'est pas occupé, je l'introduis immédiatement dans son bureau. » (Entretien du 15-05-07 dans les locaux de l'AC). C'est sensiblement le même discours que nous a tenu sa collègue Chimène : « J'aime bien recevoir les gens chez moi. En plus, c'est cela mon travail ici. Redonner l'espoir aux malades qui viennent voir le docta, c'est ça mon travail. Je me dis parfois que si je ne les accueille pas bien ils seront mal à l'aise et seront plus malades » (Entretien du 15-05-07 à l'AC).

3- Les catégories sociales et l'African Clinic

L'AC est sollicitée par presque toutes les couches sociales de la ville de Douala. Riches et pauvres s'y rencontrent. Mais ce sont davantage des personnes de conditions moyenne et modeste qu'on n'y rencontre. Les raisons de cet état des choses sont diverses et nous nous ferons un plaisir de les énumérer ultérieurement. L'A.C est sollicitée et presque toutes les couches sociales s'y retrouvent comme nous l'avons dit plus haut. Nous comprenons pourquoi DE ROSNY (1990 p60) parle de la « thérapie de la dernière chance ». En clair, il s'agit d'une médecine vers laquelle tous les usagers insatisfaits de la médecine conventionnelle se rabattent afin de guérir de leurs maladies. Ce que des auteurs, comme le Professeur LANTUM Daniel (op. cit.) qualifie de « come back to traditionnal medecine ». C'est dire qu'on assiste de la part des africains occidentalisés en général et des camerounais en particulier à un retour à cette forme de médecine. Ici l'on rencontre des jeunes filles, des jeunes hommes et des personnes âgées. Ce qui semble conforter l'appellation qu'on donne à cette forme de médecine à savoir la « médecine de tous »(HATTIER, op. cit.).

II- A la base des rapports entre le naturopathe et ses patients 

L'interaction entre le patient et son soignant dans la médecine naturelle est fondée sur un certain nombre de principes immuables qui dérivent des conditionnalités de la tradipratique. En effet, la médecine traditionnelle africaine comporte bien des exigences de la part du praticien. Ce dernier doit être compréhensif, patient et prompt à écouter les attentes et sollicitations de son patient (DE ROSNY E., op. cit.). Il est admis de presque tous les naturopathes que la relation médicale doit être bâtie sur le respect mutuel, la franchise, l écoute du patient et le respect du « code médical ».

1- Du respect mutuel

La relation médicale qui s'établit entre le traitant et son patient est basée sur plus d'un principe qui la facilite en vue de favoriser le prompt rétablissement du patient. Aussi avons-nous constaté que le patient et le traitant, quoique impliqués dans une situation de « face à face », notion chère à GOFFMAN E. (1974), obéissent à des règles respectivement explicite pour le premier et implicite pour le second. Le patient semble se dire que comme je suis malade et que j'ai besoin de l'aide du phytothérapeute, alors je lui dois du respect, je dois l'écouter et suivre ses conseils. A contrario, le naturopathe quant à lui a intériorisé la conduite normale à tenir devant ses patients. C'est ainsi qu'il dit devoir toujours écouter ce que le patient a à lui dire sur sa vie en général et sur les symptômes de sa maladie en particulier. C est ce que nous révèle le docteur LOUMPIT ; responsable de l'African Clinic. Il dit en effet :

 Ma profession voudrait que je sache beaucoup écouter mes patients. Pour cela, je dois toujours avoir de l'estime pour tous ceux-là qui se présentent devant moi. Les déclarations des patients sont secrètes et je les considère comme étant même sacrées. Je ne dois pas m'amuser avec les problèmes des autres. En retour, j'attends de mes patients qu'ils me fassent confiance. Chacun doit respecter l'autre. (Entretien réalisé le 15 mai 2007 à l'African Clinic).

Les observations faites plus tard nous ont permis de confirmer ses dires. Les manières avenantes avec lesquelles les patients sont accueillis séduiraient même le plus imperturbable des hommes et redonneraient courage au malade le plus épuisé ou le plus affecté.

De plus, cette atmosphère qui règne dans l'African Clinic, peut être due à la bonne réputation dont jouit la médecine tradinaturelle parmi les habitants de la ville de Douala. En effet, des personnes interviewées nous ont révélés : « quand on va à l'hôpital, on a la peur qui nous étreint les intestins alors que quand on va chez les médecins de la médecine naturelle, on est sûre qu'on sera satisfait » (Vox populi réalisé les 17, 18 et 19 mai 2007dans les rues du quartier BEPANDA). L'accès aux naturopathes n'est pas difficile comme l'est l'accès auprès des médecins des hôpitaux de référence. C'est sans compter les brimades, le manque d'égards auxquels les malades sont bien souvent soumis, selon leurs dires, dans ces hôpitaux et notamment à l'hôpital Laquintinie de Douala (JAFFRE Y. op. cit.).

Bien plus, le respect dû au patient et que le praticien lui témoigne vise à réconforter le patient, à le revigorer et à le mettre en confiance (BENSING J., op. cit.) et BERTAKIS J. M. 1992).

2- De la compréhension et de la patience

De nos observations et de nos enquêtes sur le terrain, il découle que le praticien de la médecine naturelle doit toujours comprendre les attentes et les sollicitations de son patient. Il s'agit de saisir les maux du malade et de pouvoir les interpréter afin de soigner ses affections. Pour arriver à le faire, il semble indispensable pour le traitant de faire preuve de patience.

Du latin patientia, la patience est une aptitude à supporter avec constance ou résignation les maux. Le naturopathe nous a paru patient parce qu'il a toujours écouté tout ce que ces patients avaient à lui dire afin de comprendre, de cerner leurs maladies. Bien des patients révèlent d'ailleurs cette qualité propre à ce naturopathe. Ils disent à ce sujet : « Il nous écoute tellement qu'il nous donne même les conseils pour résoudre certains problèmes de la vie. Il ne s'occupe pas seulement de nous prescrire des médicaments, il nous comprend. Quant on le rencontre, on est sur qu'on va guérir »

Il faut également dire que la compréhension et la patience dont il est question ici sont propres non seulement au praticien mais aussi aux patients. En fait ces derniers doivent pouvoir comprendre le praticien et lui obéir. Il sera alors question de se conformer aux prescriptions et proscriptions faites par le traitant (MEUEWISER L., SHAAP C. and SJAAK VAN DER G., op. cit.). Dans cet article, ces auteurs s'attellent à montrer comment la bonne entente entre les patients et leurs traitants facilite la guérison des patients. Ils révèlent même que la qualité de la conversation conditionne également le rétablissement des patients. Selon eux, l'interaction qu'il y a entre le praticien et son patient ne doit pas se limiter à la médication et/ou à l'auscultation du patient. Elle est, tout au contraire, bien plus dense qu'on ne l'imagine et intègre le social, le culturel et le thérapeutique La compréhension et la patience mutuelles sont indispensables et c'est pourquoi le responsable de l'African Clinic affirme : « Quand un praticien prend le temps d'écouter son patient et vice-versa, le guérison du patient est assurée ou garantie » (Entretien réalisé le 15/05-07 à l'African Clinic), SPEEDING E. et ROSE D. 1985) Bien plus encore, la relation patient/ traitant dans la médecine naturelle africaine doit être bâtie sur ce que nous appellerons un « code médical ».

3- Le respect du « code médical » traditionnel

Ce que nous appelons code médical traditionnel n'est pas à proprement parler l'équivalent du code de déontologie médicale qui régit le rapport entre le patient et son traitant dans la médecine des hôpitaux. Ce code de déontologie des hôpitaux est légal , formel voire universel , contrairement à celui de la médecine naturelle qui se veut informel, illégal et qui, de toute évidence, semble dépendre de l'échelle de valeurs du praticien. Aussi pourrait-on remarquer des dérapages et/ou des abus notoires de leur part puisqu' ils sont « libres » de tout mouvement . Cependant, ils sont tenus de se conformer à une certaine éthique traditionnelle.

Le « code médical » dont il est question ici est celui propre aux praticiens de l'African Clinic. Comme quoi chaque structure a ses normes officielle et officieuse. (COULON A 1987). Quand bien même il existe une norme « Commune » et « officielle », il y en a qui se soustraient et inventent des stratégies d'action s'inscrivant dans la grille des normes « officieuses ». (CROZIER M. ET FRIEDBERG E , 1977). Cependant, il est admis de tous les naturopathes que la relation médicale est basée sur le respect de la vie des patients, la confidentialité de leurs maladies, qui s'assimile à une sorte de secret médical, le refus de rançonner les patients, l'humanisme. A cet effet, le Dr LOUMPIT de l'African Clinic déclare :

 Ce qui importe le plus dans notre médecine, c'est la guérison du patient. Je vais même jusqu'à baisser les prix des médicament quand le patient peut pas les acheter. Et s'il ne peut vraiment pas les acheter, je lui donne les noms des plantes médicinales qu'il devra associer dans une potion pour pouvoir se soigner. Ceci moyennant une modique somme d'argent. (Entretien réalisé le 16 mai 2007 dans les locaux de l'AC).

Pour M. EBOUELLE J., praticien de la médecine naturelle et détenteur d'une pharmacie considérable au quartier Makepè ,la relation entre le patient et son traitant dans cette médecine obéit à des valeurs reconnues universellement comme justes et nobles à savoir l'humanisme, la fraternité, la solidarité, et le secret médical. Il dit à ce sujet : « Mon patient pour moi, c'est un fils, un frère, un proche qui a besoin de mon aide. Je ne peux par conséquent pas l'exploiter pour m'enrichir. Je ne suis pas de ceux qui profitent de la misère des autres. Ça porte malheur. Mais je sais que je peux bien aider tous ses gens sans les rançonner » (Entretien réalisé le 07-05-07 au quartier Maképè dans la clinique des Dr EBOUELLE Jacques)

En fait, la médecine naturelle africaine étant fille de la médecine traditionnelle d'Afrique, laquelle a toujours tenu l'être malade en grande estime en minorant les considérations pécuniaires, l'on comprend bien pourquoi les discours du Dr LOUMPIT et de M. EBOUELLE Jacques se recoupent. Les traditions africaines ont toujours accordé une valeur inestimable à l'Homme. En plus, en Afrique en général et au Cameroun en particulier, l'on sait qu'il n'y a de richesses que l'Homme. Aussi certains praticiens de la médecine naturelle s'efforcent-ils, bon an mal an, de pérenniser cette tradition. D'autres par contre, la mettent à mal en s'en servant pour extorquer de l'argent aux populations (HOURS B., op. cit.). FAINZANG S.(op. cit. ) l'illustre allègrement dans l'un de ses ouvrages .

La déontologie médicale tradinaturelle met donc l'Homme au centre de ses préoccupations. Ce qui fait généralement problème, c'est l'entrée en lice des considérations financières à une époque où les camerounais en général et ceux de Douala en particulier, semblent déifier l'argent. En outre, la ville de Douala, de part son statut de capitale économique du Cameroun, fait de ses habitants des personnes toujours intéressées, à la recherche du profit et même calculatrices. L'économisme en est la règle d'or. Cela se ressent dans presque tous les secteurs d'activité. La médecine traditnaturelle n'étant pas en reste. C'est alors que la théorie de HOMANS G. (), stipulant que la vie sociale ne se résume qu' en des lois économiques, où tout s'échange, où chaque individu ne cherche qu'à minimiser ses coûts et à maximiser ses profits, se trouve confirmée. Cependant, l'on retrouve des praticiens probes et amateurs de leur métier. D'où, il nous semble aviser de dire que les brebis galeuses se retrouvent tant dans la médecine moderne conventionnelle que dans la médecine naturelle. C'est ainsi également que l'on retrouve de bons praticiens dans les hôpitaux comme on en retrouve dans le médecine naturelle (DE ROSNY 1990, op. cit.). C'est ce que confirme le propos du Dr LOUMPIT à l'AC :

  Vous savez, les brebis galeuses, on les retrouve partout. Il y a de bons élèves qui côtoient toujours les mauvais élèves. La médecine moderne, il y a de bons soignants. Dans la médecine rationnelle, il y en a également. A l'hôpital, vous avez sans doute remarqué de mauvais élèves. Quand vous y étiez lors de vos enquêtes. Maintenant que vous explorez la médecine naturelle, vous allez aussi rencontrer de bien mauvais élèves. Les parvenus, au Cameroun, sont partout même dans le domaine de la médecine. Vous avez sans doute entendus parler des charlatans, des féticheurs et autres. Voilà quelques parvenus de la médecine naturelle. C'est d'autant plus dangereux et inquiétant que notre régularisation tarde à être effective. (Entretien réalisé le 16-05-2007 dans les locaux de l'African Clinic).

C'est dire que les codes de déontologie médicale des médecines conventionnelle et tradinaturelle, sont foulés au pied par certains prestataires de soins, qu'ils soient médecins ou tradithérapeutes (TCHINDA T. C., 1981 p30)

Au demeurant, le code médical en médecine naturelle doit être perçu comme un garde -fou sans lequel pratiquer cette médecine serait difficile. Il exige du praticien ou du tradithérapeute le respect du secret médical, le respect du patient, l'humanisme, la solidarité, la compréhension et la patience. Toutes ces exigences font dès lors penser que la médecine naturelle est des plus sérieuses en ceci qu'elle ambitionne de guérir, de soigner et de revitaliser le malade (MANUILA I., MANUILA A et MICOULIN M. op. cit.)

III- De la médecine traditionnelle à Douala : Une médecine éclatée ?

La médecine traditionnelle connaît une expansion multiforme dans la ville de Douala et il n' y a qu'à observer les diverses prestations offertes à la population de cette ville. Généralement, l'imagerie populaire lui adjoint les charlatans et autres féticheurs de tous bords. Mais il faut signaler que ces derniers sont des arrivistes dans cette forme de médecine. Leur objectif principal n'est donc pas de soulager les maux de la population morbide, mais bien plutôt de profiter de celle-ci. Les services offerts en médecine traditionnelle sont variés. Il importe par conséquent de les présenter succinctement afin de mieux clarifier notre objet d'étude (HATTIER, op. cit.).

1- De la médecine naturelle « brute ou verte » à Douala

Cette médecine est pratiquée par les vendeurs des plantes thérapeutiques que l'on rencontre dans les marchés de cette ville notamment au marché «  Nkololoun », au marché « Ndokotti » et dans bien d'autres marchés. Ces vendeurs disent avoir une expérience dans la dans la composition des potions médicinales faites à base de plantes. C'est pourquoi, lorsqu'un client se présente devant eux et leur révèle son mal, il lui est conseillé une quantité importante de plantes qu'il devra soit mâcher, soit faire essorer, soit faire bouillir pour après boire le jus. Ce peut également être de client lui-même qui, connaissant les vertus thérapeutiques d'une plante qu'il ne peut avoir dans son voisinage, décide d'aller vers ces vendeurs pour s'en procurer.

D'après nos observations, tout africain de souche connaît les propriétés médicinales d'au moins une plante. De ce fait, lorsqu'on a identifié son mal, on est porté à se rendre dans ces marchés pour les acheter. Les plantes ont toujours soigné les africains (DE ROSNY, op. cit.). Les camerounais et partant l'ensemble des africains se sont soignés à l'aide de plantes. Nombreuses sont ces personnes qui s'interrogent sur le background et la compétence de ces vendeurs de plantes médicinales.

En fait, le plupart de ces vendeurs maîtrisent les propriétés des plantes qu'ils vendent. Ils savent qu'en associant telle plante à telle autre plante, voilà la maladie qu'on pourra soigner chez un tiers. De plus, l'appellation que nous lui avons prêtée, à savoir la médecine naturelle « brute ou verte » tient au fait que les plantes ici ne subissent pas une altération chimique avant d'être consommé (NGAMBOUK V. 1998). Elles sont tout aussi naturelles qu'elles soient bouillies ou écrasées. Ce qu'atteste Olivier NAKAM, vendeur de plantes médicinales au marché Nkololoun à Douala : «  Ces plantes soignent. Qu'elles soient bouillies ou non, elles soignent. Mais il y en a qui doit d'abord être bouillies avant de les consommer. D'autres peuvent être mâchées, pressées ou écrasées, même bouillies, leur efficacité reste intacte » (Entretien réalisé le 02 avril 2007 au marché Nkololoun). Son propos suscite en nous les scènes relatées par DE ROSNY dans l'un de ses ouvrages portant sur l'analyse de la tradithérapie en pays Duala (une des ethnies peuplant la province du Littoral camerounais) (op. cit.).

2- De la tradipratique à Douala

La tradipratique encore appelée tradithérapie, médecine traditionnelle, existe depuis belle lurette dans la ville de Douala. Seulement, tous ceux-là qui adjoignent à cette médecine une dimension ésotérique se retrouvent, mieux sont localisés dans les banlieues de la ville Douala. Le propre ou la particularité de la tradipratique est qu'elle allie la thérapie à l'ésotérisme. Donc elle intègre une dimension métaphysique, méta naturelle (HEGBA M. 1973). Les cas de figure relevés par le prêtre DE ROSNY dans la ville de Douala des années 1980-1992 illustrent notre propos (op. cit.)

En outre, la tradipratique, comme le dit AURENCHE E, inclue une bonne dose de la dimension traditionnelle. Par conséquent, le « Nganga » (DE ROSNY op. cit. p30), peut faire appel aux forces occultes pour soigner son patient. Le « Nganga » est le tradipraticien. C'est l'appellation Duala du tradithérapeute-. A Douala, ils sont nombreux et exercent leur métier dans leurs domiciles. (Pour ceux qui ont préféré rester dans la ville). Ils jouissent d'ailleurs d'une bonne réputation.

Le « Nganga » est un homme tout à la fois admiré et craint. Admiré pour les services inappréciables qu'il rend à ses patients. C'est généralement un monsieur d'âge mûr, marié et père d'enfants. Son attitude toujours paternaliste qu'il adopte face au malade traduit son désir de susciter la confiance en celui-ci. C'est le cas du « Nganga » que nous allons appeler X pour des besoins d'anonymat. X est non seulement tradipraticien mais également chef de quartier à Deido. X est comme un père pour tous ses patients, lesquels affirment : « Il nous écoute, il nous conseille et il nous soigne. Parfois, quand j'ai des problèmes dans mon foyer, il appelle ma femme et moi pour qu'on s'arrange » (Entretien réalisé le 05-01-07 au quartier Deido au domicile du chef de quartier).

Le tradipraticien est craint par ses patients parce qu'il détient un pouvoir qui lui vient de ses aïeuls, de ses ancêtres. En effet, le fait de pouvoir faire guérir un malade de sa maladie entraîne immanquablement du respect de la part de celui-ci et de ses proches. Dès lors, quand on adjoint à ce pouvoir, le mystique, l'ésotérique, domaine non moins important pour le vrai africain, il est certain que le tradipraticien sera admiré, honoré et tout aussi craint. Ce qui lui permet sans doute de comprendre ses malades et de les soigner. Les tradipraticiens sont nombreux dans la ville de Douala. Il n'y a qu'à suivre les annonces qu'ils font lire aux média de la place. Seulement, ceux qui font ces annonces sont beaucoup plus phytothérapeutes que tradipraticiens ou pour emprunter un mot cher à ERIC DE ROSNY, que « Nganga ». il s'agit, entre autres bien sûr ,du Dr Prince Aimé de New-bell, du Dr ABIDOU, du Dr LOUMPIT et qui chacun dispose d'une pharmacie considérable dans sa clinique. Ceux-là sont plus scientifiques que les Nganga ou les « Mbock-mbock » (tradipraticien, chef traditionnel en langue bassa du Cameroun).

Ces scientifiques de la médicine naturelle, de par ces annonces, bénéficieront d'une aura considérable. Les tradipraticiens par contre doivent très souvent se contenter du téléphone arabe (Nouvelle qui se transmet de bouches à oreilles). Ce qui fait penser au paradigme épidémiologique de Henri MENDRAS (Rocher G, 1968). Selon ce paradigme, une innovation se répand sur une population comme une épidémie de choléra sur celle-ci ou comme un tâche d'huile sur une feuille blanche. Ce qui veut dire que pour les « Nganga », les patients fidélisés vont parler de leurs prouesses aux personnes malades et les leur conseillent. C'est ainsi ici qu'ils finissent par devenir célèbres et jouissent aussi d'une bonne réputation.

L'assimilation de la réputation du tradipraticien à l'expansion d'une innovation tient au fait que le processus est sensiblement identique. Un tradipraticien qui exerce nouvellement dans la ville de Douala et qui vient de s'y installer est vu comme un « fait nouveau » par la population de son quartier. Ceux des malades qui vont l'aborder en premier se rapprochaient de ce que MENDRAS H. appelle « les pionniers ». Ces derniers, ayant été guéris par ce nouveau tradipraticien, s'en iront ne et ne manqueront pas de parler de lui à leurs proches. Ceux-ci, lorsqu'ils tomberont malades, se rendront volontiers chez notre tradipraticien. Ils constitueraient ce que MENDRAS H. désigne par la notion de « la majorité précoce ». Celle-ci va également entrer en contact avec d'autres malades qui jusque-là, avaient hésité à consulter le tradithérapeute pour des raisons sommes toutes subjectives. Mais ayant vu les prouesses dudit tradipraticien sur leurs proches, ils se décident alors de se faire soigner par lui. Cette catégorie est appelée par Henri MENDRAS « Les retardataires ». La dernière catégorie, celle dite des « réfractaires », est celle qui abhorraient ou tenaient en piètre estime la médecine traditionnelle et lui préféraient les hôpitaux. Cette catégorie est caractérisée par son conservatisme. Cependant, Henri dit qu'à force d'entendre parler de la médecine traditionnelle et de ses vertus, ils se verraient obliger de reconsidérer leur position, leur attitude envers elle.

