UNIVERSITE PAUL CEZANNE - AIX-MARSEILLE III
INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES
MEMOIRE pour l'obtention du
Diplôme
L'OPUS DEI ET L'EDUCATION AU CHILI
Par Mathilde Nicola ·.
Mémoire réalisé sous la direction de M.
Rapha`l Liogier
L'IEP n'entend donner aucune approbation ou improbation
aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent
être considérées comme propres à leur
auteur.
REMERCIEMENTS
Je dis toute ma gratitude pour leurs conseils et leur soutien,
lors de la conception de ce mémoire, à :
Mon directeur de mémoire, M. Rapha`l Liogier, pour ses
conseils avisés sur l'angle à adopter pour traiter un
thème polémique de manière neutre et impartiale.
Toute la famille Lopez, pour avoir éveillé ma
curiosité pour ce sujet pendant mon séjour au Chili, et pour leur
aide dans mes recherches.
Marcela Sa ·d, qui m'a été d'une grande
aide malgré son emploi du temps chargé, et gr%oce à qui
j'ai pu recueillir des informations peu accessibles.
Mes parents, pour leurs encouragements et leur relecture
attentive.
Mots-clés : Opus Dei, Religion, croyance, valeurs,
catholicisme, éducation, numéraires, surnuméraires,
apostolat, catéchisme.
- Collège / école / lycée : Au Chili, il
n'y a pas de différence entre les termes « école »,
« collège » et « lycée ». Les enfants
fréquentent en effet le même établissement de 3 à 18
ans. Selon les établissements, les directeurs préfèrent
l'un ou l'autre des termes, mais dans ce mémoire, nous avons
employé les trois mots sans distinction.
- Josemar'a Escriva de Balaguer : Le nom du fondateur de
l'OEuvre s'écrit de manière différente selon les langues
employées, et on trouve même parfois des écritures
sensiblement distinctes dans une même langue. Dans ce mémoire,
nous avons choisi de l'écrire selon la manière la plus
répandue dans la langue espagnole, utilisée au Chili.
Résumé : L'Opus Dei, branche officielle de l'Eglise
Catholique, est très présent au Chili dans le domaine de
l'éducation au sens large. L'organisation est responsable de
l'enseignement moral et religieux d'une partie importante de la
société, à travers de collèges, résidences
étudiantes, clubs de jeunesse, université ou encore formations
professionnelles pour adultes. Le but est d'une part, l'apostolat, qui vise
à recruter de nouveaux membres, et d'autre part, la diffusion des
valeurs de l'OEuvre à toute la société.
SOMMAIRE
Partie I - Entretenir et renouveler l'organisation
Chapitre I - Former les enfants de la grande famille de
l'Opus Dei
Section I - Accompagner et éduquer la
progéniture de l'organisation durant toute son enfance
Section II - L'Îuvre de l'Université Los
Andes
Section III - Les Fondations, garantes du bon
fonctionnement de la Ç Mission d'éducation,,
Chapitre II - Eduquer et recruter le personnel de
l'organisation
Section I - Ç tailler des joyaux dans de la pierre
brute,, Section II - Recruter les numéraires auxiliaires
Section III - Le paternalisme de l'organisation
Partie II - Former la société à la
manière de San José Maria
Chapitre I - L'extension des activités de
l'Opus Dei à tous les milieux éducatifs, et tous les publics
Section I - S'imposer dans toutes les branches de
l'éducation Section II - Un guide à travers tous les %oges de la
vie
Section III - Les formations de l'%oge adulte
Chapitre II - Transmettre les valeurs du Fondateur par
tous les biais possibles
Section I - Faire partager la Ç bonne voie ,,
Section II - Une forme d'éducation totale
Section III - Maintenir la réputation de l'Opus
Dei
INTRODUCTION
Au Chili, meme emprisonnes dans la galerie effondree dÕune
mine de cuivre pres de Copiapo, dans le Nord du pays, les trente -trois mineurs
ont pu lire Ç Le Chemin È, lÕÏuvre majeure de San
Jose Maria Escriva de Balaguer, le fondateur de lÕOpus Dei. Il a fallu
moins dÕun mois pour que les travailleurs, pieges depuis le 7 août
2010 à presque 700 metres de profondeur, regoivent le recueil de pensees
du Pere de la prelature, sans lÕavoir jamais demandé.
Ce fait divers illustre bien, parmi dÕautres, la puissance
de lÕOpus Dei dans ce pays du Sud de lÕAmerique Latine, à
ecrasante majorité catholique.
En effet, selon une enquete1 dirigee par le Centre
dÕEtudes Publiques du Chili en 2001, 72% de Chiliens seraient
catholiques, alors quÕil nÕy a que 15% de protestants, le reste
de la population se partageant entre certaines croyances traditionnelles,
juda ·sme et quelques agnostiques, qui restent extremement
minoritaires.
LÕOpus Dei, qui se traduit par Ç Îuvre de
Dieu È, est un mouvement religieux minoritaire rattaché à
lÕEglise Catholique, fondé en 1928 par le pare Josemar'a Escriva
de Balaguer, en Espagne. LÕinstitution appelle les croyants à
rencontrer Dieu, non pas en masse mais un par un et individuellement, et
à se sanctifier au milieu de la vie ordinaire quÕils manent.
Selon lÕÎuvre, chaque individu peut donc devenir saint dans le
cadre de ses activités professionnelles, sociales et familiales, et doit
lutter contre tout ce qui ne correspond pas aux valeurs de
lÕEvangile.
Erigée en prélature personnelle par le Pape
Jean-Paul II en 1982, lÕÎuvre est aujourdÕhui
présente sur les cinq continents. Ce statut de Ç prélature
personnelle » a été aménagé exceptionnellement
pour lÕOpus Dei, qui, comme on ne peut limiter géographiquement
lÕinstitution, ne rentrait pas dans les critares antérieurs de
« dioceses È. DÕailleurs, les fidèles
de la prélature personnelle de lÕÎuvre continuent à
appartenir à leurs propres dioceses.
Cette institution a pour but de promouvoir la vie
chrétienne et la t%oche évangélisatrice dÕune
manière complémentaire à celle des dioceses. Elle est par
ailleurs structurée de manière similaire, avec un prélat
à sa tate et un gouvernement de vicaires régionaux, nommés
par le prélat dans chaque pays où est implanté
lÕOpus Dei.
LÕÎuvre compte environ 86 000 fidèles
à travers le monde, dont 48 700 en Europe, 29 400 dans les
Amériques, 4 700 en Asie et Océanie et 1 600 en Afrique. La
1 LEHMAN, Carla, Ç Chile, un pais cat--lico ?
È, Centro de estudios poeblicos, Puntos de referencia, novembre
2001, n249
répartition est à peu prés
équilibrée entre hommes et femmes. Parmi les membres,
1 900 sont des prêtres, donc environ 2% de l'institution,
le reste se répartissant entre surnuméraires (à peu
prés 70% de l'ensemble des fidéles), hommes et femmes
mariés pour qui la sanctification des devoirs familiaux est une partie
primordiale de leur vie chrétienne, numéraires, qui se consacrent
entiérement à l'apostolat, et numéraires auxiliaires,
uniquement des femmes, responsables des travaux domestiques dans l'institution.
Les membres de ces deux derniéres catégories font vÏu
d'obéissance, de pauvreté (ils donnent l'ensemble de leurs
revenus à l'institution, ne conservant que le strict nécessaire),
et de chasteté (ils vivent sauf exception dans des maisons de l'Opus
Dei, pour hommes ou pour femmes). Certains numéraires, pour des raisons
bien spécifiques (parent malade, travail exceptionnellement prenant qui
nécessite d'habiter sur place, etc.) obtiennent une dérogation
pour habiter en dehors de ces centres. Ce sont les agrégés.
On donne de multiples surnoms à l'Îuvre. Entre
autres, Ç la Mafia blanche È, Ç l'arme du Pape È ou
encore Ç la franc-maconnerie blanche È, malgré les
protestations véhémentes de l'institution, qui ne supporte pas
d'être vue de maniére négative alors qu'elle s'efforce
justement d'acquérir une bonne image internationale. Un pas trés
important dans ce sens a été franchi le 17 mai 1992, jour de la
béatification par le Pape Jean Paul II de San José maria Escriva
de Balaguer, pour la guérison d'une carmélite en 1976, et le 6
octobre 2002, il a été canonisé en grande pompe, devant
une foule de plusieurs milliers de personnes.
L'action de l'Opus Dei dans le milieu éducatif est
trés importante, dans le monde entier. En effet, l'Îuvre dirige
150 écoles de formation professionnelle, 200 résidences
universitaires et 5 universités, sur tous les continents.
De son vivant, des 1946, San Josemar'a s'installe à Rome
pour préparer l'établissement de l'Opus Dei dans d'autres pays
d`Europe et du Monde. Aprés l'Italie, le Portugal et la Grande Bretagne
cette même année, la France et l'Irlande l'année suivante
et en 1950 les Etats Unis et le Mexique en 1949, le Chili est le premier pays
d'Amérique du Sud à recevoir des missionnaires de l'institution,
en 1950. Des son arrivée à Santiago, le prêtre don Adolfo
Rodr'guez Vidal, envoyé par le Fondateur, commence immédiatement
l'Ïuvre apostolique dans le pays, considéré comme une des
terres nouvelles à convertir. Il fut accueilli par le cardinal Josemar'a
Caro Rodr'guez, et vécut sous son toit durant le premier mois
aprés son arrivée, avant de s'installer dans ce qui allait
être la première maison de l'Opus Dei au Chili, et qui
était
alors une résidence universitaire. Le prêtre,
professeur, commenca trés vite à donner des cours dans
différents établissements, réalisant grâce à
cette occupation un important travail d'apostolat. Rapidement, les
premières vocations virent le jour à Santiago, et des 1953, la
prélature chilienne accueillit les premières femmes. Depuis,
l'institution n'a cessé de s'étendre au Chili, dans tout le pays,
et dans tous les domaines, créant de plus en plus de vocations.
Il est aujourd'hui trés difficile de déterminer le
nombre de fidéles de l'Opus Dei au Chili, car la plupart des membres
gardent une prudente réserve sur leur appartenance au mouvement, mais on
peut affirmer sans aucun doute que leur présence n'a fait qu'augmenter
de maniére exponentielle durant ces soixante derniéres
années, dépassant de loin les 2500 membres annoncés par
l'organisation au début des années 1990. Les maisons de
l'institution se sont multipliées elles aussi, et même si on ne
peut accéder à une liste complete, du fait du secret qui entoure
certaines de ces résidences, on peut du moins affirmer qu'elles sont
maintenant réparties dans toute la partie centrale du pays, de La
Serena, au Nord, à Puerto Montt, au Sud.
Par ailleurs, beaucoup d'établissements éducatifs
ont été crées. Colleges, lycées, écoles
techniques, résidences étudiantes, et une université ont
été construits par l'Opus Dei, majoritairement à Santiago
mais également à Viña del mar, à Concepci--n ou
encore à La Serena, et jouissent tous d'un presque incroyable
succés.
La réussite de l'Opus Dei dans l'éducation au Chili
ne peut s'expliquer sans un examen approfondi du systéme éducatif
du pays. Effectivement, ce pays, sorti il y a seulement vingt-deux ans de la
Dictature du général Augusto Pinochet, n'a toujours pas de
systéme éducatif efficace. La distinction public/privé est
trés forte, et rares sont les établissements publics qui
obtiennent de bons résultats aux concours nationaux. Les professeurs
n'étant pas nommés par l'Etat mais candidatant eux-mêmes de
maniére libre dans les structures éducatives de leur choix, les
écoles privées rassemblent bien évidemment tous les
meilleurs professeurs, les plus motivés, qui auront également
affaire aux meilleurs éléves, d'un niveau social relativement
élevé. Par ailleurs, les problémes d'infrastructure sont
légion, et beaucoup d'établissements sont réellement
délabrés, alors que l'Opus Dei s'attache à construire des
bâtiments flambant neufs, et fournissent un accés à la
toute derniére technologie.
Nous n'étudierons pas ici l'organisation de l'Opus Dei en
tant qu'institution au sens global, mais seulement du point de vue de
l'éducation, et des valeurs et principes que l'Îuvre cherche
à transmettre à la société. Le but n'est pas de
critiquer l'institution,
mais d'examiner le rTMle qu'elle joue dans l'éducation au
Chili. Le mot éducation est pris au sens large en tant que formation de
l'individu. Il englobe la formation scolaire primaire, secondaire et
également supérieure, mais aussi la formation continue des
adultes, les clubs de jeunesse o u encore les séminaires, et cours
organisés pour les entreprises. L'éducation ne peut en effet se
restreindre à l'apprentissage de connaissances purement scolaires. Elle
englobe également toutes les normes culturelles et les valeurs morales
que l'élève, au cours de n'importe laquelle des formations qu'il
recoit, intègre de manière explicite ou implicite, et qui forme
un corpus culturel indissociable de l'individu.
L'Îuvre agit chez l'individu aussi bien au niveau des
connaissances scolaires que de la formation mentale et culturelle de son
public. En un petit peu plus de cinquante ans, l'Opus Dei a réussi
à être reconnue dans le milieu pour l'excellence des formations
fournies, autant au niveau primaire et secondaire que dans l'éducation
supérieure. Comment peut-on expliquer cette réussite
éclair, qui a hissé les établissements de l'Îuvre,
écoles techniques, collèges ou encore universités, en haut
des classements nationaux? Et comment se fait-il que tant de gens, pour leur
formation personnelle ou pour celle de leurs enfants, adhèrent à
cette proposition d'éducation, malgré les traits
caractéristiques qu'elle présente et les valeurs qu'elle affirme
? En effet, souvent sans adhérer au mouvement religieux lui-même,
les individus décident d'accorder leur confiance à ces
établissements confessionnels, comme un investissement pour l'avenir.
On observe que l'institution poursuit deux buts principaux: Le
premier est d'entretenir et de renouveler l'organisation elle-même, en
formant les enfants de la grande famille de l'Opus Dei selon ses propres
valeurs, et en travaillant, par le biais de ses différents
établissements éducatifs, à sa mission apostolique, qui
vise à recruter de nouveaux membres. La deuxième mission que
poursuit l'Îuvre par le biais de ses activités éducatives
est la diffusion dans toute la société des valeurs de San
Josemar'a Escriva de Balaguer, en investissant des champs très divers de
l'éducation et de la formation de l'individu. Ces stratégies
permettent à l'organisation de s'adresser à un public très
large et de réaliser un constant travail d'apostolat.
Partie I - Entretenir et renouveler l'organisation
Le plus important pour L'Opus Dei, c'est
précisément l'institution elle-même. Effectivement, le
premier but d'une organisation telle que la prélature personnelle est de
se maintenir, voire de grandir, de former ses adhérents, et d'en
convaincre d'autres. C'est pourquoi l'Opus Dei dirige en premier lieu ses
efforts vers l'éducation, indispensable dans un pays nouvellement
conquis, comme le Chili, pour faire conna»tre l'Îuvre de Dieu et
engendrer de nouvelles vocations. Non seulement donc, l'institution doit
s'occuper de ses fidéles, et leur assurer une éducation de
qualité tout au long de leur vie pour leur permettre d'accéder
à des postes de pouvoir, mais elle a également le devoir de se
préoccuper du renouvellement et de l'augmentation du nombre de ses
membres.
Chapitre I - Former les enfants de la grande famille de
l'Opus Dei
L'Opus Dei se veut certes une grande famille. Pourtant, quand
il s'agit de former ses membres, la meilleure éducation est impartie aux
enfants des numéraires et surnuméraires. En aucun cas elle ne
s'adresse aux numéraires auxiliaires ou aux agrégées, qui
ont droit à un traitement différent, de par leur statut social
inférieur. Les colleges SEDUC, l'université Los Andes,
financés par les Fondations, sont les outils qu'utilise l'Opus Dei pour
hisser ses membres vers les plus hauts échelons de la
société.
Section I - Accompagner et eduquer la progeniture de
l'organisation durant toute son enfance
Selon le fondateur de l'Opus Dei, San Josemar'a, l'%oge le plus
important pour tous est l'enfance, lui qui écrivait Ç Les
enfants n'ont rien à eux; tout est à leurs parentsÉet
ton
2
Pére sait toujours trés bien comment administrer
son patrimoineÈ. En effet, il est du devoir du Pére, entendu ici
comme le pére biologique mais aussi spirituel de l'enfant, de le guider
dans la vie et de lui enseigner ce qu'il sait. C'est pourquoi il est important
pour l'institution de diriger un certain nombre de ses activités vers
les enfants, pour que le plus tTMt possible dans leur vie ils commencent
à être formés aux principes de l'Îuvre.
2 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, Le Chemin, Le Laurier,
maxime n°867
C'est la raison d'être des clubs de jeunesse et des
écoles corporatives de l'Opus Dei, assez nombreux au Chili.
§ I - Les clubs et associations pour enfants et
adolescents
Cours de guitare, de tennis, de golf, week-ends à la
montagne ou vacances à la mer, l'Opus Dei n'est jamais en mal
d'activités pour enfants, dirigées principalement vers ses
jeunes. L'intégralité des enfants de surnuméraires
chiliens, et ils sont légion, participent à ce genre
d'amusements. En effet, selon San José Maria, les enfants doivent vivre
des leur naissance entourés des valeurs chrétiennes chéres
à l'Opus Dei, et des leurs 3 ans, ils peu vent et doivent être
éduqués en partie par les prêtres de l'organisation, par le
biais d'activités ludiques.
L'idée, dans le fond, est toujours la même: la
personne, à tous les %oges de sa vie, doit être occupée et
son esprit concentré sur quelque chose de précis. Les jours et
les minutes sont comptés dans l'Opus Dei, et on n'est pas libre de son
temps. Selon l'Ïuvre fondatrice de l'institution, Ç Le Chemin
È de San Josemar'a Escriva de Balaguer, tout notre temps doit
être offert à Dieu. Ce n'est pas étonnant, alors, que ce
temps doive être valorisé au maximum, car il a pour but d'attirer
la gratitude de Dieu sur les activités humaines de chacun. Pour les
jeunes enfants de familles de surnuméraires, le choix le plus rationnel
pour leurs parents est donc de les laisser s'enrichir des valeurs
chrétiennes au contact de numéraires et surnuméraires de
l'Opus Dei qui consacrent leur temps à former de jeunes esprits. Pour
cela, étant donné que les enfants en bas %oge ne sont pas encore
occupés par l'école, l'Îuvre tente de remplir leurs
journées au moyen de ces clubs de jeunesse, répartis
stratégiquement dans un éventail trés large
d'activités et d'occupations diverses, toutes plus alléchantes
les unes que les autres. Au Chili, c'est Juan Cox Huneeus, numéraire de
la première heure, qui a été l'artisan de leur
création et de leur déploiement. Directeur du premier college
Opus Dei pour hommes, il a des son entrée dans l'organisation,
accordé beaucoup d'importance au développement de ces clubs de
jeunesse.
Au cours des entretiens menés, tous les membres de
l'Opus Dei interrogés ont déclaré avoir participé
à ce genre d'activités, en général durant une
trés longue période de leur enfance et adolescence, parfois par
intermittence. Tout est fait pour faciliter la fréquentation de ces
clubs par les enfants de surnuméraires: les horaires sont trés
larges, du lundi au samedi, tous les jours aprés l'école, et le
samedi toute la journée. Les groupes d'éléves dans chaque
classe sont trés réduits, et l'apprentissage en
général trés efficace. De plus, les
classes sont menées de maniére trés pédagogique, le
but étant que les enfants se divertissent tout en évoluant dans
un milieu religieux, sans trop le remarquer. Les professeurs, qui sont souvent
des prêtres de l'Îuvre ou des numé raires ou
surnuméraires spécialisés dans un domaine artistique ou
sportif, sont toujours trés proches des enfants, qu'ils connaissent
individuellement. Katixa Mellado, ex numéraire originaire de Santiago,
de mere surnuméraire et de pére catholique non membre, mais
tolérant envers leurs pratiques, déclare ainsi avoir
commencé à fréquenter ces clubs trés tTMt, vers ses
4 ans, emmenée par sa mere le week-end, avec ses 7 fréres et
sÏurs. Elle assistait à des cours de théâtre, et
surtout de guitare, passion qu'elle a conservé depuis, alors que sa
sÏur Nadia prenait des cours de danse qui lui ont ensuite permis d'entrer
au Théâtre Municipal de Santiago. < Dans les cours, le nombre
d'éléves était trés réduit, ce qui
permettait de vraiment progresser. Mes cinq amies de la classe de guitare ont
toutes continué à pratiquer au moins jusqu'à leurs 18ans.
Nous étions six, trés soudées, et notre professeur
était toujours la même. È3
Déclare-t-elle. De plus, dans un contexte de
généralisation progressive des séjours en vaca nces, les
jeunes qui fréquentent ces clubs sont toujours ravis de profiter des
occasions de week-ends à la mer ou à la montagne, des
séjours < dans le Sud È, (c'est à dire au Sud de
Santiago, dans la région comprise entre Talca et Puerto Montt,
région trés verte que les Chiliens apprécient tous
beaucoup, et qui est trés prisée pour les vacances
d'été). <Chaque année, je partais une semaine
prés de Pucon, dans le Sud, avec le club de Los Leones. J'adorais ces
séjours, oü nous vivions au milieu de la nature, et passions nos
journées à faire du sport, à visiter et à prier.
Comme je ne partais pas en vacances avec mes parents, c'était un grand
moment de dépaysement4 È dit Katixa. En effet, au
Chili, même les familles appartenant aux catégories sociales
aisées ne partent pas beaucoup en vacances, car les congés
payés sont de seulement trois semaines, et les semaines de travail, de
40h, au minimum, ce qui laisse moins de temps au loisir. <Bien
évidemment, rajoute Katixa, durant la journée, nous faisions des
priéres communes et assistions à des cercles de réflexion,
les mêmes qu'à Santiago5. È
Malgré cette ambiance bon enfant, Katixa avoue
s'être éloignée de ces clubs vers l'âge de 13-14 ans,
durant ce qu'elle appelle sa <période de rébellion contre Dieu
È. <Pendant quelques mois, je ne mettais plus les pieds à Los
Leones (la rue oü
3 Voir annexe n°1
4 Voir annexe n°1
5 Voir annexe n°1
était situé le club de jeunesse qu'elle
fréquentait, dans un quartier favorisé), pour montrer à
Dieu que je n'étais pas d'accord avec certaines choses; les mendiants
dans la rue, les chiens abandonnés, ca me faisait de la peine et
malgré les explications des prêtres, je ne parvenais pas à
l'accepter. De plus, j'étais fatiguée de voir les mêmes
gens semaine.È 6
et de faire les mêmes choses chaque Mais Katixa finissait
toujours par
revenir au club, attirée par ses amies, qui
continuaient à le fréquenter, et qui sont vite devenues ses
seules connaissances. En effet, les enfants de numéraires sont
encouragés à passer le plus de temps possible ensemble, et
généralement, les fidéles qui fréquentent la
même église, tous les jours pour la messe, se connaissent tous,
comme ceux qui assistent aux mêmes cercles de réflexion, ou aux
mêmes retraits spirituels. De plus, on déconseille fortement
à ces enfants de participer à d'autres fêtes que celles,
rares, organisées par un autre membre. Les anniversaires se
célébrent donc entre familles de l'Îuvre, et les enfants
invités à des anniversaires de camarades de classe n'appartenant
pas à l'organisation ont dans certaines familles peu de chances d'y
assister, ce qui n'aide certes pas à se créer un réseau de
connaissances en dehors de l'organisation. Les enfants de famille Opus Dei sont
donc souvent isolés entre eux, et quand, parfois, ils se retirent de
l'Îuvre, ils doivent entiérement créer leur nouveau
réseau social. Finalement, c'est un grand réseau qui tient lieu
de famille, renforcé par les diminutifs et surnoms que les membres se
donnent les uns aux autres. Il est en effet trés courant que les jeunes
aient un surnom au Chili. Généralement, les diminutifs
prévus pour chaque nom sont utilisés: << PanchoÈ
pour <<Francisco È, << NataÈ pour << Natalia
È, etc. Au Chili, c'est une pratique trés
généralisée. Mais au sein de l'Opus Dei, ces diminutifs
prennent un sens encore plus important, car l'accent est mis sur le
côté affectif des surnoms, sur la proximité qu'ils
apportent dans la relation entre les personnes. En effet, si d'ordinaire,
l'usage de ces surnoms se cantonne aux relations entre amis, la plupart du
temps à peu prés du même %oge, dans l'Îuvre, ce sont
les prêtres et d'une maniére générale tous les
éducateurs appartenant à l'organisation, qui emploient ces
surnoms des le début de leur relation avec l'enfant. Par la suite, plus
jamais ils ne sont appelés par leur nom complet, qui sonnerait
cérémonieux et distant, alors que l'usage du diminutif
para»t toujours affectueux, même en cas de réprimande.
Katixa s'est donc toujours appelée <<Kata
È, et raconte que, une fois sortie de l'Opus Dei, à ses 22 ans,
elle était surprise et même gênée que ses amis, au
début de leur relation, l'appellent par son nom complet. << Ca me
semblait bizarre, ce nom-là
6 Voir annexe n°1
n'était plus utilisé que par mes professeurs
d'université, et personne dans mon entourage ne m'appelaitjamais comme
caÉ È7
Tout le temps qu'elle a passé dans ces clubs de jeunes
lui a également donné des habitudes de comportement qui restent
plus tard ancrées, comme le veulent les responsables de
l'organisation.
Marcela Sa ·d, réalisatrice chilienne du
documentaire ÇL'Opus Dei, une croisade silencieuse È,
(2007) déclare durant notre entretien ÇOn nous dit que l'enfant
est libre de décider et qu'il ne pourra pas être numéraire
avant ses 18ans, mais dans la pratique, à ses 14 ans il vit
déjà comme un numéraire: il ne va plus aux fêtes et
va à la messe tous les jou rs. C'est légal, à leurs 13
ans, de leur laver le cerveau ainsi ? È8. Elle montre dans
son documentaire une scene filmée dans un de ces clubs de petites
filles, et raconte qu'elle a mis un an à obtenir l'autorisation de
filmer cette scene. Toutes ces recherches pour le documentaire lui ont pris
cinq ans, car il a été trés difficile pour elle
d'accéder à l'intérieur des bâtiments de l'Opus Dei
et à nouer tous les contacts nécessaires, car les membres de
l'Îuvre étaient, à juste titre, trés prudents.
Durant la séquence filmée, hors champs, trois membres du
clergé de l'organisation surveillent la scene et font attention à
ce que disent les six petites filles, de 8 à 10 ans. Elles racontent
qu'elles ont des cours de valeurs humaines, une fois par semaine, qui ne durent
qu'une demi-heure pour ne pas ennuyer les enfants, et qui sont faits par un
prêtre. Elles affirment prier tous les soirs, et Marcela Sa ·d
leur demande pourquoi. Elles répondent prier pour les âmes au
Purgatoire, pour que la loi du divorce, à ce moment là en
discussion soit refusée par le Parlement, pour que tout le monde se
convertisse, ou encore pour qu'il y ait plus de vocations pour être
ordonné prêtre de l'Opus Dei.
Katixa Mellado confirme, elle, que la totalité des
fillettes avec qui elle jouait dans le club de Los Leones, sont maintenant
membres de l'Ïuvre, ou l'ont été à un moment. Il est
clair, d'ailleurs, que les jeunes recrues numéraires viennent à
90% de familles surnuméraires, qui confient leurs enfants à ces
clubs de maniére toute naturelle, et en toute confiance.
Katixa, elle, est finalement entrée dans l'organisation
à 16 ans et demi, comme numéraire. C'est l'âge minimum pour
intégrer l'Ïuvre, sachant que pendant un an et demi, les jeunes ne
sont pas à proprement parler numéraires, et, en régle
générale, ils ne vivent pas encore dans les maisons de l'Opus
Dei, mais y arrivent le matin avant 7h, heure de la messe, et en partent le
soir aprés le repas.
7 Voir annexe n° 1
8 Voir annexe n° 2
Cet encadrement moral et spirituel ressort de manière
générale dans l'attitude des adultes qui s'occupent de ces clubs
et associations. Ils se comportent de manière presque paternelle, mais
sans cesser de tenir des discours sur les valeurs morales, telles que ne pas
nuire à son prochain, ne pas tricher, ne pas tromper, partager ce qu'on
a. Petit à petit, les enfants s'habituent à entendre ce type de
discours, et les répètent eux-mêmes ensuite. Ces propos se
retrouvent chez tous les membres de l'Opus Dei sans aucune exception, qui ont
été conditionnés au plus jeune âge, et continuent
dans les collèges et écoles de l'organisation.
§ II - Les colleges SEDUC, le potager des
vocations
Simultanément avec les clubs, sont nées les
premières écoles de l'Opus Dei. Plus précisément,
aucune école n'appartient à l'Îuvre, officiellement. Cela
dit, sous cette apparence de total désengagement, l'Opus Dei a à
sa charge l'éducation morale de milliers de jeunes Chiliens, et bien que
les bâtiments n'appartiennent pas à l'organisation sur le papier,
dans les faits, elle a tous les attributs du pouvoir.
Les collèges SEDUC sont nés d'une idée du
Fondateur, le père Josemar'a Escriva de Balaguer, selon les mythes de
l'institution. C'est une des histoires que les membres de l'Îuvre aiment
à conter. Ils racontent que, en 1968, le père Josemar'a aurait
soufflé à un groupe de surnuméraires chiliens en visite
à Rome l'idée d'écoles confessionnelles dans lesquelles
l'Opus Dei assurerait la formation morale et religieuse des
élèves. Quelques antécédents existaient
déjà dans d'autres pays, notamment en Espagne et en Italie, et
les écoles créées y avaient recu un accueil plutTMt
favorable.
En effet, une demande existait déjà, en partie
influencée par l'évolution des mÏurs à l'Ïuvre
dans les années 1960 et au début des années 1970, sous la
présidence d'Eduardo Frei Montalva, de 1964 à 1970, puis de
Salvador Allende, de 1970 à 1973. Notamment, Eduardo Frei a
exécuté une grande réforme de l'éducation, la
rendant gratuite et obligatoire jusqu'à 14 ans, dès son
élection. Par la suite, Salvador Allende poursuivit la réforme,
et en 1970, beaucoup d'écoles deviennent mixes, dont certaines
écoles confessionnelles, comme le collège de la
Congrégation de Santa Cruz, qui ouvre ses portes aux filles. Ces
évolutions sont beaucoup trop rapides pour le gout des membres de l'Opus
Dei, qui continuent à prTMner la séparation des garcons et des
filles à l'école. De plus, c'est une époque de
libération culturelle, et sociale, fondamentalement marquée, au
niveau international, par le concile Vatican II, qui prTMne un cTMté
plus social de la religion. Au chili, cette période marque surtout la
présidence
prématurées, et font peur, ce qui mènera
au coup d'état du Général Augusto Pinochet le 11 septembre
1973.
Suivant les évolutions de la société,
beaucoup d'écoles ont commencé un processus de majeur compromis
social durant la fin des années 1960, et en réponse, l'Opus Dei,
par le biais d'une association de parents appelée SEDUC, dont nous
parlerons plus bas, fonde deux collèges, un pour hommes, et un autre
pour femmes, visant clairement comme public les élèves des
écoles confessionnelles, aux parents désireux d'apporter une
éducation stricte à leurs enfants. Même si l'Opus Dei
refuse de s'en laisser attribuer la paternité, ces écoles sont
les vitrines les plus importantes de l'Îuvre au Chili. Le collège
Los Andes, pour filles, est donc crée en 1969, construit dans la rue
Biarritz, et sa réciproque pour hommes, le collège Tabancura,
commence à fonctionner en 1970, à Vitacura, un des quartiers les
plus aisés. Il attire un public en général venu du
collège Saint George, des Pères Francais ou de la
congrégation du Verbe Divin.
Effectivement, ces écoles ne portent pas de noms de
saints, volonté peut-être, de l'Opus Dei de rendre moi ns
évidents ses liens avec les établissements scolaires en question,
et, malgré le culte impressionnant voué au Père Josemar'a,
aucune ne porte son nom. On a plus facilement donné aux collèges
des noms qui rappellent la nature comme << Los Andes È, ou encore
des noms autochtones, <<Tabancura È ou << Huélen
È.
Ces écoles ne sont pas techniquement parlant des
écoles confessionnelles, et les chapelles, qui sont toujours une des
plus belles pièces des bâtiments, n'ont pas de croix à
l'extérieur, et ne sont pas facilement identifiables comme lieu de
culte. Le profane est en général séparé du
sacré, auquel on réserve certains lieux, clairement
identifiables. Les lieux de culte remplissent ce rTMle. Ce sont des espaces
réservés à la présence de Dieu sur Terre. Or,
l'Opus Dei ne cherche pas à rendre visible ce qu'il y a de sacré
dans ces institutions éducatives, pour ne pas effrayer un public qui
pourrait douter de l'omniprésence de la religion dans l'école.
Dans ces écoles, l'organisation reconna»t seulement être
chargée de la formation morale et religieuse des élèves.
Cependant, sous l'expression <<formation moraleÈ on peut trouver
une réalité très large. C'est effectivement le cas,
puisque les associations de parents d'élèves qui les dirigent
sont très largement dominées par des membres de l'Îuvre.
Cette association, au départ, était uniquement composée de
surnuméraires, qui n'acceptaient pas que leurs enfants recoivent
à l'école un enseignement contraire à celui donné
à l'Eglise et à
la maison. Ils ont ensuite, il est vrai, été
rejoints par des Ç coopérateurs È, c'est à dire,
selon le terme employé par l'Opus Dei, des gens qui soutiennent
l'organisation mais n'en ont pas demandé l'intégration. Selon la
version de la surnuméraire Gabriela Monckeberg, en 1971 se sont donc
rassemblés quelques parents considérant qu'il fallait une
éducation chrétienne à leurs enfants, et
demandèrent à l'Opus Dei d'assurer la formation doctrinale, et
toute la partie spirituelle du nouveau collège. Le clergé de
l'institution célébrait les messes, mais les parents
étaient ma»tres de l'école. En effet, ce sont eux les
premiers et irremplaçables éducateurs de leurs enfants et le
collège doit collaborer avec familles pour cette tâche 9
les remplir . Ils créèrent ainsi la SEDUC,
société éducative partagée entre
plusieurs actionnaires. La SEDUC se charge des études et de la mise en
marche de nouveaux collèges, ainsi que de la nomination des membres de
chaque Conseil de direction. C'est le président de la SEDUC, avec le
conseil d'administration, qui se charge de décider du contenu des
programmes et du plan d'études des cinq écoles. Finalement, ces
responsabilités sont retombées sur les surnuméraires,
comme prévu, puisque les piliers de la SEDUC sont et ont toujours
été des personnages de premier plan de l'Îuvre. Mario
Cuevas Valdés, par exemple, père de trois filles
numéraires et lui même surnuméraire, a été
président de la SEDUC pendant vingt ans, jusqu'en 1999, puis
remplacé par Jorge Montes Varas, également surnuméraire.
Actuellement, des six membres du conseil d'administration, cinq peuvent
être clairement identifiés comme numéraires (Eduardo
Guilisasti Gana, le Président Directeur Général de la
vigne Concha y Toro, une des plus importantes exploitations du Chili), ou
surnuméraires (Juan Enrique Zegers Hochschild, directeur du conseil
général d'administration de la SONAMI, Société
Nationale Minière du Chili, Diego Ibañez Langlois, qui a
également été plusieurs années directeur du
collège Tabancura à la suite de Juan Cox Huneeus, et enfin Luis
Fernando Silva Ibañez, qui est aussi recteur de la faculté de
droit de l'université Los Andes, l'université reliée
à l'Opus Dei.)
Cependant, certains affirment que la SEDUC n'exerce que
très peu d'autorité sur les collèges. Ç Le contact
des écoles avec la SEDUC est en fait minime, assure Diego Ibañez
Langlois, à cette époque directeur du collège Cordillera.
Je n'ai jamais recu la moindre instruction, sauf pour nous mettre d'accord sur
les jours de vacances ou les horaires, pour avoir les mêmes que ceux des
écoles de filles. »10 Plus tard, une fois membre du
Conseil d'administration de la SEDUC, il affirme que ce sont les parents
d'élèves actionnaires qui décident de l'orientation
générale des cours.
9 Site officiel de la SEDUC
www.seduc.cl
10 MONCKEBERG, Maria Olivia, El Imperio del Opus Dei en Chile,
Ediciones B 2003, P 556
1 5
16 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
581
Ç Los mejores colegios de Chile È, La
Naci--n, article du 27 février 2006
Deux jours après le ÇnonÈ au referendum
convoqué par le General Pinochet le 5 octobre 1988, qui marqua la fin de
la Dictature, la SEDUC a subi certaines modifications structurelles : les
actionnaires individuels se sont retirés pour céder la place
à deux sociétés, les Ç promotrices
éducatives È I et II, qui sont des sociétés
anonymes fermées, qui brouillent la clarté sur le nom des
véritables actionnaires, donnant lieu à un complexe
système administratif. Selon Marcela Sa ·d, la
co ·ncidence des dates est peut-être due à l'implication
forte de certains actionnaires dans le gouvernement de Pinochet, ce qui aurait
pu entacher la réputation de la SEDUC une fois ces faits à la fin
de Dictature 11
révélés au grand jour la .
Aujourd'hui, les actions sont donc vendues aux parents quand
leurs enfants entrent à l'école, et quand il s en sortent, elles
sont parfois revendues, mais aussi bien souvent transmises aux enfants qui vont
par la suite enseigner dans ces collèges ou y placer leurs futurs
enfants. Il arrive aussi que, au lieu de revendre les actions, les parents les
donnent à la fondation de parents d'élèves, pour
contribuer à son financement.
Il existe maintenant cinq écoles appartenant à
la SEDUC à Santiago: Los Andes, Huélen et Los Alerces pour
filles, Tabancura et Cordillera pour garcons.
La SEDUC est certes l'association de parents
d'élèves la plus importante, mais il existe cela dit d'autres
organisations qui ont en charge des écoles dont la responsabilité
de la formation doctrinale est endossée par l'Opus Dei. A Viña
del Mar, à deux heures de Santiago, une société anonyme
finance l'école de filles Albamar et celle de garcons, Montemar, tandis
qu'à Concepci--n, la troisième ville du Chili, au Sud, la
société Adesa est responsable de l'école Itahue, pour
filles, et Pinares, pour garcons. Ces deux sociétés sont
détenues par les parents d'élèves actionnaires.
Bien que non écrit noir sur blanc, le but de tous ces
établissements est de fournir aux enfants des familles
surnuméraires une éducation respectant parfaitement les principes
de l'OEuvre. D'autre part, ces collèges doivent permettre à
l'organisation de se renouveler en recrutant de bons éléments,
catholiques, travailleurs acharnés, appartenant aux classes les plus
favorisées de la société. Effectivement, la position
géographique de ces écoles est éclairante. Les cinq
collèges de la SEDUC sont maintenant tous situés dans les
quartiers les plus riches de la capitale: Vitacura, Las Condes, Manquehue, et
Lo Barnachea12.
