UNIVERSITE DE KOUDOUGOU BURKINA FASO
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ECOLE NORMALE SUPERIEURE
Unité-Progrès-Justice **********
Département de Sciences de l'Education
Mémoire de fin de formation à la fonction
de Conseiller d'Education de l'Enseignement Secondaire
LA GESTION DE L'ABSENTEISME DES ELEVES DANS LES
LYCEES ET COLLEGES : STRATEGIES DE TRAITEMENT, CONSEQUENCES ET
PERSPECTIVES.
Présenté par : Sous la direction de
:
Sidiki DAYO Dr Juliette KABORE/OUEDRAOGO
Elève Conseiller d'éducation Maître Assistant
en Sciences de l'Education
Université de Koudougou
Année académique : 2010-2011
1
INTRODUCTION
Le développement économique, social et culturel
de toute société est la conjugaison de plusieurs facteurs tels
que l'éveil de conscience, l'acquisition de connaissances, et de
façon globale l'éducation. De ce fait, le développement de
l'humanité passe inéluctablement par l'éducation qui est
le moyen pour toute société d'assurer sa pérennité.
Aussi vieille que les sociétés humaines, l'éducation est
un domaine qui exige patience, attention, régularité et
continuité. La croissance économique, le recul de la
pauvreté, l'amélioration des conditions de vie et de travail des
hommes ainsi que la bonne santé de la population sont des objectifs
liés à l'éducation.
La question de l'éducation est donc vitale aussi bien
au plan individuel qu'au plan communautaire. La déclaration universelle
des droits de l'homme du 10 décembre 1948 stipule que « toute
personne a droit à l'éducation (p.14) ». Il faut donc
donner la possibilité à tous d'accéder à
l'éducation qui est une valeur cardinale. Autrement dit, l'enfant a
droit à une éducation qui doit être gratuite et
obligatoire, au moins au niveau élémentaire. Il doit
bénéficier d'une éducation qui contribue à sa
culture générale et lui permette, dans des conditions
d'égalité de chance, de développer ses facultés,
son jugement personnel, et son sens de responsabilités morales et
sociales.
Ainsi, l'humanité entière s'est engagée
à concentrer toutes ses énergies et ses efforts sur
l'éducation. Les conclusions de la conférence des ministres de
l'éducation du monde entier tenue à Jomtien (THAILANDE) en 1990
sous l'égide de l'UNESCO, de l'UNICEF, du PNUD et de la Banque mondiale
stipule que l'éducation est le creuset de tout développement et
le remède magique de prévention de tous les maux de
l'humanité. De ce fait, il faut assurer l'éducation à
chaque habitant de la terre, afin de bouter l'analphabétisme.
D'où le slogan l'« Education Pour Tous
(EPT)». Les mille cinq cents (1500) participants
estimèrent que l'éducation fondamentale apparaissait comme un but
accessible. A cet effet, ils proclamèrent la déclaration mondiale
sur l'EPT et s'engagèrent à favoriser un enseignement de base
gratuit et obligatoire, à prendre des mesures pour encourager la
fréquentation régulière des établissements
scolaires et à réduire le taux d'abandon ou de déperdition
scolaire.
Au Burkina-Faso la volonté de penser l'éducation
a conduit à l'adoption en mai 1996 de la Loi d'orientation de
l'éducation, prorogée en 2007. De plus, les Etats
généraux de l'éducation de 1994, les Assises nationales
sur l'éducation de 2002, les Séminaires
intergouvernementaux de 2004, et la nouvelle Loi d'orientation
de l'éducation du 30 juillet 2007 constituent des démarches
d'engagement de l'Etat à rendre l'enseignement de base obligatoire et
gratuit. L'enseignement post-primaire a bénéficié de cet
engagement avec la réduction de moitié de frais de
scolarité de la 6ème à la
3ème d'une part, et d'autre part la gratuité des frais
scolaires dans les quarante cinq (45) établissements secondaires
choisis, soit un établissement par province.
Avec le Plan Décennal de Développement de
l'Education de Base (PDDEB) et le Plan de Développement de
l'Enseignement Post-Primaire (PEPP), des progrès indéniables sont
enregistrés sur le plan de l'accès à l'éducation
notamment en matière d'infrastructures. Au niveau de l'enseignement
secondaire, des efforts sont faits surtout avec l'ouverture en 2004 de
l'Institut Des Sciences (IDS) qui fournit environ deux cents (200) professeurs
par an. Get effectif vient renforcer celui de l'ENS/UK.
En dépit de toutes ces évolutions, il existe
plusieurs handicaps à la réussite des missions éducatives.
L'enseignement secondaire qui est le maillon central du système
éducatif, connaît toujours certaines difficultés tels que
la multiplication des classes à effectif pléthorique,
l'insuffisance de matériel, l'insuffisance de l'offre éducative,
l'absentéisme des élèves, le manque de pertinence sociale
de certaines matières, etc.
Nous avons choisi de nous pencher sur l'absentéisme qui
constitue un véritable manquement à l'obligation scolaire. La
recrudescence des absences des élèves est un problème
majeur auquel tout le système est confronté malgré le
traitement actuel accordé à ce phénomène par la
punition ou les retraits de points. Il s'avère donc nécessaire de
s'interroger sur l'absentéisme des élèves, afin de cerner
les différents contours de sa gestion actuelle et de proposer des pistes
de solutions. Les parents, les enseignants comme le personnel administratif
sont désemparés face au taux d'absentéisme des
élèves qui s'accroit dans les établissements. Dans ce
contexte, nous nous demandons alors si le mode de gestion actuel de
l'absentéisme au secondaire est approprié. Pourquoi le
phénomène persiste-t-il malgré les mesures actuelles
prises pour le juguler? Quelles solutions faut-il envisager pour réduire
son ampleur ?
Pour apporter des réponses à ces différentes
interrogations, nous avons formulé notre sujet de recherche en ces
termes :
« La gestion de l'absentéisme des
élèves dans les lycées et collèges :
stratégies de traitement, conséquences et perspectives
».
L'analyse d'un tel sujet nous engage dans une approche
qualitative, car nous devons prouver la pertinence du phénomène
en apportant des données significatives tout en
recherchant chez les acteurs de l'éducation (personnel
administratif, enseignants, élèves, parents, responsables
d'éducation, etc.) leurs perceptions et représentations du sujet
afin de mieux cerner le sens de l'objet.
Notre travail sera organisé de la manière suivante
:
Dans une première partie théorique, nous
décrirons la problématique, construirons la revue de
littérature, choisirons et expliquerons les théories de base et
la méthodologie de recherche. La deuxième partie se rapporte
à la présentation et à l'analyse des données
collectées ainsi qu'à leur interprétation. Des suggestions
seront faites par la suite dans l'optique de dégager des pistes de
solutions.
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET REVUE DE LA LITERATURE
L'école, cadre classique d'instruction et
d'éducation des hommes, constitue un maillon important de la chaine
éducative. La réussite ou l'échec de ses missions a une
grande répercussion sur le système éducatif.
L'éducation est une oeuvre collégiale. En ce sens, l'école
ne saurait atteindre ses objectifs sans la participation effective de tous les
acteurs (enseignants, élèves, parents,..). Cette participation
est tributaire en grande partie de la capacité de l'établissement
à stimuler les élèves à participer aux cours.
Cependant, force est de constater que l'absentéisme des
élèves mine le fonctionnement des lycées et
collèges.
1. Problématique
L'absentéisme se définit communément
comme l'attitude de toute personne qui est régulièrement absente
de son lieu de travail ou de tout endroit où elle est tenue d'être
présente. Par exemple, le fait d'être absent de son service, d'une
réunion, du culte, de la classe.
Selon le Livre bleu des Conseillers Principaux d 'Education -
2002, l'absentéisme est un comportement marqué par la
répétition d'absences volontaires. Ce qui se caractérise
par une absence injustifiée ou dont la justification n'est pas valable.
Le dictionnaire de l'éducation de R.LEGENDRE définit
l'absentéisme comme le fait d'être absent des cours ou des jours
de classe ; ou comme le comportement d'un élève ou d'un
enseignant qui s'absente souvent. Dans une enquête de
l'INSERM1 sur les adolescents publiée en 1994,
l'absentéisme résulte de trois critères : «
sécher les cours, arriver en retard, être absent une
journée ou plus ».L'absentéisme est un
phénomène qui est aussi à la base des déperditions
scolaires ; c'est une sorte d'inconduite, un manquement à l'obligation
scolaire qui peut entraver la réussite scolaire.
Dans le but de bien cerner la nature du problème de
l'absentéisme, son ampleur et sa pertinence, cette section
décrira le contexte de l'absentéisme dans le milieu
éducatif en le cernant dans la situation problématique,
énoncera le problème de recherche, justifiera le choix du
thème et fixera les objectifs de la recherche.
1 Institut Nationale de la Santé et de Recherche
Médicale (France)
1.1. La situation problématique
La question de l'absentéisme scolaire est de nos jours
une préoccupation mondiale. En France une loi a été
proposée par d'éminents députés pour lutter contre
le phénomène. Cette proposition de loi2 a
été présentée et enregistrée à
l'Assemblée Nationale avant d'être adoptée au Sénat.
Les présentateurs de cette loi tels que Eric CIOTTI, Xavier BERTRANT,
Henriette MARTINET, tous députés déclarent en
première ligne :
« Mesdames, Messieurs, en France métropolitaine,
pour l'année scolaire 2007-2008, 7% des élèves en moyenne
étaient en situation d'absentéisme scolaire ou de
décrochage, soit plus de quatre demi-journées d'absence non
justifiée par mois, tous types d'établissement du second
degré confondus. Cette situation concerne de plus en plus
d'élèves. Elle est inacceptable car elle est le premier
indicateur d'une situation de danger pour ces enfants qui les conduit à
la marginalisation, à l'exclusion, voire à la
délinquance.»
Ainsi les articles 1 et 2 de cette loi instaurent un nouveau
dispositif de responsabilisation des parents et en décrivent les
nouvelles modalités dans le Code de l'éducation. Ces articles
définissent le rôle de l'ensemble des acteurs concernés
(Directeurs d'établissements, Inspecteurs d'académie,
Président du conseil général, Directeur de la caisse
d'allocation familiale) dans la lutte contre le défaut
d'assiduité à l'école. L'article 3 prévoit les
nouvelles modalités de mise en oeuvre du contrat de
responsabilités parentales.
Ces députés concluent que cette proposition de
loi qui vise à lutter contre l'absentéisme scolaire repose
résolument sur la responsabilisation de l'exercice parental. En effet,
la lutte contre l'absentéisme scolaire doit s'appuyer sur un
équilibre entre accompagnement et soutien des parents d'un coté
et l'effectivité de la sanction de l'autre, c'est-à-dire la
pénalisation.
En plus des élus de l'Assemblée nationale, le
Président français Nicolas SARKOZY s'est intéressé
à la question à maintes reprises. En 2002, ministre de
l'intérieur de son état, il propose de supprimer les allocations
familiales et de faire payer des amandes aux parents des élèves
absentéistes. En 2009, Président de la république il est
encore revenu à la charge en proposant des primes pour les
élèves assidus. Et le 5 octobre 2009, on lisait dans les colonnes
de Nouvelobs un article intitulé « : Lutte contre
l'absentéisme au lycée : cagnotte ou carotte ? » qui
rapporte la réaction de ses adversaires et des syndicats contre les
primes d'assiduité.
2 Loi n° 2010-1127 du 28 septembre 2010 visant à
lutter contre l'absentéisme scolaire
La question intéresse bien les acteurs du
système éducatif français. Roberto MANCA
(2008)3 affirme que l'absentéisme est un
phénomène qui est apparu avec la massification à la fin
des années 70. Il n'est donc pas nouveau. Son développement a
conduit les CPE, les personnels enseignants et de direction à interroger
les politiques d'accueil des élèves et de suivi des absences dans
les établissements scolaires. La persistance du problème
s'explique par la nature des causes essentielles de l'absentéisme (les
difficultés d'apprentissage, la perte de confiance en soi, la
démotivation, la phobie scolaire, le faible niveau économique,
etc.) qui ne trouvent jamais de solutions toutes faites.
En Belgique, BENOIT, DONATIEN et PIERRE (2000) ont
recensé les facteurs liés à l'absentéisme scolaire.
Ils affirment que les causes du phénomène sont entre autres : une
situation familiale difficile (pauvreté-divorce,...), des attitudes
parentales négatives vis-à-vis de l'école, le
redoublement, les fréquents changements d'écoles, etc.
Par ailleurs, JANOZ (2000) signale qu'en Amérique du
nord, les facteurs engendrant l'absentéisme et l'abandon des
élèves sont multiples. L'école par son organisation et sa
structure ne facilite pas une bonne fréquentation scolaire. Il ajoute
également que les enfants issus de familles démunies ou à
faible revenu présentent beaucoup de risques de s'absenter aux cours ou
d'abandonner l'école. En ce sens que les prémices de l'abandon
scolaire se manifestent par l'absentéisme chronique. C'est pour cette
raison que MULLER (2006) évoque la question au Canada, sous l'angle de
l'abandon scolaire. Pour lui, le décrochage scolaire est une
réalité sociale qu'on ne peut nier ou dissimuler. Même si
cette réalité prend actuellement des proportions alarmantes. Il
affirme qu'il est important de questionner cette problématique qui a de
graves conséquences et ce, tant dans la vie des jeunes que sur le plan
social et économique. En effet, l'absentéisme scolaire est l'un
des véritables signes précurseurs du décrochage qui
s'inscrit dans l'échec scolaire.
Ainsi la problématique de l'absentéisme scolaire
se pose ailleurs, même si ses causes sont différentes. Tandis
qu'en Europe l'exercice parental, les difficultés familiales et les
fréquents changements d'écoles sont mises en cause, en
Amérique la pauvreté des familles et l'organisation du travail
scolaire par l'institution sont indexées.
En Afrique, ESDIRI (2009), dans son mémoire
pédagogique de fin de formation au professorat de l'enseignement
secondaire souligne que les comportements anti-scolaires des
élèves tels que la violence et l'absentéisme sont
tributaires de l'abdication de la famille. Il
3Conseiller Principal d'éducation (CPE) de
l'Académie Nancy-Metz.
affirme que : « le soutien familial fait
défaut la plupart du temps au moment où l'enfant, notamment
à l'âge de l'adolescence, passe par des changements
physiologiques, psychologiques et comportementaux délicats ».
En effet, le rôle des parents ne se limite pas à assurer aux
enfants les besoins matériels et scolaires : argent de poche, cahiers,
livres, beaux vêtements, ordinateurs, etc. L'élève a besoin
aussi de parents qui l'écoutent, l'orientent, le guident, dialoguent
avec lui et le mettent sur la bonne voie ; des parents qui l'accompagnent et
lui fournissent le soutien nécessaire. Laissé en toute
liberté, l'élève de cet âge est incapable encore de
se contrôler et de prendre des décisions pertinentes. Il peut
trouver une grande difficulté à se repérer et
s'écarte souvent de la bonne conduite. Le fait de se sentir libre, sans
aucune contrainte, ni surveillance parentale, peut dans ce cas lui être
nocive. Ainsi, influencés par les changements et les exigences de la
vie, les parents abdiquent et se détachent, bon gré, mal
gré de leur principale responsabilité : l'éducation des
enfants. Moins contrôlé et de plus en plus ignoré, l'enfant
essaie de compter sur soi-même.
Au Burkina Faso il n'est pas rare de rencontrer certains
élèves du secondaire déambuler en ville, dans les
marchés ou dans les lieux de cérémonies sous
prétexte qu'ils n'ont pas cours pendant que leurs camarades sont en
classe en train de travailler sous la direction de leurs enseignants. La
conséquence est qu'en fin d'année, on constate sur leurs
bulletins de notes, une soustraction de points pour cause d'absentéisme.
Aussi, chaque matin, dans les services de la surveillance des
établissements, on y trouve toujours des élèves
retardataires qui ne pourront rentrer en classe qu'à l'heure
suivante.
En sus de cela, dans la plupart des lycées et
collèges, les surveillants enregistrent au quotidien de multiples
absences pour diverses raisons. Au CEG de Tchériba, nous avons
constaté dans les cahiers d'absences les motifs suivants : maladies,
funérailles, retard, frais de scolarité, inconnu. Ainsi toutes
les absences non justifiées sont sanctionnées par un retrait de
point. Les causes de l'absentéisme sont multiples. Le
phénomène est aussi accentué par le manque criard de
surveillants. Au CEG de Ouarkoye, il y a un seul
Surveillant-GénéralEconome pour onze (11) classes. De plus,
l'établissement n'est pas clôturé et certaines classes sont
en dehors du domaine scolaire. Ce qui rend difficile le contrôle des
sorties clandestines des élèves qui choisissent de se soustraire
aux cours.
Un surveillant du lycée Philippe Zinda évoque
d'une part, la position centrale de l'établissement dans la ville de
Ouagadougou alors que les populations habitent dans les quartiers
périphériques. Il signale d'autre part la grandeur de
l'établissement, soit quatre vingt
(80) classes et quatre mille six cent quatre-vingt-douze
(4692) élèves pour l'année scolaire 2010-2011. Plusieurs
absences ne sont pas justifiées et selon le règlement
intérieur local, toutes les absences non motivées sont
sanctionnées par le retrait d'un point par heure. Lorsque l'absence
concerne un devoir, la note zéro est automatiquement attribuée si
une justification valable n'est pas faite dans un délai de soixante
douze (72) heures. Les parents sont mécontents lorsqu'ils constatent sur
le bulletin de leurs enfants ces retraits de points. Cela est plus irritant
lorsque de telles sanctions occasionnent le redoublement de
l'élève ou son renvoi.
Or, au plan psychologique, l'absentéisme peut
être lié à une pathologie: HUERRE et LEROY (2006) affirment
:
« De l'adolescent qui sèche un cours
occasionnellement pour s'investir parfois dans d'autres activités,
à celui qui décroche totalement parce qu'il ne parvient plus
à trouver la motivation nécessaire, ou est en proie à une
phobie scolaire par exemple, en passant par le « présent-absent
» qui assiste aux cours mais sans jamais acquérir les savoirs
fondamentaux, le terme d'absentéisme recouvre des réalités
très diverses. Ainsi peut-il apparaître, selon les cas, comme une
transgression normale accompagnant le processus d'adolescence ou comme le
symptôme d'une pathologie ».
En effet, la plupart des enfants traversent leur
période de crise de l'adolescence étant au lycée ou au
collège. A cette période, ils ont de comportements impulsifs, des
attitudes de fougues accompagnées de refus et de rejet en quête
d'auto-affirmation. La crise de l'adolescence se manifeste par l'augmentation
du nombre d'épisodes de comportements inacceptables pour l'adulte
(mensonge, tromperie, dispute, fugue, saute d'humeur, impolitesse,...). Selon
DELDIME et DEMOULIN (1994), c'est entre quatorze (14) et seize (16) ans que les
difficultés des échanges entre les adolescents et les adultes
sont les plus nettes et les plus nombreuses. L'adolescent veut affirmer sa
personnalité ; il y a un abaissement, à ses yeux, du prestige de
l'adulte. Les consignes sont mal acceptées, critiquées.
L'opposition peut s'exprimer sous des formes différentes : opposition
ouverte ou agressivité chez les garçons, résistance plus
discrète mais résolue néanmoins chez les filles. A ce
stade, les adolescents se dressent toujours contre une autorité
contraignante. Le développement de ces problèmes de comportement
se fait de manière graduelle et diminue considérablement pour
disparaitre vers l'age de dix-huit (18) ans.
Ainsi, s'interroger sur le phénomène de
l'absentéisme, c'est apporter un traitement particulier au suivi
individualisé des élèves. Pour JACQUARD (2002), le
Conseiller d'Education gère les absences et lutte contre
l'absentéisme des élèves. Alors, lorsqu'un
élève a
des difficultés, (notes en baisse, agressivité,
abandon, retard et absentéisme), il doit bénéficier d'une
attention particulière pour éviter la rupture des études.
Ce qui constitue l'un des rôles essentiels du personnel d'encadrement :
les Assistants d'Education (AssE), les Attachés d'Education (AttE), les
Conseillers d'Education (CE) et les Conseillers d'Orientation Scolaire et
Professionnelle (COSP). Mais la plupart de nos établissements
d'enseignement secondaire se limitent à un bilan statistique des
abandons, sans chercher à identifier les raisons pour lesquelles les
adolescents se comportent ainsi, et mieux, à entreprendre des actions
pour les soustraire à ces situations. En témoigne la
présentation de la situation en fin d'année 2009-2010 du
Lycée Municipal de Dédougou.
Tableau 1 : Nombre de classes et d'él~ves de
l'année scolaire 2009-2010
Nombre de classes à la rentrée : 22 Nombre
de classes en fin d'année : 22
Sexe
|
Nombre d'él~ves au 30 Octobre
2009
|
Nombre d'él~ves au 30 Juin 2010
|
Garçons
|
1344
|
1332
|
Filles
|
794
|
786
|
Total
|
2138
|
2118
|
Ce tableau se limite aux effectifs de rentrée et de fin
d'année. Nous remarquons un écart de vingt (20)
élèves qui n'est pas expliqué.
Tableau 2 : Situation des abandons par niveau et par
sexe
Niveau Sexe
|
6e
|
5e
|
4e
|
3e
|
2de
|
1re
|
Tle
|
Total
|
A4
|
C
|
A4
|
D
|
A4
|
D
|
Garçons
|
01
|
01
|
03
|
03
|
01
|
00
|
00
|
01
|
01
|
01
|
12
|
Filles
|
01
|
02
|
01
|
01
|
02
|
00
|
00
|
00
|
01
|
00
|
08
|
Total
|
02
|
03
|
04
|
04
|
03
|
00
|
00
|
01
|
02
|
01
|
20
|
Ce tableau indique les différents abandons sans
préciser les motifs et les manifestations.
Nous constatons que les deux tableaux statistiques concernent
uniquement le nombre de classes, les effectifs en début et en fin
d'année et les abandons au cours de l'année. La situation des
absences n'est pas établie dans ce rapport. Pourtant
l'absentéisme est un phénomène qui est vécu au
quotidien. Lorsque le taux d'absentéisme est élevé, cela
doit interpeller toute la communauté éducative de
l'établissement. Peut-être que l'établissement ne
fonctionne pas bien ou alors les élèves ont des
difficultés à venir au cours. Lorsqu'il est bas, cela traduit la
capacité d'un établissement à promouvoir une bonne
fréquentation scolaire. Il s'agit d'instaurer une interaction
facilitante qui permet aux élèves d'être moins en retard et
de ne s'absenter que pour des raisons justifiées.
Selon le dictionnaire de la langue française, la
fréquentation scolaire serait « le fait d'aller effectivement
à l'école ». Sur le plan éducatif dans notre
pays, la fréquentation scolaire intègre le caractère
obligatoire de la présence de l'élève à
l'école. Il convient d'ajouter à cette obligation de
présence, une autre obligation, celle de la participation aux
activités pédagogiques. Cette dernière peut être
considérée comme effective si l'apprenant, présent aux
heures et lieux fixés pour les activités scolaires,
exécute les mêmes tâches que ses pairs. Nous pouvons donc
retenir que la fréquentation scolaire est l'obligation de
présence et de participation pour l'élève aux
activités scolaires, aux heures et lieux déterminés
à cet effet. C'est ici que le personnel d'encadrement doit s'investir
davantage afin d'assurer une bonne fréquentation scolaire.
La fonction de surveillant que nous avons eu à assurer
sur le terrain nous a permis de vivre certaines réalités au
quotidien. Nous nous sommes rendu compte que l'absentéisme continue
d'être une gangrène dans les lycées et collèges
malgré la gestion actuelle axée sur les sanctions punitives. La
plupart du temps, bon nombre d'élèves sont absents aux
premières heures du cours de la journée parce qu'ils sont en
retard. Certains sont absents après la recréation. D'autres ne
viennent pas aux cours les mercredis. Souvent, les cours dans la soirée
enregistrent plusieurs absences. Aujourd'hui, nous pouvons parler d'absences
choisies ; c'est-àdire que l'élève choisit de s'absenter
aux cours d'un professeur déterminé, soit qu'il n'a aucun respect
pour l'enseignant, soit que la matière ne lui plait pas. Toutes ces
attitudes constituent un manquement au respect de la discipline. Elles
entravent la mission d'enseignement qui est de
garantir une formation de qualité à
l'élève afin qu'il fasse preuve de discipline et de rigueur dans
le travail et qu'il soit utile à sa société et à
lui même.
1.2. Le problème de recherche
Dans les établissements secondaires, le respect de la
discipline, notamment l'assiduité aux cours, est la pierre angulaire de
la réussite scolaire. Cependant, certains élèves se
promènent dans les rues ou se pavanent dans les marchés aux
heures de classe. A chaque conseil de classes, le bilan des absences fait
ressortir que les différents retraits de points sont en majorité
tributaires du manque d'assiduité des élèves.
Pourtant, le souci majeur du gouvernement burkinabè,
depuis les indépendances jusqu'à nos jours, est de garantir au
sujet apprenant les chances de la réussite scolaire. Des efforts sont
déployés pour rapprocher les établissements des
élèves. Le Projet Enseignement Post Primaire phase I (P.E.P.P I)
a construit cent vingt (120) CEG dans le cadre de la politique « un
département un collège »4. Cependant, nous
assistons au quotidien à certains comportements d'élèves
qui freinent sans doute leur cursus scolaire : les retards et les absences aux
cours. La question qui mérite d'être posée est la suivante
: Comment l'institution scolaire gère-t-elle l'absentéisme
des élèves ?
A cette question, les études exploratoires
menées montrent que l'institution intimide les élèves
absentéistes à être régulièrement
présents aux cours. De ce fait, ce sont des retraits de points qui sont
effectués en fin de trimestre ou semestre. Le personnel administratif et
le personnel enseignant dans les établissements sont toujours inscrits
dans la réprimande des élèves. Pourtant, dans un pays
où l'accroissement des villes est galopant rendant les distances longues
à parcourir, où le marché de l'emploi se
rétrécit créant le désespoir chez les
élèves, où la faiblesse économique des
ménages ne permet pas aux parents de répondre correctement aux
besoins des enfants, où l'organisation du travail dans les lycées
et collèges n'est pas chose aisée à cause du manque de
personnel, il y a lieu de s'interroger s'il n'est pas nécessaire
d'envisager
4 DEP/MESSRS-2004
de nouvelles stratégies de traitement de
l'absentéisme et les conséquences inhérentes dans
l'optique de trouver des pistes de résolution plus efficaces.
Des solutions sont toujours à chercher. C'est sans
doute en cela que la gestion de l'absentéisme nous paraît
intéressante à investiguer. En effet, de quels moyens disposent
les surveillants pour rompre avec la méthode traditionnelle de retraits
de points et de punitions hâtives ? Quelles nouvelles stratégies
de traitement du phénomène peut-on envisager ?
Les questions qui nous paraissent donc évidentes
à nous poser sont les suivantes : Quelles sont les conséquences
de la gestion actuelle de l'absentéisme dans les établissements
secondaires au Burkina Faso ? Quels modes et stratégies de gestion
faut-il adopter face à l'absentéisme des élèves
dans les lycées et collèges ?
Pour répondre à ce besoin de savoir afin de
mieux l'apprécier, précisons à présent la situation
problème de notre recherche.
La discipline dans les lycées et collèges est
régie par un règlement intérieur (RI) national :
L'arrêté 2010-224/MESSRS/SG/DGSTP du 05 Juillet 2010 portant
règlement intérieur des établissements secondaires au
Burkina Faso. Dans son titre de l'horaire et des autorisations
d'absences, les articles 10, 11 et 12 précisent les
différentes heures de présence dans l'établissement et
notifient les raisons et les conditions qui peuvent amener un
élève à sortir hors de l'établissement pendant les
heures de cours.
Toutefois, des retards et des absences sont enregistrés
chaque jour. Les mesures actuelles de gestion des absences semblent être
inefficaces pour contenir l'absentéisme. Lorsque l'élève
absentéiste dispose d'autres moyens pour s'acquérir des cours
dispensés à son absence (l'internet, encadrement à
domicile,...), il aura toujours de bonnes notes à l'évaluation et
le retrait de points ne pourra guère être dissuasif. Aussi, les
retraits de points ont de lourdes conséquences sur le cheminement
scolaire. Il peut entrainer le redoublement et le renvoi de
l'élève au cas où son travail se situerait au juste niveau
de la moyenne exigée pour passer en classe supérieure ou pour
reprendre la classe. Si l'élève est renvoyé avant
l'âge de seize (16) ans, cela va en contradiction avec l'un des principes
généraux de la loi d'orientation de l'éducation qui
stipule à son article 4 que « l'enseignement de base est
obligatoire pour tous les enfants de dix (06) à seize (16) ans
». En ce moment, le personnel administratif devrait-il réinscrire
l'élève ou alors l'accompagner à s'inscrire dans un autre
établissement ? Puisque la mission éducative de
l'établissement est d'assurer l'obligation scolaire en vue de «
faire du jeune Burkinabè un citoyen responsable, producteur et
créatif » tout en dispensant « une formation
adaptée dans son contenu et ses méthodes aux exigences de
l'évolution économique,
technologique, sociale et culturelle qui tiennent compte des
aspirations et des systèmes de valeurs ».