L'évolution de la réputation du tradipraticien que nous venons de faire et que nous avons assimilé au paradigme épidémiologique de Henri MENDRAS, met en évidence les étapes qui sous-tendent la construction et la consolidation de ladite réputation. La réputation dont il est question ici, est la résultante du type de rapport que ce Nganga aura au préalable entretenu avec tous ses patients. C'est sans doute ce qui fait dire à PIAULT C. (1975) que ce qui fait la force d'un thérapeute, c'est son aptitude à comprendre et à réconforter ses malades dans tous les rapports qu'il a avec eux. Selon lui donc, la médecine doit pas seulement être somatique, elle doit s'occuper tout à la fois du psychique et du somatique (le corps) du patient. C'est également un des objectifs que s'efforce d'atteindre la médecine naturelle dans cette ville.

3- De la médecine naturelle moderne africaine à Douala

Le paysage médical que l'on observe dans la ville de Douala est diversifié. Cette diversification se trouve même au sein des principales formes de médecine que l'on rencontre dans cette ville. L'on a à cet effet, la médecine traditionnelle et la médecine conventionnelle prophétique. Cette dernière est pratiquée par les pasteurs de certaines confessions religieuses (PIAULT C. op. cit.). C'est également d'eux dont parle le prêtre DE ROSNY E. (op. cit.).

La médecine naturelle est pratiquée par plus d'une structure médicale privée ayant à leurs têtes des collèges de phytothérapeutes qui, pour la plupart, ont fait leurs études qui au Mali, qui au Bénin, qui au Sénégal, pour obtenir les diplômes leur habilitant à soigner les malades à partir des médicaments faits à base de plantes. La liste des phytothérapeutes exerçant dans la ville de Douala est loin d'être limitative.

Les cliniques de médecine naturelle que nous avons visitées pendant nos enquêtes, sont celles des tradinaturopathes que nous avons cités ci-dessus. Elles disposent toutes d'un personnel médical (des sortes d'infirmières : deux ou trois tout au plus), un médecin naturopathe (un ou deux tout au plus). Ces médecins ont tous la particularité de faire partie des groupements d'initiatives communes en abrégé GIC axé sur la valorisation de la recherche en phytothérapie. (Recherche sur les plantes médicinale et pharmacopée camerounaise). C'est grâce à ces GIC de santé qu'elles (les cliniques naturelles) sont fournies en médicaments et peuvent par conséquent satisfaire les patients qui sont les leurs, les GIC les plus célèbres dont on entend parler sont, parmi tant d'autres, NATURALIA, WAZA, REPAMP, PROPLAMETRAC, etc.

Le GIC de santé PROPLAMETRAC est celui-là qui nous a servi d'objet d'étude. C'est ce GIC de santé, fille de l'Association pour la Promotion des Plantes Médicinales et la médecine traditionnelle en Afrique qui soutient l'African Clinic. Son ambition est de promouvoir les recherches dans les plantes médicinales, le traitement des maladies au travers des connaissances thérapeutiques traditionnelles et la guérison rapide à l'aide des plantes sans effets secondaires. Le Docteur LOUMPIT dit à ce sujet : « Nous voulons faire ressusciter la médecine naturelle et le patrimoine thérapeutique traditionnelle en modernisant tout ce savoir. D'où nous accueillons tout ceux qui voudraient valoriser cette médecine ancestrale ceci dans le but soigner nos populations et à faible coût » (Entretien du 16-05-2007 dans les locaux de l'AC).

L'exhumation de ce patrimoine thérapeutique culturel pourrait, dès lors, palier le problème de la morbidité dans la ville de Douala. Elle permet aussi de revisiter les normes culturelles en matières de santé (FONTAINE M. op. cit.) cette initiative ne concerne uniquement la réduction de la morbidité à Douala mais également sur toute l'étendue du territoire camerounais voir dans toute l'Afrique. Pour se faire, ces promoteurs de cette médecine pense qu'il faut leur associer des spécialistes des sciences sociales (LAPLANTINE F. 1992). Ceci afin de mieux pallier les problèmes de morbidité en Afrique. Ce désir est perceptible dans le propos de Monsieur EBOUELE Jacques, détenteur d'un cabinet de médecine naturelle. Il dit à cet effet :

  Les recherches dans la médecine naturelle doivent être entreprises sur la base des besoins des populations en matières de santé. Ces besoins qui peuvent être la cause de plusieurs maladies. Si l'on pouvait associer nos recherches aux connaissances produites par les spécialistes des sciences humaines, on soignerait mieux nos patients et on saurait qu'est-ce qui, dans la société, peut causer leurs malaises et leurs désordres organiques, psychique. Je pense que notre grande faiblesse se situe à ce niveau. Nous ne maîtrisons pas la société dans laquelle nous vivons et c'est logique de fonctionnement. Pourtant, on devrait parce que nous avons besoins de comprendre nos malades. (Entretien du 08-05-2007).

Le terme de compréhension revient dans le propos de Monsieur EBOUELE Jacques parce qu'il semble savoir que société et maladies sont très liées. En clair, la maladie dont souffre l'individu peut être la résultante d'une déficience sur les plans social, économique, familial, professionnel, métaphysique et culturel. C'est pourquoi il juge nécessaire la collaboration avec les sciences humaines. La maladie, à son sens, a une cause sociale. L'un des devoirs du praticien est donc de la déceler. (BASTIDE R. 1976). D'où il rejoint BASTIDE qui affirme :

 Il en résulte que la thérapie doit s'attaquer en premier lieu au milieu social qu'il faut transformer, et aux conditions de vie, qu'il faut améliorer. Si nous laissons de coté les psychoses pour lesquelles les perturbations sociales ne jouent qu'un rôle secondaire, les névroses devraient en tout cas disparaître avec le passage de la société capitaliste à la société communiste, puisque cette dernière fait disparaître les contradictions de la première. (op. cit. p28-29).

Etant donné que la ville de Douala est foncièrement économique voire économisiste, les naturopathes que nous avons interviewés pensent donc que les exigences liées à la vie dans une pareil ville pourraient entraîner des désordres physiologique et psychique graves. Par conséquent, il semble indispensable de cerner les conditions de vie à Douala et d'en tenir compte dans l'élaboration et la composition des produits médicamenteux. La médecine naturelle nous apparaît dès lors comme une médecine complète (MBONJI E. op. cit.). Ce que nous nous proposons d'étayer dans un chapitre ultérieur. Nous disons qu'elle est complète par ce qu'au regard de os enquête, elle se préoccupe du passé, du présent et du futur du malade.

En somme, la médecine naturelle telle qu'elle est pratiquée dans la ville de Douala par ses promoteurs et ses spécialistes contribue pour une large part dans la réduction du taux de morbidité de la province du Littoral. (DE ROSNY E. op cit).

Conclusion

Ce chapitre portait sur la médecine tradinaturelle africaine à douala en général, et à l'AC en particulier. Il ressort que, la médecine naturelle est diversifiée et qu'elle offre bien des services thérapeutiques à la population de cette ville. Elle inclue la tradipratique (ethnomédecine), les guérisseurs et médecine faite à base plante qu'on appelle phytothérapie. L'on doit aussi retenir que bien des promoteurs regroupés en GIC s'évertue à redorer son blason lequel a, pendant longtemps, fait l'objet de l'informel voire de l'illégal. De plus la médecine naturelle est également éclatée. Ainsi nous avons les vendeurs de plantes médicinales en bordure de route ou dans les marchés de cette ville, à Nkololoun par exemple. L'on a aussi la médecine naturelle Chinoise qui la côtoie. Cette médecine ambitionne de réduire la morbidité et de revaloriser le patrimoine thérapeutique traditionnel fait à base de plantes (HATTIER op. cit.). En plus, plusieurs camerounais en général et notamment des citadins lui préfèrent à la médecines des hôpitaux. C'est sans doute pour ces raisons que l'on remarque une expansion d'associations oeuvrant pour sa promotion (FASSIN D. et JAFFRE Y. op. cit.). Par ailleurs, dans la relation qui existe entre le patient et celui qui le soigne, il est des dimensions non moins importantes, surtout lorsqu'on vit dans la ville de Douala. C'est le social et l'économique, lesquels feront l'objet d'analyse de la prochaine partie.

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Tout au long de cette partie, nous avons mis en exergue la médecine conventionnelle à travers l'hôpital Laquintinie de Douala et la médecine naturelle par le biais de l'African Clinic. L'Hôpital Laquintinie est une structure médicale de référence dans cette ville et même dans toute la province du Littoral. Cet hôpital est fortement sollicité et accueille chaque jour près d'un millier de malade (cf. annuaire de l'HLD 2000). Cet hôpital a fait sa mue avec la réhabilitation de ses bâtiments et l'entretien de son enceinte. Seulement, les patients et le personnel soignant ne sont pas toujours sur la même longueur d'ondes. Par de là les beaux bâtiments qu'on aperçoit de l'extérieur, se joue ce que le Professeur DIAKITE Tidiane appelle «  Le drame des hôpitaux publics africains » (op. cit. p66). Il entend par là le laxisme, l'irresponsabilité médicale, la négligence, le rançonnement des patients, etc. Toutes ces tares se manifestent lors des différentes interactions entre les malades et le personnel soignant (JAFFRE Y. 2005). Pour ce qui est de la médecine naturelle, nous l'avons présentée par le prisme de l'African Clinic. Cette dernière accueille des malades et les soigne à l'aide des produits fait à base de plantes. Dans la prochaine partie, il sera alors question d'analyser la place, mieux l'importance du social et de l'économique dans les relations entre les malades et leurs soignants.

DEUXIEME PARTIE :

LE SOCIAL, L'ECONOMIQUE ET LA RELATION PATIENT-TRAITANT DANS LES DEUX FORMES DE MEDECINES

Introduction

La présente partie s'appesantie sur les places qu'occupent le social et l'économique dans les deux formes de médecines. Ces places respectives se manifestent par l'importance que les praticiens accordent à ces deux dimensions qui font partie intégrante de l'accès à la santé. En fait, il est ici question de savoir si la place qu'occupent le social et l'économique dans la médecine conventionnelle est identique à la place réservée à ces deux aspects dans la médecine complémentaire et parallèle (OMS, 2002-2005). Dès lors, nous plongerons dans l'univers de la perception de ces deux dimensions de la thérapie tant dans la médecine moderne des hôpitaux que dans la médecine traditionnelle encore appelée médecine alternative (OMS, op. cit.). Ceci par l'analyse des interactions qui existent entre soignants et soignés aussi bien à l'HLD qu'à l'AC de cette même ville. Il convient de signaler d'entrer de jeu que cette étude s'inscrit dans une perspective comparative. Aussi nous référons- nous de temps à autre aux anecdotes, aux récits de vie et aux observations prises sur notre terrain de recherche. Ainsi, le premier chapitre de cette partie portera un regard sur la place du social et de l'économique dans la médecine conventionnelle à l'HLD, le second tournera autour de ces mêmes dimensions, mais cette fois dans la médecine traditionnelle telle qu'elle est pratiquée par l'African Clinic.

«  Dans cette tâche d'entretien d'un bon moral chez un malade intervient la personnalité du médecin qui le soigne. Nous ne dirons jamais assez combien le rôle de celui- ci est important et à quel point il peut modifier, par sa propre attitude, les réactions du malade devant la maladie. »

Maurice TIECHE (op. cit.)

CHAPITRE III :

LE SOCIAL ET L'ECONOMIQUE DANS LES RAPPORTS ENTRE TRAITANTS ET PATIENTS A

L'HOPITAL LAQUINTINIE DE DOUALA

Introduction

L'accès à la santé dans la ville Douala est une préoccupation majeure pour la population morbide (HOURS B. op. cit.). Chaque malade a généralement devant lui un répertoire diversifié d'offre médicale dans bien des structures sanitaires. L'Hôpital LAQUINTINIE est, comme nous l'avons dit plus haut, fortement sollicité au regard des foules de malades qu'il accueille et du nombre sans cesse croissant des patients qui y séjournent. Seulement, pour que toutes ces personnes puissent accéder à la santé, il est des conditionnalités à remplir. Ces conditionnalités, sommes toutes, tournent autour des finances et du social. La notion de relation étant usitée ici au sens bourdieusien. En fait, elle renvoie au « capital social » d'un patient alors que l'économique renvoie à ce que BOURDIEU P. (1980) appelle le « capital économique » (p25). Les rapports entre le personnel soignant et leurs patients s'entretiennent donc sur la base de ces deux dimensions, selon la gravité de la maladie dont chaque patient souffre. Le présent chapitre tourne par conséquent autour de l'importance que les prestataires de soins accordent aux dimensions sus-évoquées. C'est à ce niveau que se révèlent nombre de pratiques qui nous intéressent à plus d'un titre en tant que sociologues et qui mettent en évidence « les paliers en profondeurs » (GURWITCH G.) de l'accès à la santé dans les hôpitaux publics en général et à l'HLD en particulier. Dès lors, nous présenterons les cotés officiel et officieux de la relation patient/ traitant, tout autant que nous mettrons en évidence les fondements de ces relations selon les principes cardinaux de la médecine conventionnelle.

I- A la Base des rapports entre personnel soignant et patients à l'HLD.

Les rapports entre le personnel soignant et leurs patients doivent être vus sous deux angles : le formel ou l'officiel d'un coté et de l'autre, l'informel ou l'officieux. L'officiel à trait ici au respect du code de la déontologie médicale et au respect du serment d'Hyppocrate.

1- Des normes officielles d'accès aux prestations sanitaires

Toutes ses normes se résument dans la notion de la déontologie médicale. Cette dernière dérive de l'association de deux mots grecs. Ainsi, nous avons le mot « déontos » qui renvoie à ce qu'il convient de faire ou de ne pas faire. Le deuxième mot « logos » renvoie au discours. Il s'agit alors d'un discours médical sur la conduite à tenir ou sur ce qu'il convient de faire ou de ne pas faire. La déontologie peut être aussi comprise comme l'ensemble des règles et des devoirs qui régissent une profession, la conduite de ceux qui l'exercent. Les rapports entre ceux-ci et les clients ou le public (MANUILA M. Et MANUILA I. 1996). En conséquence, c'est un ensemble de principe moraux qu'un travailleur exerçant dans un domaine précis est tenu d'observer, de respecter et d'honorer pour donner un bonne image de son travail et de sa profession afin d'améliorer les conditions de vie des individus en société . La notion de déontologie médicale se situe dans le même sillage, ceci dans l'optique de sauver des vies et de guérir les malades (MEYER P. op. cit.).

En clair, la profession de personnel soignant semble donc être des plus délicates parce qu'elle permet aux personnes malades de se rétablir et de recouvrer la santé mise à rude épreuve par la maladie. Cette dernière menace très souvent la vie des individus et pis, la leur arrache. D'où le besoin de se faire soigner par un prestataire de soins se fait alors pressant. Par conséquent il apparaît une nécessité sociale de recourir à un thérapeute. Le cas échéant, c'est la morbidité et/ou le décès. Les praticiens de la santé s'apparentent donc à ce que nous pourrions appeler les gardiens de la santé physique, mentale et sociale. Autrement dit, ce sont des protecteurs et des promoteurs de la bonne santé des individus en société (WERNER D. op. cit.). cette tâche - étant entendu qu'elle ambitionne de restaurer la santé des patients, présente cependant des risques, des dangers qui ne peuvent être éviter qu'avec la bonne formation du personnel de santé et le respect scrupuleux, de la part de celui-ci, de la déontologie médicale.

· · De la qualité de l'accueil réservé aux patients

Le respect de la déontologie médicale commence avec la qualité de l'accueil réservé aux patients. (FAINZANG S. op. cit). Cet accueil doit être chaleureux et zélée. En effet, la maladie comme le dit David WERNER (op. cit.), est d'abord une affaire psychologique. Il faut donc que le médecin ou l'infirmière sache accueillir les malades, car selon lui «  The first contact and those who follow with the patients are very decisive and very important in the healing process. » (p17). La qualité de l'accueil, en d'autres termes, est déterminante dans le prélude à la guérison du patient. (MICHAEL H. et alii, op. cit.) Le patient doit être pris avec délicatesse, avec tact, avec douceur parce qu'étant diminué amoindrit par sa maladie. Il faut donc de la part du personnel soignant un maximum de patience, d'écoute, d'attention et beaucoup d'égards envers les malades. Le respect de ces prescriptions favorise la guérison de leurs patients.

· L'enregistrement du malade

Il s'agit ici d'une étape importante. Il est question de recueillir les informations liées à la personne même du malade. Il s'agit de son âge, de son quartier résidentiel, de sa profession, de son sexe, de son heure d'arrivée à l'institution hospitalière. Bref, lors de l'enregistrement du patient, le personnel soignant doit glaner le maximum d'informations possible. Ceci afin de savoir, mieux de connaître ses antécédents avec la maladie. L'enregistrement permet aussi d'établir les statistiques sur le taux de prévalence de certaines maladies pour des besoins épidémiologiques.

· De la consultation des malades

La consultation est incluse dans l'accueil et est capitale lorsqu'il s'agit de poser le diagnostic (CELERIER I. op. cit.). Elle est synallagmatique et /ou réciproque. Autant le patient consulte son médecin traitant autant celui-ci le consulte dans la mesure où il lui demande ce qui ne va pas, ce qu'il ressent. La consultation est « bonne » quand le traitant permet aux patients de s'exprimer librement. Quant le médecin ou l'infirmier écoute attentivement le malade et lui consacre un temps considérable qui est fonction de la gravité de la maladie. Ce qui doit induire un examen minutieux du malade (BEISECKER, op. cit.).

L'auscultation du malade est donc non négligeable dans l'accueil qui lui est fait ceci parce qu'elle permet à l'infirmier de tirer avec exactitude des conclusions sur la nature de son mal, sur la nature de la maladie dont souffre son patient. Le tact, la douceur et la patience entrent donc en jeux tout comme le questionnement continu du malade. Le touché est aussi important dans cet examen (CARRICABARU D. et MENORET M. op. cit.). L'étape de la consultation achevée, s'ensuit celle de l'orientation du malade soit chez un spécialistes, soit à la pharmacie, soit un généraliste et soit dans un pavillon précis pour son internement ou son hospitalisation. Celle-ci est subséquente à la décision du service des urgences à d'interner le malade.

· L'orientation du malade

Il s'agit ici d'envoyer le patient dans le pavillon approprié pour sa maladie, ce service est le plus à même de faire en sorte qu'il guérisse vite de sa maladie en bénéficiant de l'expertise des spécialistes dans ce domaine. Il n'est donc pas question d'orienter un malade souffrant du paludisme à la chirurgie alors qu'il doit être envoyé au pavillon de la médecine générale ou encore d'envoyer une femme en pleine parturition à la radiologie plutôt que de la conduire au pavillon de la maternité (NCHINDA T. op. cit.). On comprend dès lors que l'orientation qu'on doit donner aux malades est fonction du type de maladies dont ils souffrent. Tous ces principes de la déontologie médicale sous-entendent que le personnel ait été bien formé, qu'il soit régulièrement soumis au recyclage en vue d'un traitement efficient des patients.

-La formation du personnel et le traitement des patients

LA déontologie médicale considère la qualité des soins comme s'intégrant dans un tout cohérent car, elle commence avec la qualité de la formation du personnel médicale et se répercute sur la qualité des soins dispensés aux malades. Il y a donc un lien logique entre leur bonne formation et leur degré élevé de conscience professionnelle (NCHINDA T. op. cit.).

- La formation du personnel

Outre la maîtrise de la médecine, elle inculque au personnel de santé un sens poussé des valeurs de ponctualité, de rigueur, de responsabilité, de patience, d'humilité, d'humanisme etc. ; parce qu'il s'agit de sauvegarder la vie des acteurs sociaux. Lorsqu'on prête le serment d'Hippocrate, l'on n'est tenu de ne manquer sous aucun prétexte à son devoir. La santé du patient doit primer sur toutes les autres considérations. Le personnel de santé est donc obligé d'être rompu à la tâche et de maîtriser celle-ci dans tous ces contours. Dans le cas contraire, les conséquences seront désastreuses. La Déontologie médicale doit donc être à la base de toute action que pose un agent de santé. Elle codifie tous ces agissements dans la structure médicale de même au sein de la société. De toute façon, d'après elle, le personnel de santé est le gardien de la santé des individus en société. Il ne peut bien assumer cette tâche s'il n'est pas au préalable bien formé ; ce qui aurait des répercussions sur la qualité des prestations sanitaires et bien évidemment sur la qualité du traitement dont les patients feront l'objet.