11 Voir annexe n°2
12 Annexe n°3
Il est très intéressant d'étudier de
près la trajectoire d'un de ces collèges: Huélen. Cette
école pour fil les ouvre ses portes en 1978, sous la direction de Ruby
Mac-Pherson, ex professeur au lycée St George, entrée
récemment à l'Opus Dei comme surnuméraire. Le but de
l'Opus Dei était, à ce moment là, de s'orienter
légèrement vers les classes moyennes du pays, qui étaient
en train d'appara»tre. L'école a donc été
établie à Vickuña Mackenna, dans le centre de Santiago, un
quartier à mi-chemin entre les secteurs très favorisés et
les secteurs plus pauvres, un quartier fait de petites maisons
résidentielles, peu luxueuses. C'est une autre structure
éducative de l'Opus Dei, Fontanar, dont nous parlerons plus bas, qui lui
cède une partie de ses locaux, pour les cours. Mais Huélen,
gr%oce à sa rapide renommée dans le milieu scolaire, et à
ses excellents résultats, comme tous les collèges SEDUC, a
progressivement vu son public évoluer vers des classes sociales beaucoup
plus favorisées, qui faisaient le déplacement depuis les
quartiers hauts, car l'unique autre école de filles à ce moment,
Los Andes, ne pouvait accueillir tous les élèves qui le
désiraient. Les parents d'élèves commencèrent
à exiger de meilleures installations pour leurs filles, et plus d'heures
de cours que ne pouvait leur céder Fontanar car les locaux
étaient constamment occupés, et quatre ans plus tard,
l'école fut transférée à Manuel Montt, dans le
quartier de Providencia, beaucoup plus aisé. Ce choix était
très pertinent à l'époque, car certains parents qui
avaient envoyé leurs enfants à Los Andes ou Tabancura, dans les
quartiers riches, ont vu leurs revenus diminuer avec la crise, et ont donc
dü se rapprocher du centre, redescendant vers des quartiers plus
modestes.13 Quelques années ensuite, la SEDUC vendit les
locaux de Manuel Montt et se transféra définitivement dans les
quartiers riches, sur l'avenue Santa Maria, dans le quartier Manquehue, au pied
des Andes.
Pour entrer dans ces collèges très
sélectifs, il y a bien plus à faire que remplir un simple
dossier. Tous ces établissements ont des places très
limitées, par volonté de l'Opus Dei et de la SEDU C qui ne
veulent pas de collèges gigantesques et anonymes. Le Tabancura, par
exemple, recoit plus de 300 demandes par an, mais n'accueille que 50 nouveaux
élèves chaque année, après une sévère
sélection. Pour les élèves qui n'ont pas
déjà un frère ou une s Ïur dans un
établissement SEDUC, les parents doivent fournir deux lettres de
recommandation de professeurs, les plus renommés possible,
13 A Santiago, la ville a d'abord était fondée
près de la rivière Mapocho, au fond d'une vallée. C'est
là que maintenant se répartissent les quartiers les plus pauvres.
Tout au long de l'histoire de la capitale, les catégories les plus
aisées ont fui le centre pour s'installer toujours plus loin du Mapocho
et toujours plus près des Andes, en montant vers les sommets, en quelque
sorte. Les quartiers Ç à la modeÈ pour les bourgeois ont
donc changé, et se situent maintenant aux pieds des montagnes
des établissements précédemment
fréquentés par leurs enfants. En théorie, cette
disposition s'applique à tous, mais Damian Bettancourt Avila, fils de
parents surnuméraires, affirme que ses parents n'ont jamais eu besoin de
lettre de recommandation pour le faire entrer lui, l'a»né des 8
enfants, au lycée Tabancura, en 199214. En effet, en
pratique, toutes les familles membres de l'Opus Dei obtiennent d'office une
place dans ces écoles.
Pour les autres, la compétition est forte, car ces
lycées sont très renommés, et obtiennent
systématiquement d'excellents résultats aux examens nationaux.
Dans le
15
classement du journal La Naci-- n, en 2006 , trois des
collèges SEDUC sont dans le classement des Chili, Cordillera à
3 ème
dix meilleurs établissements scolaires du la
place, Los Tabancura à 6 ème
Andes à la 4 ème et la .
Bien sür, la sélection pour intégrer ces
établissements se fait en partie par l'argent. Les collèges sont
tous situés aux pieds des Andes, dans des quartiers qui ne sont pas
encore desservis par le métro, et où on se déplace
majoritairement en voiture. Venir tous les jours du centre-ville à ces
écoles serait très difficile, et demanderait beaucoup de temps.
De plus, l'inscription est très chère, comme pour toutes les
écoles
ème
privées au Chili. Mais à partir du troisième
enfant inscrit, les prix baissent, et 5
le
enfant entre gratuitement, tout comme les suivants. Ce
système avantage considérablement les familles de
surnuméraires, qui ont systématiquement plus de cinq enfants, et
souvent plus de huit, puisqu'ils ont choisi d'arriver à la
sainteté en menant une vie de famille parfaite, selon les principes du
Père fondateur.
Il existe cependant un système de bourses, confesse
Damian Bettancourt durant l'entretien, mais personne n'en parle, car la SEDUC
ne veut pas susciter une demande exagérée de bourses. Autrement
dit, les familles aux revenus moyens à modestes ne sont pas les
bienvenues dans ces collèges.
Effectivement, l'Opus Dei recrute dans ces
établissements, véritables potagers ou poussent de nouvelles
vocations. Ç Evidemment, les nouvelles vocations de numéraires
naissent dans nos écoles. C'est logique, et j'espère qu'il y en
aura plus encore dans le futurÈ dit Monica Ruiz-Tagle16. Ces
enfants ont étés formés à l'esprit de l'Opus Dei
pendant quatorze ans, et passent dans ces écoles plusieurs %oges
critiques, et les périodes de la vie durant lesquelles ils sont le plus
vulnérables à l'influence de quiconque représente
l'autorité, dont les professeurs, le directeur de l'école,
etc.
14 annexe n4
D'ailleurs, les nouvelles recrues ne demandent pas seulement
leur intégration comme surnuméraires ou numéraires.
Certains ressentent une vocation pour devenir membre du clergé de l'Opus
Dei également. Il y a eu 16 candidats à la prélature
depuis la création des collèges jusqu'à 2003, et de Los
Andes sont également sorties des sÏurs carmélites, puisque
dans l'Opus Dei, les filles ne peuvent bien sür pas entrer dans les
ordres.
Quant aux frères et sÏurs de Damian Bettancourt,
deux d'entre eux sont maintenant numéraires (Cecilia, et Fernando), et
une autre surnuméraire, Camila. Ils ont tous de Dei durant toute leu r
scolarité 17
fréquenté les établissements l'Opus .
Sur un des deux principaux sites internet d'opposition
à l'Opus Dei, OpusLibros, on trouve une multitude de témoignages
d'ex membres de l'Opus Dei, dont celui de Rodrigo, qui a tenu à garder
secret son nom de famille, qui s'intitule ÇInscrire ou non son enfant
à un collège Dei 18
de l'Opus È. Il y raconte que ses parents, très
catholiques,
mais ne connaissant absolument pas l'Îuvre, l'ont
inscrit à ce collège car il semblait la meilleure alternative en
terme d'éducation privée, de bonne qualité. Rapidement,
Rodrigo s'est converti en un profil idéal pour un futur
numéraire. Il était le deuxième de sa classe. Le premier
de la classe appartient toujours à l'Opus Dei au jour d'aujourd'hui. Il
avait des facilités à se faire des amis, ses parents avaient
toujours eu un mariage exemplaire, son père était un entrepreneur
à la carrière fulgurante, et tous les membres de sa famille
étaient catholiques. Tous les ingrédients étaient donc
réunis pour faire na»tre une vocation chez Rodrigo. L'influence
qu'avait son directeur de conscience sur lui à cette époque
était très grande, et Rodrigo, à seulement 14 ans et demi,
assez perméable pour se laisser convaincre qu'il avait été
appelé par Dieu à être numéraire. A cet %oge il
entra dans l'Ïuvre. Les bonnes relations avec ses parents et son
frère se sont détériorées, et son monde ne tournait
plus qu'autour des prescriptions de San Josemar'a. Maintenant, une fois sorti
de l'organisation il y a neuf ans, il ajoute Ç tous ceux qui sortent de
ce profil idéal, c'est à dire, les enfants de parents
divorcés, les étudiants médiocres, les malades ou les
handicapés, les élèves de religion différente ou
d'origine plus humble seront des plus négligés par l'organisation
È.
17 Annexe n°4
1 8 Rodrigo, Ç Sobre llevar o no a un niño a un
colegio del Opus Dei È,
www.opuslibros.org, 13
février 2003.
Ces colleges sont orientés vers un public trés
spécifique: celui des possibles futurs membres de l'organisation. Qu'ils
soient enfants de surnuméraires ou seulement enfants de bonne famille,
l'Opus Dei a comme but premier de se maintenir elle-même et de
s'agrandir. Ces établissements éducatifs lui servent avant tout,
comme les clubs, à faire na»tre des vocations.
Section II - L'Îuvre de l'Université des
Andes
La réussite fulgurante de l'Opus Dei, qui, en quelques
année a hissé ses colleges au plus haut des classements nationaux
au Chili, a encouragé l'organisation à étendre son
influence dans le milieu éducatif, cette fois-ci vers
l'université. On peut qualifier l'Université des Andes de chef
d'Ïuvre de l'Opus Dei. Cette université a été
pensée pour les membres de l'organisation, et prépare leur futur
comme entrepreneurs accomplis.
§ I - Des conditions d'étude optimales
L'Université Los Andes ne dépare pas dans son
environnement. Construite à San Carlos de Apoquindo, un des quartiers
les plus riches de Santiago, aux pieds des Andes, il faut compter au moi ns une
heure de transports en commun pour y arriver, en partant du centre ville. En
effet, la capitale étant trés compartimentée, il n'y a que
d'infimes chances qu'un éléve fréquentant cette
université habite dans les quartiers centraux de la ville. La
ségrégation sociale joue ici un grand rTMle, et il n'est pas faux
de dire qu'un nouveau centre s'est recrée dans les quartiers riches,
dans le quartier de Vitacura, au Nord-Ouest de la ville.
L'environnement dans lequel s'est implantée
l'université est exceptionnel: les pics enneigés des Andes
s'élévent devant les fenêtres, et les bâtiments sont
adossés à des collines vertes, loin de la pollution de Santiago,
en contrebas. L'infrastructure elle- mê m e est sans pareille dans tout
le Chili. L'université ne ressemble à aucune autre du pays, elle
est moderne, bien agencée et fonctionnelle.
Construite dans les années 1990, son design, ses
briques rouges, ses colonnes terminées en arcades ovales rappellent les
anciennes universités européennes. Les bâtiments de
l'avenue Francisco Bulnes Correa ont été inaugurés en
1998. Trois imposantes constructions entourées de jardins et de
corridors se répartissent les
domaines de la connaissance : un pour les sciences, un pour
les humanités et une somptueuse bibliothèque.
On voit que l'Université a été construite
pour perdurer de nombreuses années. C'est le centre vital de l'empire de
l'Opus Dei au Chili, le lieu de formation des jeunes professionnels et
académiciens aux valeurs de San Josemar'a, valeurs qui seront transmises
ensuite vers les plus jeunes générations, en cours de
formation.
Entre le bâtiment de sciences et celui des
humanités, on compte déjà presque 15000m2 de
constructions. A cela s'ajoute la bibliothèque, de près de 12
500m2. Les bâtiments de sciences et d'humanités ont chacun leur
chapelle, et les bureaux administratifs sont dans la partie des
humanités, au deuxième étage. On y trouve les
carrières de droit, journalisme psychologie, l'école
d'études supérieures de l'entreprise, etc. Dans le bâtiment
des sciences sont installées les carrières de médecine,
science économique, infirmerie, philosophie, ingénierie civile et
industrielle, et l'institut des sciences de la famille.
Ces deux bâtiments ont un immense patio intérieur
oü les étudiants se réunissent, conversent ou
étudient. L'ensemble est d'une propreté impeccable.
Mais l'édifice le plus spectaculaire est la
bibliothèque, la plus moderne de toutes les universités du pays.
Elle a été dessinée par les nord américains
Shepley, Bulfin, Richardson et Abbot, de Boston, et la construction a
été réalisée par Fuenzalida et Rosende Arquitectos
Asociados, dont le PDG est le numéraire Osvaldo Fuenzalida.
Tout le bâtiment est construit dans un style
architectural moderne, et avec des matériaux de luxe. Elle est
dédiée à José Enrique Diez, le numéraire
espagnol qui initia le travail d'apostolat au Chili. Ce sont trois
étages, reliés par un escalier de marbre blanc, dont la
construction a couté huit millions de dollars. Les salles de travail
sont imposantes, il y a des salles de lecture et de réunion pour tous,
professeurs, élèves, et 525 points de connexion à
internet, avec un grand nombre d'ordinateurs. Les tables de travail ont chacune
une lampe individuelle, et le troisième étage,
réservé aux professeurs, est orné de tapis et de tentures
faits sur mesure.
La bibliothèque a été construite au
centre du campus, pour que l'étudiant, oü qu'il aille, doive passer
à côté, et n'ai pas à faire de détour pour
aller à la bibliothèque, tout cela dans le but d'encourager les
élèves à y passer le plus de temps possible. Tout est fait
pour que les élèves étudient le plus et le mieux possible,
dans les meilleures conditions. Autant le campus lui-même que la
bibliothèque exceptionnellement bien aménagée, tout invite
à étudier.
Les étudiants chiliens tendent d'une maniére
générale à ne pas lire assez selon leurs professeurs, et
le but est de faire de la bibliothéque un lieu d'étude pour tous
les étudiants, y compris ceux qui n'appartiennent pas à
l`université Los Andes. Pour emprunter des livres, il faut seulement
s'inscrire avec sa carte d'identité, et même nous, qui ne
possédions pas de numéro d'identité chilien, nous n'avons
eu aucun mal à y emprunter des ouvrages.
Le fonds bibliographique n'est toutefois pas encore
trés important, comparé à d'autres universités,
mais il est bien plus étendu que celui des universités
privées. De plus, quasiment 40% des livres qu'on peut y trouver ne sont
dans aucune autre bibliothéque chilienne, car la direction a
donné la préférence aux ouvrages étrangers. Par
exemple, les sections Ç droit È et Çphilosophie
classiqueÈ et ÇantiqueÈ sont extrêmement bien
fournies, au contraire de la section de philosophie moderne, comme on le verra
plus bas. D'ailleurs, l'Université a ouvert un programme spécial
d'étude des philosophes grecs, et a nommé une salle
d'aprés le nom de Socrate.
Même le sport n'est pas oublié,
considéré comme saint pour le corps par le Fondateur. Un terrain
couvert multisports a été installé, oü l'on peut
jouer au basketball, au football et au volleyball, en plus d'un terrain
réglementaire pour le football, le rugby et le hockey.
Tout cela a été construit grâce à
des donations de grandes familles de l'Îuvre, et à quelques
crédits hypothécaires qui ne sont toujours pas remboursés.
Le fonctionnement de l'université est équilibré depuis
environ 15 ans maintenant, dans ses dépenses opérationnelles.
Dans les années 1990 c'est un groupe
d'académiciens et d'hommes d'affaire, tous membres de l'Opus Dei, qui
fonde officiellement l'Université Los Andes. Parmi eux, on retrouve le
numéraire Eduardo Guilisasti Gana, Président Directeur
Général de la vigne Concha y Toro , tout comme le chef de
l'entreprise Bravo e Izquierdo, entre autres. Ils chargent l'Opus Dei de deux
choses : la formation doctrinale des éléves et l'attention
religieuse. L'université est concue à l'image de
l'Université de Navarre, en Espagne, la première institution de
l'éducation supérieure construite par l'Opus Dei en 1952.
Son premier recteur honoraire fut Alvaro del Portillo, le
successeur de San Josemar'a Escriva de Balaguer au poste de Prélat de
l'organisation, aprés sa mort en 1975. Il a inauguré les
bâtiments et s'est vu offrir un cadre d'honneur à l'entrée
de l'Université. Maintenant, c'est Msg Xavier Echeverria qui assume ce
rTMle, depuis qu'il
assume le rTMle de prélat, depuis 1994. Dans les faits,
le recteur est un numéraire, Oscar Cristi Marfil, frére de la
députée UDI Angélica Cristi.
Les vice-recteurs sont Raul Bertlesen, la journaliste Maria
José Lecarros, tous les deux surnuméra ires, de même que
tous les directeurs de section des facultés et des directeurs
d'instituts. L'équipe de direction est également exclusivement
composée de membres de l'Opus Dei: Patricio Moya Cañas et Eduardo
Guillisasti, tous les deux numéraires, tout comme Monica Ruiz-Tagle,
directrice d'Albamar, et Waldemar Sommer Tuñon, critique d'art. Les
hommes d'affaire Eduardo Fernandez Léon et Matias Izquierdo Menendez
sont surnuméraires, comme l'économiste Canio Corbo Lioi,
président de l'entreprise de construction Pizarreño.
Raul Bertlesen a été le premier recteur de
l'Université, resté en poste jusqu'en 2000, il est maintenant,
à 58 ans, vice-recteur et professeur de droit constitutionnel.
Surnuméraire, il est arrivé dans l'Opus Dei à la suite de
la polémique constitution du Général Pinochet en 1980,
toujours en vigueur aujourd'hui. Le plébiscite national a toujours
été discuté, et certains membres de l'époque de
l'organisation ont été les plus farouches défendeurs de la
nouvelle constitution. Parmi eux, la famille Ibañez Langlois, ou encore
la famille Monckeberg. Raul Bertlessen se serait rapproché de
l'Ïuvre en partie pour cette raison. Aprés la défaite du
Dictateur en 1988, il a collaboré avec les avocats de la défense
de Pinochet, à partir de son arrestation à Londres, depuis
1998.
Selon Katixa Gallego, il y a également une
présence écrasante de membres de l'Opus Dei parmi les
professeurs, même si beaucoup n'en parlent pas ouvertement.
Elle-même les reconna»t pour les avoir connus quand elle faisait
partie de l'organisation, mais elle confesse que sur ses sept professeurs en
licence de commerce, cinq sont membres, mais seulement deux l'ont dit aux
éléves en cours. Elle rajoute qu'elle ne voit pas pourquoi ils
devraient avouer à leurs éléves leur appartenance, alors
même que la foi est un sujet privé. Mais elle doit quand
même accepter que l'enseignement dispensé puisse parfois
être influencé par ces croyances. Cela dit, elle précise
que certains professeurs ne sont absolument pas membres, ni mêmes
catholiques pratiquants, mais ont choisi d'enseigner à Los Andes car ils
sont trés bien payés, et parce que l'infrastructure est
exceptionnelle.19
Même le site internet de l'Université a
été construit avec soin par des professionnels, et fonctionne
à la perfection. Le design est attractif, et les cursus
précisément décrits, avec un détail de tous les
cours et une présentation de chaque
19 Voir annexe n°1
professeur, ce qui reste plutôt rare au Chili. Sur le
site, on trouve en lien direct des liens vers certains textes saints, la
plupart du fondateur de l'Opus Dei, dans la page consacrée à
la chapelle. On y trouve également des nouvelles du Saint Pére,
une
20
biographie complete d'Escriva de Balaguer et les horaires de la
messe.
Dans la page décrivant la <<mission et vision de
l'Université È, il est écrit << L'Université
de Los Andes cherche à diffuser dans la société un mode de
vie cohérent avec la Vérité chrétienne, qui
harmonise la foi et la raison. È Effectivement, l'Université
permet à l'Ïuvre un travail direct de sanctification et
d'apostolat. Elle est construite <<pour cent ans et plus È, et
doit être à la hauteur de l'édifice majestueux
réalisé.
§ II - Le regne de l'ordre moral
chrétien
L'Université de Los Andes n'est pas le seul
établissement de l'éducation supérieure à jouer ce
rôle en Amérique Latine. A peu pres à la même
période, ont été crées les universités de la
Sabana, en Colombie, de la Piura au Pérou, et enfin la Austral en
Argentine. D'autres établissements sont liés à l'Opus Dei
mais sans en faire partie, comme l'Université de Montevideo, en Uruguay,
par exemple.
Sur le campus de San Carlos de Apoquindo, on compte quatre
chapelles, rassemblées sous l'égide du prêtre de l'Opus
Dei, Juan Ignacio Gonzaléz Errazuriz. Dans chacune d'elles, un
prêtre est en charge de célébrer les offices religieux, et
est à disponiblité des éléves qui veulent se
confesser, ou tout simplement s'entretenir avec un membre de l'église.
Les trois autres prêtres sont José Miguel Iba-ez Langlois (le
frére de Diego Iba-ez Langlois, membre du Conseil d'administration de la
SEDUC), José Antonio Guillam--n, et Lu's L--pez.
Les messes sont célébrées deux fois par
jour, et les horaires de confession sont trés larges,
aménagés pour qu'en aucun cas un éléve n'ait de
difficulté à se confesser. Les confessionnaux sont trés
isolés, on ne peut rien entendre de dehors, et des ouvrages qui
répertorient les pêchés et les punitions sont à
disposition. Pour avoir avorté par exemple, la punition
recommandée par le Pére fondateur est l'excommunication.
L'université accueille également de multiples
cercles de réflexion, auxquels les membres de l'Ïuvre doivent
participer une fois par semaine, numéraires comme surnuméraires.
Un cercle est une sorte de cours sur une valeur morale, la charité,
la
20
www.uniandes.edu.co
piété filiale, ou l'acharnement au travail,
donné en général par un numéraire, mais parfois
aussi par un surnuméraire, à un petit groupe (en
général entre cinq et dix) de membres du même sexe, une
fois par semaine. Les fidéles s'inscrivent à un cercle et le
fréquentent durant tout un semest re. Si, pour une raison de force
majeure, ils ne peuvent pas y assister une fois, ils le remplacent par un
autre.
L'université accueille aussi des retraites
spirituelles, autre passage obligé de tous les membres de l'Îuvre,
une fois par mois. Ce sont des rassemblements de deux jours, sous la direction
de prêtres, de membres féminins ou masculins, durant lesquels
chacun doit se retrouver avec lui-même par la priére et la
réflexion. Durant ces retraites, les membres vivent dans un centre de
l'Opus Dei, et passent beaucoup de temps dans la chapelle, priant, ou assistent
à des conférences des membres du clergé, et à des
cours de valeurs.
Qu'on soit membre ou pas de l'Opus Dei, à
l'Université Los Andes, la religion reste omniprésente. Suivant
sa qualité d'université privée, la direction a tout
à fait le droit d'imposer à ses éleves des cours de
théologie, inévitables. Il y a trois ou
quatre
21
cours de doctrine catholique chaque semestre, selon les
parcours universitaires.Deux d'entre eux traitent de théologie
fondamentale, et abordent des themes comme la réalité de la foi,
ou pourquoi l'Homme croit en Dieu, un de théologie morale qui traite des
sacrements, et le dernier de doctrine sociale de l'église. Ce dernier
volet est sensé se rapprocher au plus pres possible de la discipline
étudiée par les éleves: ce sera un cours de doctrine
sociale sur l'éthique médicale pour les étudiants en
médecine, par exemple.
La théologie est en effet une discipline scientifique
comme toute autre, selon Mar'a José Lecarros, vice-recteur de
l'université, et il est fondamental pour les éleves qu'ils la
connaissent.22 Elle rajoute cependant que l'Université
respecte toutes les religions. Par exemple, s'il y a des éleves juifs
dans un cours, les professeurs se communiquent l'information, et aucun ne
programmera un examen le samedi matin. Mais tous les éleves, de quelque
religion qu'ils soient, doivent suivre les cours de théologie, qu'ils
doivent prendre comme une connaissance en plus.
Donner aux éleves tous les outils pour se rapprocher de
Dieu est une recette qui marche. En effet, au cours de leur cursus dans
l'université, un nombre inconnu mais probablement trés important
d'éléves demandent leur admission à l'organisation comme
numéraires. L'apostolat est incroyablement actif dans les couloirs de
Los
21 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité,
p 591.
22 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage
précité, p 594.
Andes. D'autres étudiants optent directement pour une
formation de prêtres de l'Opus Dei, et suivent dans ce cas leurs cours au
Séminaire Majeur, dans le campus. L'Opus Dei forme ici son personnel
ecclésiastique, et recrute de nouveaux numéraires à tour
de bras. Selon Consuelo Antonia L--pez, étudiante du master de formation
pédagogique des futurs professeurs, sa classe de 22 étudiants est
à grande majorité composée de membres de l'Ïuvre.
Elle -même a étudié les beaux-arts à
l'université Andrés Bello, une trés bonne
université privée, et a candidaté à
l'université Catholique, la meilleure université du pays, pour y
suivre son master, indispensable pour devenir professeur. Refusée, elle
s'est alors tournée vers la seule autre bonne université qui
propose cette spécialisation: Los Andes. Consuelo L--pez vient d'une
famille catholique non pratiquante, et a beaucoup hésité à
candidater à l'université Opus Dei. Aprés quelques
semaines de cours déjà, elle s'était rendue compte que
quasiment tous les éléves étaient catholiques pratiquants,
et le plus souvent membres de l'Opus Dei. Ç Il y a au moins quatre
filles numéraires dans ma classe. Je l'ai appris à force de les
entendre parler entre elles de leurs maisons, et de leurs directeurs de
conscience, une personne qu'elles choisissent comme guide moral, avec qui elles
s'entretiennent tous les jours, ne serait-ce que dix minutes, et à qui
elles disent tout ce qu'elles pensent, et font. »23 Beaucoup d'autres
éléves sont des enfants de surnuméraires, qui se
connaissent tous entre eux pour s'être rencontrés à travers
les messes, les cercles et les retraites spirituelles, voire qui ont
fréquenté les mêmes clubs et écoles plus jeunes.
Effectivement, dans tous les cursus, la religion est tellement
présente qu'elle définit dans une certaine mesure la
maniére d'enseigner les matiéres les plus délicates. Selon
Marcela Sa ·d, dans les carriéres de médecine,
gynécologie, par exemple, les cours sont coupés,
tronconnés selon les valeurs de l'institution. Cela pourrait mener
à un probléme trés grave car les éléves qui
recoivent ces enseignements sont les professionnels de demain: ils vont
intervenir dans la vie publique, prendre des décisions qui pourront
influencer la vie de tous. Marcela nous donne l'exemple d'un médecin
seul à exercer dans une région trés peu peuplée de
la Patagonie. S'il lui vient à l'idée de refuser de donner la
pilule du lendemain, ses patients n'ont aucune alternative possible, aucun
moyen de s'adresser à un autre professionnel. En effet, dans ces
carriéres, l'influence des valeurs morales conservatrices de
l'organisation peut avoir beaucoup d'effet. Pendant les cinq ans du cursus de
médecine par exemple, s'entendre répéter que l'avortement
est un crime, et un pêché puni d'excommunication
23 Voir annexe n°5
pourrait bien fortement influencer le raisonnement du futur
professionnel prochainement face à face avec ses patients. 24
En examinant les cours de philosophie que suit Consuelo
L--pez, on remarque que certains auteurs sont tout simplement oubliés,
par choix. Ne pouvant évidemment pas traiter toute l'Histoire de la
philosophie en un semestre, les professeurs doivent sélectionner les
auteurs qu'ils aborderont, et font alors volontiers l'impasse sur les auteurs
plus polémiques, qui ne paraissent pas en accord avec les valeurs
morales de l'OEuvre. Le professeur de Consuelo, surnuméraire, a ainsi
passé quatre heures à exposer aux élèves les
théories de Saint Thomas d'Aquin, mais ne s'est intéressé
qu'à la théorie de l'analyse psychanalytique de Freud, c'est
à dire sa démarche en tant que technique d'investigation, sans
exposer ses théories sur la sexualité infantile, l'importance des
rêves et du subconscient, en conseillant aux élèves qui
souhaiteraient développer le sujet d'aller faire des recherches à
la bibliothèque. Encore plus surprenant, Nietzsche n'a pas
été évoqué durant le cours, alors qu'il est
considéré comme un des auteurs les plus importants du
19ème siècle.
Cependant, faire des recherches soi-même à la
bibliothèque peut se révéler plus difficile que
prévu. En effet, pour certains livres, par exemple « Ainsi
parlait Zarathoustra » de Nietzsche, il existe des
résumés tout prêts et déjà remodelés,
en accès direct sur les étagères de la
bibliothèque, alors que le livre original est gardé en
réserve. Pour le consulter, il faut faire une demande en remplissant un
bon, puis attendre qu'un membre du personnel aille le chercher. De plus, il
n'est consultable que sur place. Autrement dit, les élèves sont
fortement encouragés à choisir la solution de facilité et
à se contenter du résumé, fait par un membre de l'oeuvre,
au lieu de s'attaquer à l'oeuvre ardue de l'auteur.
D'autres livres encore ne sont tout simplement pas à la
bibliothèque. Il faut dire à la décharge de
l'université que, au fil des années, elle a acquis beaucoup
d'ouvrages philosophiques qui ne sont absolument pas en accord avec les
préceptes de l'Opus Dei, comme la plupart des oeuvres de Freud, et on
peut même trouver « LÕantéchrist È de
Nietzsche, ou encore « Islam, les questions qui fâchent
», de Bruno Etienne. Cela dit, de Jacques Lacan, on ne trouve qu'un
seul ouvrage, « les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse
È, de même que de Ludwig Feuerbach « Pensées
sur la mort et lÕimmortalité », pour prendre un ou deux
exemples.
24 Voir annexe n°2
On ne peut cependant pas nier l'effort d'ouverture qu'a fait
l'université ces derniéres années, ce qui montre qu'elle a
pris en compte les critiques qui lui ont été adressées,
dans les ouvrages et documentaires critiques récents.
L'université Los Andes, formidable publicité
pour l'Opus Dei, est aussi l'établissement éducatif qui a le plus
d'influence sur la société car elle intervient au moment de la
formation professionnelle définitive de ses éléves. Elle
doit donc permettre la liberté d'expression et de choix, en proposant
des enseignements variés et complets sur chaque theme.
Section III - Les Fondations, garantes du bon
fonctionnement de la mission d'éducation
Les fondations ont été, depuis le début
de l'Ïuvre d'apostolat au Chili, un des outils utilisés par
l'institution, pour multiplier ses ressources, et pour aider à
développer ses actions dans l'éducation. La prélature ne
possede rien, comme elle ne cesse de l'affirmer, et les fondations ne sont
à personne, ce sont des initiatives totalement indépendantes de
groupes de personnes, qui demandent postérieurement à la
création de la fondation, une orientation spirituelle à l'Opus
Dei. L'idée est que les membres de l'Opus Dei, une fois formés
spirituellement, commencent à développer de maniére
spontanée des activités d'apostolat. Du moins, c'est ce que les
membres de l'Ïuvre prétendent.
Cela dit, on se rend compte que les fondations restent
extrêmement liées à l'Opus Dei. Elles ont toutes
été crées par des numéraires ou des
surnuméraires, et les membres de ses conseils de direction sont en
général exclusivement des membres de l'Ïuvre, même si
par exception, on peut y trouver un coopérateur trés proche de
l'institution.
§ I Ð Le financement de l'action
éducative
La majorité de ces fondations vise à initier et
à développer les tâches éducatives dans lesquelles
est engagée l'institution. Certaines ont pour but l'assistance aux plus
défavorisés, l'aide au travail éducatif dans les quartiers
pauvres, par exemple, et
d'autres possédent des terrains, des bâtiments,
etc, et servent de réservoirs de fonds aux institutions
éducatives.
Elles sont par essence conservatrices. En effet, les
fondations au Chili ont des statuts trés rigides, qui les
empêchent de changer de maniére substantielle leurs objectifs au
cours de leur existence, ce qui les préserve de modifications majeures
lors de changements de direction, par exemple. Elles sont donc les garantes de
la durée du travail d'apostolat dans le temps.
Comme ce sont toujours des entités à but non
lucratif, elles sont en grande partie exemptées d'impôts, et selon
la loi de donations culturelles, dite loi Valdés d'incitation à
l'art et à la culture25, les dons d'entreprises aux
fondations sont exemptés de 50% d'impôts.
Les plus évidentes de ces fondations sont les
associations d'amis créées avec chaque institution
éducative: il existe ainsi une association d'amis des colleges SEDUC et
une association d'amis de l'université Los Andes, par exemple.
L'association d'amis du college Tabancura, par exemple, publie
sur le site internet de l'écol e les actions qu'elle a menées
pendant l'année. En 2010, elle avait fourni une aide pour le financement
de l'infrastructure sportive du college, aidé au financement des travaux
bénévoles d'été, des éléves
engagés dans des compétitions d'athlétisme, avait
acheté du matériel de sport, aidé à l'achat de
cadeaux de no`l pour les professeurs, financé et crée l'annuaire
téléphonique du college, et aidé à rénover
certaines parties de l'école26.
En effet, bien que beaucoup dénoncent les apports
financiers et fiscaux de l'Etat à des ensembles pédagogiques
confessionnels, dans lesquels l'éducation est manifestement
utilisée pour répandre la foi, l'Etat chilien n'a jamais
cessé de soutenir économiquement ces institutions
éducatives, leur assignant des terrains, et fournissant des subventions
pour chaque éléve27. Le coüt mensuel par
éléve à l'université Los Andes est presque quatre
fois plus élevé que les subventions étatiques.
L'association d'amis, crée avec l'université, a maintenant trois
branches : l'association d'amis- pe rson nes , dirigée par Rafael
Valdés Guilisasti, l'association d'amis-entreprise, dont le
président est Ronald Brown Fernandéz, et l'association
d`amis-étudiants, avec à sa tête Ignacio Ruiz-Tagle Mena.
Par leur biais, les étudiants en médecine peuvent par exemple
effectuer leurs stages à l'hôpital paroissial de San Bernardo, et
dans des
25 Loi n° 18.985, de 1990, article 8.-modifiée par
les Lois n1/4 19.721, de 2001 y
n1/4 19.885, de 2003
26
www.tabancura.cl
27 SCHUFFENEGUER, Humberto Lagos, Chile y el mito del
estado laico, Icthus el Editor, 2005, p 55.
28
cliniques privées aux noms gardés secrets . En
plus de ces associations, qui drainent les dons parfois énormes
accordés à l'université, des sa naissance, le conseil de
direction a signé deux larges accords de coopération, l'un avec
l'Université Catholique de Santiago, et l'autre avec l'Université
de Navarre, qui appartient à l'Îuvre, tandis que les fondations
font le lien entre elles, grâce à un personnel commun, et
entretiennent la collaboration.
Les fondations proprement dites ont donc trés souvent
pour objectif l'éducation et la formation culturelle et morale des
personnes, sans but lucratif. Elles peuvent créer des
établissements éducatifs ou administrer ceux qui existent
déjà, créer ou gérer des résidences
étudiantes, des centres de formation culturelle, des moyens de
communication, des bibliothéques ou encore des laboratoires. La
fondation Alameda, par exemple, a démarré avec un capital de 53
millions 500 mille pesos, dont 500 millions investis par l'entrepreneur
numéraire Nicolás Hurtado Vickuña. Le reste a
été apporté par les autres actionnaires, tous membres de
l'Îuvre, dont l'ingénieur Enrique Bone Sato, qui fut le premier
directeur du conseil d'administration. Son statut du 7 décembre 1994
stipule que Ç sous l'inspiration chrétienne, la fondation a pour
fins de créer, organiser, et soutenir des établissements
éducatifs pour les enfants de familles à faibles revenus, par
elle-même ou en collaboration avec d'autres personnes naturelles ou
juridiques È29. La fondation est propriétaire de la
résidence Alameda, et de divers clubs de jeunesse. Si elle
s'éteint, tous ses biens seront liquidés et passés
à la fondation éducative Los Olmos, crée en 1976, par le
premier surnuméraire chilien, Eduardo Infante Rengifo, qui en fut
également le premier président. La fondation Los Olmos est
elle-même propriétaire de la résidence universitaire
Alborada et de la résidence La Cañada, à Concepci--n.
Quant à la fondation d'éducation et de
développement social Los Lagos, elle a été
créée sur un terrain donné par Alicia Fleishman de Silva,
une des femmes qui accueillit le premier prêtre de l'Ïuvre à
son arrivée au Chili. Depuis, la fondation, installée dans le
quartier Recoleta, de classes moyennes à défavorisées,
posséde El Salto, une polyclinique, qui soigne gratuitement les voisins
du secteur, et un centre d'appui à la famille, dans les mêmes
bâtiments, qui donne des cours aux femmes au foyer, pour les aider
à trouver un travail. La direction de la fondation a toujours
été entiérement féminine, comme celle de Fontanar,
une des plus anciennes fondations de
28 ESCOBAR, Jaime, Ç La puissance de l'Opus Dei È,
La situation de l'Eglise au Chili, DIAL Diffusion de l'information sur
l'Amérique Latine n°2567,16 juin 2002, p 7
29 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité,
p388.
l'Opus Dei, créée en 1965, quand la ligne
d'action de l'Ïuvre au niveau international était de revaloriser le
service à la personne et d'améliorer les qualifications du
personnel domestique30. Au commencement, la fondation s'appelait
L'Académie, et avait ses locaux sur la place Brazil, dans la zone pauvre
de la ville. Quand elle se transfére à Vickuña Mackenna
229, elle change de nom et devient Fontanar. C'est une fondation
d'éducation technique professionnelle, à but non lucratif, qui
vise à donner une formation académique, humaine et spirituelle au
personnel domestique. Son actuelle directrice est la numéraire Rosita
Errázuriz Ruiz-Tagle. Si une de ces deux fondations venait à
être dissoute, tous ses biens seraient également liquidés
et passeraient aux mains de la fondation chilienne pour la culture.
La fondation chilienne pour la culture est elle-même une
des premières initiatives liées à l'Opus Dei au Chili:
créée en 1957, son statut précise qu'elle a pour but de
faciliter l'éducation scientifique, culturelle, spirituelle, etc, de
toute personne, sans but lucratif. Elle recoit beaucoup de donations, et
centralise plusieurs types d'actions: elle posséde et dirige
l'école agricoles Las Garzas, dont nous parlerons plus bas, la maison de
retraite Antullanca, dans le quartier de La Dehesa, et est propriétaire
de plusieurs terrains à Santiago, et même de quelques locaux
commerciaux, dont deux laveries, dans le centre de la capitale. Son directeur
est un numéraire: Rodrigo Hoyl Moreno.
Ces fondations ne sont qu'un petit exemple, trés en
decà de la réalité. Elles sont extrêmement
nombreuses, et la plupart du temps dissimulées derrière des
sociétés anonymes. Leur action est primordiale dans le soutien
économique aux institutions éducatives de l'Opus Dei, et elle
explique en partie d'oü viennent les capitaux mis en Ïuvre par tous
ces établissements, au financement parfois trés obscur. En effet,
l'apport financier de l'Etat ou des collectivités territoriales reste
trés mineur, même si certaines municipalités comme celle de
Las Condes, un quartier riche de Santiago, est trés active dans son
soutien à ces établissements, sürement parce que le maire
Francisco de Maza est coopérateur de l'organisation. Le
précédent maire, Carlos Larra'n, faisait, lui, partie de l'Opus
Dei.
Les financements privés mis en Ïuvre sont donc
trés importants, et dans une grande partie, ne sont pas vraiment rendus
publics. Tony Adams, entrepreneur partenaire de la chambre industrielle
chilienne, confirme que les liens sont extrêmement forts entre l'Opus Dei
et la chambre31. Il ajoute même que donner de l'argent
à des fondations éducatives provoque chez les salariés une
bonne impression. En effet,
30 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité,
p395
31 SAID Marcela, L'Opus Dei, une croisade
silencieuse, documentaire, 2003
l'Îuvre recoit de l'argent de toutes sortes d'individus,
sans vraiment se demander s'il
32
s'agit d'argent propre, selon Marcela Sa ·d . Ricardo
Claro, par exemple, est un entrepreneur, principal actionnaire du groupe Claro,
qui posséde plusieurs journaux, une chaine de télévision
et plusieurs autres entreprises. Bien connu pour être un fervent
défenseur du Général Pinochet, il fut d'ailleurs un des
conseillers économiques du gouvernement sous la Dictature, et a eu des
liens établis avec la DINA, la police secrete du régime. Cet
homme aux actions trés controversées a fait de trés
importants dons à l'Opus Dei, qui les a acceptés alors même
que Ricardo Claro était accusé dans plusieurs affaires et en
cours de procés.
