LEMOIGNE Jean-François IFSI LAXOU
Promotion 2008-2011 Centre de Psychothérapie de
NANCY
Guidant : Mme PECHEY 10 rue du Dr ARCHAMBAULT
54521 LAXOU CEDEX
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A B C D E F G H I
B P C O I N R
I C D A
A S M O P
E S E P B
G E P A C F A
I R A C V
I R C L D
A E R V P
I M S A M R
|
« C'est le besoin qui a créé le
nom des choses 1»
1 LUCRECE (98-54) - De rerum natura (De la nature des
choses). Livre V, vers 1028-1070.
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION P.1
I. SITUATION DE DEPART ET CHEMINEMENT JUSQU'A LA
QUESTION D'ETUDE P.2
II. CADRE CONCEPTUEL P.3
2.1. LA RIGUEUR AU TRAVAIL P.3
2.1.1. Définitions P.3
2.1.2. Qualité ou handicap ? P.4
2.1.3. Nécessité ou contrainte ?
P.4
2.2. LE GROUPE DE TRAVAIL P.4
2.2.1. Définitions P.4
2.2.2. L?influence du groupe sur l?individu
P.5
2.2.3. La communication comme facteur d?intégration
P.5
2.2.4. Les obstacles à la communication
P.5
2.3. L'IDENTITE INFIRMIERE P.6
2.3.1. Qu?est-ce que l?identité professionnelle ?
P.6
2.3.2. Législation P.6
2.3.3. L?identité infirmière
P.7
2.4. LES TRANSMISSIONS DANS LES SERVICES DE SOINS
P.7
2.4.1. Le langage P.7
2.4.2. Les transmissions dans les services de soins
P.9
2.5. LES ACRONYMES, LES ABREVIATIONS ET LES SIGLES
P.9
2.5.1. Le jargon médical et ses origines
P.9
2.5.2. Différentes définitions
P.10
2.5.2.1. Les acronymes P.10
2.5.2.2. Les sigles et les abréviations
P.10
2.5.3. Avantages et inconvénients P.10
III. METHODOLOGIE P.11
IV. ANALYSE DES ENTRETIENS P.12
V. RETOUR SUR HYPOTHESES P.17
VI. DIFFICULTES RENCONTREES P.18
VII. CONCLUSION P.18
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
- Liste des acronymes comportant un risque d?erreur
P.I
- Un monde idéal où les acronymes n?existent
pas P.III
Remerciements
Avant de commencer la présentation de mon travail de
fin d?études, j?aimerais adresser toute ma reconnaissance aux personnes
qui m?ont soutenu durant la réalisation de ce mémoire.
Tout d?abord, je remercie mon guidant, Mme Véronique
PECHEY, qui a su, par sa disponibilité et ses conseils
éclairés, m?apporter une aide précieuse, autant dans la
construction du guide d?entretien que dans celle du cadre conceptuel et de
l?analyse des données recueillies sur le terrain.
Merci également à Mr Othman EDBAIECH qui, par le
professionnalisme et l?humanité qu?il a toujours su nous montrer, au
cours de ces trois dernières années, reste, à mes yeux,
une personne ressource d?un grand intérêt.
Je remercie, à son tour, le docteur Claire RIS pour la
conscience professionnelle et l?altruisme qui la caractérisent. En
effet, en ce qui concerne la quatrième de couverture, et notamment la
traduction du résumé en anglais, celle-ci n?a pas
hésité à nous faire profiter de ses connaissances, afin de
pouvoir proposer un travail de qualité.
Merci, bien entendu, aux personnes qui ont eu la gentillesse
de bien vouloir m?accorder un peu de leur temps, et de me permettre, ainsi, au
cours de différents entretiens, d?approfondir ma recherche au sein des
services de soins.
Merci, enfin, à mon épouse pour ses
encouragements, son soutien, et la compréhension dont elle a fait
preuve, chaque fois que j?ai eu besoin de me consacrer à ce travail de
fin d?études.
1
INTRODUCTION
Le langage, ce moyen de communiquer entre nous,
d?échanger des opinions, ou encore d?avouer nos sentiments, est, a
priori, l?un des éléments principaux qui distingue l?homme de
l?animal. Cependant, nous savons tous que le langage humain peut revêtir
plusieurs aspects : tantôt, il est familier, tantôt il est dit
« châtié », tantôt il est professionnel, et
tantôt, il peut même être qualifié d?«identitaire
».
D?ailleurs, qui, à l?époque où nous
vivons, tout age confondu, n?a jamais entendu ou utilisé, pour
s?exprimer, des sigles, des acronymes, ou des abréviations ? En effet,
ceux-ci occupent désormais une place prépondérante dans
notre façon de communiquer, et ce, dans tous les domaines de notre
existence. Que ce soit dans le monde du travail ou dans notre vie
privée, ils sont devenus monnaie courante : SNCF, RATP, FNAC, PC, DVD,
SMS, FIAT, HLM, SMIC, RSA... pour ne citer que ceux-là.
Les adolescents, également, utilisent parfois une
façon de communiquer qui peut parfois sembler déroutante pour des
personnes plus âgées; ainsi, on entend ou on lit des sigles comme,
par exemple, « lol », « mdr », « ptdr », des
termes qui sont devenus, dorénavant, inévitables dans les textos
ou les e-mails (grâce ou à cause de la technologie moderne, selon
les points de vue). Si bien que nous finissons par les utiliser, sans nous
soucier du sens caché des lettres, ni d?où ils peuvent tirer
leurs origines, ni des difficultés qu?ils peuvent parfois engendrer.
Notamment lorsque ceux-ci deviennent source d?ambiguïté ou
d?incompréhension.
Le milieu médical, lui non plus, n?a pas
échappé à ce moyen d?expression ; alors que de nombreux
sigles médicaux et abréviations peuvent être source
d'erreurs, dans la mesure où ils peuvent recouvrir plusieurs
significations, on constate, aujourd'hui, que ceux-ci continuent pourtant
d?être utilisés dans les milieux médical et
paramédical. A ce sujet, une publication datée de septembre
20072 a révélé qu'un minimum de 5% des erreurs
médicales déclarées auraient pour origine l'emploi de ces
abréviations.
Pour illustrer ceci, prenons le cas d?une personne de sexe
masculin qui va se faire hospitaliser pour une I.V.G. Qui, à ce moment
précis, fera le lien avec une insuffisance (cardiaque) ventriculaire
gauche (dans la mesure où l?on possède déjà
quelques notions médicales), avant de penser à une interruption
volontaire de grossesse ? Ce qui, bien sür, serait dénué de
sens, en parlant d?un homme. De même, que veut dire par exemple,
l?acronyme SIDA (Syndrome d?immunodéficience acquise), malheureusement
connu en France, pour des étrangers qui parleraient, quant à eux,
du AIDS (Acquired immune deficiency syndrome) ?
C?est ce qui m?a poussé à aborder ce
thème, dans la mesure où un(e) infirmièr(e), ou tout autre
professionnel de santé, nouvellement arrivé(e) dans un service,
pourrait éprouver des difficultés de compréhension, et se
voir perdre du temps, quant à la prise en charge du/des patient(s)
concernés. N?aurait-il/elle pas l?impression de se retrouver dans un
pays étranger ? Et que penser des erreurs qui pourraient être
commises, suite à une mauvaise interprétation?
Alors, à une époque où la rigueur est de
plus en plus prisée, et l?erreur médicale jugée comme
inacceptable par nos concitoyens, qu?est-ce qui peut justifier le fait que les
soignants continuent d?utiliser un tel langage ?
Est-ce réellement dû à un manque de
rigueur ? Est-ce l?influence du groupe de travail sur les individus ? Ce
langage prend-il sa source au sein d?une identité professionnelle ?
Autant de questions auxquelles j?ai tenté de
répondre à travers ce travail de fin d?études.
2 Helen Mc GURRIN - Message - Représentant
de la communauté. Hôpital d'Ottawa.2003.p.1
I. SITUATION DE DEPART ET CHEMINEMENT JUSQU'A LA
QUESTION D'ETUDE
L'intérêt que je porte à ces observations
est né d'une situation que j'ai connue au cours de mon premier stage en
chirurgie (notamment à propos des difficultés de
compréhension rencontrées), situation dont je vais parler
maintenant:
« Tu es en deuxième année. Tant mieux,
tu sais donc gérer un retour de bloc ». Tels ont
été les mots de l'infirmière qui, le premier jour de mon
premier stage en chirurgie, m?a confié le dossier d'un patient qui
venait d'être opéré. Puis, juste avant de quitter
l'étage où j'étais affecté, celle-ci me dit «
Si tu as besoin, tu appelles quelqu'un, et surtout, tu n'oublies pas le
CCMS!!! ».
Avant même que je puisse lui poser une question, elle
était déjà partie, en compagnie d'une autre
collègue. Il ne restait plus qu'une aide-soignante,
diplômée depuis peu, et moi-même, pour prendre en charge les
patients du secteur.
Du haut de mon statut d'étudiant, j?ai donc
commencé à lire les observations concernant l'intervention et les
prescriptions postopératoires. Sur une des feuilles, je pouvais lire,
«AEG+BIS», «NVPO», avec d'autres notes comme «PP 16 -
22 - 04 - 10». En regardant l'âge du patient (28 ans), je me suis
dit rapidement qu' ?AEG» voulait certainement dire autre chose
qu' «Altération de l'Etat Général».
Effectivement!!!! J'ai appris par la suite qu'on parlait ici d'
«Arthroscopie de l'Epaule Gauche».
Puis, plus tard, on m'a expliqué le sens des autres
données: «BIS» signifiait «Bloc
Inter-scalénique3», «NVPO» voulait dire
«Nausées, Vomissements Postopératoires» et «PP 16
- 22 - 04 - 10» était une prescription pour administrer au patient
du PERFALGAN et du PROFENID, par voie intraveineuse, ce même jour,
à 16h00, à 22h00, puis le lendemain, à 04h00, et à
10h00. Quant au fameux «CCMS», il s'agissait d'un moyen
mnémotechnique pour évaluer le membre opéré, par
rapport à sa couleur, sa chaleur, sa mobilité, et sa
sensibilité. J'ai été satisfait de pouvoir donner enfin un
sens à ces sigles, mais déçu, une fois encore, d'avoir
dû attendre le retour des infirmières, pour commencer une bonne
prise en charge. En effet, au cours de mes stages précédents,
j?avais déjà été confronté à ce type
d?écrits qui m?avaient, à l?époque, posé des
problèmes de compréhension. Mais cela a vraiment
été la première fois que je me suis retrouvé devant
un document contenant autant de termes inexploitables à mes yeux.
Au regard de cette situation, des premières questions
me sont venues rapidement. Aurais-je eu plus de facilité si j'avais
étudié le module de traumatologie auparavant? Cet enseignement
n'était prévu que quelques mois plus tard. Pourquoi utilisait-on
autant de sigles incompréhensibles et obligeant à fournir un
effort intellectuel pour en trouver le sens? Et est-ce qu'une infirmière
diplômée, mais étrangère au service, aurait eu les
mêmes difficultés de compréhension?