- Le traitement des patients

La qualité de la formation comme, nous l'avons vu plus haut, ne va pas sans conséquence sur la qualité des prestations sanitaires tant il est vrai que tout ce que l'on fait avec célérité dépend du background qu'on a. Quant un agent de santé a été bien formé, il est fort probable qu'il prenne très au sérieux son devoir. Il suscite la confiance aux patients et ceux-ci se sentent en sécurité avec lui. Ce qui est un grand pas vers la guérison (SPEEDLING E. and ROSE D., op. cit.). C'est pourquoi la relation entre le malade et son traitant doit être une relation de confiance mutuelle et toute aussi de respect mutuel. Ajouter à l'action de la cure, le malade se sentira bien dans sa tête. Tout ce qui affecte le psychique du malade retarde ou accélère sa guérison. MEYER P. op cit). En plus, il est strictement interdit qu'il fasse l'objet d'une vente illicite des médicaments au sein de la structure sanitaire dans laquelle il séjourne.

· Le serment d'Hippocrate

- Soulager la souffrance et conserver la vie

Ce serment vise la conservation de la vie et sa protection au travers de l'action thérapeutique. Mais pour y parvenir, il faut soulager le patient de ses maux et de ses douleurs qui l'affaiblissent l'amoindrissent sur les plans physique et psychologique. Soulager le malade, c'est donc l'aider médicalement à se rétablir. C'est l'amener à recouvrer sa santé et faire en sorte que ses douleurs s'estompent aux moyens d'une bonne prise en charge psychologique et d'un traitement efficace. Le préventif et le curatif jouent ici un rôle déterminant dans le prompt rétablissement du patient (KNUESEL R. op. cit.).

En outre, conserver la vie est synonyme de la primauté de la vie du patient sur les priorités du personnel soignant. Cela est la priorité des priorités. Pour q'un patient ou un malade gravement souffrant soit amené à l'hôpital et que personnel médical soit sur le point de s'en aller celui-ci doit s'occuper de lui premièrement et faire tout ce qui est en son pouvoir pour le maintenir en vie (FAINZANG S. op. cit.). Il devra donc user de son expertise pour sauver ce malade qui est dans un état critique. La conservation de la vie part de la prévention jusqu'à la guérison du patient grâce aux médicaments en passant par les séances d'éducation sanitaire. L'infirmier ou le médecin se doivent donc d'être les garants ou les dépositaires de la santé ou du moins de la vie des individus. Ce n'est pas à eux de décider de la mort d'un individu du fait qu'il soit en proie aux maux ineffables. Lorsque le personnel de santé entretient des relations thérapeutiques avec des malades, il doit pouvoir garder le secret médical.

· Savoir garder le secret médical

Le métier d'infirmier et celui de médecin sont très délicats dans la mesure où le personnel de santé est toujours au contact de milliers de personnes qui le consultent et dont il est très souvent appelé à connaître l'intimité et les secrets. Ce personnel connaît bien de secrets propres aux acteurs sociaux quand le sont les malades. Les hommes, les femmes et les enfants lors des consultations, sont amenés à leur confier leurs secrets les plus intimes afin qu'ils fassent un diagnostic adéquat ou approprié. Ils sont obligés de s'ouvrir à ce personnel. On comprend dès lors que le médecin ou l'infirmier ne doivent pas divulguer une information liée à la vie de leur patient sauf si c'est dans un cadre strictement professionnel. Mais, quant à ameuter l'entourage sur tel ou tel autre patient, cela est fortement interdit pour favoriser le plein épanouissement des patients dans les hôpitaux. On peut donc dire qu'avec la déontologie médicale, les patients ou du moins les malades sont assurés d'être bien traités du moins dignement (BENSING J. M., 1991, P40).

En somme, ce tour d'horizon des normes et des bases officielle sur lesquelles sont fondées les interactions entre soignants et soignés à l'hôpital Laquintinie de Douala nous permet de les assimiler à des garde-fous sans lesquels il serait difficile de se faire soigner dans cet hôpital. Seulement il nous a été donné de constater lors de nos enquêtes, que quand bien même ces normes officielles existent, elles côtoient d'autres qui, celles-là, sont « officieuses ».

2- Des normes «  officieuses » d'accès à la santé à l'HLD

Les normes « officieuses » d'accès à la santé sont tous ces préalables que les patients et le personnel médical adjoignent aux normes officielles pour rétablir l'équilibre sanitaire. En clair, il est ici question de toutes les conditionnalités officieuses, illégales voire informelles d'accès à la santé à l'HLD. Comme dans toute structure, l'on est en présence de normes officielles et officieuses. Les premières étant produites par le système ou la tutelle (le ministre de la santé) alors que les secondes résultent de l'inventivité des acteurs qui cherchent toujours à contourner les premières où à passer à travers elles (CROZIER M. et FRIEDBERG E., 2001 p17). L'analyse ou l'observation des interactions entre patients et soignants vient ; dès lors ; jeter un faisceau de lumière sur toutes ces normes au nombre desquelles figure en bonne place la vente illicite des médicaments.

· La vente illicite des médicaments

L'une des prescriptions du code de déontologie médicale est celle ayant trait à la vente illégale des médicaments. En effet, le personnel soignant ne doit, sous aucun prétexte, vendre aux patients des médicaments même si ceux-ci serviront à leur prompt rétablissement. Cependant lors de nos observations, nous avons constaté que cette pratique est bien encrée dans les moeurs de cet hôpital. Le cas de figure qui suit s'est déroulé au pavillon de la médecine et nous est rapporté par un patient qui a requis l'anonymat, voici son propos :

  Je suis hospitalisé depuis près d'un mois dans cet hôpital. Ça veut dire que j'ai vu beaucoup de choses que si je vous dis tout, ça va vous faire mal. Parfois ; quand on te prescrit les médicaments, l'infirmier te dit qu'ils sont chers et qu'il peut te trouver ceux qui sont moins chers quelque part. comme moi je n'ai pas les moyens, j'accepte. Mais on m'a appris que ces médicaments viennent du gazon (appellation donnée à la partie du marché centrale de Douala où l'on vend des médicaments). Il parait que certains médecins et infirmiers d'ici là ont leurs livreurs et leurs vendeurs là-bas. Moi je veux seulement guérir. (Entretien réalisé le 20-10-06 à l'HLD). En outre, ce propos vient s'ajouter à celui qui suit :

  Tout le monde sait que dans cet hôpital on vend les médicaments, on détourne les patients. Quand le médicament qu'on t'a prescrit ne se trouve pas à la pharmacie, les infirmiers et parfois même le médecin te conseillent d'aller l'acheter dans une pharmacie précise. Si ce n'est pas ça, ils peuvent te proposer de te vendre le médicament que tu recherches à un bon prix. C'est comme ça ici à l'hôpital. L'an dernier, ma fille était gravement malade et je l'ai amenée ici et on nous a hospitalisés. Comme je n'avais pas suffisamment d'argent pour acheter les médicaments mon voisin de lit qui était là, m'a indiqué une infirmière qui pouvait me vendre des médicaments à un bon prix. Il m'a dit de ne pas m'inquiéter pour la provenance. Elle était en rapport avec un médecin de ce pavillon qui maîtrise son travail. J'ai suivi son conseil, j'ai eu les médicaments et l'enfant s'est rétabli deux semaines plu tard. Moi je trouve que ça nous aide, vous savez, tout est difficile sans cet hôpital. (Entretien réalisé le 20-10-06 avec M. NDONGO Jean à l'HLD).

Les discours tenus par les patients du pavillon de la médecine générale de l'HLD en rapport avec la vente illicite des médicaments nous plongent irrésistiblement dans l'univers médical de cet hôpital. Nos enquêtes nous ont révélés que bien des soignants sont effectivement en rapport avec des vendeurs du « gazon ». Lesquels leur envoient des patients inversement. SOCPA A. (op. cit.), le démontre clairement dans ses travaux de recherches portant sur les pharmacies de rues à Douala. La vente des médicaments montre à cet effet que bien des patients sont ballottés entre le personnel soignant et certains vendeurs du « gazon ».

Les raisons de cet état des choses sont diverses. Tout d'abord ; l'on à la conscience professionnelle qui est piètre chez ceux ou celles qui se livrent à ce genre de pratiques. Ensuite, l'on peut indexer la sécurité sociale inhérente à leur fonction ou à leur profession. Enfin l'âpreté de l'existence est également à la base de ces dérives et le fait que les médicaments ne sont pas à la portée de toutes les bourses. En fait, selon le major des urgences de cet hôpital, l'hôpital Laquintinie est l'hôpital le plus sollicité par les classes sociales moyennes et pauvre. Ces dernières sont nombreuses. Ce qui a pour conséquence un travail énorme. Quant on fait le rapport demande/offre en prestations sanitaires, on se rend compte qu'on fournit beaucoup d'efforts pour des salaires qui ne sont pas toujours à la hauteur du travail abattu. C'est pourquoi il affirme :

  Ici aux urgences par exemple, nous sommes toujours sollicités. Le jour comme la nuit. Parfois même je sens comment mes collègues sont dépassés. Ce qui crée la mauvaise humeur, qui se répercute sur la qualité de l'accueil des malades, la déprime, le stress et le rançonnement des patients et la négligence. Certes les équipes de relève sont bien organisées mais le travail est éreintant. (Entretien réalisé le 07-01-07 avec le major des urgences de l'HLD en la personne de MANGA Simon).

Les remarques que fait ce major rejoignent l'analyse de PR TIDIANE DIAKITE (1989, op. cit.). Selon lui, dans les hôpitaux publics africains, le travail est immense au point où le personnel soignant préfère se servir (extorquer de l'argent aux patients) au lieu de servir. C'est ce que nous appelons le rançonnement des patients.

· Du rançonnement et de l'accaparement des patients

Le rançonnement des patients est le fait pour un agent de santé de cet hôpital d'exiger le paiement de l'argent pour un service rendu à un patient. C'est le fait pour un patient de payer un service pour lequel il ne devrait pas. En clair, il s'agit du paiement des « dessous de table » et des « bakchichs » pour bénéficier des prestations sanitaires (DIAKITE T., op. cit. p60). Ces pratiques, en effet, ont cours dans nombre d'hôpitaux publics camerounais en général et dans ceux de la ville de Douala en particulier. C'est ce qu'attestent ces propos recueillis sur le terrain :

 Ici à l'hôpital Laquintinie, si vous voulez être bien traité, vous devez toujours motiver les infirmiers et certains médecins. Les tarifs varient selon le service demandé et vont de 500F à 5 000F voire plus. Quand vous ne payer pas, vous êtes délaissés et personne ne s'occupe de vous normalement. On vous fuit même. On va dire que vous êtes un mauvais patient. Mais quand vous motivez les infirmiers et voire les médecins, on vous traitera de bon patient. (Entretien réalisé le 27-01-07 à l'HLD avec le patient M. NDOMBA).

M. FOUMZIE nous a tenu un discours similaire. Il déclare à en effet :

  Je pense comme mon voisin de banc. L'argent ici est roi dans cet hôpital. Si tu l'as quand tu es malade, s'il est possible qu'on te fasse revenir à la vie après ta mort, ils n'hésiteront pas. Regardez, nous sommes là depuis 8h du matin pour attendre un médecin qui ne viendra peut être pas puisqu'il est déjà 15h. Quand il va venir il faudra que j'apprête 5000F pour sa bière. Sinon il ne va pas honorer au rendez-vous qu'il va me donner. Si tu veux qu'on s'occupe bien de toi ici, mets les moyens en jeu. Ils s'occupent bien des patients qui paient. Nous les pauvres, on nous maltraite partout même ici à l'hôpital. On dit qu'on lutte contre la pauvreté. Moi je crois plutôt qu'on lutte contre les pauvres.  (Entretien réalisé le 27-01-07 aux urgences de l'HLD)

Les discours analogues sont légions et la litanie est presque la même. « Ils -le personnel soignant- nous maltraitent ». En fait, le personnel soignant, pour un nombre de nos informateurs, s'apparente à des bourreaux, à des tortionnaires (DIAKETE T. op. cit.). Les raisons de cet état de chose sont nombreuses et diverses. Nous nous ferons un plaisir de les énumérer dans un chapitre ultérieur.

Pour ce qui est de l'accaparement des patients, elle est renvoie au fait que certains médecins et infirmiers détournent des patients qui se dirigent à l'hôpital Laquintinie pour les conduire vers leurs cliniques privées dans les quartiers de la ville. C'est la raison pour laquelle le phénomène de « tâcleurs » prend de plus en plus de l'ampleur au niveau de l'entrée de cet hôpital.

Les « tâcleurs » sont ces personnes que tout malade, toute personne qui veut entrer à l'hôpital Laquintinie rencontre à l entrée dudit hôpital et qui lui propose les services un médecin exerçant en consultations privées. Ces tâcleurs ont pour but d'orienter les patients vers les cliniques privées de certains médecins et infirmiers de l'hôpital Laquintinie. Lesquels médecins et infirmiers leur versent des sommes d'argent qui sont fonction du nombre de patients qu'ils leur ont amenés. C'est ce que déclare M NTOLE :

  Mon travail consiste à conduire des malades vers les pharmacies et les hôpitaux privés avec lesquels je travaille. Après ma licence, comme le dehors est dur, c'est un ami qui m'a initié ce métier pour que je puisse survivre. Ça me rapportait de quoi survivre en payant ma chambre, mes vêtements, en assurant ma nutrition et ma santé. Un malade que je conduis dans une clinique privée équivaut à 1500 FCFA om à 1000Fcfa. Soit le patient me motive, soit le pharmacien, le médecin et l'infirmier le font. En fin de journée, ici je peux détourner 5 malades et parfois plus ou moins (Entretien le 02-02-07 à l'entrée de l'hôpital Laquintinie de Douala) M. NGANKEU Blaise dit pour sa part :

 Mon travail de tâcleur me permet de soutenir ma petite famille. Je travaille avec 2 médecins de cet hôpital qui ont leurs cliniques. Quand je parviens à convaincre un malade, je l'amène là-bas. Le transport est à la charge de la clinique qui m'emploie. Je peux percevoir 500 voire 1000F par médicament acheté par la malade que j'ai amené dans cette pharmacie ou dans cet hôpital. C'est dans l'après midi qu'il est plus facile de détourner les patients parce que à cette heure tout le monde sait qu'il est difficile de rencontrer un spécialiste. Lorsqu'ils n'ont pas pu le rencontrer, ils sont obligés de nous suivre. Ce qu'ils oublient, c'est que nous travaillons en collaboration avec certains médecins et infirmiers qu'ils recherchent. Ce qui veut dire que nous connaissons leur emploi de temps. C'est pourquoi, les malades qui nous connaissent et viennent rencontrer un médecin, viennent directement nous voir avant d'entrer à l'hôpital (Entretien le 02-02-07) à l'entrée de `HLD)

Ce que l'on doit dire ; c'est que ces tâcleurs nous ont semblé bien informés sur les allées et venues de biens des médecins et infirmiers de cet hôpital, c'est la raison pour laquelle nous avons cherché à vérifier leurs dires. Il s'est avéré qu'ils maîtrisaient effectivement sinon tout l'emploi du temps, tout au moins une bonne partie de l'emploi du temps de ces médecins et infirmiers. Ce qui induit qu'ils sont manifestement en relation et en intelligence d'esprit avec eux. Les anecdotes qui suivent viennent infirmier nos allégations et vous a été rapportées par les patients rencontrées à l'intérieur de cet hôpital. M BAZOU Calvin déclare : 

  Je suis là depuis le matin. Jusqu'à 14h le docteur n'est pas encore là mais je suis sûr qu'il est dans sa clinique personnelle. Mais allé à leur chef, ils vous diront qu'ils sont empêchés ou qu'ils sont malades, en tout cas ils ne vous diront pas la vérité. La conséquence est que nous sommes obligés d'attendre et de toujours attendre. Quand c'est trop, on va dans les cliniques privées et les cabinets privés du sous quartier.  (Entretien du 03-02-07 au pavillon de la médecine de l'HLD). M. BATOUM Honoré quant à lui affirme :

Dans cet hôpital, c'est vrai qu'il est propre et bien entretenu mais le véritable problème est celui des hommes qui travaillent ici. Ils pensent que la maladie se résume seulement aux médicaments ou à l'achat des médicaments dès que l'infirmier te remet une longue ordonnance il pensent que c'est suffisant même s'il te brime, te fait patienter pour le rencontrer ou te manque de respect. Ta vie même, il s'en moque surtout quand tu n'a pas les moyens, ce qu'il faut, c'est d'abord payer les soins si tu veux survivre et guérir. Sinon tu vas croupir ici, personne ne va se gêner, le personnel de santé va passer tout à coté de toi sans te demander ce qui ne va pas. Moi je pense qu'ici à l'hôpital Laquintinie, le premier souci du personnel de santé n'est pas la prise en charge des patients. Je vous assure que si maintenant je décide d'aller dans la clinique du Docteur que je suis en train d'attendre je vais le trouver là-bas. Et il va bien m'accueillir et bien me traiter. Mais ici à l'hôpital il n'a pas le temps d'être patient.  (Entretien du 03-02-07 au pavillon externe de l'HLD)

Nous comprenons dès lors que le service médical public sert de moyen pour s'approprier les patients, lesquels qui, voulant être bien traités sont obligés de se déverser chez ces médecins et infirmiers détenteurs de centres de santé privés. A l'hôpital, nos médecins viennent honorer leurs matricules de la fonction publique. L'on joue sur deux fronts pour pouvoir améliorer ses fins de mois. Cependant, étant donné qu'il est difficile de suivre deux lièvres à la fois, l'on préfère privilégier son investissement privé au détriment de ses charges et de ses responsabilités envers l'hôpital public. La conséquence en est que nombre de patients se plaignent de rendez-vous non honorés, de lapins que des prestataires de soins leur ont posés, de la négligence, du manque de sérieux de leurs part. mais l'alternative qu'on leur donne est de se rendre auprès des « tâcleurs » ou de suivre les prestataires de soins dans leurs cliniques personnelles. Quand chacun d'eux a ses patients fidélisés, ils sont bien traités tant à l'hôpital que dan sa clinique. Mais les patients « orphelins » ou sans « tuteur » sont abandonnés à leur sort. Il apparaît à cet effet que la relation thérapeutique est basée sur la connaissance des proches parents, du client, et du patient et beaucoup plus sur le faits qu'ils ont les moyens. De plus pour fidéliser son patient à sa clinique privé, le médecin ou l'infirmier se montre patient compréhensif et généreux. Bref ils deviennent subitement un bon médecin ou infirmier et jouiront de ce fait d'une bonne considération dans leur quartier et auprès de la population morbide (L'KHADIR A. juin 1998). Ces notions d'estime et de considération sont indispensables dans la relation thérapeutique. Les prestataires de soins à toujours besoin de se sentir estimé, valorisé et considéré au sein de la société dans laquelle il vit. Bien des paramètres socioculturels politico-économiques font en sorte que certains soignant préfèrent exercer de façon autonome pour se faire un capital social et économique important. C'est ce qu'affirme M. KALDJOP Vincent, propriétaire d'un centre de santé privé au quartier MAKEPE (Douala) en même temps infirmier à l'Hôpital de District de la Cité des Palmiers :

 Ce travail me permet de rencontrer une bonne partie de population de cette ville. A l'hôpital, je rencontre plusieurs personnes qui ont besoins de mes services tout comme ici au quartier. Quand je ne peux pas les satisfaire à l'hôpital, je leur demande de venir dans mon cabinet médical. Là j'ai tout mon temps et je peux même soigner à crédit ou la patient va payer progressivement. Mais ce n'est pas le cas à l'hôpital où il y a toujours affluence, où le travail est énorme et où les salaires sont bas. Ici par contre, je peux me faire un peu de sous dans avoir à rendre compte à qui que ce soit, je préfère cette activité parallèle au lieu de soutirer aux malades à l'hôpital. Les gens de ce quartier me respectent, il m'aiment bien parce qu'ils savent que je leur rend service.[...] Je dois vous avouer que ce n'es pas facile de concilier les deux emplois du temps et de satisfaire tout le monde. Mais on se bat comme on peut. C'est vrai qu'ici je peux réaliser des profits en termes de relations et en termes de fonds. (Entretien réalisé le 20-02-07 dans les locaux du « cabinet médical de la Paix » sis à MAKEPE-MATURITE).

Ce propos témoigne de ce que la relation thérapeutique est tout aussi importante voire indispensable que les médicaments dans les cliniques privées. Là, le personnel médical est plus consciencieux parce que la fonction y est lucrative. Mais lorsqu'il sort est à l'hôpital, cette relation thérapeutique est minorée et l'on met beaucoup plus d'accent sur l'achat des médicaments de la part des patients. Ceci parce qu'on sait d'avance qu'ils ne seront pas à même de s'en procurer. La relation médicale apparaît alors comme une pure perte de temps à l'hôpital Laquintinie parce que le travail ne rapporte rien. Ce temps qu'on va alors consacré au malade et qui ne rapporte peut être utilisé dans le cabinet médical privé qui, lui ; rapporte en terme de présent de relation, de devise et de considération. D'où l'on comprend pourquoi bien des patients et des soignants sont très souvent sur le pied de guerre.

