CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
Cette étude avait pour objet d'analyse la relation
entre niveau de développement financier et la causalité entre
épargne, crédit et investissement domestiques en zone UEMOA. Elle
a été menée sur sept29 des huit pays de cette
zone considérés sur la période de 1977 à 2008. Il
s'agissait de tester l'hypothèse affirmant une relation positive entre
le développement financier et la causalité dans le sens
épargne-investissement.
Pour atteindre cet objectif le chapitre I a fait le contour
des fondements théoriques et empiriques de la relation
épargne-investissement. Dans ce chapitre, nous avons
présenté premièrement les différentes controverses
théoriques et empiriques des précurseurs de la pensée
macroéconomique (néoclassiques et keynésiens) du
rôle de l'épargne et de l'investissement dans le processus de
croissance. Enfin, il a été question des débats
récents sur le rôle des institutions financières dans la
mobilisation de l'épargne financière et son orientation vers
l'investissement.
Au chapitre II nous avons tenté d'évaluer les
différents nivaux de développement financier des pays de l'UEMOA
afin de les classer. Cela a nécessité au préalable
l'analyse de la notion de développement financier et par la suite son
évaluation quantitative. Mais avant l'évaluation quantitative des
niveaux de développement financier, il a été
nécessaire de présenter le contexte et le cadre dans lesquels
nous avons conduit nos recherches. L'analyse de l'environnement financier nous
a révélé qu'il est caractérisé par un
dualisme financier, une surliquidité du système bancaire et une
faible mobilisation de l'épargne domestique. La détermination de
l'indice synthétique à l'aide de la méthode ACP a permis
de montrer qu'il y a une dispersion en termes de développement financier
des pays de l'UEMOA.
Après la mise en évidence des différents
niveaux de développement financier, le chapitre III s'est
consacré à l'analyse empirique de la causalité
épargne-crédit-investissement en zone UEMOA et a permis de mettre
en relief l'impact du niveau financier sur ladite causalité. C'est ainsi
que l'analyse descriptive a fait ressortir les tendances d'épargne et
d'investissement au niveau régional et national.
29 La Guinée-Bissau n'a pas
été prise en compte pour absence de données sur longue
période.
L'investigation économétrique de la
causalité épargne-investissement montre qu'il y a une absence de
causalité entre épargne et investissement au Burkina Faso, en
Côte d'Ivoire, au Mali, au Niger et au Togo. Au Bénin par contre,
les résultats montrent une causalité bidirectionnelle dans le
sens épargne vers investissement. Quant au Sénégal, on
observe une causalité unidirectionnelle de l'épargne vers
l'investissement. Ce qui signifie qu'il y a une mobilité parfaite des
capitaux dans la zone UEMOA (sauf au Bénin et au Sénégal).
De plus, nous avons pensé à une éventuelle existence
d'effets de seuil associés à un équilibre multiple en
liaison avec le développement du secteur financier eu égard la
faiblesse des taux d'épargne intérieure des pays de l'UEMOA.
On n'a pas pu déceler une relation significative entre
niveau de développement financier et causalité
épargne-investissement en considérant le canal de crédit.
Les résultats ne confirment donc pas les conclusions théoriques
évoquées dans cette étude qui supposent que lorsque les
institutions financières sont développées, elles
mobilisent l'épargne et l'orientent vers l'investissement. Cependant,
même les pays dits financièrement développés dans la
zone UEMOA même, il n'y a aucune causalité entre les variables
d'intérêt.
Enfin sur la base des résultats issus de la
vérification des hypothèses, un certain nombre de recommandations
en termes de politique économique peuvent être
formulées.
D'abord, au niveau des pays pris individuellement, les
politiques visant à promouvoir l'épargne intérieure sont
nécessaires au Bénin et au Sénégal. Par contre pour
les cinq autres pays de l'UEMOA où l'investissement n'est pas lié
à l'épargne intérieure, les politiques économiques
doivent être axées sur l'incitation à l'investissement et
la réduction des sorties des capitaux.
Ensuite, pour une plus grande mobilisation de l'épargne
domestique au niveau communautaire les autorités doivent prendre des
mesures « obligeant » le système bancaire à exercer
efficacement ses fonctions fondamentales d'intermédiation par
l'instauration effective de la concurrence sur le marché bancaire et la
suppression de l'oligopole bancaire. En d'autres termes les mécanismes
du marché doivent être instaurés pour que les taux
d'intérêt puissent être attractifs pour l'épargne et
l'investissement. Par exemple, en instaurant la concurrence au sein du
système bancaire. Ces mesures ne seront possibles sans une plus grande
accessibilité du système financier qui constitue une condition
nécessaire.
Puis, la non significativité du crédit bancaire
dans les fonctions d'investissement et d'épargne surtout dans un
contexte de surliquidité bancaire comme celui de l'UEMOA s'explique par
la présence d'un rationnement du crédit bancaire. Dans ce cas,
les autorités doivent travailler à réduire les
asymétries informationnelles. Par exemple, mettre en place, des
structures publiques ou privées au niveau régional et/ ou
national chargées de collecter des informations concernant le
degré de solvabilité des emprunteurs potentiels, ainsi que de
l'environnement judiciaire des affaires nécessaire à la
conclusion et l'exécution des contrats financiers et de garanties.
Enfin, l'hétérogénéité
financière est éclairée à partir de l'existence des
écarts de développement financier trop important au sein
même des pays de l'UEMOA. De ce fait, les pays de l'UEMOA doivent veiller
à assurer une homogénéité financière
grâce à la conduite des politiques économiques visant la
réduction des écarts du développement de leurs
systèmes financiers puisque
l'hétérogénéité financière affaiblit
tout effet bénéfique de l'intégration sur la croissance
économique.
Cependant, cette étude comporte un certain nombre
d'insuffisances. Une limite importante concerne d'abord les indicateurs
financiers retenus qui ne sont pas exhaustifs car ils occultent le secteur de
la microfinance et les indicateurs d'instabilité financière qui
influencent l'environnement financier. Le modèle
économétrique utilisé pourrait être
amélioré en utilisant le modèle de cointégration et
de causalité non linéaires pour prendre en compte la
présence d'éventuels effets seuil.
Les prochaines études dans ce domaine devront prendre
en compte, dans la mesure du possible, ces différentes limites en
intégrant par exemple l'évaluation du degré
d'intégration financière et la question de la mobilité des
capitaux entre les pays de l'UEMOA en utilisant le modèle
amélioré de Feldstein et Horioka (1980) vue que la
mobilité des capitaux constitue l'un des objectifs assignés
à l' UEMOA.
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