Par la suite, ma question de départ a
découlé sous la forme « Les abréviations et les
acronymes, utilisés par les infirmier(e)s, doivent-ils être
considérés comme un moyen de gagner du temps ou plutôt
comme un obstacle à la prise en charge du patient? ».
Afin d'approfondir ma réflexion et d'y apporter de
nouveaux éclairages, j?ai commencé en cherchant des articles et
des revues qui parlaient de ce phénomène. Je suis alors parvenu
à trouver deux articles (une dépêche intitulée
«Sigles médicaux, attention danger»4, et un
compte-rendu de réunion d'Helen Mc GURRIN5,
représentante communautaire, au Canada, sur l'amélioration de la
qualité des soins infirmiers).
Le premier article parlait du fait que l'utilisation des
acronymes restait dangereuse car ceux-ci semblaient constituer un gain de
temps, mais se les interdire représentait également un moyen de
protéger les patients.
Quant au deuxième, l'idée qui s'en
dégageait était que chaque profession possédait sa propre
terminologie et ses habitudes, et qu'à la longue, il était
possible de s'approprier le sens de ces différents sigles.
Par la suite, j?ai pu rencontrer deux infirmières (la
première exerçant en chirurgie, et la seconde
travaillant dans
un service de réanimation), lors d'un entretien exploratoire, toujours
dans le but
3 Technique d?analgésie utilisée avant
une intervention chirurgicale.
4 APM International - Sigles médicaux:
attention danger!, in TIC
santé.com - Journal APM de
l'informatique. Dépêche n°182 / 12 février 2009.p.1
5 Op. Cit. p.1
3
d'affiner mes recherches. Selon elles, l'usage des acronymes
et des abréviations restait très présent, au cours des
transmissions infirmières.
Elles ont reconnu également le danger lié
à l'ambiguïté de certains, et qu'il était alors
nécessaire de demander des précisions. Cela pouvait
représenter une perte de temps dans la prise en charge du patient, mais
cela ne les empêchait pas pour autant d'employer ces
«raccourcis», que ce soit en écrivant dans les dossiers, ou
lors de transmissions orales. Il leur était même arrivé de
découvrir des abréviations et des sigles inventés par
un(e) collègue, et qui n'était parlants que pour ce(tte)
dernier(- ière).
Après l'analyse et la synthèse de ces lectures,
ainsi que celle de l'entretien exploratoire, j'ai donc décidé de
retenir la dangerosité des abréviations et des acronymes, lorsque
leur utilisation devient excessive et non contrôlée, ce qui peut
alors constituer un facteur de risque pour le patient.
Je souhaite également parler du fait que le vocabulaire
infirmier s'appuie sur des habitudes de langage, qui, comme dans toutes les
professions, peuvent s'acquérir, au fil du temps. C'est pour ces raisons
que j'ai tenu à reformuler ma question d'étude de la façon
suivante :
"Alors que l'on exige toujours plus de rigueur,
qu'est-ce qui fait que, dans les services de soins, les infirmièr(e)s
continuent d'employer des acronymes et/ou des abréviations, source
d'ambiguïté, et comportant un risque potentiel d'erreur
?"
En ce qui concerne cette question d'étude, j?ai
décidé de proposer deux hypothèses :
- les infirmier(e)s continuent d?utiliser cette façon
de s?exprimer car ils/elles pensent que le risque est moindre, dans la mesure
où chaque membre de leur équipe est censé connaître,
voire « maîtriser ce langage » qui les distingue d?une personne
étrangère au service.
- certains infirmier(e)s, dans le but de s?intégrer
dans une équipe, s?approprient le langage qui y est employé. Cela
constitue une sorte de « mimétisme » qui permet à ces
soignants une adaptation plus rapide, tout en gardant le souci de ne pas
perturber les habitudes de l?équipe.
II. CADRE CONCEPTUEL
2.1. LA RIGUEUR AU TRAVAIL
Pour débuter ce cadre conceptuel, j?ai
décidé de parler de la rigueur, celle-ci étant la
première notion introduite dans ma question d?étude.
2.1.1.) Définitions
Si l?on en croit la définition du dictionnaire Le petit
Robert 6, la rigueur est synonyme de « rectitude, et
parfois même de sévérité, de dureté
extrême ».
Le Larousse7, quant à lui, parle du «
caractère d'une personne inflexible et rigide, mais également
d'une grande exactitude, et d'exigence intellectuelle ».
Emmanuelle DEBELLEIX, quant à elle, auteur d?un article
intitulé « Réanimation : la vigilance en
collectif8 », associe la rigueur au fait qu?un(e)
infirmier(e) doit pratiquer non seulement les gestes techniques de la
façon la plus précise possible, mais aussi au devoir de
maîtrise des cours théoriques enseignés durant la
formation.
6 Petit Robert -- Dictionnaire de la langue
française. Editions 1990.p.1718
7 Le Larousse -- Dictionnaire de français
« COMPACT ». Editions 2005.p.1226
8 Emmanuelle DEBELLEIX -- Réanimation : la
vigilance en collectif, in revue « L?infirmière magazine --
Campus ». Octobre 2009. n°14.pp 18-21.
2.1.2.) Qualité ou handicap ?
D?après Nadia ROUSSEL, dans un écrit
intitulé « Le niveau d?investissement au travail ; entre rigueur
et perfectionnisme 9», la détermination dont peut
faire preuve un individu, dans sa profession, dépend de ses
qualités intrinsèques et de facteurs psycho-sociaux pouvant jouer
un rôle au quotidien.
Elle ajoute que la rigueur, bien qu?elle puisse comporter
parfois un aspect négatif, peut naître d?une recherche de
perfection. Cependant, elle ne constitue pas forcément un défaut,
à partir du moment ou celle-ci reste dans les limites du bon sens.
2.1.3.) Nécessité ou contrainte ?
Dans le livre « La bonne école : penser
l?école dans la civilisation industrielle 10»,
l?auteur pense que la rigueur est voisine de la discipline qui, comme elle,
comporte des notions d?organisation, d?application est de précision. Il
s?agit pour celui-ci d?une contrainte à laquelle le sujet doit se
soumettre.
Jugée illégitime, elle pousserait tout de
même, parfois, certains à enfreindre les règles. C?est
l?idée qui ressort d?un texte intitulé « Travail,
l?impossible respect des règles11 », dans lequel
l?auteur nous apprend que, bien souvent, la violation d?une règle est
due au fait que les individus doivent, sans cesse, s?adapter à leurs
contraintes professionnelles. Cependant, ils ne choisissent pas de violer
n?importe quelle règle. Quand ils le font, c?est après avoir
évalué le risque et les conséquences que cela pourrait
induire.
Rose-Marie MIQUEAU, philosophe, historienne et
pédagogue, dans un écrit intitulé « La discipline,
soumission au réel et indispensable au respect de la vie
12», porte, quant à elle, un regard différent. En
effet, celle-ci pense que faire preuve de rigueur, c?est faire preuve de
professionnalisme, qui reste une qualité nécessaire dans le monde
du travail. Pour cela, la formation initiale doit être parfaite, de
façon à ce que, par la suite, la personne puisse partir avec des
bases solides. Elle précise d?ailleurs que l?école garde une
place importante dans l?apprentissage de valeurs comme cette rigueur ou la
conscience professionnelle.
2.2. LE GROUPE DE TRAVAIL
2.2.1.) Définitions
Toujours selon le dictionnaire Larousse, le groupe, en
général, se définit comme « un ensemble plus ou
moins organisé de personnes liées par des activités et des
objectifs communs 13».
Le petit Robert, quant à lui, se contente de parler de
« réunion de personnes, soit liées par de mêmes
activités, soit par des caractéristiques
communes14 ».
Toutefois, le psychanalyste Didier ANZIEU, dans son ouvrage
intitulé « La dynamique des groupes restreints15»,
nous apprend qu?à l?origine, le mot « groupe » nous vient de
l?Italie, et qu?il était utilisé, à la base, pour
désigner plusieurs modèles peints ou sculptés, et qui
formaient un sujet. Il précise également que la notion de groupe
peut introduire une notion de « bande », de « regroupement
», ou même de « foule ».
9 N.ROUSSEL - Le niveau d'investissement au
travail: entre rigueur et perfectionnisme. BCH Consultants - Services
psychologiques et psychosociaux - Bulletin PAE.
10 Philippe RIVIERE - La bonne école. Tome
1: penser l'école dans la civilisation industrielle. 13 septembre
2000. Editions Champ Vallon. Collection Milieux. 134 pages.
11 Anne-Sophie NYSSEN - Travail, l'impossible
respect des règles, in Sciences humaines. juillet 2008.mensuel,
n°195. Actualités de la recherche - Le corps sous
contrôle.
12 Rose Marie MIQUEAU. La discipline, soumission
au réel indispensable au respect de la vie. Ecole éducation
et culture Alcuin. 25 octobre 2005.
13 Le Larousse - Dictionnaire de français
« COMPACT ». Editions 2005.p.654
14 Petit Robert - Dictionnaire de la langue
française. Editions 1990.p.897
15 Didier ANZIEU, Jacques-Yves MARTIN - La
dynamique des groupes restreints. Editions Presse Universitaires de
France. Octobre 2004.324 pages
5
En ce qui me concerne, j?ai décidé de
m?intéresser à ses théories sur le groupe de travail qui,
selon lui, présente toujours une organisation interne, une attribution
des rôles à chacun, un nombre d?individus plus ou moins
élevé selon sa structure, mais qui nécessite aussi la
création de normes et de relations plus ou moins intenses entre les
membres. Sans oublier les buts communs qui animent le groupe.
2.2.2.) L?influence du groupe sur l?individu
Dans son ouvrage, Didier ANZIEU nous fait remarquer que
parfois, l?individu, lorsqu?il est confronté aux idées de ses
partenaires de travail, ou lorsqu?il en a connaissance, tend à modifier
son propre point de vue, son propre comportement. Et ce, de façon
immédiate ou retardée.
Plusieurs facteurs peuvent être mis en cause :
- Le conformisme, par lequel l?individu va
renoncer à ses idées pour adopter celles du groupe où il
se trouve.
- ce que l?on va appeler « la soumission au
groupe 0 : ici, on va parler du fait que le groupe tend à
adopter certaines normes qui lui sont propres, telles que le port d?une tenue
professionnelle, un système de valeurs, un code, ou encore un langage
particulier.
- 44 la soumission à l'autorité
0 : ici, c?est la décision du supérieur qui prime sur le reste.
Les valeurs sont établies et elles se doivent d?être
respectées par les personnes subalternes.
- l?existence d?une minorité, dans le groupe, qui rejette
les normes établies et qui choisit d?adopter un autre comportement, de
choisir d?autres valeurs.