II- De la place de l'économique à l'Hôpital Laquintinie

L'accès à la santé nécessite le concours d'un certain nombre de préalables, lesquels conditionnent la guérison des patients ou des malades comme nous l'avons vu plus haut. Nous avons également dit que dans cet accès à la santé, les dimensions sociale et économique de la relation thérapeutique sont de mises voire incontournables dans une ville de douala où l'argent et tout ce qui s'y rapporte sont estimés, valorisés et survalorisés. Dès lors, l'objectif de la présente section est de mesurer, au travers de données recueillies sur le terrain et de nos observations, l'importance de l'une et l'autre de ces deux dimensions dans la médecine conventionnelle telle que pratiquée par l' hôpital Laquintinie de Douala. Les données analysées et interprétées ici sont issues des pavillons de la maternité et de la médecine de l'H.L.D.

1- Patients et traitants dans les prix des soins

La relation thérapeutique en rapport avec les conditionnalités d'accès à la santé notamment les prix des médicaments et des soins, révèlent que l'argent est roi dans cet hôpital. Déjà pour y accéder, à des heures sommes toutes indues, il faut débourser une somme de cent francs FCFA (100Fcfa). C'est dire qu'autant d'entrées, autant de pièces de 100Fcfa à débourser ou à remettre aux vigiles prostrées au portail central de cet hôpital. Cette somme que qu'on réclame à tout les visiteurs ou gardes- malades, servirait à l'entretien des locaux et des bâtiments de cet hôpital. Seulement, pour nombre de visiteurs, l'on se demande bien si effectivement ces pièces de 100Fcfa servent à l'entretien de cet hôpital puisque l'entretien de l'hôpital est budgétisé. C'est sans doute pour cette raison que plusieurs visiteurs interviewés à ce propos pensent comme M. LINDJOUN Luc, agent de l'Etat à la délégation provinciale des enseignements secondaires du Littoral :

 Hier, quand j'ai amené mon fils était gravement malade, je suis ressorti pour acheter des médicaments. Au retour, ils m'ont exigé le billet d'entrée. Je n'avais pas de pièce d'argent sur moi. Ils m'ont fait perdre une quinzaine de minute. Quand je suis arrivé du bloc opératoire, mon fils était déjà dans le coma. Il faut qu'on réglemente cette activité. Ils viennent importuner les nobles citoyens même quand le maladie les frappe. Quand je pense qu'à cause des 100F qu'ils demandent là à l'entrée, j'ai failli perdre mon fils, ça me révolte. (Entretien à l'entrée de l'hôpital Laquintinie). M. BALEP Valentin pour sa part déclare :

 J'ai amené mon épouse ici hier pour rendre visite à un collègue de service . Au niveau du portail, on nous intercepte parce qu'on n'avait pas acheté de billet d'entrée. Alors que je me dirigeais vers le guichet pour le faire, l'un des concierges, celui qui a les rastas comme un fou là, a eu l'audace de poser ses mains sur les fesses de mon épouse. Il est même allé jusqu'à touché ses seins. J'ai failli faire sortir mon arme de sa sacoche pour lui donner une bonne leçon. C'est pour 100FCFA qu'il manque de respect envers les honnêtes citoyens. En plus, dès l'entrée, il faut payer, à l'intérieur alors, c'est grave. On ne regarde bien que ceux-là qui paient et paient bien. (Entretien réalisé le 09-02-09) au pavillon de la médecine de la médecine de l'hôpital Laquintinie).

Bien plus, la particularité des analyses sur les prix est que ce sont les patients issus de classas démuni qui se plaignent. Le personnel soignant pense que ces prix des médicaments sont abordables pour les patients issus d'une classe moyenne. Mais, il semble oublier que ce ne sont pas tous les patients qui sont issus des classes moyennes. L'accès à une consultation au niveau des services externes nécessite une somme de 1200Fcfa. La consultation qui elle, est parfois « mécanique et machinal » (Selon les termes d'un patient qui a requis l'anonymat) ne porte que sur les douleurs physiques dans la plupart des cas. A l'issue de cette consultation, l'on doit débourser au moins 3000Fcfa pour acheter les médicaments prescrits.

Au surplus, payer les prestations sanitaires, en soi n'est pas mauvais dans la mesure où cela permet de faire fonctionner l'hôpital. (70% des revenus de cet hôpital sont alloués à son fonctionnement et les autres 30% sont envoyés à la tutelle qui n'est autre que le Ministère de la santé publique). Mais bien des patients n'acceptent pas qu'on exige le paiement des frais hospitaliers avant tout soins au point de permettre que les patients gravement malades passent de vie à trépas. Aussi avons-nous vu des patients délaissés pour des affections bénignes. D'autres agonisants et couchés à même le sol à cause du manque d'argent. Une infirmière est même allée jusqu'à dire :

 Laquintinie n'est pas le cap de bonne espérance, encore moins l'hôpital du bon samaritain. La règle est simple ici. Si tu es malade, tu payes avant d'être soigné. Vous nous causez du souci. Nous n'avons pas des médicaments gratuits ici. Le paquet minimum n'est pas suffisant. La demande de soins est supérieure à l'offre médicale. (Propos recueillis lors des observations faites à Laquintinie).

La maternité offre un spectacle porteur de sens en ceci qu'elle s'est présentée comme un laboratoire in vivo (MENDRAS H., op. cit.). Les femmes en pleine parturition sont parfois traitées comme des bêtes de somme. Plus d'une fois, il a été question d'une atteinte à la dignité humaine comme l'atteste le cas de figure qui suit et dont les principaux acteurs sont les sages-femmes et les femmes enceintes.  «  Tu pleures maintenant, alors que le jour où ton type et toi faisiez cela, jouissiez là-bas, nous étions là ? Si tu veux, meurt même une fois. Les vieilles femmes comme ça qui viennent déranger les gens ici » (Propos d'une infirmière accoucheuses de la maternité de l'HLD). Quand le patient ne paie pas, il dérange. Mais quand il paie, il ne dérange pas. Parfois, aux faîtes de douleurs atroces qu'éprouve une femme en pleine délivrance, certaines se permettent de manquer du sérieux dans l'accomplissement de leur tâche. C'est là que les injures fusent de toutes parts (DIAKITE T., op. cit.) et que l'on néglige son poste de travail (MEYER P., op. cit.).

2- Une médecine à deux vitesses à l'hôpital Laquintinie

Les difficultés d'accès à la santé et l'inégalité devant cet accès à la santé font que le personnel soignant et la tutelle (le ministère de la publique) en relation avec le CENAME, lequel est en contact avec certaines industries pharmaceutiques internationales, ont trouvé une alternative mieux une solution pour les patients pauvres. Il s'agit de la vente de médicaments génériques. Comme le dit le Dr BOUELET ABENG Barbara :

 Le générique est un médicament qui se vend à un prix relativement bas par rapport au médicament original. En fait, le générique a les mêmes vertus thérapeutiques que les médicaments originaux. En plus, il est moins cher. La seule différence est qu'il est fabriqué par les industries pharmaceutiques de l'Inde, de l'Afrique du Sud et a de ce fait un autre emballage et une autre étiquette. Ces industries indiennes et sud africaines voudraient aider les populations pauvres du globe à accéder facilement à la santé. Par contre, le médicament original n'est pas toujours à la portée de toutes les couches sociales. Ce genre de médicaments est fabriqué par les industries pharmaceutiques européennes et/ou américaines qui, elles, travaillent poursuivent avant tout des buts lucratifs. (Entretien réalisé le 05/01/07 à l'HLD).

Aussi peut-on dire sans risque de se tromper que le générique, quand il y en a, est pour les pauvres tandis que les médicaments originaux sont pour les riches.

Pour ce qui est de la qualité des prestations sanitaires dispensées, l'on remarque également une nette distinction. Les pauvres ou du moins les patients pauvres ne sont pas aussi bien traités que les patients qui ont les moyens financiers et qu'on nomme là-bas les « bons patients » parce qu'ils paient « bien ». Ceux des patients qui paient bien sont mis dans les chambres individuelles, alors que ceux qui ne « paient pas bien » sont mis dans des salles communes avec d'autres malades.

Les patients qui sont dans les chambres individuelles sont suivis de manière soutenue et le personnel s'efforce de respecter les heures de ronde parce qu'il sait que les « bakchichs » sont garantis. D'où le patient est entouré de soins et fait l'objet d'une attention particulière. Quand on entre dans ces chambres, on est tout de suite frappé par la propreté des lieux et le calme qui y règne. On assiste peu ou prou aux invectives, aux accrochages entre patients et soignants. Les premiers recherchent l'affection des seconds, lesquels se montrent particulièrement courtois dans l'espoir d'avoir une motivation financière. Ce qui n'est pas le cas dans les salles communes.

Dans les salles communes les rapports entre soignants et soignés au niveau de la maternité et du pavillon de la médecine sont distants et superficiels. Ceci parce que les malades sont nombreux et que pouvoir s'occuper de chacun d'eux de façon soutenue et ininterrompue est bien difficile. Lorsqu'on a une infirmière pour 20 patients, on comprend qu'il y en a qui seront défavorisés par rapport à d'autres au niveau du suivi médical et/ou paramédical. Les rapports entre patients et soignants dans les salles individuelles sont denses alors que dans les salles communes, ils sont platoniques et superficiels. De toute façon, ces interactions font penser aux analyses sociométriques de MORENO J.L. (1953).

III- Du social dans les relations entre malades et traitants

1- Du social dans les relations entre patient et traitant à l'HLD

Les analyses sociométriques de MORENO J. L. (op. cit.) pour mathématiser les interactions entre les individus dans la société nous ont permis de faire un rapprochement entre elles et les relations thérapeutiques. Seulement, la relation sociale qui s'établit entre le patient et le médecin et/ou l'infirmier dépend du degré de confiance que l'un a envers l'autre et inversement.

Dans une relation thérapeutique où règne une confiance mutuelle, le patient et son traitant sont détendus. Les douleurs qu'éprouve le patient sont atténuées par le réconfort que lui apportent le médecin ou l'infirmier et les soulagements subséquents à la prise des médicaments. Par delà ces médicaments, le médecin ou l'infirmier qui se montre accueillant, souriant et attentionné envers le malade, est toujours aimé et apprécié. C'est le cas de ces médecins des urgences de l'HLD dont on disait bien des choses satisfaisantes. En effet, selon certains malades rencontrés dans ce bâtiment :

  Les deux médecins là sont toujours là même les jours fériés dans la nuit. Ils nous écoutent, ils nous comprennent et nous redonnent espoir. Quand on m'a amené aux urgences, il s'est occupé de moi et des frais à son propre comte en attendant que mes fils viennent régler la note .C'est grâce à lui qu'on a pu m'opérer sans grande difficulté. Avant cela, on ne se connaissait pas, mais maintenant, dans cet hôpital, il est comme un ange gardien pour moi. Je le remercie beaucoup et remercie aussi Dieu pour tout cela. (Entretien réalisé avec Madame ZOUM Bernadette, patient au pavillon de la chirurgie, le 03/02/07 à l'HLD). C'est dire que les actes de socialité sont néanmoins enregistrés ça et là dans cet hôpital.

2- De la socialité dans les rapports entre le personnel traitant et les patients à l'hôpital Laquintinie de Douala

L'hôpital Laquintinie n'est pas que fait d'un « vide social ». Dans ce labyrinthe, l'on remarque également des actes de générosité, de « solidarité » tant « organique » que « mécanique » pour parler comme DURKHEIM E. (1986, op. cit.). Entre les patients hospitalisés dans les salles communes, l'on assiste à une forte cohésion et à une forte tendance à partager les repas, des outils de ménage voire certains médicaments (gélules, alcool, sparadrap, compresse, etc.)

En outre, bien des médecins et infirmiers sont démotivés du fait de l'immensité du travail. Néanmoins, ils s'efforcent de réconforter les patients, quelles que soient leurs origines sociales, avec le peu de moyen dont ils disposent. Ce qui signifie que dans cet océan de précarité, il est des médecins et infirmiers qui sont encore mus par la conscience professionnelle pure, l'humanisme et la vocation. Les contradictions que l'on observe ça et là dans cet hôpital ne sont pas des fatalités. Toutes traduisent une déficience tant structurelle qu'humaine qu'on pourrait palier avec une ferme volonté du politique.

De plus, l'on peut dire que l'indifférence sur laquelle butent nombre de patients est en quelque sorte une réponse des praticiens de la santé au mutisme de l'Etat face à leurs doléances. Entre autres doléances, nous avons l'amélioration des conditions de travail (Infrastructure et équipements), la revalorisation de leur salaire, la création d'un comité d'éthique médicale, le recyclage du personnel médical et paramédical, ...Mais en attendant, certains prestataires de soins sont consciencieux et rompus à la tâche.

3-Les catégories sociales et l'accès à la santé à l'hôpital Laquintinie

L'accès à la santé exige à tous les malades d'entrer en contact avec les prestataires de soins pour bénéficier d'un diagnostic approprié et efficient. Ce faisant, les acteurs sociaux n'ont pas les mêmes atouts pour pouvoir entrer en contact avec les soignants. L'accès à la santé est dès lors fonction de la hiérarchisation sociale, des attributs ontologiques du patient, de son origine sociale et de son statut social (FAINZANG S., op. cit.)

*Le personnel soignant et les patients enfants

La relation entre le traitant et le patient enfant repose en grande partie sur le rôle le charisme de la mère ou du père dudit enfant dans la mesure où c'est à eux de faciliter ces rapports afin que l'enfant en question puisse se rétablir. La remarque que nous avons faite est que certains pédiatres font preuve de délicatesse quand ils auscultent les enfants. Ils sont attentifs, attentionnés envers ceux-ci et font des reproches non pas aux enfants mais bien plutôt à leurs parents quand il le faut. Ils leur disent également comment donner les médicaments à l'enfant. C'est de relever l'immensité du travail qui est le leur en ceci qu'il faut beaucoup de patience et de maîtrise pour pouvoir établir un rapport entre ce que lui ont dit les parents de l'enfant et les symptômes de la maladie afin de poser le diagnostic efficient. Certes c'est leur métier, mais il faut avouer que ce n'est pas une tâche aisée que de s'occuper de la santé des tous petits. Cependant, il faut dire que le personnel soignant ici au niveau de la pédiatrie peut être divisée en deux catégories. La première est celle qui s'efforce encore à humaniser les prestations sanitaires- pour combien de temps encore pourrait-on se demander-, la seconde quant à elle brille par son inconscience professionnelle en rendant difficile l'accès aux soins. De toute façon, nous dirons que les pesanteurs humaines à l'accès à la santé s'observent également dans les autres pavillons de cet hôpital.

CONCLUSION

Au sortir de ce chapitre qui tournait autour du social, de l'économique et de la relation thérapeutique entre soignants et malades de l'HLD, force est de constater que l'économique l'emporte sur la relation médicale. Cette dernière est fortement minorée et dévalorisée dans cet hôpital. Les prestataires de soins ne lui accordent de l'importance que dans la mesure où le patient « paie » bien et achète tous les médicaments qui lui sont demandés avant le traitement. L'on doit aussi retenir que le capital social (BOURDIEU P., op. cit.) est indispensable pour qui veut se faire soigner dans cet hôpital. Le patient qui connaît au moins un infirmier, se verra facilement pris en charge par rapport à celui- là qui ne connaît personne. En clair, les normes officielles d'accès à la santé dans cet hôpital perdent du terrain et sont supplantées par les normes « officieuses » qui, elles, ont tendances à devenir officielles et « légales » du fait des patients, du personnel soignant et du contexte socio-économique qui s'y prête. De toute évidence, il apparaît que dans cet hôpital l'économique, les médicaments sont sublimés, déifiés au détriment de la relation thérapeutique, qui elle, est minorée. Les raisons de cet état de chose sont diverses et les responsabilités sont partagées. L'occasion nous sera donnée de le prouver dans une partie ultérieure. Déjà , appesantissons- nous sur le social, l'économique et la relation thérapeutique dans la médecine tradinaturelle à l'AC.

CHAPITRE IV :

LA PLACE DU SOCIAL, DE L'ECONOMIQUE DANS LA MEDECINE TRADINATURELLE ET LE SOUTIEN MORAL DANS LES DEUX FORMES DE MEDECINES

Introduction

Le chapitre qui suit portera sur la compréhension de la socialité et de l'économique dans la médecine naturelle et le soutien moral apporté aux patients dans les médecines sus-évoquées. La relation entre le patient et son traitant peut revêtir plusieurs formes. Ainsi, elle peut être conflictuelle, de sujet à sujet, de domination, beaucoup plus de compréhension mutuelle et paternaliste. Quant au social et à l'économique, les places qu'ils occupent dans la médecine naturelle sont différentes. Le social, au regard de nos observations, l'emporte sur l'économique, lequel semble revêtir un caractère caritatif, aux fins de permettre aux malades de recouvrer leur santé (HATTIER, op. cit.). En fait, les groupements d'initiatives communes en matière de santé ambitionnent de revaloriser le patrimoine culturel africain en général et camerounais en particulier dans le cadre de ce que les présidents THABO MBEKI (de l'Afrique du Sud), OLUSEGUN OBASSANJO (du Nigeria), appellent « la renaissance africaine ». A cet effet, les GIC rencontrés à savoir PROPLAMETRAC, NATURALIA, WAZA et NATURO-SANTE, multiplient les artifices pour fidéliser le public à la médecine naturelle en même temps qu'ils s'évertuent de l'officialiser ou de la rendre formelle.

I- De la place de l'économique dans la médecine naturelle de  L'African Clinic 

L'importance de l'économique dans la médecine tradi-naturelle de l'African Clinic  de prime abord, n'est pas aussi survalorisée comme celle de l'hôpital Laquintinie. En fait, l'économique est certes important ici, mais il joue un rôle de facilitateur d'accès à la santé. L'on ne le sublime pas et l'on n'en fait pas une condition sine qua non d'accès aux médicaments et partant d'accès à la santé (YORRO S., op. cit.). Dès lors, l'on comprend pourquoi la grille tarifaire des soins de santé ici est abordable et à la portée de presque toutes les bourses (CELERIER I., op. cit.).

De plus, le paiement des soins peut être fait en plusieurs tranches selon les possibilités des patients. Ce qui nous plonge dans la perception que le personnel de l'African Clinic a de ces derniers. En effet, nos observations nous permettent de dire que le patient est considéré et valorisé de par la qualité de l'accueil qui lui est réservé, la gratuité de la consultation, la disponibilité du soignant et l'intérêt que celui-ci porte à ses patients (SPEEDING E. J. and ROSE D. N. op. cit.). la relation médicale devient donc affective et les patients se sentent en sécurité alors qu'ils sont en face de leurs traitants. L'argent ne vient que pour symboliser la volonté des deux parties prenantes de se satisfaire mutuellement. Aussi comprend-t-on pourquoi tout se passe dans une ambiance bon enfant et dans un climat détendu.

Bien plus, dans le contexte de la médecine naturelle, il semble que l'argent n'exerce pas une pression supplémentaire sur le patient parce qu'il n'influe pas sur la relation médicale existant entre son traitant et lui. Les conditions, même si elles sont modestes, sont tout de même réunies pour soutenir le moral des patients. Lors de la consultation à l'hôpital Laquintinie et notamment au pavillon de la maternité, l'on a le sentiment que le volet économique est redouté et craint parce que les prix des médicaments et des soins ne sont pas au niveau de toutes les composantes sociales. Le patient redoute toujours cet instant où il faudrait bien qu'il prenne connaissance des prix des médicaments. Aussi constate-t-on que la relation médicale est mise à mal à cause de la pression qu'exercent les prix des soins sur un nombre important des patients ou des malades. En revanche, la grille tarifaire des soins à l'African Clinic est somme toute abordable comme nous l'avons précisé plus haut (LANTUM D. op. cit.).

1- Patient et traitants dans les prix des soins à l'African Clinic

Produits

Maladies

Prix

Avoline Forte : Look précaution

STD: a chlamédia of gonoria, loses white, demangeaisons, stomach ache, menonal pain, painful, mentrual, vest pain.

Pharmacy: 2000 Fcfa

Promotion : 1000 FCFA

Man power natural

Treatment: sexual weakness, frigidité, preciness ejaculation, increases amont of spermatozoids, Re-inforces the waist

Pharmacy: 3700 Fcfa

Promotion : 1500 FCFA

Anti douleur natural

Treatment of bad mouth adour, tooth ache, wounds, extern and intern inflation

Pharmacy: 2900 Fcfa

Promotion : 1500 FCFA

Gel d'Aloe Vera

Treatment starter, lost of hair, filary champignons, business

Abundant white lost and vaginal inching, genital herpes, stomach ache, choemorhage

Pharmacy: 2500 Fcfa

Promotion : 1700 FCFA

Teinture d'ail et d'oignon

Treatment of ear pain, tooth ache

Hypertension arterialn nerves pain

Intestine worms

Pharmacy: 2500 Fcfa

Promotion : 1700 FCFA

FENGYOU JING

Treatment of rhumatismes, cramps, stress, nerves pain

Pharmacy: 1800 Fcfa

Promotion : 1000 FCFA

Fresh-plus (produits de beauté)

- nourishes the body, shines skin, black option and pinpons

- Maintain the skin colour

Pharmacy: 2900 Fcfa

Promotion : 1000 FCFA

You will find imported products from Asia, America and West Africa.

NB: We offer you our method of treatment of illness neglected badly treated and chronic, through a good consultation method and ancestral treatment, based on plants freshly harvested through traditional norms for a rapid care without side effect.

Source originelle: grille des prix des médicaments à l'African Clinic.

