II- Absence de corrélation entre niveau de
développement financier et causalité épargneinvestissement
en zone UEMOA
Aujourd'hui, il est indéniable qu'un secteur financier
efficace exerce un impact positif sur l'économie, que ce soit au niveau
de la productivité des entreprises, de l'accumulation de capital, de
l'accroissement de l'épargne, d'allocation de crédit à
l'investissement, ou de la croissance. Selon des études de la Banque
mondiale, une augmentation de 10 % de la densité des circuits
financiers28 (liquidités) s'accompagne d'une
accélération de la croissance du PIB par habitant de 2,8 % ; ce
qui est considérable.
28 La densification des circuits financiers, entendue
comme un accroissement du pourcentage du PIB représenté par les
actifs financiers.
De plus, le rôle de l'épargne intérieure
dans le financement de l'investissement productif par le canal de crédit
n'est plus un fait à démontrer eu égard au
développement fulgurant des pays d'Asie du Sud Est (taux
d'épargne avoisine les 30%).
Malgré la corrélation positive entre
l'investissement intérieur et l'épargne intérieure, il y a
une absence de causalité entre les deux séries dans la plupart
des pays et en plus le crédit n'a pas d'effets sur l'investissement ; ce
constat laisse penser à l'existence d'effets seuil associé
à un équilibre multiple en liaison avec le développement
du secteur financier. Dans ces conditions, peut-on dire que l'absence de
causalité entre épargne et investissement trouve son explication
dans le domaine financier ?
Il ressort de la synthèse des résultats de
l'étude que l'épargne intérieure n'est pas vertueuse dans
tous les pays de l'UEMOA (excepté le Benin et le Sénégal)
quel que soit le niveau de développement financier. Cette situation
pourrait s'expliquer par le fait que la zone est caractérisée par
le manque d'infrastructures bancaires, qui s'ajoute à la
surliquidité bancaire et le dualisme financier liés aux
phénomènes d'asymétrie informationnelle qui font que les
secteurs informel et agricole représentant plus de 80% du secteur
économique n'ont pas accès aux financements bancaires. La
conséquence de cette situation est que le non financement des
investissements conduit les entreprises à dégager moins de
revenus et donc moins d'épargne : on est donc dans une situation de
cercle vicieux de développement. L'absence de causalité
entre épargne et investissement s'explique donc en partie par le faible
niveau de développement financier dans tous les pays de l'UEMOA.
En conclusion, la relation entre épargne, crédit
et investissement domestiques dans les pays de l'UEMOA ne dépend pas du
niveau de développement financier de ces pays. En effet, il y a une
absence de relation de causalité entre l'épargne et
l'investissement aussi bien dans les pays financièrement
développés ou pas (sauf au Benin et au Sénégal
malgré que le niveau de développement financier est faible). Ce
qui laisse présager que ce n'est pas seulement la faiblesse du niveau de
développement financier qui constitue le problème, mais aussi, la
faiblesse de l'épargne qui fait que l'épargne est insuffisante
pour être utiliser à financer l'investissement. De plus, on peut
aussi dire que ce résultat reflète la situation de
mobilité parfaite des capitaux entre les pays de l'Union si on se
réfère à l'analyse rationnelle de Feldstein et Horioka
(1980).
A la lumière de tout ce qui précède, nous
pouvons affirmer que notre dernière hypothèse n'est pas
vérifiée car la causalité entre épargne et
investissement ne dépend pas du niveau de développement
financier.
Au terme du chapitre, il ressort principalement que la
relation qu'entretiennent l'épargne, le crédit et
l'investissement dans la zone UEMOA méritait une attention
particulière vue le contexte international actuel. Ainsi, nous avons
testé la causalité entre les trois variables afin de mettre en
évidence l'impact du niveau de développement financier sur ladite
causalité. Les résultats des tests ont
révélé que le crédit intérieur cause
l'investissement au Mali et au Togo, mais au Burkina c'est plutôt
l'inverse qui s'observe. Quant à la relation entre épargne et
l'investissement, il ya une absence de causalité entre ces deux
variables dans la plupart des pays de l'UEMOA. Enfin, on n'a pas pu
déceler une évidence empirique entre le niveau de
développement financier et la relation entre épargne et
investissement. Cette absence de relation statistique est attribuée
à situation de mobilité parfaite des capitaux et à
l'existence probable d'effets de seuil du fait de la faiblesse de
l'épargne dans la zone UEMOA.
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