Bien plus, les retraits de points comme mode de gestion
actuelle des absences, diminuent les chances de réussite aux examens
scolaires. Il y eut un cas malheureux qui s'est produit dans un jury de
Baccalauréat de la session de 2007. En effet, la candidate n'a pas
bénéficié du rachat d'un (1) point après le second
tour, parce qu'il était mentionné dans la case conduite de son
livret scolaire un retrait de quatre (04) points consécutif à 4
heures d'absence aux cours. Pourtant ces camarades qui se trouvaient dans la
même situation et qui n'avaient pas de retrait de points ont
bénéficié de la décision du jury de racheter d'un
(1) point.
C'est pourquoi l'absentéisme des élèves
dans les lycées et collèges est l'objet de notre
préoccupation essentielle. Ce phénomène touche de nos
jours presque tous les établissements d'enseignement secondaire et
constitue un fléau qui nécessite de nouvelles stratégies
de traitement.
Nous avons mené une étude exploratoire dans un
établissement secondaire d'enseignement général (CEG) qui
montre que sur un effectif total de quatre cent cinquante-six (456)
élèves, cent vingt-sept (127) se sont absentés au moins
une fois au cours du 1er trimestre de l'année scolaire. Dans
le cahier de gestion des absences du Surveillant général que nous
avons consulté, les absences des élèves se manifestent
entre 07h et 08h, lequel cahier était déjà presque rempli.
Nous remarquons ici, que les élèves se permettent trop de retards
; ce qui du même coup entraine des absences. Aussi, toutes les absences
non motivées sont sanctionnées par des retraits de points.
Le rapport de fin d'année (2009-2010) du Lycée
Municipal de Dédougou mentionne dans son volet difficultés de
gestion : « l'encadrement de plus de deux mille (2000)
élèves par cinq (05) surveillants dont deux (02) SND est
réellement difficile. Ainsi on remarque que l'indiscipline va
grandissante dans l'établissement (...).Les retards et les absences sont
multiples et fréquents ». Nous constatons que le manque de
surveillants dans cet établissement constitue également un
facteur favorisant l'absentéisme. Pendant l'année scolaire
2006-2007, le taux d'absentéisme au cours du deuxième trimestre
atteignait 07%. Aussi le total des absences d'une classe de quatre vingt cinq
(85) élèves atteignait trois cent vingt-six (326) pour le compte
du même trimestre et le taux des absences sans motifs était de
82,49%.
Dans le second établissement public de la ville de
Dédougou, le Lycée provincial, un élève a
totalisé quarante-deux (42) absences au cours du premier trimestre. Le
cas particulier de
cet élève est que ses absences sont manifestes
les après-midis. De plus, dans le cahier d'absence d'une classe de
2nde, seize (16) élèves étaient absents
à un cours de Histoire - géographie par suite d'expulsion. Toutes
ces absences sont sanctionnées par des retraits de points. Ces
différents retraits de points, quels que soient les motifs, provoquent
non seulement une baisse de rendement scolaire, mais aussi et surtout
entrainent des redoublements, des renvois et des abandons. Dans le meilleur des
cas, ils peuvent conduire les élèves à s'efforcer
d'être présents au cours. Partant de ces différents
constats, nous pouvons établir que l'absentéisme est un signe
précurseur de la déperdition scolaire.
Au regard de l'expérience vécue et des
études évoquées, il s'avère que
l'absentéisme des élèves constitue une entrave à la
réussite scolaire. Il est donc nécessaire d'envisager une gestion
judicieuse du phénomène. L'ampleur du problème suscite des
interrogations.
- Pourquoi les élèves s'absentent-ils ?
- L'absentéisme concerne t-il une catégorie
spécifique d'élèves ?
- Quelles sont les conséquences de l'absentéisme
sur le rendement scolaire des élèves? - Quelles stratégies
faut-il développer pour mieux contenir le phénomène ?
Le présent travail de recherche permettra de
répondre à ces questions afin d'apporter l'éclairage
nécessaire pour une meilleure gestion du problème. Mais
auparavant, quelles sont les raisons qui nous ont motivés à nous
pencher sur la question de l'absentéisme ?
1.3. Justification du choix du sujet
Plusieurs acteurs interviennent dans le fonctionnement du
système éducatif. Le comportement de certains n'est pas de nature
à accompagner l'école dans sa double mission qui est :
enseigner et éduquer. Ainsi, certains parents, par ignorance,
ne se préoccupent guère du suivi de la scolarité de leurs
enfants. D'autres par contre, bien qu'ils soient conscients de l'importance de
l'école, ne s'intéressent pas au suivi scolaire des enfants. Ils
sont démissionnaires vis-à-vis de l'éducation de leurs
enfants. Une fois les frais de scolarité et les fournitures
payés, ils se croient libérés de toutes obligations
supplémentaires jusqu'à l'année suivante. Dans cette
situation, l'éducation parentale qui devrait compléter celle de
l'école n'est plus de mise. Les parents s'accommodent aux désirs
de leurs progénitures de peur de paraitre rigoureux ou autoritaires. De
ce fait, les enfants dictent leur loi et ne pensent plus à respecter
leurs parents ni leurs éducateurs. Certains philosophes visionnaires de
l'antiquité ont su
souligner cette déchéance morale. Il y a plus de
2300 ans que PLATON écrivait dans « la république
»:
« Vois quand le père prend l'habitude de se
comporter comme s'il était semblable à son enfant et se met
à craindre ses fils et réciproquement, quand le fils se fait
l'égal de son père et ne manifeste plus aucun respect ni
soumission à l'endroit de ses parents. Dans ce régime, le
maître craint ceux qui sont placés sous gouverne et il est
complaisant à leur endroit. Les élèves, eux, ont peu de
respect pour les maîtres, et pas davantage pour leurs pédagogues.
On peut dire que généralement les jeunes conforment leurs gestes
au modèle des plus vieux et ils rivalisent avec eux en parole et en
action. De leur coté, les vieux sont racoleurs, ils se rependent en
gentillesse et en amabilité auprès des jeunes, allant
jusqu'à les imiter par crainte de paraître antipathique et
autoritaire.»
Ces propos de PLATON sont toujours d'actualité. La
plupart des parents ne contrôlent plus l'assiduité de leurs
enfants aux cours parce qu'ils les craignent. Aussi, dans les
établissements, le personnel administratif et enseignant semble
être confronté à une baisse de l'autorité. Les
mouvements et grèves spontanés des élèves
empêchent les cours de se dérouler dans les établissements
secondaires publics et privés. De plus, en période
électorale, le taux d'absentéisme pourrait atteindre 08 à
10% dans certaines classes (notamment au second cycle) du fait des
activités politiques.
Par ailleurs, la production de mémoire est une
meilleure occasion pour nous de nous pencher sur le sujet de façon
rigoureuse. Cette étude offre l'occasion d'en faire l'exercice tout en
apportant des réponses à des questions professionnelles
liées à l'absentéisme des élèves, et qui
nous ont toujours préoccupés.
Nous sommes convaincus que le processus dans lequel nous nous
engageons constitue un apprentissage qui pourrait nous apporter
d'énormes acquis permettant d'envisager une nouvelle vision de
l'absentéisme des élèves dans les lycées et
collèges. Cette recherche profitera non seulement à l'institution
scolaire mais aussi et surtout aux acteurs ayant en charge la gestion de la vie
scolaire.
En outre, au Burkina Faso le travail de surveillant connait
une évolution notable en termes de formalisation et de statut. Cette
évolution nous a encouragés à nous pencher sur la question
de la gestion de l'absentéisme des élèves dans les
lycées et collèges. En effet, par Le décret No
2006-423/PRES/PM/MFPRE/MESSRS/MFB portant organisation des emplois
spécifiques du MESSRS, le corps du Personnel d'encadrement a vu le
jour. Le rôle du Conseiller d'Education (CE) a été
clairement précisé. Ainsi, il doit :
- coordonner les activités de surveillance ;
- veiller à l'application des décisions
administratives, pédagogiques et disciplinaires au niveau des
élèves ;
- participer à la confection de l'emploi de temps ;
- apprécier les justifications des absences et lutter
contre l'absentéisme.
Lorsqu'un élève s'absente fréquemment, le
CE doit chercher à comprendre et essayer de le soustraire à cette
mauvaise conduite scolaire. Car les élèves du secondaire sont des
adolescents dont la personnalité est en formation. C'est donc dire que
nos responsabilités futures de Conseillers d'Education après la
formation nous obligent à mieux nous instruire sur le problème de
l'absentéisme des élèves dans les lycées et
collèges en vue d'intervenir plus efficacement pour réduire le
phénomène. Nous pensons alors que cette recherche constitue une
grande opportunité pour nous d'échanger avec les chefs
d'établissements, les censeurs, les élèves, les parents et
surtout les surveillants qui enregistrent au quotidien les retards et les
absences.
.
1.4. But et objectifs de la recherche
L'absentéisme scolaire est un phénomène
qui interpelle tous les acteurs du système éducatif. Il est donc
nécessaire d'intervenir pour mieux le gérer. Le but de la
présente recherche est de comprendre pourquoi les mesures actuelles
n'arrivent pas à juguler le problème de l'absentéisme des
élèves.
Notre objectif général est d'analyser les modes de
gestion du phénomène afin d'en montrer les limites.
Il s'agit de façon spécifique de :
- recueillir les représentations et les analyses des
acteurs en ce qui concerne les pratiques actuelles de gestion du
phénomène ;
- dégager les conséquences de cette gestion du
phénomène ;
- proposer d'autres perspectives de gestion susceptibles
d'endiguer l'absentéisme dans nos établissements secondaires.
2. Revue de la littérature
La revue de la littérature constitue l'étape
charnière d'une recherche. Elle nous permet de faire le point sur
l'état des écrits et connaissances sur le sujet. Tout en tenant
compte des orientations du sujet, nous avons retenu un certain nombre de
documents qui abordent diversement la question de l'absentéisme des
élèves. Les documents sélectionnés ont
été classés en trois groupes : les ouvrages
généraux, les travaux de recherche, et les instructions et textes
officiels.
2.1. Ouvrages généraux
CAOUETTE (1992) s'intéresse aux problèmes et aux
besoins des élèves canadiens issus des milieux
défavorisés. Il déclare qu'un effort considérable a
été fourni pour démocratiser l'enseignement au Canada.
Loin d'être un échec, l'opération a permis au contraire de
rendre l'école élémentaire et le secondaire accessibles
à presque tous les enfants. On est donc parvenu à assurer
l'égalité d'accès à une école ouverte
à tous et gratuite. Cependant un problème sérieux demeure
en suspens. Si l'égalité d'accès est assurée,
l'égalité des chances apparait loin d'être acquise. Cette
égalité qui signifie, pour chaque enfant, avoir les mêmes
chances que les autres de réussir à l'école et de profiter
de l'école.
Ce constat est le même au Burkina Faso. Ces
dernières années, plusieurs établissements secondaires ont
été construits à travers le pays. Cela ne traduit pas
l'égalité de chance de réussite, car il y a en milieu
rural des CEG qui manquent cruellement d'enseignants. Cette situation favorise
l'absentéisme des élèves. L'apprenant estimera qu'il n'est
pas nécessaire de venir à l'école pour 1 à 2 heures
de cours seulement. Dans le même ordre d'idée, l'auteur ajoute que
le milieu défavorisé se situe en tête de liste en ce qui
concerne l'absentéisme. Selon lui, un grand nombre d'enfants de ce
milieu se présente à l'école sans préparation
suffisante à la vie du milieu scolaire. Ce qui pourrait les pousser
à s'absenter, et ceux qui réussissent de
façon suffisante leurs premières années
de fréquentation, manifestent ultérieurement une importante
baisse de rendement et une perte quasi-totale de motivation. On ne peut
guère compter sur les parents pour aider les enfants à
s'intégrer au milieu scolaire et à y progresser. Les familles ont
de multiples problèmes à régler, si bien qu'elles ne se
rendent jamais compte que leurs enfants sont irréguliers en classe.
Par ailleurs, cet auteur indexe l'institution scolaire : il
affirme que les difficultés scolaires, notamment les abandons, les
retards et l'absentéisme doivent être reconnus comme un
problème institutionnel, un problème dont l'école est en
grande partie responsable. Pour cet auteur, l'école ne se
préoccupe pas à priori des besoins des jeunes. Le problème
crucial de démotivation scolaire des jeunes porte sur le
caractère inadapté des programmes par rapport à leur vie
réelle. Ce n'est ni les difficultés de la tâche
d'apprendre, ni les efforts à fournir. Ils ne comprennent pas qu'on les
oblige à apprendre des choses qui ne leur disent rien et qui ne
serviront qu'à une minorité d'entre eux. L'inadaptation des
programmes a pendant longtemps été décriée dans
notre pays. Lorsque l'élève ne trouve pas de sens à ce
qu'on lui enseigne, il est démotivé.
L'auteur propose comme solution l'école alternative.
Cette école alternative est un milieu éducatif dont le mandat
exclusif est de répondre aux besoins réels de l'apprenant,
plutôt qu'un lieu de sélection-élimination. Il s'agit
d'être cohérent par rapport aux valeurs, aux croyances, aux styles
de vie et conceptions de la société.
Nous retenons de cet ouvrage les raisons d'une
démotivation scolaire en milieu défavorisé. On remarque
dans notre pays que le taux d'échec au Baccalauréat des CEG
érigés en lycées départementaux est
élevé. Il y a certains lycées du milieu rural qui font 0%
de réussite au BAC. Dans ces localités, il n'y a pas de
bibliothèques où les élèves pourraient enrichir les
acquis contrairement à leurs camarades du milieu favorisé. Ceci
constitue entre autres une véritable source de démotivation qui
engendre l'absentéisme. Par ailleurs, lorsque les programmes
enseignés ne répondent pas au besoin de l'apprenant, il ne juge
plus nécessaire d'aller à l'école. L'écrit de
CAOUETTE nous apporte un éclaircissement sur le rôle de
l'institution dans la démotivation des élèves issus du
milieu démuni. Il dégage des pistes d'investigation de nos
réalités burkinabè dans la recherche d'une nouvelle
manière de gérer les absences.
BOURDIEU et PASSERON (1999) donnent une explication
sociologique des difficultés scolaires pouvant conduire à la
déperdition, à l'échec, et à l'absentéisme
scolaire.
Les principales explications mises en avant sont : le handicap
socio-économique et le handicap socioculturel.
Au niveau du handicap socio-économique, les auteurs
expliquent l'échec, l'abandon et l'absentéisme scolaire par le
fait que les disparités financières des familles pourraient avoir
un effet sur la réussite scolaire. Ils avancent l'hypothèse que
les conditions de vie défavorables en matière de logement et
alimentation, de santé, de l'obligation de travailler pour contribuer au
maintien de la cellule familiale, ou encore la pauvreté ne permet pas
aux familles démunies de répondre aux exigences
matérielles minimales que requiert la fréquentation scolaire de
leurs enfants. Cette situation est aussi évidente au Burkina Faso
où près de 80% de la population vit dans la pauvreté.
S'agissant du handicap socioculturel, les auteurs soutiennent
que le milieu scolaire privilégie certaines manières d'être
qui correspondent à la culture de la classe privilégiée au
détriment de la culture des classes défavorisées. Ce qui
peut conduire à l'absentéisme scolaire. Pourtant chaque classe
sociale a ses attitudes, ses habitudes et son mode de vie dans ce milieu qui
est plus favorable aux classes aisées et bourgeoises. Selon toujours ces
auteurs, les enfants des classes défavorisées seraient donc
désavantagés et auraient plus de difficultés à
venir régulièrement à l'école ou à se
maintenir à l'école. Le niveau de scolarité des parents,
leurs attentes de l'école sont entre autres des facteurs qui
influenceraient la carrière scolaire des enfants. BOURDIEU et PASSERON
accusent également le langage utilisé à l'école qui
serait beaucoup plus proche de celui des couches favorisées et qui
jouerait contre les enfants des classes démunies.
Les recherches sur le handicap socioculturel tendent à
démontrer l'existence de différences culturelles entre les
classes sociales ainsi que l'existence des valeurs culturelles
spécifiques qui seraient transmises par l'institution scolaire. Les
facteurs socio-économiques et socioculturels ne sont pas les seules
causes des inégalités qui règnent dans la
société en général. L'institution scolaire
représente aussi la courroie de transmission des
inégalités.
Cet ouvrage est d'un apport considérable pour la
gestion de l'absentéisme scolaire. Son aspect socio-économique
comme facteur influençant la réussite scolaire est une
réalité dans l'enseignement secondaire au Burkina Faso. La
rentrée des classes est un véritable cauchemar pour les parents
qui doivent faire face à la fois aux frais de scolarité, à
la tenue scolaire, et aux fournitures. Les lycées étant
très souvent éloignés des domiciles, ils doivent trouver
un moyen de déplacement pour les enfants. La plupart des familles au
Burkina Faso étant d'un niveau économique faible, les parents
n'arrivent pas à réunir toutes ces conditions. Le handicap
socioculturel est aussi observable dans notre pays. Les
élèves issus de CEG départementaux et qui sont
affectés dans les lycées de ville après le BEPC,
éprouvent des difficultés à s'intégrer. Ils ont des
difficultés de relation avec les pairs citadins qui ont un mode de vie
différent du leur et qui sont déjà habitués
à l'établissement et à ses hommes. Cet écrit de
BOURDIEU et PASSERON rejoint celui de CAOUETTE.
.
JANOZ (2000) évoque les facteurs concourant à
une mauvaise fréquentation scolaire qui débouche plus tard
à un décrochage scolaire. Nous nous intéressons ici aux
facteurs, car l'absentéisme est une manifestation de la mauvaise
fréquentation. Ce sont : les facteurs institutionnels, les facteurs
familiaux et les facteurs interpersonnels.
Les facteurs institutionnels sont en lien avec les structures
de l'école, son organisation de cursus ou son climat qui influencent
l'expérience scolaire des adolescents. Les écoles plus petites
tendent à favoriser la participation des élèves aux
activités parascolaires et à permettre un encadrement plus
flexible et plus étroit de la part des adultes. A l'opposé, les
écoles qui incorporent une grande diversité de cheminements
éducatifs au secondaire et qui s'adressent à une population
hautement diversifiée sur les plans culturel, ethnique et intellectuel,
sont moins efficaces. De plus, le stress qui accompagne le passage du primaire
au secondaire peut avoir des effets délétères sur la
réussite scolaire. Ce constat est avéré au Burkina Faso
aussi. L'élève de CM2 qui arrive en 6ème se
trouve confronté à plusieurs difficultés. Ce n'est plus le
seul enseignant qui assure les enseignements mais plusieurs, les cours ne
débutent plus à 7h30 mais plutôt à 7h00, et pire les
leçons sont dictées contrairement au primaire où elles
sont écrites au tableau. Tous ces éléments angoissent ce
nouveau lycéen et contribuent à l'absentéisme.
En ce qui concerne les facteurs familiaux, les enfants qui
proviennent de familles désunies ou reconstituées, ou encore de
familles où il y a plusieurs enfants et dont les parents sont peu
scolarisés, ont plus de risque de s'absenter et d'abandonner
l'école. Les parents qui valorisent peu l'école et s'impliquent
peu dans l'encadrement scolaire de leurs enfants favorisent le
phénomène, de même que les familles qui ont un style
familial permissif5, dans lesquelles il y a un manque de
communication et de chaleur dans les rapports enfants/parents
5 BAUMRIND,(1971) cité par MARCOTTE,D. et al
, (2001) « le style parental de type permissif est relié à
des problèmes de comportement a l'école et de consommation de
drogue, a des problèmes d'impulsivité, d'agressivité,
d'absentéisme ainsi qu'à un manque d'habilité a prendre
des responsabilités ».
ou qui réagissent mal ou pas du tout aux échecs
scolaires de leurs enfants. Dans notre pays, le désengagement des
familles peu scolarisées est observable. Les parents ne s'impliquent pas
dans l'encadrement de leurs enfants. Ils ne vont pas chercher les bulletins qui
pourraient les renseigner sur la conduite et le travail de leurs enfants.
Aussi, dans les familles polygames avec une fratrie nombreuse, les enfants
n'ont pas de communication directe avec leur papa qui ne cherche d'ailleurs pas
à savoir si ses enfants vont régulièrement en classe. De
plus, dans nos lycées et collèges, certaines absences des filles
sont liées à l'absence de leur mère dans le foyer.
Les facteurs interpersonnels sont liés aux relations
avec les pairs, l'isolement social et le rejet qui augmentent les mauvaises
conduites scolaires. Des relations conflictuelles et insatisfaisantes avec les
enseignants ou le personnel administratif apparaissent aussi comme des facteurs
à risque. En effet, dans nos classes du second cycle certains
élèves sont permanemment en opposition avec leurs enseignants qui
les expulsent du cours. Il y a aussi les relations difficiles avec les
surveillants qui ne cherchent qu'à sévir à la moindre
faute.
L'auteur relève aussi des facteurs individuels dont les
plus importants sont l'habilité intellectuelle et verbale,
l'échec et le retard scolaire, la démotivation, le sentiment de
compétence affaiblie, des aspirations scolaires peu
élevées, les conduites additives telles que fumer du tabac, boire
l'alcool et consommer la drogue.
Par rapport à notre étude, les différents
facteurs concourant à une mauvaise fréquentation que JANOZ
décline sont véritablement d'un apport considérable. Au
Burkina Faso, l'organisation de l'institution scolaire ne favorise pas
l'assiduité aux cours notamment dans nos lycées à grands
effectifs. Les élèves de 6ème ne sont pas
accueillis avec les informations relatives aux changements qui les attendent.
Nous n'ignorons pas les facteurs familiaux, car les familles peu
scolarisés sont celles à multiples problèmes où la
priorité n'est pas l'encadrement d'un élève du secondaire.
Quant aux élèves, ils usent de l'ignorance et du
désengagement de leurs parents pour adopter des comportements
anti-scolaires malgré les sanctions actuelles. C'est pourquoi, ces
différents facteurs énumérés par JANOZ pourront
nous guider dans le choix de nouvelles méthodes de traitement des
absences. Car, ils constituent un diagnostic réel dégageant les
causes plausibles du fléau de l'absentéisme scolaire.
JACQUARD (2002) évoque dans le premier chapitre de son
ouvrage l'histoire des Conseillers Principaux d'Education (CPE) au sein du
système éducatif français. Du maître d'études
ou répétiteur des lycées napoléoniens au
surgé, le corps des Conseillers d'Education verra sa création en
1970 sous l'impulsion du mouvement idéologique de 1968. Ce rappel
historique montre l'évolution d'une fonction strictement administrative
à une fonction
éducative, enrichie d'une dimension pédagogique.
L'auteur aborde également les conditions d'accès au concours de
CPE, l'évolution de carrière et les obligations de service. Il
mène une réflexion sur la formation initiale et continue des CPE
et décline les compétences attendues du CPE en termes de
responsabilités propres, partagées et
déléguées. Pour lui, la formation est envisagée
comme un moyen de développer l'identité professionnelle du CPE.
Partant de là, l'auteur présente les missions et les fonctions du
Conseillers Principal d'Education (CPE), c'est-à-dire ses attributions
qui sont donc scindées en trois domaines essentiels :
Le premier concerne le fonctionnement quotidien de
l'établissement et la sécurité des personnes : dans
ce domaine, le CPE porte la responsabilité du service de surveillance,
il encadre l'équipe de surveillants. Il organise les « mouvements
» d'élèves, c'est-à-dire les sorties hors de
l'établissement et les entrées. Au Burkina Faso, le surveillant
général coordonne les activités du service de la
surveillance. Il fait délivrer les billets de sortie et les billets
d'entrée aux élèves.
Le second concerne la vie collective dans
l'établissement : le CPE applique et fait appliquer le
Règlement Intérieur. Il sanctionne certains comportements
d'élèves, aide les adolescents à intégrer certaines
règles de vie en collectivité. Le CPE dynamise les instances
représentatives des élèves notamment le bureau du
comité des élèves qui est mis en place par le surveillant
général dans nos établissements secondaires.
Le dernier domaine est le suivi individualisé des
élèves : le CPE gère « les absences et
lutte contre l'absentéisme des élèves ». Il
entretient des relations avec les parents, en particulier ceux des
élèves en difficultés scolaires ou de comportement. Il
organise la vie pédagogique et participe à l'orientation des
élèves par les conseils et les apports d'informations.
Globalement, il a une bonne connaissance des élèves par sa
fonction vaste et ses actions très diversifiées. Il travaille
donc avec tous les acteurs de l'établissement, en particulier avec le
chef d'établissement, les enseignants, et les personnels sociaux et de
santé notamment l'assistante sociale, l'infirmière et le
médecin scolaire. L'assistante sociale informe le CPE de l'état
des élèves présentant des troubles et des
difficultés à suivre les cours. Avec l'infirmière le CPE
pourra acquérir des informations concernant l'état de
santé des élèves en vue de mieux les suivre. Au Burkina
Faso, ce domaine n'est pas observable. Les établissements ne disposent
pas de service social ou d'une infirmerie, sauf quelques grands lycées
des villes de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso.
Par rapport à notre étude, cet ouvrage nous
permet non seulement de connaître parfaitement l'évolution du
corps des Conseillers d'Education, mais aussi il nous décline les
principales attributions du CPE en vue de mieux gérer
les situations professionnelles tels que les problèmes
d'élèves en difficultés, de démotivation, et
d'absentéisme scolaire. En effet, la fonction du CPE a pour objectif
central de « placer les adolescents dans les meilleures conditions de
vie individuelle et collective et d'épanouissement personnel ».
Cependant, cette réalité française diffère des
réalités burkinabè. Nous n'avons pas encore des CPE sur le
terrain, et les surveillants généraux qui jouent ce rôle
n'ont pas de fonction pédagogique. Les élèves doivent
parcourir de longues distances pour se rendre dans le dispensaire. Ce long
trajet leur fait perdre 1 à 2 heures de cours. Le service de l'action
sociale qui devrait être présent dans les établissements
secondaires, est méconnu des élèves. Or dans les
lycées et collèges, il existe des élèves en
réelles difficultés et qui ont besoin d'aide afin de mieux
participer aux cours. En ce qui concerne la gestion des absences et la lutte
contre l'absentéisme, c'est le quotidien de nos surveillants
généraux également comme les CPE en France.
HUERRE et LEROY (2006) affirment que l'absentéisme
scolaire n'est pas un phénomène nouveau ; c'est parce qu'il est
devenu un phénomène de société, qu'il suscite
désormais de l'intérêt. Il fait naître non seulement
de l'inquiétude chez les acteurs, mais surtout une mobilisation
politique au plan national. Ils affirment que le terme d'absentéisme
recouvre des réalités très diverses. Il concerne
l'adolescent qui sèche un cours occasionnellement pour s'investir
parfois dans d'autres activités, celui qui décroche totalement
parce qu'il ne parvient plus à trouver la motivation nécessaire
à l'apprentissage, ou parce qu'il est en proie à une phobie
scolaire, mais aussi le « présent-absent » qui assiste aux
cours mais sans jamais acquérir les savoirs fondamentaux. Ainsi,
l'absentéisme apparaître, selon les cas, comme une transgression
normale accompagnant le processus d'adolescence ou comme le symptôme
d'une pathologie.
Pour ces auteurs, l'absentéisme s'inscrit dans la
difficulté d'être, de nombreux adolescents, entre deuil de
l'enfance et peur de devenir adulte. Cette difficulté doit être
appréhendée avec prudence, notamment dans le cadre d'un suivi
clinique. Cela permet de détecter une dépression ou une phobie
scolaire, laquelle est souvent liée à une angoisse de
dévalorisation et de séparation. Dans cette optique d'analyse
approfondie d'une situation individuelle, ces auteurs dégagent les
éléments permettant d'affiner la compréhension du
comportement absentéiste et de détecter un éventuel
trouble psychopathologique : précocité de l'absentéisme,
caractère soudain ou progressif, caractère exclusif,
sélectif ou total, caractère excusable ou excusé,
existence ou non de fléchissements scolaires associés à
une ou plusieurs
matières spécifiques, rapport aux pairs,
participation à des activités périscolaires, etc. Le
désinvestissement d'activités autres que scolaires peut ainsi
révéler le passage d'une dynamique d'opposition à une
inscription dans une certaine marginalité.
Nous retenons de cet ouvrage qui contribue sans doute à
mieux comprendre les conduites adolescentes face auxquelles nous sommes trop
souvent démunis, la nécessité d'analyser
l'absentéisme des adolescents et sa nature psychopathologique. Dans le
contexte de nos lycées et collèges, il arrive souvent de
rencontrer des adolescents qui présentent des attitudes anti scolaires
liées à une souffrance psychique telle que la névrose
phobique. Cette situation les conduit à l'évitement ou à
la fuite. La phobie scolaire comme la phobie d'objet poussent la victime
à s'absenter aux cours. Par exemple, il y a des élèves qui
ont peur des bâtiments, ou du tableau noir ou encore de la foule, etc.
Ces différents ouvrages évoquent la question de
l'absentéisme différemment. HUERRE et al (2006) demandent de
prendre en compte l'évolution de l'adolescent qui est faite de troubles
ou crises, BOURDIEU et al (1999) considèrent que la théorie de la
reproduction entretenue par l'école ne permet pas aux enfants
démunis de s'intégrer au sein de leurs pairs. CAOUETTE (1992)
signale que l'accès universel à l'école ne rime pas avec
les chances de réussite. Il rejoint BOURDIEU et al (1999) pour affirmer
que les enfants issus du milieu défavorisé sont
lésés. Les programmes sont non seulement mal
élaborés mais aussi ils sont conçus pour répondre
aux besoins des enfants du milieu favorisé. De ce fait, le principal
responsable de l'absentéisme des élèves est l'institution
scolaire elle-même. Quant à JANOZ (2000), il a su
énumérer les facteurs concourant à une mauvaise
fréquentation scolaire. L'ouvrage spécifique de JACQUARD (2002)
à l'intention des CPE indique les différents domaines d'action du
Personnel d'encadrement en vue de mieux lutter contre l'absentéisme
scolaire des lycéens.