L'analyse de cette grille des prix des prestations médicales montre que l'économique y est minoré alors que le thérapeutique couvre presque toutes les affections. Pour accéder à ces prix, le patient n'a pas besoin de payer la consultation. La gratuité de cette dernière obéit avant tout à un souci social qu'à un souci lucratif. Les divers et multiples rapports thérapeutiques que les patients entretiennent avec leurs traitants ont toujours un aspect particulier qui est fonction de la spécificité de chaque maladie. On comprend pourquoi le « Dr » TAJOUDINE déclare :

 Chaque patient que je rencontre, qui me consulte est une histoire faite de hauts et de bas. Je crois que tout homme est particulier. C'est pourquoi je prends tout le temps nécessaire pour comprendre chaque malade. Je crois aussi que la médication se trouve aussi dans l'histoire de tout malade. Le médicament et l'argent ne viennent que pour faciliter cette guérison. D'où il faut être attentif quand le patient parle, quand il s'exprime. Celui que les médicaments qu'on évalue à cent mille francs CFA n'ont pas pu guérir, une simple écoute et plusieurs conseils peuvent le faire. (Entretien réalisé le 05-05-07 dans les locaux de l'AC).

En outre, l'on constate que les médicaments ne dépassent pas le prix ou le seuil de 4000 Fcfa quels qu'ils soient, quelle que soit la maladie du patient. C'est sans doute pour cette raison que le nombre de patient que cette structure accueille par jour va augmentant. A ses débuts, l'African Clinic accueillait 10 à 15 clients (malades) par jour. Aujourd'hui (mai 2007) l'AC accueille près de 50 clients par jour. Ses patients fidélisés s'attellent à faire sa publicité dans leur entourage, dans leur voisinage. Ce qui contribue à élargir considérablement sa clientèle et sa renommée. D'où un patient, TCHAMIEU Bertrand, affirme :

 Au début, je venais ici seul. Comme ils m'ont bien traité, maintenant j'amène les membres de ma famille quand ils sont malades. Même mes voisins viennent déjà ici parce que je leur avais conseillé de le faire. Ici c'est comme une grande famille. On se croise, on se recroise et on s'habitue aux autres. On connaît cette clinique dans presque tout le quartier. Elle nous aide beaucoup. Je préfère venir ici que d'aller à Laquintinie. Pour arriver à Laquintinie et entrer pour consulter, tu dépenses déjà pas moins de 15000Fcfa, alors qu'ici avec cette même somme, tu fais le bilan de santé, tu achètes tes médicaments et tu te fais soigner. Personne ne va te rançonner, personne ne va te maltraiter. Ici, on a la paix du coeur qu'on n'a pas toujours quand on va à l'hôpital Laquintinie. Parfois, j'ai même peur d'y aller. Mon épouse me dit toujours que si un jour elle est gravement malade, que je ne part pas avec elle là-bas. Sinon on aura les problèmes parce qu'en l'amenant là-bas, pour elle, c'est comme si je voulais précipiter sa mort. (Entretien réalisé le 10-05-07 à l'AC).

La renommée des structures médicales est donc le produit ou la dérivée des interactions de face à face que les patients ont eues avec le personnel soignant alors qu'ils étaient à l'intérieur de celles-ci. (JAFFRE Y. op. Cit.).  L'African Clinic  jouit d'une bonne célébrité dans son quartier d'implantation grâce au zèle de son personnel et à la proximité qui existe entre celui-ci et ses patients. On comprend pourquoi selon le prêtre DE ROSNY (1990), la médecine naturelle est une médecine populaire. En clair, c'est le recours thérapeutique que la plupart des africains maîtrise le plus et mieux (BENOIST J., op. cit.). Le vrai africain, celui-là qui l'est de souche ne saurait la dévaloriser (MBONJI E. op. cit.). Elle constitue et représente un patrimoine culturel thérapeutique que les pouvoirs publics doivent exhumer et réhabiliter. Elle nous permettra de mieux résorber les problèmes de morbidité en Afrique (RETEL L., op. cit.). En fait c'est une médecine tout aussi complète que préventive (MBONJI E. op. cit.).

2- L'African Clinic et les mesures préventives des maladies.

L'African Clinic, dans un souci de prévention d'un certain nombre de maladies, a jugé bon de produire un fascicule. Lequel sert à prémunir sa clientèle contre bien de maux. Ce fascicule est intitulé «How to cure yourself as from natural plants?» Ce titre traduit en français donne « Comment guérir d'une maladie à partir des plantes ? »  Dans ledit fascicule, nous y trouvons les vertus thérapeutiques d'une trentaine de plantes lesquelles soigneraient soixante et quinze (75) maladies. Cette opuscule est le fruit du naturopathe et herboriste CHOUAIFOU MOPA en partenariat avec d'autres phytothérapeutes. Chaque maladie identifiée a à sa suite son mode de traitement fait à base de plantes que l'on peut trouver sur les marchés de la ville de Douala. Les auteurs y ont également mis les mesures de prévention de nombre de maladies. La dimension préventive dans la lutte contre la morbidité occupe par conséquent une place non négligeable dans la médecine naturelle, du moins telle qu'elle est pratiquée à l'AC. Ce qui remettrait en cause les points de vue de KNUESEL R. (op. cit.) pour qui, les africains aiment à guérir de leurs maladies plutôt que de les prévenir. Il dit à cet effet :

Pour les peuples d'Afrique, le noir ne meurt pas de saleté. Allez au fin fond de l'Afrique, vous y verrez des personnes qui ne savent presque rien des règles d'hygiène. Mais vous les verrez toujours bien portante. Préjugé ou réalité, en tout cas, l'homme africain sait que la prévention n'est pas toujours une nécessité.

Le lieu n'étant pas indiqué pour envenimer le débat -ce qui est au-dessus de nos compétences- disons tout de même que l'AC s'attelle à enseigner à ses patients comment prévenir bien des maladies. C'est à juste titre que dès l'entrée dans ses locaux, l'on lira sur les affiches murales et dans le fascicule dont nous parlions plus haut, les seize règles de santé ci-après :

 The 16 health rules: (observe these health rules and you shall live long) 

1- Air is a free gift of heaven, be outside for many houses by day, open doors and windows for goods ventilation.

2- Bath with the sun and benefit from his monhymme kindness. This is mostly for those who are always in their ears, in their office with air condition; the sun is the source o vitamins D. this vitamins source in bains and teeth.

3- Always rules all parts of your body, rest at least one day by week, let your stomach to rest at least for 05 hours before next meal.

4- Always regarly make sport, there no exercise that is beneficial to all parts of the body their trekking subscribers of taxi and proprietors of personal cars owners should think over it do at least 3 minutes of trekking (walking) every day.

5- You must have good feeding regime consuming more herbs such as lettuce, leaves, cocoyam, leaves cabbage and cassava leaves.

6- Consume fruits of life such as of live such as bananas, pawpaw, orange, egoissi, pineapple, lemons; these are true products which are laxative to protect you against constipation and parasites.

7- Do not drink water during the meal. Drink to glasses of water or lemons before break fast to purify your organism. This shall protect you from all sickness.

8- Cool water is not advisable

9- Do not smoke, stop drinking alcohol, do not drink gaseous drink. They are source of many sicknesses.

10- Abandon toxins medicines such as paracetamol, aspirin and others. They never cure you, they destroy your lives, your west and lungs.

11- Do not consume proc-meat, it can be dangerous to you health. It meat contains excess cholesterol which is at the origin of diabetic, hypertension, nerves pains and stoutness.

12- Do not consume pigment in excess. Consume honey on the place of sugar and do not exaggerate the consumption of tea and coffee.

13- Stop the abusive consumption of palm oil, all types of meat, salt, vinegar, eggs (03 eggs per weets).

14- Avoid cool chicken and almost all cool products

15- Do not eat late and night supper

16- Use more garlic and onion in your dish, they are true health guardian.

Les règles de santé ci-dessus détaillées et énumérées, permettent à nombre d'usagers de cette structure médicale de veiller sur leur mode de vie, l'une des conditions sine qua non pour jouir d'une bonne santé. Il s'agit dès lors de responsabiliser les patients en leur conseillant d'être pointilleux quant à ce qui se rapporte à leur hygiène de vie (YOUNG C., op. cit.) On comprend alors que pour les promoteurs de la médecine naturelle, du moins ceux de l'AC ; la responsabilité individuelle est pour beaucoup dans les maladies sociales. (BURNLEY, op. Cit.). Aussi le Docteur  TAJOUDINE et son personnel n'hésitent-ils pas à blâmer, à reprendre et à conseiller leurs patients sur la nécessité de prendre soin de leur santé.

Au surplus, toutes ces mesures sanitaires plaisent bien aux patients dans la mesure où ils nous ont révélé ne pas en bénéficier dans le hôpitaux publics. Selon nombre d'entre eux, l'accent y est mis beaucoup plus sur le médicament et le traitement que sur la prévention des maladies. (KNUESEL R., op cit). Plusieurs préféreraient que les hôpitaux ou du moins les prestataires de soins intègrent la dimension préventive dans le traitement. Pour eux, tout homme doit pouvoir prendre soin de sa santé, c'est pourquoi l'Etat se doit d'informer ses citoyens afin que ceux-ci puisent se prémunir contre la morbidité sous toutes ses formes. En clair, il s'agit alors de procéder exactement pour les autres maladies comme les pouvoirs publics le font pour le VIH/SIDA. C'est dire que l'on doit donc joindre le préventif au curatif dans les hôpitaux comme le font les prestataires de soins de l'AC (BENOIST J., op. cit.)

Par ailleurs, l'AC s'attelle à aller au- delà du biologique pour atteindre le social des patients dans les dispensations des soins. Aussi comprend-t-on mieux pourquoi le PR MBONJI (spécialiste camerounais en ethnomédecine) considère la médecine traditionnelle comme une médecine complète en ceci qu'elle tient compte du rapport du patient avec son milieu (le cosmos), son psychique et la société. Ce qui n'est pas différent de la définition que l'OMS donne de la santé. Elle la définit en effet comme étant : «  Un état de bien- être physique, mental et social » ( www.oms.org).

3- Le traitant et les proches du patient à l'AC

Les allées et venues de plusieurs patients dans l'AC sont marqués par le soutien que leur apporte leur famille, laquelle jouent un rôle dans la quête des soins. Les patients, quand il s'agit d'enfants de bas âge, sont amenés à l'AC par leurs parents. Ces derniers les présentent au « Docteur » TAJOUDINE afin qu'il les ausculte.

La consultation d'un enfant de bas âge (05 à 08 ans) n'est pas aisée du fait de la timidité ou de la peur qu'il éprouve à la seule vue du docteur. C'est alors que la mère, le père ou le grand frère sont appelés à la rescousse afin de mieux expliquer et détailler les symptômes de la maladie au soignant. Les conversations ne se limitent pas aux seuls maux des patients mais aussi à ses activités ludique, scolaire et familiale. La bonne entente est donc de mise ici en ce sens que gardes-malades et traitant doivent être sur la même longueur d'onde afin de poser un diagnostic tant préventif que curatif adéquat (DEVEUGELE M., DERESE A., DE MAESENER J. op. cit.).

En outre, les patients qui sont gravement malades et qui sont suivis par le Docteur  TAJOUDINE, suivent le traitement dans leurs domiciles respectifs. On comprend dès lors que c'est le traitant qui va à leur rencontre. C'est en quelque sorte l'équivalent du service français d'aide médicale d'urgence à domicile (SFMUD). Les malades qui ne peuvent donc plus se rendre à l'hôpital sont suivis chez eux comme s'ils étaient à l'hôpital. Les patients suivis à domicile par les prestataires de soins de l'AC disaient être satisfaits (Michel A, WIADNYANA IGP, HARVEY, op. cit.). Ces patients affirment à cet effet :

 Nous sommes déjà vieux et pour nous faire soigner, ce n'est pas facile dans les hôpitaux publics. Là-bas il n y a pas de médecine de la vieillesse que les blancs appellent la gériatrie. Quant tu vas à Laquintinie par exemple, à mon âge, tu peux facilement avoir une crise cardiaque. On te méprise, on t'insulte, on ne te respecte pas malgré ton âge avancé, on te demande de payer pour voir le médecin. Quand moi je pense à ça, je préfère rester chez moi et me faire soigner à domicile par des personnes qui m'estiment. Ce docta, je le connais depuis près de cinq ans, il est déjà comme mon propre fils et moi comme son père. Ma famille le connaît. Avec lui, je me sens en sécurité et en paix. Quand j'allais dans les hôpitaux, j'avais toujours peur parce qu'on n'accueille pas bien les gens sauf s'ils ont de quoi payer. (Entretien réalisé ave M. EBONGUE Jules - sexagénaire et militaire à la retraite le 20-05-07 dans son domicile par l'entremise du « docteur » TAJOUDINE).

L'on comprend dès lors que la médecine naturelle est une médecine de proximité dans la ville de Douala dans la mesure où selon les termes du « docteur » TAJOUDINE :

 Nous multiplions des stratégies pour nous rapprocher des patients et des malades. C'est pourquoi nous allons jusque chez eux quand ils sont gravement malades. On les suit en fonction du type de maladie qui les affecte. C'est vrai que quand on va chez un malade pour le soigner, on est bien accueille dans la plupart des cas. Mais là, les prix des soins sont un peu revus à la hausse. Le déplacement est inclus. Ces prix sont néanmoins abordables. C'est la raison pour laquelle, je suis toujours sollicité le jour et même tard dans la nuit.

II- Rapport social plus que rapport économique dans la médecine naturelle à l'AC

Le rapport social semble avoir une importance particulière par rapport à l'économique dans la médecine tradinaturelle. En effet, les patients et le personnel de l'AC fondent le guérison beaucoup plus sur la bonne entente, la compréhension mutuelle, le respect mutuel que sur l'économique. L'argent n'est pas sublimé. Il est même minoré afin de permettre à toutes les composantes sociales de pouvoir se faire soigner quand elles sont malades (YORRO S. op. cit.) En fait, le rapprochement entre patients et traitants à l'AC ambitionne d'attirer plus la clientèle, la fidéliser afin de revaloriser la médecine naturelle (L'KHADIR A. op. cit.).

1- Le  docteur  TAJOUDINE et ses patients dans la recherche de la santé

Le  docteur  TAJOUDINE nous a permis d'assister à certaines de ses consultations pour voir comment elles sont conduites et comment il s'entretient avec ses patients. Il ressort de l'analyse de ces consultations qu'elles tournent autour de la globalité ou de l'holisticité de la vie du patient (DE ROSNY op. cit.).

La première interrogation se rapporte toujours à « ce qui ne va pas ». Ceci quand c'est un nouveaux patient. Celui-ci s'attelle dès lors à relater son mal, sa manifestation et bien évidemment, son origine et sa localisation. La langue utilisée pour véhiculer son message est soit le français, le pidgin, l'anglais et /ou le Bamoun.

Pendant que le patient s'exprime, le « docteur » TAJOUDINE prend note et l'écoute attentivement. Les notes prises servent à diagnostiquer le mal et à prescrire un traitement approprié (BENSING J. M. op. cit.). Après cela le  « Docteur » TAJOUDINE ausculte son patient. Il le palpe et prend sa température. Assister à une consultation n'est pas chose aisée. Cela peut être vu comme une atteinte à la dignité du patient. D'où nous avons requis leur accord (surtout celui des femmes) avant d'y assister. Ceci pour des exigences éthiques liées non seulement aux modalités de la recherche scientifique, mais aussi à la déontologie médicale (LADRIERE P. op. cit.). Selon les ouvrages qui réglementent la fonction médicale, il n'est pas permis d'assister à la consultation d'un malade avec son médecin traitant. (MANUILA.I., MANUILA M. et MICOULIN M. op. cit.)

De plus, après que le patient ait fini de s'exprimer, le traitant peut donc lui dire la nature de sa maladie et lui proposer une médication dans la pharmacie qui se trouve dans son bureau. Avant de lui révéler la nature de sa maladie, il s'attarde sur tous les autres aspects de la vie du patient. Le « docteur » TAJOUDINE s'informe sur sa famille, ses amis, sa profession, le quartier où il réside, sur son alimentation, ses difficultés et ses problèmes. Ceci parce que pour lui : «Le médicament d'une maladie peut se trouver dans l'une des dimensions de la vie du patient » (Entretien réalisé le 03-05-07 au bureau du « docteur » TAJOUDINE à l'AC).

A la fin de l'entrevue médicale, le docteur TAJOUDINE ne se prive pas de conseiller ses patients sur les modalités de prévention de leurs maladies. Pour lui, la prévention est préférable à la guérison surtout quand on est un patient qui n'est sûr d'avoir les moyens de se faire soigner. Il faut toujours anticiper sur la maladie. Dans un contexte socio-économique marqué par la précarité, il s'avère indispensable de prévenir les maladies en conseillant les malades qu'il (le docteur) suit sur les voies et moyens à mettre en oeuvre pour éviter les maladies. Pour ce faire, les traitants doivent s'apparenter à des sortes de conseillers médicaux (MBONJI E. op. cit.).

2- Le « Docteur » TAJOUDINE et ses patients dans leurs domiciles

Le « Docteur » TAJOUDINE nous a permis, dans le cadre de ce que nous appellerions « sa médecine de proximité », de le suivre dans certains de ses déplacements. L'équivalent du service français d'aide médicale d'urgence à domicile (SFAMUD) qui s'attèle à soigner les malades dans leurs domiciles. Le GIC qui soutient le « docteur » TAJOUDINE a estimé que les patients qui n'ont pas assez de moyens pour venir vers lui, peuvent être satisfaits quant il va vers eux dans leurs domiciles. Généralement, ce sont les patients qui sont gravement malades qui nécessitent ce genre de visite.

Le « docteur » TAJOUDINE, en se déplaçant lui-même, majore les prix des prestations sanitaires en fonction de la distance à parcourir entre sa clinique et le domicile du malade. Dès son arrivée, l'accueil est d'abord chaleureux et il s'imprègne sur la situation familiale et cherche à savoir si tout le monde va bien. Ensuite, il ausculte son patient , et si besoin est, lui prescrit un médicament naturel fabriqué par le GIC (PROPLAMETRAC). La plupart des patients que nous avons rencontrés dans leurs domiciles sont satisfaits. Ainsi l'un d'eux affirme :

 Je suis fier de ce qu'il vient jusqu'ici chez moi pour me soigner. Ici chez moi, il apprend à me comprendre. Il me connaît bien. Moi je met toute ma confiance en lui parce qu'il nous redonne espoir. Mon mal de dos me cloue sur le lit. S'il ne me soignait pas à domicile, il y a longtemps que je serais déjà mort. Moi je suis content de le voir. Ma famille est habituée à lui. D'ailleurs mes enfants l'appellent tonton Tajou. (Entretien réalisé au domicile de M. TAFOU Bertrand, patient du docteur TAJOUDINE, le 06-05-07).

Bien plus, Mme OLONG Françoise affirme :

  Ce docteur vient ici grâce à un ami qui a passé son numéro à mon mari. Je suis anémiée et j'ai mal aux os. Ce qui me donne le vertige. Chaque fois que je l'appelle, on prend un rendez-vous. Il vient ici à la maison et me soigne. Il me donne beaucoup de conseils pour rester en vie. Ses conseils me donnent du courage et de l'espoir. Un jour, il est même venu ici avec sa femme pour me rendre visite alors que je m'étais évanoui. Ils s'étaient empressés de venir voir mon état. Les médicaments qu'ils me donnent me permettent de me sentir revivre. (Entretien réalisé le 17-05-07) à son domicile)

Au surplus, Mlle FINDOU Adélaïde déclare :

 Docta TAJOUDINE me suit depuis 3 mois chez moi, chaque fois qu'il vient, il me redonne espoir. Il me conseille. Avant, je ne marchais pas. Mais maintenant, je peux sortir là dehors. Je lui dis merci pour cela. Quand il vient, il prend le temps pour savoir ce qui m'est arrivé quant il n'était pas là. Quand j'ai perdu mon emploi, il m'a conseillé et m'a rassuré que tout va s'arranger. C'est pourquoi, quand quelqu'un est malade et qu'on ne peut pas l'amener à l'hôpital je lui donne son numéro et il vient le rejoindre. (Entretien réalisé le 18-05-07) au domicile de Mlle FINDOU A.)

Tous ces récits de vie montrent combien, la tâche du « docteur » TAJOUDINE est importante et utile pour ses patients. Ces derniers voient en lui une sorte de sauveur qui leur redonne espoir dans les plus sombres heures de leur vie (BENOIT J., op. cit.). C'est pourquoi, ce qu'il leur demande de faire, selon eux ne vise que leur rétablissement. Ils estiment donc qu'ils doivent mettre leur confiance en lui au regard de toute la peine qu'il se donne pour les traiter. C'est pourquoi, certains ne s'empêchent pas de l'inviter à table pour dîner. La profondeur des rapports entre le « docteur » TAJOUDINE  et ses patients est telle qu'on pourrait se demander si la médecine naturelle n'est pas une médecine sociale. Au regard de ces rapports, nous pouvons arriver à cette conclusion.

3- Les patients et les aides-soignants

A l'arrivée d'un patient ou d'un malade à l'AC, celui-ci doit obligatoirement se faire enregistrer par le personnel aide- soignant de cette structure médicale. A l'AC, nous avons dénombré deux (02) aides -soignantes qui reçoivent ou accueillent les patients, les enregistrent et/ou leur vendent des produits médicamenteux (SOCPA A., op. cit.).