C?est devant cette « résistance au
changement » d?une minorité que l?individu peut-être
amené à réviser son jugement, et finir par rejoindre
d?autres idées, d?autres façons de travailler.
2.2.3.) La communication comme facteur
d?intégration
Toujours selon Didier ANZIEU, la communication au sein du
groupe est primordiale, dans la mesure où les informations circulent et
doivent permettre à ses membres de pouvoir les traiter de la
façon la plus adéquate possible.
Cependant, il précise que chacun doit tenir compte de
différents facteurs comme l?intellect de l?interlocuteur, son statut
social, son état émotionnel, ou encore les normes et le langage
du groupe d?appartenance, qui font que la communication pourra etre
potentiellement altérée.
Rose-Marie MIQUEAU16, dans son écrit, nous
parle, quant à elle, de l?esprit d?équipe et précise que
pour être intégré dans le monde du travail, il faut, en
premier lieu, être capable de comprendre les autres membres du groupe,
mais également de se faire comprendre. Elle écrit :
« «~Qui ne sait clairement s'exprimer, qui
est incapable de faire un compte-rendu accessible, de transmettre des consignes
sans équivoque, de comprendre ce qu'on lui dit ou ce qu'il
doit lire, est aujourd'hui en grand danger dans le monde du travail qui le
rejettera. »
2.2.4.) Les obstacles à la communication
En consultant un article intitulé 44 L?importance de
la communication au sein de l?entreprise17 0 , bien que la
liste, qui est présentée, ne soit pas exhaustive, on peut
constater qu?il existe certains obstacles récurrents à la
communication.
Pour commencer, le fait que chaque personne possède sa
propre expérience et donc son propre jugement, peut constituer une
première entrave au dialogue.
16 Op. Cit. p.4
17 Encyclopédie Chat-land -- L'importance
de la communication au sein de l'
entreprise.cf
bibliographie
Ensuite, certaines personnes, de façon consciente ou
inconsciente, ont tendance à filtrer les informations, et font parfois
preuve d?une écoute sélective.
La hiérarchie également joue un rôle
prépondérant, dans la mesure où un employé prendra,
davantage, en compte les conseils d?un supérieur plutôt que ceux
de ses collègues.
Enfin, les difficultés liées au langage, que ce
soient les problèmes de définitions ou ceux concernant la
compréhension du jargon professionnel.
2.3. L'IDENTITE INFIRMIERE
2.3.1.) Qu?est-ce que l?identité professionnelle
?
Claire TOURMEN18, de l?université de
GRENOBLE II, répond à cette question en précisant que le
sentiment d?appartenance à une profession est présent à
partir du moment où l?individu parvient à faire usage d?un
vocabulaire spécifique, et également lorsqu?il se sent reconnu
par les autres membres du groupe. Cette identité professionnelle serait
donc un facteur porté par l?ensemble des membres, les plus anciens
initiant les novices aux différents rites et pratiques, au sein du
groupe.
Anne CHARLOT, formatrice à l?IFSI Henri MONDOR de
CRETEIL (94), dans un article intitulé 44 Qu?est devenue notre
identité professionnelle ?19 », rejoint cette
idée en citant les propos de E.H.ERIKSON, extraits de son oeuvre
« Adolescence et crise : la quote de l?identité20
» :
44 L'identité est construite, par chaque
génération, sur la base des positions héritées de
la génération précédente, mais aussi à
travers les stratégies identitaires déployées, dans les
institutions que traversent les individus.»
Yann ROBIC, dans son mémoire intitulé 44 Le
cadre de santé face au défi de
l?interdisciplinarité21 », précise que chaque
profession comporte des techniques, des valeurs, des codes et langages qui lui
sont propres. Il définit cette identité comme un mécanisme
complexe qui ne cesse d?évoluer, au fil du temps, en fonction des
évènements traversés par les professionnels.
2.3.2.) Législation
Rappelons maintenant quelques articles de lois, relatifs à
la profession infirmière, et auxquels les professionnels doivent se
référer, tout au long de leurs pratiques quotidiennes :
- Les articles R.4311-1, R.4311-2 et R.4312 du décret
du 29 juillet 200422 décrivent la fonction et l?exercice
infirmier, en rappelant que ceux-ci se pratiquent dans le respect des
règles professionnelles.
- L?article R.4311-3, quant à lui, définit les
soins infirmiers selon leur rôle propre, alors que l?article R.4311-7 les
définit selon un rôle sur prescription médicale.
- La circulaire n°88 du 15 mars 1985, relative au dossiers
de soins infirmiers reste, elle aussi, très importante dans la mesure
où ce dossier constitue un document légal devant les
tribunaux.
On considère qu?un soin non retranscrit n?a pas
été réalisé. De même, les
écrits qui y apparaissent se doivent d'tre précis et
lisibles. Tout écrit doit également être
signé par l?auteur du soin qui aura été
exécuté auparavant.
18 Claire TOURMEN -- Qu'est-ce que
l'identité professionnelle ? Cf. Bibliographie 0
19 Anne CHARLOT -- Qu'est devenue notre
identité professionnelle?, in Revue de l?infirmière. Mensuel
n°124,p.13.Octobre 2006.
20 E.H.ERIKSON -- Adolescence et crise : la
quête de l'identité. Editions FLAMMARION. 1990
(édition originale, 1968)
21 Yann ROBIC. Le cadre de santé face au
défi de l'interdisciplinarité. Mémoire cadre de
santé. 2005.
22 Cf. Bibliographie. Code de la santé
publique.
Pourquoi ne pas parler également de la circulaire
DHOS/P 2 no 2005-258 du 30 mai 2005, du Code de la santé publique (qui
précise les droits et les devoirs de l?infirmier(e), titulaire d?un
diplôme, reconnu en Europe23) dans la mesure où
aujourd?hui, beaucoup de professionnels n?hésitent plus à
traverser les frontières pour obtenir un emploi.
Ce texte reprend les propos suivants :
- 44 L'infirmier ou l'infirmière ressortissant d'un
des États membres de la Communauté économique
européenne, qui est établi et exerce légalement les
activités d'infirmier responsable des soins généraux, dans
un État membre autre que la France, peut exécuter en France des
actes professionnels sans avoir procédé à l'inscription
prévue par l'article L. 478 ».
- « L'exécution de ces actes est toutefois
subordonnée à une déclaration préalable dont les
modalités sont fixées par un décret en Conseil
d'État. Si l'urgence ne permet pas de faire cette déclaration
préalablement à l'acte, elle doit être faite
postérieurement dans un délai maximum de quinze jours.
La déclaration est accompagnée d'une
attestation de l'autorité compétente de l'État membre
certifiant que l'intéressé possède les diplômes,
certificats ou autres titres requis et qu'il exerce légalement les
activités d'infirmier responsable des soins généraux dans
l'État membre où il est établi.
Elle est également accompagnée d'une
déclaration sur l'honneur attestant qu'aucune instance pouvant
entraîner l'interdiction temporaire ou définitive de l'exercice de
l'activité de l'infirmier responsable des soins généraux
dans l'État d'origine ou de provenance n'est en cours à son
encontre ».
- « L'infirmier ou l'infirmière prestataire de
services est soumis aux dispositions des articles L. 482 et L. 482-1.
»
2.3.3.) L?identité infirmière
Anne CHARLOT24, précise que la
théorie ne suffit pas pour être un(e) bon infirmier(e). Cette
identité, comme toute autre identité professionnelle, est une
chose qui se construit au fur et à mesure de la pratique, une pratique
durant laquelle l?infirmier(e) va s?adapter, en fonction de ce qu?il/elle aura
appris, mais également en fonction du regard qu?il/elle va porter sur sa
profession.
Selon elle, le soignant doit faire preuve de facultés
d?analyse et de réflexion, et la profession infirmière ne peut
exister sans des valeurs comme le respect, l?altruisme, ou encore le
dévouement aux autres.
Pascal SCHINDELHOLZ, cadre de santé au Centre
hospitalier de MONTFAVET (84), semble partager, lui aussi, un avis proche de
celui d?Anne CHARLOT ; dans son écrit intitulé 44
L?identité infirmière existe-t-elle ?», il
décide de parler des étudiants et précise que c?est en
fonction de leur expérience qu?ils parviendront à se situer au
sein de leur profession :
« On n'aspire plus à être infirmier
à vie. C'est un projet dans lequel le professionnel s'investit,
s'engage. A contrario, l'image du professionnel que l'étudiant sera et
qu'il s'imagine, est peu précise, peu élaborée, floue,
voire erronée. C'est la rencontre de la formation, des
expériences de stage, puis des professionnels, plus tard, qui vont
contribuer à faire évoluer le positionnement et l'identité
professionnelle 25».
2.4. LES TRANSMISSIONS DANS LES SERVICES DE SOINS
2.4.1.) Le langage
Comme nous l?avons vu dans les chapitres 2.2.3. et
2.2.4.26, la communication et le langage restent des
éléments primordiaux, au sein d?un groupe de travail, quelle que
soit son importance. Aussi, il me semble nécessaire de définir ce
qu?est plus précisément le langage de communication.
23 Cf. Bibliographie. Circulaire DHOS/P 2
n°2005-258 du 30 mai 2005.
24 Op.Cit. p.6
25 Pascal SCHINDELHOLZ -- L'identité
infirmière existe-t-elle ?, in Revue trimestrielle 44 Soins cadres
». n°57. Février 2006.pp.58-60
26 Chapitres de mon travail de fin d?études
traitant de la communication au sein du groupe de travail.
Pour le Larousse27, « le langage est la
faculté que les hommes ont de communiquer entre eux et d'exprimer leur
pensée au moyen de signes vocaux (la langue) qui peuvent
éventuellement être transcrits ».
Alex MUCCHIELLI et Claire NOY28, quant à
eux, précisent que le langage varie en fonction du vocabulaire, de la
syntaxe, ou encore de l'accentuation. Que cela soit à l?oral ou à
l?écrit, on distinguera, par exemple, le langage populaire, le langage
familier, le langage châtié, ou même le langage
professionnel.
Selon eux, le niveau de langue doit être choisi en
fonction de la situation dans laquelle se produit la communication
(personnalité des interlocuteurs, histoire de leurs rapports, position
sociale réciproque, objet de la communication, nature du canal...).
Pour ce qui est de Roman JAKOBSON29, le langage
comprend plusieurs éléments (voir schéma
cidessous30) :
- Le message, qui comporte la nécessité d?un
contexte, d?un code et d?un contact. - L?émetteur, qui envoie le
message
- Le destinataire, qui le reçoit
Bien évidemment, le code doit être commun
à l?émetteur et au destinataire, pour que le message soit
efficace. De même, on parlera de contact à partir du moment
où il va se créer une proximité physique et/ou
psychologique entre les deux interlocuteurs.
