La prise en charge psychosociale des alcooliques à l' Association pour la Prévention de l'Alcoolisme et des Accoutumances Chimiques (APAAC).( Télécharger le fichier original )par Angelo Barthold Université d'état d'Haà¯ti (UEH) - Licence en service social 2009 |
1.4- Précision conceptuelleIl est important de préciser le sens de quelques concepts utilisés tout au long du travail. A première vue dans l'expression « prise en charge », on voit le substantif prise qui dérive du verbe prendre. Selon le Dictionnaire Le Nouveau Petit Robert, cette expression a le sens de prendre quelqu'un sous sa responsabilité, d'assurer son entretien, ses dépenses. Dans ce contexte elle a une connotation financière. Au sens strict la prise en charge est l'ensemble des procédés des stratégies qu'utilise une personne, une institution pour satisfaire les besoins de quelqu'un ou d'un groupe. Contrairement à cette définition ; la « prise en charge psychosociale », a-t-il écrit Cézar, c'est le soutient porté au client sur le plan psychosocial dans son processus de traitement, l'adjectif psychosocial est défini dans le Dictionnaire Universel Francophone (Hachette, 1997) comme ce qui est relatif à l'étude des interactions de l'individu dans ses rapports avec la vie sociale. C'est cette définition qui est retenue pour ce travail. Dans la pratique la prise en charge psychosociale a lieu dans deux domaines d'activités pouvant s'entrelacer : interpréter et intervenir. Interpréter signifie, définir et expliquer les faits sociaux. Dans le détail, il peut s'agir de décrire des activités, d'analyser des réalisations, de caractériser des situations, d'interpréter des opinions, de décrire périodiquement des solutions, de faire des investigations, de représenter les responsables... Intervenir recouvre toutes les conduites psychologiques : informer, motiver, conseiller, rééquilibrer (fonction du Service Social d'après la méthode unique, modifier, élaborer, orienter, établir des liaisons (fonction de planification sociale et d'investigation sociale d'après la méthode unique), assister, aider (fonction d'assistance du Service Sociale). La prise en charge psychosociale implique une action guidée par la connaissance des valeurs et les habiletés en vue de l'atteinte des buts spécifiques ; elle rend compte des concepts d'intervention sociale et de potentialisation. L'intervention sociale est définie par Jules Perron comme une action organisée par des méthodes et des approches développées par le Service Social et qui vise le changement dans la nature des interactions personnes environnements. La focalisation étant pointée sur la relation humaine, personnelle et collective. La potentialisation, d'après Guitirez (1994) est le processus visant à accroître la capacité personnelle, interpersonnelle ou politique de façon à ce que les individus, les familles et les communautés puissent mener des actions pour améliorer leurs situations. Etant donné la prise en charge porte sur les alcooliques, il est nécessaire de faire le point sur ce concept. L'alcoolique est une personne qui boit beaucoup d'alcool (Dictionnaire Le Robert, 1998). Le terme alcoolique désigne un type de personnalité marqué par une faille psychique précoce telle que entraîne à plus ou moins long terme la nécessité impérieuse et irrépréhensible de boire l'alcool, ou la contrainte d'exercer vis-à-vis de la consommation d'alcool une exclusion radicale. (Michèle Monjauze :1999) Plus loin il est défini par Bailly et Venisse (1994) comme celui qui a perdu la liberté de s'abstenir de l'alcool. Pour l'OMS, l'alcoolique est un buveur excessif dont la dépendance à l'alcool est telle qu'il présente soit un trouble mental décelable, soit des manifestations affectant la santé mentale, physique, les relations avec autrui et le bon comportement social et économique (Boudeau : 1973). La notion de buveur excessif parait un peu ambiguë parce qu'il y a une différence entre alcoolique et buveur excessif. Ce dernier utilise l'alcool comme : rituel d'intégration, anxiolytique et s'arrête quand il atteint sa dose efficace (Bailly et Venisse : 1994). L'alcoolique ne vit pas seul le plus souvent, d'où l'importance de parler de coalcoolique. Il fait face au problème de tolérance. Le coalcoolique2(*)1 est celui ou