En plus des ouvrages ci-dessus consultés, il est
opportun d'examiner les travaux de recherches qui ont été
menés sur le sujet.
2.2. Les mémoires et articles de recherches
Cette partie fait le bilan des recherches menées sur
l'absentéisme scolaire. Il s'agit des mémoires et des articles de
recherche.
2.2.1. Les mémoires
PANANDTIGRI (1986), s'est intéressé à
l'« analyse des causes d'absentéisme dans les centres de
formation des jeunes de la région de Komsilga ». Dans la
problématique, il a d'abord décrit la localité où
se déroule l'étude, avant de poser le problème de
l'absentéisme au sein des Centres de Formation des Jeunes Agriculteurs
(CFJA) de la région. S'interrogeant sur les raisons d'un tel
phénomène, il est parti des hypothèses suivantes :
- les maladies empêchent les élèves des CFJA
d'être assidus aux cours.
- la non insertion socio-économique des sortants des CFJA
démotive les jeunes.
Il a utilisé pour sa recherche la méthode
qualitative. Comme instrument de travail, il a effectué une analyse
documentaire des registres d'appel journalier et des entretiens avec les
formateurs et quelques parents des quatre centres de formation des jeunes
agriculteurs de la région. Les motifs évoqués dans les
registres par pourcentage et en rapport avec le total des absences sont les
suivants :
- absences pour raison de santé (maladie) 25,69%;
- absences pour raison économique (activités
agro-pastorale et exode) 4,45% ; - absences pour raison de décès
ou funérailles en famille, 3,44%.
Les causes culturelles telles que les fêtes
coutumières, religieuses et autres initiations qui se déroulent
durant la saison sèche en pays moaga sont toujours de mise. Les
élèves s'absentent les lendemains de ces grands jours. Pour les
absences non motivées les statistiques font état de 63,71%.
A partir des réponses recueillies, PANANDTIGRI s'est
rendu compte qu'effectivement les causes sont d'ordre sanitaire,
économique, social et culturel le tout aggravé par le manque de
structures d'accueil pour les sortants de ces centres. Selon les formateurs
beaucoup de jeunes s'absentent effectivement sans motifs. Certains accusent les
maladies, d'autres ne disent rien et restent chez eux. On les voit se promener
au village, dans les marchés sans s'inquiéter outre mesure.
Quelques uns sont retenus par les parents pour les travaux champêtres et
les travaux d'artisanat tels que la fabrique de forge, la poterie, le
tissage.
Comme solutions, l'auteur propose une sensibilisation de la
population sur l'hygiène alimentaire afin d'éviter les maladies
hydriques tel que le ver de guinée qu'il a noté dans la
région du fait de l'utilisation des eaux souillées de marigots.
Il y a également les maladies épidémiques et cycliques
comme la rougeole et la méningite qui sévissent dans le milieu.
De même, il propose un suivi sanitaire des jeunes par leurs parents et
les agents de santé. Il
recommande par ailleurs la création d'une
coopérative villageoise avec le soutien matériel, financier et
technique de la part de l'Etat en vue de maintenir les jeunes sortant dans le
terroir mais aussi d'encourager et de motiver ceux qui sont dans le centres
à une fréquentation assidue.
Du mémoire de PANADTIGRI, nous retenons qu'il fournit
des informations précises sur les causes de l'absentéisme dans le
milieu rural en général au Burkina Faso. Les facteurs sanitaires
identifiés peuvent se retrouver dans les lycées et
collèges. Dans les CFJA étudiés, l'auteur ne fait pas cas
d'une stratégie de gestion qui pourrait contenir le
phénomène. Le milieu et la formation diffèrent de notre
étude. Les solutions proposées nous éclairent peu sur le
choix d'une nouvelle manière de traitement des absences dans les
lycées et collèges. Toutefois, le suivi sanitaire des enfants
nous parait intéressant, car il permet de réduire les absences
liées aux cas de maladies. De ce fait, nous nous inspirons de sa
démarche pour mieux comprendre les représentations et les
analyses des acteurs de l'éducation du traitement actuel des
absences.
KORBEOGO (2004) s'est penché sur l'absentéisme
des élèves en milieu rural. Après la justification du
choix de son thème, il se propose de mieux comprendre le
phénomène de l'absentéisme en général et
dans la Circonscription d'éducation de Base de Poa en particulier, d'en
identifier les causes et les conséquences. Dans la problématique,
l'auteur cherche à identifier la part de responsabilité du
système éducatif dans le problème de l'absentéisme
scolaire. Pour trouver les raisons qui conduisent les élèves du
primaire à s'absenter aux cours, il a émis les hypothèses
de recherche suivantes :
- le manque ou l'insuffisance de suivi des
élèves par les parents et le déficit de communication
entre parents et enseignants expliqueraient l'absentéisme des
élèves en milieu rural ;
- la non intégration effective et conséquente
d'activités productrices du milieu aux pratiques pédagogiques
actuelles serait une cause plausible de l'absentéisme en milieu
rural.
L'analyse des données quantitatives recueillies
à partir des questions adressées aux enseignants et des
entretiens avec les encadreurs pédagogiques, lui a permis de retenir
deux types de causes : des causes intra-scolaires tels que l'absentéisme
des maîtres, l'absence de cantine, les châtiments corporels et les
difficultés dans la transmission du contenu pédagogique ; et des
causes extra-scolaires tels que les problèmes religieux, l'ignorance et
les difficultés économiques des parents, le manque de suivi des
élèves par les parents, le mariage forcé, etc.
Au niveau des conséquences, les absentéistes
perdent des cours et cette situation se répercute sur le rendement
scolaire lors des évaluations.
Comme solutions pour réduire le phénomène de
l'absentéisme, l'auteur propose une sensibilisation des enseignants et
des parents, une aide accrue de l'Etat en fournitures et en
cantine. De ce fait, il recommande de préparer un
terrain favorable à l'émergence d'une collaboration dynamique
entre parents, enseignants, autorités politiques et administratives, et
autres partenaires de l'éducation.
De ce mémoire, nous retenons la description du
problème de l'absentéisme en identifiant quelques causes et
conséquences. Les raisons identifiées nous renseignent sur les
éventuelles causes qui pourraient amener les collégiens du milieu
rural à s'absenter. Par rapport au primaire, KORBEOGO (2004) ne
s'intéresse pas au traitement des dites absences. Mais, il propose
quelques solutions dont les plus pertinentes pourraient servir à juguler
l'absentéisme au secondaire. Elles seront exploitées pour
enrichir notre recherche.
2.2.2. Les articles de recherche
ASPY et ROEBUCK (1990) relatent les résultats d'une
série de recherches visant à savoir ce qui se produit lorsqu'un
enseignant sait montrer à ses élèves qu'il les aime
vraiment, les comprend et veut les aider. Leurs résultats sont
allés bien au-delà de ce qu'ils imaginaient. Ils se sont rendu
compte que la bonne interaction entre enseignant et élèves permet
non seulement de faciliter la transmission du contenu pédagogique, mais
aussi et surtout de motiver les apprenants à venir suivre le cours.
Les auteurs qualifient d'interactions facilitantes les
attitudes suivantes : la considération positive et l'empathie. Par
ailleurs, ces auteurs ont noté en particulier que les
élèves dont les enseignants offrent un haut degré
d'efficacité au niveau de leurs interactions ont vu leurs
résultats scolaires et leur niveau de Quotient Intellectuel (QI)
s'améliorer. De plus, ils sont beaucoup moins absents et ont une
meilleure image d'eux-mêmes.
ASPY et ROEBUCK (1990) ont élaboré un programme
destiné à élever le niveau d'authenticité, de
considération positive et d'empathie des enseignants. Ce programme
présentait une sensible augmentation du nombre et de la qualité
des interactions facilitantes, avec l'effet principal suivant: `'
l'école avait le taux d'absentéisme le plus bas de son histoire
(8,8 %) en 45 ans d'existence ».Les auteurs concluent donc que le
meilleur moyen pour les enseignants d'aider vraiment leurs élèves
à apprendre et à mieux respecter la discipline, à
être assidus aux cours, c'est de suivre un programme de formation qui
leur enseigne systématiquement à employer des modes d'interaction
et de communication empathique.
Nous retenons de ce travail le rôle déterminant
de l'enseignant à réduire les absences à travers la
sympathie, l'amour des apprenants et l'interaction facilitante car, dans les
établissements secondaires certains adolescents développent une
attitude négative vis-à-vis de
leur professeur. Nous remarquons également que certains
enseignants enregistrent plus d'absences que leurs pairs. Ce
phénomène pourrait effectivement s'expliquer par le défaut
de considération ou par le manque d'interaction facilitante entre
l'enseignant et les apprenants. Les absences choisies sont aussi
fréquentes dans les lycées. L'élève s'absente
à un cours déterminé parce qu'il n'aime pas le professeur.
L'enseignement est une activité intellectuelle et humaine qui engage la
responsabilité de celui qui l'exerce. Il s'agit moins d'une intelligence
qui enseigne à d'autres intelligences que de personnes qui enseignent
à d'autres personnes. Le véritable apprentissage, n'intervient
que lorsque le facteur humain est respecté et satisfait. L'ouverture
d'esprit de l'enseignant et sa bienveillance augmente les possibilités
d'assiduité des élèves au cours. Pour LECOMTE (2008), les
élèves dont les enseignants manifestent un haut degré
d'empathie et de considération ont de meilleurs résultats
scolaires, sont moins absents au cours, et ont une meilleure image
d'eux-mêmes. De ce fait, la conclusion des auteurs est d'un grand apport
pour minimiser le phénomène de l'absentéisme. Ils
rejoignent ainsi BENOIT et Al tout en allant beaucoup plus dans les
détails relationnels.
TOULEMONDE (1998) rapporte que l'absentéisme est aussi
vieux que l'école. Qui n'a pas entendu évoquer la fameuse
« école buissonnière "? Le phénomène
a cependant pris une ampleur et des formes nouvelles plus inquiétantes.
L'auteur ajoute que l'absentéisme se manifeste sous différentes
formes et pour différentes raisons qui sont :
- l'absentéisme de motivation dû à
l'incertitude des débouchés professionnels ;
- l'absentéisme de confort : qui se manifeste
avec la complicité des parents. Par exemple 1 à 2 heures par jour
;
- l'absentéisme de consumérisme scolaire :
les élèves choisissent les enseignements auxquels ils assistent
en fonction des critères liés à la matière, en
particulier le coefficient ;
- l'absentéisme de respiration : face à la
lourdeur des programmes et des horaires, à la pression des devoirs et
exercices, les élèves s'absentent pour rompre avec le «
stress " et récupérer ;
- l'absentéisme par nécessité
économique : par besoin financier, les élèves
abandonnent les cours et vont accomplir de « petits boulots " ;
- l'absentéisme contraint : il se traduit par une
exclusion provisoire de la classe ou une exclusion temporaire de
l'établissement ;
- le vrai faux absentéisme : il s'agit des «
absents-présents ". L'élève est présent dans le
lycée, mais en dehors de la classe.
Il importe de remarquer que ces formes d'absentéisme
reposent sur les causes du phénomène. Car, ce rapport met en
exergue trois facteurs essentiels qui sont à l'origine de
l'absentéisme. Ils sont d'ordre économique et social,
organisationnel et pédagogique.
Les facteurs économiques et sociaux concernent
la situation sociale des élèves, le contexte économique
général plus ou moins défavorable à la motivation
des élèves et à leur assiduité, les
déviances dont les plus importantes sont la consommation de drogues, les
conduites violentes et la dépression. La tendance à la
constitution d'un groupe social des jeunes, la rupture sociale,
génératrice de « non-communication » entre les
élèves et les professeurs, la démission, voire la
capitulation des parents, la complicité des familles, leur
incapacité à exercer l'autorité, leur impuissance à
faire respecter les règles, parfois même à faire lever leur
enfant pour aller en classe et à fortiori à suivre le travail
scolaire sont des réalités qu'il convient de souligner. Les
difficultés rencontrées au sein de la vie familiale rejaillissent
sur l'enfant. Le nombre d'enfants (fratrie nombreuse) est également
signalé comme facteur d'absentéisme. L'étude de l'INSERM
montre que les filles sont moins absentéistes que les garçons.
Les élèves internes sont moins absents que les autres
élèves ; ils ont moins d'occasions et de prétextes
possibles et ils savent que les familles sont prévenues dans la
journée.
Les facteurs relatifs à l'organisation du travail
des lycéens concernent la désorganisation des enseignements
qui porte naturellement préjudice à ceux qui sont les plus
fragiles. Les veilles de vacances, les journées isolées
d'ouverture théorique (lendemains de jours fériés), les
rentrées de congés en milieu de semaine sont également
sources d'absentéisme. Plusieurs lycées signalent le
problème posé par le Ramadan et par le jour de Sabbat. Sur la
semaine scolaire, d'une façon générale, il est
observé :
- plus de retards le lundi matin ;
- plus d'absences le mercredi lorsqu'il n'y a pas cours
l'après-midi ;
- plus d'absences les jours où l'emploi du temps ne
comporte que peu d'heures de cours ; - plus d'absences le vendredi
après-midi quand le samedi matin est libéré ;
- plus d'absences le samedi matin quand il existe encore.
Dans la majorité des établissements, la
corrélation entre les absences des professeurs et l'absentéisme
des élèves est une évidence. Un même professeur
régulièrement absent permet aux absentéistes d'user de la
carte « je croyais qu'il n'était pas là ».
Plusieurs professeurs absents le méme jour font que les
élèves estiment qu'il ne sert à rien de venir pour deux ou
trois heures de cours.
Les facteurs de nature pédagogique se situent
au niveau des questions de l'orientation et de l'échec scolaire. Les
taux d'absentéisme sont globalement plus élevés dans les
filières
technologiques que dans les filières
générales, et les absences sont plus nombreuses encore dans les
filières professionnelles que dans les filières technologiques.
Le taux d'absences est d'autant plus élevé que l'orientation n'a
pas été vraiment désirée par le lycéen. Plus
les élèves sont en échec, plus l'absentéisme est
important : insatisfaction scolaire, redoublements multiples, rejet de
l'école. Le statut de la matière d'une part et la
personnalité de celui qui enseigne d'autre part jouent également
un rôle dans l'absentéisme. L'importance d'une matière
reconnue par un élève relève non seulement des
représentations de la discipline dans l'esprit des lycéens et de
leur famille, mais aussi et surtout du coefficient et du caractère
obligatoire aux examens. Quant à la personnalité du professeur,
elle influe considérablement sur l'assiduité des
élèves. « L'engagement et le dynamisme » d'un
professeur sont systématiquement associés à
l'assiduité des élèves, et la relation
professeur-élève est centrale : même si ce travail
relève les facteurs organisationnels et pédagogiques, il
évoque aussi l'enseignant comme facteur de l'absentéisme,
principalement ses caractéristiques personnelles et leurs incidences sur
son rapport à l'enseignement et sa relation aux élèves.
TOULEMONDE (1998) vient ainsi conforter la position de ASPY et ROEBUCK (1990)
sur le rôle de l'enseignant dans le phénomène.
Pour ce qui concerne notre recherche, ce rapport de TOULEMONDE
nous paraît intéressant à retenir. Il relate les
différents visages de l'absentéisme et les facteurs liés.
Quelques aspects des facteurs pédagogiques sont relevés par ASPY
et ROEBUCK (1990). En outre, son rapport nous éclaire dans le sens que
les insuffisances organisationnelles vont toujours contribuer à
l'absentéisme. Or, tout en occultant sa part de responsabilité,
l'institution continue de punir les absentéistes. Nous tiendrons compte
de ce rapport dans la mise en oeuvre de nouvelles stratégies permettant
de mieux gérer le manque d'assiduité des élèves aux
cours.
BENOIT, DONATIEN et PIERRE (2000) ont étudié les
facteurs liés à l'absentéisme dans une population
d'élèves à risque de décrochage et la vision des
élèves de l'école.
Après avoir donné les motivations profondes qui
ont conduit à cette étude, les chercheurs ont essayé de
recenser les causes des phénomènes d'abandon et
d'absentéisme.
En ce qui concerne l'absentéisme, ils affirment qu'il
semble être une préoccupation pour de nombreux acteurs de
l'éducation. Cependant, la majorité des recherches se focalisent
plus sur la problématique de l'abandon scolaire que sur celle de
l'absentéisme proprement dit. Or, la plupart des enseignants se
plaignent de l'absentéisme épisodique qui, pour eux, est beaucoup
plus difficile à gérer au quotidien que le départ pur et
simple d'un élève, méme s'il est un prédicateur
puissant à l'abandon, un premier pas vers le décrochage. Plus un
élève
s'absente de façon répétée et
durable, plus il risque d'abandonner. Pour ce qui concerne les facteurs
liés à l'absentéisme, les auteurs relèvent la
situation familiale difficile (divorce, pauvreté,...), les attitudes
parentales négatives vis-à-vis de l'école, le manque de
soutien de la famille dans le travail scolaire, le redoublement et les
fréquents changements d'école. Ils signalent également
:
- le faible intérét pour l'école et
l'absence de projet chez les élèves;
- l'influence des pairs déviants;
- le travail hors de l'école pour gagner de l'argent;
- l'absence de sanctions scolaires ou parentales ; etc.
Par ailleurs, les chercheurs évoquent la victimisation,
les difficultés d'intégration chez les pairs, les
problèmes relationnels avec les enseignants. Pour eux, si
l'absentéisme est un précurseur de l'abandon, les
prédicateurs de l'absentéisme sont moins connus. Par
conséquent, leur étude vise d'une part, à mieux
connaître la façon dont les élèves voient
l'école (quelle image se sont-ils construits de l'école?
Qu'attendent-ils des cours et des enseignants?), et d'autre part, à
identifier les variables liées à l'absentéisme.
L'hypothèse principale émise est la suivante :
au sein d'une population à risque, l'absentéisme est
associé à l'intérêt pour les cours et au
degré d'intégration sociale dans l'école,
c'est-à-dire, à la qualité des relations entre les
enseignants et les élèves de leur classe.
L'enquête a concerné quarante et un (41)
élèves du secondaire âgés de seize (16) à
vingt-deux (22) ans issus d'une population d'origine socio-économique
modeste. Les résultats auxquels ils sont parvenus sont les suivants :
Sur la qualité de ce qu'on apprend à
l'école, les élèves sont très partagés ; 46%
se disent satisfaits de ce qui leur est enseigné. Les aspects
relationnels semblent prioritaires, car les élèves ont
visiblement des attentes assez élevées de l'école. Mais la
majorité, soit 70% d'entre eux, s'estiment déçus par
l'école. Ils avancent comme raisons la discipline trop stricte, les
mauvaises relations avec les enseignants et entre les élèves, la
victimisation de certains élèves et l'absence des enseignants.
Les élèves insistent fortement sur la disponibilité et
l'écoute de la part des enseignants. Un quart (1/4) des
élèves jugent qu'il y a violence dans leur classe. Mais il s'agit
de la violence verbale de la part des enseignants et de certains
élèves.
A la question de savoir s'ils ont des amis qui s'absentent
volontairement? Plus de 90% des élèves répondent par
l'affirmation. Un tiers (1/3) des élèves déclarent que
leurs parents ne sont pas au courant de ses absences alors que la plupart
affirme que la réaction de leurs parents
face à leurs absences est négative. Les
élèves reconnaissent également s'absenter de façon
délibérée.
Par rapport à notre recherche, ces résultats
mettent en avant l'importance de l'intégration sociale au sein de
l'école, dans la dynamique de la lutte contre l'absentéisme des
élèves. Ils soulignent en outre le rôle que paraît
jouer, non pas les caractéristiques sociodémographiques, mais le
soutien familial. Même si ces réalités européennes
semblent différentes des nôtres, nous avons aussi des parents qui
ne réagissent jamais à l'absence de leurs enfants. Les parents
ont d'autres problèmes à gérer. L'absence de
l'élève ne les interpelle pas. La préoccupation
essentielle est d'assurer la subsistance quotidienne. Souvent, ils sont
même tentés de retenir les enfants pour des travaux. En dehors des
problèmes de famille, il y a aussi la négligence de certains
parents. Car dans nos lycées, certains grands absentéistes ont
des parents nantis qui occupent de hautes responsabilités. L'aspect
relationnel développé est important à prendre en compte.
La bonne relation avec les enseignants et les camarades de classe est un
véritable motivateur à participer aux cours.
SARKOZY (2002), Ministre français de l'intérieur
à l'époque, dans son plan de lutte contre l'absentéisme,
propose de pénaliser les parents d'élèves
régulièrement absents dans « La république de
seine et Marne » du 7/10/2002.
La commission interministérielle mise sur pied pour
travailler sur le problème de l'absentéisme des collégiens
et lycéens parvient à des propositions qui visent à
responsabiliser les parents, à infliger une amande de 2000 Euros aux
parents d'élèves qui, après une mise en garde de
l'Inspection s'absentent sans motifs légitimes, quatre
demi-journées par mois. Cellesci ne devraient être effectives
qu'après des avertissements et des rencontres entre
l'établissement et les familles.
Suite à la mesure prise, des réactions ont
fusé notamment celle du Ministre de la famille, Christian JACOB, les
syndicats et les parents d'élèves qui trouvent que cette mesure
ne réglera le problème que dans une minorité des cas. Car
la plupart des familles sont dans la détresse financière et
sociale. Il est préférable d'embaucher des surveillants qui sont
les liens privilégiés entre les élèves et leurs
parents et qui sont nécessaires pour contrôler les sorties des
élèves.
Au regard de ces différentes réactions, Nicolas
SARKOZY, devenu Président de la république française,
propose un second plan en Octobre 2009, dans un discours prononcé depuis
l'Elysée. Il propose de donner tout au long de l'année des primes
aux élèves assidus.
L'expérimentation repose sur la mise à
disposition de la classe d'une somme de départ (2000 Euros) qui pourra
être abondée jusqu'à 10 000 Euros en fonction de
l'implication des élèves aux activités scolaires.
Mais cette mesure a subi les désapprobations des
syndicats, des hommes politiques et de la presse qui se demandent toujours
quelle attitude observer face à l'absentéisme des
élèves. Pour ses adversaires, la cagnotte collective en classe de
lycée présente deux défauts : elle serait à la fois
inefficace contre l'absentéisme et contraire aux valeurs de
l'école de la République. C'est également
sur le terrain des valeurs que les parents d'élèves placent leurs
réticences. Ils conseillent plutôt au gouvernement de s'attaquer
aux "causes de l'absentéisme des élèves au lycée:
orientation et affectation non choisies, affectation dans un
établissement éloigné du domicile, nécessité
de se salarier, emplois de temps mal construits, et parfois, manque de sens des
enseignements».
Du côté des enseignants, on désapprouve
ces mesures considérées comme « une grave dérive
démagogique ». Alors, ils se demandent :
"La carotte sans le bâton: prendrait-on les
élèves pour des ânes?" "Les élèves ont besoin
d'être instruits, pas d'être achetés»."Comment motiver
des élèves qui arrivent après la rentrée dans des
sections non choisies? Avec une prime ?» `'C'est déraisonnable et
c'est présenter aux jeunes une société où l'argent
est roi»,
Nous constatons que SARKOZY (2002) a voulu vraiment faire de
la lutte contre l'absentéisme scolaire son cheval de bataille.
Cependant, ses propositions jugées inappropriées ont
été rejetées. La tendance générale des
contre-propositions faites est de recruter des surveillants en nombre
suffisant. Le manque de surveillants est un facteur favorisant
l'absentéisme comme cela se constate dans notre pays où la
plupart des établissements n'ont pas de personnel d'encadrement.
A partir de ces différents travaux, les auteurs
reconnaissent à l'unanimité que la réussite scolaire
dépend de l'assiduité aux cours. Les solutions proposées
sont d'un grand apport pour minimiser le phénomène. Seulement,
ils n'analysent pas les conséquences du traitement actuel. Le cas
particulier de KORBEOGO, qui s'intéresse au milieu rural, se focalise
sur les causes et conséquences de l'absentéisme. Notre
particularité est de nous intéresser au mode de gestion actuelle
des absences en vue de proposer d'autres perspectives. A la suite des travaux
de recherches menés sur l'absentéisme scolaire, il serait utile
d'examiner les instructions et textes officiels qui balisent la gestion du
phénomène au Burkina Faso.
2.3. Les instructions et textes officiels
Cette sous section sera consacrée aux différents
textes notamment une loi, des décrets et des arrêtés
relatifs à notre sujet de recherche.
En 1996, l'Assemblée Nationale sur proposition du
gouvernement adoptait la première loi d'orientation de
l'éducation. Elle fut prorogée par celle de 2007,
c'est-à-dire la loi No 013- 2007/AN du 30 juillet 2007
portant loi d'orientation de l'éducation au Burkina Faso qui
édicte des principes généraux importants concernant
l'éducation:
· le droit à l'éducation équitable et
de qualité pour tous les citoyens burkinabè ;
· le principe de l'obligation scolaire pour les
burkinabè de 6 à 16 ans ;
· la gratuité de l»enseignement de base public
tout au long de la scolarité obligatoire ;
· la laïcité de l'enseignement public
;
· les programmes sont impératifs et l'enseignement
privé est reconnu ;
Si l'enseignement est obligatoire et gratuit, nous estimons
que les élèves devraient mettre tout en oeuvre pour être
présents aux cours. L'absentéisme est évidemment un
manquement à l'obligation scolaire méme si aujourd'hui cette
gratuité prônée n'est pas une réalité
totale.
Mais soucieux de l'encadrement des élèves et
dans l'optique d'avoir du personnel qualifié en charge de la vie
scolaire dans les établissements secondaires, le Président du
FASO signa le décret No 2006-423/PRES/PM/MFPRE/MESSRS/MFB
portant organisation des emplois spécifiques du MESSRS. Dans ce
décret, les attributions des Conseillers, des Attachés, des
Assistants d'Education sont définies :
· « Le Conseiller d'Education coordonne les
activités de surveillance, participe à la confection des emplois
de temps, apprécie la justification des absences des
élèves, participe à l'organisation des examens scolaires,
veille au traitement et à la conservation des dossiers, livrets,
registres de notes, etc. »
· « L'Attaché d'éducation applique
les décisions au niveau des élèves, mènent les
activités de surveillance, reçoit les parents
d'élèves, enregistre la justification des absences au cours,
participe à la gestion de la bibliothèque scolaire, etc.
»
· « L'Assistant d'éducation veille au
respect du règlement intérieur, contrôle les effectifs dans
les classes, contrôle les absences (billet d'entrée et billet de
sortie), surveille les devoirs sur tables dans les classes, encadre les
élèves dans la cour et lors des sorties, suit les
évacuations sanitaires des élèves tombés malades
pendant les cours, etc. »
Nous voyons ici un personnel de type nouveau qui constitue le
lien privilégié entre les élèves et leurs parents.
Du contrôle des absences jusqu'à l'appréciation de la
justification, chacun à son niveau doit travailler à
réduire le phénomène de l'absentéisme. Ce personnel
doit encadrer les élèves et chercher à lutter contre
l'absentéisme en plaçant les adolescents dans les meilleures
conditions de vie. Dans ce sens, le décret No 94-07/MESSRS/SG
du 16 Août 1994 portant fixation des effectifs dans les classes stipule
que dans l'enseignement secondaire général, les effectifs
à ne pas dépasser par classe sont de 70 élèves au
premier cycle et de 60 élèves au second cycle. Dans
l'enseignement technique ces effectifs sont de 60 au premier cycle et de 50
élèves au second cycle. Le respect de ce décret nous
permet d'éviter les pléthores dans les classes. Lorsque les
effectifs sont réduits, cela crée les conditions favorables
d'apprentissage, toute chose qui stimule la fréquentation scolaire des
élèves. Pendant l'étude exploratoire, nous avons
rencontré une classe de 3ème avec un effectif de cent
trente-quatre (134) élèves et une classe de 2nde C
avec un effectif de cent vingt-deux (122) élèves. Les
premières tables sont collées à l'estrade et l'enseignant
ne possède aucun espace pour circuler dans les rangées. Dans ces
conditions, les cours deviennent pénibles à suivre. Aujourd'hui,
force est de constater que ce décret n'est pas respecté. Les
recrutements ne sont pas faits en fonction des capacités réelles
d'accueil. Pourtant l'arrêté 94-81/MESSRS/SG/DESG/DEST du 28
Juillet 1994 portant réglementation du recrutement en complément
d'effectif institue en son article premier une commission qui examine l'offre
et les demandes de places. Le sens de cet arrêté nous semble
caduc. Cette commission existe dans peu d'établissements. Au cas
où elle existerait, elle n'exerce pas ses attributions.
Pour ce qui concerne l'horaire et les autorisations
d'absences, nous avons l'arrété 2010- 224/MESSRS/SG du 05 juillet
2010 portant règlement intérieur des établissements
d'enseignement secondaires au Burkina Faso qui abroge celui de 2003.
L'article 10 dispose que l'horaire quotidien affiché
dans chaque classe doit être impérativement respecté par
les élèves. A cet effet, l'obligation d'assiduité et de
ponctualité s'impose pour tous les enseignements (obligatoire et
facultatif). Les élèves s'installent en classe au premier son de
cloche et ne doivent y sortir que sur autorisation du professeur.