27 Le Larousse - Dictionnaire de français
« COMPACT ». Editions 2005.p.790
28 Alex MUCCHIELLI et Claire NOY - Etudes des
communications: approches constructivistes. Editions Armand COLIN. 2005.
Paris.240 pages.
29 Roman JAKOBSON - Closing statements :
Linguistics and Poetics, Style in langage, T.A. Sebeok, New-York,
1960. Pour la traduction de Nicolas RUWET : « Linguistique et
poétique », Essais de linguistique générale,
Éditions de Minuit, Paris, 1963.
30 Schéma de la communication
générale de JAKOBSON. Disponible sur internet. Cf
bibliographie.
9
2.4.2.) Les transmissions dans les services de
soins
Olivier GUEGUAN, dans un article intitulé 44
Réflexions sur les transmissions », définit les
transmissions de la façon suivante : 44 .des informations
nécessaires orales et/ou écrites, permettant, à chaque
membre de l'équipe soignante, de connaître les
éléments nécessaires et indispensables à la
dispensation de soins adaptés à l'évolution de
l'état de santé de la personne soignée
31».
Il souligne également un aspect particulier des
transmissions orales. Concernant le temps dont disposent les infirmier(e)s pour
s?y consacrer, ce dernier pense qu?il n?est pas utilisé de
manière optimale : 44 Le moment où ces transmissions sont
effectuées, en pic d'activités par exemple, nécessite de
la part de celui ou celle qui reçoit l'information de la
mémoriser dans des conditions qui ne sont pas toujours favorables
à cette mémorisation. Les transmissions, lors du chevauchement
inter-équipes, ne sont pas toujours d'égale qualité. La
principale raison est à mettre au compte du peu de temps dévolu
à cette activité 32».
En ce qui concerne Isabelle FLACHAIRE DE ROUSTAN, cadre
supérieur de santé et cadre coordonnateur de
fédérations médico-chirurgicales, à la Direction
des soins, à l?Hôpital d?instruction des armées BEGIN,
semble d?accord sur le fait que la communication à l?hôpital
repose aussi bien sur l?écrit que sur l?oral33.
D?ailleurs, dans son article intitulé « Les
transmissions orales, un enjeu pour des soins de qualité »,
celle-ci fait référence aux consignes énoncées
durant les différentes prises de poste, et écrit :
44 ~ L'infirmière doit mobiliser un panel de
compétences indispensables à sa fonction, et faire appel à
des outils spécifiques comme les connaissances professionnelles,
l'analyse, la synthèse, l'écriture~ sans omettre la communication
verbale 34».
Au fil de son article, celle-ci va meme jusqu?à
préciser certaines conditions, nécessaires à la
maîtrise d?une communication verbale, et parmi lesquelles elle cite celle
de pouvoir comprendre ce qui est dit, afin de pouvoir l?exploiter le mieux
possible, et ensuite celle d?utiliser un langage professionnel.
Michèle GROSJEAN et Michèle LACOSTE, quant
à elles, sociologues et auteurs du livre 44 L?oral et l?écrit
dans les communications de travail, ou les illusions du tout
écrit35 », laissent penser qu?il existe une
complémentarité entre l?écrit et l?oral. Elles poursuivent
en écrivant que, lors des relèves à l?hôpital, les
infirmièr(e)s doivent parfois repréciser certains messages
écrits, tout cela dans le but de pouvoir utiliser ces informations
à bon escient.
2.5. LES ACRONYMES, LES ABREVIATIONS ET LES SIGLES
2.5.1.) Le jargon médical et ses origines
Tout d?abord, qu?est-ce qu?un jargon ? Béatrice TURPIN,
de l?université de CERGY-PONTOISE, dans son livre 44 Le jargon,
figure du multiple 36», définit celui-ci comme un
langage qui vise à améliorer la communication entre les
différents interlocuteurs, et à renforcer son efficacité.
Elle va jusqu?à parler d?un « langage de connivence
», pour reprendre ses propres termes, qui peut exclure toute personne qui
ne saura pas le comprendre.
En ce qui concerne les origines du parler médical, le
docteur Catherine Di COSTANZO, dans un
article intitulé «
Les secrets du vocabulaire médical37 »,
affirme que le langage médical international,
31 Olivier GUEGUAN -- Réflexions sur les
transmissions, in Revue 44 L?aide-soignante ».n°37, p.24.mai
2002.pp.24-25
32 Ibid p.25
33 Isabelle FLACHAIRE DE ROUSTAN - Les
transmissions orales, un enjeu pour des soins de qualité, in Revue
de l?infirmière. n°154.pp.32-34.Octobre 2009
34 Ibid p.32
35 Michèle GROSJEAN et Michèle LACOSTE -
L'oral et l'écrit dans les communications de travail, ou les
illusions du tout écrit, in Sociologie du travail. n°4.1998
36 Béatrice TURPIN - Le jargon, figure du
multiple. La linguistique 2002/1,38.pp.53-68
37 Catherine Di COSTANZO - Les secrets du
vocabulaire médical -- Article Formation santé droit. 12
janvier 2009.
10
de par son étymologie, est issu de la langue grecque qui a
apporté les deux tiers de son vocabulaire. Le latin également y
tient une place très importante.
Elle ajoute que des formes gréco-latines sont ensuite
apparues; on pourrait citer, par exemple le mot « mammectomie » qui
provient du latin « mam » (qui signifie « mamelle
») et du grec « ektomê » (qui signifie «
ablation »).
Ou encore la « duodénographie » : du latin
« duodenum digitorum » (signifiant « douze doigts de
long » et relatif au duodénum, première portion de
l?intestin grêle, ainsi nommée, car sa longueur avait
été évaluée à douze travers de doigts) et du
grec « graphein » (qui signifie « écrire
»).
2.5.2.) Différentes définitions
2.5.2.1.) Les acronymes : quand on consulte les
dictionnaires Larousse et le Petit Robert, il s?agit de sigles qui peuvent etre
prononcés comme des mots.
Mais pour le docteur DI COSTANZO, il s?agit de «mots
très fluides, très agréables, très faciles à
retenir, mais que l'association de lettres n'oriente pas du tout
vers le sens du concept ». Elle ajoute :
«~l'avantage de la facilité l'emporte sur l'inconvénient
de la difficulté à comprendre~ces acronymes tendent à se
multiplier en continuant à dissimuler leur
signification38».
2.5.2.2.) Les sigles et les
abréviations : dans un autre article intitulé «
La siglophilie. L?utilisation extensive des sigles dans l?éducation
nationale et dans le champ médicosocial39», l?auteur
précise que les abréviations ont commencé à etre
utilisées comme un moyen de préserver le savoir par un
système codé.
Le dictionnaire Larousse parle du sigle comme une suite de
lettres initiales constituant l?abréviation d?un groupe de mots (exemple
dans le milieu hospitalier : B.P.C.O. (pour parler d?une bronchopneumopathie
chronique obstructive), et de l?abréviation comme la réduction
graphique d?un mot (exemple: « sat » pour désigner la
saturation du patient en oxygène).
Le Petit Robert, quant à lui, voit dans les
abréviations, le retranchement de lettres dans un mot, de mots dans une
phrase, mais précise également que cela permet d?écrire
plus vite, ou d?occuper moins de place.
Quant au Docteur DI COSTANZO, qui juge les sigles comme
innombrables, celle-ci les décrit bien comme un ensemble de lettres
formant une abréviation, mais elle y introduit en plus la notion de
concept, d?idée. Elle précise également que le sigle ne se
prononce pas comme un mot, mais qu?il s?épelle.
2.5.3.) Avantages et inconvénients
Si on en croit une revue d?études, datant de janvier
1996, et plus précisément un article intitulé « Le
procédé de siglaison dans le français
contemporain40 », on constatait déjà à
l?époque que l?on prenait, petit à petit, l?habitude
d?abréger nos propos. L?article précise, à ce sujet que
c?est souvent par économie que l?on va utiliser des sigles. Il cite
d?ailleurs trois motivations principales :
« .l'économie
d'espace dans certains textes écrits~ la
lourdeur et la longueur de formation de noms de certains
établissements et institutions le besoin d'une communication
rapide et efficace entre experts ou individus appartenant au
même groupe socioprofessionnel.»
D?ailleurs, pour insister sur cette dernière
motivation, il est dit dans le texte que le fait de pouvoir parler un
même langage, d?employer le même vocabulaire, au sein d?une
collectivité, va permettre de créer un environnement
sécurisant pour l?individu.
38 Op. Cit. p.9
39 Catherine N. La siglophilie: de l'utilisation
extensive des sigles dans l'éducation nationale et dans le champ
médico-social, in NERVURE.1996.vol.9.n°8.pp.69-74.
40 Eva KELEMEN. Le procédé de
siglaison dans le français contemporain. Revue d'études
françaises. janvier 1996.pp.53-63.
12
Dans le cas contraire, cette forme de barrage linguistique va
exclure les personnes n?appartenant pas au groupe alors constitué,
idée qui rejoint celle de Rose-Marie MIQUEAU41, citée
précédemment.
Du point de vue du docteur Di COSTANZO, les sigles et les
acronymes permettent, le plus souvent, de favoriser un besoin de
rapidité, présent dans tous les secteurs professionnels.
D?ailleurs, elle écrit :«...le secteur
médical n'a pas échappé à cette logique du toujours
plus vite fait, pour toujours plus vite satisfaire, et toujours plus vite
rentabiliser...».
Pour sa part, Béatrice TURPIN ajoute que si les sigles
et les abréviations peuvent présenter des difficultés de
compréhension pour un natif, une personne originaire d?un pays
étranger en éprouvera sans doute davantage. Selon elle, le fait
de pouvoir maîtriser cette forme de langage confère à
l?utilisateur un statut qui lui permet d?être reconnu, et lui procure une
certaine forme d?autorité.
D?ailleurs, Claude PINAULT, auteur du livre 44 Le syndrome du
bocal », rejoint cette idée et écrit :
« Pourquoi faut-il que les professionnels utilisent
toujours un jargon incompréhensible devant le pékin ? Pour jouer
à plus pro que pro ? Rester maître de la situation ? Nous
éviter la peur ?
Ou ne pas faire attention à nous, les ignares. Marquer
la différence peut-itre... 42»
Prenons également le cas du docteur Jacques
CHATILLON43, à Genève, qui, dans une de ses
correspondances, nous fait part de son regret quant à l?utilisation
d?acronymes et d?abréviations parfois incompréhensibles. Il
poursuit en précisant que beaucoup semblent d?accord avec lui et qu?il
s?agit d?un problème croissant. Néanmoins, celui-ci
reconnaît qu?il est difficile de se passer de ce type de
rédaction.
Gérard PARMENTIER, quant à lui, s?oppose
à leur utilisation et affirme : 44 ...en matière de soins,
l'emploi de sigles peut faire gagner quelques secondes, mais se l'interdire
peut sauver des vies... leur usage est à bannir du point de vue des
risques 44». Il précise meme, qu?à l?origine
de ces erreurs de sigles, ce sont les médecins, suivis des
infirmier(e)s, qui arrivent en tête.