celle qui permet, le plus souvent tout à fait involontairement, que l'alcoolique continue à vivre sa vie personnelle, conjugale et professionnelle sur le même mode : la plupart du temps le coalcoolique est le conjoint, un ascendant ou un descendant, parfois un supérieur hiérarchique ou un collègue. Il soigne l'alcoolique et prend peu à peu à son compte les tâches que l'alcoolique n'est plus en état d'assurer. On appelle tolérance l'adaptation de l'organisme à une substance et la nécessité pour l'alcoolisque d'augmenter les doses pour obtenir le même effet (Maya Chami : p. 45). Certaines approches ont considéré l'alcoolisme comme une maladie. Elle se rapporte à toute perturbation survenue dans une ou plusieurs parties du corps, qui se manifeste par le trouble des actes d'un ou plusieurs appareils en entier. 2(*)2 Pour le « Taber's Cyclopedic Medical Dictionary », par maladie il faut entendre un état pathologique du corps qui présente un groupe de signes cliniques, de symptômes et de découverte de laboratoire propre au dit état, conférant aussi à cette partie de l'organisme un caractère unique permettant de différencier d'un autre état normal pathologique.2(*)3 L'individu alcoolique en milieu institutionnel est appelé client en Travail Social. Le client2(*)4 est un individu qui fait face à un problème et qui pour des raisons physiques, psychiques ou sociales ne peut vivre sans aide permanente ou temporaire, dans la société ou la communauté à laquelle il appartient. L'adaptation est définie par Monique Tremblay comme l'équilibre ou la recherche d'équilibre entre le bien-être interne et externe dans certaines situations données. L'adaptation psychosociale implique donc la présence de l'adaptation à la fois à la réalité interne et à la réalité externe. Il s'agit d'une recherche d'équilibre entre les pulsions, les désirs, les exigences socio-morales et les attentes environnementales. En tant que système elle est une réalité totale qui engage et influence la personnalité individuelle et le tissu social. Pour qu'il y ait adaptation à un milieu social, il faut que toutes les personnes formant ce milieu aient entre eux un certain dénominateur commun, c'est-à-dire les normes, les modèles, les valeurs et les symboles qui sont partagés par tous, leur permettant de participer aux mêmes identités collectives. En d'autres termes, l'adaptation c'est la standardisation et l'uniformisation des conduites.2(*)5 Enfin il y a le concept de traitement qui est un terme polysémique. Alors Dollard a donné les différentes acceptions de ce terme dans son livre intitulé Toxicomanies : Styles de vie. Pour lui le terme «t raitement » prend dans son acception propre des sens divers de sorte qu'il est faux de penser, comme le veut la croyance habituelle qui l'associe traditionnellement avec la médecine, qu'il ne se rapporte qu'a cette discipline. Sa valeur sémantique doit etre élargie pour répondre au sens exact du terme. Par référence au Petit Robert, la définition précise du terme désigne « tout comportement a l'égard de quelqu'un et tout acte traduit ce comportement ». Cela peut s'étendre au soin prodigué par quelqu'un (médecine), aux procédés permettant de modifier une matière (industrie), au déroulement systématique des opérations appliquées a de données (informatique), a la rémunération accordée a des employés. En toxicomanie le terme « traitement » parait être défini comme l'ensemble des comportements effectués a l'égard du toxicomane, ou comme le déroulement des interventions par laquelle on tente de l'aider, eu égard a son problème de psychotrope. C'est cette définition qui est retenue pour ce travail. * 21- Intervention, Revue de la cooperation des travailleurs sociaux au Québec, Santé Mentale un dossier fou, No 80, juin 1998 * 22- MORTIER Raoul, Dictionnaire encyclopédique universel, Grolier, Ltd, Canada 1967, p. 3548 * 23- DAVIS, FA. Taber's cyclopedic (cité par F. Cézar), Medical Dictionnary, F.A, Davis company, USA, 1997, p. 552 * 24- CASTELLANOS Maria. C (cité par F. Cézar). Manual de Trabajo Social, La Pensa Medica Mexicana, Mexico 1962, p. 39 * 25- ROCHER Guy, Introduction à la sociologie générale, l'Action sociale, Tome I, Ed. Hurtubise HMH, Ltée, 1969, p. 130. |
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