§ II - Des formes d'éducation diverses et
novatrices
Toutes ces fondations ont un but éducatif plus ou moins
important, qu'elles mettent au premier plan ou non. Pour les fondations qui
sont principalement détentrices de fonds et d'établissements,
leur rTMle est essentiellement économique et juridique.
Au contraire, certaines fondations sont elles-mêmes des
vecteurs de la transmission de l'éducation selon les valeurs de l'euvre,
et organisent des activités dans
33
ce but. Le centre d'appui à la famille El Saltopar
exemple, dans la commune Recoleta, organise des classes à destination
des méres de famille, dans le but de leur donner des instruments pour
acquérir un petit revenu supplémentaire à celui de leur
époux, en travaillant depuis leur domicile. Une sorte de micro-commerce,
qui peut apporter un appui à la famille,
sans délaisser les enfants, ce qui serait inaccepable
pour l'Opus Dei. La fondation donne donc des cours de confection de
vêtements, de cuisine, de soin aux malades, ou encore de théorie
sur les herbes médicinales. Des enseignements qui restent
irrémédiablement féminins, et qui coütent en tout
2000 pesos par mois, environ 3 euros; un prix extrémement bas car le but
de la fondation n'est absolument pas de s'enrichir gr%oce à cette
ativité, mais au contraire d'attirer les gens des catégories
pauvres dans le giron de l'Opus Dei, en les aidant à moindre prix. Les
éléves peuvent ensuite assister à des conférences
ou des débats d'initiation à la foi catholique, qui les aident
à comprendre le sens de la vie, du travail, et la valeur du service aux
autres.
Les femmes qui le souhaitent peuvent également se
former pour la première communion avec des membres du clergé de
l'organisation. La pratique de cours
32 Voir annexe n°2
33 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité,
p392
plaisants entre voisines est ainsi mêlée au
spirituel, comme dans toutes les activités de l'Opus Dei.
La fondation <<Hacer familia34 È, qui
pourrait se traduire comme <<Fonder une famille È, ou
<<créer une famille È, va encore plus loin dans ses
activités d'éducation. Selon l'Opus Dei, la fondation, comme
toutes les autres, ne leur appartient pas, mais ses postulats, son contenu et
l'identité des membres de son conseil d'administration reflétent
un lien trés étroit. Elle est créée en 1981 sous le
nom de <<fondation pour l'éducation et l'orientation familiale
Hacer Familia È, et affirme des le commencement des principes moraux
trés conservateurs, tels que l'indissolubilité du mariage, la
fidélité des époux, le droit à la vie, ou encore
l'éducation rigide des enfants. Le siege de la fondation est
installé dans une belle et grande maison de Vitacura, à Pamplona
78. Son président est un surnuméraire omniprésent dans
toutes les organisations éducatives de l'Îuvre : Juan Enrique,
Zegers Hotschild, qui préside aussi la SEDUC.
La fondation organise des cours destinés aux parents,
dans plusieurs écoles SEDUC et dans les instituts d'autres fondations.
Quatre branches sont proposées, selon l'%oge de l'enfant: << Les
premiers pas È, pour les enfants entre 0 et 5 ans, <<
Premières décisions È, de 5 à 10 ans,
<<L'adolescence de nos enfants È, de 10 à 15 ans, et
<< Avancer sürs È, de 15 à 18 ans.
De plus, des 1994, la fondation crée sa propre revue
<<HF È sigle de <<Hacer Familia È, orientée
vers les surnuméraires, parents des futurs membres de l'Opus Dei. Un
mensuel de plus de 70 pages en couleur, imprimées dans un papier
brillant trés coüteux, dirigé par le déjà
connu Diego Ibañez Langlois, et vendu dans les magasins des quartiers
chics de Santiago, dans le centre commercial Alto Las Condes et dans celui du
Parc Arauco. Ce sont effectivement les quartiers ou évolue la quasi
majorité des membres de l'organisation, en général
trés aisés, et avec des enfants qui fréquentent
déjà les écoles SEDUC. Un an plus tard, la fondation
commence une campagne d'abonnement, proposant des prix assez
élevés. En effet, pour un abonnement d'un an, soit 12
numéros, le prix est de 29 500 pesos, soit environ 43 euros. Environ 14
000 abonnements sont pour l'instant enregistrés, selon Diego
Ibañez Langlois, répartis équitablement entre personnes
privées et entreprises. Les numéros se divisent de la
maniére qui suit: une partie d'actualité, puis les pages
<<mariage È, << vie de famille È, << vie
scolaire È et << temps libre È.
34
www.hacerfamilia.cl
Le numéro 175, du mois d'octobre 2010, par exemple,
publie dans la partie actualité un reportage intitulé <<
Dominés par la mode ? È qui présente la mode
comme dangereuse car elle influencerait trop les femmes et les jeunes filles,
les amenant à trop découvrir leur corps et à devenir
superficielles. Dans la partie << mariage È, une vertu est mise en
avant. Ce mois-ci, c'est la pudeur, alors que dans la partie <<vie de
famille È, un reportage intitulé <<Les adolescents face
à face avec l'alcool È conjure les parents de renforcer leur
sévérité pour éviter une telle confrontation
à leurs enfants.
Diverses interviews présentent de plus des personnes
des quatre coins du monde, toujours avec une vision trés religieuse ou
morale. Dans ce numéro, la francaise Christine Vollmer est
interviewée. Membre de l'Opus Dei, elle a crée l'association
PROVIVE au Venezuela, qui lutte contre l'avortement et la contraception. Mais
la revue a donné naissance à un moyen de communication encore
plus important pour la fondation : en 1995, elle crée un site internet
sophistiqué, << Al Hacer Familia È, qui reçoit des
consultations de tous types, depuis la maniére d'enlever sa sucette
à un enfant, jusqu'à la préoccupation des enfants d'un
homme de 70 ans devenu veuf qui fréquente une autre femme, en passant
par tous les problémes d'adolescence, ou matrimoniaux.
N'importe qui peut se connecter sur le site, et, aprés
s'être crée un profil, peut poser une question aux
autoproclamés spécialistes de la famille, psychologues, qui leur
répondront en quelques heures. Les journalistes de <<Hacer Familia
È publient aussi des articles déjà parus dans la revue sur
le site internet, comme par exemple celui de Magdalena Pulido, intitulé
Ç L'avortement thérapeutique: comment justifier un meurtre
?35 È
La fondation a de plus étrenné en 2002 un
logiciel de navigation protégée pour éviter aux enfants
l'accés à des informations jugées gênantes sur
internet. Gr%oce à ce logiciel, les parents peuvent définir
eux-mêmes les pages accessibles à leur enfants.
De plus, Hacer Familia s'est récemment lancée
dans l'édition de livres scolaires, avec deux premières
séries << L'éducation des vertus È,
jusqu'à 10 ans, et Ç L'art d'éduquer È de
10 à 15 ans. Ces manuels sont des guides pour le professeur et
contiennent un catalogue d'activités pour l'éléve. La
première série est divisée en 8 vertus: ordre, travail,
fraternité, obéissance, sincérité,
responsabilité, force, générosité, respect,
amitié, persévérance, patience, charité et justice.
La deuxiéme série contient quatre
35 PULIDO, Magdalena, Ç L'avortement
thérapeutique: comment justifier un meurtre ? È, Hacer
Familia, 18 décembre 2009, n°166
tomes, qui compilent des textes parus sur le site de la
fondation entre 1994 et 2006. Ces livres peuvent être achetés par
des familles ou par des institutions éducatives. Par la suite, la
fondation a publié plusieurs autres livres de contes religieux, et
également des CDs intitulés Ç Jésus de Nazareth
È, destinés aux enfants.
La fondation devient ainsi un véritable outil
multimédia en totale adéquation avec le 21ème
siècle, qui projette une vision éducative d'un autre %oge,
à travers des mécanismes divers.
Effectivement, la plus grande manifestation jamais
organisée par l'Opus Dei au Chili fut le congrès national
convoqué par la fondation Hacer Familia, intitulé ÇLa
famille, aujourd'hui, et toujours È36, les 9 et 10 aout 2002,
en hommage au centenaire de San Josemar'a. Plus de 2500 personnes (plus de
femmes que d'hommes, et d'une moyenne d'%oge entre 30 et 50) se sont
rassemblés à Huechuraba, un quartier riche au Nord de la
capitale, en présence de l'archevêque de Guayaquil, Juan Ignacion
Lattrea, et présidés par le secrétaire
général du congrès, Francisco Lav'n Infante (le
frère de l'actuel ministre de l'éducation Joaqu'n Lav'n).
Un grand nombre d'entreprises en vue au Chili ont
financé le projet: parmi lesquelles Johnson (une chaine de magasins de
vêtements et accessoires), Cristal Chile (production de bière), El
Mercurio (un des plus grands quotidiens d'information du Chili), la BCI et
Santander, deux des plus grandes banques, Paris et Falabella, des centres
commerciaux spécialisés dans le vêtement, des assurances,
ou encore la mairie de Vitacura.
Dans l'immense et luxueux espace Riesco, avant l'accès
au salon de conférence, étaient installés des panneaux
exposant la vie du Père fondateur, mais aussi des informations sur les
horaires des messes, et des jours de retraite spirituelle. Durant les deux
jours, la salle de conférence ne désemplit pas, beaucoup de gens
suivaient les exposés debout, gr%oce à deux gigantesques panneaux
de retransmission. Beaucoup de moyens furent donc mis en Ïuvre.
Quelques intervenants étrangers venus du monde des
organisations internationales de la famille, comme l'espagnol Rafael Pich,
surnuméraire père de 16 enfants, créateur de la fondation
internationale de la famille (une association francaise) qui fit un
exposé intitulé Çles idéaux de
l'éducation des enfants È, et Victoria Gillick, une Anglaise
de 60 ans, mère de 10 enfants, qui a fait un procès au
gouvernement britannique pour avoir fait la promotion du contrôle de la
natalité par le biais d'un
36 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
248
37
circulaire aux médecins sur la contraception. Le
procès a fait jurisprudence , et la Chambre des Lords a statué
qu'un médecin peut prescrire un moyen de contraception à un
mineur avec son consentement, même sans le consentement des parents.
Malgré ce revers, Victoria Gillick a été
l'un des succès majeurs du congrès, (malgré le
matériel de traduction instantanée car elle exposait en anglais),
avec sa conférence Ç Ma bataille pour ma famille
È, arguant que Ç le sexe court partout, et a
abandonné les liens maritaux. Il s'attaque aux jeunes non mariés,
et même aux enfants È, et que Çles parents doivent
reconna»tre ce délinquant qu'est le sexe et l'attaquer. È
Elle compare le sexe avec la peste bubonique, transmis par les plaies humaines
comme des professeurs haineux, contre la chrétienté. Elle demande
au public si ces plaies sont arrivées au Chili et exhorte les gens
à les découvrir: Ç ne vous y trompez pas, derrière
ces figures souriantes aux discours de paternité planifiée, vous
découvrirez des rats38È.
Le discours de Victoria Gillick, particulièrement
conservateur et moralisant, ne déparait cependant pas de l'ensemble, et
l'exposé le plus suivi, celui de José Miguel Ibañez, d'un
style plus détendu et complice, abordait dans le fond les mêmes
thèmes. Il donne des clés pour que le mariage dure toujours: il
recommande d'avoir un projet spirituel de vie commune, surveiller la
fidélité, comprendre que le véritable bonheur est de faire
plaisir à l'autre, et séduire constamment son conjoint. Il
condamne chez les femmes le gaspillage d'argent dans l'achat de fioritures,
maquillage, etc, arguant qu'il faut garder son naturel. Les hommes quant
à eux, ne doivent pas Ç évoluer dans la vie avec des airs
de célibataires, et doivent garder la distance matrimonialeÈ.
Quant au frère de José Miguel, Diego Ibañez Langlois, il
expose sur Ç l'amour intelligent pour les enfants È, et
récolte également un franc succès.
L'accès aux conférences, pendant deux jours,
coüte au total 5 000 pesos, soit un peu plus de 6,5 euros, et 20 000 pesos
(25 euros) pour le CD qui va avec certains exposés. A la fin, tout le
public est béni par un prêtre, et le congrès
clôturé par le chÏur des en fants de l'école Nocedal,
après l'annonce de Juan Enrique Zegers, le directeur de la fondation, de
la création d'une nouvelle entité qui multipliera les actions
dans lesquelles elle est déjà engagée. L'association
d'amis de Hacer Familia devra apporter tout l'appui nécessaire aux
familles de faible niveau social, gr%oce à l'aide de
37 Jurisprudence de la Chambre des Lords Ç Gillick v
West Norfolk and Wisbech Area Health Authority», 1985
38 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
249
psychologues, de conseillers dÕorientation et de
professeurs. Les fiches dÕinscription à lÕassociation et
les fiches de dons sont distribuées dans le public.
Des fondations homonymes de Hacer Familia ont
été, depuis, créées dans plusieurs autres pays,
dont lÕEspagne, le Mexique, la Colombie, le Pérou,
lÕArgentine et le Venezuela, et ont pour projet de
sÕétendre en Europe prochainement.
Le monde des fondations est donc plus complexe quÕil
nÕy para»t, car les différentes organisations ne font pas
précisément dÕefforts pour exposer toutes les
activités, ainsi que leurs revenus et leurs dirigeants au grand jour. Il
est cependant troublant de constater que malgré cette grande
opacité, beaucoup dÕentre-elles ont une activité assez
importante dans lÕéducation, particulièrement
dirigée vers les classes sociales défavorisées mais pas
seulement. Elles sont les ambassadrices des valeurs de lÕÎuvre les
plus proches de la société.
Chapitre II - Eduquer et recruter le personnel de
l'organisation
L'Opus Dei, cela dit, ne se contente pas d'éduquer les
membres des familles surnuméraires et les futurs numéraires, dans
les quartiers riches de Santiago. L'organisation n'a pas pour but d'être
vue comme élitiste et sectaire, ne cherchant à recruter ses
membres que dans une certaine catégorie de la population. Au contraire,
elle a également besoin de la partie plus modeste de la
société pour écarter cette critique, et fait tout pour
jouir d'une bonne réputation au sein de ces catégories sociales,
se chargeant de leur éducation, autant au niveau primaire et secondaire
que dans l'éducation supérieure, en mettant à leur
disposition des établissements de trés bon niveau.
Section I - Ç Tailler des joyaux dans de la pierre
bruteÈ
Dans les quartiers plus défavorisés de la
capitale, l'Opus Dei a longtemps été absente, et ce n'est que
plus récemment que l'organisation a pris conscience du parti à
tirer de ces catégories sociales, elle qui a besoin d'un personnel
domestique important et appliqué, mais également de main
d'Ïuvre docile dans ses entreprises. Un grand travail a alors
été fait, depuis les années 1990, pour remédier
à ce manque, et les activités destinées à ces
secteurs de la population sont en constante augmentation.
§ I - La vitrine sociale de l'Opus Dei: une
education exceptionnelle
Au début de l'année 1992, dans les bureaux de la
corporation chilienne de construction se réunit un groupe d'hommes
d'affaires et divers professionnels liés à l'Opus Dei, dont le
numéraire Juan Cox Huneeus, et les ingénieurs Alberto Ureta
Alamos, Mario Ram--n Dominguéz Rojas, Sergio Silva Alcalde ou encore
Carlos Arteaga Marchant, tous catholiques, sinon membres connus de l'Opus Dei.
Leur objectif était de développer le projet de construction d'une
école technique professionnelle dans un quartier d'extrême
pauvreté à Santiago. Ils pensérent au début
à Puente Alto, un quartier à problèmes
dans le Sud de la ville, ou l'Opus Dei avait
déjà développé des activités formatives. Le
lieu choisi au commencement s'appelait Nocedal. Mais ils n'arrivérent
pas à un accord avec les propriétaires du site à Puente
Alto, et optérent pour le quartier La Pintana, un peu à l'Ouest
de Puente Alto. A La Pintana, 31% de la population est pauvre, et plus de 10%
de la population vit en situation d'indigence, depuis qu'à sa
création, le gouvernement métropolitain a transféré
là-bas, comme à Puente Alto, une grande partie de la population
qui vivait jadis dans des campements
précaires, en leur achetant des terrains de peu de valeur.
Aujourd'hui encore, la Pintana manque d'infrastructures et
d'équipements, et beaucoup de familles souffrent problémes de
drogue d'alcoolisme 39
d'importants et . Il existait déjà plusieurs
écoles
dans ce quartier, mais aucune ne remportait
véritablement l'adhésion. Toutes les autres écoles sont
publiques, et, comme dans le reste du Chili, ont beaucoup souffert de la
Dictature. Dans tout le pays, les meilleures écoles sont privées,
et chéres. L'éducation publique primaire et secondaire est en
général de médiocre qualité, elle manque
d'infrastructures, et les professeurs, peu payés, travaillent souvent
dans de mauvaises conditions. Evidemment, dans un quartier comme La Pintana,
trés peu de gens ont les moyens d'offrir une scolarité
privée à leurs enfants. Ceux qui le peuvent les font scolariser
dans le quartier
de Peñalolen, le plus proche qui posséde des
écoles privées, mais sur 100 enfants, seuls 23, en 1995,
accédaient à l'éducation secondaire. A la Pintana, seules
13 écoles publiques fonctionnent, et n'ont en général pas
trés bonne réputation. 40
Le projet naissant des membres de l'Opus Dei prit finalement
vie en 1995 quand la fondation Nocedal, à peine créée,
recoit une généreuse donation au travers d'une fondation
espagnole, au moment même oü Nocedal obtient une personnalité
juridique. Ce don d'un million de dollars est suffisant pour l'achat d'un
terrain de 5 hectares et pour la construction de la première partie de
l'école, par les architectes Cristobal Edwards Prado et Alberto Soffia
Garc'a, et l'entreprise Nicolás Hurtado Vickuña, tous de l'Opus
Dei, alors que le futur directeur, Manuel Dannemann sortait
littéralement sur
la place centrale éléves 41
du quartier pour faire conna»tre leur projet et recruter des
.
Moins d'un an plus tard, le 4 mars 1996, le lycée
Nocedal pour garcons est inauguré. Il est gratuit, car il appartient
à la catégorie des établissements particuliers
subventionnés: c'est à dire qu'il reçoit un fond de l'Etat
qui varie selon le nombre d'éléves, comme tous les
établissements de ce type. Les éléves, eux, ne paient
rien. Les subventions étatiques couvrent environ le tiers des
dépenses pour chaque éléve (300 000 pesos par
éléve et par an, soit environ 440 euros), et
l'établissement trouve le reste dans les dons de personnes
privées, d'entreprises et de certaines fondations.
Les petits déjeuners et déjeuners sont par
exemple fournis par l'Assemblée Nationale des Auxiliaires Scolaires et
des Bourses, comme dans les autres écoles
39
www.pintana.cl
40 Voir annexe n°6
41 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
337
subventionnées, mais certaines entreprises aident
Nocedal à enrichir le régime proposé. On leur donne ainsi
des poulets, des chocolats, ou encore des céréales.
Au milieu de la banlieue El Castillo, la partie la plus pauvre
du quartier de La Pintana, se dresse maintenant Nocedal, une construction de 5
000m2 sur un terrain de plus de 5 hectares. L'édifice central du
collège Nocedal a trois étages, et deux bâtiments sur le
côté, qui sont des salles de classe. Dans la partie centrale, on
trouve l'administration, la bibliothèque, les salles de réunion,
la chapelle, la cantine et les bureaux des professeurs. L'ensemble est neuf,
lumineux, spacieux, et brillant de propreté.
Les bibliothèques ont toujours beaucoup d'importance
dans les bâtiments de l'Opus Dei: il n'y a pas seulement des livres, mais
aussi de spacieuses salles d'étude et de consultation. Celle de Nocedal
a une capacité de 50 élèves assis, et compte 5000
ouvrages. Elle a été réalisée grâce à
un don d'August'n Hunneus Cox, entrepreneur viticole qui vit depuis une dizaine
d'années hors du Chili. Il a été pendant des années
le gérant général du domaine viticole Concha y Toro, avant
de s'exiler sous la présidence de Salvador Allende, et a fait ensuite
fortune dans le vin en Californie.
L'ameublement est moderne, et le lieu agréable et
accueillant.
Le collège compte aussi un terrain de football en
pelouse aux dimensions homologuées, plusieurs terrains multisports, une
piste de course, un parc de conifères et une serre. Ces espaces naturels
ont été beaucoup exploités par Andrés Ruiz-Tagle,
directeur adjoint, et professeur de biologie à Nocedal. Après
avoir lui-même étudié à l'école Tabancura, il
entre à l'Opus Dei à 19 ans, puis devient professeur à
l'école Cordillera. A la création de Nocedal, le directeur lui
propose ce poste. A peine arrivé, il plante des arbres, des arbustes, et
crée de beaux jardins, grâce aux plantes données par les
familles du quartier reconnaissantes.
Quelques années après l'ouverture de Nocedal,
selon l'histoire que les membres de l'Opus Dei aiment raconter, une mère
de famille s'approcha du directeur, et lui demanda quand est-ce qu'ils allaient
créer un collège de filles. Quand il lui demanda pourquoi, elle
lui répondit tout naturellement par une autre question: Ç A qui
allons- nou s marier nos fils alors ? 42È. Depuis 1999,
à 500 mètres à côté de Nocedal
s'élève l'Almendral, sa réciproque pour filles.
La fondation fut efficace. En 1997, Msg Javier Echeverria, le
prélat de l'Opus Dei, réalisa un voyage au Chili et encouragea
lui aussi les membres de la fondation
42
www.nocedal.cl
Nocedal à créer un collège pour filles.
En septembre de l'année 1998, elle fit acquisition des terrains,
grâce au don d'une famille surnuméraire, et en mars 1999 le
collège commenca à fonctionner, avec des cours du CP au CM1, et
140 nouvelles élèves. En 2009, la fondation Nocedal a fait
acquisition de 40 ordinateurs, pour équiper deux salles informatiques
dans l`Almendral
Les élèves, que ce soit à Nocedal ou
à l'Almendral, suivent des matières
généralesjusqu'à leurs 15 ans, puis, en plus des branches
générales, ils ont des cours particuliers à leur section.
A Nocedal, les spécialités sont: électronique,
électricité et télécommunications. Cela les
mène à un niveau de technicien professionnel de niveau
intermédiaire. A l'Almendral, les fillettes ont une
spécialité technique dans la santé. Elles sont
dirigées vers des postes d'infirmières, ou d'aides-soignantes.
A part ces spécialités, la liste des
activités est longue dans les deux établissements. Nocedal place
tout son orgueil dans l'orchestre infantile, crée en mars 2002. Pour la
deuxième fois, cet orchestre, composé de 32 enfants
étudiant la musique, et de 42 instruments, a remporté le concours
de la fondation Andes, tandis que les filles de l'Almendral ont obtenu la
première place dans la ligue scolaire de gymnastique artistique en 2009.
Les garcons de Nocedal ont eux, obtenu le prix de l'innovation technologique
à Atlanta, aux Etats Unis, au concours mondial de First Lego League.
Parmi 18 000 étudiants du monde entier, ils ont su se distinguer avec
leur système d'arrosage automatique fonctionnant avec l'énergie
solaire, après avoir récolté des
43
dons pour pouvoir payer le voyage aux Etats Unis . Dans les
deux écoles, on encourage les enfants à participer à
plusieurs ateliers extrascolaires: lecture, tennis de table, volley, folklore,
théâtre, modélisme, etc. En résumé, toutes
les activités développées dans les clubs de jeunes de
l'Opus Dei dans les quartiers riches. «Nous
44
pensons que ces enfants ont une capacité
d'apprentissage qu asiment illimitée»dit Emilia Ferrera,
éducatrice et membre du conseil de direction de l'Almendral.
En 2009, le collège Almendral comptait 1076
élèves, de 3 à 15 ans. Il cro»t chaque année
d'une classe, de 80 élèves chacune, et dès 2002,
l'établissement se situait déja au dessus de la moyenne nationale
en langues et mathématiques, dans les examens nationaux. Nocedal
également a obtenu trés rapidement d'excellents résultats,
et une bonne partie des élèves suivent maintenant des cours
à l'université. Les demandes pour inscrire les enfants dans ces
établissements sont en constante augmentation, à tel point que
beaucoup sont refusés chaque année. Mar'a José
43
Ç Colegio Nocedal de La Pintana gana concurso
mundial», El Mercurio 20 avril 2009.
44 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
348
Traboldt, la directrice de l'Almendral, avoue volontiers qu'il
y a selon elle, d'autres bons établissements à la Pintana,
avec des professeurs de qualité, mais que les écoles de la
45
fondation Nocedal ont un côté humain, chaleureux,
qui a fait leur réputation .
L'Opus Dei ne compte cela dit pas s'arréter en si bon
chemin. En mars 2010, l'organisation annoncait une donation de 16 millions de
dollars de la fondation éducative Claro Vial, crée par Ricardo
Claro avant sa mort, pour la construction de deux nouveaux colleges, un pour
filles, l'autre pour garcons, dans une commune pauvre du Chili.
L'éducation morale et religieuse sera la responsabilité de l'Opus
Dei, dans les futurs colleges, qui pourraient être construits à
Concepci--n, Valpara'so, Viña del Mar ou Santiago46.
§ II - Rallier les milieux sociaux
défavorisés, un appui dans la société
En quelques années, l'Opus Dei, parti de rien dans ces
quartiers, a réussi à s'imposer comme un des acteurs majeurs de
la commune de la Pintana, et récolte toutes les louanges. Ces colleges
représentent en effet un espoir d'avenir pour ces enfants de familles
pauvres voire tres pauvres.
Sélectionnés avec beaucoup de rigueur, les
éleves de Nocedal et de l'Almendral doivent refléter une image
tres positive de l'Îuvre, qui a fait beaucoup d'efforts aussi bien
humains qu'économiques, pour créer de toutes pieces cette vitrine
sociale, sensée redorer l'image de l'organisation. En effet, la
Dictature a beaucoup écorné la vision des gens à propos de
l'Îuvre, puisqu'un grand nombre de ses membres ont activement
participé au gouvernement du Général Pinochet, et se sont
enrichis avec lui. L'Opus Dei a pour but, avec ces écoles, d'envoyer un
signal tout différent: dire
aux catégories défavorisées de la
société que l'organisation veut également les aider, et ne
s'intéresse pas qu'aux quartiers riches, puisque tout le monde peut
devenir saint, selon l'Îuvre.
Cela dit, selon le Fondateur, on na»t dans une condition
à laquelle on est destiné, et il ne faut pas chercher à en
changer, ce qui n'empêche pas d'accéder à la
sainteté depuis cette même position. Dans Ç Le Chemin
È, il écrit Ç Hiérarchie : chaque piece
à sa place. Que resterait-il d'un tableau de Velsquez si chaque
touche de couleur s'en
45 Voir annexe n°6
46 El Mercurio Ç US$ 16 millones para
construir dos colegios en una comuna pobre», 27 mars 2010.
allait à son gré, si chaque fil de la toile
cédait, chaque bout de bois du ch%ossis se détachait des autres
?47 È.
L'Opus Dei, gr%oce à ces écoles, cherche
également à former des membres et des sympathisants de
l'organisation, dociles car, en sortant de ces écoles, ils leurs doivent
tout, et s'assurent un futur gr%oce à cette formation reconnue par les
employeurs.
C'est pourquoi le processus de sélection est
trés soigneux: environ 500 éléves postulent tous les ans
pour une place, dans chacun des deux colleges, et seulement 80 filles et 80
garcons sont acceptés aprés plusieurs étapes. Les enfants
doivent être domiciliés à La Pintana, et nécessiter
une éducation tous frais payés. Pour s'en assurer, une assistante
sociale visite les maisons, car beaucoup de candidatures sont abusives. Selon
la directrice de l'Almendral, le college a déjà recu des demandes
venant de familles habitant à Las Condes, un des quartiers les plus
aisés.
L'assistante sociale décrit les maisons, les besoins de
la famille, l'attitude des parents et de l'enfant, etc. Ce sont à terme
les plus pauvres qui sont acceptés. En effet, ils sont aussi les plus
reconnaissants de l'aide qu'on leur apporte dans leur éducation. La
deuxiéme étape consiste en une entrevue avec les parents et
l'enfant. La directrice ou la directrice adjointe explique aux parents la
mission de l'école, et ils doivent s'engager à suivre de
trés prés leur enfant, à signer les cahiers, et le
calendrier d'examens envoyé chaque mois pour les préparer
à l'avance. Ils doivent également s'assurer de la propreté
de leur enfant, qui doit être peigné, et habillé
correctement, avec son uniforme. Pour les candidats qui ont plus de 11 ans, un
examen est également de rigueur, avant l'entrée: il consiste en
un test de mathématiques et de langues.
Pendant l'entretien, on répéte aux parents que
ces établissements sont confessionnels, à la charge de l'Opus
Dei, et qu'il sera enseigné le catéchisme à leurs enfants.
Les colleges respectent cela dit la liberté de chacun. Environ 20% des
éléves ne sont pas catholiques. La messe est inscrite sur
l'emploi du temps de tous les éléves, mais seuls les
éléves en dessous de 13 ans sont obligés d'y assister au
moins une fois par semaine. Les plus grands décident. Par contre, tous
les éléves ont un cours de catéchisme par semaine, car,
selon la directrice de l'Almendral, Ç qui ne
47 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, Le Chemin,
obéissance 624
48
conna»t pas ne s'intéresse jamaisÈ. Il y a
beaucoup d'éléves évangéliques, en particulier, qui
ne semblent pas du tout gênés par les cours de religion.
Un prêtre de l'organisation officie à Nocedal et
à l'Almendral. Dans son emploi du temps sont aménagées des
heures prévues pour que les enfants, les parents et les professeurs
puissent s'entretenir avec lui de n'importe quel sujet. Mais aucune obligation
n'est donnée aux éléves, et le prêtre est parfois
désÏuvré.
Les professeurs sont en général tous
catholiques, bien qu'ils soient recrutés par des annonces dans les
journaux, car un entretien a pour unique but de vérifier si leurs
valeurs correspondent avec celles de l'école, bien que par la suite, ils
ne soient pas obligés d'aller à la messe. Cela dit, selon la
directrice de l'Almendral, on compte trés peu de membres de l'Opus Dei
parmi l'équipe de direction et l'équipe enseignante, seulement 10
ou 11 sur les 80 employés, sans compter le personnel d'entretien. Le
professeur Hector Canquil enseigne à Nocedal depuis 1996, et a choisi de
rester dans cette école, malgré les nombreux autres postes qu'on
lui a proposés, car il se sent en adéquation avec les valeurs
transmises par l'école. Il n'est pas membre de l'Îuvre, mais d'un
autre mouvement catholique, et est trés pratiquant. Selon lui, les
valeurs transmises sont celles qu'on peut attendre de n'importe qui: ordre,
sincérité, respect, soin, joie, amitié,
fraternité49. Pour lui, dans ces établissements, on
s'intéresse vraiment à l'éléve, que chaque
professeur conna»t individuellement.
Les deux colleges cultivent par ailleurs un rapport
spécial entre les éléves et tout le personnel enseignant
et de direction. Les parents, d'ailleurs, peuvent quand ils le veulent, parler
directement avec le directeur, ou avec n'importe lequel des professeurs, tous
trés disponibles, comme le demande l'administration. Les parents sont en
général trés satisfaits car ils sentent leurs enfants
guidés, loin de la rue et de la drogue, voire même loin de leurs
fréres et sÏurs désÏuvrés.
L'équipe éducative dit vouloir agir sur tout
l'être de l'éléve, et pas seulement sur ses connaissances
culturelles. Un véritable plan de développement de l'être
humain est alors mis en place, et deux psychopédagogues sont à la
disposition des éléves, alors qu'il y a des professeurs qui
organisent des heures de soutien scolaire dans chaque matiére. En tout,
une centaine d'entre eux, dans chaque établissement, sont ainsi suivis
de maniére particuliére par des professionnels.
Cet encadrement spécialisé a séduit la
grande majorité des parents, qui conna»t souvent assez bien les
professeurs des enfants, mais aussi la directrice et la directrice
48 Voir annexe n°6
49 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
403
adjointe, ce qui est plus rare. Les collèges Nocedal et
Almendral semblent etre un petit oasis ordonné et calme au milieu du
quartier.
Bien plus que de simples écoles au centre d'un quartier
défavorisé, Nocedal et Almendral sont la meilleure
publicité de l'Opus Dei, qui tente d'imposer une image philanthrope et
charitable, conforme avec les valeurs de la religion chrétienne.
Cependant, non contente de donner une bonne éducation à ces
enfants, l'OEuvre cherche surtout à diffuser ses règles et
valeurs, voire à recruter ses numéraires auxiliaires,
indispensables au bon fonctionnement de l'organisation.
Section II - Recruter les numéraires auxiliaires
Fontanar, l'école technique d'hôtellerie et
restauration, oeuvre corporative de l'organisation, est l'un des plus anciens
établissements éducatifs de l'Opus Dei au Chili. Il répond
principalement au besoin de recruter des numéraires auxiliaires pour
s'occuper des centres de l'organisation, mais aussi à la
nécessité de répandre ses valeurs centrales chez les
employées de maison.
§ I - Fontanar: former les numéraires
auxiliaires de l'Opus Dei
A Fontanar, les sols brillent, les toilettes sont impeccables,
l'air sent le propre. Il n'y a pas un seul papier par terre, ni une voix plus
haute que l'autre dans les couloirs. Comme tous les établissements de
l'Opus Dei, l'endroit est immaculé et calme.
Fontanar na»t en 1965, pour améliorer les
qualifications des employées de maison et revaloriser le travail
domestique. C'est un b%otiment discret fait de briques rouges, avec une
minuscule entrée donnant sur la rue Vicku-a Mackenna, dont la
création correspond à une ligne d'action mondiale de l'Opus Dei,
qui met l'accent sur la nécessité de former des employées
domestiques pour les maisons de l'institution. Les numéraires Otilia
Trenova Balharry, professeur, et Sandra del Campo Mullins, assistante sociale,
en sont les fondatrices. La fondation dans son statut proclame son influence
dans « l'éducation et la formation professionnelle, scientifique,
culturelle et morale de tout type de personne50 ». Le conseil
de direction est aujourd'hui fondé exclusivement de femmes piliers de
l'OEuvre au Chili, avec à leur tete Rosita Errzuriz, directrice
depuis 1999, surnuméraire. Les débuts furent difficiles, raconte
Rosita
50
www.fontanar.cl
Errázuriz51 : Ç On a l'impression que
l'Opus Dei a beaucoup d'argent. C'est vrai qu'il y a des gens dans
l'Îuvre qui ont de l'argent, mais ce n'est pas pour ca que nous, nous
pouvons utiliser cet argent. Et quand je voyais que tous les mois il me
manquait de l'argent pour régler les factures, et je me mettais à
prier et prier, essayant de l'obtenir. È
Fontanar a commencé comme un cours de formation pour
femmes au foyer, puis en 1978, l'Îuvre créa le Collège, un
établissement technique qui donne un diplôme d'hôtellerie.
Il fonctionne toujours aujourd'hui mais de moins en moins d'éleves le
fréquentent, et il est question de le fermer, car beaucoup
d'équivalents existent aujourd'hui dans différents
établissements. Par contre, en 1998, Fontanar ouvre le centre de
formation technique, qui avait déjà des racines dans les ateliers
de coiffure, de couture ou encore de peinture que fréquentaient les
employées de maison, et les femmes au foyer de Santiago. Cependant avec
les années, beaucoup de municipalités avaient imité cette
idée, et Fontanar a préféré par la suite se
concentrer exclusivement sur la formation technique. Le centre commence avec
trente éleves, qui suivent des cours du soir. Les cours du jour naissent
seulement en 1999, quand Rosita Errázuriz est nommée au poste de
directrice. Deux carrieres, qui donnent un titre de Ç technicien de
niveau supérieur È, sont alors ouvertes : gastronomie, et
hôtellerie, deux champs dans lesquels les femmes de l'Opus Dei sont
spécialisées. Les deux carrieres durent quatre semestres en cours
diurnes, et six semestres en cours du soir, car les éleves n'ont cours
que trois soirs par semaine. Pour pouvoir préparer ces diplômes,
il faut avoir l'équivalent du baccalauréat, et passer un examen
d'admission, et une entrevue personnelle52.
Fontanar est une autre des grandes idées de l'Opus Dei.
A partir de 1999, l'école devient un lieu de formation de techniciennes
en services gastronomiques, hôteliers et de restaurants, techniciennes en
infirmerie, et techniciennes en assistance de direction. Mais la
préparation est aussi humaine, éthique, et culturelle, comme dans
toutes les institutions éducatives de l'Opus
Dei. Les éleves ont des cours d'anthropologie, de
relations humaines, de théologie et d'éthique. De plus, elles ont
chacune une tutrice personnelle et recoivent une formation spirituelle et les
sacrements qu'elles n'ont pas, explique la directrice. Elle ajoute Ç
Monseigneur Escriva désirait qu'il y ait des Ïuvres corporatives de
service. Ici on enseigne aux jeunes filles que servir l'autre n'est pas
avilissant, cela sert à démontrer son amour au prochain.
»53
51 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité,
p398
52 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité,
p412
53 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité,
p414
Fontanar se targue de former des techniciens d'excellence dans
le secteur tertiaire, en adéquation avec les besoins du pays, puisque
l'école s'adapte aux demandes des entreprises pour former des
spécialistes selon leurs attentes. Dedans, tout fonctionne comme une
véritable entreprise. Le bâtiment de plus de 2000m2
possède, en plus de la chapelle et de la bibliothèque,
obligatoires dans toute institution éducative de l'Îuvre, de
gigantesques chambres froides, des cuisines aux meubles en acier inoxydable,
équipées avec toute la technologie moderne, un four de
dernière génération et tous types d'ustensiles, et un
dortoir aménagé comme un hTMtel, oü les élèves
apprennent à faire le ménage et à faire les lits.
Les diplTMmées de cette école travaillent
maintenant dans des hTMtels ou des restaurants, mais beaucoup d'entre elles
demandent aussi leur admission comme numéraires auxiliaires, ces femmes
qui dévouent leur vie à servir dans les maisons de l'Opus Dei.
Le parcours vers la vie et la vocation de numéraire
auxiliaire commence d'ailleurs souvent encore plus tTMt. Si on examine la
promotion diplTMmée de l'équivalent du baccalauréat en
2009 à l'Almendral, on voit que sur 80 fillettes, 12 sont en 2010
à l'université, une travaille à l'école comme
assistante, plus de 15 ont trouvé un travail directement, et 12 ont
continué leurs études à Fontanar. De celles-ci, trois ont
déjà demandé leur intégration comme
numéraires, tandis que celles qui ont choisi d'aller à
l'université sont toutes à l'Université Los Andes, dans la
carrière d'infirmière, grâce à un accord
spécial avec l'université. Les stratégies d'apostolat
fonctionnent parfaitement dans ces quartiers.