Enfin, pourquoi ne pas signaler ce témoignage d?une
élève infirmière de deuxième
année45 qui, à son arrivée en stage, et voulant
participer aux transmissions, s?est perdue dans les explications et n?a pas
compris un traitre mot de ce qui a été dit ?
Mame si elle reconnait la nécessité d?un langage
spécifique à la profession, elle n?en reste pas moins
déçue par le fait que certains termes lui sont
dénués de toute signification. Ce qui, par la suite, l?a
obligée à effectuer des recherches complémentaires, ou
à se renseigner auprès de l?équipe de soins.
III. METHODOLOGIE
Après avoir effectué mes recherches
bibliographiques, il m?a fallu nécessairement confronter ce qui
était écrit, dans la littérature, à la
réalité du milieu hospitalier. Pour cela, j?ai
décidé de poursuivre mes recherches à partir d?entretiens
avec différents professionnels de santé, dans la mesure où
j?ai pensé que les réponses apportées pourraient
être plus riches en données que celles obtenues par un
questionnaire.
Avec l?aide de mon guidant, j?ai donc établi un guide
d?entretien comportant des premières questions ciblées, tout
d?abord, sur le profil de carrière des mes futurs interlocuteurs, la
manière dont ils concevaient la rigueur au travail, et sur les moyens
mis en place pour faciliter l?accueil d?un nouvel arrivant, dans leur
service.
41 Op. Cit. p.4
42 Claude PINAULT- Le syndrome du bocal.
Département BUCHET/CHASTEL de Méta-Editions. Septembre 2009,
p.37-38 : l?auteur nous explique que, lors de son hospitalisation, il a
demandé à une infirmière ce que voulait dire les lettres
44 PL », et celle-ci lui a répondu 44 une ponction lombaire mon
cher monsieur », sur le ton de l?évidence, comme si la
réponse devait etre connue de tout le monde.
43 Docteur Jacques CHATILLON. Acronymes et
abréviations, in Courrier des lecteurs. Forum médical.
Suisse.2007.
44 Op. Cit. p.2
45 Marie-Jeanne, élève infirmière
2ème année. Langage professionnel - Infirmière: tout
un programme. Blog.04mars 2009.
Puis, j?ai axé mes autres questions sur la
communication entre les soignants et notamment sur l?utilisation des acronymes,
sigles et abréviations, et sur ce qu?ils pouvaient penser des avantages
et/ou inconvénients de cette pratique.
Une fois cette étape achevée, il m?a fallu
tester ce guide d?entretien auprès de professionnels appartenant
à la population ciblée, de façon à vérifier
l?intelligibilité et la justesse de mes questions. Cela m?a
été permis en rencontrant une infirmière exerçant
dans un service d?endocrinologie, et ayant également pratiqué par
le passé en tant qu?infirmière libérale.
Ensuite, j?ai dü adresser différents courriers
à la direction des soins de plusieurs établissements de
santé, de façon à pouvoir obtenir un entretien avec des
professionnels, susceptibles d?être concernés par
lutilisation de ces acronymes, sigles et abréviations.
J?entends par là des infirmier(e)s et des cadres de
santé, population qui m?a semblé plus particulièrement
concernée, dans la mesure où mes interrogations ont trait
à la pratique quotidienne dans les services de soins.
A cette occasion, j?ai été reçu par
différents professionnels de santé qui, de par leur
expérience, m?ont permis d?apporter de nouveaux éclairages
à mon enquête. Au total, j?ai eu l?opportunité de pouvoir
rencontrer cinq personnes (voir tableau ci dessous).
IV. ANALYSE DES ENTRETIENS
Pour commencer, avant chaque début d?entretien, j?ai
demandé l?autorisation de pouvoir enregistrer nos conversations, de
façon à pouvoir rester le plus fidèle possible aux
réponses apportées, lors de la retranscription.
Voici d?ailleurs un tableau46 qui reprend les
caractéristiques de chacune des interlocutrices, afin de pouvoir mieux
les situer, par rapport à leur ancienneté dans la profession, la
fonction qu?elles occupent, et le lieu où elles exercent :
Lieu
|
Interlocuteur
|
Fonction
|
$nnéI-W LId'I-(I-LFice dans la
fonction
|
|
|
·
|
Infirmière depuis
|
·
|
16 ans
|
Service de chirurgie
|
Mme S
|
|
1994
|
|
|
|
|
·
|
Cadre depuis 2006
|
·
|
04 ans
|
|
|
·
|
Infirmière depuis
|
·
|
18 ans
|
Service de neurologie
|
Mme X
|
|
1992
|
|
|
|
|
·
|
Cadre depuis 2006
|
·
|
04 ans
|
|
|
·
|
Infirmière depuis
|
·
|
19 ans
|
Service de pneumologie
|
Mme Z
|
|
1991
|
|
|
|
|
·
|
Cadre depuis 2000
|
·
|
10 ans
|
|
|
·
|
Infirmière depuis
|
·
|
35 ans
|
Service de réanimation
|
Mme A
|
|
1975
|
|
|
|
|
·
|
Cadre depuis 1988
|
·
|
22 ans
|
Service de cardiologie
|
Mme L
|
·
|
Infirmière depuis 2006
|
·
|
04 ans
|
46 J?ai décidé d?attribuer une couleur
différente à chaque personne, de façon à pouvoir
reconnaître ses propos plus facilement, par la suite.
Lors de mes différentes requêtes, j?avais
demandé à pouvoir m?entretenir soit avec des cadres, soit avec
des infirmier(e)s. Il se trouve que j?ai rencontré quatre cadres
infirmiers, et une seule infirmière. Je me suis fait cette remarque,
pensant que cela pourrait peut-être fausser mon analyse.
Puis finalement, je me suis dit, qu?avant d?être cadre,
il fallait être infirmier(e). Cela m?a permis, en quelque sorte, de
pouvoir connaître l?opinion de ces personnes, sous deux angles
différents : d?abord le point de vue d?une infirmière, et ensuite
celui d?une infirmière cadre.
De plus, chacune d?entre elles ayant un cursus
différent, et évoluant dans des services de soins tout à
fait différents également, les réponses apportées
n?en sont que plus utiles dans la conduite de mes recherches sur le sujet.
Ensuite, l?idée que ces personnes ont de la rigueur est
partagée. Dans l?ensemble, lorsque je les ai questionnées sur le
sujet, celles-ci m?ont cité assez rapidement l?application des
protocoles, le fait de savoir prendre en compte les conseils des
collègues plus anciens, le respect des horaires de travail. Egalement le
fait de pouvoir être méticuleux dans son organisation, afin
d?être plus efficace, mais aussi avoir un comportement
irréprochable, vis-à-vis du patient. Que ce soit dans la
manière de communiquer, ou dans la façon d?exécuter les
soins.
A ce titre, Mme S. pense que cette rigueur, bien que
nécessaire au travail, doit être mesurée pour tout ce qui
touche la relation à l?autre et dit : 44 ...rigueur sur la
qualité des soins, mais rigueur à tempérer sur tout ce qui
est organisation relationnelle, car la rigueur dans du relationnel, c'est,
à mon sens, pas du tout pertinent... Donc, voilà, rigueur sur
certains points, mais pas sur tout. »
Quant à Mme A., qui travaille dans un service de
réanimation, la rigueur peut-être associée à de la
discipline, qu?elle soit dans la façon de dispenser les soins, dans le
rangement des locaux ou dans l?organisation des différentes taches. Elle
précise que l?habitude est un facteur dont il faut se méfier : 44
D'ailleurs, l'habitude, c'est quelque chose de très mauvais
pour la rigueur.»
En poursuivant l?analyse de mes entretiens, il s?avère
qu?une personne seulement, Mme Z, m?a parlé de la
nécessité d?effectuer des transmissions claires et
précises : « Et ben ça se traduit par le fait qu'on fait
les choses dans les temps..., et puis, dans les transmissions, essayer
d'être bien précis, dans ce qu'on dit, dans ce qu'on écrit
». Je me suis alors demandé si les autres personnes
interrogées pensaient qu?elles n?étaient sujettes à aucun
dysfonctionnement.
J?ai donc, lors des entretiens, essayé d?en savoir plus
sur ce qu?elles pensaient de l?utilisation du dossier de soins, des pratiques
de langage au sein des équipes, qu?elles soient orales ou
écrites.
Et notamment, connaître la place qu?occupent les sigles,
les acronymes et les abréviations dans leur quotidien professionnel.
La réponse ne s?est pas faite attendre car toutes m?ont
affirmé en utiliser régulièrement dans leur service. Je
leur ai donc demandé à quelle occasion, et dans quelles
situations elles étaient amenées à le faire. Et quels
avantages cette façon de communiquer présentait-elle?
Il en ressort que, dans la pratique professionnelle,
l?ensemble des infirmières utilise cette façon de communiquer,
car cela revêt, pour elles, quelques avantages. D?abord, cela a un
côté pratique, dans la mesure où le langage et la lecture
paraissent plus fluides47. Certaines précisent, à ce
sujet, que le fait d?avoir « des cases trop petites » ,dans les
dossiers, ou sur les tableaux réservés aux plannings de soins,
nécessite d?adapter son écriture pour gagner de la place.
Ensuite, l?écriture est plus rapide, et en même
temps, cela leur évite d?avoir à réécrire ou
répéter, chaque fois, les mots en entier. Et puis, selon elles,
le fait de prononcer tous les mots en entier alourdirait les phrases, à
l?instar du texte de J.HESKA48, et constituerait une perte de temps.
D?ailleurs, les cinq personnes interrogées se rejoignent sur ce point
:
- Mme S. se montre catégorique et me dit, au cours de
l?entretien : 44...la rapidité d'écriture, c'est
indéniable ». Ses propos sont rejoints par ceux de Mme X, qui
affirme : 44 ...c'est un gain de temps dans l'écriture, c'est vrai !
Mais, sinon, j'en vois pas d'autre, c'est juste un gain de temps
».
- Mme L., qui est la seule infirmière, sans occuper la
fonction de cadre, se montre un peu plus précise, quant aux raisons qui
la motivent à s?exprimer de la sorte : 44 ...La
rapidité
47 Idée reprise par le Dr Di COSTANZO. Cadre
conceptuel, p.9.
48 Cf. Annexes. Texte intitulé 44 Un monde
idéal où les acronymes n'existent pas ».
14
d'écriture. On a tellement de paperasse à
faire, on a tellement de choses à remplir... que s'il faut commencer
à écrire tous les mots en entier... On en finira pas. En plus,
les termes médicaux sont assez compliqués, alors c'est plus
facile de les écrire en abréviations ou en acronymes 0.