L'article 11 fixe les conditions d'octroi des autorisations
d'absence. Une autorisation d'absence peut être accordée pendant
les heures de présence obligatoire. Dans ce cas, sur instruction du chef
d'établissement le surveillant général délivre un
billet de sortie avec l'indication du jour et de l'heure de départ, du
motif, et de la durée de l'absence autorisée. A son retour
l'élève doit rapporter le billet à l'autorité qui
le lui a délivré.
L'article 12 précise les conditions des absences sans
autorisation. A ce propos, tout élève absent de
l'établissement sans autorisation ne peut le réintégrer
que sur justification des parents ou tuteurs. Les justifications doivent se
faire dans un délai de soixante (72) heures à la direction de
l'établissement. Mieux, cette disposition insiste qu'en cas d'absence
notoire non motivée, les parents ou le tuteur sont convoqués pour
information et l'administration se réserve le droit de traduire
l'élève devant le conseil de discipline.
L'arrêté 2004-66/MESSR/SG/DGESG/DGESTP du 9 Avril
2004 portant fonctionnement des établissements secondaires
précise les instances au sein desquelles les acteurs et partenaires de
l'établissement peuvent se rencontrer et prendre ensemble des
décisions. On distingue le conseil d'établissement, le conseil
d'enseignement, le conseil des classes, le conseil de discipline qui a
compétences sur toutes les questions relatives à la discipline.
Il est mis en place en début de chaque année scolaire.
Ce conseil peut faire comparaître un bon
élève pour le féliciter, mais se réunit surtout
pour délibérer sur les actes d'indiscipline
d'élèves. Un dysfonctionnement de ces différentes
instances pourrait entraver la bonne marche de l'institution. Un
élève félicité avec inscription au dossier
constitue un modèle et un véritable tremplin de réussite
pour ses camarades absentéistes.
Au regard de la revue de littérature, le sujet a fait
l'objet de plusieurs investigations. Les documents consultés ont tous
souligné que l'absentéisme est un véritable handicap
à la réussite scolaire. Si HUERRE et LEROY (2006) mettent
l'accent sur des causes pathologiques, KORBEOGO (2004) évoque les
difficultés économiques des parents et les pesanteurs
socioculturels. BOURDIEU et PASSERON (1999) et CAOUETTE (1992) accusent
l'institution scolaire qui favorise les plus riches. TOULEMONDE (1998) nous a
bien présenté les différents visages de
l'absentéisme et les facteurs y relatifs. Les textes officiels
examinés constituent un grand apport pour la gestion des absences, car
ils nous éclairent sur la situation nationale. Ces études nous
éclairent aussi sur la gestion de l'absentéisme et nous
permettent de développer des stratégies pour mieux le contenir.
C'est pourquoi, il est nécessaire que nous voyions les théories
susceptibles de nous guider dans la compréhension et dans le traitement
de notre problème de recherche.
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE
Dans l'histoire des organisations et leur gestion, les
chercheurs ont développé des théories et des
modèles en vue de contrôler les organisations du monde du travail
dont font partie les structures scolaires. Dans ce chapitre nous tenterons dans
un premier temps de choisir et d'analyser les théories de
l'administration relatives à la motivation et aux relations entre les
acteurs. Elles pourraient offrir des appuis à notre recherche et nous
permettre de mieux cerner notre sujet. Dans un second temps, nous formulerons
nos questions de recherche.
1. Les théories des organisations
Dans les théories des organisations, la motivation est
l'ensemble des facteurs internes et externes qui induisent des comportements
positifs chez l'acteur face à une situation. La motivation prend alors
en compte les besoins, les conditions d'organisation du travail, le contenu des
programmes d'activités, les résultats attendus, etc. Au regard de
l'importance de ces facteurs dans les écrits recensés, les
théories de la motivation nous semblent être très porteuses
dans la compréhension de l'absentéisme des élèves
du secondaire. Ainsi, plusieurs auteurs s'y sont intéressés. Nous
pouvons citer MASLOW (1954), ADAMS (1965), VROOM (1964), etc. Mais la
théorie qui nous semble la plus proche de notre contexte est celle de
MASLOW.
1.1. La théorie des besoins de MASLOW (1954)
Partant du principe que les individus ont un ensemble de
besoins complexes, MASLOW a élaboré la théorie de la
hiérarchie des besoins qui est l'une des plus célèbres.
Dans sa théorie, il démontre qu'il existe cinq (05)
catégories de besoins classées selon leur niveau
hiérarchique comme le montre la pyramide ci-dessous reproduite. Ce sont,
de la base au sommet :
- les besoins physiologiques tels que se nourrir, s'abriter, la
conservation de la vie;
- les besoins de sécurité : se sentir
équilibré et protégé dans sa vie physique et dans
ses
relations quotidiennes avec autrui ; les besoins de se
prémunir contre la maladie ou la
douleur ;
- les besoins d'appartenance : les individus ont besoin
d'amour, d'appartenir à un groupe, d'établir des relations
personnelles avec telle personne ou telle autre, d'être aimés et
acceptés ;
- les besoins d'estime de soi: les individus ou
employés ont besoin d'épanouissement, de respect, de valorisation
de leur potentiel, et de se sentir estimés des autres,
compétents, maître de soi et de leur vie ;
- les besoins d'autoréalisation : les besoins
d'accomplissement, de croître personnellement, d'utiliser ses
compétences au maximum et de la façon la plus créative
possible en vue de se réaliser dans la vie.
La pyramide des besoins de MASLOW Source :
BERGERON (2001) P.560
Ces besoins peuvent être regroupés en deux types
: les besoins de niveaux inferieurs et les besoins supérieurs. Tout
individu cherche d'abord à satisfaire les besoins inferieurs avant de se
retourner vers les besoins supérieurs. Selon MASLOW, les conduites
humaines sont dictées par la satisfaction des besoins. Ainsi, il est
primordial de satisfaire les besoins d'ordre inférieur tels que les
besoins physiologiques, les besoins de sécurité et les besoins
sociaux pour permettre aux hommes de viser des besoins d'ordre supérieur
tels que les besoins d'estime de soi et les besoins
d'autoréalisation.
En identifiant les besoins que les individus cherchent
à satisfaire et les comportements y relatifs, cette théorie peut
nous servir de lanterne pour éclairer le comportement des
élèves. En effet, les élèves du secondaire ont des
besoins à satisfaire : besoins de se nourrir, de s'habiller,
d'être en sécurité, d'être aimés, afin de
trouver à l'école un sens. Ces besoins sont fondamentaux et leur
non satisfaction déclenche chez les élèves un comportement
défensif. La théorie des besoins appliquée au niveau de
l'enseignement secondaire permet d'approfondir les raisons de la
démotivation de l'élève. Les élèves
n'arrivent pas à satisfaire correctement leurs besoins vitaux. C'est
pourquoi, il faut instaurer et maintenir les cantines scolaires pour
permettre à ceux qui habitent loin ou qui sont à
leur propre charge de prendre le repas sur place. Quant aux besoins d'estime de
soi et d'autoréalisation, ils sont étouffés, lorsque les
professeurs et le personnel administratif utilisent au quotidien un langage
frustrant. Partant de là, il devient opportun de chercher à
communiquer avec les absentéistes au lieu de les punir de facto.
D'autres théories des organisations concernent soit le
comportement des acteurs (la théorie X et Y de Mc GREGOR ,1960), soit la
situation et les conditions de travail qui y prévalent (la
théorie situationnelle de BRASSARD ,1996), soit à la
globalité de l'organisation (la théorie systémique de
BRASSARD, 1996), soit à la communication dans l'organisation (BERGERON
et BELANGER, 1979), etc. Parmi ces théories, nous retenons la
théorie systémique et les conceptions de la communication en
éducation.
2.2. La théorie systémique
Le mot système dérive du grec "systema" qui
signifie "ensemble organisé». Un système est un ensemble
d'éléments en interaction dynamique, organisés en fonction
d'un but. Le degré de complexité d'un système
dépend du nombre de ses composantes et du nombre et type de relations
qui les lient entre eux. Lorsque le système est appliqué à
l'activité humaine, il se caractérise en termes de structures
hiérarchiques, de propriétés émergentes, et de
réseaux de communication et de contrôle. Nous pouvons affirmer que
le système d'activité humaine est complexe. Il comprend :
l'équifinalité, l'interaction et l'ouverture.
Un système est "équifinal" parce qu'il peut
réaliser ses objectifs à partir de différents points de
départ et par différents moyens. C'est la capacité que
possède un système d'atteindre ses objectifs à partir de
différents états initiaux et par l'intermédiaire de
différents scénarii. L'interaction est l'ensemble des liens de
dépendances existant à l'intérieur des différentes
composantes d'un système. Un changement apporté au niveau des
programmes d'études d'un système scolaire, par exemple,
entraîne des ajustements de méthodes, la modification de l'emploi
du temps, le redéploiement des acteurs, la production de nouveaux textes
et règlements, l'élaboration de nouveau matériel
pédagogique, etc. Une modification d'un sous-ensemble du système
entraîne des réajustements plus ou moins importants au niveau des
autres composantes du système. Cet aspect d'interaction et
d'interdépendance est également applicable dans la lutte contre
l'absentéisme au secondaire. S'agissant de l'ouverture, c'est la
capacité qu'a un système d'échanger de l'information avec
d'autres systèmes ou avec l'environnement qui l'influence de
façon évidente. Un système fonctionne à
l'intérieur d'une organisation qui
l'englobe (supra-système) et qui lui impose certaines
contraintes. C'est ainsi que le système scolaire doit développer
chez les élèves certaines habiletés leur permettant de
s'adapter aux exigences de l'établissement dans lequel ils vivent.
Dans cette perspective systémique, l'organisation est
donc présentée comme un système cohérent dont tous
les éléments sont interdépendants et interagissants avec
une multidimensionnalité et des individualités au plan
professionnel. Cette vision de l'institution permet à chaque acteur
d'exercer une liberté responsable à travers la mise en place de
règles administratives pour permettre à tous de participer
réellement aux différentes situations administratives. Par
exemple, dans les lycées, un professeur qui se sent en retard ou
empêché doit le signifier au censeur qui, à son tour,
informe les surveillants. Ces derniers vont s'occuper de la classe afin de
maintenir le calme et d'empêcher des élèves rusés
qui pourront profiter pour s'absenter. Par ailleurs, les conflits structurels
et dynamiques doivent être gérés dans une perspective de
négociation, d'enrichissement mutuel, du respect de la liberté
d'autrui et du dépassement de soi. Dans ce sens, nous estimons qu'il
n'est plus nécessaire d'opposer la force où la punition à
l'absentéiste ; plutôt, il faut chercher à le comprendre et
à envisager ensemble une solution.
Toutes les théories des organisations
développées plus haut ne peuvent être mises en pratique au
sein de l'établissement que s'il y a communication entre les
responsables et les élèves d'une part, et entre le personnel et
les parents d'autre part.
2. Les conceptions de la communication en
éducation
FREIRE (2001) a abordé les questions théoriques
de la communication en présentant le dialogue comme l'essence
méme de ce domaine et comme pratique de la liberté. Pour lui, le
dialogue est un phénomène humain, et se traduit par la parole qui
a deux dimensions : l'action et la réflexion de ceux qui le pratiquent.
De ce fait, la parole constitue un droit pour tous, et personne ne doit imposer
aux autres sa parole en refusant la leur. Ainsi, le dialogue est une exigence
existentielle. Il ne peut se réduire au « dépôt »
des idées d'un individu dans un autre. Ce ne doit pas être non
plus une discussion agressive, polémique des personnes qui ne voudraient
pas s'engager en cherchant la vérité. Par conséquent, il
n'y a pas de dialogue sans humilité. Le dialogue est une rencontre des
hommes pour apprendre ensemble à agir. Il se rompt lorsque l'un des
acteurs oublie l'humilité. Nous ne pouvons dialoguer si nous
projetons
sur les autres l'ignorance, si nous refusons la contribution des
autres. La confiance dans l'homme est une condition à priori. Elle doit
exister avant que le dialogue ne se concrétise.
Selon BERGERON et BELANGER (1979), la ressource la plus
importante dans la communication interpersonnelle est l'homme. Cela se justifie
dans la mesure où l'homme est au centre de toutes les activités
économiques, sociologiques, administratives et scolaires. Tout passe par
lui et revient à lui. La nouvelle vision des ressources humaines est la
communication qui valorise l'homme et concourt à l'efficacité de
son action. La valeur intrinsèque de l'être humain est
décrite par ses compétences, ses valeurs morales, sa
personnalité, ses croyances, et ses aspirations. Tous ces aspects
intérieurs de l'homme sont à connaitre, car ils placent le
responsable dans le bon chemin du management. Pour y parvenir, il doit
privilégier la communication en valorisant l'homme dans ce qu'il a en
lui. Si le responsable administratif sait se montrer attentif aux aspects
sociaux et humains, si l'agent est impliqué dans la résolution
des problèmes, et si le gestionnaire des ressources humaines sait
éviter et oublier les préjugés, et permettre ainsi
à l'agent discriminé de s'amender, alors la question de la
motivation, de l'efficacité peut être résolue.
Au niveau des établissements secondaires, il appartient
au personnel administratif de perpétuer la communication
interpersonnelle de manière à avoir une bonne écoute entre
personnel d'encadrement et les élèves, sans ignorer aussi les
parents. La communication interpersonnelle est une grande source de motivation
et d'efficacité, mais elle exige un certain nombre de qualité
humaine et d'aptitude. En effet, communiquer met en présence deux ou
plusieurs individus et se caractérise par des échanges. Pour que
la communication soit efficace, il faut :
- accueillir et respecter l'émetteur ; celui-ci est tenu
de respecter l'auditeur ;
- tenir compte des valeurs humaines et des aspirations profondes
pour recueillir la participation de l'interlocuteur ;
- avoir une capacité d'écoute.
La bonne écoute commence par la bonne attitude dans
l'accueil qui rassure. Il faut écouter l'autre jusqu'au bout de ses
propos. Cela signifie qu'on accorde de l'intérêt au
problème même si on ne peut pas le résoudre. La
capacité d'écoute se ressent dans les questions qu'on pose,
l'avis de l'auditeur sur le problème évoqué. Par exemple,
dans une situation d'échange entre le CE et un élève, le
CE peut demander l'avis de celui-ci, les solutions possibles. La motivation au
quotidien exige un type de rapport valorisant. Lorsqu'un élève
commence à s'absenter aux cours, il faut l'appeler pour
l'écouter. Quelle que soit
l'ampleur des raisons évoquées et la gravité
de la faute, il faut associer cet élève et ses parents à
la recherche de solution : d'où la coopération.
L'OIF6 (2001) définit la coopération
comme l'activité par laquelle des sujets mettent en commun leurs
énergies, leurs savoirs et leurs savoir-faire pour réaliser une
fin. Cela laisse comprendre qu'il faut fédérer les efforts pour
parvenir au but recherché. Pour l'illustrer, deux animaux
attachés à la méme corde d'un bout à l'autre,
veulent brouter deux tas de foin disposés de sorte que sans le
consentement des deux, aucun ne peut être satisfait. Las de se tirer, ils
décident de trouver une solution7. C'est ainsi qu'ils
prennent la résolution de brouter ensemble un tas avant de passer au
second tas. C'est donc dire que la coopération suppose la communication,
la collaboration, la participation et l'entraide.
Le fondement théorique de notre sujet étant
ainsi établi en vue de mieux nous guider dans le travail d'investigation
empirique, il nous parait nécessaire de poser les questions de recherche
qui pourront nous aider à mieux appréhender la gestion de
l'absentéisme au secondaire.
4. Questions de recherche
Dans l'optique de mener à bien la réflexion, nous
formulons la question générale suivante qui servira de boussole
dans notre investigation.
> Comment l'absentéisme est- il géré dans
les établissements secondaires?
Nous l'éclatons en deux questions spécifiques :
> Quelles sont les conséquences du traitement actuel de
l'absentéisme ? > Comment peut-on mieux gérer ce
phénomène ?
Afin de mieux répondre à ces différentes
questions, un cadre méthodologique est nécessaire pour recueillir
l'information auprès des acteurs concernés.
CHAPITRE III : CADRE METHODOLOGIQUE
6 Organisation Internationale de la Francophonie
7 Voir illustration en annexe 8
Ce chapitre présente et justifie les choix
méthodologiques concernant le milieu d'étude, la population et
l'échantillon de la recherche. Elle fait aussi le choix de la
méthode de l'approche, des outils de collecte et d'analyse des
données.
1. Le champ de la recherche
Notre zone d'étude est la Direction Régionale du
MESS de la Boucle du Mouhoun. Elle compte six provinces qui sont : Balé,
Banwa, Kossi, Mouhoun, Nayala et Sourou.
1.1. Situation des établissements secondaires de la
région
Tableau 3 : Etat numérique des
établissements
Province
|
Etablissements publics
|
Etablissements privés
|
Total
|
Balé
|
15
|
03
|
18
|
Banwa
|
09
|
02
|
11
|
Kossi
|
12
|
05
|
17
|
Mouhoun
|
15
|
12
|
27
|
Nayala
|
14
|
04
|
18
|
Sourou
|
13
|
02
|
15
|
Total
|
78
|
28
|
106
|
Source : DR/MESS/B-MHN/Service des statistiques
Il ressort de ce tableau que la région compte cent six
(106) établissements dont soixante dix-huit (78) publics et vingt-huit
(28) privés. En outre, la province du Mouhoun regorge plus
d'établissements privés et la plupart se concentre dans la ville
de Dédougou. Le nombre important d'établissements publics est
favorisé par la démocratisation de l'enseignement post primaire
et secondaire. En effet, pour la rentrée scolaire 2010-2011 la
région a connu l'ouverture de vingt (20) CEG. L'effectif global des
apprenants s'élève à 28128 garçons et 18970 filles,
soit un total de 47098 élèves.
1.2. Situation de la gestion de l'absentéisme
La gestion de l'absentéisme rencontre plusieurs
difficultés dont le manque de surveillants. Pour la rentrée
scolaire 2010-2011, la situation du personnel d'encadrement des
établissements publics se présente comme suit :
Tableau 4 : Etat numérique GX S1-1IIKEJl
GI1-EcaG11-11 1-Et
Province
|
S.G.
|
S.G. /Eco
|
Surveillants
|
Total
|
Déficit
|
Balé
|
03
|
03
|
05
|
11
|
20
|
Banwa
|
02
|
01
|
03
|
05
|
16
|
Kossi
|
01
|
00
|
04
|
05
|
21
|
Mouhoun
|
02
|
02
|
07
|
11
|
27
|
Nayala
|
02
|
01
|
05
|
08
|
19
|
Sourou
|
01
|
00
|
03
|
04
|
21
|
Total
|
11
|
06
|
27
|
44
|
124
|
Source : DR/MESS/B-MHN, Service du personnel
Nous remarquons un manque criard de personnel d'encadrement. Le
déficit tend à tripler le nombre de surveillants sur le
terrain.
Au regard de l'étendue géographique de la
région, nous avons choisi de mener notre investigation dans les
provinces du Mouhoun et de la Kossi (Dédougou, Nouna et
Bondoukuy). Le choix de ces provinces s'explique par le fait
que nous avons une bonne connaissance des dites localités et nous y
trouvons des établissements de types urbain, semi-urbain et rural. Nous
avons servi en tant que surveillant dans la province du Mouhoun qui regorge
d'un nombre important d'établissements privés. Dans les
privés, les rapports de clientélisme ont une incidence sur le
rapport entre les acteurs, et le rapport des élèves avec
l'établissement, et donc le règlement intérieur. La
discipline est plus difficile à établir. En outre, le nombre
considérable d'établissements privés a un effet de
contagion sur les établissements publics : les effets environnementaux,
la dépendance des établissements au contexte, les échanges
d'élèves,.
2. La méthode et approche de recherche
La présente étude cherche à comprendre la
gestion de l'absentéisme au secondaire, et à dégager les
conséquences du traitement actuel en vue d'envisager des perspectives
qui pourront juguler le phénomène. L'étude de
l'absentéisme est un objet complexe et social, donc à
caractère subjectif. Pour cela, nous allons adopter la méthode
qualitative. La méthode qualitative est la mieux indiquée pour
comprendre les perceptions et les représentations des acteurs de
l'éducation. Elle nous permet également de prendre en compte leur
apport et de faire une analyse profonde des données recueillies afin de
résoudre adéquatement le problème posé. Les
données chiffrées qui seront recueillies viendront appuyer la
pertinence du problème.
La recherche qualitative procède par un choix
raisonné de participants. Elle permet l'usage d'un échantillon
restreint de 10 à 30 par catégories de participants mais un
traitement approfondi des données grâce à des instruments
souples. La recherche se faisant en milieu réel, nous estimons que cette
méthode qualitative est la meilleure formule pour nous rapprocher le
plus possible de l'objectivité.
2.1. Les instruments de collecte des données
Afin de procéder à la collecte des données
nécessaires à notre étude nous avons utilisé trois
instruments nécessaires : la recherche documentaire, le questionnaire,
et l'entretien.
2.1.1. La recherche documentaire
Elle a consisté à collecter des documents
variés de recherche lors du travail théorique et empirique. La
recension des écrits dans la partie théorique a constitué
la revue de la littérature. Ce qui nous a permis d'obtenir des
données statistiques et littéraires. Nous avons pu ainsi
parcourir des ouvrages théoriques, des mémoires, des articles,
des décrets, des arrêtés, une loi, et des productions
diverses sur l'absentéisme scolaire.
A toutes les occasions de rencontre avec les personnes
constituant notre échantillon, nous avons sollicité l'information
écrite susceptible d'éclairer notre sujet. Nous avons ainsi
rassemblé un certain nombre de documents sur le sujet en nous rendant
à la DR/MESS Boucle du Mouhoun et dans certains établissements,
en visitant aussi les centres de documentation et les bibliothèques
disponibles.
2.1.2. Le questionnaire.
Nous avons choisi le questionnaire qualitatif pour les chefs
d'établissements, les parents d'élèves et les personnes
ressources. Nous avons distribué le questionnaire aux
participants qui l'ont rempli en toute liberté. Nous
sommes repassés les chercher deux jours plus tard.
Tout en exhortant les participants à une bonne
collaboration, l'anonymat et la confidentialité des réponses leur
ont été garantis. C'est pourquoi, nous leur avons adressé
un formulaire de consentement. En plus de l'identification, le questionnaire a
comporté des questions ouvertes, des questions fermées ou
semi-ouvertes. Elles favorisent la cueillette du maximum d'informations
nécessaires et une analyse qualitative. Ecrites, elles éliminent
les facteurs émotionnels qui pourraient être liés à
notre présence. Les questions se présentent par thèmes.
Ces thèmes sont issus du cadre théorique et varient selon la
position et la fonction des participants. Cette variation permet à
chaque catégorie de participants d'investir son expérience au
profit de l'information en vue de l'enrichir. Cet instrument, permet non
seulement de recueillir rapidement les informations sans trop de contraintes,
mais aussi offre une exploitation rapide et une meilleure compréhension
de celles-ci.
2.1.3. L'entretien semi-dirigé.
Pour tenir les entretiens dans les meilleures conditions, nous
avons doté les participants de guides d'entretiens afin qu'ils
s'informent du sujet. Trois guides d'entretien ont été
conçus : un guide d'entretien avec les surveillants, un second avec les
élèves (absentéistes ou non) et un troisième guide
avec les enseignants. Ces guides comprennent, en plus des informations
démographiques, des questions ouvertes afin de permettre aux
répondants de développer leurs idées tout en restant dans
le cadre de cette étude. Nous avons choisi ces participants, parce
qu'ils sont directement concernés par notre sujet de recherche.
L'utilisation de cet outil a l'avantage de créer une
interaction verbale entre le chercheur et les participants. Sa
flexibilité et sa souplesse permet une expression libre du participant
tout en offrant la possibilité au chercheur de rebondir pour poser
d'autres questions. Comme contrainte, l'entretien semi-dirigé exige la
présence effective du chercheur et une attention toujours soutenue pour
ne pas perdre le fil des échanges.
Les entretiens viennent en appoint au questionnaire pour en
confirmer certains résultats ou les infirmer, s'il y a lieu.
3. La population et l'échantillon de
recherche
3.1 La population de recherche
Au regard de notre objet de recherche sur l'absentéisme
des élèves dans les lycées et collèges, notre
population de recherche concerne tous les acteurs de l'éducation de la
région de la Boucle du Mouhoun. Il s'agit essentiellement des chefs
d'établissements, des censeurs, des professeurs principaux, des
surveillants ou personnel d'encadrement, des élèves, des parents
d'élèves, des encadreurs pédagogiques et des responsables
d'éducation de la région.
Aussi importante que soit cette population pour notre
étude, nous ne serons pas en mesure de la considérer en
entièreté. En effet, le statut de stagiaire qui nous soumet
à des contraintes diverses au nombre desquelles la présence
régulière au lieu de stage ne nous permet pas de prendre en
compte l'ensemble de ces acteurs ci-dessus évoqués. C'est
pourquoi nous retiendrons un certain nombre d'établissements et leurs
acteurs.
3.2. L'échantillon de recherche
Pour des raisons logistiques (temps, moyens financiers et
matériels), nous avons limité notre champ d'investigation aux
provinces du Mouhoun et de la Kossi. Dans ces provinces, nous avons
ciblé trois types d'établissements : urbain (le Lycée
Municipal de Dédougou ou LMD, le Complexe Scolaire Privé
Evangélique/Dédougou ou CSPE, le Lycée Privé
Béthel/Dédougou ou LPB et le Collège Privé Saint
Gabriel/Dédougou ou CPSG), semi-urbain (le Lycée Provincial de
Nouna ou LPN) et rural (le Lycée Départemental de Bondoukuy ou
LDB). Nous avons aussi pris en considération le statut des
établissements : trois privés et trois publics. Un autre
critère que nous avons considéré dans la constitution de
l'échantillon des établissements est la taille. Selon certains
auteurs, la taille des établissements est déterminante dans leur
gestion, principalement dans celle de l'absentéisme des
élèves (DEROUET et DUTEREQ, 1997 ; ST PIERRE ,2001).
Tableau 5 : Situation scolaire des établissements
retenus
ETS
|
Nombre classes
|
Nombre surveillants
|
Effectif
|
Garçons
|
Filles
|
Total
|
Ratio S/E
|
LMD
|
24
|
02
|
1282
|
800
|
2082
|
1/1041
|
LPN
|
17
|
03
|
989
|
661
|
1650
|
1/550
|
LDB
|
01
|
02
|
386
|
216
|
602
|
1/301
|
CSPE
|
13
|
02
|
489
|
419
|
908
|
1/454
|
CPSG
|
09
|
01
|
205
|
107
|
312
|
1/312
|
LPB
|
08
|
02
|
313
|
310
|
623
|
1/311
|
Source : DR/MESS/B-MHN/Service des statistiques
À la lumière de ce tableau, nous constatons que
le ratio surveillant/élèves est faible. C'est dire toute
l'importance et la difficulté de la gestion de l'absentéisme dans
ces établissements.
En ce qui concerne les participants, le nombre de personnes
á enquêter est déterminé sur la base d'ikhantillon
qualitatif valide á partir de dix (10) á trente (30) participants
par type de répondant. En considérant la méthode
qualitative, Crewell, Pires, Strauss et Corbin cités par
KABORE/OUEDRAOGO (2003, p123) indiquent que « la recherche qualitative
aborde le sujet dans la perspective d'un échantillon restreint
» Ainsi , dans notre étude, nous avons retenu un ikhantillon de
soixante sept (67) participants au total. Il s'agit de douze (12)
répondants pour le personnel administratif (censeurs et surveillants),
et dix huit (18) professeurs pour le personnel enseignant. Quant aux
apprenants, nous avons choisi seize (16) élèves. Douze (12)
représentants des parents d'élèves et neuf (09) personnes
ressources (chefs d'établissements, encadreurs pédagogiques,
responsables d'éducation) seront sollicités.
Pour les critères de choix, chaque participant doit avoir
une ancienneté de trois ans au moins á son poste ou
d'expérience.
Tableau 6: l'échaIINlloln de recherche
participants Catégorie
|
Etablissements
|
Nombre
|
LMD
|
LPN
|
LDB
|
LPB
|
CSPE
|
CPSG
|
DR
|
-Censeur, surveillants
|
12
|
02
|
02
|
02
|
02
|
02
|
02
|
-
|
-Professeurs
|
18
|
03
|
03
|
03
|
03
|
03
|
03
|
-
|
- Elèves
|
16
|
04
|
04
|
02
|
02
|
04
|
02
|
-
|
-Pare1nts41él1ves
|
12
|
02
|
02
|
02
|
02
|
02
|
02
|
-
|
-Personnes ressources
|
09
|
01
|
01
|
01
|
01
|
01
|
01
|
03
|
TOTAL
|
67
|
12
|
12
|
10
|
10
|
12
|
10
|
03
|
Légende : LMD : Lycée Municipal de
Dédougou
LPN: Lycée Provincial de Nouna
LDB : Lycée Départemental de Bondoukuy
LPB: Lycée Privé Bethel/Dédougou
CSPE: Complexe Scolaire Privé
Evangélique/Dédougou CPSG : Collège Privé Saint
Gabriel/Dédougou.
Nous pensons qu'avec ce type d'échantillon nous
parviendrons á un travail acceptable.