L'accueil du patient, qui qu'il soit, passe par un certain nombre d'étapes. Tout d'abord, cet accueil est chaleureux et bienveillant. C'est à ce niveau qu'il est demandé aux patients ce qu'il veut, ses attentes et sollicitations. Si le patient veut acheter des produits pour une maladie précise, c'est le personnel paramédical qui les lui vend, surtout si le « Docteur » TAJOUDINE est absent ou quand il est allé consulter à domicile.

La vente des médicaments par ce personnel qui joue le rôle de pharmacien ne se fait pas au hasard. Les aides -soignants vendent les médicaments sollicités à l'aide du fascicule où sont inscrits les maladies, les médicaments et les tarifs y afférents (NGAMBOUCK V. 1998). En plus, nos aides- soignantes se doivent d'expliquer et de présenter les vertus du produit acheté par le patient.

C'est à elle également que revient le rôle d'entretenir les patients qui veulent à tout prix rencontrer le « docteur » TAJOUDINE ceci pour qu'ils ne se sentent pas seuls et/ou abandonnés. Selon elles, l'ennui du malade peut le pousser à la déprime et pis, à entretenir le doute sur sa guérison. C'est pourquoi , il est indispensable d'entretenir le moral des patients même si pour cela, il faut consentir à un certain nombre de libéralités (DONGMO A., op. cit.). Il est donc question ici de faire en sorte que le patient ressente que sa maladie n'est que passagère et qu'il pourra recouvrer sa santé. C'est à juste titre que l'une d'elles affirme : 

 Chaque patient a droit à un bon accueil et à un respect particulier. Quand on est malade, c'est notre vie qui est menacée et également celle des membres de notre famille. Quand au chef de famille qui est malade, s'il n'est pas bien traité et qu'il décède, la vie de sa famille devient difficile. C'est pourquoi, moi je pense qu'on ne doit pas blaguer avec la santé des gens. Quand ils prennent la peine de venir vous voir parce qu'ils sont malades, même s'ils n'ont pas l'argent nécessaire pour cela, faites le minimum pour qu'ils se sentent bien dans leurs têtes. (Entretien réalisé le 20-05-07 avec Mme DJEUFACK Aline à l'AC, aide- soignante à l'AC).

De toute évidence, le personnel paramédical de l`AC est conscient des missions qui sont les siennes malgré l'immensité du travail qui est le leur. Cependant, il est arrivé lors de nos observations, de noter des sauts d'humeur de chacune d'elles lesquelles étaient dues, on l'imagine bien, à la fatigue et à la lourdeur du travail et non à la mauvaise foi ou à l'inconscience professionnelle. Etant tous des hommes, on comprend que nous fassions de temps à autres des erreurs dans l'accomplissement ou dans l'exercice de nos fonctions. (CELERIER I., op cit). Cependant, ce qui pose problème, c'est quand on se complait dans « la culture des erreurs » qu'on observe dans les milieux hospitaliers camerounais (MEYER P. op. cit. p27).

Les aides- soignantes s'évertuent aussi de bien entretenir les gardes- malades ou du moins ceux des malades qui viennent avec leurs proches. Les discussions vont de la santé du malade au politique et à la conjoncture dans la ville de Douala qui n'est pas à la portée de toutes les bourses ou de toutes les couches sociales. Les informations qu'ils s'échangent leur permettent de mieux se connaître et partant de prendre soin des intérêts des uns et des autres (DE ROSNY op. cit.). Cela permet de se rapprocher, de se faire mutuellement confiance. (BEISECKER A., op. cit. ). Nous constatons dès lors que les patients et les traitants ici construisaient un lien social fort au travers des interactions qui aboutissent sur le rétablissement des patients et le contentement du personnel soignant (CARRICABURU D. et MENORET M. op. cit.).

III- La médecine tradinaturelle : un palliatif au problème de santé publique en Afrique

La médecine tradinaturelle au fil des années prend de l'ampleur dans l'espace public africain en général et camerounais en particulier (YORRO S. op. cit.). Cela tient au fait que la médecine conventionnelle ou occidentale vient d'ailleurs et qu'elle a été en quelque sorte imposée aux peuples africains pendant la période coloniale (M'BOKOLO E. op. cit.). Certains auteurs pensent même que ce qui l'a fait perdurer et résister aux velléités du pouvoir colonial de la phagocyter, c'est parce que bien des africains traditionalistes l'ont toujours pratiquée discrètement et secrètement. (DE ROSNY E., op cit). D'où aujourd'hui, jouissant d'une certaine autonomie politique, les pays d'Afrique l'ont en quelque sorte réhabilitée et restaurée (Ghana, Sénégal, Togo, Bénin, Mali, Nigeria, etc.). De plus, l'on ne peut exclure le contexte socio-économique qui favorise aussi son embellie. Le PR LANTUM D. (op. cit.) a mis en relief les facteurs sociaux, économiques et culturels qui sous- tendent son expansion.

1- Les facteurs d'expansion de la médecine naturelle

Les facteurs explicatifs du retour en grâces de la médecine traditionnelle (HOURS B. op. cit.) sont recensés par le PR LANTUM Daniel, spécialiste des questions relevant de cette forme de médecine au Cameroun. Il en a distingué 22 qui combinent le social, l'économique et le culturel. Nous avons donc , pour les énumérer, la lettre F comme initiale du mot facteur et la numérotation va de 1 jusqu'à 22.

Les facteurs que nous avons évoqués plus haut (cf. page 18 et 19) relèvent du social, de l'économique et du culturel dans la médecine traditionnelle « primaire ». Celle-là qu'on appelle tradipratique et que DE ROSNY E (op. cit.) explore dans ses ouvrages. Dans la tradipratique, tous ces facteurs sont confirmés. Mais dans la médecine naturelle moderne, le souci de faire le profit se fait ressentir quand bien même certains praticiens sont consciencieux, solidaires et hospitaliers. Seulement, ils ne subliment par l'économique au même titre que les médecins des hôpitaux. Il faut bien vendre les produits, se nourrir, et s'occuper de la famille tout en satisfaisant ses patients. Il en découle une consolidation des relations existant entre eux et leurs patients, une bonne entente, un respect mutuel et une satisfaction mutuelle. En clair, chacune des parties en présence tire profit de « l'interaction de face à face » (GOFFMAN E., op. cit.).

2- Une solution au problème d'infrastructure sanitaire

La médecine tradinaturelle prend de l'ampleur comme nous l'avons dit plus haut et dans chaque quartier, on remarque une pléthore de « cliniques » traditionnelles. (HATTIER, op cit). La ville de Douala en est remplie. Certes, nous ne disposons pas encore de statistiques relatives à leur nombre, mais le plus significatif est le rôle qu'elle joue auprès de la population morbide. Plutôt que d'aller à l'hôpital qui est à des années lumières du lieu où on est, on préfère consulter directement tout à coté le thérapeute de la médecine naturelle qui offre des prestations sanitaires à faibles coûts et qui accueille bien. Plutôt que de se rendre à l'hôpital où l'on n'est pas sûr d'y être bien accueilli et de bénéficier de soins à faibles coûts ou du paquet minimum d'activité (PMA). En outre, c'est sans compter les frais de déplacement, l'attente de la consultation qui, à elle seule, peut décourager le malade le plus tenace.

Bien plus, il est vrai que les cabinets privés de santé conventionnelle, se disputent le paysage médical avec les « cliniques » traditionnelles, mais ils s'efforcent de satisfaire la population morbide qui n'a pas de moyens pour se faire soigner à l'hôpital. Ce dernier, pour nombre de patients, est un labyrinthe et tout se marchande. La multiplication des cabinets de santé de la médecine naturelle vient remédier aux lacunes notoires du système sanitaire public du Cameroun notamment de Douala. Que ce soit au Nord ou au Sud Cameroun, la médecine traditionnelle soutient la médecine conventionnelle (FONTAINE M. op. cit.).

Au surplus, la médecine tradinaturelle est une réponse de la société à la solidarité organique (DURKHEIM E. op. cit.) parce que la médecine conventionnelle semble la promouvoir. La médecine traditionnelle à l'inverse replace l'homme au centre de ses préoccupations. Elle véhicule des valeurs traditionnelles africaines d'entraide, de patience, de générosité, de partage, d'intégrité, de paix et d'oubli de soi (DE ROSNY, op. cit.). Les prestations de soins ici sont encore pétries d'humanisme et valorisent l'Homme plutôt que l'argent. La possession de ce dernier est bien difficile pour les classes sociales pauvres. Selon le rapport 2006 du programme des nations Unies pour le développement (PNUD), près de 47% de la population camerounaise vit avec moins de 500F par jour.

3- La médecine tradinaturelle comme une médecine holistique

La médecine traditionnelle est une médecine holistique en ceci qu'elle soigne l'être malade dans la globalité (LANTUM D., op. cit.). C'est dire qu'elle ne se limite pas à circonscrire le mal ou la douleur mais qu'elle recherche ses origines dans la société où vit le patient. En clair, elle prend le tout de l'être malade pour mettre en exergue les rapports entre ce tout et la maladie. Dès lors, le patient est perçu comme une organisme défaillant qui requiert une observation attentive. WERNER D. , affirme à ce sujet :

  La médecine naturelle revêt des aspects de scientificité qui établissent des corrélations entre les malades et son environnement. L'on ne peut dissocier maladie, malade et société. Mêmes les maladies dites héréditaires le sont parce qu'on vit en société. D'où l'on ne doit pas toujours réduire la maladie à la douleur. Ce défi, la médecine naturelle l'a toujours relevé. (op. cit. p17)

En réalité, la médecine traditionnelle africaine est héritière des cultures africaines qui estiment qu'il y a de richesses que l'Homme. Par conséquent, l'être malade doit être pris avec délicatesse selon la plupart des cultures africaines. C'est la raison pour laquelle, le tradipraticien que les peuples du Littoral camerounais appellent « Nganga » et/ou « Mbock-Mbock », se faisait le devoir et l'honneur d'héberger chez lui les malades et mêmes leurs proches venus le soutenir. Ceci afin de mieux le soigner (DE ROSNY E. op. cit.). Dès lors, il s'agit de permettre aux malades non seulement de guérir mais aussi de retrouver leur place dans la société. SOW I. déclare à juste titre :

 Soigner le malade, c'est le comprendre et identifier ses craintes, ses aspirations, ses liens sociaux aussi complexes soient-ils. A l'évidence, c'est ce que font nombre de traditions africaines en matière de santé. Ici, l'on est un présence d'une médecine qui n'exclut pas le malade quelle que soit sa maladie. Dans les familles africaines où l'on retrouve des enfants atteints de démence ou de malades mentales, on les garde toujours avec soi à la maison ou au foyer. Ceci parce que la famille est un tout et doit le demeurer. On comprend alors pourquoi la médecine ici est un tout qui soigne l'être en entier ( op. cit. ,p49).

La médecine traditionnelle moderne de l'AC prônent bien des valeurs qu'elle semble avoir hérité de la tradipratique et bien évidemment, des cultures africaines du Cameroun. A l'AC, le malade est au centre des préoccupations même s'il ne paie pas. Il est certain qu'on trouvera une solution pour lui. De plus, le personnel de l'AC est fortement imprégné des règles de civilité et de bienséance inhérentes à la médecine africaine. La preuve en est que l'AC multiplie des stratégies pour que les produits médicamenteux soient à la portée de toutes les bourses. Bien plus, elle fait dans la consultation à domicile qui se révèle être indispensable pour les populations des zones reculées de la ville de Douala. Son statut de médecine de proximité lui permet de résorber la demande médicale des couches sociales démunies et de bien d'autres personnes.

Tout bien considéré, la médecine traditionnelle est « holistique » (MBONJI E. op. cit.) et est à la portée de toutes les couches sociales. On lui préfère la médecine moderne parce qu'elle est proche de tout le monde et qu'elle soigne le corps et le psychique du malade. On la retrouve un peu partout. Pour avoir accès à elle, on n'a pas besoin de fournir beaucoup d'efforts (HATTIER, op. cit.).

CONCLUSION

A l'issue de ce chapitre, il convient de rappeler que la médecine à l'AC accorde une place prépondérante à l'être malade, à la relation thérapeutique entre le traitant et son patient. Cette relation thérapeutique peut être , comme nous l'avons vue, paternaliste, de sujet à sujet mais beaucoup plus de compréhension mutuelle. En plus, sur la base de nos observations, le social l'emporte sur l'économique et frise le caritatif. Ceci pour permettre à bien des patients de guérir de leurs maladies. Bien plus, nous avons également vu que patients et traitants sont plus proches les uns des autres dans la médecine traditionnelle que dans le médecine conventionnelle. Au surplus, la médecine traditionnelle est une médecine de proximité et une médecine holistique. Elle revalorise l'être malade et lui accorde une valeur, une importance qui agit comme un moyen thérapeutique. Par ailleurs, elle permet de revaloriser, de revisiter les cultures africaines en matière de savoir médical (OMS, op. cit.). Les africains de souche lui accordent du crédit et lui préfèrent à la médecine conventionnelle (DE ROSNY, op. cit.) . CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Le social et l'économique, dans les médecines conventionnelle et traditionnelle africaines, ont fait l'objet d'analyse de cette partie. Il était question de cerner les places qu'on leur accorde dans les deux médecines à passant au scanner les relations entre soignants et patients. A l'HLD, nous avons remarqué que l'économique est à la base de tous les soins. Il sous-tend toute initiative thérapeutique de quelle que nature qu'elle soit (SEUMO H., op. cit.) quand bien même des patients entretiennent de bons rapports avec leurs soignants, ces rapports sont basés sur l'économique. Même si peu après ils feront plus ample connaissance. Cependant, on observe ça et là des îlots de conscience professionnelle. Le rapport thérapeutique est donc fonction du rapport économique. A l'AC par contre, les considérations thérapeutiques prennent le pas sur l'économique. Patients et traitants font des efforts pour être sur la même longueur d'onde au point de former une famille où les membres se soucient du bien-être collectif. De l'accueil au traitement en passant par la consultation, le patient se sent en sécurité et met sa confiance en son traitant (LANTUM D. op. cit.). Le traitant lui accorde une certaine valeur, une certaine importance qui le revigorent et lui redonnent espoir. Le soutien moral est plus considérable ici qu'à l'HLD où l'on se demande même si les prestataires qui sont dans cet hôpital connaissent ce que cela signifie. Toutefois, l'on doit pouvoir comprendre que toutes ces médecines africaines ont chacune leurs tares spécifiques. Les hôpitaux publics camerounais sont des structures qui représentent un système politique qui a fait du désordre, de l'incompétence, de la corruption et de la négligence, ses normes. Le mauvais traitement du personnel soignant se répercute directement sur les relations entre lui et ses patients malgré le serment d'Hippocrate et l'existence du code de déontologie médicale (MANUILA I, MANUILA M. et MICOULIN M.,  op. cit.).

Approche évaluative des politiques sanitaires publiques du Cameroun

Il s'agit ici d'une approche critique et d'un regard sociologique sur la politique sanitaire en vigueur au Cameroun. Nul ne peut objectivement remettre en cause les problèmes que pose la distribution des soins de santé dans notre pays. La sécurité sociale apparaît à l'examen comme le dernier des soucis de nos gouvernants.

Pourtant le budget de la santé publique au Cameroun est souvent l'un des plus importants. Il se chiffre régulièrement en centaines de milliards de francs CFA. Comment, dès lors, comprendre la situation déficitaire, lacunaire de ce système sanitaire presque toujours chronique que l'on observe ? Est-ce le fait de nos hôpitaux publics accusés à torts ou à raison d'être gaspilleurs ou mal gérés ? Est-ce la faute des pharmaciens dont les profits sont taxés d'excessifs ? De toute façon, le malaise des hôpitaux publics camerounais tire sa source de son système politique (HOURS B., op. cit.).

En fait, en deux années (de 2005 à 2007), le personnel soignant des hôpitaux publics a observé au moins deux (02) mouvements de grève. Le malaise dans ces hôpitaux est de deux ordres. Le malaise du personnel lui-même dû sans doute aux mauvaises conditions de travail et aux salaires qui sont bas et par conséquent ne lui permettent pas de subvenir à ses besoins basiques. Le malaise des patients qui lui, est dû à l'irresponsabilité du personnel sanitaire. En clair, devant ce malaise général, les responsabilités sont partagées. L'Etat a les siennes, le personnel soignant a les siennes et les patients aussi ne sont pas toujours exempts de tout reproche. (MEYER P. op cit).

Très souvent ; les malades rejettent sur le dos des soignants toutes les difficultés sur lesquelles ils butent dans les hôpitaux publics et ce à tort ou à raison. Cependant, l'on doit comprendre que le personnel médical des hôpitaux publics camerounais travaille dans des conditions inimaginables où le sacrifice, l'oubli de soi et la débrouillardise sont les règles. Lors de nos enquêtes, nous avons eu à rencontrer des jeunes médecins qui n'avaient pas de salaires mensuels mais qui pourtant devaient, chaque jour, donner le meilleur d'eux-mêmes en soignant les malades à l'HLD. La conséquence de cette situation est qu'ils exercent en consultations à domicile et désertent très souvent leurs postes de travail à l'HLD. Ils sont en plus sollicités par les cliniques privées. Ce qui leur permet de survivre et de subvenir aux besoins de leurs familles. C'est pourquoi rencontrer certains médecins n'est pas chose aisée dans la soirée à l'HLD (il est des malades qui nous ont affirmer avoir fait plus d'une semaine à chercher à rencontrer un médecin). (HOURS B, op. Cit.).

A l'inverse, la médecine traditionnelle offre des potentialités énormes qui permettent non seulement de résorber les problèmes d'accès à la santé mais aussi de l'exploiter. (LANTUM D. op cit). Les camerounais en général et ceux de Douala en particulier la respectent et aimeraient la voir légaliser et réglementer effectivement afin de limiter tout débordement (ETOA M. in Cameroun tribune du 04 avril 2007). Seulement, l'on sait que ce ne sera pas facile dans la mesure où les grandes firmes pharmaceutiques mondiales la perçoivent comme une concurrente voire un adversaire sérieux et redoutable en Afrique. D'où elles exercent leur droit de veto sur l'Etat camerounais afin qu'il réduise au maximum son essor. Malgré cela, elles n'y parviennent pas puisque, de toute évidence, nous sommes passés de la tradipratique à la médecine naturelle moderne faite à base de plantes aux vertus thérapeutiques diverses (HATTIER, op. cit.). Elles prennent de l'ampleur et l'OMS reconnaît dans son rapport de l'année 2005 : « Près de 80% de la population africaine recourt à la médecine complémentaire et parallèle pour se faire soigner » (OMS, op. cit.). Par conséquent, il y a fort à parier qu'elle a devant elle, un avenir reluisant avec l'expansion, dans la plupart des quartiers de la ville de Douala, des cliniques de médecine naturelles. Lesquelles sont tenues par des spécialistes -généralement des docteurs qui ont fait leurs études en Afrique de l'Ouest- (FAINZANG S., 1982).

CONCLUSION GENERALE

A l'entame de cette étude qui porte sur la relation patient/traitant dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines : Cas de l'hôpital Laquintinie et de l'African Clinic de Douala (Cameroun), nous avions pour question générale de recherche : « La relation thérapeutique est-elle aussi indispensable que les médicaments dans les deux formes de médecines ? ». Cette dernière nous a permis de meubler notre travail en nous appuyant sur plus d'une hypothèse spécifique. L'objectif principal étant d'établir les ressemblances et les dissemblances entre la médecine conventionnelle et la médecine tradinaturelle dans la prise en charge des patients respectivement à l'HLD et à l'AC. Ainsi à l'AC et à l'HLD, nous avons remarqué que la relation thérapeutique n'a pas la même importance. . Ce qui implique que nos hypothèses générale et spécifiques sont confirmées.

A l'HLD, la relation. thérapeutique a pour conditionnalité des médicaments et l'économique. Le patient qui veut être soigné ici doit d'abord « passer à la caisse » ; avoir les moyens du coût du traitement et pouvoir donner des dessous de tables au personnel soignant. Dès lors, il pourra être pris en charge. Dans le cas contraire, il est abandonné à lui-même. En plus, la relation médicale ici est alors perçue comme une épreuve par nombre de patients qui, à la fin, n'ont plus de volonté, subissent et croient que l'hôpital public est un mouroir, une jungle, et un labyrinthe où le personnel soignant dicte ses lois et enjoint les patients à les suivre.

A l'AC par contre, le personnel soignant est sur la même longueur d'onde que ses patients, il s'implique même dans la vie privée des patients en faisant des consultations à domicile. Cela entraîne un rapprochement entre le patient et son traitant. Il nous a été donné de constater que la médecine naturelle mieux tradinaturelle est une médecine « complète et  holistique » parce qu'elle prend en compte tous les aspects de la vie du patient (MBONJI E. op. cit.).

La méthode que nous avons utilisée pour recueillir toutes ces données va des recherches documentaires et livresques aux observations sur le terrain en passant bien sûr par les entretiens de groupe, les entretiens individuelles et l'administration des questionnaires. Les informations recueillies grâce à toutes ces techniques nous ont permis d'étoffer notre travail et de le diviser en deux parties, faites chacune de deux chapitres.