Puis, plus tard, elle me confie y trouver un avantage, également, lors
de la relève : 44 Lors des relèves, aussi, on n?a pas beaucoup de
temps pour faire le tour des patients49. Du coup, il faut aller
à l?essentiel, et c?est vrai que les acronymes et les
abréviations permettent d?aller plus vite 0.
- Mme Z., quant à elle, est plutôt axée
sur l?expression elle-même, et pense que cela permet un débit plus
rapide : 44 ...ben, ça raccourcit peut-être certains termes,
donc peut-être une rapidité dans la formulation des choses... que
l'on n'a pas si on utilise le terme exact 0.
- Mme A., la plus anciennement diplômée parmi mes
cinq interlocutrices, se montre plus réservée sur le sujet et ne
voit, dans l?utilisation des sigles et des abréviations, qu?un avantage
relatif, dans les écrits : 44 Moi j'en vois...j'en vois
pas... A l'écrit peut-etre... 0.
Plus tard, elle précise que ceux qu?elle tolère
sont uniquement ceux qui sont admis et reconnus, dans son service, et qui ne
sont donc sujet à aucun problème d?interprétation : 44
On a le droit à l'acronyme si on a donné sa
définition en premier lieu. Par exemple, si, on a des acronymes qu'on
utilise souvent~ Je ne vois pas une infirmière marquer «
fréquence respiratoire, fréquence cardiaque », elle va
mettre « FR, FC a». Mais là, c'est vrai qu'on estN Là,
c'est des acronymes de terrain. Effectivement, ceux-là, ouis
0.
D?autres raisons viennent s?ajouter au fait que les
professionnels continuent d?utiliser cette forme de langage :
1) L'habitude : en effet, ayant l'occasion de
les utiliser régulièrement, « c'est
rentré dans les moeurs », comme m?a
confié une de mes interlocutrices, Mme X.
Mme S, quant à elle, avoue utiliser exclusivement une
base commune de sigles et d?abréviations qui, à ses yeux, ne
peuvent etre la cause d?une quelconque erreur d?interprétation. Elle me
dit : 44 ...tous ceux que nous utilisons sont issus du tronc commun, que
tout le monde connaît 0 .
Et si danger il y avait, notamment dans les écrits, il
lui paraîtrait alors nécessaire d?en préciser le sens,
dès la première utilisation.
Elle ajoute, par rapport à cela : 44 Moi-mame,
quand je fais un courrier et que j'utilise plusieurs fois les mames acronymes
ou abréviations, comme vous voulez, j'aime bien établir une liste
avec les définitions, pour éviter de les réexpliquer
à chaque fois 0.
En outre, plusieurs des personnes interrogées pensent
que les acronymes sont surtout d?origine médicale, et que les
infirmières ne font que reproduire ceux qui leur sont transmis par les
médecins avec lesquels elles travaillent. Elles précisent alors,
qu?en cas de doute, il est toujours possible de contacter l?auteur afin de
corriger une éventuelle ambiguïté.
Par exemple, Mme Z. qui parle de ses souvenirs
d?étudiante : 44 C'est un peu, je me souviens... comme quand on est
en cours... On prend des notes, on recopie les acronymes et les
abréviations des médecins, et si on ne comprend pas, on demande,
et après, on peut les utiliser, en sachant de quoi on parle 0.
Mme A, quant à elle, se réfère à
ce qu?elle voit dans les dossiers médicaux et affirme : 44
Oui...Oui... Et là, on en retrouve ! Parce que bien souvent,
les infirmières recopient comme c'est écrit dans le dossier
médical...ça vient des médecins ! Enormément.
D'ailleurs, les acronymes sont médicaux. 0
2) Un facteur d'intégration et
d'identité professionnelle : lorsque nous avons abordé
les conditions favorables à l?intégration d?un nouveau membre,
dans une équipe de soins, plusieurs éléments ont retenu
mon attention.
D?abord, certaines interlocutrices m?ont avoué
préférer etre présentes lors du premier entretien
d?embauche, car elles estiment que leur approbation doit rester primordiale
dans le choix d?un candidat. En effet, comment un nouveau professionnel
pourrait-il s?épanouir, au sein d?une équipe, sans avoir
été accepté par son futur supérieur
hiérarchique direct ?
49 Cf. propos d?Olivier GUEGUAN. Op. Cit. Cadre
conceptuel, p.9
A ce sujet, Mme S pense que cette situation constituerait un
frein important dans le bon déroulement du travail quotidien, voire un
facteur de mauvaise ambiance au sein de l?équipe : 44 ...je pense
qu'il est important de participer à l'entretien d'embauche. Je pense que
c'est intéressant, car si on propose un professionnel à un cadre,
alors que le cadre n'a pas fait le choix de ce professionnel, ça peut
être déstabilisant et le professionnel peut le ressentir
».
Ensuite, l?accueil du nouvel arrivant, qui passe par une
présentation de l?équipe, du service et des locaux, des
pathologies rencontrées, avec éventuellement la remise d?un
livret d?accueil, livret qui tend à titre de plus en plus présent
dans les services de soins. Ce dernier a pour but d?aider la personne à
se familiariser, progressivement, avec son nouvel environnement. Le fait
d?avoir accès à cet outil serait d?ailleurs, pour certaines, une
façon de rendre les premiers jours moins anxiogènes pour le
nouveau soignant.
Dans la mesure du possible, une doublure également,
d?une durée plus ou moins longue (de deux à quinze jours selon le
service) est quelquefois mise en place, de façon à ce que la
personne, nouvellement arrivée puisse bénéficier de
l?expérience d?un collègue plus ancien. Cependant, il semble que
la doublure soit devenue quasiment impossible, dans certains services comme
celui de Mme X., qui me dit, lors de l?entretien : 44 ...quand on arrive
à faire une doublure de deux jours, avec le planning, c'est
déjà bien !... Voilà... Il n'y en pas, parce
qu'aujourd'hui, on recrute de date à date. Quelqu'un arrive quand
quelqu'un d'autre part... Alors, des fois, avec le planning, on arrive à
jongler deux jours ».
Ce soutien peut prendre la forme d?un apprentissage technique
sur de nouveaux appareils, de connaissances théoriques
complémentaires et spécifiques, quant à la prise en charge
des patients, ou encore sur l?organisation et l?acquisition du langage propres
au service.
En effet, le fait de faire partie d?un meme groupe, et de
parler un langage commun à l?équipe, favoriserait, selon les
personnes que j?ai pu rencontrer, une meilleure intégration et, par la
suite, une reconnaissance du nouvel arrivant par ses pairs : 44...Et quand
le jeune professionnel commence à bien utiliser le vocabulaire et les
acronymes, ben oui, c'est comme une porte qui s'ouvre... La reconnaissance
professionnelle... », pour reprendre les termes de Mme X, cadre de
santé en neurologie.
Mme A. également, pense que cette reconnaissance vient
des pairs, et notamment du médecin qui semble jouer, selon elle, un
rôle primordial par rapport à l?intégration du nouvel
arrivant dans le service : 44 Par exemple, les infirmières,
elles travaillent énormément en collaboration avec
l'équipe médicale. C'est le médecin qui va donner ce
sentiment de reconnaissance à l'infirmière parce qu'il va lui
dire si oui ou non son travail est bien fait. Et c'est pareil.... Je pense
que... Actuellement, c'est les entretiens d'évaluation. On voit bien que
les jeunes infirmières, quand elles arrivent à comprendre les
situations, à avoir plus de sérénité lors des
prises en charge, ont ce sentiment de reconnaissance...
».
D?ailleurs, dans certains services, il a été
établi une liste des abréviations et des sigles couramment
utilisés, de manière à ce qu?une personne novice puisse
s?y référer en cas de doute ou d?incompréhension, de
façon à pouvoir se l?approprier par la suite.
Mme X. va même plus loin, et rejoint les pensées
de Rose-Marie MIQUEAU50. Elle explique ce phénomène
par le fait que, dans chaque profession, il existe un vocabulaire
spécifique, et qu?une personne qui ne parvient pas à s?approprier
le langage du groupe de travail, où elle se trouve, se sentira
peut-être exclue : 44 Se sentir exclue, oui. Mais bon, je pense que
ce n'est pas une volonté d'exclure qui que ce soit, quand on utilise des
acronymes. Mais c'est sur que ça a pour conséquence ou pas de
faciliter l'intégration. Enfin, je veux dire, en neurologie, par
exemple, le vocabulaire est très particulier. La terminologie est
complexe, elle est riche. Et donc, quand on n'intègre pas tout
ça, et dont les acronymes, car on en utilise beaucoup, ben, on est
à côté, quoi...
Forcément, si on ne sait pas quoi en faire, et
qu'on ne les comprend pas vite, on a l'impression d'être exclu... Et une
fois qu'on maîtrise un peu plus la terminologie, ces acronymes, on se
sent plus intégré... Quand les infirmières ont plus de
facilités, lors des transmissions, à lire ou à dire ces
acronymes, elles ont droit à...à...à plus de respect de la
part de leurs collègues. ».
D?ailleurs, Mme L. semble etre de son avis quand elle dit :
44 Chez nous, tu auras des acronymes
comme « BAV », « IVG
», « IVD », « FC »... Et plein d'autres... Donc, il
faut quand même savoir ce
50 Propos de Rose-Marie MIQUEAU -- Cadre conceptuel.
p.5
16
que ça veut dire, sinon, tu n'as rien à
faire dans le service... Et puis, c'est presqu'un langage courant pour nous.
Pour les soignants... 0. Plus tard, elle ajoute : 44 On a la langue
« normale » pour les gens qui ne sont pas soignants, et une autre
langue pour nous... 0.
Mme Z., également, pense que le groupe de travail
possède sa propre façon de communiquer : 44 Parce que c'est
vrai qu'aussi bien au niveau médical qu'au niveau paramédical,
c'est le même langage qui est employé.. Donc, on a
intérêt à s'y faire très rapidement... à
chercher à savoir très rapidement ce que veulent dire les
différents sigles, les différentes abréviations... Pour
moi, ça me fait penser à la culture de groupe ; voilà,
ça veut dire, j'appartiens à un groupe, je suis dans ce groupe
là de travail. Et on parle de telle façon...
Parce que vous allez dans une autre réa... on va
retrouver, évidemment, certains termes pareils, mais après, il va
y avoir des spécificités en fonction des services où vous
allez aller... 0.
Néanmoins, même si elles partagent la même
opinion sur le fait que ne pas parler le même langage pourrait engendre
l?exclusion d?un professionnel au sein de l?équipe, Mme Z. et Mme X.
semblent avoir un point de vue divergent sur les intentions qui pourraient
conduire certains soignants à s?exprimer ainsi :
- Mme Z. : 44 Oui, oui... Oui. Oui, tout à fait. Si
ça ne passe pas avec quelqu'un, je pense qu'on est capable de faire
exprès d'utiliser un langage qu'il ne comprend pas. Et ça
permet... ben de l'écarter encore plus, quoi... et en même temps,
de ne pas l'intégrer au groupe 0.