4. Validation et administration des outils
Après l'élaboration du questionnaire et des
guides d'entretien, nous avons tenu à vérifier la validité
de nos instruments avant de les utiliser sur le terrain. Ainsi, nous avons
procédé à un test de quelques questionnaires et des guides
d'entretien auprès de trois personnes ayant les mêmes
caractéristiques que notre échantillon. Pour cela, nous avons
retenu trois surveillants, trois professeurs et trois élèves de
la ville de Koudougou à qui nous avons administré les
questionnaires et le guide d'entretien. Ces différents exercices nous
ont permis de recadrer un certain nombre de questions et d'améliorer le
choix de l'échantillon.
C'est à l'issue de cette démarche
préliminaire que nous avons entrepris la ventilation des questionnaires
et les entretiens avec les personnes ciblées. Nous avons nous
mêmes ventilé les questionnaires et les guides d'entretien en
faisant le tour des établissements quelques jours avant les entretiens.
Afin de nous faciliter l'accès aux différents services, l'ENS/UK
nous a délivré une lettre de recommandation. Pour des raisons
d'ordre éthique, un formulaire de consentement a été
adressé aux participants. Nous avons négocié avec les
chefs d'établissement l'accès aux élèves.
5. Le mode d'anaX\\es des
données.
Au regard de l'approche qualitative utilisée dans
l'enquête nous avons privilégié l'approche
thématique des données. Elle nous paraît la mieux
indiquée pour une analyse des données collectées sur la
base des questions conçues à partir des thèmes. En effet,
pour mieux cerner les contours de notre sujet, nous avons dégagé
des thèmes à partir de la revue de littérature. Ces
thèmes nous permettent d'établir des liens entre les discours,
les points de vue des différents participants afin d'approfondir
l'analyse.
L'approche thématique est un modèle d'analyse
inductif qui se prête au traitement des données qualitatives et
favorise l'émergence des thèmes à travers les discours des
participants. L'avantage est qu'elle permet une progression ordonnée,
évitant des amalgames. Le dépouillement des données et
l'analyse ont été faits manuellement et par regroupement de
réponses selon les rubriques des questions composant les outils et par
rapport aux différentes catégories des participants.
CHAPITRE IV : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION
DES DONNEES
Ce chapitre est consacré aux aspects pratiques de
l'étude. Il comporte quatre sections : la présentation des
données, l'analyse des données, l'interprétation des
résultats et les propositions d'amélioration de la situation
d'étude. Pour en faciliter la lecture et pour garantir la pertinence
nous recourons souvent à des extraits de réponses sous anonymat.
A cet effet, les outils de collecte ont été codés. Par
exemple pour les censeurs et surveillants qui sont au nombre de 12, nous avons
utilisé le code Ce pour les censeurs et le code Sur
pour les surveillants. Chacun est identifié par un chiffre : Ce.1
pour le premier et Ce.2 pour le deuxième ; Sur.1,
Sur.2...Sur.10. Pour les professeurs principaux qui sont au nombre de 16,
nous aurons Pp.1....Pp.16 ; El.1....El.16 pour les
élèves. Pe.1 Pe.10 pour les parents
d'élèves. Pr.1 Pr.9 pour les personnes
ressources.
1. Présentation des données
collectées
Cette rubrique fait d'abord le point du recouvrement des
questionnaires et des entretiens avant de présenter les
résultats. Au regard de l'approche choisie, la méthode
qualitative, nous procédons par la synthèse des réponses
obtenues et ce, par catégorie de participants puis par thème.
Nous présentons certaines données dans des tableaux suivis de
commentaires.
1.1. Résultats du dépouillement
Notre travail de terrain s'est déroulé durant
tout le mois de Février. Nous avons rencontré les participants et
échangé avec eux dans les localités de notre champ
d'étude. Le tableau ci-dessous présente l'état de
réalisation des enquêtes.
Tableau 7 : Taux de réalisation des
enquêtes
Catégorie de participants
|
Nombre prévu
|
Nombre réalisé
|
Pourcentage de
réalisation
|
Censeurs et surveillants
|
12
|
11
|
91.66%
|
Professeurs principaux
|
18
|
16
|
88.88%
|
Elèves
|
16
|
18
|
112.5%
|
Personnes ressources
|
09
|
09
|
100%
|
Parents d'él4ves.
|
12
|
10
|
83.33%
|
Totaux
|
67
|
64
|
95.52%
|
Nous n'avons pas pu assurer tous les entretiens compte tenu du
déficit de surveillants et du manque de temps chez les enseignants
toujours préoccupés pour leurs cours. Tous les parents
d'élèves ne nous ont pas rendu leur questionnaire. Au regard du
nombre réduit de ceux qui n'ont pas pu répondre, nous n'avons pas
trouvé d'inconvénients à traiter les informations
reçues des 64 participants qui ont été disponibles.
1.2. Présentation des données
Dans cette partie, nous faisons ressortir les tendances qui se
dégagent des premières lectures des données
collectées. Nous les présentons de façon sommaire par
catégories de participants, en attendant d'y revenir plus en
détails dans la partie analyse.
1.2.1. Présentation des données des
entretiens
L'entretien semi-dirigé a concerné trois
catégories de participants qui sont : les censeurs et surveillants, les
professeurs principaux et les élèves.
1.2.1.1 Présentations des données
collectées auprès des censeurs et surveillants
Les données collectées à ce niveau
révèlent que la situation de l'absentéisme est une des
préoccupations quotidiennes des censeurs et surveillants (personnel
administratif) que nous avons interrogés. De ce fait, ils ont
donné des réponses convergentes quant à l'existence des
absentéistes dans les établissements. Le phénomène
n'est pas trop grave, mais il est important de s'y pencher, car il faut des
élèves en classe pour qu'un professeur donne des
enseignements.
Dans la journée, disent-ils, on constate plus
d'absences à la première heure (7h - 8h) ; elles sont aussi
perceptibles dans les après-midi. S'agissant des facteurs, les
interrogés ont cité l'éloignement des domiciles, la
pauvreté, le désintérét des élèves
pour les cours, l'organisation du travail, etc. Quelques participants signalent
l'existence d'un phénomène lié à
l'absentéisme des lycéennes ou collégiennes : les
filles-mères qui sont contraintes de s'absenter pour aller s'occuper de
leur bébé.
De la gestion de l'absentéisme au niveau des
établissements publics, les responsables (censeurs et surveillants)
affirment que la gestion des absences se fait en deux étapes
conformément aux procédures arrêtées par
l'établissement : la justification pour ceux qui ont des motifs valables
et certifiés de leur absence, et les retraits de points sur le total
pour ceux qui n'ont pas de motifs valables d'avoir séché les
cours. Pour ce faire, les surveillants semblent mieux maîtriser les
mécanismes de la justification en détectant souvent la ruse des
gros malins. Ce mode de traitement est communiqué aux
élèves par le biais du règlement intérieur. En ce
qui concerne les retardataires, ils sont considérés comme absents
à la première heure et doivent être traités de la
sorte. Ils sont soumis à des travaux d'intérêt collectif
(nettoyage de la cour et des toilettes, arrosage des fleurs, ...). Deux
établissements privés ont la même option. Par contre dans
le troisième établissement privé les retraits de points ne
constituent pas le mode de gestion. Il ne figure pas dans le règlement
intérieur. Le mode de gestion est axé sur la perte de tous les
cours de la demi-journée concernée, la méthode
d'information immédiate des parents par le biais du carnet de
correspondance et les travaux d'embellissement de la cours dès la
réintégration de la classe.
Quant aux conséquences du traitement actuel, l'ensemble
du personnel administratif reconnaît que les retraits de points causent
des dommages tels que les redoublements, les renvois, l'échec aux
examens scolaires et la dégradation des rapports de travail entre les
différents acteurs de l'établissement.
1.2.1.2. Présentation des données
collectées auprès des professeurs principaux
L'entretien avec les professeurs principaux avait pour
objectif essentiel de découvrir leur perception de la situation de
l'absentéisme, l'appréciation qu'ils donnent au mode de gestion
et leur rôle dans le déclenchement du phénomène.
De la situation de l'absentéisme dans les
établissements, les professeurs principaux confirment qu'il existe des
absentéistes parmi les élèves. Certains signalent des
absences après la récréation, et le
phénomène s'accentue dans le mois de décembre et vers la
fin de l'année. Concernant les facteurs, les professeurs principaux
déclarent que la démotivation, les difficultés
socio-économiques, les évènements
familiaux, les conditions de travail, etc. sont largement à l'origine de
l'absentéisme des élèves dans les lycées et
collèges. Par ailleurs, `'l'absentéisme de respiration» est
évoqué par une minorité des enseignants qui estiment que
les emplois du temps sont surchargés dans certaines classes. De l'avis
de la majorité des enseignants, les élèves sont
inconscients et manquent d'ambitions par rapport à la réussite
scolaire.
De la gestion de l'absentéisme, nous avons pu noter
auprès des participants les travaux communautaires, les consignes, les
retraits de points, l'exclusion au cours suivant ou à
l'évaluation suivante. Tous les participants sont unanimes pour
reconnaitre que le mode de traitement est communiqué aux
élèves en début d'année par eux, les professeurs
principaux. Abordant les conséquences du traitement actuel de
l'absentéisme, tous les participants n'ont pas la même opinion sur
la question. Une majorité des professeurs estime que le mode de
traitement actuel influence très peu le comportement des
élèves absentéistes ; car, malgré les retraits,
beaucoup d'élèves continuent de s'absenter. Selon quelques
enseignants, le traitement a une influence positive pour les
élèves consciencieux qui ont le souci de leur réussite
scolaire. Au niveau des perspectives, seulement deux enseignants ont
proposé de viabiliser l'entité scolaire avec des infrastructures
de sport et des salles de lecture. Quant aux autres, ils recommandent de
renforcer les sanctions.
1.2.1.3. Présentation des données
collectées auprès des élèves
Avec les élèves, nous avons cherché
à comprendre les raisons qui les amènent à sécher
les cours d'une part, et leur appréciation de la gestion actuelle du
phénomène de l'absentéisme d'autre part.
Selon les élèves interrogés
l'absentéisme est un phénomène qui existe dans les
lycées et collèges. Les élèves absentéistes
sont nombreux et se rencontrent dans tous les cycles.
Concernant les causes du phénomène, tous des
participants reconnaissent que les facteurs sont multiples et
diversifiés, et sont d'ordre extra-scolaire et intra-scolaire. Ce sont
d'une part, le froid, les pannes de vélo, les difficultés de
restauration et de frais de scolarité ; et d'autre part, l'attitude et
le comportement de certains enseignants pendant la communication
pédagogique.
Pour ce qui est des divergences de vues, plus de la
moitié des élèves affirment que le traitement actuel ne
comporte que des conséquences négatives, car un point retenu ne
peut que diminuer le rendement scolaire de l'apprenant. Les autres estiment
qu'il permet de dissuader certains absentéistes qui ont du plaisir
à s'identifier comme tels. De façon commune presque la
totalité des participants condamnent cette façon de gérer
qui, souvent, ne tient pas compte des
individualités ou des cas particuliers. En
matière de gestion de difficultés scolaires, les
élèves absentéistes préconisent d'écouter
les élèves concernés, car les situations ne sont pas les
mêmes.
1.2.2. La présentation des données des
questionnaires
Les questionnaires ont été soumis aux personnes
ressources (chefs d'établissements, encadreurs et responsables
d'éducation) et aux parents d'élèves.
1.2.2.1. Présentation des données
collectées auprès des personnes ressources
Les données recueillies concernent essentiellement la
fréquentation scolaire, les facteurs déclencheurs de
l'absentéisme, les conséquences de la gestion actuelle,
l'appréciation du traitement actuel et les perspectives d'une nouvelle
stratégie de gestion.
Les réponses recueillies sur l'ensemble des questions
relatives à la fréquentation scolaire dans les
établissements montrent que les personnes ressources sont
imprégnées de l'existence du phénomène. A cet
effet, les participants s'accordent sur le fait qu'il existe des
absentéistes dans les lycées et collèges. Selon les chefs
d'établissements, ils sont nombreux, mais l'ampleur du
phénomène n'est pas excessive. Donc, la fréquentation
scolaire des élèves n'est pas trop mauvaise.
De leurs expériences, les encadreurs soutiennent que
les absences sont manifestes les matins. Cela est aussi l'avis des chefs
d'établissements qui ajoutent par ailleurs que certains
élèves du second cycle sèchent les cours après la
recréation et dans les après- midi. Vers la fin de l'année
les absences sont plus nombreuses.
Des raisons de l'absentéisme, les Proviseurs de
lycées et Directeurs de collèges considèrent que les
absentéistes ne bénéficient pas d'un suivi
conséquent de la part des parents. Les problèmes de santé,
les évènements familiaux et cultuels, les conditions
socioéconomiques, l'inconscience et la mauvaise image de l'école,
sont entre autres les raisons évoquées qui conduisent à
l'école buissonnière. Ce point de vue fait l'unanimité au
sein des participants. De plus, un des encadreurs ajoute l'aménagement
de l'espace scolaire, le climat en temps froid et les loisirs. Il évoque
aussi la crise d'adolescence que traversent les élèves des
lycées et des collèges.
De la connaissance de la gestion actuelle, les encadreurs
affirment qu'ils sont imprégnés du mode de gestion des absences.
Ils notent les travaux d'intérêt communautaire, les retraits de
points, les blâmes et le refus de tableau d'honneur. Des
conséquences du
traitement actuel, la gestion appliquée influence peu
le comportement des élèves absentéistes, tel est l'avis
des chefs d'établissements et des encadreurs. Quelques
élèves conscients essaient de corriger leur attitude parce que
les retraits de points influencent négativement le rendement scolaire et
créent dans certains cas, une adversité entre personnel
d'encadrement et élèves ou entre professeurs et
élèves.
Pour ce qui concerne la pertinence du traitement fait de
l'absentéisme, la majorité des participants s'accordent pour dire
que la gestion actuelle n'est pas très efficace. C'est ainsi que les
chefs d'établissement préconisent une nouvelle stratégie
de traitement basée sur l'information des parents au quotidien et un
cadre de gestion centré sur l'écoute.
1.2.2.2. Présentation des données
collectées auprès des parents d'élèves
Tout comme les chefs d'établissements, les parents
d'élèves affirment que certains élèves ne sont pas
assidus aux cours. En effet, un grand nombre des participants déclarent
que les élèves absentéistes refusent d'aller à
l'école et se promènent à travers les rues pendant que
leurs camarades sont en classe. Ils n'ignorent pas souvent les problèmes
de santé et les difficultés économiques car, de nos jours,
beaucoup d'élèves du secondaire sont à leur propre charge.
Autre facteur non moins important est l'attitude ou le comportement de certains
enseignants qui n'est pas de nature à favoriser une bonne
fréquentation scolaire. De plus, les parents ajoutent que l'institution
scolaire occasionne des absences par la méthode de recouvrement des
frais de scolarité. L'administration chasse les élèves
afin qu'ils viennent payer les frais de scolarité.
Concernant le mode de traitement de l'absentéisme, la
majorité des parents déclarent qu'ils ignorent le mode de gestion
actuelle. Ils estiment qu'ils n'en sont pas informés. Ils constatent des
retraits de points sur les bulletins. C'est pourquoi ils affirment que ces
retraits sont inappropriés, car ils sont très souvent sources de
renvoi et de redoublement. Donc, les parents n'apprécient pas
positivement cette manière de gérer qui a des conséquences
fâcheuses.
La présentation des données a permis de nous
faire une idée de la gestion de l'absentéisme. Elle nous
éclaire conformément à notre question de départ
formulée comme suit : « comment l'institution scolaire
gère-t-eI I e I es absences ? »
En croisant les informations relatives à cette
question, nous pouvons déduire que les sanctions, notamment les retraits
de points, l'exclusion pour le cours prochain et à l'évaluation
suivante, les travaux communautaires et les blâmes constituent le
principal mode de gestion de l'absentéisme. L'analyse des données
apportera plus de détails sur cette réalité.
2. Analyse des données
L'objectif de l'étude est de cerner la vision des
acteurs de la gestion de l'absentéisme et de comprendre comment
l'institution scolaire gère les absences. Dans cette section, nous
faisons l'analyse des données d'entretiens et des questionnaires.
L'entretien semi-dirigé a concerné trois catégories de
participants à partir desquelles les données recueillies ont
été présentées. Le questionnaire a
été adressé à deux catégories de
répondants. Nous avons retenu l'analyse thématique en fonction
des thèmes contenus dans le guide d'entretien et du questionnaire, mais
aussi en fonction des thèmes qui ont émergé des propos des
participants : la situation de l'absentéisme, les facteurs
déclencheurs de l'absentéisme, la gestion actuelle de
l'absentéisme et ses conséquences, l'appréciation de la
gestion actuelle et les perspectives. Ensuite, une synthèse des
difficultés de la gestion de l'absentéisme relevées par
les participants viendra clore ce point.
2.1. La situation de l'absentéisme
Tous des participants sont unanimes que le
phénomène de l'absentéisme scolaire existe dans les
établissements. Pour le personnel administratif (surveillants et
censeurs), il ne se passe un jour où des élèves ne
s'absentent pas dans les lycées et collèges. Les professeurs
principaux sont également de cet avis. Etant en contact direct avec les
élèves et chargés de relever les absences, ils
déclarent que l'absentéisme au cours est un
phénomène que chaque enseignant rencontre au quotidien. Quant aux
élèves, ils soutiennent que plusieurs de leurs camarades ne
viennent pas souvent au cours. Parmi eux, il y a des absentéistes qui
acceptent témoigner de leur manque d'assiduité en classe. Cette
position commune de l'existence des absentéistes dans les
établissements est renchérie par les chefs
d'établissements, les encadreurs pédagogiques et les parents
d'élèves qui soulignent que le phénomène se
manifeste de plusieurs manières comme le décrit TOULEMONDE (1998)
dans son rapport de l'IGEN sur l'absentéisme des lycéens.
Cependant, par rapport au thème, les perceptions du
phénomène diffèrent.
2.1.1. Le point de vue du personnel administratif
(surveillants et censeurs)
Les censeurs et surveillants ont constitué les
principaux participants à cette recherche. Au regard de leur
responsabilité, ils sont les éléments clefs du
mécanisme de gestion de l'absentéisme.
Il ressort de leurs entretiens, que le taux
d'absentéisme est relativement variable d'une classe à une autre
et d'un établissement à un autre. Mais, aucun
établissement ne dispose de données chiffrées des
années antérieures indiquant les taux d'absence. Ils se limitent
aux totaux des absences par classe. Le personnel administratif évoque la
méconnaissance d'une formule de calcul, et le fait que les statistiques
scolaires et le canevas de rapport de fin d'année ne l'exigent pas. Nous
pensons que cette situation est aussi tributaire de la complexité du
phénomène. A quel moment dit-on qu'un élève est
absentéiste ? Une à deux heures d'absence ? Une
demijournée d'absence ? Toute une journée ou trois jours ? Dans
la perception de l'ensemble des surveillants et censeurs, est absent celui qui
n'est pas présent en classe au même moment que ses camarades pour
suivre le cours, quel que soit le nombre d'heures. Par conséquent, les
surveillants devraient faire la situation des absences et de façon
régulière tout en l'exprimant en pourcentage ; ce qui permet une
lisibilité aisée. Mais tel n'est pas le cas dans les
établissements visités. C'est pourquoi à l'issue des
différents entretiens avec les surveillants, nous avons calculé
les taux d'absences du premier trimestre :
Tableau 8 : Taux d'absence du premier trimestre de
l'année scolaire 2010-2011
Ets
|
6è
|
5è
|
4è
|
3è
|
2nd
|
1è
|
Tle
|
Moyenne
|
LMD
|
0.92%
|
1.05%
|
1.77%
|
1.24%
|
1.26%
|
0.91%
|
0.82%
|
1.14%
|
LPN
|
0.97%
|
0.95%
|
1.30%
|
0.86%
|
1.33%
|
0.65%
|
1.12%
|
1.02%
|
LDB
|
0.93%
|
1.07%
|
0.98%
|
0.76%
|
1.02%
|
0.74%
|
0.54%
|
0.86%
|
LPB
|
0.59%
|
1.02%
|
1.08%
|
0.95%
|
1.16%
|
0.87%
|
0.78%
|
0.92%
|
CSPE
|
0.97%
|
1.09%
|
1.02%
|
1.65%
|
1.10%
|
0.61%
|
0.85%
|
1.05%
|
CPSG
|
0.85%
|
1.11%
|
1.25%
|
0.97%
|
1.21%
|
0.78%
|
1.04%
|
1.03%
|
Légende : LMD : Lycée Municipal de
Dédougou
LPN: Lycée Provincial de Nouna
LDB : Lycée Départemental de Bondoukuy
LPB: Lycée Privé Bethel/Dédougou
CSPE: Complexe Scolaire Privé
Evangélique/Dédougou CPSG : Collège Privé Saint
Gabriel/Dédougou
Ces différents taux ont été calculés
selon la formule suivante :
Nombre d'heures de travail du trimestre x l'effectif =
Présences possibles
Nombre total d'absences x 100 = Taux d'absence
Présences possibles
Par exemple, la classe de 4è B du LMD :
Effectif : 97
Nombre d'heure de travail du trimestre : 280 heures Le total des
absences : 514
Présences possibles : 280 x 97=27160
Taux d'absence : 514 x 100 =1.89%
27160
Le tableau 8 montre que le plus grand établissement de
la région (LMD) a le taux d'absence le plus élevé. Cela
est certainement dû à sa taille, car selon DEROUET et DUTEREQ
(1997) et ST PIERRE (2001), la taille des établissements est
déterminante dans leur gestion, principalement dans celle de
l'absentéisme des élèves. Les surveillants et le censeur
de cet établissement ont largement évoqué l'absence de
clôture et le manque de personnel d'encadrement. Il est suivi d'un
établissement privé qui n'échappe pas aux mémes
contraintes ci-dessus citées. Le personnel administratif
interrogé ajoute la mauvaise volonté des élèves. A
ce propos, Sur.1 affirme :
« Comme raisons avancées, ces absentéistes
trouvent que les conditions socio-économiques difficiles influencent
négativement leurs apprentissages, surtout lorsqu'ils logent chez des
tuteurs. Ils s'absentent volontairement aux cours de certains professeurs et
choisissent des matières spécifiques en fonction de leur
coefficient et négligent celles qui sont complémentaires.
Certains élèves s'absentent aux cours des professeurs qu'ils
n'apprécient pas, et d'autres s'absentent les jours où ils n'ont
aucune motivation pour le travail scolaire, donc un problème de
volonté. »
La fréquentation scolaire n'est pas très
mauvaise, mais la recrudescence des absences est inquiétante. Les
élèves ont de la peine à rester longtemps en classe quand
le professeur est en retard. Ils profitent de la récréation pour
rentrer chez eux. En outre, les participants signalent que des
élèves arrivent le matin sans avoir pris le petit
déjeuné. Ce.2 affirme : « les
difficultés alimentaires jouent sur la concentration prolongée
».
Les absentéistes se retrouvent dans les deux cycles.
Les acteurs en donnent des explications différentes : l'inconscience et
les difficultés d'adaptation des élèves du premier cycle,
l'arrogance et le désintérêt pour ceux du second cycle. De
l'avis de Ce.1 :
« Un nouvel élève en 6ème
voit sa récréation passer de 30 mn au primaire à 15 mn au
lycée. S'il n'a pas eu à déjeuner le matin, il est donc
pressé de retourner à la maison, quand il n'a pas de sous
à la recréation. Celui de la Tle D trouve que le cours d'anglais
placé après 10h00 mn lui sert peu. Alors il quitte la classe ou
l'établissement soit pour des exercices de sciences exactes, soit pour
retrouver ses copains à la maison autour du thé ».
En effet, certains élèves du premier cycle
trouvent l'école souvent ennuyeuse. Ils ont la propension à
s'absenter, car ils ont une perception négative. Ils vont au
lycée parce que tout le monde y va. Dans le changement qui
s'opère au niveau de l'élève de 6ème, il
y a évidemment le fait d'aller tôt à 7 h 00 mn alors qu'il
était habitué à rentrer en classe à 7 h30 mn au
primaire. Il
y a également le nombre des enseignants ; il
était habitué à son unique maître qui enseignait
toutes les matières. Au lycée ou au collège, plusieurs
enseignants se succèdent avec plusieurs méthodes. Ces remarques
soulèvent le problème de l'heure de début des cours dans
les lycées et collèges. Dans cette optique, un des surveillants
interrogé préconise d'harmoniser les heures de démarrage
des activités pédagogiques avec le primaire. Gette harmonisation
permettra de réduire les retards aussi bien au niveau des
élèves qu'au niveau des professeurs.
2.1.2. Le point de vue des professeurs principaux
En général, les professeurs principaux signalent
que beaucoup d'élèves s'absentent aux cours, mais que leur nombre
n'influence pas l'assiduité de l'ensemble. Les absences de la
première heure sont dues aux retards et le lever tardif du soleil en
temps de froid. Toutes ces contraintes ne constituent pas une excuse car selon
le Pp.1 « le non respect du temps est une '' pratique
africaine»». L'avis de ce professeur nous interpelle tous sur la
ponctualité. Il est ressorti des entretiens que ce n'est point seulement
les élèves qui viennent en retard ; il y a également des
enseignants et des surveillants qui ne sont pas ponctuels.
Gontrairement aux censeurs et surveillants qui indexent la
période de froid, les professeurs principaux affirment que les absences
se manifestent à l'approche des congés à cause de l'esprit
des fetes et de la fatigue intellectuelle. Get avis est corroboré par
TOULEMONDE (1998), dans « L'absentéisme des lycéens, les
rapports de l'éducation nationale ». On enregistre beaucoup
d'absences à la reprise des classes, après les congés et
le lendemain des fêtes. Gertains élèves ont le plaisir de
prolonger les congés sous prétexte d'avoir raté le car de
retour.
En ce qui concerne le rôle du professeur dans
l'absentéisme, nous avons noté l'expulsion du cours qui semble
être une pratique courante chez certains enseignants. La réponse
du Pp.7 le confirme : « j'ai plusieurs fois expulsé
des élèves pour les motifs suivants : écart de langage,
tenue scolaire, bavardage, sortie sans autorisation, consommation d'aliment en
classe, absence non justifiée au cours précédent, etc.
»
De ce propos, nous retenons que tous les motifs d'exclusion
évoqués ne sont pas mentionnés dans le règlement
intérieur. L'article 6 du règlement intérieur local du LMD
stipule que « le port de l'uniforme de l'établissement est
obligatoire, par conséquent, aucun élève ne sera admis
à suivre les cours s'il n'est revétu de cet uniforme ». Les
autres motifs y figurent, mais il n'est pas mentionné qu'ils doivent
être des motifs d'expulsion au cours. Pour une question de rigueur et de
maintien de la discipline, les enseignants expulsent les élèves
qui perturbent en sortant sans autorisation, en consommant des aliments en
classe, etc. Pourtant
l'expulsion consécutive à la consommation
d'aliment est cruelle pour des élèves en pleine croissance, qui
n'ont pas le temps de déjeuner à la maison. S'ils ne mangent pas,
ils ne peuvent pas se concentrer. Qu'à cela ne tienne, il y a
probablement des insuffisances dans le règlement intérieur local
qui est la loi de l'institution que tous les élèves doivent
respecter. Il y a également de l'abus d'autorité de la part de
certains enseignants.
2.1.3. Le point de vue des élèves
Les élèves qui constituent les principaux
concernés de notre sujet de recherche ont conscience que s'absenter au
cours est un manquement à la discipline scolaire. La
quasi-totalité des interrogés affirment qu'ils se sont
déjà absentés ou qu'ils ont des camarades qui s'absentent
aux cours. Les absentéistes se retrouvent dans tous les cycles, mais les
plus incorrigibles, c'està-dire ceux qui s'absentent le plus, sont les
élèves du second cycle. El.2 soutient que « les
élèves du premier cycle ont peur contrairement à ceux du
second cycle qui sont orgueilleux et se croient connaisseurs ». Le
répondant El.1 ajoute un justificatif en ces termes :
« Les élèves du second cycle s'absentent plus
parce qu'ils apprennent les leçons jusqu'à tard
dans la nuit. Au réveil le matin, ils se sentent
fatigués. Il y a aussi la compagnie des amis autour du thé
nocturne, surtout en póiode électorale où nous, les
jeunes, sommes financés par les politiciens pour animer les
sièges des partis ».
Ces propos soulèvent la délicate question de la
responsabilité des acteurs politiques dans l'absentéisme des
collégiens. Les élèves sont non seulement
sollicités pour les bureaux de vote, mais aussi et surtout, ils sont
utilisés pour battre la campagne. Presque tous les candidats politiques
disent qu'ils comptent sur la jeunesse pour gagner. Cette jeunesse est
constituée en grande partie des lycéens et collégiens qui
doivent sécher les cours afin de se rendre sur le terrain de campagne.
El.3 apporte plus de précision en ces termes : «
Durant la campagne électorale passée plusieurs
élèves de notre classe s'absentaient les jours de meetings
». Sans incriminer qui que ce soit, une majorité
d'élèves interrogés a signalé la complicité
de l'administration qui observe un silence face à de tels
absentéistes. Nous pensons que les élèves sont aussi
responsables, car ils sont au second cycle et doivent être en mesure de
faire le bon choix entre les activités politiques et les cours.
A la suite de l'opinion des élèves, nous avons
recueilli celle des personnes ressources de notre recherche.
2.1.4. Le point de vue des personnes ressources
Nous avons retenu tous les chefs d'établissements, deux
encadreurs pédagogiques et un responsable d'éducation qui est le
chef de service de la scolarité et de la planification de la
DR/MESS/B-MHN.