Le fonctionnement de Fontanar est une routine bien
installée, et inamovible, comme aime à le répéter
la directrice. En gastronomie, chaque élève travaille à un
poste et après usage, doit le laisser absolument impeccable. Les moules
d'aluminium ont quelques années, mais ils brillent comme s'ils sortaient
de l'usine. Une liste identifie tout ce qu'il y a à disposition, et une
élève est responsable de tout ce qui entre et sort de la
pièce de rangement, chaque jour. Toutes les courses et tout ce qui
s'utilise dans les ateliers est suivi par ordinateur et le coüt de
fabrication est calculé automatiquement à la minute près,
durant les cours. Ce qui n'a pas été utilisé est
étiqueté, pesé, et rangé. Rien ne se perd et rien
ne se jette.
Toutes ces activités ont évidemment un
coüt, important pour le niveau de vie chilien. Le cursus normal coüte
77 000 pesos par mois (environ 100 euros), et celui en cours du soir coüte
58 000 pesos. Il existe un centre de bourse, et beaucoup d'entreprises se sont
engagées à aider les élèves les plus pauvres. Elles
font des
remises de 5 à 20% sur le coüt complet de la
formation, mais seule la bourse que donne l'entreprise de poulets Ariztia
à la meilleure éléve couvre 100% du coüt. Chaque
éléve en gastronomie représente une somme de 170 000 pesos
par mois (250 euros environ), on fournit tout le matériel, les aliments,
et même l'uniforme. 54
car
leur
C'est pourquoi des le début de leur cursus, les
éléves travaillent beaucoup en stage, pour se préparer le
plus rapidement possible à la vie active. Elles doivent effectuer trois
stages internes et deux stages externes. La cafeteria du centre a
été créée spécialement en forme de
restaurant pour que les éléves puissent mettre en Ïuvre la
pratique enseignée. Tous les jours à 12h15, huit
éléves de classes différentes doivent préparer
à grande vitesse un repas du midi qui doit être prêt
à 13h30, pour tout le centre. On profite de ce qui n'a pas
été utilisé dans les ateliers pendant la matinée,
et on se sert d'aliments pré élaborés. De plus, les lundis
et vendredis, c'est un repas avec invités qui est élaboré.
Au cours de notre journée à Fontanar, nous avons participé
à un de ces repas, et avons été extrêmement surpris
de la rapidité d'exécution, et du résultat,
étonnant, qu'avaient pu obtenir les éléves en si peu de
temps. Toutes les semaines, des hommes d'affaire et des hôteliers sont
invités, pour pouvoir admirer le travail des éléves de
gastronomie, qui font la cuisine, et des éléves
d'hôtellerie, qui font le service.
Les étudiantes en hôtellerie ont par ailleurs une
laverie, oü elles apprennent à laver et repasser de la meilleure
maniére, et pratiquent aussi dans l'édifice
d'à côté, qui est un centre de retraite spirituelle et de
week-ends de réflexion organisés par l'Opus Dei, durant lesquels
elles travaillent comme dans un hôtel, organisant le service des chambres
et de la restauration, pendant que des étudiantes en gastronomie
préparent le petit déjeuner, le repas du midi, le thé et
le repas du soir. Chacune des étudiantes doit donc travailler dans ce
centre un weekend end par semestre, à tour de rôle.
De plus, au milieu de leur cursus, elles font un stage d'un
mois, trouvé par Fontanar, dans des hôtels ou restaurants avec qui
l'organisation a des accords, et à la fin de leurs études, le
stage dure trois mois, en général dans la même structure.
Les stages proposés montrent que l'école est déjà
trés reconnue dans le milieu éducatif chilien, pour pouvoir
proposer à ses éléves des stages dans des hôtels
comme le Hyatt Regency, le Holiday Inn, le Kennedy, ou le Radisson, parmi les
hôtels les plus
54 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité,
p418
prestigieux de la ville, ou encore dans des restaurants comme
l'Opera y Catedral, ou l'Union el Golf, tous les deux trés
luxueux55.
Les résultats de tous ces efforts, indubitablement,
sont là. Le cursus de gastronomie est un succés incroyable au
Chili, et provoque beaucoup d'intérêt. L'hôtellerie a un
succés plus relatif car, avec ce diplôme, les étudiantes
accédent à des postes seulement techniques, car, ne suivant aucun
cours d'anglais, elles ne peuvent être en charge de postes plus
importants dans l'administration. Elles ont, selon le personnel enseignant, un
tel déficit en anglais en arrivant à Fontanar qu'il serait
illusoire de leur faire rattraper le retard en deux ans. Elles peuvent donc
être femmes de ménage, serveuses, voire chef d'étage ou de
salle, mais pas réceptionniste par exemple.
Les promotions qui sont déjà sorties de
Fontanar, depuis 2003, ont toutefois recu un trés bon accueil dans des
entreprises aussi prestigieuses que l'hôtel Radisson, ou la cha»ne
de restaurants Mariott, et la grande majorité a aujourd'hui un emploi
stable, bien que peu qualifié.
Cet accueil trés favorable est en partie dü aux
valeurs transmises par l'Opus Dei au travers de Fontanar, puisque
l'organisation a établi une véritable anthropologie du service :
en effet, avec l'éducation technique, elle donne aux
éléves une formation morale qui les rend différentes,
selon elle. Les étudiantes sont amenées à se demander
pourquoi elles doivent servir, et pourquoi c'est digne de le faire. Elles
suivent également un cours de théologie, obligatoire,
malgré la diversité de religion des éléves, dont
beaucoup de témoins de Jehova et d'évangéliques. Par
ailleurs, comme à l'université de Los Andes, chaque
éléve à une conseillére académique, qui est
un guide durant toutes ses études, et peut aussi la conseiller dans sa
vie privée. En effet, certaines d'entre elles ont de gros
problémes personnels, alcoolisme, drogues, grossesse, et ne peuvent se
consacrer pleinement à leurs études.
Bien sür, le but est que le plus grand nombre possible de
numéraires auxiliaire suivent un cursus à Fontanar, et celles qui
le font accédent ensuite à des postes de plus haute
responsabilité dans les maisons de l'Opus Dei. Dans l'autre sens,
beaucoup des éléves qui suivent ces cours demandent ensuite leur
admission comme numéraires auxiliaires. D'ailleurs, les familles
surnuméraires recoivent avec plaisir des diplômées de
Fontanar comme personnel domestique à domicile, ce qui se fait
trés fréquemment au Chili. Historiquement, il y a encore une
trentaine d'années, l'énorme majorité des
55
www.fontanar.cl
familles chiliennes possédait encore une Ç nana
È, cÕest à dire une femme de ménage,
cuisinière, nounou des enfants, qui vivait très souvent Ç
puertas adentro È, dans la maison, dans une petite piece qui lui
était réservée, souvent bien séparde du reste de la
maisonnée. AujourdÕhui, même si leur nombre diminue, un
très grand nombre de familles assez favorisées possède
encore sa « nana », qui est un membre de la famille à part
entière, et les familles surnuméraires préfèrent de
loin avoir affaire à une personne éduquée selon les
valeurs de lÕOpus Dei, sachant que la Ç nana È va etre
amenée à passer beaucoup de temps en compagnie des enfants.
La section dÕinfirmerie, qui commence juste à
prendre son envol, sert également à lÕÎuvre, bien
que lÕavantage quÕelle retire dÕavoir des
infirmières formées à son idéologie para»t
moins evident. Effectivement, lÕOpus Dei possède
déjà une clinique dans la commune défavorisée de
San Bernardo, au Sud Est de Santiago, et est en train de développer un
projet de construction dÕune autre clinique à San Carlos de
Apoquindo, à cTMté de lÕuniversité Los Andes. Pour
les deux, il est nécessaire dÕavoir à disposition des
infirmières formées selon les valeurs chrétiennes, qui
jamais ne seraient en faveur de lÕavortement, même
thérapeutique, ni de quelconque moyen de contraception, par exemple.
§ II - Inculquer les valeurs de l'Opus Dei
Il faut bien se rendre compte, des quÕon pense à
Fontanar, à Nocedal ou à Almendral, que le type de public qui
fréquente ces établissements nÕest absolument pas le
même que celui des établissements scolaires des quartiers
favorisés, les colleges SEDUC, les clubs, lÕUniversité Los
Andes. Ici, les parents des élèves ont en general vécu une
existence totalement différente, et les enfants qui fréquentent
les établissements de lÕOpus Dei, du haut de leurs huit ans, sont
plus cultivés que leurs parents, souvent incapables de lire ou de
compter correctement, dÕutiliser un ordinateur, ou de citer les grandes
dates de lÕHistoire du Chili.
Il faut en effet prendre en compte que la generalisation de
lÕéducation secondaire est récente au Chili, et que seule
une petite minorité des jeunes continuent leurs etudes à
lÕuniversité, à cause du coat très important de
telles etudes. La plupart, comme dans le reste de lÕAmérique
Latine, commence à travailler très tTMt, et recommence à
étudier plus tard, si leur situation économique le leur permet.
Les situations familiales qui incluent des pères en prison, des meres
célibataires ou des enfants élevés par les grands-parents
sont legion, et les familles bien constituées au sens que
lÕentend lÕOpus
Dei sont trés rares. Pourtant, tout le personnel de ces
établissements insiste systématiquement sur le respect dü
aux parents, qu'on soit professeur, directeur ou enfant. Mais c'est aussi
gr%oce à ces situations familiales peu sécurisantes que beaucoup
d'éléves se tournent vers l'Îuvre, dans laquelle ils
trouvent une organisation et une rigidité qui leur manquait, et qui les
fait se sentir plus en sécurité.
Dans ces quartiers difficiles en effet, la fondation Nocedal
croit que l'apprentissage du respect, de la responsabilité, de la
ponctualité, et du travail bien fait est indispensable, et qu'en ayant
acquis ces valeurs, les éléves pourront étudier seuls ce
qu'ils désirent.
Les carriéres de Fontanar, d'autre part, donnent une
opportunité aux jeunes filles qui ne trouvent pas le cursus de
gastronomie qui leur convient dans d'autres écoles, autant à
cause du coüt de ces filiéres, que par l'absence de formation
humaine qu'elles ont à Fontanar.
En effet, pour les auxiliaires, ces femmes provenant des
milieux les plus défavorisés, qui dévouent leur vie au
service des autres membres de l'Opus Dei, et s'engagent au célibat,
à la pauvreté et à l'obéissance, le service
domestique est un accomplissement. Elles se sentent appelées par Dieu
à suivre cette voie de don aux autres.
Comme les autres numéraires, elles vivent dans les
maisons de l'Îuvre, recoivent un salaire mensuel et contribuent au
soutien du travail apostolique avec cet argent.
Elena Muñoz, numéraire auxiliaire de 25 ans,
technicienne en gastronomie, raconte qu'elle est venue étudier la
première fois durant deux semaines à Portezuelo, un lycée
technique de l'Opus Dei à Valdivia, dans le Sud du Chili, venu faire sa
promotion dans son école. Séduite, elle a par la suite
continué ses études à Fontanar, et un an et demi
aprés le début de son cursus, elle demanda l'admission come
numéraire auxiliaire, à 19ans. Ç Mes parents sont des gens
catholiques et trés respectueux. Parfois ils ont du mal à
comprendre le don total qu'implique ce chemin, mais ils savent que je suis
heureuse dans mon travail d'auxiliaire. Tout se résume en une phrase:
c'est servir par amour pour les gens. Ma récompense est que les
personnes que je sers soient heureuses, qu'elles mangent bien, que le
ménage soit bien fait. C'est ca qui me rend heureuse56
È.
56 Voir annexe n° 7
A Fontanar, en plus de la responsabilité et de la
discipline, on met
l'accent sur des valeurs comme la joie, le respect pour les
autres, la générosité, et bien sür la
serviabilité.
Un point essentiel des valeurs de l'Opus Dei repose sur la
séparation des sexes, le plus longtemps possible dans l'éducation
des enfants, et adolescents. En effet, dans les colleges, ceux de la fondation
Nocedal comme ceux qui appartiennent à la SEDUC, l'Opus Dei recherche
une formation intégrale de la personne, qui implique notamment de
permettre aux filles de développer la part de féminité qui
leur correspond, selon les membres de l'Îuvre. Un des principaux
arguments de la directrice de l'Almendral est que les éléves
suivent notamment à partir de 13 ans une classe d' Ç
éducation de caractére et d'affectivité È,
l'équivalent d'une classe d'éducation sexuelle, avec un
intitulé plus pudique pour ne pas choquer. On enseigne aux enfants
comment le corps change, comment être une bonne personne, on leur parle
des drogues, ou encore des tribus urbaines, qui sont un véritable
phénomène au Chili, chez les jeunes de moins de 18 ans. Les prof
esseurs ont pour consigne de promouvoir la chasteté, et de
décourager l'usage du préservatif. De l'avis de tous les
professeurs, ce cours serait plus facile à donner en
présence d'un seul sexe. Selon Rosita Errázuriz, ce cours, et de
maniére plus large, la transmission des valeurs au sein de l'Almendral,
ont porté leurs fruits, puisque le taux de grossesse à
l'école est trés bas, d'environ 2%, alors qu'à San
Bernardo, dans certaines écoles, il atteint 25% pour des filles du
même %oge (jusqu'à 15 ans).
La séparation aiderait par ailleurs les
éléves à se concentrer sur leurs études, et
permettrait de leur inculquer un véritable projet de vie, le plus
rapproché de l'Opus Dei possible, bien entendu. Beaucoup de parents
disent d'ailleurs confier leurs filles aux écoles de l'Opus Dei par peur
des mauvais traitements, des intimidations qu'elles pourraient subir avec les
garcons. La directrice avoue cependant qu'elle a elle-même
fréquenté une école mixte, et n'a eu aucun probléme
à s'y épanouir. Elle reconna»t également qu'on y
apprend mieux à partager avec l'autre sexe. D'ailleurs, les
numéraires qui décident de sortir de l'organisation, et il y en a
beaucoup, se retrouvent totalement démunis dans leur relation avec le
sexe opposé. Katixa Gallego confie, elle, qu'une fois sortie de l'Opus
Dei, aprés cinq ans de vie dans un centre exclusivement féminin,
et en ayant, avant cela, fréquenté une école de la SEDUC,
elle a beaucoup peiné pour établir des relations stables
d'amitié ou d'amour avec des hommes, et
aujourd'hui, deux ans après sa sortie, elle est toujours
mal à l'aise en présence inconnus 57
d'hommes .
De même, il y a eu beaucoup de cas d'ex
numéraires de sexe masculin impliqués dans des affaires de
harcèlement sexuel, et de comportements pervers, selon Marcela
Sa ·d, qui a pu établir des contacts avec trois d'entre eux au
Chili. Effectivement, n'ayant jamais appris à se comporter avec les
femmes, ils sont désemparés quand ils doivent agir seuls dans le
vrai monde, sans que personne, et
58
surtout pas San Josemar'a, ne le ur dicte ce qu'ils doivent faire
.
Les valeurs qu'on trouve dans <<Le Chemin È,
telles que l'obéissance <<ton devoir est d'être un
instrument 59» le travail <<Une heure d'études,
pour un apostolat moderne, c'est une heure de prière60
È ou la joie <<Mine allongéeÉmanières
brusquesÉallure ridiculeÉaspect antipathiqueÉ est-ce ainsi
que tu encourager les autres à suivre le Christ ?61 È
sont sans cesse répétées, souvent dans les paroles de San
Josemar'a, à tel point que quand les élèves les
restituent, ils le font avec les mêmes exemples que ceux donnés
dans << Le chemin È, et sous la même forme.
L'Îuvre a donc établi tout un réseau
d'établissements éducatif destinés à une tranche de
la population qu'elle ne touchait pas avec ses collèges et ses clubs de
jeunesse, implantés dans les quartiers aisés. Le succès
qu'elle rencontre dans les quartiers plus populaires montre que ces valeurs
répondent à une demande du public.
Section III - Le paternalisme de l'organisation
L'Opus Dei, on ne peut le nier, a une action
bénéfique sur la partie défavorisée de la
population, animé, peut être, d'un esprit de charité, mais
également, d'un comportement paternaliste, venu d'une vision
hiérarchique de la société que tous les membres de
l'Ïuvre ont intériorisé, de manière consciente ou
non. Il serait illusoire de croire que dans l'organisation il n'existe pas de
hiérarchie, alors que, du moins au Chili, les différentes
catégories sociales se retrouvent dans les différents groupes de
l'organisation : prêtres, surnuméraires, et numéraires d'un
côté, auxiliaires de l'autre.
57 Voir annexe n°1
58 Voir annexe n° 2
59 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, ouvrage précité,
maxime n°484
60 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, ouvrage précité,
maxime n°335
61 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, ouvrage
précité, maxime n°661
66 Voir annexe n° 10
67 Voir annexe n° 2
68
69 NORMAND, François, article
précité
Ç La garde blanche du Vatican È,
Le Monde Diplomatique, Septembre 1995
§ I - Les structures de parrainage des enfants
Evidemment, l'Opus Dei part d'un constat logique:
l'éducation des enfants à Nocedal et à Almendral
coüte cher. L'infrastructure est neuve et trés bien
équipée, que ce soit en ordinateurs ou en matériel pour
les différents cursus (électronique ou infirmerie), on fournit
aux éléves le petit déjeuner et le repas du midi, et les
professeurs font beaucoup plus d'heures que dans des écoles publiques,
car ils doivent être disponibles pour les enfants et les parents. Or,
malgré leur accord total avec la mission de la fondation Nocedal
d'éduquer les quartiers pauvres, il faut quand même les payer.
C'est pourquoi la fondation a, des le départ, mis en place un programme
de parrainage, par le biais de l'association d'amis de Nocedal. Les parrains
vivent tous en dehors de la commune de la Pintana, et trés souvent dans
les quartiers riches du Nord de la ville, Lo Barnachea, Las Condes ou
Vitacura.
Ce ne sont pas toujours des membres de l'Opus Dei, mais
beaucoup sont surnuméraires. Les autres sont des coopérateurs,
qui ne font pas partie de l'institution mais se joignent aux fidéles
dans ce projet éducatif. En général, il sont tous
catholiques, et ont pour but, charitable, d'aider à éduquer les
plus démunis.
Ainsi sur le site internet de la fondation Nocedal, un lien
direct permet de parrainer un enfant, ou de faire un don ponctuel à la
fondation. Le parrainage est fait pour installer un lien durable entre un
enfant et un parrain. Mais le parrain donne son argent à la fondation,
qui le redistribue à toute l'école, pas seulement à
l'éléve en question. Tout est mis en commun, et il n'y a pas de
favoritisme. Par contre, les enfants connaissent les parrains, du moins en
théorie, puisqu'ils les rencontrent aux kermesses, ou aux spectacles de
fin d'année organisés par les écoles.
A ces événements, les parrains sont
eux-mêmes encouragés à amener des amis, qui seraient
susceptibles de parrainer eux aussi, pour leur faire conna»tre les
écoles, les professeurs, et surtout les éléves, qui
montrent durant ces activités leurs plus belles performances.
Une fois par an est également organisé un
événement majeur pour la fondation Nocedal: la sanguchada. C'est
une soirée, à laquelle assistent le personnel de direction des
écoles, les membres de l'association d'amis, et les coopérateurs,
appelée ainsi car le menu gastronomique est uniquement composé de
sandwichs, pour optimiser les marges que réalise la fondation pour cette
soirée. Les places sont vendues 5 000 pesos (environ 7,5 euros) et elles
sont limitées à 120, pour permettre aux gens de se parler et de
se conna»tre, puisque le but est que ceux qui ne
connaissent pas encore la fondation et ses actions,
amenés par des coopérateurs, se laissent convaincre et entrent
dans ce système.
Les sanguchadas sont toujours un succès, car elles
entra»nent en général beaucoup de nouveaux dons. A la
sanguchada du 23 avril 2010, 120 personnes étaient présentes mais
pas un seul élève des écoles de la fondation, et seulement
quelques professeurs. Durant la soirée, les organisateurs ont
projeté divers films, celui de la kermesse, celui du spectacle de fin
d'année, mais aussi un film réalisé pendant la
construction de Nocedal, à l'arrivée dans la commune de La
Pintana, qui avait alors des apparences de bidonville. Des panneaux de photos
montrent l'état des lieux maintenant, les bâtiments neufs et
pimpants, les salles informatique, la salle d'électronique, la cantine,
avec au milieu de tout ca des portraits d'enfants souriant de toutes leurs
dents. Difficile de ne pas être convaincu de l'action de Nocedal.
Le personnel de direction des écoles s'emploie à
plein temps à parler aux inconnus, leur vantant les mérites de
leur établissement. Indéniablement, la méthode
fonctionne.
La fondation utilise également d'autres moyens pour
récolter de l'argent pour les écoles. La communication passe par
un magazine mensuel homonyme, qui expose les projets réalisés,
les résultats obtenus et les projets ou événements futurs,
avec force photos et témoignages positifs. Par ce biais
également, Nocedal fait de la communication sur les activités
qu'elle organise pour récolter des fonds. A la fin de l'année
2010 par exemple, est prévue une course de karting, à Lo
Barnachea, un des quartiers les plus riches, à l'opposé de La
Pintana sur la carte de Santiago. Cette course, à laquelle participe une
majorité de coopérateurs, est payante, et les
bénéfices en sont reversés à la fondation.
Même principe pour les courses à pied
organisées tous les ans depuis 2007. Elles ont également lieu
à Lo Barnachea, et coütent 4 000 pesos. Tous les
bénéfices sont encore une fois reversés à
Nocedal.
Alors que les parrains sont tous des gens étrangers au
quartier, dans les écoles de la fondation, les femmes de ménage
sont quasiment toujours des parents d'élève, coopératrices
de l'Îuvre. Les enfants doivent tout à l'Opus Dei, et le
reconnaissent. Ce sont finalement les riches qui paient une certaine
éducation aux pauvres, selon les normes et les valeurs qu'ils pensent
les bonnes.
A Fontanar, le but est semblable, bien que le système
soit différent. En effet, pas de parrainage ici, mais ce sont souvent
les familles surnuméraires elles-mêmes qui paient des cours de
spécialisation à leurs employées domestiques. Les
mercredis par
exemple, les Çnanas È inscrites recoivent un
cours du soir d'une heure. Pendant une demi heure, on leur donne une formation
spirituelle, et celles qui veulent recevoir les sacrements peuvent s'y
préparer, et le prêtre en charge peut les leur administrer. Dans
la deuxiéme moitié du cours, on leur enseigne des points
précis du soin domestique: repassage, ménage, voire gestion des
provisions. Le jeudi, le cours est spécialisé dans la cuisine.
Ces employées, qui bien souvent n'ont fait aucune études, sont en
grande majorité très volontaires, et veulent étudier, et
apprendre des choses. Seulement, ces cours les cantonnent à ce qu'elles
ont fait toute leur vie, en ajoutant des valeurs et des principes moraux
proprement catholiques qui ne sont pas obligatoirement les leurs, dans l'unique
but de rentrer dans le moule et d'être de parfaites employées pour
les membres de l'Opus Dei.
Dans le documentaire de Marcela Sa ·d, une des scenes
les plus polémiques est l'interview d'une de ces Çnanas È
en présence de la surnuméraire qui l'emploie. La Ç nana
È raconte que, ayant commencé à travailler dans cette
famille à 18 ans, juste aprés sa sortie de l'école, elle
avait envie de continuer à étudier. Mais, comme les enfants de la
maison étaient petits, la ma»tresse de maison, Carolina
Errázuriz, lui dit que dans quelques temps, elle pourrait reprendre les
études, quand elle aurait moins besoin d'aide pour les élever. Il
lui a donc fallu attendre, puis, quand Fontanar a mis en place ces cours de
spécialisation du mercredi, elle a pu commencer à y assister.
ÇEn plus d'apprendre à faire toutes ces bonnes choses, g%oteaux
etc, j'ai appris l'amour du travail bien fait, l'amour des autres, et l'amour
de Dieu. A faire les choses bien, et avec tendresse, pour les
autres62 È.
§ II - Une vision hiérarchisée de la
société
Selon les critiques, l'Opus Dei chercherait tout simplement
à former des employés de confiance, hommes et femmes qui seront
dociles et travailleurs, en respect des principes de San Josemar'a. Cette
politique d'éducation déployée dans les quartiers pauvres
répondrait aussi à l'inquiétude de la droite qui cherche
des moyens pour s'imposer dans ces milieux, et tout simplement l'appétit
prosélyte de l'Îuvre 63
à . Il
est bien sür certain que l'Îuvre recrute là
ces futures numéraires auxiliaires, mais également des
collaborateurs qui seront techniciens, électriciens, etc, et qui
pourront travailler toute leur vie avec acharnement dans les entreprises qui
ont pour PDG des
62 SAID, Marcela, documentaire précité
63 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
628
membres de l'organisation. Et ces mêmes hommes
d'affaires qui donnent leur argent à des institutions éducatives
de l'Opus Dei le font d'autant plus que selon eux, les employés
travaillent alors dans de meilleures dispositions, car ils savent qu'une partie
des revenus va à une Ïuvre de charité.
L'Îuvre développe par ailleurs une certaine
vision hiérarchique de la société. Après la sortie
de son documentaire, Marcela Sa ·d avait recu des courriels de la part
d'un numéraire chilien, Nicolás Ferrari, lui exposant ses
oppositions au travail réalisé, qu'il estimait partial et
malhonnête. Dans un de ces courriels, répondant à
l'accusation de paternalisme de Marcela, il écrit Ç Tu ne crois
pas à la sainteté, que nous pourrions peut-être tous
obtenir, tous ceux qui sont baptisés, comme l'a établi le Concile
Vatican II ? (...) Comment? A travers de l'apostolat que jour après jour
nous devons faire dans nos vies. (...)Si tout ca signifie que nous devons
adopter une attitude Ç paternaliste È, comme la mère se
comporte avec son enfant, ou comme le professeur se comporte
64
avec ses élèves, je le ferai alors avec beaucoup de
plaisir, ma chère Marcela . È
Nicolás Ferrari reconna»t donc qu'il existe une
hiérarchie dans la société, entre personnes
éclairées, touchées par la gr%oce de Dieu, qui savent que
l'Opus Dei est la bonne voie pour arriver à la sainteté, et le
reste des gens, toujours dans l'obscurité de l'ignorance, de laquelle il
faut les tirer par l'apostolat, jour après jour. Ce sont donc des
esprits encore fermés à Dieu, qu'il faut avant tout
éduquer, pour qu'ils puissent conna»tre ce bonheur. Pour Natalia
Izquierdo, numéraire, Ç Depuis que je suis entrée à
l'Opus Dei, je suis chaque jour plus heureuse, et j'espère que gr%oce
à mon influence, mes amis se rapprocheront de Dieu aussi65.
È Tous les numéraires prononcent ce genre de phrases typiques,
sorties tout droit de Ç Chemin È. Les numéraires
se pensent comme des anges sur Terre. Ils ont été appelés
par Dieu à former ce groupe restreint (plus de 70% des membres de l'Opus
Dei au Chili sont surnuméraires) qui guide sa vie selon les trois
Ç promesses È de pauvreté, d'obéissance et de
chasteté. Il n'y a pas de Ç vÏu È dans l'Îuvre.
Le mot est différent, mais le concept est le même.
Cependant, selon le Fondateur, personne ne doit
prétendre à une évolution de sa condition. Chacun est
né à sa place, selon le bon vouloir de Dieu, et chacun peut
accéder à la sainteté depuis la place qui lui est
attribuée, gr%oce au travail bien fait, qu'on offre à Dieu. Il
n'est pas nécessaire, donc, de chercher à élever sa
position.
Pourtant, force est de constater que, mis à part
quelques contre-exemples nécessaires pour la réputation de
l'institution, aucun numéraire ne vient d'un milieu
64 Voir annexe n° 8
65 Voir annexe n° 9
défavorisé, ni de quartiers
particulièrement pauvres de Santiago, par exemple. Au contraire, le
profil type du futur numéraire est un enfant ou adolescent de bonne
famille, intelligent et bien éduqué, chrétien, avec si
possible des parents possédant assez d'argent pour aider l'organisation
par des dons divers.
Katixa Gallegos habite avec sa famille à deux pas du
centre commercial Las Condes, dans un quartier très riche. La famille de
Coni Reyes vient, elle, de Concepci--n, et son père est directeur d'une
petite entreprise. Coni est venue à Santiago pour continuer ses
études dans une des plus prestigieuses universités,
66
l'Université catholique de Santiago .
Des profils parfaits pour l'Opus Dei, qui recrute beaucoup
chez les étudiants, de préférence ceux qui ont les
meilleurs résultats, et qui, par leur acharnement au travail, peuvent
servir l'organisation une fois dans la vie active.
Selon Marcela Sa ·d toutefois, le profil type des
membres numéraires de l'Opus Dei n'englobe pas les personnes les plus
intelligentes, mais les plus travailleuses, celles qui s'efforcent beaucoup
pour atteindre le même but qu'une personne qui a des facilités. De
plus, ce sont des gens plus fragiles, car les plus forts sont capables de
résister au bombardement affectif qui précède et suit de
près l'entrée d'un nouveau membre67.
L'Opus Dei est donc, pour ses membres, une organisation
d'élus, qui doivent sauver le monde depuis le haut de l'échelle,
car même s'ils ne l'avouent pas, tous ces membres se sentent bel et bien
supérieurs au reste des gens, touchés par la
Vérité. Comme le décrit la revue secrète de l'Opus
Dei, Cr--nica, l'institution est Ç le reste saint,
immaculé, de la véritable Eglise, fondée pour sauver
papauté 68
l'Eglise et la È.
L'Opus Dei, dit le Père Ringliet, Ç ne vise que
l'élite de la société, ce qui est inacceptable pour notre
université. (É) La quête de la perfection a quelque chose
de très orgueilleux et malsain69 È. En effet, l'Opus
Dei, s'articule à travers une structure hiérarchique ou
l'autorité du leader symbolise la figure paternelle et oü tous les
membres sont subordonnés, regroupés entre frères
spirituels. Comme la figure du Fondateur n'est plus visible, ce sont un certain
nombre de dirigeants, à différentes
échelles, qui représentent cette figure paternelle,
qui donne un sentiment de sécurité aux membres70
.
L'organisation emploie donc une forme de sélection
mystérieuse, qui sépare même ses membres en
différents groupes. La revue Cr--nica, et sa version
féminine, par exemple, sont accessibles seulement aux numéraires.
Même les surnuméraires ne peuvent pas les consulter.
Toute une hiérarchie règne en fait sur l'Opus
Dei, aussi bien au Chili que dans les autres pays, et l'organisation des
établissements éducatifs de l'OEuvre ne fait que la
refléter. Sous des dehors de générosité, Msg
Escriva de Balaguer entretient des divisions déjà existantes dans
la société, qui se retrouvent dans l'organisation, sous une forme
encore plus figée, puisque les changements de statut, entre
numéraires auxiliaires et numéraires ou surnuméraires sont
interdits.
Tout le travail que fait l'Opus Dei dans le champ de
l'éducation est en grande partie lié au besoin intrinsèque
à toute organisation de se conserver elle-même, et de se
reproduire. Le but est donc de convaincre de nouveaux membres et de former tous
les individus qui composent l'OEuvre, dans un constant souci d'apostolat, pour
maintenir l'institution et lui permettre de grandir. Pourtant, l'institution
travaille, depuis son origine, à répandre ses valeurs et ses
préceptes dans la société entière. Dans les
établissements éducatifs de l'OEuvre, le public est loin
d'être exclusivement composé de membres ou de futurs membres, mais
le message que véhicule l'institution ne leur est pas
réservé. L'Opus Dei tente au contraire de l'étendre
à la plus large part possible de la société, par tous les
biais possibles.
Partie II - Former la société à la
manière de San José Maria
L'Opus Dei, contrairement à d'autres groupes religieux
minoritaires, n'a pas pour but de convertir le plus de personnes possible.
Comme nous l'avons vu, c'est un mouvement élitiste, dans lequel les
fidèles sont choisis, plus qu'ils ne choisissent
70 LUIS MOYANO, Antonio, ouvrage précité, p 49.
dÕintégrer lÕinstitution. Cependant,
lÕÎuvre a toujours eu, depuis sa creation, une doctrine
apostolique, au sens large du terme, de propagation dÕun système
de valeurs, qui est sa vraie raison d'être. Autrement dit, peu de
personnes deviendront finalement membres, mais toute la société
doit etre touchée par les valeurs de lÕOpus Dei, et ce, par le
biais de lÕéducation. CÕest pourquoi tous les efforts
portent vers lÕextension des activités éducatives
réalisées et la diffusion des valeurs dans tous les milieux de la
société, et dans tout le pays.
Chapitre I - L'extension des activités de l'Opus
Dei à tous les milieux éducatifs, et tous les publics
LÕOpus Dei a développé une strategie
dÕéducation qui fut très tTMt, la plus large possible. Non
seulement au Chili mais dans dÕautres pays, lÕorganisation a su
sÕimplanter dans différents secteurs éducatifs, et pas
seulement ceux qui lÕintéressaient pour ses activités
dÕapostolat. LÕinstitution met tout en Ïuvre pour etre
présente dans lÕéducation de la société,
à tous les %oges, et dans toutes les formations possibles. Depuis
lÕenfance jusquÕà la vieillesse, lÕÎuvre
transmet une formation chrétienne conforme aux valeurs de San Josemar'a.
Le but est dÕinfluencer la société entière, sans se
cantonner aux secteurs les plus favorisés qui forment la majorité
du public de lÕorganisation.
Section I - S'imposer dans toutes les branches de
l'éducation
Les écoles techniques, par exemple, ne sont pas a
priori des terrains de recrutement de lÕÎuvre, mais sont un bon
moyen pour diffuser les valeurs de lÕinstitution dans dÕautres
categories de la population, et à lÕextérieur de Santiago.
De même que lÕuniversité Los Andes, un veritable relais
dÕinfluence de la population, qui a su acquérir beaucoup
dÕimportance dans tout le pays.
§ I - Les écoles techniques
On a pu lire dans tous les journaux nationaux, il y a quelques
mois, que les élèves de lÕécole agricole Las Garzas
ont construit, en juin, six logements temporaires destinés à des
familles à faibles revenus de la commune de Chimbarongo, laissés
sans domicile par le tremblement de terre qui a affecté le Chili dans la
nuit du 27 février
2010. C'est avec beaucoup d'enthousiasme qu'ils ont, avec
leurs professeurs, mené à bien ces constructions, dans le cadre
du programme Ç Reconstruire le Chili È, qui canalise les dons
financiers aux victimes de la catastrophe. Selon le directeur de l'école
Las Garzas, Marcelo Silva, ce fut Ç une opportunité unique de
renforcer la formation de valeur des élèves 71 È
Cette école technique a été construite
sur un terrain de 20 hectares à 150 km au Sud de Santiago, dans la
commune de Chimbarongo, dans la région O'higgins. Elle est construite
dans un milieu rural, sur un domaine nommé San Juan de la Sierra, qui
compte un parc d'eucalyptus, de pins et autres arbres autochtones centenaires,
et 4000 m2 d'édifices de briques rouges, entourés de jardins avec
une belle pelouse fleurie et bien entretenue, comme tous les bâtiments
qui appartiennent à Dei 72
l'Opus . En plus
des dortoirs, il y a des salles communes et des salles
d'étude, une laiterie, une salle informatique, une bibliothéque
moderne, un amphithéâtre, des terrains de sport, mais aussi une
résidence de numéraires masculins, et une maison isolée
pour l'équipe administrative. Le nom, Las Garzas, a été
donné en raison des hérons (Ç garzas È) qui nichent
dans le parc.
L'école a été crée en 1963,
seulement treize ans aprés le début du labeur apostolique au
Chili, quand les bases de l'Opus Dei étaient encore assez fragiles dans
le pays. Un groupe de numéraires et surnuméraires formule donc ce
projet, qui vise à former les paysans chiliens, pour leur permettre une
promotion technique et sociale, dans un pays dans lequel les études
supérieures sont toujours le privilege d'une minorité
possédante. C'est l'agriculteur Fernando Silva qui fait donation des
maisons patronales et du parc, à partir desquels l'école s'est
ensuite agrandie, en acquérant des terres et en construisant de
nouvelles installations. Ce sont les architectes Alliende, Guridi et Rodriguez
qui dirigent la construction, comme pour beaucoup d'autres
établissements de l'Opus Dei. Il ne reste maintenant plus qu'une petite
partie de la vieille maison, car le reste s'est effondré. Las Garzas
appartient à la Fondation Chilienne pour la Culture, dont nous avons
parlé plus haut, qui appartient également à l'Opus Dei.
C'est la fondation qui paye les salaires des professeurs et de l'équipe
administrative, alors que le financement de l'école agricole
dépend des subventions de l'Etat, des fonds apportés par
l'association d'amis et d'entreprises de l'école, mais aussi de
l'exploitation de la laiterie, et des vignes. Les donations privées
représentent environ 30% du total du budget de
l'établissement.
71
Ç Alumnos de las Garzas ayudan a familias afectadas por el
terremoto È, Diario VI region, 2 juillet 2010.
72 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
510
La bibliothèque et les salles contigu`s ont
été construites grâce à un projet du
ministère de l'éducation: le projet Montegrande a ainsi
départagé 300 écoles municipales subventionnées,
qui avaient postulé à l'aide en élaborant un projet de
développement pédagogique. Cinquante et un établissements
ont ensuite été sélectionnés, dont Las Garzas, dont
le projet comprenait une réforme des plans d'études, une
formation particulièrement poussée pour les professeurs, et la
bibliothèque.
A Las Garzas, un enseignement technique dans le domaine
agricole est donc donné aux étudiants de 11 à 16 ans, et
l'Opus Dei, une fois encore, prend en charge la formation morale et religieuse
des élèves. D'ailleurs, San Josemar'a a, selon les dires de la
fondation qui s'occupe de l'école, suivi de près sa
création et son développement. L'école agraire a
été crée suite à ses encouragements, et en juin
1974, lors de sa visite au Chili, le Père Fondateur a rencontré
certains de ses enseignants, et les a félicité pour leur travail
de formation des jeunes, grâce à leur connaissance, leur
affection, leur patience et surtout leur piété.
L'école est exclusivement masculine. Tous les
élèves sont des hommes, ainsi que les professeurs et
l'équipe de direction. Seul un petit groupe de femmes, des
numéraires auxiliaires, s'occupe de l'entretien des locaux et de la
cuisine, mais elles restent en général invisibles, travaillant
selon des horaires fixés avec précision pour que personne ne les
rencontre.
La première année, l'école ne put
accueillir qu'une promotion de 13 élèves, car elle manquait
cruellement de personnel. Maintenant, elle a atteint une capacité de 160
élèves, dont 90 en internat. On encourage fortement les
élèves à rester à l'internat, construit en 1967,
pendant leur formation, car il est plus facile pour le personnel
pédagogique de leur donner des habitudes de travail et de comportement
qu'ils désirent. Depuis quelques années cela dit, l'internat
atteint sa capacité maximale tous les ans, et certains enfants ne
peuvent y rester.
Actuellement, 25 professeurs enseignent à Las Garzas.
Ceux qui enseignent des matières techniques sont des techniciens
agricoles ou des ingénieurs agronomes, parfois eux-mêmes
diplTMmés de Las Garzas. Selon le directeur, seuls huit d'entre
eux appartiennent à l'Opus Dei. Le rythme de travail et
d'études est intense. Il comprend les tâches propres à une
école de ce style, mais les élèves suivent aussi une
intense formation de l'Opus Dei: la journée commence très tTMt,
et avant les cours, les élèves doivent faire leur lit, laver et
ranger leur dortoir, et ont une heure consacrée au travail personnel.