Les ouvrages que nous avons lus portaient sur la méthode de la recherche et sur les questions de santé. Ces ouvrages nous ont permis de mieux visualiser les techniques de collectes de données les plus a même de nous aider à recueillir bien des informations relatives à notre thème.

Les théories sociologiques dont nous nous sommes servies étaient l'interactionnisme symbolique et sa fille l'ethnométhodologie grâce auxquelles nous avons mis un accent sur l'observation in situ, l'analyse des interactions entre patients et traitants, les représentations qu'ils ont les uns des autres et enfin les ethno méthodes (COULON A. , op. cit.) que chacun d'eux met en oeuvre pour se faire soigner. C'est dire que notre travail a adopté une approche compréhensive de la relation patient/traitant tant dans la médecine conventionnelle que dans la médecine traditionnelle.

Les résultats auxquels nous aboutissons sont nombreux. Tout d'abord, la médecine conventionnelle des hôpitaux publics en général et de l'HLD en particulier, est une médecine sinon à plusieurs vitesses selon les classes sociales, tout au moins à deux vitesses lorsqu'on perçoit la société camerounaise comme étant une entité bipolaire : les riches et les pauvres. Nous sommes donc en présence de plusieurs types de médecines dispensées dans une seule et même institution médicale. Ainsi, quand on est riche, bénéficiera-t-on des soins de santé conséquents et à la pointe des innovations médicales. Quand par contre on est pauvre, il nous sera dispensé des soins de santé approximatifs comme c'est très souvent le cas à l'HLD.

En plus, la relation médicale est également fonction de l'origine sociale du patient. Le patient qui est issus d'un milieu social aisé a une relation dense et profonde avec le personnel soignant lui permettant d'endiguer sa pathologie. Mais le patient qui est issu d'un milieu social défavorisé n'a droit qu'à une prise en charge médicamenteuse et non médicamenteuse faible et insuffisante. En clair, à l'HLD, la thérapie médico-sociale est fonction de la valeur économique du patient.

Bien plus, certains soignants, pour améliorer leurs conditions salariales, rackettent et rançonnent nombre de patients. Ces derniers, pour être pris en charge, préfèrent consulter dans les cliniques médicales privées qui se comptent par centaines dans la ville de Douala. Le paquet minimum d'activités se révèle être très souvent insuffisants pour tous les patients qui arrivent aux urgences de l'HLD. La prise en charge sociale et non médicamenteuse est insuffisante et presque inexistante.

Pour ce qui est de la médecine traditionnelle, l'AC allie prise en charge médicamenteuse et non médicamenteuse pour pouvoir soigner tous les malades qui sollicitent ses services. Les médicaments sont à la portée de toutes les couches sociales. La prise en charge médico-sociale est efficiente et la relation thérapeutique est profonde à telle enseigne que l'AC s'emploie dans les consultations et les hospitalisations à domicile. Quand la maladie du patient est grave, le docteur TAJOUDINE se déplace pour le soigner à domicile. Aussi remarque-t-on que les rapports entre soignants et soignés sont denses. Tous vibrent en phase et sont toujours sur le même diapason. Ce qui nous amène à penser que la médecine traditionnelle est une médecine de proximité et une médecine qui vient pallier les lacunes de la prise en charge sociale du système sanitaire public du Cameroun. Sans elle, pour sûr que le taux de morbidité et partant celui de la mortalité seraient revues à la hausse au Cameroun , dans les villes et les compagnes africaines (HATTIER, op. cit.).

La fonction sociale de cette forme de médecine vient remettre sur la sellette l'épineuse question de sa légalisation et de sa réglementation. En fait, on a le sentiment que l'Etat a sa forme de médecine à savoir la médecine conventionnelle occidentale qui, on l'imagine bien, lui rapporte des devises venant des grosses firmes pharmaceutiques internationales. Ces dernières s'attellent à lui exiger de ne pas légaliser la médecine traditionnelle. Laquelle est la médecine de la plus grande partie des populations camerounaise et africaine. Cette médecine traditionnelle rend de fiers services à l'immense majorité de pauvres qui se trouvent en Afrique.

Les promoteurs de cette forme de médecine ont vite fait de comprendre cela. C'est pourquoi l'on assiste à une expansion des « cliniques traditionnelles » mieux des cliniques de médecine traditionnelle et naturelle partout au Cameroun en général et à Douala en particulier. Cette expansion fait le bonheur des couches sociales défavorisées de la ville de Douala. Pour une maladie, on tourne dans un coin de la rue du sous quartier et l'on se fait soigner par le tradithérapeute plutôt que d'aller à l'HLD où il faut d'abord payer le taxi, acheter le billet de session et après attendre. Tout ceci sans être sûr qu'on sera bien reçu et traité à la fin  ou qu'on pourra rencontrer le soignant. La médecine traditionnelle est dès lors, vue sous cet angle, une médecine « palliative » pour les peuples d'Afrique (FAINZANG S. op. cit.). Les Etats africains en général et l'Etat camerounais en particulier, gagneraient à l'officialiser et à la réglementer pour garantir le bien être des populations. Elle représente un patrimoine et une richesse brute qu'il leur incombe d'exploiter, de valoriser. Bien des camerounais, dès lors, s'en trouveraient mieux (LANTUM D. op. cit.).

Quant aux hôpitaux publics, leur problème de fond tire sa source dans les conditions salariales du personnel soignant. En l'espace de deux ans, ce personnel a observé trois (03) mouvements de grèves tous liées à ses conditions salariales. Un jeune médecin, fraîchement sorti du CUSS n'a pas un salaire fixe. Celui-ci varie entre 20.000 et 50. 000 Fcfa, quand on pense même à le lui verser. Une infirmière n'atteint pas un salaire de 30 000Fcfa par mois. Quant aux infirmiers bénévoles, ils font dans le sacerdoce. C'est dire qu'ils ne sont pas rémunérés comme ils devraient l'être . Dans un tel contexte, on comprend pourquoi nombre de soignants sont amenés à rançonner, à maltraiter les patients, à négliger et à mépriser leurs postes de travail. Ils ne leur accordent de l'importance que dans la mesure où ils leur rapportent de l'argent.

Ensuite, parce qu'ils ne sont pas satisfaits de leurs conditions salariales, ils inventent des palliatifs. Ce peut être en rackettant les patients ou en exerçant en consultations privées pour arrondir les fins de mois et pour survivre dans la ville de Douala où cela est bien difficile lorsqu'on n'a pas un revenu stable et conséquent. En outre, il faut admettre que la notion de respect de la déontologie médicale fait défaut à bien des soignants. A l'analyse, on comprend que bon nombre exercent ce métier non pas par vocation mais bien plutôt par «  que faire d'autre dans la vie ». D'où nous observons tous les dérapages qu'on leur connaît. Ainsi ils perçoivent leur travail comme une contrainte et non comme un devoir. Par conséquent, il faut capitaliser, tirer profit au maximum, même si pour cela ils doivent faire fi de la déontologie médicale. Nos observations nous ont poussé à croire que nombre d'entre eux ne savent pas ce qu'elle signifie (les bénévoles et certains aides-soignants). On pourrait donc comprendre que leur recrutement se fait par parrainage, par copinage au détriment des règles de l'art.

Enfin, il se fait donc urgent de scruter de près les milieux médicaux publics du Cameroun, au risque de les voir devenir, davantage des sortes de mouroirs pour les malades. Il est aussi indispensable de légaliser, de codifier et de réglementer la médecine tradinaturelle pour pallier la morbidité dans les couches sociales.

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· MBONJI E., (2005), L'ethno perspective ou la méthode du discours de l'ethno anthropologie culturelle, Yaoundé, PUY.

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· MORENO J. L., (1953), Les fondements de la sociométrie (who will survive) ...

· NISBET R., (1984), La tradition sociologique, Paris, PUF.

· NTEBE BOMBA G., (1999), L'étudiant, le chercheur, l'enseignant face à la rédaction des travaux académiques, Douala, Presses universitaires du Cameroun, ENSET.

· PAILLE P, MUCCHELLI A, (2003), L'analyse qualitative en sciences humaines et sociales, Paris, Armand Colin (U).

· PENEFF J., (1990) La méthode biographique, Paris, Colin.

· PERETZ H, (2004), Les méthodes en sociologie. L'observation, Paris, La Découverte.

· PLOT B., (2000), Ecrire une thèse ou un mémoire en sciences humaines, Paris, champion Slatkine.

· ROCHER G., (1968), Le changement social, Paris, seuil.

· ROUVEYRAN J.C., (1989), Mémoires et thèses. L'art et les méthodes, Paris, Maisonneuve et Larousse.

· SCHÜTZ A.,(1980), Le chercheur et le quotidien, Paris, Edition Méridiens Klincksick.

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· TAMISIER J.C., (1998) Dictionnaire des peuples, sociétés des peuples d'Afrique, d'Amérique, d'Asie et d'Océanie, Paris, Larousse.

-Tome I : Des origines à Durkheim et weber, 256p.

-Tome II : De Parsons aux contemporains, 254p

· VALADE B.,(1996), Introduction aux sciences sociales, Paris, PUF..

B- OUVRAGES SPECIALISES

ADAM P. et HERZLICH Cl., (1990), Sociologie de la maladie et de la médecine, Paris, Nathan.

· AUGE M. et HERZLICH CL, (1984), Le Sens du mal, Anthropologie, Histoire, sociologie de la maladie, éd Archives contemporaines, Paris.

· AUGE M. et HERZLICH Cl. (1983), Histoire et maladies dans le sens du mal : Anthropologie, Histoire et Sociologie de la maladie, Paris, Gallimard 183p.

· AUGE M., (1982), Le génie du paganisme, Paris, Gallimard.

· AURENCHE E., (1987), Sous l'arbre sacré : Prêtres et médecin au Nord Cameroun, Paris, Edition le Cerf, 166p.

· BASTIDE R., (1976), Sociologie des maladies mentales, Paris, Flammarion

· BAYART J-F, (1980), L'Etat en Afrique : La politique du ventre, Paris, Presse de la Fondation Nationale des sciences politiques

· BAYART J-F, (1979), l'Etat au Cameroun, Paris, Presse de la fondation nationale de sciences politiques.

· BEKOLO EBE B., (2002), Intermédiation financière et financement du développement en Afrique, Yaoundé, PUY.

· BELLONCLE G.., (1988), La question éducative en Afrique noire, Paris, Karthala, 271p.

· BENOIST J., (1975), Médecins, Malades et guérisseurs dans une société polyethnique, ed environnement africain, Dakar.

· BENOIST J., (Sous la direction de),(1990), Soigner au pluriel, Essai sur le pluralisme médical, Paris, Karthala.

· BERNARD J., (1973), Grandeur et tentations de la médecine, Paris, Buchet Chastel.

· BOWLANG J. A. and HOLLAND, (1989) Breast Cancer in the handbook of psychology, New-york, University press.

· CARRICABURU D. et MENORET M., (2004), Sociologie de la santé. Institutions, professions et maladies, Paris, Armand Colin, Coll U. sociologie, 240P.

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· DIAKITE T., (1989), L'Afrique malade d'elle-même, Paris, Karthala.

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· DURKHEIM E., (1986), De la division du travail social, Paris, 11ème éd, P.U.F.

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· FAINZAING S. (1982), La cure comme mythe : le traitement de la maladie et son idéologie à partir de quelques exemples Ouest-Africains, Cahier ORS TOM.

· FAINZANG S., (2006), La relation médecin/malades : information, mensonge ou vérité, Paris, PUF.

· FODOUOP K. et METTON A., (2000), Economie informelle et développement au Cameroun, Yaoundé, PUY.

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· HATTIER, (2006), Les médecines naturelles, Paris, Flammarion.

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· KROP P., (2003), La république du fric, France, Flammarion.

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· PIAULT C. (Sous la direction de), (1975), Prophétisme et thérapeutique. Albert Atcho et la communauté de Bregbo, Paris ; Thermann.

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· SCHÜTZ A., (1959), La structure intelligible de monde social, Paris, Seuil.

· SOW I, (1977), Psychiatrie dynamique africaine, Payot.

· TIECHE M., (1985), Guide de formation personnelle, Paris, Ed. vie et santé.

· TSAFACK G., (2000), L'enseignement secondaire au Cameroun : tendances organisationnelles et résultats des élèves, Yaoundé, PUY.

· WERNER D., (1978), where there is no doctor; a village care handbook, London, Mc Milan Publishers.

THESES

· L'KHADIR A., (juin 1998), Mal, maladie, croyances et thérapeutiques au Maroc. Cas de Casablanca, Doctorat régime unique, Université de Bordeaux 2.

· SOCPA A., (1995), Les « pharmacies de rue » dans l'espace médical urbain. Emergence et déterminants des stratégies informelles d'accès aux médicaments à Douala, Yaoundé, Thèse de doctorat 3e cycle.

MEMOIRES

· DONGMO A, (1999-2000), Médecine traditionnelle et dynamique d'innovation au Cameroun : le cas de Foghoheng et autres, Universités de Yaoundé I, Mémoire de Maîtrise.

· NGAMBOUK V.P., (1998), The growth of traditionnal medicine: A case study of «street pharmacy vendors in Yaoundé, Uuniversité de Yaoundé I, Mémoire de Maitrise.

ARTICLES DES REVUES SCIENTIFIQUES

· VAN GYSEGHEM J.M (hiver 2006), Les modifications de la relation médecin/patient au contact de la télématique médicale : quelques réflexions à bâtons rompus, in Lex Electronica, vol 10, n 3.

· MICHAEL H., WIADNYANA I. Etal, (1999), Patients satisfaction in developing countries,in social science and médecine, vol 27

· TOSELAND R., Mc. CALLIN P., GERBER T., BANKS S., (2002), Predictors of heath and human servicesuse by dementia and their family caregivers,social science and medecine , vol 28

· BAUM M., FALLOWFIELD L. And HALL L. (1988), Vasectomy or conservation: The patient's choice, in British medical journal, n 237.

· BEISECKER A., (1990), Patients information seeking behaviours when communicating with doctors: Medical care, in social science and medecine, vol 28.

· BLANCHARD C., (1988), informations and decision making preferences of hospitalized adult's cancer patients, in social science and medecine, vol 27.

· BURNLEY (1998), Blame the victim approch: Inequality on the transition of hard disease mortality in South- west Australia from 1964 to 1994, in social science and medecine, vol 47, n 3, pp1203 to 1222.

· DEVEUGELE M., DERESE A. and DE MAESENEER J., (2002), Is GP- patients communication related to their perception of illness severity, coping and social support?

· GUADAGNOLI E. And WARD P. ,(1998), Patients participation in decision making, Department of health care policy, in Harvard medical school, 180 Longwood avenue, Boston.

· HERVEY D. ET VAN GYSEGHEM, (1-5.08.2004), La sous-traitance des données du patient au regard de la directive 95/46, in 15th world congres of medical law, Sidney.

MBONJI E. (1993), l'Africain entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne. Une exigence de la médicalité. In malades, médecins sociétés, Approche historique pour le présent, Paris, l'Harmattan.

· MEYER P., (2003), L'irresponsabilité médicale, Paris, PUF.

· · SPEEDING E. and ROSE D., (1985), Building an affective doctor- patient relationship: From patient satisfaction to patient participation, in social science and medecine, vol 21.

· STRULL W. and CHARLES G., (1984), Do patients want to participate in medical decision making ?, in journal of the american medical association

· VAN DER GHEEST and SARKODIE S., (1998) , The fake patient : A research experimenting ghanaian hospital., in social science and medecine, vol 2

ARTICLES DES JOURNAUX

· NJIKAM Margaret S., (2005), Risky sexual behaviour, sexually tramsitted infections, HIV/AIDS and health promotion among students in the university of Douala, vol 20, n 1, p 53-67.

· NJIKAM M., (1998), Adolescents beliefs and perceptions towards sexuality in urban Cameroon in sexuality and reproductive health during adolescence in Africa with special reference to Cameroon, unversity of Ottawa, p77-90.

· NJIKAM M., (2001), Changing perspectives on sexuality, family and marriage among young male adults in Douala (Cameroon), presented at the panafrican anthropologist conference, Libreville (Gabon).

· Rapport de l'OMS en 2003, Stratégies de l'OMS pour la médecine traditionnelle 2002-2005,...

· YORRO S., (2002), Les médecines traditionnelles, ...

DJIMELI A., Cameroun : L'hôpital se fout de la charité ! in Jade Cameroun/Syfia international26/01/2012

· ETOA M. Cameroun : La médecine traditionnelle se met en règle, in Cameroun Tribune du 04 avril 2007.

· -SEUMO H. Cameroun : Un système sanitaire à deux vitesses, in Prisma international du 02 mars 2007.

WEBOGRAPHIE

* www. Oms. org

* google. fr

ANNEXES

ANNEXES 1

UNIVERSITE DE DOUALA

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE

OPTION : SOCIO-ANTHROPOLOGIE MEDICALE

NIVEAU 5

GUIDE D'ENTRETIEN  POUR LES DISCUSSIONS AVEC

LES TRADIPRATICIENS DE LA VILLE DE DOUALA

THEME : La relation patient/traitant dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines : cas de l'HL et l'African Clinic de Douala (Cameroun)

Axe 1 : De l'accueil réservé aux patients

1- Comment accueillez-vous vos patients ?

2- Quels sont les moyens déployés pour bien les accueillir ?

3- Pourquoi viennent-ils consulter chez vous et non à l'hôpital ?

· Quels sont les profils de vos patients ?

Axe 2 : De la consultation

1- Comment se fait l'examen du patient ?

2- Associez-vous l'auscultation verbale et visuelle à celle du touché ?

3- Quelle est la durée moyenne d'une consultation ?

4- Abordez-vous, lors des consultations, les autres aspects de la vie de vos patients ?

5- Quelles interprétations donnez-vous à la maladie de votre patient ?

6- Que lui dites-vous sur sa maladie : la vérité ou le mensonge ?

Axe 3 : Du traitement des patients

1- Sur quelles bases traitez-vous vos patients ?

2- Existe-il un certain « code de déontologie » dans la médecine traditionnelle ?

3- Quelle est la part du patient dans le traitement ?

4- Quelle attitude exigez-vous du patient ?

5- L'économique est-il une conditionnalité indispensable pour traiter le patient ?

6- En quoi la relation que vous entretenez avec votre patient diffère-t-elle de la relation qu'un infirmier ou qu'un médecin entretient avec son patient ?

7- Peut-on envisager des plates- formes médicales, des zones de complémentarité entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne mieux soigner les patients ?

ANNEXES 2
UNIVERSITE DE DOUALA

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE

OPTION : SOCIO-ANTHROPOLOGIE MEDICALE

NIVEAU 5

GUIDE D'ENTRETIEN  POUR DES DISCUSSIONS AVEC

DES PATIENTS SOUS TRAITEMENT CHEZ LES TRADITHERAPEUTES

THEME : La relation patient/traitant dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines : Cas de l'HLD et l'African Clinic de Douala (Cameroun)

Axe 1 : les patients et l'accueil qui leur est réservé

1- Pourquoi consultez-vous un tradipraticien ?

2- Prend-t-il soin de vous et vous écoute-t-il ?

3- Prend-t-il en compte toute votre vie ?

4- Que pensez-vous de lui ?

5- Jusqu'ici s'étend la relation que vous lie à votre tradipraticien ?

6- Vous ménage-t-il ?

Axe 2 : De la satisfaction des patients

1- Quelles sont les insuffisances que vous avez remarquées dans la relation que vous liez à votre traitant ?

2- Qu'aimerez-vous qu'il vous fasse ou vous dise à propos de votre maladie ?

3- Vous parle-t-il des voies et moyens pour éviter cette maladie à l'avenir ?

4- Etes-vous satisfait du traitement et sa qualité ?

5- Le cadre dans lequel vous êtes traités est-il propre ?

6- Selon vous, quelles différences y a-t-il entre la médecine des hôpitaux et celle des tradipraticiens ?

Axe 3 : Les patients : entre médecine et médecin traditionnelle

1- Vous est-il arrivé de consulter les traitants des deux médecines ?

2- Quelles sont les maladies pour lesquelles vous avez eu à la faire ?

3- Quelles sont les maladies dont le traitement exclue la conjonction des deux formes de médecines ?

4- Pourquoi usez-vous parfois des deux médecines pour vous soigner ?

5- Vous assurez-vous au préalable que cela ne représente aucun risque pour votre organisme

ANNEXES 3

UNIVERSITE DE DOUALA

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE

OPTION : SOCIO-ANTRHOPOLOGIE MEDICALE

NIVEAU 5

GUIDE D'ENTRETIEN  POUR DES DISCUSSIONS DE GROUPE AVEC LES PATIENTS INTERNES A L'HOPITAL LAQUINTINIE DE DOUALA

THEME : La relation patient/traitant dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines : Cas de l'H.L et l'African Clinic de Douala (Cameroun)

Axe 1 : De l'accueil réservé aux patients

1- Etes-vous satisfait de l'accueil qui vous a été réservé à votre entrée dans cet hôpital,

2- Etes-vous satisfait de la consultation du médecin ?

3- Les locaux sont-ils propres ?

4- Avez-vous remarqué des insuffisances tout au long de votre séjour ici ?

5- Que pensez-vous du corps médical et du corps paramédical ?