Dans l'ensemble, la perception de la situation de
l'absentéisme est empreinte d'inquiétudes. Les participants
affirment que la fréquentation scolaire n'est pas très
satisfaisante. Car, il n'y a pas une présence de 100% des
élèves. Le nombre des élèves absentéistes
pourrait influencer celui des élèves réguliers. C'est
pourquoi, il faut redoubler de vigilance, et selon Pr.2 « les absences
de la matinée concernent plus les élèves du premier cycle,
et celles après la récréation et dans les
après-midi concernent ceux du second cycle qui choisissent de
façon délibérée de sécher les cours
».
De ce fait, les absences qui varient d'un cycle à un
autre nécessitent que les responsables en charge de la vie scolaire
aient une vision différenciée du phénomène.
L'élève de 6ème ou 5ème qui a
eu de la peine pour être en classe le jeudi matin à 7h00, par
manque d'habitude, ne doit pas être considéré au
méme degré que celui du second cycle qui a volontairement
déserté la classe après la récréation.
L'obligation scolaire de 6 à 16 ans, selon la loi d'orientation de
l'éducation du 30 juillet 2007, concerne plus les élèves
du premier cycle. Partant de là, la quasi-totalité des encadreurs
proposent de trouver une méthode ou un dispositif permettant de
réduire au maximum l'absentéisme des plus jeunes.
2.1.5. Le point de vue des parents
d'élèves
Les parents sont les premiers responsables de
l'éducation de l'enfant. Tous les établissements de notre
échantillon ont le régime d'externat. C'est donc dire
qu'après l'école, les élèves retournent à la
maison pour revenir le lendemain. Alors, ils pourraient avoir des
difficultés qui les empêchent d'arriver à l'heure en
classe. Cependant, des parents trouvent que les élèves qui
s'absentent sont tétus et paresseux. Le répondant Pe.2
relate comment il constate l'absentéisme des élèves :
« Ils quittent la maison pour l'école, mais ils ne
s'y rendent pas. Ils restent en cours de route avec des amis ou alors
retournent se coucher dans leur lit au moment où les parents sont partis
au travail. Lorsque le père les surprend, ils disent qu'ils n'ont pas
cours ou que le professeur n'est pas venu».
De cet avis, se dégage le problème d'absence de
communication entre l'administration scolaire et les parents. En effet, les
parents ne connaissent pas l'emploi du temps de leurs enfants. Alors, le
père ne peut que s'en tenir à ce que l'enfant avance comme
justificatif pour rester à la maison.
Ce thème nous a permis de recenser diverses opinions.
Après avoir analysé les points de vue des censeurs et
surveillants, des professeurs principaux, des élèves, des
personnes ressources et des parents d'élèves sur la situation de
l'absentéisme dans les établissements, il devient opportun de
porter un regard sur les raisons qui sous-tendent ce
phénomène.
2.2. Les facteurs déclencheurs de
l'absentéisme
L'ensemble des participants s'accorde pour dire que
l'absentéisme est un phénomène lié à des
facteurs climatiques, socio-cultuels, économiques, etc. Le personnel
administratif et les professeurs principaux affirment que les absences sont
plus manifestes en période de froid du fait qu'en décembre et
janvier, le soleil se lève tard. Par ailleurs, la quasi-totalité
des interrogés évoquent le problème de santé (les
maladies), les évènements familiaux (décès,
mariages, funérailles) et les cérémonies socioculturelles
telle que la sortie des masques en pays bwaba qui est un rituel dans toutes les
localités de notre champ de recherche. Pendant le FESTIMA8,
plusieurs élèves désertent les classes pour aller regarder
les masques. Les parents et les personnes ressources partagent également
cette opinion, et ajoutent que les difficultés de restauration et la
pauvreté ont un grand impact sur l'assiduité des
élèves. Les élèves, principaux concernés,
soutiennent tous ces arguments et précisent que les conditions de vie
familiale déterminent leur assiduité aux cours.
En dehors de ces points de vue convergents de l'ensemble des
participants, chaque catégorie a une perception particulière des
facteurs déclencheurs de l'absentéisme.
2.2.1. Le point de vue du personnel administratif
S'agissant des facteurs déclencheurs de
l'absentéisme, le personnel administratif interrogé signale deux
faits majeurs : l'absence de clôtures et le manque de personnel
d'encadrement qui est la principale difficulté commune à tous les
établissements de la région. L'institution scolaire qui est un
temple du savoir doit être une entité close où toutes les
entrées et les sorties sont contrôlées. Cet avis est une
réalité que les responsables d'éducation et les
partenaires devraient considérer avec le maximum d'attention.
Au-delà des absences, les établissements sans clôtures sont
en proie à la circulation des personnes et d'animaux qui traversent la
cour, et peuvent occasionner d'autres problèmes.
En outre, les surveillants soulignent l'absentéisme des
professeurs qui pourrait entraîner des absences d'élèves. A
ce sujet, le répondant Sur.2 dit ceci :
8
Festival International des Masques et des Arts/Dédougou
« Au-delà de leurs obligations horaires qui sont
de 18 heures ou 22 heures, les enseignants se surchargent avec la vacation dans
les établissements privés. Face à la cadence des cours
accompagnée d'un grand nombre de copies à corriger, ils
s'absentent des fois dans les établissements publics. Ils n'informent ni
le censeur, ni le surveillant général. Lorsque cela se produit
plus d'une ou deux fois, l'élève se dit que le professeur ne
viendra pas. Il rentre clandestinement à la maison et est absent au
cours suivant. »
Ces propos apportent un éclairage sur le rôle de
l'enseignant dans l'absentéisme des élèves. Lorsque
l'enseignant est en retard ou est absent, s'il ne le signale pas à
l'administration, il donne l'occasion aux élèves d'en profiter
pour sécher les cours. Les surveillants qui l'évoquent, sont bien
conscients que l'insuffisance de personnel d'encadrement ne permet pas
d'assurer à la fois le maintien de l'ordre dans une classe sans
enseignant et le travail au bureau. Compte tenu du fait que
l'absentéisme des enseignants peut affecter l'assiduité des
élèves, il est préférable que les enseignants
essaient de réduire leur taux horaire de la vacation. Ce qui serait
profitable non seulement pour l'institution, mais aussi pour eux-mêmes,
notamment en matière de santé.
Par ailleurs, les censeurs interrogés ont noté
l'accroissement des villes qui éloigne les domiciles de l'école.
En effet, la plupart du temps les établissements sont excentrés
par rapport aux zones d'habitations. Les élèves doivent parcourir
de longues distances pour s'y rendre. De plus, il y a le
phénomène d'instabilité dans les familles,
c'est-à-dire les départs ou les divorces qui créent une
désorganisation temporelle ou continue chez les enfants qui demeurent
préoccupés. Seulement trois surveillants ont évoqué
cette question en précisant que la fracture familiale influence la
fréquentation scolaire. Elle contribue à amener
l'élève à adopter des conduites à risque, dont
l'absentéisme.
Quelques participants signalent l'amplification d'un
phénomène lié à l'absentéisme des
lycéennes ou collégiennes, celui des filles-mères qui sont
contraintes de s'absenter quand leur enfant est malade ou de sécher les
cours après la recréation pour aller allaiter leur
bébé.
Enfin, une grande partie des participants soulignent que la
surcharge de l'emploi du temps et le changement de cycle influencent
l'assiduité au cours. L'absentéisme est provoqué par un
climat scolaire peu propice à la motivation des élèves ;
l'orientation scolaire inappropriée et les relations
enseignants/élèves difficiles sont autant de motifs du
phénomène. Il s'avère alors nécessaire de
connaître l'opinion propre des enseignants sur les raisons qui poussent
les lycéens et les collégiens à s'absenter des cours.
2.2.2. Le point de vue des professeurs principaux
S'exprimant sur les facteurs déclencheurs de
l'absentéisme, les professeurs principaux interrogés estiment que
certaines leçons devraient être retirées pour permettre une
fluidité des
enseignements. Avec les larges effectifs, les cours
dispensés dans la soirée sont pénibles aussi bien pour les
enseignants que pour les apprenants. Les professeurs principaux ajoutent qu'ils
ne sont pas suffisamment motivés. Les conditions de travail et l'image
sociale du métier d'enseignant constituent des facteurs qui
démotivent le professeur. Or, le dévouement et la bonne humeur de
l'enseignant sont des éléments essentiels qui donnent l'envie
à l'élève de rester en classe. Selon Pp.5 :
« Un enseignant démotivé ne peut pas donner
le meilleur de lui même, et la communication pédagogique
comportera certainement des défaillances qui démotiveront
l'apprenant. De plus, l'enseignant ne constitue plus de nos jours un groupe de
référence pour les élèves. Peu
d'élèves s'identifient à leur enseignant avec le souci de
suivre toutes ses prestations.»
De ces propos, nous retenons que les conditions de vie et de
travail dérisoires, tout en démotivant les enseignants, affectent
également la motivation de l'élève à aller suivre
les cours. L'image sociale peu reluisante de l'enseignant ne favorise pas un
attachement de l'élève à son professeur dans le souci de
lui ressembler. C'est ainsi que les élèves
préfèrent le groupe des pairs avec tout le risque de
développer des comportements de travers.
L'un des professeurs principaux affirme qu'il existe une forte
corrélation entre absentéisme, délinquance,
déviance : les absentéistes sont souvent fugueurs, certains sont
violents. Pendant les mouvements de grèves d'élèves, les
absentéistes sont les plus agités et quelques uns cherchent
à se venger des enseignants. Dans ce sens, il faut signaler que les
absentéistes sont toujours présents les jours de mouvements et
sont parmi les premiers à organiser la violence. La plupart des
enseignants affirment que les élèves absentéistes sont
très audacieux et considèrent les surveillants et les professeurs
comme leurs adversaires. De plus, lorsqu'un élève fume ou
consomme de l'alcool ou autres stupéfiants, il n'est pas loin d'adopter
un comportement anti-scolaire, tel que s'absenter des cours. Certainement,
l'opinion des professeurs principaux diffère de celle des
élèves.
2.2.3. Le point de vue des élèves
D'une manière générale, les raisons qui
poussent les élèves à ne pas être en classe, en
dehors des problèmes de santé et des évènements
familiaux, sont le dégoût des cours, les cours non animés,
la cadence des devoirs, la paresse, etc. Plusieurs élèves ont
évoqué l'absence d'une bonne interaction entre enseignant et
élèves pendant la pratique de la classe. De ce fait, il ressort
que l'empathie, la compréhension, l'attention de l'enseignant envers les
apprenants constituent une condition préalable pour transmettre le
savoir. L'empathie et la bonne attitude de l'enseignant permettent de stimuler
les élèves à être assidus aux cours. C'est aussi le
point
de vue de ASPY et ROEBUCK (1990), dans « On n'apprend
pas d'un prof qu'on n'aime pas ". L'enseignant qui sait se montrer gentil
et compréhensif (sans perdre de vue le cours), joue sur le taux
d'absentéisme des élèves qui se réduit. Dans ce
sens, quelques élèves interrogés affirment qu'aucun de
leur classe ne souhaite rater l'heure de Monsieur X qui dispense des cours
intéressants et captivants dont tous les élèves ont de
l'intérêt à venir suivre. De même, plus de la
moitié des participants affirment que non seulement les enseignants font
beaucoup de digressions par rapport au contenu du cours, mais aussi ils
tiennent des propos qui frustrent les élèves. El.3 le
confirme en ces termes :
« Certains professeurs passent le temps à se
vanter et à raconter leur vie privée. Lorsqu'ils ouvrent
une parenthèse ils oublient qu'il faut la fermer sitôt et
continuer le cours. En plus, ils nous insultent et parlent sans pudeur
"
Ce genre de comportement provoque chez les
élèves le désintérêt du cours. Aussi, si les
élèves n'aiment pas certains cours de même que l'enseignant
qui l'assure, cela est tributaire de la manière dont le professeur
dispense son cours : il s'agit ici de la maîtrise du contenu du cours et
de l'art de transmettre le savoir. Par exemple, la diction du cours est non
seulement rapide, mais aussi le cours manque d'explication et d'exemples
concrets. Par conséquent, les élèves ont des mauvaises
notes à l'évaluation. Ces insuffisances font que certains
enseignants enregistrent plus d'absences que leurs collègues.
L'ennui, comme le rappelle VITALI (2000), est souvent
évoqué par les élèves : qu'il s'agisse d'expliquer
leur comportement indiscipliné, leur rébellion contre le
système scolaire, ou leurs absences. En effet, l'ennui favorise la
réticence à se soumettre à la discipline de
l'école. La majorité des élèves absentéistes
affirment sécher les cours de temps en temps sans être
convoqués systémiquement à la surveillance. Ce qui montre
bien que le système est loin d'être infaillible. La plupart du
temps, les parents ne sont pas au courant des absences de leurs enfants, car
ils ne reçoivent pas d'informations à ce propos. Même quand
il s'agit de venir justifier, les raisons avancées par les
élèves ne sont pas vraies.
Généralement, le manque d'intérêt
au cours revient le plus souvent comme motifs d'absence des
élèves. Des propos tels que, « aller en cours pour ne
rien faire. Je pense que j'ai vraiment mieux à faire " (El.4),
confirment que les élèves ne trouvent pas de sens à
l'école. Certains sont plus précis dans leur critique et ciblent
une matière, un enseignant ou encore un surveillant: El.8 :« Le
surveillant du 1er cycle est très méchant "
El.13 :« Le prof de Maths est vraiment trop nul, en plus
il ne nous laisse pas faire autres choses "
El.14 : « Moi je ne m'absente qu'aux cours
inintéressants, qui ne sont pas primordiaux, comme EPS ». Le
cas de ce dernier rejoint l'absentéisme choisi. L'élève
peut s'absenter pour s'occuper dans une autre discipline. C'est pourquoi, il
est opportun de noter que derrière ces absences se dessine souvent une
véritable stratégie de l'élève qui souhaite avant
tout la rentabilité : il cherche à préparer une
évaluation programmée ou à se rattraper dans une
matière à coefficient élevé.
El.8 : « je voulais `'m'avancer» dans mon
cours de PC. »
El.13 : « j'avais un cours particulier.»
El.14 : « j'avais trop de cours à réviser,
car on a devoir jeudi soir et samedi matin ».
Il ressort que le problème de la hiérarchisation
des coefficients des disciplines enseignées peut être source
d'absentéisme : l'élève privilégie une
matière au détriment d'une autre au regard de son fort
coefficient. De plus, ces remarques mettent l'accent sur le problème
d'organisation de la vie scolaire. Effectivement, il n'est pas souhaitable
qu'une classe ait deux à trois devoirs dans la semaine. De même,
un emploi du temps mal équilibré conduit souvent les
élèves à `'boycotter» le dernier cours, méme
s'il est important. De manière générale, les emplois du
temps dans nos lycées et collèges privilégient le
professeur et non l'élève, l'aspect apprentissage du temps de
travail scolaire n'étant pas assez pris en compte.
Par ailleurs, Il faut distinguer les problèmes
liés à l'histoire personnelle des élèves et les
problèmes engendrés par une scolarité que beaucoup jugent
facteur d'angoisse, de stress, voir de dépression. Ainsi, HUERRE et
LEROY (2006) explique que l'absentéisme est un phénomène
de société qui suscite des inquiétudes et apparaît
comme une transgression normale, comme le symptôme d'une pathologie. Il
existe dans nos sociétés ou dans certaines familles
d'énormes difficultés qui entravent l'apprentissage scolaire des
enfants. Cela va de l'éclatement ou de l'inexistence de la cellule
familiale à l'irresponsabilité des parents. Les
élèves absentéistes interrogés se sont bien
exprimés sur la question en apportant plus de détails. Le
répondant El.15 traverse une crise identitaire et souffre de
manque d'affection parentale :
« Mes parents ne sont pas au courant de mes absences. Mon
tuteur ne connaît pas l'emploi de temps. Comme je suis en 2nd,
il pense que je n'ai pas cours. Il semble que mon père est
décédé, je ne l'ai pas vu. Ma mère seule m'a
élevé. Dans ma vie, je ne connais personne d'autre en dehors de
ma mère. Je ne connais point mes oncles paternels, je ne sais pas
où ils se trouvent. J'ai demandé à connaître les
frères ou la famille de mon père, personne ne me les a
indiqués. Ma mère m'a confié à un ami simple
qu'elle a rencontré lors d'un voyage en Côte d'Ivoire.
Aujourd'hui, elle est mariée à BOBO, mais son époux ne
m'aime pas ; il me déteste et fait la différence entre les
enfants. Je ne vois aucune direction à ma vie. Je me demande chaque fois
: qui suis-je ? Que vais-je devenir demain ? Aller à l'école, ce
n'est que retrouver des amis ».
Cet élève en difficulté donne des raisons
qui le tourmentent et porte un coup à son assiduité. Il a besoin
de connaitre ses parents pour avoir un sens à sa vie et à
l'école. Lorsque aller à l'école ne correspond qu'à
la simple retrouvaille d'amis, l'assiduité aux cours n'est point
une préoccupation. Tous les enfants ont besoin de
connaître leurs parents, même si les géniteurs sont
décédés. C'est en se sentant aimé et membre d'une
famille connue qu'il peut développer un sentiment d'appartenance, de
l'estime de soi, et de l'autoréalisation. Il appartient à
l'administration scolaire d'apporter un soutien moral à de pareils
élèves qui ne trouvent aucun sens à la vie ni à
l'école.
Lorsque l'enfant a une famille bien identifiée, il a
besoin d'être aimé et de voir les promesses se réaliser.
L'irresponsabilité de certains parents les conduit à ne pas tenir
leurs promesses. S'il est nécessaire de galvaniser les enfants en leur
promettant des cadeaux de réussite, il est aussi impératif de les
honorer afin qu'ils ne soient pas déçus au point de ne trouver
aucun sens à l'école. Le répondant El.16 exprime
ce qui le démotive et le rend absentéiste aux cours :
« Mes parents ont divorcé mais mon père est
au courant de mes absences, puisqu`il me voit à la maison. Je peux
être assidue en classe à condition que mon père
m'achète un nouveau vélo. Il m'a promis au CM2 que si j'obtiens
mon CEP, qu'il m'achèterait un vélo. Il ne l'a pas fait. J'ai
continué à marcher. Arrivée en quatrième il a pris
le vieux vélo de mon grand frère me remettre, et ce, parce qu'il
partait à l'université. En troisième il m'a promis que si
je suis admise au BEPC, il m'achètera un nouveau vélo. Je me suis
battue pour avoir le BEPC au premier tour et l'entrée en seconde. Je
croyais qu'il allait être heureux et tenir sa promesse, mais rien.
Pourtant il construit une maison en étage qu'il couvre avec des carreaux
et met du pavé dans la cour. »
Il ressort de tels propos que certains parents n'encouragent
pas leurs enfants dans une perspective de bonne fréquentation et de
réussite scolaire. Non seulement ils ne tiennent pas leurs promesses,
mais aussi, ils ne cherchent jamais à voir les bulletins des enfants.
Lorsque la famille est démunie, il est très aisé de
comprendre en partie le père qui n'arrive pas à honorer ses
promesses. L'achat du moyen de déplacement procure d'une part la
satisfaction morale à l'enfant, et d'autre part lui permet d'être
ponctuel à l'école. En fait, il faut reconnaître que le
divorce ou la séparation des parents affecte indéniablement les
enfants.
En plus des raisons ci-dessus évoquées, certains
élèves relèvent les difficultés de restauration qui
tourmentent la plupart d'entre eux. L'élève est motivé
à venir à l'école, s'il est convaincu qu'il aura à
manger à midi. Ce n'est pourtant pas le cas chez plusieurs
élèves. Le répondant El.17 dit : «
lorsque mes vivres finissent, je ne peux pas venir à l'école. Je
retourne au village ou je vais travailler sur des chantiers. Il y a aussi le
problème de frais de scolarité. Mon père a plusieurs
femmes, et les autres frères ne veulent pas qu'il investisse de mon
côté ».
Aujourd'hui, force est de constater que certains
élèves venant des villages se regroupent pour habiter ensemble.
N'ayant pas eu de tuteur pour eux, leurs parents ont été
obligés de louer des maisons et ces enfants deviennent du coup leur
propre chef de ménage. Ces élèves qui sont à leur
propre charge, n'ont parfois pas à manger. Par conséquent, ils
vont faire de petits boulots pour survivre ou bien ils retournent au village
pour chercher de l'aide. Enfin, il y a des élèves
qui évoquent des difficultés d'apprentissage dans
certaines matières qu'ils n'aiment pas. Cela a aussi un lien avec les
absences.
L'entretien avec les élèves absentéistes
nous a permis d'avoir des réponses approfondies sur les raisons de
l'absentéisme. Cependant, il est nécessaire aussi de
connaître l'opinion des chefs d'établissements, des encadreurs
pédagogiques et responsables d'éducation.
2.2.4. Point de vue des personnes ressources
Une minorité des personnes ressources a signifié
que certains élèves confiés à des tuteurs ou
tutrices rencontrent d'énormes difficultés. Des tuteurs obligent
les élèves confiés à réaliser certaines
tâches avant d'aller à l'école. Cela est beaucoup plus
accentué chez les filles qui doivent faire des travaux domestiques.
Selon le répondant Pr.3 « ces filles doivent se lever
tôt chaque jour pour faire le ménage. S'il arrive qu'elles se
lèvent tard, elles viendront en retard ». Disons que les
absences dues aux travaux domestiques chez les logeurs sont réelles,
mais généralement les élèves concernés
pensent être les coupables pour n'avoir pas pris les précautions
de finir à temps. Or, le fait de confier les enfants apparaît
comme un facteur de mise et de maintien à l'école. Pratique
très ancienne et bien ancrée dans les traditions des
sociétés africaines, confier un enfant s'inscrit dans le
système de solidarité africaine comme moyen de renforcement des
liens familiaux. Pendant longtemps, cela a permis à de nombreuses
générations de pouvoir poursuivre leur scolarité, dans un
contexte où les institutions scolaires, surtout celles du secondaire ne
sont pas dans toutes les contrées. Cependant, avec les changements
socio-économiques, l'envoi des enfants dans des ménages urbains
conduit, dans certains cas, à l'exploitation de la main d'oeuvre
enfantine. De nombreux élèves en situation de tutorat (en
particulier les filles) se retrouvent transformés en domestiques,
hypothéquant du même coup leur réussite scolaire. D'autres
problèmes comme l'esclavage sexuel constituent des
réalités plus graves.
En dehors des corvées imposées par les tuteurs,
l'ensemble des participants s'accorde pour dire que les parents sont
démissionnaires. Selon Pr.8 « Ils élèvent leurs
enfants, mais ils ne les éduquent pas. Ils offrent trop de loisirs aux
enfants et ne se préoccupent pas de leur assiduité aux cours.
»
A quoi peut-on s'attendre lorsque la démission
parentale continue à prendre de l'ampleur ? Nous constatons que certains
parents ne s'intéressent pas à l'éducation de leurs
enfants et cela se traduit par le manque de suivi scolaire. Ils cherchent de
plus en plus à se faire remplacer par les aide-ménagères
ou encore les technologies de l'information et de la
communication ; lesquelles sont bel et bien impliquées
dans l'ancrage de la mauvaise conduite chez les enfants. D'ailleurs, le
désistement des parents est derrière plusieurs problèmes
qui compliquent la situation. Les enfants se croient plus connaisseurs que
leurs parents et ne veulent plus les écouter. Assurément, pour
que l'école puisse traiter correctement l'absentéisme, il faut
d'abord redéfinir l'autorité au sein de la famille et lui
permettre de retrouver son équilibre.
Par ailleurs, la crise d'adolescence est évoquée
par un des participants. La plupart des élèves traversent cette
période avec des difficultés. Les garçons adoptent une
attitude d'opposition aux adultes (les parents, les enseignants et les
surveillants) qu'ils jugent trop exigeants et vouloir étouffer leur
liberté. Quant aux filles, certaines deviennent plus audacieuses et
désertent souvent la cour familiale pour rejoindre leur petit ami ou
copain. Dans ces cas, elles peuvent passer une journée entière
sans aller à l'école.
Enfin, un répondant accuse l'état de droit ou la
trop grande démocratie et liberté que les textes accordent aux
droits des enfants, avec son corollaire de baisse de l'autorité
administrative. Il affirme que : « les textes juridiques des droits
des enfants accordent une très grande liberté et de
démocratie à ceux-ci »(Pr.5). Get avis soulève
la question de liberté que les élèves ont mal comprise.
Ils pensent qu'ils ne doivent rendre compte à personne. Ils oublient le
règlement intérieur qui régit l'institution.
Les personnes ressources ont donné leur opinion sur les
facteurs en désignant le rôle coupable des tuteurs, la
démission des parents et les textes de droit de l'enfant. Pour leur
part, les parents qui sont les premiers responsables de l'enfant ont des avis
différents.
2.2.5. Le point de vue des parents
d'élèves
Les données collectées auprès des parents
dégagent des facteurs qui mettent en cause les élèves.
Selon Pe.1 : « Les enfants aiment les loisirs et se couchent tard. Ils
s'engagent dans de mauvaises compagnies. ». Partant de ce propos, il
ressort que les élèves aiment les feuilletons télé
et les sorties. Ils ne se soucient pas de l'école du lendemain. C'est
pareil lorsqu'un élève est entouré de camarades de
quartier qui ne sont pas des scolaires, il est tenté par l'école
buissonnière.
En outre, certains parents ont noté que l'institution
scolaire occasionne souvent les absences. En effet, le mode de recouvrement des
frais de scolarité qui consiste à renvoyer les
élèves qui ne sont pas à jour, contribue à
favoriser l'absentéisme. Ils rentrent chez eux et restent jusqu'à
ce que leurs parents trouvent les frais. De retour, ils constatent qu'ils ont
raté beaucoup de cours et même des devoirs qui ne seront pas
repris pour eux. De plus, deux parents
interrogés ont souligné les multiples
revendications du corps professoral. Ces revendications se soldent par des
grèves des syndicats enseignants qui paralysent les
établissements, et qui offrent l'occasion aux élèves de
s'absenter de façon hasardeuse.
2.3. La gestion de l'absentéisme et ses
conséquences
Tous les participants sont unanimes que la gestion de
l'absentéisme dans les lycées et collèges est
centrée sur les sanctions. Cependant, le mode de punition et le
degré des sanctions diffèrent.
2.3.1. Le point de vue du personnel administratif
(surveillants et censeurs)
En ce qui concerne la gestion de l'absentéisme,
c'est-à-dire de l'absence établie jusqu'à la sanction,
l'élève est au centre. Il lui revient d'apporter une
justification valable. Ainsi, presque tous les participants affirment que les
absences non justifiées sont sanctionnées par des retraits de
points. Le quota de ces retraits varie d'un établissement à un
autre, selon le règlement intérieur local. Les différents
règlements intérieurs consultés font ressortir 0,15 ; 0,5
et 1 point par heure d'absence sur le total des points.
Cependant les absences exagérées (plus de 10
heures d'absences) sont portées à la connaissance des parents qui
sont convoqués pour un entretien. Généralement, ils
réagissent bien et certains parents encouragent le personnel
d'encadrement.
Quant à l'unique surveillant du privé qui ne
rejoint pas les autres, il affirme que la gestion des absences ne comporte pas
de retraits de points. Dans cet établissement privé, il est
institué un carnet de correspondance que chaque élève
tient au quotidien et qui constitue la courroie de transmission entre les
parents et le personnel d'encadrement. Ce carnet contient le règlement
intérieur de l'établissement et l'emploi du temps de la classe.
Au besoin, les parents sont tenus de certifier les motifs de l'absence de
l'élève avant qu'il ait accès à la classe. Les cas
extrêmes sont soumis à des travaux d'intérêt
communautaire le week-end. L'ensemble des participants affirme que le mode de
traitement est communiqué aux élèves en début
d'année par le biais du règlement intérieur qui est lu,
commenté et affiché dans chaque classe par les surveillants et
les professeurs principaux. A cela, il faut ajouter les rappels occasionnels
lors des passages du personnel d'encadrement dans les classes pour des
informations relatives à la discipline.
Abordant les conséquences, le personnel administratif
dit qu'une soustraction de points n'améliore guère le rendement.
Elle donne toujours un résultat en baisse avec le risque de
redoublement, de renvoi ou d'abandon. La dégradation des
rapports de travail est l'une des conséquences de ce mode de traitement.
A cet effet, Sur.4 dit que :
« Pour un retrait de point, le surveillant devient la
hantise des élèves. Les multiples surnoms à l'endroit des
surveillants prennent leur source dans de pareilles sanctions qui n'arrangent
pas les apprenants ». Cela traduit toute l'adversité entre
élèves et surveillants que les retraits de points occasionnent.
Sur.6 ajoute : « Les élèves diabolisent le
personnel d'encadrement et les enseignants. Les retraits les amènent
à trouver de fausses justifications, et ce, avec la complicité de
certains agents de santé. ».
Ces propos dégagent la complexité des
conséquences du traitement de l'absentéisme. La
dépravation des valeurs s'accentue car, les élèves
apprennent à tricher et à corrompre les agents de santé
pour obtenir le justificatif. Aussi, les élèves concernés
risquent d'être exclus. La dégradation des rapports entre
enseignant/élèves, enseignant/personnel d'encadrement,
surveillant/élèves ou parents vient alourdir les
conséquences.