Après, ils déjeunent, puis la moitié des
élèves ont des cours théoriques de
mathématiques, espagnol, biologie, histoire, anglais,
musique et de sport, pendant que l'autre moitié suit les cours pratiques
de soin de la vigne, d'entretien des champs ou de la laiterie.
L'après-midi, chaque groupe fait ce que l'autre a fait le matin.
Toute la formation de Las Garzas est basée sur un
principe: apprendre en faisant. En effet, les élèves sont
encouragés à prendre de plus en plus de responsabilités
dans les travaux de production, pour finir, durant la dernière
année du cursus, par diriger, aidé par un professeur tuteur, une
section complète de la production, par exemple la laiterie, ou
l'élevage des veaux. L'élève de dernière
année est donc responsable, et a sous ses ordres les
élèves des années suivantes, encore en apprentissage. Ce
système a été installé par Héctor Lizana,
ancien élève maintenant professeur et chef de la laiterie de son
ancienne école.
Les élèves apprennent le métier dans des
champs d'activité très différents: du vignoble à
l'usine d'aliments concentrés, en passant par un atelier de
mécanique agricole et un laboratoire d'analyse, les professeurs tentent
de former leurs élèves de manière très
complète. Les deux premières années du cursus portent sur
des connaissances plutôt humanistes et scientifiques, alors que les deux
années suivantes sont plus techniques.
Outre les cours, les élèves participent à
des activités extrascolaires, pour leur formation ou pour leurs loisirs.
Par exemple, en 2001, un groupe de dix élèves et leur professeur
ont effectué des travaux de jardinage et de manutention dans
l'école Santa Eugenia, de Chimbarongo. Ils rendent aussi visite à
des familles défavorisées des alentours, et effectuent d'autres
activités de bénévolat, très encouragées par
l'Opus Dei. Des championnats sportifs sont également organisés
dans diverses spécialités.
Avec le temps, Las Garzas a souvent innové dans
l'enseignement des techniques agricoles, en acquérant un matériel
technologique et audiovisuel moderne, visant deux objectifs : obtenir une plus
grande autonomie dans l'apprentissage pour que les élèves
développent leur propre capacité d'accès à
l'information, et également afin que les enseignants améliorent
leurs méthodes à l'aide des nouvelles technologies.
Des cours de religion sont également au programme: ils
sont obligatoires, contrairement à la messe, à 7h30 tous les
matins, dans la chapelle de l'école, très bien
décorée, et qui comporte une illumination de San Josemar'a et la
croix de bois noir sans crucifix qui représente l'Opus Dei. Les
élèves peuvent également assister à des
débats et conférences sur les valeurs religieuses, mais comme
pour la messe, ils n'y sont pas obligés. Pour intégrer
l'école, les enfants ne sont d'ailleurs pas tenus d'être
catholiques. La diversité de culte est
respectée, comme dans tous les établissements éducatifs de
l'Îuvre.
L'examen d'entrée peut se faire à 11, 12, 13 ou
14 ans, mais pas aprés, car tous les éléves doivent passer
au moins deux ans à Las Garzas pour obtenir le diplôme. Chaque
éléve doit pour candidater, se soumettre à un examen de
mathématiques et d'expression verbale, mais l'attitude des parents
durant l'entrevue avec le directeur de l'établissement est fondamentale.
Ils doivent s'engager à collaborer avec l'école dans
l'éducation de leurs enfants, donc apprendre à conna»tre
l'école et suivre certaines activités formatives qu'elle dispense
pour les parents d'éléves, dont un cours d'orientation
familiale.
Le style propre à l'Opus Dei se manifeste dans le
résultat final: les employeurs apprécient en
général la formation intégrale de la personne que les
éléves recoivent, car ils sont responsables, sérieux,
honnêtes. Le fait qu'il y ait constamment un groupe de membres de
l'Îuvre avec les éléves marque la différence. Selon
eux, l'école est trés différente des établissements
qui ont des horaires rigides, avec des professeurs qui arrivent à une
heure précise et repartent des leurjournée finie. A Las Garzas,
le contact avec les éléves est permanent, et même le
week-end, les éléves et les professeurs se relaient pour
s'occuper de la laiterie.
Le contact d'ailleurs, est étroit avec les entreprises
agricoles des environs. De la création de l'école à
l'année 2008, 891 techniciens agricoles ont recu leur diplôme
à Las Garzas, et l'école fait en sorte de maintenir des liens
trés suivis avec les anciens éléves. Cela permet de
générer l'existence de sympathisants chez les enfants de paysans
éduqués comme techniciens agricoles, et chez leurs parents.
A Las Garzas, tous les ans est organisée une
journée des anciens éléves, durant laquelle le public suit
des cours d'approfondissements sur des points techniques, mais aussi et
simultanément des cours sur les vertus humaines, donnés par des
membres de l'Îuvre. Toute l'année, on envoie à tous les
anciens éléves une petite revue pour les tenir au courant des
nouvelles relatives à la vie de l'école, et aux résultats
obtenus dans les différents secteurs d'activités. Beaucoup
d'entre eux, d'ailleurs, travaillent par la suite quelques années
à l'école, parfois de maniére saisonniére, la
majorité dans les vignes et les caves à vin.
Les éléves, sortant de l`école avec un
diplôme de technicien agricole, sont souvent embauchés par des
entreprises agricoles de la zone, bien que certains soient appelés
à travailler dans d'autres régions, voire même à
l'étranger, par exemple dans le vin. L'association d'anciens
éléves, trés active, regroupe environ 600
diplômés et les
tient au courant des offres de travail, trés bien
actualisées. Toutes ces productions contribuent au financement de
l'établissement. La laiterie, les vignes et le laboratoire d'analyse
sont les trois principales sources de revenus. Deux cent cinquante vaches sont
soignées en permanence par vingt ouvriers à la laiterie, mais les
résultats ne couvrent pas ces derniéres années, les
coüts d'entretien, et elle fonctionne au ralenti, tandis que plus de la
moitié des laiteries du secteur ont dü fermer.
Les vignes et le laboratoire fonctionnent beaucoup mieux. Le
laboratoire vend ses analyses d'eaux, de sols, et de capacité nutritive
des aliments, tout en servant d'apprentissage aux éléves.
L'école agricole Las Garzas est donc une
réussite en tous points de vue. Non seulement elle s'autofinance, pour u
ne grande partie du budget, mais surtout, elle peut diffuser les valeurs de
l'Opus Dei dans une région moins accessible à l'apostolat, car
elle ne compte pas d'autres activités éducatives, et car les
habitants, en général travailleurs du secteur primaire, n'ont pas
le profil recherché par l'Îuvre pour ses futurs membres.
L'intérêt est ici d'influencer la société en
général, et de provoquer la sympathie des gens pour
l'organisation.
§ II - Carrières et instituts à
l'université Los Andes
A l'université Los Andes, les cursus ont
été tellement diversifiés depuis sa création que la
grande majorité des étudiants y trouvent leur bonheur. L'ensemble
est en général bien positionné dans les classements
nationaux et dans les entreprises, ces diplômes sont
généralement très reconnus.
Selon San Josemar'a Escriva de Balaguer, l'université
est l'école de la responsabilité pour les jeunes. Ils y
découvrent les exigences des devoirs de chacun dans la vie. En effet, on
demande à l'universitaire qu'il soit responsable de ses actes, et
conscient de l'exigence de bons résultats de l'Université,
justement car celle-ci doit former des personnes capables de s'engager dans la
résolution des problémes de la société, grâce
à une bonne préparation professionnelle73.
Selon le fondateur de l'Opus Dei, le Christ s'est donné
pour chacun de nous, et chacun doit se sentir personnellement concerné
par la tâche de sa propre sainteté et de la construction du monde,
qu'ils ont recu comme héritiers de Dieu. On apprend l'individualisme aux
étudi ants, qui font en général, en sortant de leur
cursus, de trés
73 IBANEZ-MARTIN, José Antonio, Ç La formation
sociale et civique à l'université selon le fondateur de l'Opus
Dei È, Promesa Centenario 5, 2002, p 11.
bonnes carriéres d'hommes d'affaire. La
responsabilité de tous est donc mise en jeu, y compris celle des
professeurs, qui ne pourraient pas, par exemple, assister à une
conférence en abandonnant un cours prévu avec leurs
éléves. De même, les retards sont inacceptables, de la part
des professeurs comme des éléves. Les cours commencent à
l'heure à l'université Los Andes, et finissent à l'heure
également, réglés
74
par une puissante sonnerie, qui réson ne dans tous les
bâtiments .
Il y a en ce moment plus de 3 000 étudiants à
l'université Los Andes, et environ 770 professeurs. De tous les
éléves, environ 10% sont boursiers, car l`université a une
des activités de recherche les plus importantes du pays, et postule
à de nombreux fonds étatiques. La première carriére
inaugurée fut celle de droit, comme dans toutes les universités
les plus importantes du Chili (l'université du Chili,
l'université Catholique, l'université de Concepci--n), comme
à l'université de Navarre, construite par l'Opus Dei quelques
années avant.
En 1991, les carriéres de médecine et de
philosophie ont été ouvertes, suivies par celles de marketing,
pédagogie et journalisme. Ce sont des choix stratégiques: la
médecine, le droit, le journalisme et le marketing sont quatre des
carriéres les plus recherchées du Chili, et beaucoup de jeunes
font le choix de les suivre, dans l'espoir d'obtenir un diplôme et un
emploi stable et reconnu. La philosophie et la pédagogie sont des
carriéres dont les enseignements peuvent être trés
facilement influencés par les valeurs chrétiennes de
l'organisation religieuse, et il est trés important pour l'Opus Dei de
former de futurs psychologues particuliers, ou d'entreprise, selon ces valeurs,
qui changent complétement leur maniére d'exercer leur
métier. Dans la carriére de pédagogie, le but est encore
plus évident. L'Université Los Andes est en train de former de
maniére catholique les futurs professeurs de la Nation. En 2009, la
carriére de pédagogie de l'Université Los Andes
était classée en seconde position derrière celle de
l'Université Catholique de Santiago. Cette derniére propose un
cursus d'un an seulement, relativement bon marché, puisque
l'université est publique, et extrêmement demandée. Chaque
année, plusieurs centaines de candidatures sont refusées.
L'Université Los Andes, de son côté, propose un cursus de
deux ans, beaucoup plus cher (5 000 euros par an) et de trés bon niveau,
selon le classement. Par conséquent, beaucoup d'étudiants,
refusés à l'Université Catholique, demandent à
entrer à Los Andes, pour suivre des cours du meilleur niveau possible,
et trouver plus facilement du travail ensuite. Comme nous l'avons dit plus
haut, au Chili, le systéme est privé : les
74 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
589
professeurs déposent eux-mêmes leurs candidatures
dans les établissements scolaires et sont nommés par
l'établissement lui-même.
C'est exactement ce qu'a choisi de faire Consuelo Lopez, ayant
terminé son cursus d'art à l'Université Andrés
Bello, une des meilleures universités privées, selon les
classements nationaux. Sa candidature n'a pas été retenue
à l'université Catholique, et, bien que non-croyante, elle n'a
pas hésité à entrer à Los Andes, pour le bien de
son vitae 75
curriculum .
L'Opus Dei est donc en train de former un grand nombre de
futurs professeurs, qui seront amenés eux -mêmes à relayer
leurs connaissances aux enfants, et, inévitablement, leurs valeurs.
Déjà pendant leur année d'études en
pédagogie, les étudiants sont assistants à temps partiel
d'un professeur de collège, dans la matière qu'ils vont
enseigner. Les collèges qui établissent ce genre d'accords sont
bien évidemment au courant de la nature confessionnelle de
l'université, et sont tous des collèges catholiques, ou
appartenant à des congrégations chrétiennes diverses.
Consuelo, elle, a fait son stage au collège Tabancura, de l'Opus Dei,
non par choix, mais parce que les places sont limitées et qu'il ne
restait pas d'autres options. Elle est donc, durant son stage comme durant les
cours, exposée aux mêmes valeurs, celles de l'Îuvre.
Il existe maintenant six facultés et cinq écoles
et instituts à l'université. Les carrières se sont
beaucoup diversifiées, et on compte maintenant 30 cursus de licence,
mais certaines restent impossibles à créer sous l'égide de
l'Opus Dei. Selon Marcela Sa ·d, l'université a tenté de
créer une école de cinéma il y a quelques années.
Elle a contacté tous les cinéastes du pays, pour leur proposer un
poste de professeur, mais ils ont tous refusé de travailler
là-bas, car il était évident que l'art y serait contraint.
Selon Marcela, les artistes ont besoin d'une totale liberté d'expression
pour créer. L'université a donc crée une école de
scenario et a fait envoyer un numéraire étudier en Italie pour
qu'il puisse dispenser des cours à los Andes par la suite. La
créativité ne fonctionne pas sous la contrainte76.
Parfois, les buts de l'institution
ne sont pas atteints. A l'époque de la création
de l'université de Navarre, Msg Josemar'a prit conscience que la
faiblesse de l'Opus Dei résidait dans la communication. Il a donc
crée en complément de l'université une très bonne
école de communication à Pamplone, en Espagne, pour former leurs
propres journalistes. Cette stratégie a parfaitement fonctionné,
et maintenant, les sites internet,
75 Voir annexe n°5
76 Voir annexe n° 2
revues et autres publications de l'organisation sont
parfaitement bien élaborées et sont un atout en plus pour
recruter des membres et relayer les valeurs de l'Îuvre.
Les accords de coopération, eux, fonctionnent toujours
entre toutes les universités de l'institution. Des sa créatio n,
l'université Los Andes a signé immédiatement deux larges
accords de coopération, l'un avec l'Université Catholique de
Santiago, et l'autre avec l'Université de Navarre,
représentée au Chili par le numéraire chilien Gonzalo
Rojas Snchez, farouche défenseur du Général
Pinochet,
77
diplômé de l'Université Navarre
de .
L'université déploie une intense
activité, notamment au travers de plusieurs grands séminaires
organisés au Chili, l'un en 1991, sur le theme Çl'entreprise et
l'humanisme È, et l'autre sur le theme Ç le divorce face au droit
È, deux ans plus tard. Certaines sections de l'université ont
été crées seulement pour les filles: ce sont les
carriéres d'infirmiére, d'administration et de services: ces
carriéres préparent les étudiants pour des services
basiques (ménage, cuisine, nutrition, service aux clients) et rappellent
un peu les cours dispensés à Fontanar, même si, à
l'université, les cours sont destinés à un public issu de
milieux plus favorisés.
Cette carriére a recu un trés bon accueil dans
le monde de l'entreprise, car le secteur tertiaire augmente chaque jour. Ce
sont des carrières multifonctionnelles : elles peuvent déboucher
sur un travail dans les hôpitaux, les lignes aériennes, les
hôtels, les banques, ou encore les entreprises d'alimentation. Selon
l'université, ces carriéres sont réservées aux
femmes car elles auraient des aptitudes spéciales dans ce genre de
travail.
Dans la même ligne d'action, un institut de la famille a
été crée plus récemment: les étudiants, en
général des professionnels qui veulent renforcer leur
connaissance dans le milieu de la famille, y suivent un diplôme de trois
semestres en cours du soir. Parmi les étudiants, on trouve des avocats,
des infirmiéres, des pédagogues, ou encore des
psychologues78.
A la faculté de médecine, beaucoup de
spécialités sont proposées, parmi lesquelles la chirurgie,
l'obstétrique ou la pédiatrie, et les éléves font
leurs stages à l'hôpital de San Bernardo, qui appartient
également à l'Opus Dei, en attendant la construction de la
nouvelle clinique prés de l'université.
L'université a par ailleurs réussi à
trouver un écho international gr%oce aux efforts réalisés,
et à l'investissement de nombreux membres de l'Ïuvre. Elle est
devenue un
77 ESCOBAR, Jaime, Ç Situation de l'église au Chili
È, Dial n°2567, 16 juin 2002
78 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
613
centre majeur de recherche et de divulgation des analyses,
mais aussi de congrés, et de rencontres au travers desquelles les
membres de l'Opus Dei peuvent augmenter leur influence sur la
société, et relayer leurs valeurs, trouvant un écho chez
des représentants des entreprises.
Deux bâtiments d'une grande importance ont par ailleurs
été inaugurés en 2009: l'ESE et l'édifice de
l'horloge. L'ESE est l'école d'études supérieures de
l'entreprise, dirigée vers le perfectionnement professionnel,
inspiré par le modéle des écoles de commerce nord
américaines. Le cursus en soi a commencé à fonctionner en
1999. En général, les étudiants sont des hommes
d'affaires, ou des professionnels jeunes qui ont une expérience
d'environ trois ou quatre ans dans le monde du travail. Le surnuméraire
argentin Alberto Lopez-Hermida en est le directeur, en plus d'assumer la charge
de président de la fondation Alborada.
Le but de l'école est de donner aux dirigeants une
dimension chrétienne, d'éthique et de responsabilité
entrepreneuriale, mais l'école a également des liens trés
étroits avec les entreprises, car son objectif est avant tout de
favoriser l'insertion de ses éléments dans le monde des affaires
chilien et international. L'ESE doit permettre à l'élite
chilienne entrepreneuriale l'accés à une position qui pourrait
par la suite aider
79
l'université ou plus généralement
l'organisation, par le biais de dons, par exemple .
On peut en effet parler de ducs, comtes et marquis de l'empire
de l'Opus Dei. Effectivement, on retrouve toujours les mêmes noms dans
toutes les organisations éducatives, mais aussi dans toutes les
entreprises liées à l'Îuvre. Ce sont des familles de
renommée nationale, les Ibañez, les Larra'n, les Monckeberg, qui
donnent beaucoup d'argent à l'université, comme par exemple
Fernando Larra'n Peña, homme d'affaires, actionnaire à la BHC, la
banque hypothécaire du Chili.
L'Université des Andes, et derrière elle, tous
les membres de l'Opus Dei au Chili, ont donc, depuis les années 1990,
redoublé leurs efforts pour faire de leurs étudiants des
professionnels achevés, avec des liens établis dans le milieu
entrepreneurial, et des compétences reconnues par tous. La
maniére dont les matiéres sont enseignées est bien
évidemment particuliérement importante. Même si dans
certaines disciplines, la différence entre un enseignement c lassique et
un enseignement de l'Opus Dei ne peut être trés grande,
inconsciemment, les étudiants évoluent dans un milieu qui est
confessionnel, et qui respecte les enseignements de Msg Josemar'a.
79 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
615
A lÕécole Las Garzas comme à
lÕuniversité, lÕinfluence est bel et bien là, et
les valeurs sont transmises, quoi quÕil arrive, à
lÕensemble des élèves de ces établissements. Non
seulement à travers les cours de religion, qui ne sont pas toujours
obligatoires, mais dans le ton general des cours et dans le comportement du
personnel éducatif.
Section II - Un guide à travers tous les %oges de la
vie
LÕOpus dei est une organisation tentaculaire. Bien plus
quÕune institution de lÕEglise catholique, cÕest un
organisme appelé à attirer toujours plus de fidèles, car
il cherche à guider le maximum de personnes, tout au long de leur vie.
QuÕelles soient ou non membres de lÕÎuvre, elles sont
encadrées par des valeurs qui sont propres à lÕOpus Dei.
CÕest une manière de faire, une marque de fabrique, pourrait-on
dire, de laquelle lÕÎuvre signe son action chez les enfants comme
chez les adultes.
§ I - Les activites et clubs pour enfants
Les enfants et adolescents sont évidemment le public
favori de lÕorganisation. Plus facilement influengables, sensibles au
comportement des adultes qui les entourent et pour qui ils ont du respect, ils
sont prioritaires pour lÕOpus Dei.
Les clubs pour enfants sont des lieux
privilégiés de conditionnement progressif, et même si les
jeunes ne finissent pas toujours par demander leur integration, les valeurs
quÕon leur enseigne laissent souvent des traces jusque dans
lÕ%oge adulte.
Comme nous lÕavons dit plus haut,
lÕintégration nÕest pas forcément le but
recherché. Il est très profitable à lÕOpus Dei
dÕavoir un groupe de sympathisants, autant dans les quartiers riches que
pauvres, et repartis dans le pays, qui prennent la defense de
lÕorganisation sans en faire partie. En effet, lÕÎuvre
regoit beaucoup dÕattaques. Ne pas même avoir à y repondre
quand dÕautres sÕen chargent est très appreciable, et plus
lÕOpus Dei forme de jeunes selon ses idées, moins
lÕinstitution catholique aura à subir de critiques.
CÕest pourquoi lÕaccent est mis sur
lÕapostolat dans ces clubs de jeunesse, particulièrement dans les
écoles privées evidemment, mais pas seulement. Dans les quartiers
riches de Santiago, les membres de lÕOpus Dei font fréquemment du
porte à porte pour inviter les enfants des bonnes familles à
assister à des cours de musique, de sport, etc. Les arguments sont
toujours les mêmes : les enfants sÕamuseront bien plus
le mercredi après-midi entourés de trente autres
camarades qu'entre frères et sÏurs. Les parents pourront
tranquillement se reposer ou vaquer à d'autres occupations. Les
activités sont ludiques, très diverses, et encouragent la
mémoire, la dextérité et l'intelligence. Ces séries
d'arguments amènent souvent les parents à visiter le club, et
à assister à quelques activités.
D'autres fois, ce sont les enfants eux-mêmes qui
recoivent l'invitation de la part d'amis de leur quartier ou de leur
école, de la mère ou du père de tel ami, etc. De toutes
ces activités, aucune ne mélange les garcons et les filles.
La plupart du temps, les membres de l'Opus Dei ne diront pas
que le club appartient à l'organisation, et dans les faits, il ne leur
appartient pas. Tous ces clubs sont des Ïuvres corporatives de l'Opus Dei.
Cela veut dire qu'ils sont crées par des fidèles de
l'organisation, parfois avec d'autres personnes, mais sont garantis moralement
par la prélature de l'Opus Dei. Cela ne veut pas dire que le club soit
officiellement catholique. Ce sont donc des associations
séculières et la ·ques, mais dont la formation
chrétienne et l'attention pastorale est de la responsabilité de
l'Îuvre, selon le désir de ses fondateurs. L'accord du club avec
la prélature de l'Opus Dei ne modifie en rien sa nature civile, c'est
à dire que la responsabilité pleine de sa gestion et de sa
direction incombe à ses créateurs, personnes ou entités
civiles.
Gr%oce à cet état des choses, non seulement
l'Opus Dei para»t ne rien posséder en propre, et s'applique
à démentir sa réputation d'organisation riche et
possédante, mais surtout les clubs peuvent porter un nom totalement
abstrait, et masquer ainsi leur véritable appartenance. Au Chili, ces
clubs portent souvent des noms qui rappellent la nature, comme Ç
Aillahue È (réunion des chefs indiens), Ç Vidalai È
(un mot du Mapudungun, le langage Mapuche), ou Ç Tajamares È (qui
désigne les piliers d'un pont). Quand des membres de l'Opus Dei entrent
en contact avec les parents, ils ne soulignent pas, en général,
que l'Îuvre prend en charge l'éducation spirituelle des enfants,
et c'est donc dans l'anonymat le plus complet que l'organisation entame son
travail d'apostolat.
En effet, le premier contact ravit en général le
nouvel arrivant. Il ressent la sensation d'entrer dans un monde absolument
merveilleux, plein de gens sympathiques et attentionnés, souriants et
heureux. Le club a alors des apparences d'»le de bonheur au milieu de la
tempête, ou règne l'amour et la fraternité la plus
sincère.
Les anciens du club ou de l'association déploient une
amabilité pseudo familière, et le nouveau venu est entouré
de toutes les attentions. Cela vaut pour l'enfant, mais aussi pour le parent
qui l'accompagne et vient le chercher, accueilli comme un prince
par le personnel de l'association, qui le reconna»t
immédiatement, se rappelle de son nom et sait exactement lequel des
enfants est le sien. Il aura également un mot gentil a propos de
l'enfant, que ce soit pour apprécier sa vivacité d'esprit, sa
sagesse ou son habileté a tel ou tel jeu. Pendant les premières
semaines qui suivent l'entrée de l'enfant dans le club, ses parents et
lui-même seront le centre de toute l'attention.
Rapidement, un lien émotionnel s'établira entre
l'enfant et le reste de son groupe, non seulement avec ses camarades, mais
aussi avec le personnel adulte de l'association, qui prend toujours un soin
particulier a désigner un des adultes, toujours celui avec lequel
l'enfant s'est senti le plus a l'aise instinctivement, comme conseiller
personnel. L'adulte devient ainsi un confident, et petit a petit, un guide.
En effet, au lieu de donner l'exemple et de laisser les gens
s'intéresser seuls a l'institution catholique, les membres de l'Opus Dei
prennent les choses en main: on leur apprend différentes techniques de
psycho manipulation pour amener un maximum de personnes a découvrir leur
vocation a entrer dans l'organisation. Cela commence dès l'enfance, et
les jeunes exposés a ces enseignements finissent souvent par adopter la
spiritualité de l'Opus Dei, parfois sans intégrer l'Ïuvre,
mais en appliquant ces principes et valeurs80.
Dans ces clubs, les enfants ont toujours le choix d'assister
ou pas a des petites conférences hebdomadaires. En général
cependant, le mouvement de groupe fait que tous choisissent d'y assister,
puisque rien n'est prévu dans le déroulement de la journée
pour remplacer ce moment de réflexion spirituelle. La conférence
est faite par un prêtre, et porte sur une valeur humaine, et
chrétienne. Pour les plus petits, elle ne dépasse pas 15 minutes,
pour ne pas ennuyer les enfants, et le prêtre fait jouer l'interaction, a
l'aide de questions, ou de mini débats, selon leur âge. Parfois,
les conférences sont données sous forme de pièce de
théâtre, pour mieux retenir l'attention des enfants. En assistant
a une de ces conférences, avec des fillettes de 8 ans approximativement,
on se retrouve soi-même tenté d'acquiescer a tout ce que dit le
prêtre, grâce au ton employé, a la vivacité de ses
propos, et a son sourire d'encouragement chaque fois qu'un des enfants
s'exprime.
Ce sont bel et bien des professionnels qui prennent en main
les enfants dès la porte du club, et qui leur relaient leurs valeurs,
par le biais d'activités toujours ludiques. Tous les enfants, même
totalement étrangers a l'Îuvre ressortent enchantés de
leurs activités du mercredi après -midi.
80 DEVOS, Bruno, Ç La face cachée de l'Opus Dei :
documents secrets, des vérités qui dérangent È,
Presses de France, 2009, p 102.
§ II - Un encadrement personnalisé de la
personne
Entourer l'éléve, l'encadrer dans sa progression
dans la vie, telle est la mission que se donne l'Opus Dei, dans toutes ses
institutions éducatives. Une des qualités majeures de ces
établissements, en général reconnue par tous, est sa
maniére d'intégrer chaque éléve à un Tout,
et de lui faire sentir qu'il n'est pas seul, qu'on sait qui il est etce dontila
besoin.
Pour l'université, par exemple, Msg Escriva de Balaguer
a élaboré sa propre théorie81, concernant les
devoirs sociaux et civiques du citoyen, qui se forment durant les
études. A l'université donc, les étudiants doivent
apprendre, gr%oce à l'encadrement personnalisé des professeurs et
de tout le personnel de l'établissement, l'art de savoir vivre en
communauté. Les devoirs du citoyen, en effet, commencent, selon San
Josemar'a, par la promotion d'un échange social confiant entre les
éléves et les professeurs, et entre les éléves
entre eux. Il n'y a pas de communauté si les gens ne peuvent pas se
parler, par manque de confiance, ou par différence de centres
d'intérêt. Or, toujours selon le fondateur, la fonction
traditionnelle de l'université est de transmettre la culture, en donnant
une base commune aux étudiants, une structure mentale qui encadre leurs
connaissances, et leur permet d'utiliser les mêmes ressorts
intellectuels.
Tous les adultes présents, que ce soit à
l'université ou dans les colleges, les clubs, doivent donc agir dans le
même but: donner aux enfants et aux adolescents une même confiance
en soi, et une confiance mutuelle entre l'éléve et le professeur,
confiance qui sera la plus achevée à l'université car les
éléves sont plus %ogés. La condition nécessaire
à cette confiance est le respect mutuel, qui permet l'échange
d'idées, sans pour autant que les professeurs et éducateurs
acceptent des idées erronées, qui feraient dispara»tre la
vérité.
Selon Msg Escriva, les professeurs ne doivent pas rejeter en
bloc un étudiant qui a une attitude erronée, car ca ne le fera
pas changer de comportement. Ils doivent se montrer ouverts et accueillants, et
croire à la capacité de changement de l'éleve.
L'université doit également être un espace
de solidarité et d'amitié. Cette affirmation du fondateur peut
également s'appliquer à tous les établissements
éducatifs de l'Opus Dei: en effet, souvent des amitiés
trés fortes se nouent à l'école, à
l'université, et également dans les clubs de jeunesse, entre les
éléves mais aussi entre
81 IBANEZ-MARTIN, José Antonio, ouvrage
précité, p 28
les élèves et les professeurs. C'est du moins ce
que l'Ïuvre encourage, car ces échanges permettent toujours plus
aux membres de l'Opus Dei d`imposer à leurs élèves leur
manière de penser. Les professeurs collaborent en effet de
manière permanente à l'é ducation, faisant des recherches
sur les problèmes spécifiques de la communauté, et
cherchant à perfectionner leur savoir constamment. Leur devoir est
d'aider à la découverte de sens de l'existence humaine.
Dans ces établissements éducatifs, en
général, l'équipe pédagogique doit former les
étudiants à une mentalité de service: le service à
la communauté, promouvant le bien commun, et la fraternité
chrétienne, car rien n'est plus triste que de former des hommes qui
profiteront égo ·stement de leur culture.
Par ailleurs, l'école en général,
à tous les âges de la personne, doit être école de la
responsabilité. C'est à l'école qu'on découvre les
exigences des devoirs de la vie. L'universitaire, par exemple, doit donc
répondre de ses actes, et doit être conscient de son devoir
d'obtenir de bons résultats à l'université, pour ensuite
pouvoir justifier d'une bonne préparation professionnelle. Les
professeurs, par exemple, ne peuvent en aucun cas, selon la conception de
l'Opus Dei, partir donner des conférences dans d'autres
universités en abandonnant des cours prévus avec leurs
élèves.
Selon Msg Escriva, le Christ s'étant donné pour
chacun de nous, chacun doit se sentir personnellement concerné par la
tâche de sa propre sainteté, et de la construction du Monde,
qu'ils ont recu comme héritiers de Dieu. C'est pourquoi les professeurs
et éducateurs se sentent tant responsables de l'éducation des
générations futures. Effectivement, la formation des
élèves leur importe, non seulement car ils se préoccupent
sincèrement de leur futur, mais également car, en leur procurant
une bonne éducation, ils travaillent à leur sainteté, et
offrent leur travail apostolique à Dieu. Ce devoir qu'ils s'imposent
implique pour les éducateurs, en général, une grande
responsabilité. Ils doivent par exemple être extrêmement
ponctuels concernant les horaires des classes, tout comme pour les devoirs
rendus en temps et en heure; le but étant de former des gens
responsables, en les encadrant avec soin.
Pour que les enfants se sentent entourés, une des
principales exigences de tous les collèges reliés à l'Opus
Dei, est que les professeurs connaissent le nom de tous leurs
élèves. Selon le témoignage de Caren Hidalgo82,
17 ans, élève à Almendral, effectivement, tous les
professeurs, membres de l'Opus Dei ou non, connaissent son nom, et la traitent
avec familiarité. Elle nous dit que, arrivée à 7 ans
à Almendral, alors
82 Voir annexe n° 11
qu'elle était avant scolarisée dans une
école publique du secteur, elle a constaté une grande
différence de traitement entre les deux établissements. <<A
Pablo Neruda (son ancienne école), je pense que j'étais une
éléve parmi les autres, et trés souvent, même
à la fin de l'année, les professeurs ne nous reconnaissaient
toujours pas. Ici, ils s'inquiétent pour nous quand on a l'air triste
È.
Oveda 83
Sa camarade, Valérie , 17 ans, est entrée à
Almendral des le début de
sa scolarité. Elle ajoute que, à Almendral,
comme dans toutes les écoles reliées à la
prélature, les professeurs viennent en uniforme. Elle dit trouver ca
beaucoup plus juste, étant donné que les éléves,
eux, sont toujours obligés de se plier à la régle de
l'uniforme, dans les écoles publiques comme dans les privées.
Elle ajoute <<La professeure déléguée de notre
classe est avec nous depuis nos 6 ans, elle nous conna»t trés bien,
c'est une amie È. Elle parle des professeurs
délégués, institution dans tous les établissements
de l'Opus Dei. Ces professeurs sont sensés améliorer encore la
prise en charge de l'éléve, puisqu'ils servent d'interface entre
les parents, les éléves et les autres professeurs.
Ces mécanismes laissent en général une
empreinte favorable chez les anciens éléves de ces structures
éducatives, qui n'optent pas pour l'intégration à la
prélature. Autant Damian Bettancourt que Katixa Gallego nous ont tous
les deux confirmé, durant les entretiens, qu'ils ne regrettaient
absolument pas d'avoir fréquenté ces établissements, et
qu'ils les trouvaient d'un niveau supérieur aux autres, autant pour
l'encadrement des enfants que pour les relations de confiance qui s'installent
entre les différents acteurs.
Mais l'encadrement de la personne englobe aussi une dimension
beaucoup plus préoccupante: la volonté de la prélature de
protéger les éléves de la culture jugée dangereuse
pour eux. Les professeurs se méfient des films, des peintures, des
livres, enfin de tout ce qui pourrait heurter les valeurs enseignées
dans ces établissements.
Selon José Miguel Ibañez, professeur à
l'université Los Andes, il faut attendre d'avoir atteint une carapace
naturelle, et les armes nécessaires pour affronter certains ouvrages.
Pour lui, tout doit être lu, mais au bon moment, et il y a un processus
de maturité à acquérir avant de se <<jeter au feu
È. Il affirme lui, avoir lu des Ïuvres de Nietzsche dans sa
jeunesse, sans avertissement préalable, et déclare <<Il fut
si difficile de sortir Nietzsche de ma peau, et de pouvoir
l'analyser84 È. C'est donc le directeur spirituel, ou le
professeur conseiller de chaque éléve qui doit lui dire à
quel moment il
83 Voir annexe n° 11
84 SAID, Marcela, documentaire précité
peut lire tel ou tel ouvrage, pour sa propre sécuri
té, selon les principes de San Josemar'a. Le Père fondateur
expliquait, sous forme de petite histoire, comment il avait compris la
nécessité de la censure partielle des livres: Ç
Imaginez-vous face à une multitude de petits flacons, que vous voulez
tous essayer. Mais l'un d'eux contient du poison. Seul un connaisseur peut
trier pour vous 85
les È. Il n'y a donc pas de livres
interdits, mais des livres déconseillés pour
telle ou telle personne à tel moment de sa vie. Quand ensuite on arrive
à un niveau de culture suffisant, on peut tout lire.
Il est cela dit certain que les élèves sont
à ce point entourés qu'ils ne peuvent lire les ouvrages ou
visionner les films qu'ils souhaiteraient. Qu'ils soient membres ou non de
l'Opus Dei, les élèves des établissements éducatifs
de la prélature sont surveillés, et les valeurs que l'institution
véhicule, défendues par tous les moyens.
Section III - Les formations de l'âge adulte
L'éducation, à l'Opus Dei, s'entend au sens
large. C'est ce que la Prélature a prouvé en prenant en charge
les enfants dès l'%oge de trois ans, et ce qu'elle confirme en
travaillant beaucoup sur la formation des parents.
Bien que ce soient les jeunes qui représentent l'avenir
de l'organisation, l'éducation de leurs parents est fondamentale, pour
leur transmettre les valeurs du Fondateur, et leur permettre d'élever
leurs enfants dans leur respect. Les parents, en effet, doivent être les
relais de l'Opus Dei dans les maisons des non membres, dans lesquelles
l'institution n'entre pas.
§ I - Cours du soir pour les parents dans les
écoles de la Prélature
Les écoles qui sont des Ïuvres corporatives de
l'Opus Dei, c'est à dire les écoles SEDUC, celles qui
appartiennent à la fondation NOCEDAL et les quelques autres qui existent
dans le pays, à Viña del Mar, ou à Chimbarongo, se sont
employées dès le début de leur activité, à
former les parents, car, comme la directrice de l'Almendral nous le dit,
l'école n'est pas permanente pour les enfants. Ils peuvent changer de
quartier, de ville, mais jamais de famille. Le plus important est donc de
former des familles en vertu des valeurs chrétiennes.
L'objectif de ces cours parentaux, qui sont obligatoires à
Nocedal
et à Almendral,
et optionnels dans les autres collèges, est de
créer une ambiance de confiance entre
85 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
270.
tous, professeurs, équipe de direction,
éléves et parents. Une fois cette ambiance installée, il
est trés facile d'orienter les parents dans le sens voulu.
Selon la fondation NOCEDAL il est au départ trés
difficile de faire comprendre aux parents quell e est responsabilité
86
leur . Ils veulent le meilleur pour leurs enfants mais
souvent ne savent pas comment le leur donner, et font souvent
des erreurs, alors qu'ils doivent être les premiers éducateurs.
A la fondation Nocedal, tous les samedis, quatre professeurs,
qui sont responsables du diplôme de la famille à
l'Université Los Andes, assurent des cours d'éducation familiale
adressés aux parents des éléves des deux colleges de la
fondation. Ils abordent des notions comme les relations entre mari et femme, ce
qui est permis aux enfants, les punitions, ou les vertus. Selon les dires de la
directrice de l'Almendral, 90% des parents d'éléves y assistent
toutes les semaines, alors qu'on ne les oblige qu'à suivre trois
conférences par an, et trois ateliers, pour voir une amélioration
réguliére.
La fondation organise également des cours de
spécialisation pour tous les membres de la communauté scolaire,
c'est à dire y compris les professeurs, et les femmes de ménage,
par exemple. Le but est, selon le site internet de la fondation, d'offrir un
espace de développement personnel, social et professionnel aux adultes
de la communauté et de renforcer les familles et donner aux parents des
outils pour qu'ils prennent en charge l'éducation de leurs enfants. La
fondation leur offre un espace de lecture, et une bibliothéque, ainsi
que des salles communes, des salles de classe, une cuisine, une cantine, un
salon gymnase, des dépendances administratives et des espaces verts.
Par ailleurs, la fondation posséde aussi une radio, la
radio Nocedal FM, crée en 1999, qui a une couverture locale de 5 km.
Elle diffuse des émissions de formation similaires à celles que
les parents recoivent à la fondation. Elles ont une dimension
éducative avec des répercussions sociales. Le but est de donner
les capacités nécessaires à chaque personne pour surmonter
les difficultés sociales, telles les drogues. Les enfants doivent
être trop occupés, à l'école et dans leur famille,
pour se laisser entra»ner dans ces cercles vicieux. Durant les
émissions éducatives, qui durent deux heures, les auditeurs
peuvent envoyer des messages et les professeurs de la fondation apportent des
réponses à leurs préoccupations. Les intermédes
musicaux
86 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
410
sont composés de thèmes des années 1960,
les préférés des parents, selon une enquête.
Dans le centre d'appui à la famille El Salto, comme
dans les écoles SEDUC, le même système de cours familiaux
est instauré, et fonctionne en général très bien.