- Mme X. : 44 Se sentir exclu, oui. Mais bon, je pense que
ce n'est pas une volonté d'exclure qui que ce soit quand on utilise des
acronymes. Mais c'est sur que ça a pour conséquence ou pas de
faciliter l'intégration 0.
Cependant, la plupart d?entre elles reconnaît qu?il
existe certains inconvénients liés à l?utilisation de ces
sigles, acronymes ou abréviations, dans la mesure où certains
peuvent comporter un sens caché ou un risque de confusion.
Elles ont d?ailleurs connu au moins une situation où
elles se sont retrouvées confrontées à des termes
dépourvus de sens, et qui les empechaient de comprendre parfaitement
l?état du patient. A ce sujet, Mme Z., m?a parlé de ses
débuts, et notamment des difficultés, liées au langage du
service :
44 ...quand je suis arrivée, le premier mois, j'avais
l'impression d'être dans un autre monde, et je ne comprenais rien
à ce qui se disait... 0.
Mme L. semble être, elle aussi, du même avis : 44
Au début, ça me choquait, et puis ça m?énervait
aussi... tu vois tout le monde aller super vite, tout autour de toi... En plus,
on te parle avec des termes que tu ne comprends pas. Je me suis dit 44 Mais
qu'est-ce que je fous ici... ?0.
Cela peut etre le cas, lorsqu?elles prennent en charge un
patient d?un autre secteur, et qu?alors, à la lecture du dossier
médical, et notamment en ce qui concerne les antécédents
médicaux, elles se retrouvent face à des informations
imprécises ou incomplètes. Le danger serait donc présent,
à partir du moment où on n?est plus capable de replacer ces
derniers dans un contexte approprié.
A ce sujet, leurs témoignages m?ont fait prendre
conscience, davantage, de la nécessité de se montrer le plus
explicite possible, lorsqu?il s?agit de transmettre des données
médicales .
Mme Z. l?illustre parfaitement quand elle dit : 44 Ce qui
est écrit n'est pas forcément assez précis... avec une
écriture, euh..., très spécifique à la
profession... qui n'est pas forcément « entendable » par tout
le monde... Je vous dis ça parce que moi j'ai eu des difficultés
quand je suis arrivée ici, il y avait des comptes-rendus avec des
abréviations et du vocabulaire spécifiques au service, que je ne
comprenais pas...c'est ce que j'ai vécu quand je suis arrivée
ici 0.
Elles admettent alors le fait qu?une personne,
extérieure au service, éprouvera peut-être encore plus de
difficultés à 44 déchiffrer 0 le code établi. Voici
quelques situations dont nous avons pu parler lors de mon enquête
auprès des professionnels :
1) Cela peut être le cas, par exemple, quand elles vont
se trouver face à la famille d?un patient, ou devant le patient
lui-même ; il leur faudra alors adapter le langage par rapport aux
connaissances et aux capacités de compréhension du patient ou de
son entourage.
En effet, il arrive parfois que les médecins
fournissent des explications au patient, sur son état de santé,
et ce, dans un langage que certaines jugent être du 44 charabia 0. Cela
oblige les infirmières à parfois reformuler les propos pour les
rendre plus accessibles à la personne soignée, comme cela a
été le cas pour Mme X. : 44 C'est comme les médecins
quand ils parlent devant les malades... Parce
qu'ils sont dans leurs trucs, ils ont la connaissance, ils
connaissent le vocabulaire... Et ils oublient qu'en face, ils ont des gens qui
sont novices... et qui ne sont pas compétents.
Donc, à un moment donné, il faut les faire
atterrir, il faut leur dire que pour la personne qui est en face d'eux, c'est
du charabia. Donc, il faut se mettre à la portée des gens...
0.
Parmi les cadres interrogées, certaines ont reconnu
qu?elles avaient meme du déjà reprendre certaines
collègues qui employaient un vocabulaire professionnel trop
élaboré et inadapté aux patients.
A ce sujet, Mme Z. souligne : 44 J'ai déjà
remarqué, par exemple, qu'à certaines familles, quand les
infirmières leur parlent, elles utilisent les acronymes. Et bon, je sais
que moi, au début, je leur ai demandé de faire attention.
Je leur disais « attention, je suis pas sûr que la
famille a compris ce que vous leur avez dit, parce que...euh..., les termes que
vous employez ne sont pas habituels pour eux 0.
2) Ou encore cet exemple, donné par Mme Z., sur
l?étudiant infirmier, à qui on demande, en premier lieu,
d?apprendre le vocabulaire professionnel, dans son institut de formation. Par
la suite, elle constate alors qu?il doit dans certains cas, en plus des termes
enseignés, adapter ces derniers au vocabulaire de l?équipe dans
laquelle il vient d?arriver : 44 Euh, oui, je pense... Je pense que c'est
d'autant plus difficile, parce qu'il a déjà du mal à
intégrer, ...euh... les termes qui correspondent vraiment aux choses, et
faut en plus intégrer un nouveau vocabulaire...qui n'est pas
forcément logique, en plus... Bon, ya des fois, c'est logique, mais ya
des fois, on trouve des abréviations qui sont pas du tout logiques,
quoi... 0.
En tant qu?étudiant infirmier, moi-même, je n?ai pu
qu?approuver ce point de vue, puisque ma question d?étude découle
d?une situation semblable.
3) Et que dire des équipes de secours,
constituées de professionnels, présents, parfois, pour une
très courte durée, et à qui on va demander de prendre en
charge rapidement les patients du secteur ?
En effet, exceptés les services très
spécifiques, comme par exemple la réanimation, où il
s?agit le plus souvent d?équipes de secours rôdées, il
arrive, notamment dans le secteur privé, que certaines
infirmières viennent effectuer un remplacement pour une seule
journée. C?est le cas de celles qui sont employées par le biais
de l?intérim.
Il est alors vraisemblable de penser, comme Mme Z. : 44 Ben
non, elle aura pas le temps... Moi, j?ai travaillé comme équipe
de secours, ben ya des choses, vous les survolez, car vous pouvez pas. Vous
pouvez pas tout connaître dans le service... Vous allez un jour à
un endroit, un jour à un autre... C?est pour ça, faut assurer le
quotidien... C?est savoir donner les médicaments, savoir faire les
pansements, euh...être auprès de la personne, l?écouter, et
le reste, ma foi...on va pas plus loin... 0.
C?est pour cette raison que les transmissions devront etre
claires et précises, de façon à écarter tout risque
de difficultés ou d?erreurs d?interprétation.
V. RETOUR SUR HYPOTHESES
Arrivé à cette étape de mon travail de fin
d?études, il devient nécessaire de revenir sur mes deux
hypothèses de départ, et de définir si ces
dernières doivent être confirmées ou infirmées.
Commençons par citer, à nouveau, la première :
Les infirmier(e)s continuent d'utiliser cette
façon de s'exprimer car ils/elles pensent que le risque est moindre,
dans la mesure où chaque membre de l'équipe est censé
connaître, voire « maîtriser ce langage a» qui
les distingue d'une personne étrangère au service.
Après l?étude du cadre conceptuel et l?analyse
de mes entretiens, j?ai décidé de confirmer cette première
hypothèse. En effet, à travers les différentes
données que j?ai pu recueillir, j?ai pu constater que chaque profession
possède un vocabulaire qui lui est propre, à l?instar du
métier d?infirmier.
C?est la force de l?habitude et l?exigence de rapidité qui
fait que les soignants finissent par utiliser cette terminologie, et ce mode
d?expression qui semble les rapprocher.
C?est ainsi que, convaincus du caractère inoffensif de
cette forme de langage, ils continuent d?employer sigles, acronymes et autres
abréviations.
18
Rappelons ensuite quelle était ma deuxième
hypothèse :
Certains infirmier(e)s, dans le but de
s'intégrer dans une équipe, s'approprient le langage qui y est
employé. Cela constitue une sorte de « mimétisme » qui
permet à ces soignants une adaptation plus rapide, tout en gardant le
souci de ne pas perturber les habitudes de l'équipe.
Je pense que cette seconde hypothèse mérite
également d?être validée, dans la mesure où,
aujourd?hui, que ce soit dans les services de soins ou dans d?autres secteurs
professionnels, le rythme imposé par le monde du travail fait que toute
personne novice va devoir s?adapter rapidement aux règles et aux
contraintes inhérentes à sa nouvelle fonction.
C?est d?ailleurs en vertu de ce désir d?adaptation que
les nouveaux arrivants décident d?adopter le langage reconnu comme
nécessaire à la pratique, quitte à faire fi des
problèmes de compréhension que cela pourrait engendrer.
VI.DIFFICULTES RENCONTREES
Malgré le plaisir que j?ai eu à traiter mon sujet,
il me paraît important de parler des problèmes que j?ai pu
rencontrer lors de sa réalisation. Des difficultés dont je vais
parler ci-dessous :
- d?abord, citons les contraintes de rédaction
imposées, et notamment le fait que le mémoire doit
obligatoirement comporter entre quinze et vingt pages. Il m?a donc
été nécessaire de faire un choix entre les
différentes parties à aborder, au détriment d?autres qui
auraient pu présenter également un intérêt par
rapport au thème.
- ensuite, mon sujet traite d?un fait bien précis.
Lorsque j?ai voulu effectuer des recherches sur les acronymes, les sigles ou
les abréviations, j?ai dü, bien souvent, faire face à de
longues listes d?acronymes, utilisées en pharmacologie, en
médecine, ou même dans la vie courante. Mon problème a donc
été de trouver des écrits concernant les risques et les
difficultés que ce langage pouvait occasionner.
- l?aménagement du temps, également, est un
élément que j?ai du apprendre à gérer, au cours de
cette année. En effet, le travail de fin d?études est une
tâche qui m?a demandé plusieurs centaines d?heures. En outre, en
tant qu?élève rémunéré pendant la formation,
j?ai eu pour obligation d?assister à tous les cours dispensés au
sein de l?établissement.
C?est pour ces raisons que, comme de nombreux étudiants
dans mon cas, il a fallu, en fin de journée, que je partage mes
activités entre les études consacrées aux modules et
celles consacrées à ce travail de fin d?études, tout en
gardant à l?esprit le souci de ne pas léser ma vie privée,
et plus particulièrement mes proches.
- je dois dire, enfin, que le fait de devoir envoyer, chaque
fois, une demande d?autorisation, dans le but d?obtenir un entretien, a
constitué un obstacle majeur, dans la mesure où les
réponses ont été parfois très tardives. Cela a eu
pour conséquence de bloquer l?avancée du travail, et plus
précisément l?analyse globale des rencontres effectuées
sur le terrain.
D?ailleurs en ce qui concerne les entretiens, une
difficulté qui n?est pas des moindres, elle non plus, est celle d?avoir
dü apprendre à poser des questions de la façon la plus
diplomate possible, afin de ne pas donner aux interlocuteurs le sentiment de
focaliser trop négativement sur leurs pratiques professionnelles.
