SECTION II- L'ESPACE ET L'OFFRE DES SERVICES
COLLECTIFS.
Les travaux historiques de Von THUNEN (1827)35 et
CHRISTALLER (1933)36 vont favoriser peu à peu la
compréhension des conséquences économiques de l'espace.
Initié par Walter ISARD (1956)37, en Science Régionale
et W. ALONSO (1964) en Economie urbaine, un nouveau programme de recherche se
développe.
On distingue progressivement une approche (incarnée en
France par François PERROUX (1950)38 ou Jacques
BOUDEVILLE39 (1965) dont les problématiques se rapprochent de
la Théorie de la croissance -avec la contribution de Robert SOLOW- d'une
approche urbaine qui se développe plutôt aux Etats - unis autour
de William ALONSO40 (1964), Edwin MILLS41 (1967) et
Richard MUTH42 (1969). Sous l'intrusion de la nouvelle
théorie du commerce internationale, Paul KRUGMAN43 (1991)
redynamise la Science régionale qui devient au cous des années
1990 la nouvelle Economie géographique qui ne tient plus compte des
avantages comparatifs comme les ressorts de base de cette théorie, mais
les économies d'agglomération ou économies produites entre
autres par l'accumulation dans la même région d'une forte demande
et offre.
Au courant des années 2000 les travaux de Paul KRUGMAN
et Masahisa FUJITA44 (1999) introduisent la
question des externalités d'agglomération et d'urbanisation. Le
développement d'une économie urbaine est aussi allé avec
le développement des travaux en fiscalité locale, essayant de
comprendre et formaliser les mécanismes et les conséquences
économiques des biens publiques locaux.
35 THÜNEN VON J.H., 1827, Der isolierte Staat in Beziehung
auf Landwirtschaft und National Okonomie, Hambourg. Perthes. Voir aussi J.H.
Von Thünen, (1826), L'Etat Isolé, Ed. Guillaumin, Paris 1851.
36 CHRISTALLER, W. (1933), Die zentralen Orte in
Süddeutschland, Iena: G. Fischer (trad. ang. partielle par Ch.W.
Baskin (1966), Central Places in Southern Germany, Englewood Cliffs
Prentice Hall).
37 ISARD W., (1956), «Location and Space Economy: A General
Theory Relating to Industrial Location, Market Areas, Land Use, Trade and Urban
Structure». New York, MIT and J. Wiley and sons.
38 PERROUX F. : « Les espaces économiques
», Economie appliquée, tome 3, n°1,1950.
39 Boudeville J. : «
Région géographique,région économique »
;n°406, 1965,p 738 - 739.
40 ALONSO, W. (1964), Location and Land Use-
Toward a General Theory of Land Rent, Cambridge: Harvard University
Press.
41 MILLS, E. S. (1967), An aggregative model of
resource allocation in a metropolitan area, American Economic Review,
57, 197-210
42 MUTH, R. (1969), Cities and Housing: The
Spatial Pattern of Urban Residential Land Use,
43 Paul KRUGMAN : « Rendements croissants et
géographie économique », journal of political economy vol.
3,n° 99, 1991,page 483-499.
44 Paul KRUGMAN et Masahisa FUGITA : « The
Spatial Economy :Cities, Regions and International Trade ,Cambridge ,MIT
Press,1999.
II.1. Economie Régionale : le rôle des
avantages compétitifs et des avantages comparatifs
L'économie régionale s'appuie sur le fait que la
mondialisation économique, loin de conduire à une dispersion des
activités tend à les concentrer sur des territoires,
généralement urbains, disposant d'un avantage compétitif
sur le plan mondial, régional, sous régional ou local en
particulier. De nos jours, les avantages dont peut disposer un territoire sont
souvent liés à l'existence de ressources naturelles, mais
à la maîtrise de savoirs et technologies, à l'existence
d'un capital humain particulier, dans un environnement propice à la
production. On parle à ce sujet de compétitivité. On parle
aussi de guerre des territoires, l'attractivité d'un territoire
basée sur le capital humain plutôt que d'avantages naturels
supposant une stratégie, face à d'autres territoires plus ou
moins éloignés disposant ou étant prêts à
développer, des atouts comparables pour attirer les investissements et
les investisseurs.
II.1.1. La nouvelle économie géographique
: anticipation et effets boule de neige
La croissance des territoires, basée sur la
capacité de ceux-ci à augmenter leur production de biens et
services, ne doit pas uniquement être pensée de manière
statique, comme c'est le cas dans les modèles comparatifs. Dès
lors qu'il y a des coûts de transport ou de transaction, que la main
d'oeuvre n'est pas totalement mobilisée entre les pays ou entre les
secteurs, les arbitrages ne font plus suivant les mêmes logiques que dans
le cas Ricardien. La région la plus importante offre par exemple des
débouchés plus importants, si les coûts de transport entre
les deux régions sont élevées, les entreprises auront
tendances à se localiser à proximité de ce marché
final, en dépit de coût de travail souvent plus importants.
Mécaniquement, cela accroît le nombre de fournisseurs ayant
intérêt à se localiser eux aussi dans cette
région.
Au final, l'agglomération nourrit
l'agglomération : il y a un effet boule de neige. Celui ci est
alimenté par les conditions de coûts et de débouchés
objectives ou anticipées. L'accumulation d'entreprises et e
salariés dans une même région y fera augmenter les
coûts du travail. Dès lors que le différentiel de
coût de travail entre la région dynamique et les autres
régions dépasse le différentiel de coûts de
transport, les entreprises peuvent faire le choix alternatif de se
(re-)localiser dans la région périphérique .Mais aussi si
les salaires ne sont pas totalement mobiles d'une région à
l'autre ou d'un secteur à l'autre, ces simples changements de choix de
localisation peuvent induire un chômage important.
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