Les parents se sentent entourés dans leur tâche
d'éducateurs, et conseillés au moindre souci qu'ils rencontrent
dans leurs relations avec leur progéniture. Plusieurs fondations sont en
train de copier ce modèle, qui leur permet d'asseoir leur domination sur
les parents, anxieux de savoir élever leurs enfants sans faux pas.
Parmi elles, toutes les associations d'amis des
collèges SEDUC suivent ce modèle. Les cours sont très
suivis par les parents, qui apprécient d'être guidés
à travers les âges, parfois difficiles, de leurs enfants. Ainsi,
au collège Tabancura, les conférences auxquelles assistent les
parents ont pour nom <<Une sexualité propre87 È,
ou encore <<Amour adolescence 88
et È. Ils sont un recueil de conseils extrêmement
pratiques pour aider les parents dans leur relation avec
l'enfant
La conférence << Amour et adolescenceÈ
détaille ainsi plusieurs questions que posent à cet âge les
enfants, en séparant les questions des filles et celles des garcons. A
chaque question, les conférenciers apportent une réponse type
qu'ils conseillent aux parents, comme meilleure option pour guider leurs
enfants dans cette période problématique. Pour les garcons, une
question comme << les parents pensent-ils aux enfants avant de se
séparer? È recevra comme réponse <<Le divorce est
inhumain. Il tue une famille entière. La séparation ne
résout rien, elle empire tout, et parfois définitivement. Et ce
que Dieu a uni, aucun homme ne doit le séparer, pour quelque motif qu'il
soit.89 È
Si l'enfant demande comment il doit se comporter si une fille
le provoque, ou le touche, ses parents devraient lui répondre, comme un
prêtre de l'Opus Dei le ferait, que << la passion amoureuse se
nourrit plus de l'imagination que de la réalité, et ceux qui
promeuvent la pornographie le savent bien. Il faut faire la distinction entre
les filles avec qui on passe un moment et celles qui seront les amies de
toujours. De nuit elles paraissent toutes diamants, mais de jour elles ne
resplendissent pas toutes de bonté et de beauté. Et celle qui use
de son corps pour provoquer ne mérite pas de s'appeler femme. Ne la
prends pas comme compagnon de route, et ne l'accompagne même pas au coin
de la rue, ou tu finiras mal.È
87 Voir annexe n° 12
88 Voir annexe n° 13
89 Voir annexe n° 13
Si un garcon demande à ses parents quels sont les
effets de la masturbation, ils seront contents de savoir lui répondre,
gr%oce à la formation de lÕOpus dei, quÕ Ç il est
frequent que les mauvaises habitudes juveniles produisent des pathologies dans
lÕunion sexuelle, comme lÕéjaculation précoce
È et quÕ Ç abuser de notre propre corps, qui est Temple de
Dieu et ne nous appartient pas comme objet de plaisir, nous ecarte de
lÕamour de Dieu, et de lÕamour à la femme vue comme un
objet90. È
Aux parents dÕune adolescente, qui risquent
d'être confrontés à des questions telles que Ç
pourquoi certaines de mes amies aiment aller à des fêtes pour que
les garcons les collent ? È, on leur recommande de repondre quÕ
Çelles sont en quête de nouvelles sensations, quÕune fille
pure et saine sait reserver pour après sa lune de miel, cherchant
à prolonger sa personnalité en ayant des enfants bien
formés. Il ne convient
91
pas de rechercher ces émotions de manière
précoce . È
Le contenu des cours reflète exactement
lÕétat dÕesprit du Père fondateur. Le conservatisme
social est de mise, autant en matière de droit à
lÕavortement, de moyens de contraception, ou encore de chasteté
avant le mariage. Les norme s dictées par ces etablissements surprennent
par leur rigidité, mais dans lÕOpus Dei, elles sont totalement
acceptées par tous, et le contact des parents membres de
lÕinstitution avec les autres accélère ce processus.
La mission de lÕÎuvre dans
lÕéducation dépasse largement ses limites originelles en
sÕinteressant aux parents, depuis longtemps sortis des bancs de
lÕécole mais à qui on offre lÕaide de prêtres
et de numeraires de lÕOpus Dei pour elever leurs enfants.
§ II - Fontanar et les formations professionnelles
pour adultes
La devise de lÕécole technique Fontanar est
«Des femmes qui vont loin». Fontanar se veut lÕemblème
de la liberation des femmes au foyer, qui peuvent, en suivant ces cours,
trouver un travail et apporter un revenu complémentaire à la
famille. La portée ethique de lÕécole para»t
très louable à première vue. Mais lÕÎuvre
poursuit aussi un but plus personnel : en effet, plus large est le public que
Fontanar arrive à toucher avec ses cours et ses seminaires, plus
important est lÕécho de lÕOpus Dei dans la societe.
Fontanar maintient donc, en plus des carrières
techniques que suivent les etudiantes en gastronomie ou en hTMtellerie, des
secteurs plus spécifiques. LÕ
90
Voir annexe n 13
91 Voir annexe n 13
Organismo Técnico de Capacitaci--n (OTEC), c'est
à dire l'Organisme technique de formation continue, appartient à
Fontanar, et les cours ont lieu dans les mêmes locaux. Ce sont des cours
de formation continue adressés aux entreprises et à leurs
salariées. C'est un département à part, qui se
développe peu, mais il fournit un financement trés important pour
l'école. En effet, si les carriéres traditionnelles de
l'école restent d'un prix raisonnable par rapport aux autres
études offertes dans des établissements privés chiliens,
ces formations continues ont un prix plus important, qui varie en fonction de
la durée des séminaires et du nombre d'éléves que
l'entreprise envoie.
Le but est de permettre aux entreprises de s'adapter aux
évolutions techniques et sociales, en formant progressivement leurs
salariés dans des domaines aussi divers que l'administration, le
tourisme, le commerce et les services financiers, l'informatique, la
gastronomie, les langues et la communication, ou encore les
procédés industriels dans l'aire de la santé, de la
nutrition ou de la diététique. Cette formation doit permettre aux
entreprises de se maintenir compétitives dans un pays qui voit son
économie se développer à grande vitesse et se
complexifier.
Ces programmes s'adressent en priorité aux
salariées, uniquement des femmes, mais certains éléves
sont des méres de famille, qui préférent cette forme
d'enseignement, dirigée avant tout vers le monde des entreprises. Les
cours leur donnent des outils qui leur permettent d'être efficaces dans
leur milieu de travail.
L'entreprise Telesat, par exemple, de
télécommunications, a fait suivre un séminaire de service
aux clients à une partie de ses salariées, en 2008, et la
Fondation Las Rosas, reliée à l'Opus Dei, a contracté un
séminaire d'assistance aux personnes %ogées pour ses
salariées.
L'école propose également des cours de mise
à jour des études, c'est à dire des approfondissements des
connaissances de certains salariés qui n'ont pas eu la
possibilité de continuer leurs études à
l'université. Ces cours ont lieu le jeudi d'avril à novembre, de
15h à 19h, et incluent un débat de développement
personnel, autrement dit un cours de valeurs religieuses camouflé sous
un nom attrayant pour les entreprises. Les éléves peuvent choisir
parmi les autres cours des lecons de cuisine niveau intermédiaire et
avancé, des lecons de patissere, et également d'informatique.
Il faut également rappeler l'active formation des
employées domestiques des familles de surnuméraires, qui suivent
presque toutes des cours à Fontanar à un moment de leur
carriére.
Dans tous ces cursus, l'accueil est très sympathique, les
professeurs aimables, les
92
cours intéressants, selon les dires des
élèves .
Bien que la formation des adultes soit moins importante aux
yeux des dirigeants de l'Opus Dei, dans ce secteur éducatif aussi, la
Prélature est trés active, et renforce progressivement ses
activités. De 22 en 1990, les élèves de Fontanar sont
maintenant environ 300 toute l'année, et l'école organise
régulièrement des séminaires pour une cinquantaine de
salariées.
Fontanar est également de plus en plus cité dans le
milieu des formations de l'%oge adulte, et beaucoup de projets sont en cours
pour diversifier les cursus proposés.
Les adultes ne sont donc pas oubliés dans les
activités éducatives de l'OEuvre, et plusieurs structures
s'emploient à leur proposer des formations dans divers champs, pour les
aider à s'adapter au monde actuel du travail, mais pas seulement. Comme
pour les enfants, la stratégie d'éducation est plus globale, et
vise à éduquer la personne comme un Tout, dans ses connaissances
pratiques mais aussi dans sa morale.
92 Voir annexe n° 7
Chapitre II - Transmettre les valeurs du Fondateur par
tous les biais possibles
Les opinions sont partagées sur le mouvement religieux
de l'Opus Dei en tant que tel. Mais entre adhésion
frénétique et rejet total, une importante partie de la
société chilienne considère d'un bon oeil ses
activités éducatives, tout en désapprouvant certains
cTMtés trop rigides et conservateurs. Ne pas adhérer à la
vision du monde de Msg Escriva n'empêche pas bon nombre de gens de faire
confiance à l'OEuvre pour l'éducation de leurs enfants.
Section I - Faire partager la Ç bonne voie
»
Les numéraires sont les ambassadeurs de l'OEuvre. Ils
dédient leur vie à l'apostolat, et sont chargés de
«rapprocher les gens de Dieu », dans les textes. Dans la pratique,
leur but est de répandre les valeurs de l'organisation, en donnant des
cours, en menant diverses activités bénévoles, et en
donnant l'exemple d'une vie bien organisée et heureuse.
Ils sont extrêmement sympathiques, et démontrent,
par leur comportement, que l'Opus Dei cherche seulement le bonheur des
personnes qui ont entendu l'appel de Dieu. Dans la société
catholique chilienne, ce message rencontre un large écho.
§ I - Les Ç invitations »
Les numéraires, les membres qui ont fait les trois
promesses, de célibat, de pauvreté et d'obéissance, se
dévouent corps et times à l'apostolat, qu'ils doivent mener d'une
part en donnant le bon exemple, et d'autre part en encourageant leurs proches
à se rapprocher de Dieu.
La vie d'un numéraire doit être
irréprochable sous tous rapports. Natalia Izquierdo avoue que, depuis
qu'elle est entrée dans l'OEuvre, elle a beaucoup moins de
difficultés à étudier sans répit, à se
concentrer, car elle sait qu'elle offre son travail à Dieu93
et que « une heure d'étude, pour un apostolat moderne, c'est une
heure de prière94».
En effet, le plus important pour les numéraires est de
recruter de nouveaux membres, et de rapprocher les gens de la Prélature.
Selon Marcela Sa ·d, les numéraires ont l'obligation de
présenter une liste de noms chaque année, à leur
93
Voir annexe n° 9
94 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, ouvrage
précité, maxime 335
directeur de conscience, le jour de la Saint José. La
liste récapitule leurs activités d'apostolat directement en
relation avec des personnes, cités par leurs noms. Les numéraires
doivent élargir leur cercle d'amis en fonction des profils qui
pourraient potentiellement être intégrés à
l'organisation. On leur demande en général d'avoir de 12 à
15 Ç amis È, qui auraient un profil adéquat, dont 2 ou 3
personnes au moins qui soient tout prés de demander leur admission. Si
l'un de ces Ç amis È se montre un jour totalement opposé
à l'Opus Dei et qu'il devient clair qu'il ne demandera jamais son
95
intégration, il est abandonné sans coup
férir .
La principale raison qui a conduit Katixa Gallego à
sortir de l'Îuvre, aprés plusieurs années comme
numéraire, est la pression constante qui reposait sur elle pour faire
entrer des gens dans l'Opus Dei. Ç Je n'aimais pas être
poussée à l'apostolat, toujours. Je pense que normalement,
quelqu'un d'heureux améne les gens à adhérer à
l'Îuvre tout seul, sans se forcer. Et je me suis rendue compte que Dieu
ne voulait pas
96
me voir malheureuse dans quelque chose qui ne me convenait
pasÈ dit-elle.
Effectivement, les membres de l'Opus Dei sont
encouragés à inviter leurs amis à toutes les
activités de l'institution: les clubs, les sorties à la montagne,
à la mer, les séjours dans le Sud, etc, sont autant d'occasions
d'intégrer de nouveaux sympathisants. Comme l'écrit lui
-même le Fondateur: Ç Résidences universitaires,
universités, fondationsÉsont-elles des fins? Non, et quelle est
la fin ? Promouvoir dans
97
le monde le plus grand nombre possible d'âmes
dédiées à Dieu dans l'Opus DeiÈ. L'apostolat est
une activité trés structurée: les numéraires
forment en général des
98
équipes, et développen t des stratégies
pour attirer de nouveaux membres . Par exemple, si une recrue potentielle est
un avide skieur, les numéraires pourraient bien planifier un week-end au
ski, oü l'ami numéraire sera chargé de dire à la
recrue potentielle qu'elle pourrait bien avoir la vocation. Aprés cela,
si la réaction est positive, le numéraire passera le relais
à son directeur de conscience, qui discutera de la vocation de
maniére plus approfondie avec le futur membre.
Les anciens membres numéraires qui témoignent
sur le site de l'ODAN certifient même l'existence de dossiers de
statistiques à propos de leurs Ç amis È, incluant par
exemple le nombre de visites apostoliques faires, le nombre de retraites
spirituelles ou de cercles de méditation suivis, pour que les membres
supérieurs de l'Opus Dei sachent constamment oü en est le processus
d'intégration.
95 Voir annexe n° 1
96 Voir annexe n° 2
97 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, Cr--nica, v, 1963.
98
www.odan.org
Les numéraires ont d'ailleurs le droit d'inviter des
gens là ou ils habitent, dans les centres de l'organisation, par exemple
pour manger ou prendre le thé, mais le seul but doit être
l'apostolat: il faut qu'ils donnent l'impression d'être ouverts et
accueillants, alors que les entrées sont filtrées, et qu'ils
doivent demander l'autorisation au directeur du centre avant d'inviter qui que
ce soit.
Effectivement, l'accueil des numéraires est toujours
incroyable. Ils ont conscience de gagner leur sainteté en vivant une vie
d'apostolat, et en se montrant toujours avenants avec tous. C'est pourquoi ils
sont si gentils avec les inconnus, qui sont toujours de potentielles vocations.
Natalia Izquierdo par exemple, avait été choisie pour nous
accueillir à la résidence étudiante Araucaria, car c'est
une personne naturellement bavarde, avenante, et trés souriante. Elle
est jolie, et nous a fait visiter la résidence bien habillée,
légérement maquillée, et bien coiffée, ce qui est
extrêmement rare en réalité chez les numéraires,
qu'on décourage fortement d'attacher une quelconque importance à
des accessoires ou à du maquillage, qui rendent, selon Msg Escriva, la
personne superficielle. Mettre en avant Natalia sert un but bien précis:
renvoyer une image favorable de l'organisation, qui serait ouverte, et
globalement accueillante pour les étrangers.
Toutefois, un premier contact avec n'importe quel membre de
l'Îuvre, pour peu que notre profil corresponde à celui d'une
potentielle recrue, sera toujours trés plaisant. Selon Marcela
Sa ·d, au début de leur parcours dans l'Îuvre, Çles
nouveaux membres deviennent numéraires comme ils seraient scouts,
trés motivés, touchés par la
grâce99È. C'est pourquoi ce sont le plus souvent les
jeunes qui font entrer de nouveaux membres. Pour leur faciliter la tâche,
l'Opus Dei a énormément développé ses
activités à l'université.
Cependant, tout cet aspect de l'organisation reste en grande
partie secret. C'est ce que lui reproche Marcela Sa ·d, qui affirme que
ÇTout le monde est maintenu dans le
100
secret et on les encourage à se taire : c'est la
discrétion, comme ils l'appellent È, et effectivement, dans
ÇLe Chemin È, le fondateur précise Çsitu
te tais, tu auras bien plus d'efficacité dans tes activités
d'apostolat101 È.
Certains membres du clergé non membres de l'Opus Dei
trouvent préoccupants le secret et la réserve qui entourent les
jeunes aspirants numéraires102. En effet, on leur
99 Voir annexe n° 2
100 Voir annexe n° 2
101 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, ouvrage
précité, maxime n°648
102 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
208
dit souvent de ne pas parler de leur intérêt
à leurs parents ou à leurs proches, et il n'est pas rare que
certains jeunes entrent à l'Opus Dei sans avertir leurs parents
avant.
Durant les rencontres qu'effectua le Pére Josemar'a
Escriva avec les militants de l'Opus Dei à Santiago, une mere de famille
un jour lui confia son angoisse: elle lui raconte que trois de ses enfants
appartiennent à l'Opus Dei et qu'elle a l'impression de les avoir
perdus. Escriva lui avait alors répondu Ç je ne parle pas
à des poules couveuses103 È.
§ II - Activités bénévoles des
numéraires
Les numéraires sont en quelque sorte le fer de lance de
l'organisation, portés par la croyance qu'ils ont été
élus par Dieu pour suivre ce chemin, le plus dur, vers la
Sainteté. Ils sont envoyés par les hauts responsables de
l'Îuvre pour réaliser différentes activités
d'apostolat, souvent à l'étranger, ou dans d'autres villes que la
leur, dans le but de diffuser les valeurs de l'Opus Dei. Leur public
privilégié est d'une part les groupes sociaux qui
présentent le profil idéal pour l'organisation : des gens
appartenant à un milieu social assez élevé, bien
éduqués et croyants. Mais les activités des
numéraires sont également dirigées vers les plus faibles,
qui sont les plus pauvres, ou les groupes au niveau social précaire, la
plupart du temps peu éduqués. Ceux-là sont visés
dans le but de les convertir à la vision du monde de l'Îuvre, et
d'en faire une sorte de vitrine sociale, montrant au monde que l'Opus Dei
s'occupe des plus défavorisés et a une activité dans les
quartiers pauvres.
Dans les centres de l'Opus Dei, la plupart des
numéraires ont des actions sociales, au moins une fois par semaine,
souvent plus. Ils peuvent aller donner des cours de catéchisme dans des
quartiers défavorisés comme La Pintana, ou Conchal', comme le fo
nt les résidentes de Araucar'a, une résidence étudiante
dirigée par l'Îuvre. D'autres organisent des conférences
bénévoles dans ces quartiers, à propos de la religion, de
la relation mari femme, ou encore de l'application au travail. Certains
numéraires sont même envoyés pour aider les familles de
milieux sociaux défavorisés, par exemple pour assurer un soutien
scolaire dans certaines écoles.
L'Opus Dei rencontre un écho trés favorable dans
ces milieux, car ils s'adressent a priori aux plus faibles, ceux qui auraient
justement besoin de se raccrocher à quelque chose, à un
systéme de valeurs, alors que les problémes à affronter ne
sont pas
103 ESCOBAR, Jaime, article précité, p 3
mineurs. Entre trafic de drogues, alcoolisme,
précarité des habitats, les Ç poblaciones È de
Santiago ne représentent pas l'avenir rêvé de ces familles,
qui luttent pour en sortir. C'est donc un soulagement pour eux de se sentir
encadrés par des gens sürs d'eux, guidés, semble-t-il, par
la volonté de Dieu.
Certaines personnes se montrent en effet plus
vulnérables que d'autres, et plus perméables à la
rhétorique des membres de l'Îuvre. C'est en effet le seul
mouvement religieux qui promet la sainteté à toute personne qui
croit en Dieu avec ferveur et qui travaille avec application tout au long de sa
vie, en élevant bien ses enfants, dans un ménage dévot et
respectueux des valeurs chrétiennes. Ce type de discours
représente l'espoir pour de pauvres gens qui ont travaillé dur
toute leur vie et se raccrochent à Dieu, qui est leur seul soutien moral
devant les problémes et les revers de la vie. Il est alors trés
facile pour les numéraires, dans la position dans laquelle ils se
trouvent, de donner l'exemple d'une vie heureuse et bien remplie,
transcendée par Dieu à tous les moments de la journée.
Selon le pére Comblin, Belge, Ç le Chilien est
un militaire virtuel. Il aime la discipline, l'ordre, l'organisation. C'est un
terrain trés favorable pour la consolidation de l'Opus Dei104
È. Il continue Ç J'ai lu le Chemin, et j'ai l'impression
que ce n'est pas un livre chrétien. Je crois que, apparemment, Escriva
n'a jamais rien compris au christianisme, dans lequel justement l'essentiel est
l'amour pour son prochain et pas la promotion personnelle105
È. Effectivement, l'Îuvre souligne en priorité la
destinée personnelle, et la charité n'est pas mise en avant comme
une obligation chrétienne.
Dans ces quartiers, les numéraires ont pour but de
faire entrer les femmes dans l'organisation comme numéraires
auxiliaires, et le recrutement est effectivement trés efficacement
organisé par le biais de ces activités bénévoles.
Pour beaucoup d'autres familles touchées d'une maniére ou d'une
autre par les membres de l'Îuvre, l'Opus Dei passe du statut d'une
organisation secrete et inconnue à une institution chrétienne et
charitable. Cette évolution lui procure une publicité enviable
dans des milieux encore trés majoritairement chrétiens et
pratiquants.
Par ailleurs, pour beaucoup de numéraires, les
activités d'apostolat se dirigent vers un autre type de public: celui
des quartiers riches, dans lequel l'organisation recrute ses futurs membres.
Coni Rivas nous a déclaré, pour sa part n'avoir jamais fait
Ç cracher È personne, comme ils disent (le terme en espagnol est
Ç pitar È), c'est à dire qu'elle n'a encore amené
aucune de ses relations à entrer dans l'Îuvre, mais elle
104 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
249
105 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
250à
donne des cours de valeurs et de catéchisme à
l'université Catholique oü elle étudie le droit. Durant une
heure par semaine, elle explique à ses élèves quelle est
finalement sa vision des valeurs chrétiennes, en s'inspirant de textes
religieux, souvent écrits par Msg Escriva de Balaguer. Ses
élèves sont des étudiantes catholiques proches du
106
mouvement de l'Opus Dei, et qui en sont parfois membres .
Natalia Izquierdo donne également des cours de
catéchisme, à la résidence Araucaria cette fois-ci. Cela
présente également l'avantage de faire entrer les
élèves dans un des centres éducatifs de l'Opus Dei, ou la
transmission des valeurs est encore plus aisée. Ainsi, chaque mardi soir
à 18h30, Natalia parle des valeurs chrétiennes à ses trois
élèves, qui ont toutes son âge. L'une vient du Sud du Chili
et est déjà membre surnuméraire de l'Opus Dei. Une autre
étudie le marketing à l'université Catholique, ou Natalia
étudie le droit, et la troisième est une amie de celle-ci,
croisée par hasard, et qui est venue par curiosité puis
restée. Les deux dernières sont donc de possibles vocations pour
Natalia, qui espère éveiller chez elles l'amour qu'elle ressent
elle-même pour le Fondateur de l'Îuvre et pour Dieu. Ç Je
cherche à rapprocher les gens qui m'entourent de Dieu, surtout en
montrant l'exemple, dit-elle, les gens voient que je suis
107
heureuse en travaillant autant et en offrant mon travail à
Dieu È.
En effet, il n'est pas malvenu de montrer aux Chiliens qui
témoignent d'une grande réussite économique que Dieu ne
leur tiendra pas rigueur de s'être détourné de la
prière pour l'action et le travail bien fait. C'est cette dimension de
l'Îuvre qui arrive à convaincre beaucoup de gens. Certains entrent
dans l'organisation car ils s'y retrouvent complètement, mais d'autres
lui font confiance pour l'éducation de leurs enfants, simplement parce
que sa réputation de travail et de sérieux n'est plus à
faire. Les numéraires ont donc pour tâche de diffuser cette image
de l'organisation, en enseignant aux parents et aux enfants les
préceptes de Msg Escriva de Balaguer.
Section II - Une forme d'éducation totale
Dirigés par les numéraires, qui ont acquis,
dès le fondement de l'Îuvre, une supériorité
implicite, les personnes touchées de près ou de loin par les
institutions éducatives de l'organisation doivent se soumettre à
une discipline sévère. Le rythme de
106 Voir annexe n° 10
107 Voir annexe n° 9
travail est soutenu, et les enfants trés encadrés,
ce qu'apprécient beaucoup leurs parents.
§ I - Des résidences étudiantes
très strictes
Il y a encore peu de résidences étudiantes de
l'Îuvre au Chili. Pour l'instant, on en compte deux, toutes a Santiago.
Araucar'a, dans la rue Ricardo de Lyon 1162, est la résidence des
filles, et Alborada, dans la rue Pedro de Valdivia, celle des garcons. Toutes
les deux sont situées a Providencia, un quartier central de la vile,
assez aisé, situé a peu prés a mi-chemin entre les deux
principaux campus universitaires de la vile, dans le centre, et a San Carlos de
Apoquindo. Araucar'a appartient a la fondation Nocedal, et vaut a peu
prés 1 650 000 dollars. Alborada appartient a une autre fondation. Les
deux fonctionnent sur le même mode: elles accueillent de 15 a 30
étudiants par an, en pension complete. Ils viennent souvent d'autres
régions du Chili, voire de l'étranger. A la résidence
Araucar'a, durant l'année 2010, sur les trente résidentes, on
comptait 22 étudiantes venues d'Amérique du Sud hors Chili,
surtout d'Equateur, de Bolivie et du Pérou.
Les étudiants sont logés par deux, et prennent
leur petit déjeuner et leur repas du soir a la résidence. Le
repas du midi peut y être pris également. Si les étudiants
sont en cours, ils peuvent emmener leur repas préparé par les
cuisiniéres.
Tout le personnel travaillant dans la résidence fait
partie de l'Îuvre. Le Directoire est composé d'un directeur, d'un
adjoint et d'un secrétaire, tous les trois surnuméraires ou
numéraires, et les numéraires auxiliaires s'occupent du
ménage, des courses et de la cuisine. A Alborada, les numéraires
auxiliaires ne doivent pas être vues par les hommes résidents.
C'est pourquoi elles utilisent une entrée différente pour aller
et venir dans la maison.
Dans les deux résidences, les régles sont assez
strictes, et exposées aux futurs résidents des le moment de leur
candidature. On leur demande, dans le formulaire d'inscription, de
répondre a une série de questions trés personnelles,
beaucoup plus détaillées que ce qui est normalement
demandé a l'entrée dans une résidence étudiante. Le
dossier a compléter ressemble plutôt a un dossier de candidature a
une école particuliérement sélective, par exemple. On
demande aux candidats quel est le dernier livre qu'ils ont lu et l'enseignement
qu'ils en ont retiré, quels sujets d'actualité éveillent
particuliérement leur intérêt, ou quels sont leurs loisirs.
Ils doivent également décrire leur caractére, et faire une
breve autobiographie. Les parents, quant a eux,
doivent remplir toute une série d'informations
pratiques, et également expliquer pourquoi ils veulent que leur enfant
entre à cette résidence, et ce qu'ils pensent qu'elle va lui
apporter. Ces informations sont à compléter que l'enfant soit
majeur ou mineur. Il n'est pas, selon les dires des numéraires qui
habitent à Araucar'a, obligatoire pour les résidentes
d'être catholiques, ni même croyantes. Mais en pratique, en 2010,
toutes les résidentes que nous avons rencontrées étaient
catholiques, même si aucune n'appartenait à l'Opus Dei. Elles ont
dü, selon Natalia Izquierdo, faire preuve de leur attachement aux
principes chrétiens lors de l'entrevue.
Le conseil de direction de chaque résidence examine les
dossiers de candidature, et, s'il les estime convenables, convoque les
candidats à une entrevue, oü il leur explique les régles de
vie commune et les objectifs de la résidence, nous explique la
directrice, Anastas'a Assimak--pulos.
Il y a peu de régles, mais elles sont intransigibles:
les résidents vivent dans des chambres de deux personnes, sans
télévision. Ils peuvent lire leurs magazines, leurs livres, mais
pas regarder la télévision. Seul un poste est gardé sous
clé et sorti uniquement pour les occasions spéciales. Les
résidents doivent les quitter à 10h du matin au maximum, et
revenir à la résidence à 22h, pour les filles, et 23h pour
les garcons, en semaine, et 3h du matin pour les garcons le week-end. En ce qui
concerne les filles, elles peuvent demander à prolonger leur permission
jusqu'à 2h du matin durant le week-end, en en faisant la demande
à la directrice. Les repas sont pris à heures fixes, et tous
ensemble dans la salle à manger.
Le loyer coüte 275 000 pesos par mois (430€). Pour
ce prix, les résidents sont nourris, logés et blanchis. Le
ménage est également inclus.
L'infrastructure des deux résidences est parfaitement
aménagée pour une vie d'étudiant studieux. Comme il est
inscrit sur le site internet de la résidence Araucar'a «la maison
offre toutes les conditions pour que les résidentes aient un rendement
académique optimum»108.
La résidence Araucar'a compte, dans ses 1900 m2 et ses
six étages, de grandes salles d'étude, communes, mais aussi des
salles idividuelles, une bibliothéque trés complete, des salles
informatiques avec accés à internet, le wi-fi partout dans le
bâtiment, et des ateliers d'art plastique et d'architecture, ainsi qu'un
salon de conférence d'une capacité de 200 personnes, et un
cinéma avec un écran géant. Elle a l'aspect
extérieur d'une maison francaise des années 1950, avec ses
solides
108
www.residenciaaraucaria.cl
constructions, ses balustrades et ses petites fenêtres.
Il n'y a pas d'écriteau sur le mur d'enceinte, la grille est couverte de
lierre et le jardin tellement grand qu'on apercoit à peine la maison
à travers la végétation. Les fenêtres sont toutes
cachées par des rideaux d'un épais tissu blanc.
Des anges, des gravures de la Vierge et d'autres figurines
d'ornement décorent les murs, et une petite table à
l'entrée expose des dépliants sur l'Opus Dei et des écrits
de Msg Escriva, dont le portrait est accroché dans toutes les
pièces de la résidence, alors qu'à Alborada, un cadre avec
son portrait est pendu au dessus d'une relique en bronze argenté
contenant un petit bout d'une de ses molaires, dans l'oratoire. Le culte de San
Josemar'a est partout.
Les directeurs accordent beaucoup d'importance à
l'échange, car dans ces moments amicaux, il est plus facile pour les
numéraires habitant sur place (environ 10 dans chaque résidence)
d'influencer les résidents. C'est pourquoi chaque résidence
comporte cinq ou six salons, confortables bien que vieillots, oü tout le
monde se réunit après manger pour bavarder, apprendre à se
conna»tre, ou se soutenir mutuellement. La solidarité est
trés forte, selon Natalia Izquierdo, durant les périodes
d'examens, etc. Quant à la formation religieuse et spirituelle, les
résidents n'ont pas d'obligation mais peuvent assister à la messe
tous les jours, à 7h30, avant d'aller en cours, et un prêtre est
toujours à leur disposition. De plus, des cercles de réflexion et
des retraits spirituels sont constamment organisés sur place. Les
résidents qui le veulent peuvent y participer.
Les résidences mettent toujours un point d'honneur
à pousser les étudiants à travailler, pour avoir les
meilleurs résultats possibles. C'est pourquoi à Alborada, une
fois par mois, les anciens résidents viennent faire de l'aide aux
devoirs, dans leur matière majeure, pour aider les actuels
résidents.
De plus, Alborada organise assez fréquemment des
journées de travail intensif dans un centre de l'Opus Dei à
l'extérieur de Santiago. Tous les résidents et leurs amis
intéressés sont conviés. Durant ces journées,
chacun étudie beaucoup, et des pauses sportives sont
aménagées. Ces journées ont aussi pour but de
repérer de potentiels futurs membres, car évidemment, pour le
travail universitaire lui-même, ces déplacements ont peu
d'intérêt.
Dans le même but d'éveiller
l'intérêt des résidents, à Alborada, chaque mercredi
soir, un invité illustre vient diner, et animen ensuite un débat
sur des thèmes comme «La mort du cinéma engagé»,
ou encore «La politique budgétaire chilienne». Les
intervenants sont tous des membres de l'Opus Dei, qui peuvent
être diplomates, chefs d'entreprises, ou encore professeurs
d'université.
Par ailleurs, les maisons organisent beaucoup
d'activités, pour garder occupés leurs résidents, qui
doivent rester concentrés sur leurs études et sur les valeurs
chrétiennes. Ainsi, ils peuvent participer avec les numéraires
à des activités d'apostolat dans des quartiers
défavorisés de Santiago, tous les samedis. Les numéraires
d'Araucar'a en particulier donnent des cours de catéchisme aux enfants
de la commune de Renca, pour les préparer aux sacrements. Pendant ce
temps, les résidentes ont pour coutume d'organiser des jeux avec les
enfants, de les faire dessiner, etc. Le dimanche, les numéraires, et les
résidentes qui le désirent peuvent rendre visite aux personnes
âgées des hospices alentours. Sinon, les résidents peuvent,
pendant l'hiver ou l'été, accompagner les numéraires, qui
réalisent des travaux de bénévolat dans d'autres villes du
pays, comme en 2010 à Concepcion, après le tremblement de terre.
Des activités plus récréatives sont également
organisées, et Araucar'a comme Alborada mettent l'accent sur
l'atmosphère familiale des résidences, oü l'anniversaire de
chaque étudiant est célébré avec soin. C'est
l'occasion pour lui d'inviter des amis de l'extérieur, amis qui
pourraient également être intéressés par les valeurs
transmises par l'Îuvre.
Le jour des parents est un jour portes ouvertes pour les
parents des résidents, pendant lequel chacun montre ses talents de
danse, chant ou encore de théâtre, pour que les parents soient
bien convaincus que leurs enfants s'amusent beaucoup à la
résidence. Effectivement, toutes les résidentes avec lesquelles
nous nous sommes entretenues sont trés contentes d'habiter à
Araucar'a. Elles ont beaucoup d'affection pour les numéraires qui vivent
avec elles et pour le personnel de direction. En revanche, elles ne connaissent
pas le nom de leurs numéraires auxiliaires, qui savent rester totalement
anonymes.
Pour l'instant, il n'existe pas d'autres résidences
étudiantes au Chili, mais le concept est appelé à se
développer. En effet, les parents apprécient beaucoup ce mode de
logement pour leurs enfants, souvent lors de leur première année
loin du foyer parental. Les savoir encadrés par une organisation
religieuse les rassure, et même les étudiants à qui nous
avons parlé nous avouent être ravis de l'ambiance studieuse et
familiale qui règne dans les résidences.
Coni Rivas avait habité à Araucar'a pendant un
an après son arrivée à Santiago pour étudier. Cette
même année, elle a demandé à intégrer
l'organisation comme numéraire, et ce n'est pas un cas isolé.
L'exemple que donnent les numéraires qui logent dans
ces résidences est contagieux, et l'équipe de direction est
toujours là pour recevoir les confidences, les doutes d'un
étudiant, et pour y répondre en lui conseillant de méditer
telle ou telle maxime de San Josemar'a.
§ II - Un rythme de travail soutenu
Les collèges qui sont des Ïuvres corporatives de
l'Opus Dei, ceux qui appartiennent à la SEDUC, à la fondation
Nocedal ou aux autres fondations chiliennes, suivent tous exactement la
même discipline et les mêmes méthodes de travail. Le rythme
y est soutenu, et le niveau, excellent.
Mais ces atouts ne sont pour l'Îuvre que le moyen de
diffuser ses valeurs et de continuer sa mission d'apostolat. Le recrutement ne
se fait pas de manière violente, mais subtil, et sur le long terme, mais
le processus est le même: dans ces collèges, dès
l'entrée, les élèves qui ont le profil requis deviennent
immédiatement le centre de toutes les attentions, et les invitations
à participer à tel club de jeunes, ou à tel cercle de
réflexion pleuvent. Dans le même temps, les professeurs diffusent
un système de valeurs propre à l'institution, qui dans le cas de
l'Îuvre, comprend surtout l'acharnement au travail, la rigueur et
l'obéissance.
Dans ces écoles, pas question de décider seul
les livres que l'on veut consulter, les émissions de
télévision que l'on veut regarder. L'excellent niveau de tous ces
établissements est basé, selon ses responsables, sur cette
éthique du travail, développée par San Josemar'a, et
également sur la qualité des infrastructures, qui en font les
écoles les mieux agencées et possédant le meilleur
équipement technique du Chili, qu'elles soient situées dans les
quartiers riches ou pauvres de la capitale. Selon Msg Escriva, l'excellence des
bâtiments doit permettre l'excellence des études.
L'Opus Dei semble ainsi offrir une très bonne
éducation, prometteuse d'un bel avenir pour ses élèves, ce
qui convainc sans peine les parents. Evidemment, tout le personnel des
écoles s'emploie à transmettre les valeurs de l'Îuvre, par
le biais d'un rythme de travail très soutenu.
Sur le site internet de la SEDUC, un des points de la mission
de ces écoles est précisément l'amour du travail: Ç
Nous cherchons spécialement à développer chez chacun
l'amour de l'étude et du travail, qui constitue pour les
chrétiens le chemin ordinaire de leur sanctification et de leur action
apostolique. Nous cherchons à faire en
sorte que les élèves voient leurs études
personnelles dans cette perspective 109È. Ainsi, les
élèves doive nt faire Ïuvre d'apostolat en donnant l'exemple
dans leurs études et leur travail, après avoir été
convertis à la vision du monde du fondateur de l'Îuvre.
Selon la fondation SEDUC, l'exigence au travail est toujours
raisonnable, humaine. Il n'y a pas de manu militari, et le traitement de
l'élève serait toujours personnel, selon les
caractéristiques de chaque enfant. Les exigences, selon eux, doivent
être raisonnables, justes et toujours personnelles, en adéquation
avec les différences de caractère.
La journée scolaire est très longue dans ces
établissements. Alors que normalement au Chili, les élèves
ont cours ou bien toute la matinée de 9h jusqu'à 14h, ou bien
toute l'après -midi de 12h à 17h, dans les établissements
gérés par l'Îuvre, les élèves %ogés de
3 à 14 ans doivent arriver à 8h30 et repartent à 17h30
chez eux, quatre des cinq jours de la semaine. Ils ont une demi-journée
de repos, qui peut être le mercredi ou le jeudi après les
élèves 15 16 ans la 4 ème
-midi. Pour de et (équivalent de
et de la 3ème), les enseignements durent
jusqu'à 18h30. Tous les élèves prennent leur
petit-déjeuner et leur déjeuner sur place, mais ont cours toute
la journée, et les récréations ne durent que dix
minutes.
Selon Barbara G--mez, 27 ans, professeur à l'Almendral
depuis quatre ans, l'enseignement est parfois dur pour les fillettes les plus
jeunes, pourtant, elles s'habituent rapidement au rythme110.
Les restrictions portent aussi sur les loisirs des
élèves. En effet, très peu de temps libre leur est
laissé, sürement dans le but de les obliger à se concentrer
uniquement sur leurs études et sur leurs cours de catéchisme. Les
avis sont divergents parmi les élèves: certains disent qu'on les
submerge d'exigences diverses, et qu'ils doivent passer leurs soirées
à faire leurs devoirs. D'autres disent passer relativement peu de temps
à travailler leurs cours, et déclarent avoir le temps de s'amuser
ensuite. La directrice de l'Almendral déclare qu'en CP et CE1 (primero
et segundo básico, les classes équivalentes), le temps de travail
personnel par jour est prévu pour durer environ une demi heure. Ce temps
passe à trois quarts d'heure en CE2 et CM1, puis à une heure par
jour en CM2 et 6ème, et ainsi de suite. En
5ème4ème
, et 3ème, les élèves
passent environ une heure et demie à faire leurs devoirs
tous les jours. En sortant de l'école à 18h30, il ne leur
reste effectivement plus de temps libre, ou très peu. Ce n'est
109
www.seduc.cl
110 Voir annexe n° 14
pas pour déplaire aux parents, qui ont ainsi le
sentiment que leurs enfants préparent leur avenir studieusement.