CONCLUSION
Finalement, il semble qu?aujourd?hui, la communication ne
puisse plus se passer de sigles, d?acronymes, ou d?abréviations. Nous en
utilisons même dès nôtre plus jeune âge. N?avons-nous
pas commencé notre scolarité par le CP, le CE1, le CE2, et plus
tard, continué par le CM1 et le CM2 ?
Et quel enfant n?a pas tremblé devant les COD, COI, et
autres COS51 au cours de l?enseignement primaire ?
Il semble, également, qu?avec les progrès
techniques dont nous pouvons jouir aujourd?hui, les adolescents
maîtrisent davantage le langage dit « SMS », au
détriment parfois de leur langue maternelle.
De même, il n?est plus surprenant, de retrouver ce type
de communication dans le milieu professionnel. D?ailleurs, à travers ce
mémoire, nous avons pu constater à quel point ceux-ci
étaient présents dans le domaine qui nous intéresse, celui
du milieu paramédical.
Je reconnais, bien évidemment, la possibilité
d?une interprétation erronée, liée à
l?ambiguïté d?un bon nombre d?entre eux. Cependant, il
apparaît, suite à mes recherches, que les soignants ne sont
dépourvus ni de rigueur, ni de conscience professionnelle, dans la
mesure où ils considèrent ces traits de caractères comme
primordiaux, dans le domaine de la santé.
Une fois encore, ce sont les habitudes, l?exigence de
rapidité, associée à un manque de temps, et l?influence de
l?environnement sur les individus qui semblent présider, parmi les
principales causes d?utilisation.
Alors, quelle attitude adopter face à cette forme de
langage ? Faut-il la proscrire définitivement ?
Je ne pense pas qu?il faille en arriver à cela.
D?ailleurs, au moment où je conclue mon travail, ne suisje pas,
moi-même, un ESI qui vient de réaliser un TFE et qui, plus tard,
devra passer une MSP pour obtenir son DE52 ?
Je dirais plutôt que tout est question de mesure, et qu?il
faut bien prendre garde à ce que l?on dit ou ce que l?on écrit.
Alors, tirons la sonnette d?alarme.
Car si un jour nous perdons le contrôle de notre propre
langue, nos comptes-rendus pourraient bientôt ressembler à peu
près à cela : « AVP, VL-PL / TC-PC / ATCD = 0 / TTT : 2 VVP
14 + 18 G (abg et abd) / 2 RL, 2 GFM, 2 HEA (total 3 L) / IOT + VC / ACR, puis
RACS, puis ACR, puis DCD53 ».
Peut-être devons-nous également nous poser d?autres
questions. Faut-il continuer de servir cette exigence de rapidité dont
nous faisons preuve au quotidien ?
Et justifier l?usage d?un tel langage, au nom de l?habitude,
n?est-il pas un comportement inapproprié, au sein d?une profession qui,
au-delà de son caractère humaniste, en appelle à des
valeurs comme le professionnalisme ou le devoir de remise en question ?
51 Notions de grammaire de base enseignées au
cours primaire que sont le complément d?objet direct, le
complément d?objet indirect, et le complément d?objet second.
52 Traduction : « .. .ne suis-je pas un
élève, en soins infirmiers, qui vient de réaliser un
travail de fin d?études et qui, plus tard, devra passer une mise en
situation professionnelle pour obtenir son diplôme d?état?
»
53 Traduction : « Accident de la voie
publique, véhicule léger contre poids lourd / Trauma
crânien avec perte de connaissance / Pas d'antécédent /
traitement : 02 voies veineuses périphériques : une (avec
cathéter de calibre 14 gauge) au niveau de l?avant-bras gauche + une
seconde (avec cathéter de calibre 18 gauge) au niveau de l?avant-bras
droit / Solutés de perfusion utilisés : 02 Ringer Lactate, 02
Gélatines Fluides Modifiées, 2 Hydroxy-Ethyl-Amidon ( au total 03
litres) / Intubation oro-trachéale + Ventilation contrôlée
/ Arrêt cardio-respiratoire, puis récupération de
l'activité cardiaque spontanée, puis à nouveau arrêt
cardio-respiratoire, puis patient décédé ».
BIBLIOGRAPHIE
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Disponible sur internet:
http://www.infirmiers.com/pdf/cadre-interdis.pdf
ANNEXES
Acronymes médicaux à manier avec
précaution
Voici quelques exemples d?acronymes qui peuvent nous induire en
erreur lorsqu?il nous devient difficile de les replacer dans le contexte
approprié :
ADP : Adénosine diphosphate, ou peut
désigner une adénopathie.
AEG : Altération de l?état
général ou, en chirurgie, désigne une arthroscopie de
l?épaule gauche.
AMP : Aide médicale à la
procréation (appelée également PMA, pour «
procréation médicale assistée ») ou aide
médico-psychologique.
AS : Aide-soignante ou assistante sociale.
AVC : Accident vasculaire cérébral
ou Accès vasculaire central, ou même un accident de la vie
courante.
AVP : Accident de la voie publique ou
désigne l?hormone antidiurétique Arginine Vasopressine (connue
également sous le sigle anglais ADH pour « Antidiuretic Hormone
»).
BAV : En cardiologie, désigne un bloc
auriculo-ventriculaire, mais peut désigner également
une
baisse de l?acuité visuelle, ou encore des bandes à
varices (surtout utilisées par les aides-soignantes).
BIS : Bloc interscalénique en chirurgie,
ou désigne l?index bispectral, un facteur à surveiller lors de
l?utilisation d?un électro-encéphalogramme (EEG).
CC : Centimètre cube, unité
utilisée lors des calculs de doses, mais peut nommer également un
canal carpien.
CIV : Communication inter-ventriculaire ou
cathéter intraveineux.
FO : Fond d?oeil ou foramen ovale.
FR : Facteur de risque (quelquefois noté
FdR) ou fréquence respiratoire.
HTA : Hypertension artérielle ou
Hystérectomie totale abdominale.
IM : Insuffisance mitrale (qui mène
à une cardiopathie) ou intramusculaire (voie d?injection).
INR : Injection de neuroleptique retard
(quelquefois appelée NAP, pour « neuroleptique à action
prolongée »), qui se fait en intramusculaire, ou International
Normalized Ratio, qui se dose après une prise de sang. Ce dernier permet
de mesurer le taux de prothrombine, facteur ayant un rôle important dans
la coagulation.
IPP : Inter-phalangiennes proximales,
inhibiteurs de la pompe à protons ou identifiant patient permanent.
IRA : Insuffisance respiratoire
aiguë ou insuffisance rénale aiguë.
IRC : Insuffisance respiratoire
chronique ou insuffisance rénale chronique.
IVD : Insuffisance ventriculaire droite
(cardiopathie) ou intraveineuse directe (voie d?injection).
IVG : Insuffisance ventriculaire gauche ou interruption
volontaire de grossesse.
LSD : Intervention chirurgicale thoracique
qui désigne une lobectomie supérieure droite, mais LSD peut
désigner également un psychotrope hallucinogène (du nom
chimique allemand « lyserge saüre diäthylamid »
signifiant « diéthylamide de l'acide lysergique
»).
OD/OG : oreille droite/gauche, oeil droit/gauche
(l?oeil gauche est également abrégé sous le sigle OS, pour
« Ocula sinister »), oreillette droite/gauche.
PA : Désigne la pression
artérielle, une personne âgée, une pancréatite
aiguë, ou encore un principe actif.
PM : Prescription médicale ou
pacemaker.
PC : Périmètre crânien ou
perte de connaissance (on peut parfois lire « TC-PC » qui signifie
« traumatisme crânien avec perte de connaissance).
PV : Ponction veineuse ou
prélèvement vaginal.
RA : Rétrécissement aortique ou
rachianesthésie.
RAI : Recherche d?agglutinines
irrégulières ou réflexe anal inhibiteur.
RCP : Réanimation cardio-pulmonaire ou
réunion de consultation (ou concertation) pluridisciplinaire.
RP : Radio pulmonaire ou rémission
partielle (termes utilisés pour parler d?un patient atteint d?un
cancer).
SC : Sous-cutané (utilisé pour
désigner le mode d?administration lors d?une injection) ou surface
corporelle (utilisé en cancérologie où la
chimiothérapie nécessite de connaître la surface (en
mètres carrés) que représente le patient.
SEP : Sclérose en plaques ou syndrome
extrapyramidal (effet secondaire possible, chez un patient, lors
d?administration de neuroleptiques).
TA : Tension artérielle ou
téno-arthrolyse, en chirurgie. Autrefois, une tentative de suicide (TS,
de nos jours) se nommait également TA, pour « tentative d?autolyse
».
TCA : Facteur de coagulation ou peut
désigner, en psychiatrie, les troubles des conduites alimentaires.
TV : Tachycardie ventriculaire ou toucher
vaginal.
TS : Tentative de suicide, tachycardie sinusale,
temps de saignement, ou « temps suivant » (pour désigner des
interventions non prioritaires, en chirurgie).
VM : Valve mitrale ou ventilation
mécanique.
VS : Ventilation spontanée ou vitesse
de sédimentation (facteur qui est mesuré, suite à une
ponction veineuse, et qui concerne le nombre de globules rouges, leur volume,
le taux de certaines protéines, et la viscosité du sang).
VVP : Voie veineuse périphérique
ou valve ventriculo-péritonéale, utilisée en
neurochirurgie.
Un monde idéal où les acronymes n?existent
pas54
Le Réseau Express
Régional tanguait lentement au gré des
bourrasques de vent.
- Dis, tu l?as eu où ton Digital
Video Disc ? C?est le reportage qui est
passé sur l?Association Relative aux
Télévisions Européennes
?
- C?est mon copain qui me l?a acheté à la
Fédération Nationale
d?Achat des Cadres, quand j?ai passé
mon Imagerie par Résonance
Magnétique.
- Et c?est tout ce que tu as eu pour un Accident
Vasculaire Cérébral ? Tu aurais
dû chopper quoi pour obtenir ton chaton ? Le Syndrome
d?Immunodéficience Acquise ?
Les deux amies se mirent à rire.
- Tout ceci a été bénéfique. J?en
ai marre d?être au Salaire Minimum
Interprofessionnel de Croissance. J?ai
décidé de reprendre ma vie en main, mes études, de
participer à l?EuRopean community
Action Scheme for the
Mobility of University
Students.
On veut aussi quitter notre Habitation à
Loyer Modéré pourrie.
- Grace à la maladie...
- Oui. Comme quoi, Ce Qu?il
Fallait Démontrer.
54 J.HESKA, dans ce texte, a voulu démontrer
à quel point nos phrases pourraient « s?alourdir », sans
l?existence d?acronymes et/ou d?abréviations. Disponible sur internet.
Cf. Bibliographie.