Axe 2 : De la satisfaction du patient

1- A votre avis, êtes-vous bien suivi par le personnel soignant ?

2- Le personnel soignant est-il accueillant et serviable ?

3- Le personnel soignant est-il disponible et constamment à votre écoute ?

4- La relation que vous entretenez avec le personnel est-elle contraignante, pacifique ou paternaliste ?

5- Quel comportement aimerez-vous que le personnel soignant adopte à votre égard ?

Axe 3 : Des conditionnalités d'accès aux soins

1- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour pouvoir accéder aux soins ?

2- Dans ces difficultés, quelle est la place de l'économique ?

3- Que pensez-vous de la médecine traditionnelle ?

4- Que pensez-vous des prestations sanitaires à l'hôpital Laquintinie ?

5- A votre avis y a-t-il une médecine pour riche et une médecine pour pauvre dans cet hôpital ?

6- Quelles sont les attentes sur les relations entre patients et traitants dans cet hôpital

ANNEXES 4

UNIVERSITE DE DOUALA

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE

OPTION : SOCIO-ANTHROPOLOGIE MEDICALE

NIVEAU 5

GUIDE D'ENTRETIEN  POUR DES DISCUSSIONS DE GROUPE AVEC LE PERSONNEL SOIGNANT DE L'HOPITAL LAQUINTINIE DE DOUALA

THEME : La relation patient/traitant dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines : Cas de l'HL et l'African Clinic de Douala (Cameroun)

Axe 1 : L'accueil réservé des patients

1- Comment accueillez-vous les patients ?

2- Qu'est-ce que l'accueil d'un patient ?

3- En quoi consiste-elle dans cet hôpital ?

4- Quels sont les moyens mis en oeuvre pour bien accueillir les patients ?

Axe 2 : La consultation

1- Quelle est la durée d'un entretien avec un patient ?

2- L'entretien est-il interactif ou participatif ?

3- Comment des patients vous consultent-ils ?

4- Quelles sont les étapes d'une consultation ?

Axe 3 : La communication entre patient et traitant à l'Hôpital Laquintinie

1- Quelle langue utilisez-vous pour communiquer avec vos patients

2- Vous comprennent-ils très souvent ?

3- Comment faites-vous pour assurer que vous êtes bien compris ?

4- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez lors de l'auscultation des patients ?

5- Que faites-vous pour rassurer le patient dans son infortune ?

Axe 4 : Le traitement des patients

1- Comment se fait le traitement et quelles en sont ses étapes ?

2- Que pensez-vous des malades internés ?

3- Sur quelles bases dispensez-vous les soins médicaux ?

4- Quelle place accordez-vous au traitement mental des patients ?

ANNEXES 5

UNIVERSITE DE DOUALA

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE

OPTION : SOCIO-ANTHROPOLOGIE MDICALE

NIVEAU 5

QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX PATIENTS A L'HOPITAL

LAQUINTINIE DE DOUALA

THEME : La relation patient/ traitant dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle : Cas de l'HL et l'African Clinic de Douala (Cameroun)

Les réponses données ou apportées à toutes les questions posées ne serviront que des buts purement académiques et scientifiques. Aussi ne ferez-vous l'objet d'aucune poursuite de quelque nature qu'elle soit. Bien vouloir cocher la case correspondante à votre avis.

1- Le personnel soignant vous traite-t-il bien, du moins comme vous le souhaitez ? Oui Non

2- Etes-vous satisfait de la qualité des soins ? Oui Non

3- Les questions que le médecin ou l'infirmier vous posent, se limitent-elles à votre maladie ? A vos problèmes sociaux ?

4- Le personnel médical est-il accueillant ? Oui Non

5- Le personnel est-il à votre écoute et est-il disponible ? Oui Non

6- Ce personnel paramédical est-il disponible ? Oui Non

7- A votre avis, un patient peut-il survivre dans cet hôpital sans des proches parents servant de gardes malades ? Oui Non

8- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans cet hôpital ? Veuillez les énumérer.

1-________________________________________________________

2-________________________________________________________

3-________________________________________________________

4-________________________________________________________

9- Avez-vous déjà été maltraité par un infirmier ou un médecin dans cet hôpital ?

10- Vous a-t-on déjà extorqué de l'argent dans cet hôpital ? Oui Non

11- Quelles sont vos attentes et vos sollicitations par rapport à la relation que vous entretenez avec le personnel soignant de cet hôpital ? Veuillez les énumérez.

1-________________________________________________________

2-________________________________________________________

3-________________________________________________________

4-________________________________________________________

Merci pour votre bonne collaboration

ANNEXES 6

UNIVERSITE DE DOUALA

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE

OPTION : SOCIO-ANTHROPOLOGIE MEDICALE

NIVEAU 5

QUESTIONNAIRE ADRESSE AU PERSONNEL SOIGNANT DE L'HOPITAL

LAQUINTINIE DE DOUALA

THEME : La relation patient/traitant dans les médecines conventionnelle et tradinaturelle africaines : Cas de l'HL et l'African Clinic de Douala (Cameroun)

Les réponses données ou apportées à toutes les questions posées ne serviront que des buts purement académiques et scientifiques. Aussi ne ferez-vous l'objet d'aucune poursuite de quelque nature qu'elle soit. Bien vouloir cocher la case correspondante à votre avis.

1- Lors des consultations, quel nombre de minutes consacrez-vous à un patient? _______________________________________________________________

2- Accueillez-vous bien les patients ou les malades qui vous sollicitent ?

Oui Non

3- Pour rassurer les malades sur l'issu de leurs maladies, leur dites-vous la vérité ou des demi vérités ou même du mensonge?

Toute la vérité des demi vérités Le mensonge

4- Votre profession vous plait-elle. ? Oui Non

5-Vos patients se plaignent-ils de vous ? Oui Non

6- Existe-il des patients qui vous ennuient ? Oui Non

7- Etes-vous submergé par le nombre de patients qui vous sollicitent ?

Oui Non

8- Quelle attitude adoptez-vous en face d'un malade ou d'un patient à l'hôpital ?

Autoritaire compassion

Paternaliste de domination

9- Etes-vous toujours disponible et ponctuel ? Oui Non

10- Soignez-vous aussi le mental des patients ? Oui Non

11- Quelles sont vos attentes et vos sollicitations dans la relation que vous entretenez avec vos patients ? Veuillez les énumérez.

_____________________________________________________________________________________________________________

FICHES SIGNALETIQUES DES INFORMATEURS

Noms et prénoms

Sexe

Age

Profession

Lieu

Date

Statut matrimonial

Dr LOUMPIT TJOUDINE

M

39 ans

Tradipraticien

African Clinic

02-05-07

Marié

TCHAMEU Bertrand

M

49 ans

Agent commercial

AC

10-05-07

Marié

EBONGUE Jules

M

65 ans

Militaire retraité

Maképé

20-05-07

Veuf

NDONGO Jean

M

39 ans

Mécanicien

HLD

20-10-06

Célibataire

NDOUMBA Christophe

M

29 ans

Ingénieur

HLD

27-01-07

Marié

Mme FOUMZOH Claire

F

32 ans

Enseignante

HLD

27-01-07

Mariée

TOUM Bernard

M

40 ans

Chômeur

HLD

03-02-07

 

Dr BOUELET ABENG

F

38 ans

Médecin

HLD

05-01-07

Mariée

NAKAM Olivier

M

35 ans

Herboriste

Nkololoun

02-04-07

Marié

MONKEU Pierre

M

40 ans

Mototaximen

Nkololoun

05-01-07

Marié

NBOLE Yvonne

F

28 ans

Etudiante

AC

02-02-07

Célibataire

Mme NGANKEU Flore

M

30 ans

Infirmière

HLD

03-02-07

 

BAZOU Calvin

M

38 ans

Mototaximen

HLD

03-02-07

Marié

Mme BATOUM Honorine

F

29 ans

Enseignante

HLD

03-02-07

Mariée

KALE Job Vincent

M

40 ans

Infirmier

Cabinet médical

10-02-07

Marié

BALEP Valentin

M

32 ans

Policier

HLD

09-02-07

Marié

LINDJOUN Luc

M

45 ans

Fonctionnaire

HLD

03-02-07

Marié

Dr Jérémie SOLLE

F

53 ans

Médecin

HLD

15-02-07

Marié

MANIO Alain

M

28 ans

Menuisier

AC

05-05-07

Célibataire

POUM Noé

M

27 ans

Gendarme

HLD

05-12-06

Célibataire

BASSAMA Paul

M

40 ans

Infirmier

HLD/urgence

20-10-06

Marié

ELEE Alain

M

26 ans

Etudiant

HLD/médecine

10-01-07

Célibataire

ABENA Célestine

F

48 ans

Institutrice

HLD/médecine

12-12-06

Mariée

ONANA Aline

F

45 ans

Ménagère

 

16-11-06

Célibataire

MANGA Simon

M

40 ans

Major des urgence

HLD/urgence

25-01-07

Marié

NJOCK Raphaël

M

49 ans

Médecin

HLD/urgence

25-01-07

Marié

M. AYONDA Clément

M

35 ans

Taximen

HLD/pédiatrie

20-11-06

Célibataire

Estelle

F

28 ans

Hôtesse

AC

15-05-07

Célibataire

Chimène

F

26 ans

Hôtesses

AC

15-05-07

Mariée

EBOUELLE Jacques

M

48 ans

Naturopathe

Maképé

07-05-07

Marié

X(a requis l'anonymat)

M

62 ans

Tradipraticien

Deido

05-01-07

Marié

M. NDOMBA

M

49 ans

Fonctionnaire

 

02-02-07

Marié

M. NBOLE

M

32 ans

Tacleurs

Entrée HLD

21-02-07

Célibataire

Dr Joseph TEKAM

M

49 ans

Médecin

HLD

22-02-07

Marié

M. NGAMPE Xavier

M

43 ans

Infirmier

 

25

Marié

Dr GUIFO Odette

F

42 ans

Pédiatre

HLD/pédiatrie

01-07

Marié

Dr OWONO EBOUNDI J.

M

50 ans

 
 

16-11-06

Marié

Dr MPATCHOU Jean C

M

37 ans

Pédiatre

HLD/pédiatrie

16-11-06

Marié

Dr MOUDZE KAPTUE B.

M

41 ans

Pédiatre

HLD/pédiatrie

26-05-06

Marié

Dr DIOP Adrien

M

36 ans

 

HLD/urgence

26-05-07

Marié

ASHEE Patricia

F

29 ans

Infirmière

HLD/Maternité

20-03-07

Marié

AZION Dorothée

F

31 ans

Infirmière

HLD/Maternité

20-03-07

Marié

BAHIGA Robert

M

34 ans

Infirmier

HLD/médecine

20-03-07

Marié

BEKONDO Marie

F

35 ans

Infirmière

HLD/médecine

20-03-07

Marié

BITOM Catherine

F

28 ans

Aide- soignante

HLD/médecine

20-03-07

Célibataire

BIYO Mathias

M

29 ans

 

HLD/médecine

20-03-07

Célibataire

BONGUILE Sophie

F

30 ans

Aide- soignante

HLD/médecine

20-03-07

Célibataire

BIANKE Delphine

F

45 ans

Sage femme

HLD/Maternité

21-03-07

Mariée

ONDA Rose ep BEKONO

F

46 ans

Sage femme

HLD/Maternité

21-03-07

Mariée

DEFFO Martine

F

40 ans

Sage femme

HLD/Maternité

21-03-07

Mariée

DIKAKI Berthe

F

34 ans

Buy'em and sell'em

HLD/Maternité

21-03-07

Mariée

EBONE Marguerite

F

26 ans

Sans emploi

HLD/Maternité

21-03-07

Mariée

FEUKAM Anne

F

22 ans

Etudiante

 
 

Mariée

EWANE EPOULE Jean

M

32 ans

Infirmier

HLD/médecine

22-03-07

Marié

KOFANE ABASSOMBO

M

35 ans

Aide soignant

HLD/médecine

22-03-07

Célibataire

AGOKEN Dieudonné

M

30 ans

Agent de maîtrise

HLD/médecine

22-03-07

Célibataire

BEA Martin

M

34 ans

Fonctionnaire

HLD/médecine

22-03-07

Fiancé

EDOUKA Cyrille

M

33 ans

Chômeur

HLD/urgence

22-03-07

Célibataire

FONKE Jean Pierre

M

21 ans

Etudiant

HLD/urgence

 

Célibataire

KAMGAIN Daniel

M

17 ans

Elève

HLD/urgence

22-03-07

Célibataire

MABE Jean

M

20 ans

Sans emploi

 

24-03-07

Célibataire

Marcel Maurice

M

19 ans

Elève

HLD/urgence

28-03-07

Célibataire

MBOUYEP Marie

F

37 ans

Vendeuse

 

28-03-07

Célibataire

MASSO Jeannette

F

38 ans

Secrétaire

HLD/Maternité

01-05-07

Mariée

MOABACK Alain

M

35 ans

Sérigraphe

AC

01-05-07

Marié

MBANG Nlate

F

32 ans

Ménagère

AC

01-05-07

Mariée

MAP Céline

F

29 ans

Secrétaire

AC

02-05-07

Mariée

NDIP Lydia

F

30 ans

Ménagère

AC

02-05-07

Mariée

NGAVOE Brigitte

F

24 ans

Ménagère

AC

02-05-07

Mariée

NGO BONGA Frida

F

22 ans

Etudiante

AC

03-05-07

Célibataire

NANGA Jeannette

F

27 ans

Institutrice

AC

03-05-07

Célibataire

NGO KONDE Jeanne

F

37 ans

Vendeuse

AC

08-05-07

Mariée

OBEKA M Apollo

M

40 ans

Fonctionnaire

AC

08-05-07

Célibataire

TSIMI Joseph

M

29 ans

Barman

AC

08-05-07

Célibataire

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE.......................................................................................i

DEDICACE.......................................................................................ii

REMERCIEMENTS............................................................................iii

RESUME.........................................................................................iv

ABSTRACT...................................................................................... v

LISTE DES SIGLES........................................................................... vi

LISTE DES TABLEAUX....................................................................vii

LISTE DES CARTES........................................................................viii

EPIGRAPHE....................................................................................ix

CARTE DE LA VILLE DE DOUALA......................................................x

INTRODUCTION GENERALE..............................................................1

I- Justification du choix du sujet..............................................................3

II- Délimitation du sujet........................................................................6

III- Problème....................................................................................9

Problématique.............................................................................12

Questions de recherche..................................................................14

Question générale.....................................................................14

Questions spécifiques.................................................................14

Hypothèses de la recherche..............................................................14

Hypothèse générale.....................................................................15

Hypothèses spécifiques................................................................15

Objectifs de la recherche.................................................................15

Objectif principal........................................................................15

Objectifs secondaires...................................................................16

IV- Intérêt du sujet............................................................................17

V -Revue de la littérature....................................................................18

VI- Cadre théorique .........................................................................32

VII- Méthodes de collecte des données...................................................37

- Le questionnaire destiné aux patients..........................................38

- Le questionnaire au personnel soignant.......................................38

- Typologie des entretiens utilisés lors de nos enquêtes......................38

* Les entretien semi- directifs................................................39

* Les entretiens à questions ouvertes........................................39

* L'observation in situ ou observation directe..............................39

* L'observation participante ou la participante observation..............40

- Définition des concepts clés..........................................................41

- Des difficultés rencontrées............................................................43

PREMIERE PARTIE : DE LA MEDECINE CONVENTIONNELLE ET DE LA MEDECINE TRADINATURELLE DANS LA COUVERTURE SANITAIRE A DOUALA.........................................................................................44

INTRODUCTION DE LA I ère PARTIE.................................................45

EPIGRAPHE....................................................................................46

CARTE DE L'HOPITAL LAQUINTINIE DE DOUALA.................................47

CHAPITRE 1 : Les acteurs en présence à l'HLD...........................................48

Introduction....................................................................................48

I- Le personnel en activité à l'HLD.........................................................48

1- Le personnel administratif..............................................................49

2- Le personnel soignant...................................................................49

*Le personnel médical...................................................................50

* Le personnel paramédical.............................................................50

3- Le personnel d'appui....................................................................51

II- Les patients à l'HLD.....................................................................51

1- Les patients « externes »...............................................................52

2- Les patients internés ou hospitalisés..................................................53

3- De la présence des gardes-malades...................................................55

III- Patients et soignants dans les pavillons de l'HLD...................................58

1- Dans les services externes.............................................................58

2- Dans les services internes..............................................................62

a- De la pédiatrie et de la maternité..................................................62

Conclusion....................................................................................65

CHAPITRE 2 : DE LA MEDECINE TRADINATURELLE A DOUALA.............66

Introduction....................................................................................66

I- Présentation de l'AC et de son personnel...............................................66

1-Présentation physique...................................................................66

2- Présentation du personnel de l'AC...................................................67

3- Les catégories sociales et l'AC.......................................................68

II- A la base des rapports entre le naturopathe et ses patients..........................68

1- Du respect mutuel .....................................................................69

2- De la compréhension et de la patience...............................................70

3- Le respect du « code » médical.......................................................71

III- La médecine traditionnelle à Douala : une médecine éclatée ?....................73

1- De la médecine naturelle « brute ou verte » ........................................74

2- De la tradipratique à Douala..........................................................75

3- De la médecine naturelle moderne africaine........................................78

Conclusion....................................................................................80

CONCLUSION DE LA 1ère PARTIE.....................................................81

DEUXIEME PARTIE : LE SOCIAL, L'ECONOMIQUE ET LA RELATION PATIENT/TRAITANT DANS LES DEUX FORMES DE MEDECINES.........82

INTRODUCTION DE LA 2ème PARTIE..................................................83

EPIGRAPHE.................................................................................84

CHAPITRE 3 : LE SOCIAL, L'ECONOMIQUE ET LA RELATION PATIENT/TRAITANT A L'HLD...........................................................85

Introduction......................................................................................85

I- A la base des rapports entre personnel soignants et patients à l'HLD..................86

1- Des normes officielles d'accès aux prestations sanitaires.............................86

* La qualité de l'accueil réservé aux patients..........................................87

* L' enregistrement du malade..........................................................87

* La consultation des malades...........................................................87

* L' orientation du malade...............................................................88

* La formation du personnel et le traitement des patients............................89

* Le serment d'Hippocrate...............................................................90

2- Des normes officieuses d'accès à la santé...............................................91

* La vente illicite des médicaments.....................................................92

* Du rançonnement et de l'accaparement des patients...............................94

II- De la place de l'économique à l'HLD.....................................................98

1- Patients et traitants dans les prix des soins..............................................99

2- De la médecine à deux vitesses à l'HLD..............................................101

III- Du social dans les relations entre malades et traitants................................102

1- Patients et traitants à l'HLD.............................................................102

2- De la socialité dans les rapports entre le personnel traitant.........................103

3- Les catégories sociales et l'accès aux soins à l'HLD..................................104

Conclusion.......................................................................................105CHAPITRE 4 : De la place du social et de l'économique dans la médecine tradinaturelle et le soutien psychologique dans les deux formes de médecines.106

Introduction.....................................................................................106

I- De la place de l'économique dans la médecine naturelle à Douala...................107

1- Patients et traitants dans les prix des soins à l'AC...................................108

2- L'AC et les mesures préventives des maladies.......................................110

3- Le traitant et les proches du patient à l'AC........................................... 113

II- Rapports sociaux plus que rapport économique dans la médecine naturelle à l'AC..............................................................................................114

1- Le docteur TAJOUDINE et ses patients...............................................115

2- Le docteur TAJOUDINE et ses patients dans leurs domiciles.....................116

3- Les patients et les aides soignants à l'AC.............................................118

III- La médecine tradinaturelle : un palliatif aux problèmes de santé publique en Afrique...........................................................................................119

1- Les facteurs d'expansion de la médecine naturelle...................................120

2- Une solution au problème d'infrastructures sanitaires..............................121

3- La médecine tradinaturelle comme une médecine holistique.......................122

Conclusion.....................................................................................124

CONCLUSION DE LA 2ème PARTIE....................................................125

Approche évaluative des politiques sanitaires publiques au Cameroun.................126

CONCLUSION GENERALE...............................................................128

BIBLIOGRAPHIE...........................................................................134

A- OUVRAGES GENERAUX.............................................................134

B- OUVRAGES SPECIALISES............................................................137

C- THESES....................................................................................141

D- MEMOIRES..............................................................................141

E- ARTICLES DES REVUES SCIENTIFIQUES.......................................141

F- ARTICLES DES JOURNAUX.........................................................143

ANNEXES.....................................................................................148

-ANNEXE 1 : GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE PERSONNEL SOIGNANT.................................................................................149

- ANNEXE 2 : GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES PATIENTS A L'HLD..151

- ANNEXE 3 : GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES TRADIPRATICIENS.................................................................153

- ANNEXE 4 : GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES PATIENTS DU NATUROPATHE......................................................................155

- ANNEXE 5 : QUESTIONNAIRE DESTINE AU PERSONNEL SOIGNANT.............................................................................158

- ANNEXE 6 : QUESTIONNAIRE DESTINE AUX PATIENTS...............159

- FICHES SIGNALETIQUE DES INFORMATEURS...............................1

TABLE DES MATIERES........................................................................160

* 1 Guérisseurs traditionnels en langue Douala






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