La télévision, par exemple, est
particulièrement discriminée par l'Opus Dei: accusée de
tous les maux, entre autres d'encourager à la dépravation
sexuelle, au vice, et à la paresse, on décourage les
élèves de la regarder. Selon Barbara G--mez, quand un enfant
demande à regarder la télévision, il faut lui demander
tout d'abord quel programme il veut voir en particulier. ÇLes enfants
qui regardent beaucoup la télévision ont une attention
très dispersée, et moins d'imagination, alors que ceux qui ne la
visionnent pas beaucoup imaginent plus et inventent des personnages
111È. Par la lecture, il est plus facile d'influencer les
enfants, puisque certains livres leur sont recommandés, et facilement
accessibles. Katixa Mellado ne regardait pas la télévision quand
elle était numéraire, mais une fois, par curiosité, elle
est allée voir des extraits d'une série à succès
sur internet. Ç Je n'en revenais pas. Elisa avait mon %oge, elle allait
à des fêtes, avait un petit copain, et paraissait aimer sa
famille, réussir ses études, et être heureuse. Je me suis
sentie pour une idiote 112
prise È. Effectivement, c'est tout un
système de valeurs qui reste étranger à
tous les élèves de ces écoles, pour peu que les parents
suivent les consignes qu'on leur dicte durant leurs cours de formation.
Sur le site de la SEDUC, on peut lire Ç la discipline
tient une place importante dans la vie des écoles. Il s'agit de former
des habitudes de vie commune et de respect113 È.
L'ambiance de ces écoles est également
particulière: on y observe nombre de comportements louables, tels le
respect très prononcé du professeur, un salaire honorable,
l'obligation à la formation continue et la valorisation de son travail,
ce qui n'est pas toujours le cas dans les écoles publiques chiliennes.
Par ailleurs, l'Îuvre accorde beaucoup d'importance au travail en
équipe du personnel éducatif et de la direction de
l'école. La collaboration est efficace, voire tombe même dans
l'excès, car les élèves sont surveillés par tous,
et chaque membre de l'équipe se communique tous les
éléments utiles pour comprendre l'enfant, et peut-être pour
le convaincre des valeurs de l'Opus Dei. Le travail d'équipe est si
intense que rapidement, les professeurs peuvent désigner la personne la
plus proche de l'enfant, celle qui semble lui procurer le plus de confiance.
Cette personne devient alors son ami et son tuteur officiel, et profite de la
confiance de l'enfant qui l'écoute pour l'influencer et le guider.
111 Voir annexe n° 14
112 Voir annexe n° 1
113
www.seduc.cl
Quand on interroge les anciens éléves, tous
disent qu'étudier dans ces écoles ou vivre dans ces
résidences leur a donné une voie à suivre, toute
tracée, et que s'ils ne la suivent pas, ils en sont conscients et se
sentent coupables. Cette trace que les établissements éducatifs
dirigés par l'Opus Dei laissent est palpable chez toutes les personnes
interviewées.
Section III - Maintenir la réputation de l'Opus
Dei
C'est dans son attitude envers les comportements qu'elle
réprouve que l'organisation recoit le plus de critiques. Les normes de
comportement sont strictes, l'Îuvre cherchant à imposer à
ses membres et à toute la société des valeurs
extérieures.
§ I - Des normes de comportement très
rigoureuses dans l'éducation supérieure
Dans tous les établissements éducatifs de
l'Îuvre, les mécanismes se ressemblent fortement, et la pression
subie par tous les élèves, concernant le comportement à
adopter, les valeurs à respecter, est la même partout.
Mais à l'université Los Andes, les
éléves, qui ont tous plus de 18 ans, disent être
surveillés comme dans une école catholique trés stricte,
et traités comme des enfants en bas %oge114. En effet, le but
n'est pas, contrairement à ce qu'affirmait San Josemar'a dans ses
écrits, de conquérir sa liberté en acquérant des
connaissances. Au contraire, les étudiants de Los Andes recoivent un
enseignement formaté, délimité par les valeurs de
l'Îuvre, et auquel ils doivent
se soumettre.
Maria Elena Larra'n, psychologue à Los Andes, confesse
qu'elle était il y a encore quelques années pleine de
préjugés envers l'Opus Dei, alors même qu'elle travaillait
déjà à l'université. N'ayant pas recu de formation
catholique à l'école, elle désapprouvait par avance le
rTMle que jouait l'Îuvre dans l'éducation. D'ailleurs, quand sa
fille postula à l'université Los Andes pour la première
fois, celle-ci fut refusée, en partie à cause des
préjugés de sa mere. Acceptée l'année suivante, la
fille a par la suite incité la mere à se renseigner plus avant
sur l'organisation, et, aprés quelques cercles de réflexion et
retraits spirituels en leur compagnie, Mar'a Elena Larra'n demanda son
114 MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage précité, p
549
intégration comme surnuméraire, en 1994. Depuis
son entrée à l'Opus Dei, elle déclare avoir changé
sa maniére de travailler. Elle s'intéresse maintenant
également à la psychologie, à l'anthropologie. Mar'a Elena
Larra'n défend maintenant activement la séparation des sexes
à l'école. Selon elle, ca n'a rien à voir avec le
cliché de la contamination sexuelle, trop répandu. Mais la
volonté de l'organisation de donner à chacun une éducation
spécialisée selon sa nature profonde et selon son rythme est
115
selon elle, tr és louable, car les filles murissent plus
tTMt .
Mme Larra'n est un parfait exemple de l'efficacité du
systéme normatif de l'Îuvre, qui choisit fréquemment de
passer par les enfants pour influencer les parents. En quelques années,
ce professeur a totalement changé sa vision de l'organisation, et en est
devenue une des grandes promotrices. Elle ajoute parfaitement comprendre le
refus de sa fille la première fois qu'elle avait candidaté, car
il serait pénible pour l'Opus Dei de subir un groupe de parents
d'éléves qui critiquent constamment l'organisation. C'est
pourtant une des caractéristiques des universités d'être
des lieux de débat et de liberté de parole.
Elle nous parle également de la propreté. En
effet, c'est une valeur clé pour l'Îuvre, et à
l'université Los Andes, chaque bâtiment a une ma»tresse de
maison, qui a pour tâche d'éduquer les éléves sur le
maintien de la propreté des salles de cours.
Rien de plus louable, en effet, et d'ailleurs, les
éléves parlent en général des excellentes
installations, de la propreté des locaux, de la bibliothéque
incroyablement bien fournie, mais toutes leurs critiques portent sur les normes
de comportement.
Alors que l'infrastructure et l'aspect académique sont
trés positivement percus, les exagérations sur les
maniéres de s'habiller, le manque d'organisations étudiantes et
de possibilité de s'exprimer sont trés mal vus. Tous les
éléves qui critiquent l'université ainsi ont d'ailleurs
exprimé lors de l'enquête leur souhait de rester anonymes.
Concernant la maniére de s'habiller, par exemple, on ne
peut que constater les restrictions imposées par l'organisation à
l'université, qu'elles soient avouées ou cachées. Les
uniformes des étudiantes en médecine font par exemple l'objet
d'une grande préoccupation, surtout quand elles vont travailler à
l'hTMpital San Bernardo, car elles doivent refléter une image absolument
parfaite de l'Opus Dei. Leurs uniformes doivent donc couvrir les genoux, et
remonter jusqu'au cou, fermés en col rond, avec des collants couleur
chair et pas plus foncés, des chaussures sans aucune
décoration
115MONCKEBERG, Maria Olivia, ouvrage
précité, p 538
et bien sür sans talons. Une heure et demi de cours est
consacrée à la révision des uniformes en début
d'année, pour dissuader toutes fantaisies.
Consuelo L--pez nous confie par ailleurs qu'un jour, à
la fin du cours, leur professeur leur conseille, malgré la chaleur, de
bien veiller à ne pas porter de décolletés, ni de hauts
trop transparents, et de ne pas laisser voir leurs débardeurs car elles
avaient théologie juste après, et que leur professeur éta
prêtre 116
cours
de it un .
En effet, ce n'est qu'en 1993 que les femmes de l'Îuvre
ont obtenu l'autorisation de porter des pantalons. Aujourd'hui, les
surnuméraires qui envoient leurs enfants à une école de
l'Opus Dei les découragent toujours de porter des jupes courtes, des
blouses transparentes ou encore trop de maquillage. L'apprentissage, en effet,
ne se limite pas aux salles de classe. Les enfants répercutent ensuite
dans leurs familles les normes acquises et intériorisées, bien
que beaucoup s'en plaignent.
Effectivement, tous les étudiants avec qui nous nous
sommes entretenus, qui n'appartiennent pas à l'Opus Dei, s'accordent
à dire que quelque chose ne va pas dans l'université, une
ambiance étrange, en lien avec l'omniprésence de la religion et
de ces thèmes conservateurs, récurrents.
La constance des encouragements des professeurs, membres du
clergé ou de l'équipe de direction pour visionner des
vidéos de la vie de Msg Escriva, pour participer aux travaux
bénévoles d'été, ou encore pour assister à
un cercle de réflexion leur donne un sentiment de malaise persistant.
Ç Il y a tout le temps des invitations, dit Consuelo L--pez, mais
à côté, dès que l'on prend le risque, car c'en est
un, de porter une jupe plus courte ou un short, on ne peut éviter le
regard réprobateur des professeurs117. È
Ce témoignage concorde avec l'atmosphère
générale qui règne dans les établissements de
l'Îuvre. Par exemple, les membres de l'organisation vouvoient toujours
les personnes extérieures à l'Îuvre. Ainsi nous
étions nous-mêmes toujours vouvoyés, même dans une
conversation avec une personne du même %oge, et de même condition.
C'est ce qui se passe à l'université Los Andes. Les
étudiants membres de l'Îuvre vouvoient leurs camarades, ce qui
établit rapidement une sorte de distance entre eux. En
général, les classes sont rapidement plus ou moins
divisées entre membres de l'organisation et non membres, avec des
exceptions quand les numéraires lient des amitiés qui servent
leurs activités d'apostolat.
116 Voir annexe n° 5
117 Voir annexe n° 5
De même, chaque élève a un conseiller
personnel, qui est lÕéquivalent universitaire des tuteurs des
écoles. Ceux-ci les aident sÕils rencontrent un probleme
pratique, administratif ou pédagogique. Ils sont responsables de petits
groupes, avec qui ils organisent des petites reunions, et sont quasiment
systématiquement des numéraires ou des surnuméraires. Pour
Consuelo L--pez, cÕest une femme, très gentille, qui leur parle
souvent des valeurs chrétiennes, et de toutes sortes de sujets
dÕéthique et de pédagogie, puisque cÕest ce que
Consuelo et ses camarades étudient, et elle lÕappelle même
chez elle pour lui demander comment elle va quand elle est absente. Mais
Consuelo nous dit cependant ne pas aimer dire quoi que ce soit qui aille
à lÕencontre de ce que la conseillere affirme, dans le domaine
des valeurs, etc, car elle nÕa pas envie dÕavoir des
différends avec elle. Elle se contente donc dÕacquiescer et de se
taire.
Par ailleurs, comme tous les numéraires, la
conseillère de Consuelo répete à lÕenvie des
phrases du Chemin, quÕelle sait par cÏur, comme tous les
membres de lÕOpus Dei, mais qui ne trouvent aucun echo chez son groupe
dÕétudiants.
Effectivement, tout est fait pour que les étudiants
intériorisent les normes de comportement cheres à
lÕÎuvre, et les reproduisent ensuite dans leur entourage et dans
leur vie professionnelle.
§ II - La stigmatisation des esprits deviants
LÕOpus Dei, bien que sÕen defendant, adopte
certains comportements rigides à lÕheure de sanctionner
lÕindiscipline, dans ses rangs ou pas. LÕorganisation sanctionne
à la moindre ÒerreurÓ de comportement de son public et de
ses membres.
Le fait quÕil nÕexiste pas de federations
dÕétudiants à lÕuniversité, ni de
délégués dÕélèves, dans aucun des
établissements éducatifs de lÕÎuvre le montre bien.
On discourage, voire interdit aux étudiants de sÕorganiser pour
défendre leurs droits, le principal étant quÕils suivent
sagement les cours, sans cultiver leur esprit dÕopposition. Tout est
fait, en effet, pour que ces établissements soient parfaitement
organises, de telle maniere quÕil nÕy ait rien à redire
sur leurs activités. Mais lÕOpus Dei interdit purement et
simplement le regroupement dÕétudiants dans un groupe
universitaire qui aurait pour but dÕaméliorer la vie sur le
campus. Il existe toutefois quelques clubs de loisirs, parmi lesquels le club
de trekking, dÕastronomie, ou encore de photo, dont le seul but est
dÕorganiser des activités récréatives.
C'est pourquoi aucune défense n'a été
organisée au sein de l'université lors de l'exclusion d'une
éléve, Soledad Arze-Varas, en 1992. Celle-ci est en effet
tombée enceinte alors qu'elle faisait une licence d'infirmerie.
Non-mariée et ne voulant pas se fiancer, elle fut suspendue de ses
études, «pour le temps que sa condition attenterait aux postulats
de la morale chrétienne et de la foi catholique».
L'étudiante a par la suite attaqué l'université en justice
et obtenu sa réintégration aux cours, la décision de
justice
118
affirmant que ses droits fondamentaux avaient été
violés .
Dans ce cas, une grossesse en dehors du mariage correspond en
effet à une violation de toutes les valeurs de l'Îuvre.
Encore plus polémique est l'histoire d'Eduardo Hidalgo,
ancien éléve de l'université Los Andes, étudiant de
philosophie, une histoire cachée par l'université, et par toutes
les autorités de l'Opus Dei, tout comme par la majorité des
medias chiliens.
Msg Escriva avait écrit «traite ton corps
charitablement, mais pas avec plus de
119
charité que celle que tu n'en aurais avec un ennemi
déloyal . C'est un précepte que tous les membres de l'Îuvre
doivent appliquer, quand leur corps leur fait défaut, comme ils doivent
supporter la douleur comme un don envoyé par Dieu. Mais cela
s'applique-t-il aux non membres ?
Eduardo Hidalgo a effectivement été
blessé en décembre 2008, durant un travail de
bénévolat qu'il effectuait avec des numéraires à
Coñaripe, dans la région du Maule, au Sud du Chili120.
C'était un de ces séjours d'été caritatifs, ou les
jeunes, quasiment tous des numéraires, et quelques «amis»
invités par eux, exécutent des tâches sociales. Eduardo
Hidalgo était donc un potentiel futur numéraire, il avait suivi
plusieurs cercles de réflexion et avait même participé
à un retrait spirituel prés de Santiago. De religion catholique,
de famille pratiquante, il était trés intéressé par
les activités de l'Îuvre à l`université et voulait
s'en rapprocher.
Il a changé ses plans d'avenir maintenant qu'il a
porté plainte contre l'université pour «dommages graves et
action négligente des autorités». En effet, Eduardo Hidalgo
est tombé de quatre metres de haut alors qu'il réparait le
to»t d'une maison, ce qui a provoqué une lésion à la
jambe droite, la perte de 20% de son audition et surtout une lésion
à la colonne vertébrale, qui aurait nécessité une
opération le plus tTMt possible.
118
www.esacademic.com
119 ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, ouvrage
précité, maxime n°226
120 SCHONHERR, T--mas, Chileliberal, Ç Lo que
esconde la Universidad de Los Andes È, 23 novembre 2009.
Au lieu d'emmener Eduardo à l'hôpital le plus
proche, le prêtre Pablo Joannon, aumônier de l'université
Los Andes et prêtre de l'Opus Dei, le photographiait alors que ses jambes
tremblaient convulsivement sur le sol, et les numéraires riaient de la
scène, selon le témoignage d'Eduardo Hidalgo. «Par la suite,
ils m'ont photographié à l'hôpital de Coñaripe et
chaque jour ensuite en différentes occasions. Quel était le sens
de tout ca ?» ajoute-t-il. De plus, les responsables du camp de vacances
ne le laissèrent pas retourner à Santiago, pour profiter d'une
aide médicale spécialisée, et firent pression sur lui pour
qu'il accepte de rester, en particulier en répétant au groupe de
jeunes que l'accident n'était pas si grave. Le coordinateur des travaux
sociaux Mauricio Figueroa ne préviendra d'ailleurs jamais la direction
de l'université, et ce fut l'élève lui-même qui en
informa le recteur.
Pendant plus d'une semaine, Eduardo devait donc se
déplacer avec le groupe, alors que les numéraires devaient le
porter pour le placer dans sa chaise roulante ou dans son sac de couchage, et
l'emmenaient pour toutes les activités qu'ils faisaient, travaux
sociaux, méditations ou repas, pensant peut-être que ca le
distraierait de ses douleurs. Quand enfin ils rentrèrent à
Santiago, selon le témoignage d'Eduardo «ils me laissèrent
deux heures sur le parking de l'université, seul, sans même me
donner un antidouleur, car selon les autorités, depuis le début,
c'était Dieu qui me l'envoyait et que je devais l'accepter et le
supporter». Mauricio Figueroa suspendit plus tard le traitement d'Eduardo,
juste avant son opération de la colonne vertébrale.
L'étudiant demande maintenant réparation pour «l'atteinte
psychologique, morale et physique». «En plus d'avoir de bonnes notes,
et d'avoir à une occasion majoré dans sa promotion, Eduardo
faisait du VTT et sa vie a, sans aucun doute, radicalement changé»,
commente son avocat Estanislas Dufey.
Cette histoire ne fut jamais publiée dans les medias
chiliens, alors que l'agence d'informations Orbe a travaillé dessus par
le biais de T--mas Ignacio Schnherr. Evidemment, cette affaire n'est jamais
sortie à la lumière du jour car les moyens de communication les
plus important au Chili ne sont pas disposés à perdre un de leurs
plus gros clients, l'université Los Andes, qui génère des
millions de pesos en contrats et accords d'intérêt. Tout a donc
été fait pour que les medias ne s'emparent pas de l'histoire,
surtout en période d'inscriptions à l'université, selon le
journaliste chargé de l'affaire.
La bourse attribuée à Eduardo Hidalgo à
l'université a été suspendue de
manière indéfinie, sans raisons, et l'étudiant a perdu
l'opportunité de profiter d'une bourse pour
étudier un an en France, et sa famille a beaucoup de mal
à payer les coüteux traitements dont il a besoin.
Deux ans aprés les faits, on commence à parler de
l'affaire dans différents journaux
122
chiliens, dont Mercurio 121
le et la Tercera , ce qui montre que le pouvoir de
l'Opus Dei
n'est pas sans limites.
Le message est clair, chacun doit respecter les valeurs de
l'organisation, même dans sa dimension la plus extreme et peu de place
est laissée au libre-arbitre. Chacun doit faire ce qu'on lui ordonne,
par le biais des préceptes de Msg Escriva de Balaguer. Un rebelle
devient un ennemi de l'institution, ce qui justifie une campagne
immédiate de diffamation. C'est ce qui est arrivé à
Eduardo Hidalgo et à sa famille, qu'on accuse d'avoir inventé
toute l'histoire pour soutirer de l'argent à l'université. Jadis
proche de rejoindre l'Opus Dei, Eduardo dénonce aujourd'hui «un
mensonge officiel», relayé par les plus hautes autorités de
l'université, dont le directeur des études, Jaime Arrancib'a, qui
est allé jusqu'à intervenir plusieurs fois sur la cha»ne de
télévision Chilevision, démentant la version des faits de
l'étudiant.
121 El Mercurio, Ç Por accidente, ex alumno
demanda a su Universidad», 12 novembre 2009
122 La Tercera, Ç Ex estudiante
presenta millonaria demanda contra universidad por accidente», 11 novembre
2009
Conclusion
Après avoir détaillé les différents
aspects que prend l'activité éducative de l'Îuvre au Chili,
nous sommes en mesure d'expliquer en partie le succès rencontré
par l'organisation religieuse. Effectivement, l'Opus Dei a rencontré,
dès le début de son entreprise éducative au Chili, en
1953, un accueil extrêmement favorable, auprès des
différents milieux sociaux d'abord de la capitale, puis des
régions.
Depuis lors, l'organisation n'a cessé de diversifier ses
activités éducatives et de les étendre dans le pays,
créant de nouvelles structures d'abord dans les grandes villes du Sud et
du Nord, points de départ pour s'insérer ensuite dans le monde
rural.
Il est certain que l'éducation offerte, autant dans les
écoles qu'à l'université ou que dans les
différentes associations ou résidences étudiantes, est
d'un très bon niveau, certifié par les résultats aux
examens nationaux d'une part, et par la facilité de l'insertion dans le
monde du travail pour les élèves, d'autre part. En effet,
l'Îuvre fait beaucoup d'efforts pour entretenir des liens étroits
avec les milieux entrepreneuriaux, ce qui fournit de très bons
débouchés aux élèves. Par ailleurs, ses propres
établissements éducatifs représentent une très
bonne option pour les futurs professeurs, massivement formés à
l'université Los Andes.
D'autre part, l'Opus Dei bénéficie, gr%oce aux dons
de ses membres, de fonds suffisants pour construire et faire fonctionner des
établissements éducatifs bien au-dessus de la moyenne chilienne,
et ne lésinent pas sur le matériel informatique, les salles de
sport ou encore les équipements audiovisuels pour donner aux
élèves un environnement idéal pour étudier. Les
valeurs de l'Îuvre, travail acharné, application, perfectionnisme,
obéissance, sont bien évidemment une autre raison de la
réussite de cette mission d'éducation, à tous les
étages de la pyramide.
De plus, l'Opus Dei représente une possibilité,
pour les parents, de confier leurs enfants à des éducateurs qui
les maintiendront dans ce qu'ils estiment le droit chemin, gr%oce à une
discipline stricte et un encadrement soigneux de chaque élève.
Pour ceux qui n'auraient pas eu la chance d'étudier sans l'Îuvre,
les femmes au foyer par exemple, ou ceux qui n'auraient pas pu suivre leur
scolarité dans de bonnes conditions, comme les enfants des quartiers
pauvres, l'Opus Dei représente une solution à très bas
coüt et néanmoins très enrichissante.
Par le biais de toutes ces activités, l'organisation
réussit à diffuser son système de valeurs, celui de
Monseigneur Escriva de Balaguer, dans toute la société. Par
ailleurs, l'Opus Dei cherche, comme tout mouvement religieux minoritaire,
à faire Ïuvre
d'apostolat et à convaincre de nouveaux membres. Ses
activités d'éducation doivent donc servir ce but, en formant des
individus aux valeurs de San Josemar'a, leur permettre de les diffuser à
leur tour dans la société, voire, d'intégrer
l'organisation en tant que numéraires ou surnuméraires.
Pourtant, même quand le public concerné par
l'Ïuvre éducative de l'organisation n'adhére pas ensuite, ce
qui est le cas de la majorité des anciens éléves, l'Opus
Dei provoque une grande sympathie, du moins pour ses méthodes
d'éducation, considérées comme une barriére contre
les possibles dérives de l'enfant et de l'adolescent, et
également comme une possibilité d'accéder à une
bonne situation sociale et économique gr%oce au bon niveau
d'études.
Dans le cas précis du Chili, cette évaluation
semble pertinente car de grands pans de la population ne pourraient pas, si ces
établissements de tous types n'existaient pas, profiter d'une offre
éducative similaire. En effet, que ce soit à cause du coüt
des études, de la généralisation de l'école pour
tous encore trés récente, ou encore du milieu social auquel ces
groupes appartiennent, recevoir une bonne éducation n'est pas encore
donné à tous au Chili.
On peut d'ailleurs souvent sentir, dans les propos tenus par les
éléves de ces établissements, tout comme par les jeunes ou
moins jeunes qui fréquentent les structures éducatives de l'Opus
Dei, une sorte de gratitude envers l'organisation, qui leur a, bien souvent,
ouvert des possibilités de futur.
Pourtant, nous avons vu que l'action de l'Opus Dei ne se limite
jamais à permettre une éducation académiquement
impeccable, et qu'elle s'accompagne au contraire de tout un corpus de valeurs
inséparables de l'organisation. Le Chili était seulement un pays
stratégique pour développer l'organisation à
l'étranger dans les années 1950, étant un pays à
écrasante majorité catholique. Par la suite, la Dictature et ses
normes strictes et conservatrices ont installé un climat favorable
à la diffusion de ses activités éducatives. L'Îuvre
répond, il est vrai, à une demande précise, qui n'est pas
satisfaite par l'offre traditionnelle dans le secteur de l'éducation,
autant en ce qui concerne les clubs pour enfants, par exemple, que les
formations pour adultes.
On peut toutefois se demander si cette demande n'est pas
proprement chilienne, et si la politique de l'Opus Dei peut fonctionner dans
d'autres pays, par exemple en Europe, ou les structures éducatives sont
trés différentes, tout comme la société elle-
mê m e , plus éduquée, avec un niveau de vie globalement
plus élevé.
Il est alors surprenant de constater qu'en France, l'Opus Dei
conna»t un essor tout aussi surprenant. Il serait intéressant de
mener plus loin les recherches, alors qu'on
peut constater qu'il y a déjà plusieurs
écoles, collèges et lycées qui sont des Ïuvres
corporatives de l'Opus Dei, comme le collège de garcons Hautefeuille,
à Courbevole, inauguré en 1985, ou l'école
hôtelière féminine de Dosnon, à Courvelles.
L'organisation utilise en effet exactement le même schéma de
développement de ses activités éducatives qu'au Chili et,
probablement, le même que dans le reste des pays oü elle est
implantée. En France, on trouve donc également des clubs de
jeunesse, comme Fontneuve, pour garcons, et également des
résidences universitaires, comme Les écoles, à Paris, pour
filles.
Dans tous ces établissements, les valeurs transmises sont
identiques, les normes de comportement sont les mêmes. Bien qu'au Chili,
l'uniforme soit de rigueur dans toutes les écoles, ce n'est pas le cas
en France. Pourtant, dans les écoles de l'Opus Dei, tous les
élèves sont habillés à l'identique, et tous les
établissements pratiquent également la séparation des
sexes. On peut donc en conclure qu'il existe un public réceptif à
ce genre de valeurs en France, un public dont seulement une infime partie est
membre de l'Îuvre, car on sait que la France compte moins de 1 000
membres de l'organisation. C'est donc des raisons autres que l'affinité
religieuse qui pousse les parents à faire confiance à
l'Îuvre pour éduquer leurs enfants. Ces raisons sont donc à
chercher du côté des valeurs de travail transmises, ainsi que de
l'enseignement lui-même, tout comme au Chili.
En définitive, au Chili comme en France, c'est donc moins
la religion que l'ascétisme qui l'accompagne qui convainc et permet un
développement de ces activités éducatives
particulières.
ANNEXES
Annexe n°1 Rencontre Katixa Mellado, 12
juin 2010, 17h-18h30
-Comment en es-tu devenue numéraire?
-Depuis toute petite, j'allais aux clubs OD, avec mes 7
frères et sÏurs. Ma mère est surnuméraire,
mariée à un catholique pas OD, mais tolérant envers leurs
pratiques.
Ma mère maintenant donne des cours de théologie
à l'université Los Andes, mais avait avant renoncé
à son travail pour s'occuper de ses 8 enfants.
Pendant mon enfance et adolescence, j'ai été par
périodes proche ou éloignée de l'OD. Parfois je m'y
ennuyais beaucoup, et j'au surtout eu un moment de rejet fort, à cause
de tout ce que je voyais atour de moi : je ne pouvais pas accepter qu'il y ait
tant de misère sur Terre et que Dieu n'y fasse rien.
Finalement, je suis entrée à l'OD à 16 ans
et demi, très jeune!
-Mais tu n'y es pas restée trés longtemps,
pourquoi ?
-J'y suis restée 5 ans, et j'en suis sortie en novembre
2008, mais je voulais sortir depuis avril.
Je me suis apercue que ca ne me convenait pas. Pour beaucoup
de choses. Je supportais pas de demander la permission pour tout, tout l e tps,
par exemple quand je voulais m'acheter un habit parce que je le trouvais joli
et pas seulement si j'en avais besoin. J'avis l'impression de manquer de
liberté, j'étais fatiguée de devoir me lever tTMt tous les
jours.
Je voyais mes parents environ une fois tous les deux mois,
à partir de la rentrée à l'université. Avant,
j'habitais chez eux. Et surtout, je n'aimais pas être poussée
à l'apostolat, toujours. M'entendre dire que je devais Ç entrer
È des gens dans l'Ïuvre. Je pense que normalement, quelqu'un
d'heureux entre les gens tout seul, sans se forcer. Et je m'étais rendue
compte que Dieu ne voulait pas me voir malheureuse dans quelque chose qui ne me
convenait pas.
Ma sÏur, numéraire pendant plusieurs années
aussi, est sortie en 2008, et est maintenant coopératrice, elle donne
des classes dans une des maisons de l'OD et en est très heureuse.
-Non pas du tout, je maintiens toujours une distance. Imagine,
aprés la rupture avec ton petit ami, tu ne peux pas aller prendre le
thé chez ton ex belle mere!
De toutes mes anciennes amies, qui ont toutes des relations
avec l'OD bien sür, la plupart me parlent toujours, sont gentilles avec
moi, et même m'ont déjà invité à des cercles
de réflexion, mais je n'y suis pas allée. Quelques unes m'ont
completement tourné le dos, comme si j'étais maintenant
inférieure, comme si j'avais décu.
-Quelle est ta position actuelle envers l'OD?
-Je les soutiens toujours, je trouve que l'organisation est
trés bonne, même si bien sur il y a des problémes, que j'ai
constatés petit a petit.
En tout cas, j'ai eu beaucoup de mal à retrouver une
vie normale aprés ma sortie, j'ai eu tellement de mal à
m'habituer à avoir des relations avec un groupe mixte au début.
J'ai mis des années à pouvoir être amie avec un homme, je
ne savais tout simplement pas comment me comporter.
-Comment vois tu ton futur maintenant?
-Je pense que mon futur est de fonder une famille, d'avoir
beaucoup d'enfants.
-Que penses tu des clubs de jeunes de l'OD?
-J'admets que quasiment tous les petits qui fréquentent
ces clubs jeunes, finissent par intégrer l'organisation. Les promenades
à la montagne, séjours à la mer etc, sont géniaux,
et on t'inculque des valeurs petit à petit.
-Et l'université Los Andes, oU tu étudies
?
-Evidemment, il y a une présence écrasante des
membres de l'OD parmi les directeurs, les chefs de section mais pas
forcément les professeurs, car ils sont bien payés. Dans les
cours de commerce que je suis, je ne crois pas qu'il y ait beaucoup d'influence
sur la matière, à l'inverse de cours de philo, etc. dans tous les
cas, l'université est trés bonne, le niveau est excellent et
l'infrastructure vraiment exceptionnelle. C'est pareil pour les écoles
de l'OD.
-Est-ce que tu regardais la télé vision quand
tu étais numéraire?
-Bien sür que non, c'est totalement interdit? Mais une
fois, j'avais entendu parler des éléves de mon cours à
l'université. Elles parlaient d'une série télé,
Ç Donde está Elisa? È. (Une série qui a
passionné tout le Chili durant toute sa diffusion). J'étais
allée
voir sur internet des extraits, en cachette. Je nÕen
revenais pas. Elisa avait mon %oge, elle allait à des fêtes, avait
un petit copain, et paraissait aimer sa famille, réussir ses etudes, et
etre heureuse. Je me suis sentie prise pour une idiote. A ce moment, je pensais
déjà à sortir, et ga nÕa fait que renforcer ma
determination.
-Quelle est ton opinion sur ton parcours, maintenant que
tu es sortie de l'organisation ? -Je ne regretterai jamais de
lÕavoir fait, car sinon jÕaurais toujours eu l doute, et le
regret de ne pas avoir suivi Dieu quand il mÕappelait.
Annexe n°2 Entrevue Marcela Said Mercredi
14 avril 11h-13h
-Ca a été dur de réaliser le
reportage?
-J'ai commencé les recherches en 2002, et sorti le
documentaire en 2007: ce furent 5 ans de travail car il a été
trés dur d'entrer dans l'Ïuvre, j'ai dü négocier des
mois pour filmer certains bouts de scène. Ils ont, comme toute secte,
des endroits publics qu'ils montrent pour souligner que tout va bien, mais il
est trés difficile d'aller plus loin.
-Que peux-tu me dire à propos des livres
sélectionnés?
-Pour certains livres interdits, il y a des résumés
tout prêts et déjà remodelés.
Pour les carriéres de médecins,
gynécologie, à l'université par exemple, les cours sont
coupés, tronconnés selon les valeurs de l'OD. Cela donne un
probléme trés grave car ils seront les professionnels de demain:
ici ils interviennent dans la vie publique, et influencent notre vie à
tous (ex d'un médecin seul à exercer dans le S du chili, qui
refuse de donner pilule lendemain)
-Quelle serait ta définition des surnuméraires,
apres tes recherches?
-C'est la partie Ç bonne È de l'OD, seulement
des gens riches qui veulent le meilleur pour leurs enfants en
général. Ils rêvent qu'ils deviennent numéraires
sans savoir à quoi ils les envoient.
Ce sont eux qui apportent les sous, répandent la bonne
image, ils sont la meilleure partie de l'OD
Ils sont convaincus que Dieu les a choisi pr faire le
métier de la vierge
Ce sont des gens qui travaillent beaucoup, s'efforcent, mais une
personne trés intelligente, selon moi, ne resterait pas à l'OD,
Nous avons trop besoin de liberté
C'est pour ca qu'il n'y a pas de vrai philosophe ni d'artistes
dans l'Ïuvre
-Que penses-tu du secret dans l'organisation ?
-L'OD est trés compartimenté, c'est un mode de
fonctionnement hyper squizophrénique: tout le monde n'a pas la
même information, l'information est compartimentée entre membres
normaux et hiérarchie. Tout le monde est maintenu dans le secret et on
les encourage à se taire: c'estÇ la discrétion È
comme ils l'appellent. Par exemple, ils ne parlent pas de Ç vÏu
È de chasteté, d'obéissance etc, mais de Ç promesse
È : c'est la même chose!
Les numéraires se considérent comme des anges au
milieu du monde, ils sont supérieurs aux autres, car ils ont
été appelés par Dieu, et la hiérarchie est
trés forte : on n'accepte pas n'importe qui!
L'OD a un magazine propre, dans lequel tous puisent les semi
vérités qu'ils ont le droit de divulguer: quand on leur pose des
questions qui remettent en cause d'OD, ils apportent tous la même
réponse, sous forme d'histoire: ex pour la censure: ils répondent
que le Pére, un jour, avait vu l'explication de la censure des livres:
imaginez- vo us face à une multitude de petits flacons, vous voulez tous
les essayer, mais vous ne savez pas si l'un deux contient du poison. UN
connaisseur doit les trier pour vousÉ
Les numéraires sont occupés 24h/24, emploi du
tps minuté, et pendant les vacances ne peuvent pas ne rien faire,
peuvent faire des loisirs, du sport, pousser vers la
perfection. Ont peur du tps libre car il donne le temps de
réfléchir et dc un certain esprit critique. L'Ïuvre devient
leur famille.
Elles peuvent inviter des gens à manger chez elles,
mais le but est le prosélytisme: l'OD veut construire une soc
hiérarchisée.
-Comment sont recrutés les jeunes
numéraires?
-Ils viennent à 90% de familles surnuméraires,
le reste, du recrutement dans les facs surtout.
Au début, ils deviennent numéraires comme ils
seraient scouts, trés motivés, touchés par la gr%oce, et
ce n'est que de nombreuses années aprés qu'ils commencent
à se rendre compte de la vérité.
-Ton opinion sur le financement de l'oeuvre?
-L'OD a une facon trés machiavélique d'agir :
ils recoivent leur argent de toute sorte d'individus, comme Claro par exemple,
sans même se demander si c'est de l'argent propre, alors que ce n'est pas
du tout pour sortir les gens de la pauvreté, mais pour construire la
bibliothéque de Los Andes, par exempleÉ
-Que penses -tu des gens qui sortent de l'oeuvre?
-Les numéraires qui quittent l'Ïuvre sont
détruits, ils ont subi un traumatisme trés important, il y a
beaucoup de dépressions, des gens qui tombent dans la drogue... c'est
trés dur pour eux, ils n'ont plus d'amis. Ils ont beaucoup de
difficultés à se réhabituer à la vie
extérieure, n'ont plus d'argent, plus l'habitude de s'occuper
d'eux-mêmes, de gérer la solitude, et le temps libre. Ils ne
savent pas non plus comment se comporter
avec lÕautre sexe, et beaucoup des ex numéraires
sont pervers, il y a même des cas de viols, de harcelement sexuel etc.
10 ans apres, ils se sentent toujours coupables et pensent
quÕils vont aller en enferÉ
En general, ils nÕosent même pas demander ce
quÕil en sera de leur argent, et ne le revoient jamais,
puisquÕils ont fait un testament en faveur de lÕOD apres 5ans
dans lÕÏuvre)
LÕOD ne veut pas que les autres sachent ce qui se passe
quand quelquÕun part. Un ex numéraire mÕa raconté
avoir d0 partir à 6h du matin pour que les autres ne le voient pas,
comme sÕil avait été envoyé quelque part.
Ils découvrent très tard quÕils se sont
mentis à eux-mêmes. Mais ils voulaient juste trouver un sens
à leur vie. Les femmes fidélisent leurs maris dans
lÕÏuvre, il nÕya plus aucune possibilité pour eux de
se refugier dans lÕadultère. De même, quand un enfant
meure, il va au ciel : lÕexplication est beaucoup plus facile, plus
simple à accepter. Et dÕune maniere generale, sÕil arrive
quelque chose de mal, cÕest que Dieu le veut, donc la vie a un sens, et
on peut continuer à vivre tranquillement, Dieu veille sur nous...
-Que sais-tu des clubs de jeunes ?
-Les enfants, des 6 ans, vont dans des clubs, à porte
fermée. Ils sont recrutés à cTMté des
écoles, par le porte à porte, ou des amis et relations. On
propose aux meres des cours de dessin, de guitare ou de foot très bon
marché, pour les occuper lÕapres-midi, sans mentionner que ce
sont des organisations de lÕOD, car les associations portent un autre
nom. Dans ces clubs, les enfants sont lentement embrigadés.
Dans la scene du documentaire o0 lÕon voit les petites
filles, il y avait trois personnes qui me surveillaient derrière la
camera, et jÕai mis un an à avoir lÕautorisation de filmer
dans un de ces clubs.
-Qu'en est-il de Nocedal, d'Almendral, etc ?
-LÕOD a besoin dÕouvriers agricoles qui ne vont
pas se rebeller, même peu payés. Dans un pays avec des differences
sociales si marquees, il est bénéfique pour eux de se menager des
sympathisants dans les categories pauvres de a population.
-Oui, les numéraires ont l'obligation de recruter, de
donner des listes de personnes susceptibles d'entrer, chaque année, au
jour de San José. Tous les numéraires en général
donnent des cours de valeurs, de chrétienté. Ce sont des
activités d'apostolat. Un des arguments pour attirer les futures
numéraires auxiliaires est excessivement retors: on leur promet qu'on
les enverra à l'étranger, perspective trés attrayante pour
des jeunes femmes qui ne sont jamais sorties de Santiago.
-Que penses-tu de l'université Los Andes?
-Le créateur de l'OD était très
narcissique: il savait que la faiblesse de l'OD résidait dans la
communication: donc ils ont crée une trés bonne école de
com munication à Pamplona, en Espagne, pour former leurs
journalistes.
