7/ Augmentation de la prévalence contraceptive,
et poids de l'avortement.
Évolution de la prévalence
contraceptive (méthodes modernes) au Burkina Faso, 1993-2009.
Année
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1993
|
1998-1999
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2003
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2006
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2007
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2008
|
2009
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Toute méthodes
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8
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12
|
14
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18,6
|
19,7
|
22,1
|
26,9
|
M.N. (%)
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3,7
|
6,7
|
5,1
|
...
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...
|
...
|
3,4*
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M.M. (%)
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4,2
|
2,6
|
8,6
|
...
|
...
|
...
|
23,5*
|
Source : INSD, annuaire statistique 2008 (enquêtes
démographiques et de santé (1993-2003)), annuaire statistique
2009 (2006-2009)) - *calculs effectués à partir du tableau de
répartition des utilisatrices par méthodes (en valeurs
absolues).
La prévalence contraceptive correspond au nombre total
d'utilisatrices (anciennes et nouvelles)
d'une méthode contraceptive quelconque rapporté
au nombre total de femmes en âge de procréer (15-49 ans). Ainsi,
en 2009, les districts sanitaires (excepté un pour lequel les
données manquent) rapportent le nombre de 912 321 utilisatrices, pour un
total de 3 494 885 femmes en âge de procréer. Soit une
prévalence de 26,9%. Avant 2009, la prévalence était
mesurer en prenant au dénominateur le nombre de femmes en âge de
procréer duquel était retranché le nombre de grossesses
attendues. La méthode de mesure a donc été modifiée
en 2009 pour correspondre à celle que recommande l'OMS. Par
conséquent, les données des années 2006 à 2008 ont
été réévaluées. Pas
On peut donc noter une augmentation importante de la
prévalence contraceptive entre 1993 et 2009, puisqu'elle a plus que
triplé. Toutefois, la prévalence générale de la
contraception comprend les méthodes traditionnelles ou naturelles (MN)
et les méthodes modernes (MM). A l'intérieur d'une nette tendance
à la hausse, on peut distinguer des variations relatives au poids des
méthodes naturelles par rapport aux méthodes modernes. Entre 1993
et 2009, l'écart entre méthodes naturelles et modernes se creuse
au profit des dernières. Mais ces évolution
générales à la hausse recouvre aussi des disparités
selon le lieu de vie. Ainsi, la prévalence de la contraception est
toujours plus importante en milieu urbain qu'en milieu rural. Et en milieu
rural, les méthodes naturelles sont le plus souvent dominantes.
La contraception permet directement à la femme
d'exercer un contrôle sur sa fécondité. Elle permet plus
largement au couple de maîtriser le moment d'arrivée des enfants,
et leur nombre. Catherine Rollet4 nous rappelle qu'en France,
dès le milieu du XVIIIe siècle, les couples ont commencé
à agir sur leur fécondité, et ce bien avant
l'arrivée des méthodes contraceptives modernes, et sans
incitation étatique. C'est ce qu'Henri Léridon a nommé la
« première révolution contraceptive » (qui arrive un
siècle plus tard dans le reste du monde industrialisé). La «
seconde révolution contraceptive », en revanche, touche tous les
pays industrialisés après la seconde guerre mondiale. Cette
seconde phase est caractérisée par le développement de la
pilule et du stérilet, à quoi s'ajoutent le recours à
l'avortement en cas de grossesse non désirée, et la
stérilisation. Selon les
4 Rollet Catherine, Introduction à la démographie,
2e édition, coll. 128, Armand Colin, Paris, 2006, pp. 80-81.
pays, en développement ou non, l'une ou l'autre
méthode domine. Mais la contraception vient satisfaire un besoin, ainsi,
« le nombre d'enfants procréés dans un pays ne
reflète pas l'impact des technologies modernes de contraception : il
reflète avant tout la volonté des couples de réduire la
taille de la famille, cette volonté résultant d'un certain niveau
d'éducation, et plus globalement d'un certain niveau social et
économique. Il peut refléter dans certains cas l'intervention des
gouvernements en faveur de la limitation des naissances »5.