S'agissant du traitement qui ne comporte pas de retraits de
points, plutôt une communication permanente avec les parents et les
travaux d'intérêt commun, les conséquences ne sont pas
fâcheuses. Sur.10 dit ceci : « Notre mode de gestion a
l'avantage d'embellir la cour de l'établissement par l'arrosage des
fleurs et le nettoyage des locaux. La correspondance avec les parents instaure
un climat de confiance entre nous. ». En effet, le carnet permet un
suivi de l'élève. Lorsqu'il s'absente, cela est signifié
à ses parents par le biais du carnet. Les parents doivent venir
justifier l'absence ou joindre des pièces justificatives au carnet avant
qu'il n'ait accès à la classe.
2.3.2. Le point de vue des professeurs principaux
La majorité des professeurs principaux soutiennent que
la gestion de l'absentéisme est essentiellement les sanctions,
c'est-à-dire les retraits de points. Partant de là, des
enseignants ont outrepassé le règlement intérieur de
l'institution, en créant leur propre mode de gestion du
phénomène. La réponse suivante de Pp.4 donne des
précisions :
« En ce qui nous concerne personnellement,
l'élève est expulsé, s'il ne présente pas une
justification valable de l'absence précédente. A
l'évaluation, les questions relatives au cours séché ne
sont pas prises en compte dans la correction. En série A comme en
série D, l'élève écope de la note zéro au
devoir prochain. Notre mode de gestion personnelle est efficace. Etant
donné qu'il est question de note (talon d'Achille des
élèves), ils font l'effort d'être en classe avant le
professeur. Et s'ils sont en retard ou absents, ils viennent avec des billets
d'entrée ou de justification certifiés ».
Des sanctions extrêmes et personnelles comme
celles-là ont des conséquences lourdes. En effet, la note
zéro réservée pour le devoir prochain pourrait amener
l'élève à ne plus se présenter aux cours, si
toutefois, il ne reste que cette seule évaluation. En plus, il n'a
aucune autre chance de se rattraper et ce qui pourrait lui être
préjudiciable pour son cursus scolaire.
2.3.3. Le point de vue des élèves
Hormis les élèves de l'établissement
où l'on n'effectue pas de rétention des points, tous les autres
élèves ont affirmé sans hésitation que le mode de
gestion des absences est le retrait des points. En témoignent ces propos
:
El.9 : « Au premier trimestre j'ai eu -5 points
"
Et.16 : « Je m'absente deux à trois fois dans la
semaine, le professeur principal m'a dit que j'ai -17 points "
Les quelques élèves qui affirment ne pas
connaître les retraits de points corroborent la déclaration de
leur surveillant. Chacun a son carnet de correspondance qu'il faut
présenter au surveillant afin d'avoir accès à la classe.
Il faut noter que ce mode de traitement comporte des exigences. Il faut non
seulement un effectif réduit, mais aussi assez de surveillants pour
mieux entretenir la correspondance. S'agissant des conséquences du
traitement actuel de l'absentéisme, les élèves disent que
la plupart des exclusions ou des redoublements sont causées par les
retraits de points. Selon eux, quel que soit le nombre de points retenus, il a
un impact considérable sur le travail scolaire.
En outre, ils signalent que l'attitude des professeurs
vis-à-vis d'eux n'est pas de nature à favoriser une bonne
fréquentation scolaire. Lorsqu'ils s'absentent, les professeurs les
frustrent et les honnissent devant leurs camarades. Certains les expulsent pour
le cours prochain et font en plus un retrait de points. Alors, la peur
d'être honnis devant leurs pairs conduit les élèves
à rester à la maison. Une attitude qui ne peut qu'empirer leur
situation, car les surveillants feront aussi des retraits de points. La
participante El.16 s'exprime ainsi : « il y a trop de
retraits de points. Ces retraits ne peuvent pas m'amener à aimer le
cours d'anglais, ni à le suivre. Le professeur fait les devoirs et ne
remet les copies que le jour de calcul des moyennes. "
Il ressort de ces propos que les retraits de points, en
même temps qu'ils pénalisent l'élève, ne parviennent
pas à le dissuader à s'absenter.
2.3.4. Le point de vue des personnes ressources
La quasi-totalité des chefs d'établissements et
les encadreurs pédagogiques expliquent que la gestion actuelle de
l'absentéisme est opérée par les surveillants
conformément au règlement intérieur de
l'établissement. Pour ce faire, les retraits de points constituent la
stratégie de traitement actuel. L'un d'entre eux contredit l'avis de son
surveillant en soutenant que les retraits de points ne sont pas d'abord
à l'ordre du jour dans son établissement. Cette contradiction
interne témoigne, soit d'un manque de partage des décisions
appliquées au sein de l'établissement, soit de la volonté
manifeste du chef d'établissement à nous dissimiler la
stratégie de traitement des absences. Ce qui est certain,
les autres acteurs de l'établissement affirment que les absences sont
gérées par des retraits de points.
Dans notre pays, l'obligation scolaire va de 06 à 16
ans. L'administration scolaire est souvent embarrassée lorsque
l'exclusion d'un élève de moins de 16 ans est consécutive
à un retrait de points. La gratuité et le passage automatique ne
sont pas effectifs et appliqués dans tous les établissements.
Les personnes ressources ne se sont pas étalées
sur ce thème, car ils estiment ne pas être trop impliqués
dans la gestion des absences. C'est ce qui pourrait expliquer certaines
contradictions. Les surveillants leur rendent compte ; autrement, ils doivent
l'exiger. Cela fait partie de leur travail de superviseurs et
d'éducateurs.
2.3.5. Le point de vue des parents
d'élèves
Auprès des parents d'élèves, nous avons
cherché à vérifier s'ils étaient informés ou
non de la manière dont les absences sont gérées dans les
établissements et comment ils peuvent participer à la
réduction du phénomène.
En dehors de quelques parents instruits qui
s'intéressent à la vie de l'institution scolaire, nombreux sont
ceux qui affirment ignorer le mode de traitement de l'absentéisme. Sur
dix (10) parents consultés, sept (07) n'ont aucune information sur la
gestion de l'absentéisme, et trois (03) affirment être
informés. Le nombre réduit des parents informés du mode de
gestion témoigne d'un manque de suivi des enfants et d'un manque de
mécanisme d'information efficace et préventif entre
l'établissement scolaire et les parents. Ce propos Pe.1 dit :
« Nous sommes informés quelques fois et surtout quand on va
chercher les bulletins de nos enfants. »
C'est dire donc que la plupart des parents ne se rendent
compte que leurs enfants ont séché des cours qu'en fin de
trimestre ou de semestre, après la sanction. Quelques parents affirment
avoir reçu une convocation de la surveillance. Lorsqu'ils se sont
présentés, le surveillant général s'est plaint de
les avoir convoqués plusieurs fois pour leur signifier
l'irrégularité de leur enfant. Pourtant, ils n'ont jamais
reçu ces convocations. Les quelques parents informés sont
étonnés et mécontents de la conduite de leurs enfants
qu'ils jugent inconscients et paresseux.
2.4. L'appréciation de la gestion actuelle et les
perspectives
La gestion actuelle de l'absentéisme est diversement
appréciée. Quant à la nouvelle stratégie de
traitement des absences, les apports sont également
différents.
2.4.1. Le point de vue des surveillants et censeurs
Les points de vue convergents sur l'inefficacité de la
gestion actuelle sont nombreux. En effet, le constat est amer en ce qui
concerne l'effet positif des retraits de points. Les élèves
continuent de s'absenter. C'est pourquoi la majorité des censeurs et
surveillants s'accordent en disant que la gestion actuelle de
l'absentéisme est inefficace. Sur.7 affirme : «les
retraits de points ne sont pas une meilleure solution, surtout pour des
absences dues aux conditions socioéconomiques précaires des
parents ou tuteurs qui obligent les enfants à faire des travaux. Il y a
des lycéens qui abandonnent la classe pour aller travailler à la
SOFITEX afin d'assurer les frais de scolarité »
Tableau 09 : Appréciation du mode de
traitement
Etablissements
|
Nb participants
|
Efficace
|
+ou- efficace
|
Inefficace
|
LMD
|
02
|
00
|
00
|
02
|
LPN
|
02
|
01
|
00
|
01
|
LDB
|
01
|
00
|
00
|
01
|
LPB
|
02
|
00
|
01
|
01
|
CSPE
|
02
|
00
|
01
|
01
|
CPH
|
02
|
00
|
00
|
01
|
TOTAL
|
11
|
01
|
02
|
08
|
%
|
|
09.09%
|
18.18%
|
72.72%
|
A la lumière de ce tableau, 72.72% du personnel
administratif estiment que le mode actuel de traitement est inefficace contre
09.09% qui affirment le contraire. Pour les 18.18%, les retraits de points
n'améliorent que les élèves dont les parents suivent le
travail scolaire.
S'agissant d'une nouvelle stratégie de traitement de
l'absentéisme, certains participants n'ont pas pu proposer autre chose.
D'autres cependant, exigent le suivi régulier des élèves
de la part des parents et quelques uns suggèrent la mise à
disposition de tous les élèves en début de trimestre de
points d'assiduité, soit dix (10) points pour chacun. En ce moment,
l'élève qui s'absente se verra retrancher des points dans cette
note d'assiduité. Celui qui sera assidu au cours garde la
totalité de ses points en plus des points de travail. Ce
mécanisme de gestion a l'avantage de ne rien retrancher dans le peu que
les absentéistes auraient engrangé, et de réduire les
conflits de relations entre élèves et surveillants.
2.4.2. Le point de vue des professeurs principaux
Les professeurs principaux ont des appréciations
partagées de la gestion actuelle de l'absentéisme. Il n'est pas
question de se limiter aux travaux d'intérêt communautaire, il
faut maintenir et continuer les retraits de points, tel est l'avis de la
plupart des professeurs. Certes, le mode de traitement est inefficace,
cependant il faut renforcer les punitions.
Une faible proportion des enseignants (02 professeurs sur les
10 interrogés) pense que le mode de traitement n'améliore pas le
comportement et le travail scolaire. A cet effet, le répondant
Pp.2 nous dit ceci : « les retraits de points constituent une
sanction qui n'a pas de portée pédagogique. L'élève
puni de cette manière ne bénéficie de rien implicitement.
D'ailleurs cela ne peut que réduire son rendement scolaire et salir son
bulletin ou son livret scolaire ».
Ces propos traduisent l'avis des participants qui pensent que
le traitement actuel de l'absentéisme n'a pas d'influence positive sur
l'apprentissage. Il influence très peu le comportement des
élèves absentéistes. Au contraire, certains
élèves cherchent à s'illustrer davantage dans cette
conduite à risque.
En perspectives, la majorité des enseignants qui
prônent les punitions, propose des sanctions strictes au delà des
retraits de points. Par exemple, ils proposent d'ajouter l'exclusion au devoir
prochain. Quant aux autres qui désapprouvent les retraits de points, ils
demandent de motiver les élèves, d'impliquer les parents en
mettant en place un carnet de suivi pour chaque élève. Ce carnet
doit être visé par les surveillants chaque fois que
l'élève est présent à l'école. Ce dernier
devra faire constater sa présence à ses parents. Lorsqu'il doit
s'absenter, le parent consigne le motif dans le carnet. Si, malgré tout
ce mécanisme, l'élève s'absente sans que le surveillant,
ni les parents ne soient au courant, l'accès à la classe lui est
refusé tout une journée. Le lendemain il devra se
présenter en compagnie de son parent pour un entretien avant
d'accéder à la classe.
2.4.3. Le point de vue des élèves
Au vu de toutes les difficultés relatives à leur
absence de la classe, les absentéistes désapprouvent les retraits
de points. Ce mode de traitement, au lieu de les conduire vers
l'assiduité, les exclut au contraire de l'école.
Quant aux élèves non absentéistes, leur
appréciation de la gestion actuelle de l'absentéisme est
divergente. La majorité d'entre eux rejette les retraits de points. A
leurs avis, ce mécanisme de gestion est inefficace et il faut le retirer
du règlement intérieur. En effet, vers la fin d'année, les
élèves qui ont accumulé plus d'absences
préfèrent sécher les cours. Quand ils
viennent en classe, leur objectif est de perturber et
d'entrainer des camarades à suivre leur conduite. Pour les participants,
ces élèves ont besoin d'une autre approche qui pourra les
convaincre à être assidus aux cours. Ils sont convaincus que
l'année suivante, au regard de leur mauvais résultat, ils
changeront d'établissement. Or, dans certains privés, ce n'est
point la moyenne ou la bonne conduite qui compte, plutôt la
clientèle.
Une minorité des élèves
interrogés, soit 26.68% estime que les retraits ont des effets
escomptés. Ils permettent d'intimider certains de leurs camarades afin
qu'ils soient réguliers aux cours. Car les parents instruits cherchent
à comprendre lorsqu'ils constatent une rétention de points sur le
bulletin.
En ce qui concerne les propositions dans le sens d'une
nouvelle manière de gérer le phénomène, les
élèves suggèrent que l'administration trouve une autre
stratégie de traitement en dehors des retraits de points. Dans ce sens,
ils demandent au personnel administratif de privilégier l'écoute,
c'est à dire un entretien particulier avec les absentéistes. Ils
estiment que l'institution scolaire pourrait les aider en leur rendant visite
dans les familles suite à des absences consécutives.
2.4.4. Le point de vue des personnes ressources
S'agissant de l'appréciation apportée au sujet
de la gestion actuelle de l'absentéisme, l'ensemble des participants
affirme que les sanctions appliquées sont conformes aux
règlements intérieurs. Le mode de traitement qui est bien
communiqué aux élèves devrait leur permettre de prendre
les précautions pour être en classe. Concernant
l'efficacité de la gestion, les avis divergent. Les personnes ressources
de la DR estiment que le mode de gestion n'est pas efficace. Quant aux chefs
d'établissements, certains pensent qu'il permet de dissuader les
absentéistes.
Tableau 10 : Efficacité de la gestion
actuelle
Participants
|
Efficacité
|
Total
|
Réponses
|
Oui
|
Non
|
|
Chef d'établissements
|
02
|
04
|
06
|
Personnes ressources/DR
|
00
|
03
|
03
|
TOTAL
|
02
|
07
|
09
|
%
|
22.30%
|
77.77%
|
100%
|
Ce tableau nous indique qu'une majorité
écrasante des personnes ressources trouvent que la gestion actuelle de
l'absentéisme est inefficace. Selon Pr.1 « elle n'est
pas efficace, car on ne prend pas en compte les causes de l'absentéisme
; ce qui pourrait permettre de mieux combattre le
phénomène». Pour cela, les personnes ressources
proposent de prendre en compte les motifs des absences, tout en donnant
l'occasion aux intéressés de s'exprimer. Dans notre
système actuel de gestion, une absence n'est justifiable que lorsqu'elle
émane d'un problème de santé certifié par un agent
de santé. Pourtant des raisons plus pertinentes peuvent empêcher
un élève de se rendre à l'école. Partant de ce
fait, il est préférable de considérer les motifs, car il
existe des facteurs spécifiques à chaque individu. De plus, une
partie des chefs d'établissements demande d'instaurer un système
d'information basée sur la communication téléphonique.
Pr.3 : « Il faut donner des unités de recharge
téléphonique aux surveillants qui vont informer le parent de
chaque élève absent en fin de journée. ». Gette
forme de gestion apparaît d'emblée intéressante, mais elle
implique des efforts financiers. Alors, les participants proposent que la
trésorerie de l'Association des Parents d'Elèves (APE) s'engage
à prendre ce volet en charge.
2.4.5. Le point de vue des parents
d'élèves
Les parents ont également une appréciation
négative des retraits de points. Ils auraient souhaité la
création d'un cadre de concertation afin de trouver de façon
collégiale un système d'information permettant un suivi
régulier des enfants. En plus, ils proposent le renforcement positif
pour les élèves exemplaires en lieu et place des retraits de
points. Pe .10 dit : « il faut laisser les
absentéistes et encourager les autres qui sont réguliers ».
Get avis met sur la balance les effets des renforcements et la punition.
En effet, tout comportement qui a été renforcé est plus
susceptible de se reproduire dans des situations identiques ou semblables.
Quand un comportement précis comme l'assiduité aux cours est
suivi de conditions agréables telles que les éloges, les bons
points ou de l'attention, l'élève aura tendance à
reproduire cette conduite dans des situations analogues. C'est à dire,
qu'en fin de trimestre ou en fin de mois, on récompense tout
élève qui n'a pas enregistré une absence. Ce renforcement
est dit positif et consolide le bon comportement. Tandis que les punitions,
tout en cherchant à éliminer l'absentéisme, risquent de
produire l'effet contraire.
2.5. Les difficultés de la gestion actuelle de
l'absentéisme
Ge thème est émergé lors des
différents entretiens. Tous les acteurs directs (surveillants, censeurs,
professeurs et élèves) sont unanimes à reconnaître
que la gestion actuelle comporte
des difficultés. Selon le personnel d'encadrement,
plusieurs enseignants ne respectent pas le principe de contrôle des
présences si bien que certains absents ne sont pas mentionnés
dans le cahier. A ce sujet, El.13 dit : « Certains
professeurs ne vérifient pas si tout le monde est là.
Contrairement à d'autres qui tiennent à s'assurer qu'il n'y a pas
d'absents. Le délégué de la classe ne signale pas et
n'écrit pas les noms de ses amis absents ». Get extrait
soulève à la fois le problème d'un manquement à une
obligation professionnelle, et aussi la complicité des chefs de classe.
Plusieurs enseignants ne savent pas que le contrôle des présences
est un devoir professionnel. Lorsqu'ils le savent ils se désengagent et
demandent au délégué de la classe d'écrire les noms
des absents. C'est en ce moment que ce dernier ne mentionne pas les noms de ses
amis absentéistes.
Les professeurs principaux ne nient pas cette situation qui
est reprochée au corps enseignant. Ils se justifient en évoquant
l'argument des pléthores. Pp.3 : « Les larges effectifs ne
permettent pas de faire le contrôle journalier avant le début du
cours. On risque d'y consacrer la moitié de l'heure. ». Il est
évident aujourd'hui que les effectifs pléthoriques sont une
réalité dans les établissements. Gependant, chaque
enseignant devrait développer une stratégie permettant de
vérifier de façon rapide les présences ; c'est un point
essentiel de la fiche pédagogique.
Dans certains établissements les professeurs
détiennent des carnets d'absence constitués de billets
détachables. Lorsqu'ils remplissent effectivement ces billets, ce qui
n'est pas toujours le cas, les données inscrites sur le papier ne sont
pas lisibles, ou alors sont incomplètes; les classes n'étant pas
indiquées par exemple. De plus, les surveillants affirment qu'ils ne
disposent pas d'ordinateurs dans lesquels ils pourraient enregistrer au
quotidien les absences avec leurs motifs. Ce qui augmente la marge
d'erreurs.
Selon les chefs d'établissements, les surveillants
disponibles sont surchargés. Ils doivent à la fois,
délivrer les billets d'entrée et de sortie, sonner ou faire
sonner la cloche ou la sirène à chaque heure, recevoir les
parents, surveiller les devoirs, gérer les conflits entre
élèves,..., une panoplie de tâches à
exécuter, si bien qu'ils ne disposent pas de moyens propices pour mieux
traiter les absences.
3. Interprétation des résultats
Dans cette section, nous faisons l'interprétation des
résultats sur la base des objectifs de l'étude, des questions de
recherche, et ce, à la lumière du cadre de
référence qui est, rappelonsle, construit autour des
théories du management, principalement de la théorie
systémique,
retenue comme fondement de la recherche. A partir des
recoupements des données des questionnaires et des entrevues, et en nous
fondant sur l'analyse qui en a été faite, nous procédons
à une mise en relation des résultats obtenus avec la
théorie systémique. Nous procédons par une reprise de
chaque question de recherche comme axe d'interprétation, tout en faisant
appel à la théorie comme moyen de lecture approfondie des
réponses.
3.1. Interprétation des résultats à
partir de la première question de recherche:
Notre première question spécifique de recherche
a été ainsi formulée : « quelles sont les
conséquences du traitement actuel de l'absentéisme ? ».
Le constat qui se dégage des données recueillies
auprès des participants est que la gestion de l'absentéisme dans
les lycées et collèges a plus de conséquences
négatives.
Le mode de gestion le plus répandu est centré
sur la punition ou sanction. Il a des effets négatifs : les exclusions
temporaires et les retraits de points. De l'analyse, il ressort que la plupart
des établissements ont adopté ce mode de traitement qui
privilégie les sanctions négatives. Cette manière de
gérer, axée sur les retraits de points, comporte des
conséquences lourdes aussi bien au niveau de l'individu
(l'élève), qu'au niveau de l'institution scolaire et de la
société toute entière.
- Au niveau de l'élève, il perd des points sans
rien apprendre au plan pédagogique. Il ne pourra pas traiter les
exercices de maison sur le cours raté. Un élève qui subit
de telles conséquences se sentira victime d'une règle de
l'organisation dont il fait partie. S'il avait à s'exprimer devant un
conseil social (président APE, parents, surveillants, professeurs) il
n'aurait pas tort. En effet, il est doublement pénalisé alors que
des cours supplémentaires pourraient lui éviter le retrait de
points.
- Au niveau de l'établissement, il faut souligner que
les élèves concernés ont de prime abord perdu les cours
dispensés à leurs absences, alors qu'une rencontre avec le
proviseur sur la base du rapport du conseil social lui donnerait l'impression
d'être important pour l'établissement et favoriserait le sentiment
d'appartenance. Selon l'organisation actuelle du système d'enseignement
au secondaire, les cours perdus ne sont pas repris. Cet état de fait
constitue une perte pour l'institution scolaire, qui exclut des
éléments de l'effectif du savoir qu'elle a le devoir de
transmettre. Elle manque de jouer pleinement son rôle. Lorsque les
retraits de points s'ajoutent à ce manque, l'établissement
obtient un taux de réussite global faible au BEPC et au BAC, un taux qui
participe à ternir sa réputation au plan systémique.
Les effets corollaires du mode de traitement affectent
également le travail de l'enseignant. Ils diminuent son taux de
réussite dans la matière enseignée et l'enseignant a
à
gérer des relations didactiques difficiles avec des
élèves révoltés contre l'école. Dans la
théorie systémique tous les éléments sont
cohérents et interdépendants. C'est pourquoi le travail du
professeur est atteint.
- Au plan familial et social, cette tension scolaire se
répercute sur les relations élève/famille.
L'élève qui redouble ou qui est exclu devient un tourment pour sa
famille, ses parents proches et la société. Comment pourra-t-il
se prendre en charge dans la société ? Dans cette situation de
sortie sans qualification, les exclus peuvent devenir des charges. Le risque de
délinquance et de comportements antisociaux est élevé, si
toutefois ils n'ont pas obtenu une nouvelle orientation.
Malgré toutes ces conséquences qui affectent
l'ensemble de la communauté éducative et la société
toute entière, les élèves continuent de s'absenter. Si les
surveillants et professeurs continuent de faire les retraits de points, alors,
c'est faire fi des réalités de l'environnement scolaire. C'est
pourquoi, nous pensons que les principes de gestion actuelle de
l'absentéisme ne cadrent pas nécessairement avec les
réalités du terrain. Cette façon de gérer
l'absentéisme s'inscrit dans les principes de la gestion bureaucratique,
avec un manque de relations horizontales, un déficit de communication
entre les acteurs éducatifs. En réalité, ces faits
traduisent l'absence de formation des responsables en gestion scolaire. Ils se
contentent d'exécuter des directives sans prendre des initiatives en
lien avec les réalités. Dans les établissements
secondaires les élèves et leurs parents n'ont pas la
possibilité d'échanger avec les responsables de la gestion des
absences. Comment peut-on s'imaginer assurer une bonne fonctionnalité
à une organisation complexe, si tous les acteurs ne sont pas
impliqués dans les décisions et les recherches de solutions aux
difficultés de l'organisation?
L'ensemble des acteurs et responsables de
l'établissement doivent privilégier ce principe systémique
qui préconise que lorsqu' une situation pose problème, il faut,
pour sa résolution, construire un schéma relationnel
intégrant les flux, les diverses causalités multiples et les
rétroactions. Cette démarche inclut nécessairement
l'autorité en charge du système global, représentée
ici par les encadreurs et les responsables d'éducation de la Direction
Régionale du MESS/B-MHN. Ces acteurs pourraient organiser des
conférences sur le sujet à l'endroit des élèves et
des parents, afin de les sensibiliser et de les conscientiser sur le
phénomène.
La multiplicité des conséquences et la
diversité des personnes affectées témoignent de la
complexité de la gestion de l'absentéisme. D'où la
nécessité pour l'institution de s'approprier des principes de
l'approche systémique qui privilégient l'intercommunication,
l'interaction et
l'interdépendance, principes qui ne sont pas perceptibles
dans les rapports des membres de la communauté scolaire au
secondaire.
Le traitement de l'absentéisme qui privilégie le
suivi par l'usage de carnet de correspondance s'inscrit dans la vision globale
de la théorie systémique. Les conséquences sont non
seulement bénéfiques pour l'institution scolaire mais aussi pour
tous les acteurs éducatifs. Le carnet instaure une communication entre
les surveillants et les parents dans l'intérêt d'un objectif
commun, la réussite de l'élève.
3.2. Interprétation des résultats à
partir de la deuxième question de recherche
Notre deuxième question spécifique de recherche a
été formulée de la façon suivante : «
comment peut-on mieux gérer le phénomène de
l'absentéisme ? ».
Les données recueillies auprès des parents ont
fait ressortir qu'une grande majorité d'entre eux n'est pas
informée du mode de gestion de l'absentéisme. Les parents
constatent seulement des points retenus sur les bulletins de leurs enfants.
Nous pouvons dire donc que la concertation entre les acteurs autour de la
gestion de l'absentéisme est quasi-inexistante. L'absence de
collaboration et d'implication de tous les acteurs du lycée ou du
collège au processus de gestion est un frein à l'émergence
d'une gestion participative.
Par ailleurs, la plupart des enseignants ne savent pas que la
gestion de l'absentéisme est aussi leur affaire. C'est pourquoi,
plusieurs d'entre eux prônent le renforcement des sanctions qui vont
au-delà des retraits de points. Ils pensent que la gestion des absences
incombe à l'administration. En effet, ils ne sont pas consultés
pour une prise de décision en matière de gestion de
l'absentéisme. Ils estiment que leurs préoccupations ne sont
guère la recherche de stratégie pour gérer les absences
plutôt la dispensation des cours. Il s'en suit alors un manque
d'initiative dans la recherche d'une nouvelle stratégie de gestion de
l'absentéisme.
Certes, les encadreurs vont souvent dans
l'établissement, mais ils ne discutent jamais de la gestion de
l'absentéisme. Il y a un manque d'intérêt pour le
phénomène, alors qu'il a un impact certain sur
l'enseignement-apprentissage en termes de rendement, de relation
pédagogique et de climat de travail. C'est en cela que l'approche
systémique est importante, car elle permet une ouverture.
Il faut souligner que les rapports entre les acteurs de
l'établissement sont beaucoup plus empreints de méfiance. Des
professeurs pensent qu'ils ne doivent pas regarder dans la méme
direction que les membres de l'administration en ce qui est de
l'absentéisme. Les élèves pensent que les surveillants ne
sont là que pour punir. Les parents pensent que la vie scolaire dans
l'établissement les engage peu. Pour preuve, ils ne vont ni chercher les
bulletins ni s'assurer de l'assiduité de leurs enfants. Les encadreurs
ne tiennent pas compte des absences des élèves dans l'examen des
cahiers des élèves pris au hasard lors d'un suivi. Ce qui peut
entraîner une évaluation biaisée du travail de
l'enseignant. Et méme des chefs d'établissements trouvent que la
gestion des absences n'est réservée qu'aux surveillants.
En plus, sur le plan administratif, les établissements
manquent de coordination centrale à méme d'assurer un suivi
efficace et une uniformité des pratiques, alors que les
élèves des différents établissements communiquent
entre eux, se passent de mauvaises comme de bonnes pratiques sans discernement.
Chaque lycée se présente comme une entité isolée,
ignorant l'existence des autres, alors qu'ils appartiennent à une
méme institution. En témoigne le quota des retraits de points qui
varie d'un établissement à un autre. On note aussi que ni les
professeurs ni les surveillants ne sont suffisamment formés pour devenir
des partenaires actifs. On le constate à travers les propos des uns et
des autres. A cela s'ajoute le fait que les parents affirment ignorer le mode
de gestion des absences. Alors, nous nous demandions ce que serait
l'établissement dans de tel climat ? Il est urgent que les
établissements, dans un principe systémique, communiquent en la
matière. Le mode de traitement du Collège Saint Gabriel
pourrait servir soit d'exemple, soit de déclencheur pour un changement
de pratiques de gestion innovantes. Chacun a sa partition à jouer pour
que nous puissions vivre l'approche systémique dans la gestion de
l'absentéisme. Ainsi, pour y parvenir, il faudrait une concertation
perpétuelle regroupant personnel d'encadrement, professeurs principaux,
élèves absentéistes et leurs parents. Les décisions
doivent tenir compte de la spécificité de l'établissement
et de son environnement.
Par rapport à notre question générale de
recherche, nous pouvons dire que l'institution scolaire a une stratégie
de gestion bureaucratique de l'absentéisme. Elle se crispe en
renforçant les dispositifs de contrôle et de répression.