Effectivement, la créativité ne marche pas avec
la contrainte: A l'université de los Andes, ils ont essayé de
faire une école de cinéma: ils ont
contacté tous les cinéastes du pays, tous ont refusé de
travailler là bas, car il y aurait beaucoup de contraintes, qui
empêchent la liberté totale de l'art. Donc ils ont fait une
école de scénario et ont envoyé un numéraire
étudier en Italie pour qu'il puisse dispenser des cours au Chili.
-Est-ce vrai que les numéraires peuvent être
envoyés n'importe oU?
-Ils n'avouent jamais qu'ils sont Ç envoyés
È. Un jeune que je connaissais, Jorgito, voulait aller à
l'université Catholique, et a été envoyé à
Concepci--n. On m'a dit qu'il voulait, para»t il, aller là bas, et
on lui a dit que l'année suivante il serait à la catholique.
L'année d'aprés il était à los Andes, avec une
bourse. Et maintenant, il est à Jérusalem, et il para»t il
qu'il a choisi la destination...
-Quelle est ton opinion sur les numéraires
auxiliaires?
-A table, quand les numéraires sont servis, ils ne
doivent pas les remercier, il parait qu'elles ne le veulent pas, car elles
offrent leur travail à Dieu et le considèrent comme normal.
Almendral est une école crée parce qu'elle va
leur servir: ils y forment des expertes en infirmerie et en cuisine!
L' OD est également en train de construire une clinique
à Santiago, à San Carlos de Apoquindo., et aura besoin de
salariés dociles.
Ces petites ne pourront jamais devenir numéraires car
sont pauvres! et si elles le veulent vraiment, elles pourront être
numéraires Ç agregadas È, c'est à dire
qu'elles vivent chez elles, en général pour des cas
trés particuliers, car l'OD ne veut pas
prendre en charge une numéraire qui ne lui rapportera
pas plus qu'elle lui couteÉ C'est une vision trés utilitariste.
De même qu'il leur faut certains profils bizarres d'artistes, de pseudo
philosophes, pour l'image
-Que penses-tu des résidences d'étudiants ? Ce
sont des lieux de prosélytisme?
-A araucaria, même si les résidentes ne sont pas
OD et ne le deviennent pas, elles font une publicité enviable à
l'OD, disant que ce sont des gens normaux mais excessivement
accueillantsÉ L'ambiance est familiale, c'est une vitrine pr
l'organisation.
Les numéraires sont forcées d'être
sympathiques parce qu'elles vont aller au ciel. Elles sont en fait
généreuses pour elles mêmes.
L'OD ne veut pas que tout le monde devienne membre, mais il veut
répandre ses idées, valeurs.
-Vois-tu une évolution dans les méthodes de
l'OD dans l'Histoire?
-Je pense que aujourd'hui, l'OD commence à changer ses
méthodes: moi-même je n'ai recu que beaucoup de mails critiquant
mon travail et contestant mes dires, mais ils ne m'ont pas diffamé, ils
disent seulement
Annexe n°3 Carte des communes de Santiago
Annexe n°4 Entretien Damian Bettancourt Avila, fils
de parents surnuméraires 21 avril 2010. 18h
Etudiant, 24 ans.
-Quelle école as-tu fréquenté ?
-J'étais à Tabancura, pendant toute ma
scolarité. C'et un e école qui donne un enseignement de
très bonne qualité. Les professeurs sont sérieux,
exigeants, et le cadre est idéal.
-Est-ce que cÕest difficile dÕobtenir une place
à Tabancura ?
-Je ne crois pas. Mes parents, au moins, n'ont pas eu
besoin de lette de recommandation, alors que j'étais l'a»né
de 8 enfants, et nous avons tous fréquenté le même
établissement. Mais je crois que tous les enfants des familles de
surnuméraires obtiennent d'office une place, en fait.
-Sais-tu sÕil existe un système de bours e
?
-Oui, il y en a un. Mais personne n'en parle, car la SEDUC ne
veut pas susciter une demande exagérée.
-Tes frères et sÏurs sont-ils entrés dans
lÕÎuvre ?
-Cecilia et Fernando sont numéraires, depuis quelques
années, et Camila est surnuméraire. Les autres sont comme moi,
catholiques, mais n'appartiennent pas à l'OEuvre.
Annexe n°5 Entretien avec Consuelo L--pez, 23 ans,
étudiante en pédagogie à l'Université Los
Andes.
12 avril 2010, 19h
-Que penses-tu de lÕenseignement à
lÕuniversité Los An des ?
-Je ne suis absolument pas croyante, je viens d'une famille de
tradition vaguement catholique, mais ce n'est pas très important pour
nous. Alors je savais que j'allais avoir un peu de mal à m'habituer
à cette université. Cette année je suis donc dans une
classe de 22 personnes, et il y a je pense une majorité de membres de
l'OEuvre. Il y a au moins quatre filles numéraires dans ma classe. Je
l'ai appris à force de les entendre parler entre elles de leurs maisons,
et de leurs directeurs de conscience, une personne qu'elles choisissent comme
guide moral, avec qui elle s'entretiennent tous les jours, ne serait-ce que dix
minutes, et à qui elles disent tout ce qu'elles pensent, et font.
-Et donc, tu penses quÕil y a une certaine
modification des cours qui en découle ?
-Oui bien sir. Mon professeur de philosophie est
surnuméraire. IL a passé deux séances à nous
expliquer les théories de Saint Thomas d'Aquin, mais par contre, il ne
s'est intéressé qu'à la théorie de l'analyse
psychanalytique de Freud, sans exposer la moindre de ses théories sur la
sexualité infantile, l'importance des rêves et du subconscient, en
conseillant aux élèves qui souhaiteraient développer le
sujet d'aller faire des recherches à la bibliothèque. Et il n'a
même pas évoqué NietzscheÉ
-Pourquoi as-tu intégré cette université
si tu nÕes pas croyante ?
-J'ai étudié les beaux arts à
l'université Andrès Bello, une très bonne
université privée et ai candidaté à
l'université Catholique de Santiago, la meilleure du pays, pour y faire
la fin de mon cursus, de pédagogie, obligatoire pour être
professeur. J'ai été refusée, et suis donc entrée
à Los Andes, parce que c'est la deuxième meilleure du pays pour
ce cursus.
-Y a-t-il des normes de comportement propres à
lÕuniversité ?
-Oh oui. Même si e lles ne sont pas très
explicites parfois. Une fois, notre professeure nous a dit de ne pas porter de
décolletés, ni de hauts trop transparents, alors que nous
étions en plein été, car nous avions cours de
théologie juste après, avec le prêtre. Et puis il y a notre
tutrice. Elle est très gentille, elle nous parle tout le temps des
valeurs chrétiennes, de la pédagogie,
etc. et elle nous appelle même
à la maison quand on est
absents, ou pour nous dire quelque chose dÕimportant.
Mais honnetement, ce sont des conversations qui nÕont rien
dÕargumentatives. On ne peut rien dire qui va à lÕencontre
de ses arguments. Personne ne veut se la mettre à dos, donc on se tait
et on acquiesce à toutes les citations du Chemin quÕelle
nous recite par cÏur.
-Globalement, que penses-tu de l'ambiance de
l'université ?
-LÕuniversité en elle-même est
géniale. Les b%otiments sont impressionnants, il y a tout ce
quÕon veut. Mais il y a une sorte dÕambiance genérale que
je nÕaime pas du tout. CÕest comme si la religion envahissait
tout, et les valeurs quÕon ne cesse de nous répéter sont
tellement conservatricesÉ En plus, Il y a tout le temps des invitations
à aller à tel club, tel retrait spirituel ou telle conference,
mais à cTMte, des que lÕon prend le risque, car cÕen est
un, de porter une jupe plus courte ou un short, on ne peut éviter le
regard réprobateur des professeurs. On ne se sent pas très
libres. Et on en pale beaucoup avec mes trois amies, qui sont comme moi
agnostiques et se sentent mal ici.
Annexe n°6 Interview Maria José Traboldt,
directrice de l'Almendral 23 mai 2010
-Que pouvez-vous me dire sur votre établissement en
particulier, par rapport aux autres écoles de La Pintana?
-Selon moi, il y a d'autres bons établissements
à La Pintana, je ne peux pas le nier. Ils ont eux aussi des professeurs
de qualité, mais n'ont pas le côté humain, chaleureux que
les écoles de Nocedal ont, et qui fait leur réputation.
-Comment êtes-vous arrivée à la direction
de l'Almendral ?
-Je suis sortie de l'Université en 1999, j'ai fait un
stage de spécialisation dans l'éducation des enfants
handicapés, et un ami de la fondation Nocedal m'a offert ce poste. Je
n'ai jamais été ennuyée par la présence de l'Opus
Dei, au contraire, je trouve que les valeurs qu'il transmet sont trés
bonnes. L'Opus Dei se préoccupe beaucoup des gens, l'organisation est
chaleureuse, l'ambiance est familiale, et on s'intéresse vraiment aux
enfants.
-Dans quelle mesure le personnel de l'école
appartient-il à l'oeuvre? -Sur environ 80 salariés, seuls 10
ou 11 appartiennent à l'OD.
-Quelle est votre opinion sur la séparation des sexes
à l'école ?
-Dans cette école, on recherche une formation
intégrale dela personne, pas seulement dans l'éducation, donc n
veut aussi donner aux filles la part de féminité qui leur
correspond. Nous avons une matiére qui s'appelle «éducation
de caractère et de l'affectivité». C'est une sorte de classe
d'éducation sexuelle, qui est beaucoup plus facile à faire en
présence d'un seul sexe. On leur enseigne comment être un bonne
personne , comment le corps change, els drogues, les tribus urbainesÉ
bien sür, nous promouvons la chasteté, et nous décourageons
le préservatif. Ca fait partie des valeurs promues par l'oeuvre.
Apparamment d'ailleurs, ca porteses fruits, puique nous n'avons qu'un taux de
2% de grossesses dans l'école, par an, alors qu'à San Bernardo,
il y en a 25%.
Il est d'ailleurs plus facile pour les enfants de se concentrer
sur leurs études quand il sont séparés.
Cela dit, jÕai été dans une école
mixte et je nÕai eu aucun problème, on apprend mieux à
partager avec lÕautre sexe. Cependant, les parents qui postulent disent
souvent quÕils préfèrent la separation car il veulent
éviter le bullying à leurs enfants.
-Quel est le contexte social des familles de
lÕAlmendral ?
-La plupart des parents ont vécu une vie totalement
différente, et leurs enfants, à 8 ans, sont souvent beaucoup plus
cultivés quÕeux. A majorité des mères sont
célibataires, les enfants élevés par les grand-parents, le
spères en prison.. Peu de familles sont bien constituées, mais on
insiste beaucoup sur le respect di) aux parents.
Annexe n°7 Entretien Elena Mu-oz, numeraire
auxiliaire de 25 ans Entretien le 18 mars 2010
-Qu'est ce que tu étudies à Fontanar ?
-Je suis technicienne en gastronomie, je suis venue
étudier la première fois durant deux semaines à
Portezuelo, un lycée technique de l'Opus Dei à Valdivia, dans le
Sud du Chili, qui était venu faire sa promotion dans mon école.
Ensuite, j'ai continué ses études à Fontanar, et un an et
demi après le début de mon cursus, j'ai demandé
l'admission comme numéraire auxiliaire, à 19ans.
-Qu'en a pensé ton entourage ?
Mes parents sont des gens catholiques et très
respectueux. Parfois ils ont du mal à comprendre le don total
qu'implique ce chemin, mais ils savent que je suis heureuse dans mon travail
d'auxiliaire. Tout se résume en une phrase : c'est servir par amour pour
les gens. Ma récompense est que les personnes que je sers soient
heureuses, qu'elles mangent bien, que le ménage soit bien fait. C'est ga
qui me rend heureuse.
-Et comment trouves-tu l'ambiance en cours ?
-Dans tous ces cours, l'accueil est très sympathique, les
professeurs aimables, et les cours sont intéressants.
Annexe n°8 Correspondance entre Marcela Said et
Nicolas Ferrari
11 avril 2007
Hola Marcela, Àc--mo estás?.
Toe no me conoces, mi nombre es Nicolás Garrido y te
escribo desde Chile. Me gustar'a y es como un anhelo personal, que ambos
llegáramos a hablar un mismo lenguaje siempre y cuando comencemos y
conversemos siempre hablando con la verdad. La verdad, que tengo muchos temas
que me gustar'a comentarte. Ojalá que dentro de tu apretada agenda y de
tu trabajo filmando el nuevo documental sobre el FPMR puedas conversar un poco
conmigo. Te ofrezco un par de mails de conversaci--n.
(É) Sin embargo, en el documental (te lo digo muy
humilde y ?amateurmente?) levantas y creas ?conclusiones? (ojo, conclusiones)
que no son acertadas ni tampoco se acercan a la realidad. Primeramente, que
lástima que lo hayas grabado hace tantos años atrás y no
hayas logrado obtener un fiel reflejo de la realidad. Creo además que no
es bueno estimada Marcela, darles a conocer todo lo negativo o quizás
todo lo dudoso de la obra. (É) Marcela, en honor a la verdad, creo que
falt-- un poquito de informaci--n. No me refiero a cuántas veces al d'a
visitamos al Sant'simo o cuánto dinero entregamos a la fundaci--n. Eso
nunca lo sabrás, porque cada cual ?vive su fe personalmente y no
poeblicamente?. Creo entonces, que la informaci--n que falt-- publicar es la
que habla sobre la gran calidad de empresarios de la obra que han ganado
premios de responsabilidad social en Chile; sobre los 5 de los 10 mejores
colegios de Chile son de la obra, sobre la UAndes que hoy por hoy es la cuarta
mejor universidad de Chile, sobre Nocedal un Oasis entre la perdici--n, sobre
la calidad de vida antes y después de las señoritas que egresan
de Fontanar etc. (É) Te quiero decir además Marcela, que no es
poder lo que tienen los miembros del Opues, sino un gran ?c'rculo de amigos?.
C'rculo que cuesta mucho armarlo y afianzarlo. Pero que al fin y al cabo
siempre están cuando mas se necesita. De hecho, te podrás
imaginar como obtuve tu mail sin siquiera conocerte. (É) No quiero que
lo tomes a mal, s--lo necesito darte mi opini--n y saber que es lo que opinas.
Por eso te mando este mail, el cual espero y conf'o, sea solo para t'. Saludos
Cordiales. NG
21 avril 2007
Marcela:
Creo y soy un convencido que simplemente por ser el Opus Dei un
tema tan «provocador» haya generado algunos sentimientos de
irracionalidad en tu trabajo.
ÀNo crees en la perfecci--n? ÀNo crees en la
santidad - muy distinta a la santidad divina - que podr'amos alguna vez obtener
todos los que estamos bautizados, as' como lo dicta el Concilio Vaticano II?.
(É) Creo en lo perfecto que podemos ser como humanos y como hombres.
Pero también sé que es imposible que se haga. Sin embargo,
moriré tratando de que se logre. ÀC--mo? A través del
Apostolado que d'a a d'a debemos hacer en nuestras vidas. Y no hablo de una
«misi--n encubierta» o algo parecido. El Apostolado que nos pide el
Señor que hagamos es un apostolado desde donde estemos, con quien
estemos. Seamos ricos o pobres. Seamos empresarios o empleados. Lo más
importante en la obra, es que como hombres li bres, seamos capaces de
entregarle valor a nuestra vida, regalándoles vida a los
demás.
Si todo lo anterior, significa que debamos ofrecer una actitud
«paternalista» tal como la madre lo hace con su hijo, o la profesora
con los alumnos, lo hago entonces con mucho gusto estimada Marcela.
(É)
Como siempre, este mail es solamente para t'.
Queda pendiente el café, para dentro de los pr--ximos
d'as.
Estamos hablando.
Saludos Cordiales.
NG
Annexe n°9 Entrevue Natalia Izquierdo
06/05/2010 18h-19h30
Résidence Araucaria
Natalia (20ans) m'attend au salon, m'améne dans une salle
commune dont elle ferme les portes (avec soin ?). Accueil trés
chaleureux, 20 ans, numéraire depuis 4 mois.
Bien habillée, maquillée, bien coiffée,
boucles d'oreille, trés jolie.
Elle m'accueille trés chaleureusement, ca fait
longtemps qu'on ne s'est pas vues mais je l'ai appelé au moins 6 fois
sans réponse, envoyé des textos, et laissé des messages
vocauxÉ elle a répondu finalement alors que j'appelais d'un
numéro inconnuÉ
Prétend quasiment ne plus se servir de son
téléphone, et ne pas avoir de crédit.
-Comment vas-tu, depuis la dernière fois?
-Je n'ai jamais été aussi bien. Je suis plus
heureuse chaque jour depuis que je suis entrée à l'OD.
-Parle-moi de ta famille, tu les vois souvent?
-Mes parents habitent à 1h30 de Santiago, dans un petit
village. Je vis moi -même à Santiago avec un de mes fréres,
mais je passe toute la journée au centre. Je le croise rapidement le
soir, mais à partir de juin, j'habiterai au centre, je pense que je le
verrai moins. Je vois assez souvent mes parents, mais ca va forcément
changer quand j'habiterai au centre. Maintenant, je suis dans quelque chose de
différent, forcément, je les verrai moins. J'ai
déjà un frére qui est numéraire et habite dans un
centre de l'OD, et moi, je rêve d'y emménager, je ne peux plus
attendre!
-Ta famille est catholique?
-Oui bien sür, mes parents sont trés pratiquants. Je
connaissais l'od depuis toute petite car ils en sont proches, mais je n`en
faisais pas partie.
-Comment es-tu entrée à l'OD?
-Je suis entrée il y a 5 mois, six mois aprés
avoir commencé à fréquenter la maison, à l'occasion
de conférences, de cercles etc. J'ai tellement h%ote de venir habiter
à Araucaria, c'est déjà tout comme ma maison ! j'y arrive
le matin vers 7h, et ne repars jamais avant 22h.
-Qu'est ce que tu faisais avant d'entrer à
l'OD?
-Pendant les vacances, j'aimais beaucoup aller dans le Sud.
J'ai été serveuse à Puerto Varas l'été, et
pour gagner de l'argent, je vendais des vêtements usés à la
brocante aussi.
-Qu'est ce qui a changé pour toi maintenant que tu es
numéraire?
-Depuis que je suis numéraire, j'ai l'impression de me
réveiller tous les matins avec des papillons dans le ventre, comme quand
on est amoureux. J'ai déjà été amoureuse avant,
mais jamais rien d'aussi fort. L'amour est toujours risqué, on est
toujours en situation instable, alors que l'amour de Dieu est sür, et il
ne changera pas. Dieu est toujours à tes côtés, pour les
moindres petites choses et tous ce que tu fais, tu le fais dans un but de don
aux autres, tu te lèves le matin et c'est dur, mais tu le fais avec
plaisir pour montrer l'exemple et comme pour offrir ce geste aux gens.
-Tu te sens plus sUre de toi, alors?
-Je n'ai plus peur d'échouer, de me tromper, parce que
Dieu me trace le chemin. Si j'échoue à un examen par exemple, je
sais que je devrais juste travailler plus dur dans l'avenir
-La responsabilité est moindre, alors?
-Pas du tout! Elle est bien plus grande au contraire, on doit
montrer l'exemple aux autres, avoir une vie exemplaire ! c'est dur! gr%oce
à l'exemple que je donne, mes amis doivent, j'espère, se
rapprocher de Dieu (phrase sortie du Chemin)
-En faisant quoi?
-Comme dit Monseigneur Escriva, pour un apostolat moderne, une
heure étude équivaut à une heure de prières (autre
phrase de chemin) je dois donc étudier sans répit, toute
la journée, et je le fais avec facilité, alors qu'avant, j'avais
beaucoup de mal à me concentrer, car ce travail je l'offre à
Dieu, à tous moments, et je peux l'o ffrir à quelqu'un et prier
pour lui, car Dieu est toujours avec moi.
-Tu as une directrice de conscience, comme toutes les
numéraires?
-Bien sür, la mienne s'appelle Sangel, elle est professeur
à l'Université Los Andes, et sous directrice à
Araucaria. C'est par elle que je suis arrivée à la
résidence d'ailleurs.
C'est une des professeurs de mon frère, qui me l'a
présentée. Je peux tout lui dire, c'est la personne qui me
conna»t le mieux au monde, mieux que mes parents. Elle peut lire en moi
comme un livre ouvert.
-Est-ce que parfois, tu ne préfères pas te
confier à quelquÕun dÕautre ?
-a m'est arrivé, mais je me suis toujours aperçu
finalement que c'est Sangel qui m'aurait le mieux comprise et qu'elle savait
toujours exactement quoi me direÉJe lui parle tous les jours, à
un moment ou à un autre de la journée, même si c'est
seulement 5 minutes, c'est obligatoire.
-As-tu des activités dÕapostolat
spéciales ?
-Oui, je donne des cours de catéchisme chaque mardi
soir à 18h30 à Araucaria. J'ai maintenant trois
élèves, qui ont toutes mon %oge : l'une vient du Sud du pays, et
est déjà membre de l'OD, surnuméraire. Une autre
étude le marketing à l'université Catholique, o0
j'étudie le droit, et une amie de celle-ci, qu'on a croisé toutes
les deux par hasard, et qui est venue par curiosité et est
restée. Les deux dernières sont des possibles vocations...
Je cherche à rapprocher les gens qui m'entourent de
Dieu, en montrant l'exemple surtout : les gens voient que je suis heureuse en
travaillant autant, en offrant mon travail à dieu.
Annexe n°10 Entretien avec Coni Rivas
Lundi 12 avril 15h-16h
Etudiante à l'université Catholique de Santiago,
numéraire.
-Comment es-tu arrivée à la résidence
Araucaria?
-Je suis arrivée à Araucaria complétement
par hasard, un ami m'avait donné les coordonnés. Je viens de
Concepci--n, et mes parents avaient très peur de me laisser partir
à Santiago pour étudier. Ils ont été
enchantés par la résidence, quand ils l'ont visité il y a
quatre ans. Mon pére dirige une petite entreprise dans le Sud, et avait
tenu à m'envoyer à la meilleure université,
l'université Catholique de Santiago.
-Ta famille est-elle croyante?
-Ma famille est trés catholique, mais moi-même je
n'étais pas pratiquante. Avec un peu de chance, j'allais à la
messe deux fois par mois.
-Qu'a tu pensé de la résidence, en
arrivant?
-Je m'y suis directement sentie comme chez moi. J'ai par la
suite demandé l'admission à l'Opus Dei un an aprés
être arrivée à Araucaria. Puis, comme toujours,
aprés avoir demandé l'admission, on passe un an dans le centre
oü on l'a demandée, et j'ai ensuite été
envoyée à San Carlos de Apoquindo, dans une maison avec 8 autres
numéraires.
-Il y a beaucoup de résidentes d'Araucaria qui ont par
la suite demandé leur admission?
-Non, pas du tout (elle s'empresse de démentir). Avant
moi, cela faisait dix ans que ce n'était pas arrivé!
-Est-ce que tu as déjà fait entrer quelqu'un
à l'Opus Dei, maintenant que tu es numéraire et que tu as un
devoir d'apostolat?
-Non, je n'ai jamais fait Ç cracher È personne,
mais je donne des clases de valeurs et de catéchisme à
l'université Catholique.
-Pourquoi, selon toi, certaines personnes décident de
quitter l'OD?
-Je suppose qu'ils doivent se rendre compte que ce n'est
pas leur vocation.
-Je ne l'ai jamais vu chez personne, les seules personnes que
j'ai connues et qui sont partis ont toujours des liens avec l'OD. Je pense que
chacun peut partir quand il veut : Ç vive la libert é È
est une des devises de l'OD.
Je comprends tes doutes, j'ai eu les mêmes doutes que toi
au début, puis je me suis rendue compte une fois dedans que tout ce
qu'on dit n'est pas vraiÉ
-Parle-moi de l'organisation des centres oü vous
vivez?
-Dans chaque centre (casa) il y a une directrice, une sous
directrice et une secrétaire. On ne confie jamais le pouvoir à
une seule personne
-Que penses-tu faire plus tard ? vas-tu vivre au
Chili?
-Aprés notre formation, l'OD peut nous envoyer
n'importe oü au Chili, sans nous demander, mais pour nous envoyer à
l'étranger, ils ont besoin de notre accord. On peut trés bien
dire non ! et ils prennent soin de ne jamais perturber notre travail, car c'est
trés important pour eux.
Aprés ces questions un peu dérangeantes, je devais
revoir Coni deux semaines plus tard, chez elle. Ne m a plus jamais
répondu ni au téléphone, ni sur internet.
Annexe n°11 Entretien Caren Hidalgo et Valerie
Oveda, élèves à l'Almendral
Caren, 17 ans:
-On m'a dit que tous les pro fesseurs connaissaient
personnellement tous les élèves ici, c'est vrai?
-Oui c'est vrai qu'ils connaissent tous notre nom.. ils nous
traitent assez familiérement. Moi je suis arrivée à 7 ans
à l'Almendral, alors que j'étais dans une école publique
de la Pintana avant. C'est vrai que c'est trés différent ici. A
Pablo Neruda (son ancienne école), je pense que j'étais une
éléve parmi les autres, et trés souvent, même
à la fin de l'année, les professeurs ne nous reconnaissaient
toujours pas. Ici, ils s'inquiè tent pour nous quand on a l'air
triste.
-Et la discipline, ici, c'est comment?
-C'est assez strict, les cours sont trés bons, je vois
bien la différence quand je parle avec mes amis qui sont restés
à Neruda. Les classes sont plus profondes, le niveau est plus
élevé, c'est plus durÉ
-Tu connaissais l'OD avant d'entrer à
l'école?
-Pas du tout, j'ai tout appris sur eux ici. Je suis catholique,
je crois en Dieu et ma famille aussi, mais personne n'est de l'Îuvre.
Valerie, 17 ans:
-Moi je suis à l'Almendral depuis toute petite, depuis
le début de ma scolarité, à `ouverture de l'école,
en 1999. Mes parents voulaient que j'aille au moins dans le meilleur college,
étant donné que la Pintana n'est pas vraiment le meilleur
quartier pour étudier. C'est vrai que ici au moins, les professeurs
portent l'uniforme, c'est plus juste. Aprés tout, ils font comme nous.
Les professeurs sont aussi plus proches de nous.notre professeure
déléguée est avec nous depuis nos 6 ans, elle nous
conna»t trés bien, c'est une amie.
-Est-ce que tu es croyante?
-Je suis catholique, j'ai fait ma communion et ma confirmation
à l'école. On nous le propose tous les ans. L'OD m'interesse mais
je ne veux pas du tout y entrer.
Annexe n°12 Cours dispensé dans les colleges
de l'Opus Dei Ç Une sexualité propre pour un amour heureux
È
Appelés vers l'amour vrai : Tout homme
est appelé à l'amour et à l'amitié, au don. La
sexualité, la masculinité et la féminité sont des
dons complémentaires qui ont comme fin intrinsèque l'amour comme
donation et accueil, comme donner et recevoir.
L'amour vrai et la chasteté : la
chasteté est l'énergie spirituelle qui libère l'amour de
l'égo ·sme et de l'agressivité. Elle implique un
apprentissage du contrôle de soi-même pour se donner.
La valeur éminente de la virginité et le
sentiment de la vocation du mariage: la famille a un rôle
décisif dans la naissance et le développement des vocations, la
pudeur et la modestie, la juste intimité, l'auto domination, les parents
modèles pour leurs enfants. (É)
III. Les phases principales du développement de
l'enfant.
Les années de l'innocence: des 5 ans
à la puberté, on vit une période de
sérénité pendant laquelle on n'est pas perturbé par
quelque information sexuelle inutile. Il faut surtout prévenir la
violence sexuelle entre enfants.
La puberté: expliquer avec
détail le développement de la masculinité et de a
féminité dans sa dimension corporelle, psychologique, et
spirituelle, de manière prudente et positive.
Montrer les faiblesses des conduites permissives et
hédonistes.
L'adolescence et le projet de vie :
développement du sujet, période de découverte de
soi-même et de sa propre vocation personnelle. Les parents sont un
modèle de conduite réel et attrayant. Aborder masturbation et
vision égo ·ste de la sexualité. Homosexualité:
distinguer les concepts de normalité/anormalité. Amitiés,
relation amoureuse: un lien solide, prometteur et honnête.
Annexe n°13 Cours dispensé dans les
écoles de l'Opus Dei Ç Amour AdolescenceÈ
(É) «Former le regard». Au
garcon il convient de lui enseigner à surveiller ses yeux, pour
apprendre à contempler la beauté de la nature féminine
avec tendresse et pas avec sensialité. Il est difficile pour le garcon
de voir sans regarder, sans fixer ses yeux sur un aspect particulier du corps
de la femme, ce qui l'amène à considérer la femme
seulement comme objet de plaisir. La beauté se contemple mais ne se
touchje pas et ne se consomme pas.
La jeune fille aime être regardée, c'est pourquoi
elle doit apprendre à réserver ce qui est intime à
l'intimité. Ne pas suggérer pour attirer l'attention. Surveiller
sa pudeur et la réserver pour un amour fidèle et
fécond.
Questions des jeunes garcons à leurs parents, aux
alentours des 8 ans : (É)
4. Les parents pensent-ils aux enfants avant de se
séparer ?
< Le divorce est inhumain. Il tue une famille
entière. La séparation ne résout rien, elle empire tout,
et parfois définitivement. Et ce que Dieu a uni, aucun homme ne doit le
séparer, pour quelque motif qu'il soit. È
(É)
7. Comment dire non quand elles nous touchent, nous
frôlent, et font les coquettes?
< la passion amoureuse se nourrit plus de l'imagination que
de la réalité, et ceux qui promeuvent la pornographie le savent
bien. Il faut faire la distinction entre les filles avec qui on passe un mome
nt et celles qui seront les amies de toujours. De nuit elles paraissent toutes
diamants, mais de jour elles ne resplendissent pas toutes de bonté et de
beauté. Et celle qui use de son corps pour provoquer ne mérite
pas de s'appeler femme. Ne la prend pas comme compagnon de route, et ne
l'accompagne même pas au coin de la rue, ou tu finiras mal. È
(É)
9. Quels sont les effets de la masturbation?
< Abuser de notre propre corps, qui est Temple de Dieu et
ne nous appartient pas comme objet de plaisir, nous écarte de l'amour de
Dieu, et de l'amour à la femme vue comme un objet. È
il est frequent que les mauvaises habitudes juveniles produisent
des pathologies dans l'union sexuelle, comme l'ejaculation precoce È
(É)
Annexe n°14 Entretien Barbara Gómez,
professeur à l'Almendral 27 ans.
-Comment êtes-vous arrivée dans cette
école?
-Par hasard. Quelqu'un a transféré mon cv à
l'école. Avant je travaillais dans des écoles pour
handicapés. Ici on sent la différence, les éléves
sont trés pauvres, vulnérables.
-Parlez-moi du rythme d'enseignement
-Ici, l'enseignement dure toute la journée, pour les
petites c'est un rythme dur mais elles s'habituent. On entretient une
communication directe avec les parents, les petites racontent tout trés
facilement, elles sont trés proches de nous.
-Je peux vous demander si vous croyez en Dieu?
-Je suis catholique, et quand j'ai le temps je vais à la
messe de l'école. J'aime bien cette ambiance, on ne se sent pas
obligé.
-On m'a dit qu'on int erdisait aux enfants de regarder la
télévision. C'est vrai?
-Elle incite à la dépravation sexuelle, au vice,
à la paresse. On décourage les éléves de la
regarder, on ne leur interdit pas. Quand un enfant demande à regarder la
télévision, il faut d'abord lui demander quel programme en
particulier il voudrait voir. Les enfants qui regardent beaucoup la
télévision ont une attention trés dispersée, et
moins
d'imagination, alors que ceux qui ne la visionnent pas beaucoup
imaginent plus et inventent des personna ges.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
- DEL CARMEN TAPIA, Mar'a, Tras el umbral, una vida en el
Opus Dei, Ediciones Espa-a, 1994
- DEVOS, Bruno, La face cachée de lÕOpus Dei :
documents secrets, des vérités qui dérangent ,
Presses de France, 2009
- DURKHEIM Emile, Les formes élémentaires de la
vie religieuse, Les Presses universitaires de France, 1968,
cinquième édition
- ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, Le Chemin, Le Laurier,
1993
- IBANEZ-MARTIN, José Antonio, La formation sociale et
civique à lÕuniversité selon le fondateur de lÕOpus
Dei , Promesa Centenario, 2002
- MONCKEBERG, Maria Olivia, El Imperio del Opus Dei en
Chile, Ediciones B 2003 - SCHUFFENEGUER, Humberto Lagos, Chile y el
mito del estado laico, Icthus, 2005 - WEBER, Max, LÕethique
protestante et lÕesprit du capitalisme, Gallimard, 2003
ARTICLES
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n°249
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27 février 2006
- Rodrigo, Ç Sobre llevar o no a un ni-o a un colegio
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www.opuslibros.org article du 13
février 2003.
- ESCOBAR, Jaime, « La puissance de lÕOpus
Dei », La situation de l'Eglise au Chili, DIAL Diffusion de
l'information sur l'Amérique Latine n°2567,16 juin 2002
- PULIDO, Magdalena, « LÕavortement therapeutique
: comment justifier un meurtre ? È, Hacer Familia , 18
décembre 2009, n°166
- « Colegio Nocedal de La Pintana gana concurso
mundialÓ, El Mercurio, 20 avril 2009. - « US$ 16 millone s
para construir dos colegios en una comuna pobre», El Mercurio, 27
mars 2010.
- « La garde blanche du Vatican », Le Monde
Diplomatique, Septembre 1995
- « Alumnos de las Garzas ayudan a familias afectadas
por el terremoto », Diario VI region, 2 juillet 2010.
- ESCRIVA DE BALAGUER, Josemar'a, Cr--nica, v, 1963.
- ESCOBAR, Jaime, Dial n°2567,
ÇSituation de l'eglise au Chili È, 16 juin 2002
- SCHONHERR, T--mas, Chileliberal, ÇLo que esconde la
Universidad de Los Andes È, 23 novembre 2009.
- Ç Por accidente, ex alumno demanda a su
Universidad», El Mercurio, 12 novembre 2009
- Ç Ex estudiante presenta millonaria demanda contra
universidad por accidente» , La Tercera, 11 novembre 2009
ARRETS
- Loi n° 18.985, de 1990, article 8.-modifiée par les
Lois n1/4 19.721, de 2001 y n1/4
19.885, de 2003
- Jurisprudence de la Chambre des Lords Ç Gillick v
West Norfolk and Wisbech Area Health Authority», 1985
DOCUMENTS AUDIOVISUELS
- SAID, Marcela, L'Opus Dei, une croisade silencieuse,
documentaire, 2003
SITES INTERNET
www.seduc.cl
: site de la fondation Seduc, qui dirige les collèges de
l'Îuvre
www.esacademic.com
: site d'un journaliste critique des médias traditionnels
www.odan.org:
site d'opposants à l'Opus Dei crée par des ex membres et
leurs familles.
www.residenciaaraucaria.cl:
site de la résidence étudiante Araucaria
www.fontanar.cl:
Site de la fondation Fontanar, qui gère l'école
technique du même nom
www.pintana.cl:
site de la mairie de La Pintana
www.nocedal.cl:
site de la fondation Nocedal, qui gère les deux écoles
du quartier La Pintana
www.hacerfamilia.cl:
site de la fondation Hacer Familia, membre de l'Îuvre
www.uniandes.edu.co:
site de l'Université Los Andes
www.tabancura.cl:
site du collège Tabancura, de la fondation Seduc
TABLE DES MATIERES
Remerciements 3
Résumé 4
Sommaire 5
Introduction 6
Partie I - Entretenir et renouveler l'organisation
10
Chapitre I - Former les enfants de la grande famille
de l'Opus Dei 10
Section I - Accompagner et éduquer la
progéniture de l'organisation durant toute
son enfance 10
§ I - Les clubs et associations pour enfants et adolescents
11
§ II - Les colleges SEDUC, le potager des vocations 15
Section II - L'Îuvre de l'Université Los
Andes 22
§ I - Des conditions d'étude optimales 22
§ II - Le régne de l'ordre moral chrétien
26
Section III - Les Fondations, garantes du bon
fonctionnement de la Ç Mission
d'éducation È 30
§ I - Le financement de l'action éducative 30
§ II - Des formes d'éducation diverses et novatrices
34
Chapitre II - Eduquer et recruter le personnel de
l'organisation 40
Section I - Ç tailler des joyaux dans de la pierre
bruteÈ 40
§ I - La vitrine sociale de l'Opus Dei : une
éducation exceptionnelle 40
§ II - Rallier les milieux sociaux
défavorisés, un appui dans la société 44
Section II - Recruter les numéraires auxiliaires
47
§ I - Fontanar: former les numéraires auxiliaires de
l'Opus Dei 47
§ II - Inculquer les valeurs de l'Opus Dei 52
Section III - Le paternalisme de l'organisation
55
§ I - Les structures de parrainage des enfants 56
§ II - Une vision hiérarchisée de la
société 58
Partie II - Former la société à
la manière de San José Maria 61
Chapitre I - L'extension des activités de
l'Opus Dei à tous les milieux éducatifs, et tous les publics
62
Section I - S'imposer dans toutes les branches de
l'éducation 62
§ I - Les écoles techniques 62
§ II - Carriéres et instituts à
l'université Los Andes 67
Section II - Un guide à travers tous les %oges de
la vie 72
§ I - Les activités et clubs pour enfants 72
§ II - Un encadrement personnalisé de la personne
75
Section III - Les formations de l'%oge adulte
78
§ I - Cours du soir pour les parents dans les écoles
de la Prélature 78
§ II - Fontanar et les formations professionnelles pour
adultes 81
Chapitre II - Transmettre les valeurs du Fondateur par
tous les biais possibles
84
Section I - Faire partager la Ç bonne voie
È 84
§ I - Les Ç invitationsÈ 84
§ II - Activités bénévoles des
numéraires 87
Section II - Une forme d'éducation totale
89
§ I - Des résidences étudiantes trés
strictes 90
§ II - Un rythme de travail soutenu 94
Section III - Maintenir la réputation de l'Opus
Dei 97
§ I - Des normes de comportement trés rigoureuses
dans l'éducation supérieure 97
§ II - La stigmatisation des esprits déviants 100
Conclusion Générale 104
Annexes 107
Annexe n°1 Rencontre Katixa Mellado 107
Annexe n°2 Entretien Marcela Sa ·d 110
Annexe n°3 Carte des communes de Santiago 115
Annexe n°4 Entretien Damian Bettancourt Avila 116
Annexe n°5 Entretien avec Consuelo L--pez 117
Annexe n°6 Interview Maria José Traboldt 119
Annexe n°7 Entretien Elena Muñoz 121
Annexe n°8 Correspondance entre Marcela Sa ·d et
Nicolas Ferrari 122
Annexe n°9 Entretien Natalia Izquierdo 124
Annexe n°10 Entretien avec Coni Rivas 127
Annexe n°11 Entretien Caren Hidalgo et Valerie Oveda 129
Annexe n°12 Cours dispensé dans les colleges de
l'Opus Dei Ç Une sexualité propre
pour un amour heureux È 130
Annexe n°13 Cours dispensé par l'Opus Dei Ç
Amour Adolescence È 131
Annexe n°14 Entretien Barbara G--mez 133
Bibliographie 134
Table des matières 136
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