La pratique effective de la contraception au Burkina Faso
n'est pas l'exact reflet des besoins en matière de contraception. Pour
diverses raisons (âge, pressions de l'entourage familial, faible niveau
d'éducation, faibles connaissances en matière de contraception,
ou d'accès à la contraception, éloignement physique des
lieux de distribution, réticences, etc...), certaines femmes qui
pourraient vouloir retarder ou espacer les naissances, n'utilisent pas de moyen
de contraception (ce besoin non satisfait, qui est mesuré dans les EDS
en comparant avec le nombre de femmes utilisatrices de moyens de contraception,
le nombre de femmes qui disent ne plus vouloir d'enfants, ou vouloir attendre
deux ans avant la prochaine grossesse, était de 29% en 2003). Ces femmes
qui ne désirent pas, pas encore, ou plus d'enfants, peuvent alors avoir
recours à l'avortement. Mais l'avortement peut être aussi la
réponse à une grossesse résultant d'une relation
illégitime. Selon Clémentine Rossier6, dans les
langues locales d'Afrique de l'Ouest, il n'existe pas de termes pour «
grossesse non désirée », en revanche, on parle de «
grossesse honteuse ». Dans ce cas, l'avortement est perçu, aussi,
comme une pratique « honteuse », puisqu'il révèle, en
les dissimulant, les fautes sexuelles [Bleek 1981, Jonhston-Hanks 2002,
Rossier, Pictet et Ouédraogo, à paraître).
Quoiqu'il en soit, l'avortement provoqué est une
pratique illégale (sauf en cas de viol, inceste, vie de la mère
en danger, ou malformation du foetus), et en réalité peu
poursuivie, mais c'est surtout une patrique réprouvée socialement
[Rossier, 2006]. Malgré cela, les acteurs de l'avortement (clients et
prestataires, femmes et hommes) finissent par en parler à un nombre de
personnes important. Mais tous les acteurs « mettent en place des
systèmes de sécurité pour éviter
5 Opus cité, p. 82.
6 Rossier Clémentine, L'avortement : un secret connu de
tous ?, Sociétés contemporaines, 2006, n°61, pp. 41-64.
que leur secret ne s'évente ». Cette pratique du
secret éclaire la sous-déclaration des avortements dans toutes
les enquêtes. Mais c'est aussi ce qui va permette de constituer un nouvel
outil de mesure des avortements clandestins : la « méthode des
confidentes ». Ce pourrait être une façon d'estimer le nombre
d'avortements clandestins. Des auteurs proposent des méthodes
d'estimations indirectes des avortements provoqués à partir des
EDS [Johnston et Hill, 1996]. « En moyenne, l'avortement semble exercer
sur la fécondité une influence comparable à celle de la
pratique contraceptive »7. Ainsi, pouvoir mesurer l'ampleur de
l'avortement s'avère nécessaire lorsque l'on cherche à
étudier le rapport entre les déterminants de la
fécondité et le niveau de fécondité, sous peine de
produire des résultats faussés.
La méthode proposée consiste en une estimation
résiduelle de l'avortement, en représentant l'équation de
Bongaarts sous la forme : Ca = ISF/(TF*Cm*Cc*Ci), avec Ca
l'indice pour la réduction proportionnelle de la fécondité
causée par l'avortement provoqué, ISF l'indice synthétique
de fécondité, TF le nombre moyen de naissance par femme durant
ses années de reproduction et estimé à 15,3, Cm l'indice
pour la réduction proportionnelle de la fécondité
causée par la non-exposition au mariage, Cc l'indice pour la
réduction proportionnelle de la fécondité causée
par l'utilisation de la contraception, et Ci l'indice pour la réduction
proportionnelle de la fécondité causée par
l'insusceptibilité post-partum.
L'indice conjoncturel (ou synthétique) d'avortement est
calculé dans l'EDS de 1993. Il est 0,31 et correspond au nombre moyen
d'avortements qu'une burkinabé aura dans sa vie si elle a des
avortements aux taux par âge prévalent durant les cinq
années précédent l'enquête. Les auteurs de l'article
arrivent quant à eux pour le Burkina Faso, à partir de l'EDS de
1993, à un indice d'avortement de 0,95. Il y a donc une
différence considérable entre les deux chiffres, qui doit
résulter pour l'essentiel de la sous-déclaration des avortements.
Dans un pays comme le Burkina Faso, où l'avortement est illégal,
et où il n'existe donc pas de système d'enregistrement
statistique des avortements, une méthode d'estimation indirecte des
avortements provoqués semble bien
7 Johnston Heidi B., Hill Kenneth H., Avortement provoqué
dans le monde en développement : estimations indirectes, in Perspectives
internationales sur le plannig familial, numéro spécial de 1996,
pp. 15-22.
incontournable8. Les EDS de 1998-99 et 2003 ne donnent
pas d'indice conjoncturel d'avortement par estimation directe, et les
données fournies ne permettent pas de le calculer.
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