Elle évite de s'interroger sur ce que représente
l'absentéisme et cherche à maintenir coûte que coûte
les sanctions comme mode de traitement. Dans cette perspective bureaucratique,
les surveillants sont les seuls concernés par le problème et cela
signifie, à terme, que si l'absentéisme perdure, c'est parce
qu'ils n'ont pas fait correctement leur travail, travail qui consiste à
réprimander. Pourtant, dans une perspective opposée,
centrée sur l'élève, l'institution peut considérer
que l'absentéisme est un phénomène
qui pose question et que l'on doit en tenir compte, dans une
approche systémique pour modifier et adopter les prestations
éducatives de l'établissement. Il s'agit de faire du dispositif
de contrôle ou de sanction, une instance d'écoute et d'analyse,
dans laquelle le CE engage une coordination des informations et des actions
à mener avec les professeurs principaux (PP) et les parents. Il devient
plus que nécessaire de travailler en équipe.
L'interprétation des données en
rapport avec nos objectifs a engendré autres perspectives de notre part,
en vue de juguler le phénomène d'absentéisme au
secondaire.
4. Autres perspectives
Vu la complexité du phénomène et son
interaction avec plusieurs facteurs sociaux, économiques et
environnementaux, l'identification des stratégies efficaces de gestion
de l'absentéisme n'est pas facile. Toutefois, nous semble-t-il, des
principes essentiels sont à retenir : une approche systémique
mettant l'accent sur des sanctions éducatives, la
nécessité d'une approche participative, le suivi de
l'absentéiste et l'importance de prévenir au lieu de chercher des
méthodes curatives.
4.1. Des sanctions éducatives
Toute sanction doit être expliquée,
justifiée et décidée en fonction de l'élève
dans sa singularité. Cela n'exclut pas de privilégier le dialogue
avec l'élève et ses responsables légaux.
Pour être acceptée, une sanction doit être
légitimée par le sens. Ce sens, formalisé par écrit
dans le règlement intérieur de l'établissement, doit
être exprimé aussi constamment et de manière orale par les
personnels. Les adolescents ont besoin d'explication et de fermeté de la
part des adultes dans ce monde où tout semble permis, accessible, facile
en apparence. La « parole accompagnatrice » décrite par
PRAIRAT (1997) nous démontre tout l'enjeu de l'autorité en
éducation qui repose aujourd'hui plus sur la cohérence, la
constance que sur la hiérarchie statutaire, qui est
considérée comme arbitraire par bien des élèves.
Dans» La sanction», il écrit : « Toute
sanction appliquée doit être une sanction expliquée [...]
sanctionner sans s'assurer qu'elle soit comprise (ou puisse tôt ou tard
être comprise), c'est tout simplement sévir ».
Les sanctions doivent varier en fonction de la durée et
de la fréquence des absences injustifiées. Le chef
d'établissement ou le Conseiller d'éducation peut décider
de sanctionner l'élève absentéiste par un ou plusieurs
jours d' « inclusion », plutôt que de l'exclure ou de faire des
retraits de points, ce qui aggraverait son retard scolaire. Mais l'objectif
pédagogique, certes louable, de vouloir faire progresser
l'élève, se heurte aux limites relatives à l'encadrement
de l'établissement scolaire. Un élève « inclus »
une journée suppose la présence d'un adulte en mesure d'assurer
une surveillance continue, mais aussi, un soutien pédagogique pour lui
venir en aide dans son travail.
La pratique de la sanction doit être pleinement
intégrée à l'accompagnement. Elle rend la loi
réelle et effective. Pour l'élève qui ne reconnaît
pas l'autorité des principes établis par les règles, il
est indispensable de les porter à sa connaissance de manière
claire et explicite. L'élève absentéiste évolue
moins à l'intérieur qu'à l'extérieur de
l'établissement scolaire, il n'a pas conscience du caractère
dangereux que revêt sa conduite. Occasionnée par la transgression,
la sanction est une mise en rapport avec le règlement intérieur.
La transgression permet à l'élève de faire
concrètement l'expérience de la limite, de l'interdit. La loi, la
norme et la sanction constituent des repères qui empêchent de
dévier, qui déterminent tout comportement social, toute vie en
communauté. C'est le respect de la loi commune qui fonde le groupe. A
cet effet il est retenu à l'école pour recopier 100 fois
l'article du règlement intérieur qui est en lien avec la faute.
Cependant deux conditions nécessitent la bonne application de la
sanction.
L'adhésion des parents demeure la première
condition fondamentale de l'acceptation de la sanction. Au contraire, sans
cette adhésion, la sanction risque de perdre toute
crédibilité aux yeux de l'élève qui profitera alors
d'une incohérence pour se réfugier derrière un discours
irresponsable. Le soutien des parents est essentiel pour aider l'adolescent
à prendre conscience de la légitimité du rappel à
l'ordre. La seconde condition pour que la sanction éducative se
réalise peut se résumer en un principe : l'individualisation. Il
s'agit d'une action éducative à destination de l'individu,
adaptée à sa singularité, par opposition à la
généralisation, qui s'adresse à un collectif. La sanction
doit s'adresser à l'élève considéré comme
une personne dont il faut prendre en compte la personnalité et le
comportement. Ces éléments peuvent constituer des circonstances
aggravantes ou atténuantes. Les professionnels (proviseurs, censeurs,
surveillants et enseignants) sont donc appelés à s'adapter
à l'élève en prenant en considération son
degré de maturité, son niveau de compréhension, son
degré d'implication, d'effort et de bonne volonté.
Si la répression semble courante aujourd'hui pour son
apparente simplicité et son aspect spectaculaire, il est à
souhaiter qu'elle ne devienne pas prioritaire dans les pratiques
éducatives. Bien qu'ayant sa place dans l'éducation, la
répression n'est pas un mode d'éducation au sens strict ; elle
serait plutôt un moyen au service de l'éducation et non une fin.
Les réponses répressives s'attaquent aux conséquences et
non aux causes des problèmes. Elles protègent plus le groupe, les
membres de la communauté éducative qu'elles ne viennent
réellement en aide à l'élève.
4.2. Le partenariat en matière de gestion
La gestion partenariale est une approche qui prône la
collaboration et la démocratisation du pouvoir décisionnel qui
sont autant de valeurs exaltées par la théorie systémique
sur laquelle se fonde la présente recherche. De même, la gestion
partenariale dans les établissements pourrait servir au bon
fonctionnement du service de la vie scolaire qui est le maillon central ou la
courroie de transmission entre élèves et administration scolaire
puis entre parents et administration scolaire. Pour appliquer cette gestion
à l'absentéisme, quelques conditions doivent être
observées par les acteurs éducatifs, surtout les responsables de
la vie scolaire.
La première condition est la reconnaissance de l'autre
et de ses compétences. Il faut mettre son ego de côté et
laisser de la place à l'autre. Autrement dit, chaque acteur doit
absolument remettre en cause « son jardin de certitude » avant de
faire un partenariat, sinon on bloque tout échange avec l'autre. Chacun
doit sentir qu'il peut apporter une pierre à la résolution du
problème de l'absentéisme.
La deuxième condition est une bonne capacité
d'ouverture par l'adoption d'une position d'écoute en évitant les
jugements à priori liés aux préjugés et
représentations des rôles, des tâches et de chacun. Il
convient d'être attentif aux phénomènes de groupe qui
risquent de nuire à la mise en place et au développement d'un
partenariat. Ne pas déceler ces phénomènes peut
transformer une entreprise collective en une entreprise individuelle. Le
partenariat est une approche qui se situe dans une perspective
d'amélioration et de transformation qualitative du système
éducatif nécessitant la participation à la prise de
décision.
La participation, en tant que mécanisme de gestion, est
la capacité accordée à des acteurs de prendre part
à des degrés différents et selon des modalités
diverses à la prise de décision. Comme l'indique BRASSARD (1996),
« la participation satisfait les besoins d'estime et de
réalisation de soi, et favorise une adhésion plus solide et plus
durable aux solutions retenues. ». Le niveau de participation va de
la possibilité d'accès à l'information
jusqu'à la prise de décision elle-même, en
passant par toutes les formes de consultations possibles. Dans les
lycées et collèges, il est souhaitable de faire participer les
élèves à la gestion de l'absentéisme, car, en tant
que concernés, c'est à eux que s'appliquent les décisions
en la matière. Il y a par exemple la réécriture du
règlement intérieur par les élèves eux-mêmes
afin qu'ils se l'approprient. On peut mettre en place des systèmes de
tutorat ou de parrainage. Ainsi, la participation à la prise de
décision suppose que chaque acteur sache ce qu'il est important de faire
dans le système afin de pouvoir influencer la réalité de
la gestion au lieu de la subir.
4.3. Le suivi des absentéistes : Le CE au centre du
dispositif
Le CE a une responsabilité au niveau du suivi des
absences. Il recueille les informations des classes, informe les familles,
établit une première analyse des causes individuelles et
collectives, et enfin communique les données de ce premier traitement
à la direction et aux professeurs principaux en toutes occasions, mais
de façon systématique avant les conseils de classe. Pour cela, la
gestion informatique pourrait être envisagée. Elle permet un suivi
éducatif et pédagogique. On installe un logiciel de traitement
des absences qui sera branché en réseau sur l'ensemble des
bureaux de l'administration et de vie scolaire avec des accès
différents. Chaque motif d'absences est associé à une
couleur : maladie en vert clair ; problème de transport ou panne de
vélo en rouge ; raisons familiales en rose ; etc. Ce qui permet de
repérer facilement les élèves aux comportements à
risques. Dans ce sens, « Equo-service »
propose un modèle de gestion informatique de la vie scolaire avec son
produit « Easy school »9. Cela
permet au CE en charge des entretiens individuels d'effectuer un suivi plus
approfondi. Le contrôle des justificatifs est capital, à condition
qu'il y ait une analyse des absences et que les situations soient
traitées en termes de besoins éducatifs. Une fois l'absence
justifiée, l'élève reçoit un billet de retour en
classe qui signifie au professeur que celui-ci est dans la
légalité face au règlement intérieur.
Alors, le CE a un rôle pleinement éducatif
à jouer et doit apporter un soin particulier à l'analyse des
motifs des absences des élèves. Il doit donc s'entretenir avec
ceux qui présentent des comportements problématiques face aux
absences. Ce comportement étant souvent révélateur d'un
malaise. C'est pourquoi nous proposons cette fiche de suivi.
9 Voir annexe 10
FICHE DE SUIVI D'ELEVE ABSENTEISTE (À
l'intention des Conseillers d'Education)
1. Renseignement administratif
DR/MESS
:~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ · Etablissement
:~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ · Nom et prénom de
l'élève :~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~'
Date et lieu de naissance :~~~~~~~~~~~~~~~ Sexe :
M F
Classe ·:~~~ Redoublant : oui
non
Nom et adresses des parents : ·
Professions : · ~~~~~~ Tel
:~~~~~~~~~ · Situation familiale : mariée
|
divorcée
|
séparée
|
2. Situation de l'absentéisme
- absentéisme léger, de courte durée
- absences liées au non respect du RI
-
expulsion pour comportement perturbateur en classe
-
absentéisme lourd, de rupture
- absences sélectives (selon les matières, les
horaires)
3. Difficultés repérées chez
l'él4ve
- scolaires
- conduites additives (alcool, drogue, tabac,)
- éloignement du domicile
-
problème de restauration -autres (á
préciser) :~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ ·
4. Démarches entreprises
-l'Attaché d'Education
Dates de constat des absences
:~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ ·
Dates de transmission du dossier au CE
:~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~. ·
5. Observations et actions concrètes
-ampleur de l'absentéisme :
léger lourd
- information aux parents : appel téléphonique
dès 8h30 15h30 courrier
- exigence commune avec les enseignants : rigueur de l'appel,
vérification de l'absence
- croisement des informations : PP et CE.
- - Réunion de concertation (CE,
Assistante sociale et infirmière)
6. Entretien avec l'él2ve et/ou sa
famille
-l'assistante sociale
Dates des entretiens avec l'élève et/ou sa famille
:~~~~~~~~~~~~~~~' Visite á domicile :
non
non
Rapport social adressé au CE : oui
-L'infirmiére ou l'agent de santé Dates des
entretiens avec l'élève Rapport médical adressé au
CE : oui
- le Conseiller d'Education
Dates d'avertissement de la famille :~~~~'
Dates des entretiens avec l'élève:~~~~~
Dates des entretiens avec la famille
:~~~~ · Conclusion des entretiens
:~~~~~~~~ · Date de compte rendu au chef
d'établissement
7. Décisions :~
4.4. La prévention
Dans tout système, la sanction révèle
l'échec des actions de prévention mises en place voire l'absence
de mesures préventives. La prévention constitue un enjeu de
taille pour l'institution scolaire car elle implique le déploiement
d'une vigilance au regard des phénomènes scolaires.
Réussir une politique de prévention dans l'établissement
permet, en outre, d'écarter le danger avant d'imposer des solutions
curatives qui risquent d'intervenir trop tard. Du dialogue avec les jeunes peut
émerger une réflexion sur le sens de l'école et sur le
sens de ses procédures, voire une sensibilisation aux risques
liés à l'errance des adolescents. Certains élèves
n'adhèrent pas aux méthodes de transmission des savoirs : ils
doivent néanmoins s'approprier la méthodologie des apprentissages
scolaires, de méme qu'assumer les différentes contraintes
inhérentes à leurs études. En développant la
prévention, les personnels sont naturellement amenés à
aider les élèves dans le but de leur faire comprendre les raisons
de leurs difficultés, et d'y remédier avant qu'elles ne
deviennent insurmontables. Par exemple, un réaménagement de
l'emploi de temps pourrait éviter certaines absences. Il s'agit de
reculer l'heure de début des cours de la journée, quitte à
programmer des cours le samedi. A cet effet, pour la matinée, ce sera de
7 h30 à 12h00 avec une pause de 30 mn et le soir de 15h00 à
17h00. En ce moment l'emploi de temps doit être sans trous et en cas
d'absence d'un professeur, on procède à son remplacement par un
suppléant en attendant son retour. Cela suppose qu'il y ait assez
d'enseignants et de surveillants.
5. Limites de l'étude et difficultés
rencontrées
Notre étude comporte certainement des limites. Pour
être complet, notre échantillon aurait pu prendre en compte
quelques partenaires des collectivités locales, des agents de
santé du service médico-scolaire et des anciens
élèves absentéistes. Leurs avis pourraient contribuer
à comprendre certaines raisons et manifestations de
l'absentéisme. Ces limites s'expliquent en partie par notre statut
d'apprenti chercheur et aussi par les difficultés que nous avons
rencontrées sur le terrain de la recherche.
Nous n'avons pas eu des données chiffrées en
termes de pourcentage d'absentéisme sur les années
antérieures. L'administration scolaire ne dispose d'aucun taux
permettant de mesurer l'ampleur ou les manifestations sur les trois
dernières années. L'architecture des établissements
favorise l'absentéisme. Les services de vie scolaire sont mal
situés et les élèves peuvent s'isoler facilement. Les
convocations ne sont pas remises. Lorsqu'elles sont remises quelques rares
cas,
les élèves les prennent à la
légère. De manière générale, il n'existe pas
de politique d'établissement mise en place face au
phénomène de l'absentéisme.
Toujours sur le terrain, nous avons dû faire face
à des contraintes de temps et de moyens financiers. Le stage de terrain
qui a occupé le second trimestre a coïncidé avec notre
période d'enquête. Il a fallu trouver des autorisations d'absences
pour se rendre dans les localités. A cela, il faut ajouter que la
période de collecte des données a été
perturbée par la fermeture des établissements suite aux
manifestations d'élèves et étudiants.
Par rapport à la démarche scientifique, c'est
l'approche qualitative adoptée qui a été par moment source
de difficultés, vu le temps et les moyens limités. En effet,
l'entretien semi dirigé qui exige la présence et l'attention
permanente est l'outil que nous avons soumis à la majorité des
participants. Le manque de surveillants, la non disponibilité des
enseignants qui tiennent à partir assurer leurs cours n'ont pas permis
d'atteindre l'échantillon prévu. Par ailleurs certains parents ne
voyaient pas trop l'importance de leur participation. C'est pourquoi dans la
récupération, nous avons été confrontés
à des faux rendez-vous.
Cependant, nous avons pu avec l'apport inestimable de notre
Directrice de mémoire faire aboutir ce travail, modeste certes, mais
qui, s'il venait à être approuvé, peut contribuer à
interpeller les acteurs de l'éducation sur la nécessité de
se pencher sur les phénomènes scolaires qui entravent
l'obligation scolaire dans notre pays.
CONCLUSION
Au terme de notre recherche sur la gestion de
l'absentéisme des élèves du secondaire, il apparaît
que la question des absences est un phénomène complexe.
L'absentéisme renvoie au désordre potentiel, à la perte
des repères et au non respect de la norme fixée par l'institution
(respect des horaires, du principe d'assiduité). La gestion de
l'absentéisme est sujette à des controverses. Les adeptes de la
prévention s'opposent à ceux de la répression. Bien que
cette opposition soit moins marquée, l'absentéisme est un
problème polymorphe dont les racines sont souvent profondes, parfois
complexes : par exemple, il ressort de l'étude que les conditions
socio-économiques peuvent être la principale cause de
l'absentéisme. Aucune mesure systématique,
stéréotypée, ne saurait le résoudre. Cette
présomption qui a en partie guidé notre choix du sujet sur «
la gestion de l'absentéisme des élèves dans les
lycées et collèges : stratégies de traitement,
conséquences et perspectives » a été
confirmée par les participants.
Ainsi, dans la première partie de la réflexion,
notre but était de chercher à comprendre pourquoi les mesures
actuelles n'arrivent pas à juguler le problème de
l'absentéisme des élèves. Aussi nous nous sommes
fixés pour objectifs d'analyser les modes de gestion du
phénomène afin d'en montrer les limites. Il s'est agi de
façon spécifique de :
- recueillir les représentations et analyses des acteurs
en ce qui concerne les pratiques actuelles de gestion de l'absentéisme
;
- d'en dégager les conséquences ;
- de proposer d'autres perspectives de gestion susceptibles
d'endiguer le phénomène dans nos établissements
secondaires.
Pour ce faire, nous avons formulé notre question de
recherche comme suit: Comment l'absentéisme est-il
géré dans les établissements secondaires ? La
réponse à cette question devait nécessairement passer par
la formulation de deux questions spécifiques de recherche à
savoir:
- Quelles sont les conséquences du traitement actuel de
l'absentéisme ?
- Comment peut-on mieux gérer ce phénomène
?
Notre démarche a consisté à nous
soumettre d'abord à une revue de la littérature existante sur
notre thème à même de nous aider à mieux cerner son
contenu. Cette étape nous a permis de visiter des ouvrages
généraux, des travaux de recherches se rapportant à la
question de l'absentéisme, des articles de revues et des textes
officiels. Nous avons ensuite analysé des
théories susceptibles de servir de fondement à
notre recherche. Ce qui a abouti au choix de la théorie
systémique à laquelle nous avons fait recours pour
l'interprétation des résultats.
Enfin, nous avons bâti notre démarche
méthodologique de recherche sur l'approche qualitative : notre objet
d'étude étant complexe et notre objectif la compréhension
de la gestion actuelle de l'absentéisme. La recherche qualitative de par
sa flexibilité est apparue plus pertinente pour l'investigation de
terrain. En rapport avec ce modèle, nous avons retenu comme instruments
le questionnaire et l'entretien qualitatif. Au total soixante-quatre (64)
acteurs éducatifs du secondaire dont les chefs d'établissements,
les censeurs, les surveillants, les professeurs principaux, les
élèves, les parents d'élèves, les encadreurs
pédagogiques et responsables d'éducation ont pris part à
la recherche.
La seconde partie de notre réflexion a consisté
à la présentation et à l'analyse des données
suivies de l'interprétation des résultats. Les données
recueillies ont été soumises à une analyse
thématique qui a consisté à regrouper les réponses
des participants autour des principaux thèmes en rapport avec les
questions de recherches, mais aussi en fonction du thème qui a
émergé des entretiens. Les résultats auxquels nous sommes
parvenus révèlent que l'absentéisme est géré
dans les lycées et collèges par les sanctions, notamment les
retraits de points et les expulsions. Les conséquences d'une telle
gestion sont le redoublement, le renvoi, l'abandon, la
détérioration des relations entre les acteurs de
l'établissement. La recherche a montré que les facteurs ne sont
pas négligeables. Au delà des facteurs familiaux, psychologiques
et socio-économiques qui justifient l'absentéisme des
élèves du secondaire, il y a aussi le rôle de l'institution
scolaire qui occasionne des absences. L'absence de dialogue entre le personnel
d'encadrement et les élèves, et le nombre relativement faible de
surveillants favorisent également l'absentéisme. Les mesures
répressives et dissuasives ne constituent pas la meilleure solution pour
juguler ce phénomène ; tout comme la gestion bureaucratique du
problème ne permet pas une collaboration saine entre le personnel
d'encadrement, les élèves, les enseignants et les parents.
L'analyse approfondie des données fait ressortir des faiblesses aussi
bien dans la pratique d'identification des absentéistes que dans la
gestion du phénomène. En effet, sur le plan du fonctionnement, on
peut déplorer l'absence de contrôle systématique des
présences par les professeurs, l'insuffisance de communication et le
manque de personnel. Les conséquences et les difficultés sont
certes nombreuses, mais au regard de la nature du phénomène, il y
a lieu d'envisager de nouvelles stratégies de traitement.
Pour mieux gérer l'absentéisme, la
sensibilisation doit être au coeur du dispositif afin d'établir un
partenariat avec tous les acteurs, notamment les élèves. Il y a
lieu d'établir une communication permanente avec les parents, soit par
écrit, soit par appel téléphonique. Des
sanctions éducatives et le suivi individualisé
de l'absentéiste par le CE sont à envisager. Il est
nécessaire aussi de projeter l'école dans la modernité par
une gestion informatisée des absences. Nous pensons qu'il ne faut pas
occulter la prévention. C'est dire donc que la gestion de
l'absentéisme doit s'inscrire dans une politique globale où
projet d'établissement et travail en équipe sont essentiels (chef
d'établissement, CE, Attachés d'éducation, Assistants
d'éducation, Infirmière, Assistante sociale, Professeurs, COSP,
parents, délégués des élèves,...).
De ce travail de réflexion qui n'a pas
épuisé le sujet, se dégagent d'autres pistes de
recherches, parmi lesquelles nous proposons les thèmes suivants: les
conduites additives des lycéens ; les lycéens et la
législation scolaire ; les difficultés relationnelles entre les
acteurs éducatifs du secondaire; le rôle de l'Etat dans
l'amélioration de la fréquentation scolaire.
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Supérieur et de la Recherche Scientifique, (1994). Décret
No 94-07/MESSRS/SG du 16 Août 1994 portant fixation des
effectifs dans les classes. Ouagadougou : MESSRS
Ministère de l'Enseignement Secondaire,
Supérieur et de la Recherche Scientifique, (1994). Arrêté
94-81/MESSRS/SG/DESG/DEST du 28 Juillet 1994 portant réglementation du
recrutement en complément d'effectif secondaire publics. Ouagadougou :
MESSRS.
Ministère de l'Enseignement Secondaire,
Supérieur et de la Recherche Scientifique, (2004). Arrêté
2004-66/MESSR/SG/DGESG/DGESTP du 9 Avril 2004 portant fonctionnement des
établissements secondaires. Ouagadougou : MESSRS.
Ministère de l'Enseignement Secondaire,
Supérieur et de la Recherche Scientifique, (2010). Arrêté
2010-224/MESSRS/SG du 05 juillet 2010 portant règlement intérieur
des établissements d'enseignement secondaires au Burkina Faso.
Ouagadougou : MESSRS.
Sites internet
FERRY, L. (2006). Nouveau dispositif de lutte contre
l'absentéisme scolaire. http://www.education.gouv.fr/
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GUILLET, A. (2010). Sarkozy et les violences scolaires : des
syndicats peu convaincus.
http://lci.tf1.fr/france/société/
Consulté le 10-05-2010
TONDREAU, J. (2010). Absentéisme scolaire : loi
adoptée.
http://www.Sénat.fr./thème/document-éducation.htm.
Consulté le 24-10-2010
TABLE DES MATIERES
Pages
Dédicace~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ II
Remerciements~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~..III
Acronymes~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.IV Liste des
tableaux et carte V INTRODUCTION
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.1 ASPECTS THEORIQUES
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~..4
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET REVUE DE
LITTERATURE~~~~~~.. 5
1.
Problématique~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.
5 1.1. Situation problématique ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~. 6
1.2. Problème de recherche~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.12
1.3. Justification du choix du
thème~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~....15 1.4. But et Objectifs de la
recherche~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.. 17
2. Revue de la
littérature~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~...18 2.1. Les
ouvrages généraux~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~. 18
2.2. Les mémoires et articles de recherches
25
2.2.1. Les mémoires 25
2.2.2. Les articles de recherche 28
2.3. Les instructions et textes officiels 34
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE ~ ~~~~~~~~~~~~~~~~~
38
1. Les différentes théories des
organisations~~~~~~~~~~~~~~~~~~.. 38 1.1. La théorie des
besoins de MASLOW (1954)~~~~~~~~~~~~~~~~~. 38 1.2. La
théorie systémique~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.. 40
2. Les conceptions de la communication en
éducation~~~~~~~~~~~~~~...41
3. Questions de recherche 43
CHAPITRE III : CADRE
METHODOLOGIQUE~~~~~~~~~~~~~~~...44
1. Le champ de la rRcHRIcHR...... 44
1.1. Situation scolaire des établissements
secondaires~~~~~~~~~~~~~~~ 44
1.2. Situation de la gestion de l'absentéisme
45
2. La méthode et approche de recherche
47 2.1. Les instruments de collecte des
données~~~~~~~~~~~~~~~~~~~. 47 2.1.1. La
recherche documentaire~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.. 47 2.1.2. Le
questionnaire 47 2.1.3. L'entretien
semi-dirigé~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~. 48
3. La population et l'échantillon de recherche
~~~~~~~~~~~~~~~~~ 48 3.1. La population de
recherche~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~. 49 3.2. L'échantillon
de recherche~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.. 59
4. Validation et administration des
outils~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ 51
5. Le mode d'analyse des données 51
ASPECTS EMPIRIQUES~ 52
CHAPITRE IV : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES
DONNEES~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~..53
1. Présentation des données
collectées~~~~~~~~~~~~.~~~~~~~~ 53 1.1.
Résultats du dépouillement~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~... 53
1.2. Présentation des
données~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.. 54 1.2.1.
Présentation des données des entretiens~~~~~~~~~~~~~~~~~~..
54 1.2.1.1. Présentation des données collectées
auprès des censeurs et surveillants~~~..~~ 54
1.2.1.2. Présentation des données collectées
aupres des professeurs principaux 55
1.2.1.3. Présentation des données collectées
auprès des élèves~~~~~~~~~~~~ 56
1.2.2. Présentation des données des
questionnaires~~~~~~~~~~~~~~~~.. 57
1.2.2.1. Présentation des données collectées
auprès des personnes ressources~~~~~~ 57
1.2.2.2. Présentation des données collectées
aupres des parents d'éleves~~~~~~~~ 58
2. Analyse des
données~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ 59
2.1. La situation de
l'absentéisme~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~. 59
2.1.1. Le point de vue du personnel
administratif~~~~~~~~~~~~. 59
2.1.2. Le point de vue des professeurs
principaux~~~~~~~~~~~~. 61
2.1.3. Le point de vue des
élèves~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ 63
2.1.4. Le point de vue des personnes
ressources~~~~~~~~~~~~~~~~~~.63 2.1.5. Le
point de vue des parents d'élèves~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.64
2.2. Les facteurs déclencheurs de
l'absentéisme~~~~~~~~~~~~~~~~~ 65
2.2.1. Le point de vue du personnel
administratif~~~~~~~~~~~~. 65
2.2.2. Le point de vue des professeurs
principaux~~~~~~~~~~~~. 66
2.2.3. Le point de vue des
élèves~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.67
2.2.4. Le point de vue des personnes
ressources~~~~~~~~~~~~~~~~~~.71
2.2.5. Le point de vue des parents
d'élèves~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.72 2.3. La gestion de
l'absentéisme et conséquences~~~~~~~~~~~~~~~~...73
2.3.1. Le point de vue du personnel
administratif~~~~~~~~~~~~. 73
2.3.2. Le point de vue des professeurs
principaux~~~~~~~~~~~~. 74
2.3.3. Le point de vue des
élèves~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.75
2.3.4. Le point de vue des personnes
ressources~~~~~~~~~~~~~~~~~~.75 2.3.5. Le
point de vue des parents d'élèves~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~.76
2.4. L'appréciation de la gestion de l'absentéisme et
perspectives~~~~~~~~~...76
2.4.1. Le point de vue du personnel
administratif~~~~~~~~~~~~. 77
2.4.2. Le point de vue des professeurs
principaux~~~~~~~~~~~~. 78
2.4.3. Le point de vue des
élèves.........................................................................79
2.4.4. Le point de vue des personnes
ressources.......................................................79
2.4.5. Le point de vue des parents
d'élèves.............................................................80
2.5. Les difficultés de la gestion actuelle de
l'absentéisme........................................80
3. Interprétation des
résultats.........................................................................
81 3.1. Interprétation de la première question de recherche
..........................................82 3.2.
Interprétation de la deuxième question de
recherche............................................84
4. Autres
perspectives....................................................................................86
4.1. Les sanctions
éducatives..............................................................................86
4.2. Le partenariat en matière de
gestion...............................................................88
4.3. Le suivi des absentéistes : le CE au coeur du
dispositif..........................................89 4.4. La
prévention..........................................................................................91
5. Limites de l'étude et difficultés
rencontrées.....................................................
91
CONCLUSION............................................................................................93 BIOBIBLIOGRAPHIE..................................................................................96 TABLE
DES
MATIERES..............................................................................99
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