Dans ce chapitre, it sera question d'appliquer la technique
RAROC sur les dossiers de credit mis a notre disposition. Pour ce faire, it
convient de definir le perimetre de notre etude et de calculer les parametres
du ratio RAROC notamment le risque inattendu dit capital economique et le
risque attendu, ainsi que les revenus nets escomptes par les operations de
credit, qui sont des &apes incontournables pour l'application de la methode
RAROC. Il importe aussi de definir une norme minima (Ratio de base) qui servira
de referentiel pour l'evaluation des opportunites que presente une operation de
credit independamment des autres criteres commerciaux. Enfin, le chapitre sera
cloture par quelques appreciations concernant tout a la fois les limites et les
avantages d'implementer cette technique au sein d'Eco-Bank.
Avant d'entamer notre etude de cas, it nous semble important
de presenter les dossiers de credits sur lesquels nous effectuerons nos
travaux. En effet, lors de notre passage a Eco-Bank, nous avons eu le privilege
de sojourner au sein du service corporate Banking, qui est en charge des
dossiers des grandes entreprises de la sous-region CEMAC. L'on retiendra que ce
service d'EcoBank Cameroun monte les dossiers de credit des entreprises
localisees dans la zone CEMAC, remplissant les criteres TIER I du marche cible
decrites dans l'annexe N° 6. Sur le portefeuille corporate Banking de
l'annee 2009, nous avons eu l'accord d'exploiter deux dossiers dans le cadre de
notre etude de cas. Par souci de confidentialite, certaines informations
pouvant reveler l'identite des beneficiaires ont ete remplacees. Les annexes
N° 8 et 9, qui sont des fiches d' approbation de credit resument l'
ensemble des informations utiles a notre etude de cas.
Section 1 : Les differents parametres du RAROC
Les parametres necessaires a la methode RAROC peuvent etre
classes en deux ensembles :
· les parametres de risque,
· les parametres financiers.
1.1 Les parametres de risque
Lorsqu'une banque prate de l'argent, elle court le risque de
ne pas etre remboursee parce que l'emprunteur est devenu insolvable. Il y aura
toujours une partie des credits accordes qui ne seront jamais rembourses, meme
si elle s'avere souvent assez faible. Une fraction du taux d'interet sert a
couvrir ces pertes. Si, par exemple, les pertes representent en moyenne 0,5 %
de l'encours, la banque devra majorer de 0,5 % le taux facture aux emprunteurs.
Pour ce faire, les modeles de quantification de risques de credit estiment
d'abord un certain nombre de parametres (probabilite de defaut, perte en cas de
defaut, l'encours en cas de defaut...). Puis, ils calculent les pertes dues au
risque de credit : perte attendue et perte inattendue de chaque credit. L'
agregation de ces pertes donne celui du niveau du portefeuille.
A cette fin, ils s'attachent a construire une distribution
des pertes dues au risque de credit, afin d'en &duke une perte moyenne
(attendue) et une perte maximale (inattendue) qui ne va etre &pass& que
dans un petit nombre de cas (niveau de seuil de confiance).
Ainsi, le risque de credit dans le modele de quantification
est mesure par deux parametres : la perte attendue et la perte inattendue. La
perte attendue correspond a la perte moyenne attendue sur un portefeuille.
Cette moyenne n' est evidemment pas la perte qui sera realisee effectivement.
Elle represente une prevision economique qui decoule des pertes statistiques.
Par consequent, les pertes realisees sur un credit auront peu de chance
d'être identiques a cette esperance mathematique. Elles prennent des
valeurs au-dessus et en dessous avec des probabilites non negligeables. Mais en
moyenne elles se rapprochent de cette valeur. Les pertes attendues doivent en
principe etre couvertes par les revenus generes par l'operation de credit et
les pertes inattendues par les fonds propres de la banque.
1.1.1 La perte attendue (Expected Loss-EL)
La perte attendue est fonction de la probabilite de defaut (PD),
de l'encours au moment du defaut (EAD) et de la perte en cas de defaut
(LGD).
D'oil EL = PD X EAD X LGD
a- La probabilite de debut (PD)
La definition du defaut n'est pas uniforme entre pays, elle
peut s'appliquer a un incident de paiement ou a une notion juridique l'on en
convient que c'est ce qui peut fausser les comparaisons. Pour les besoins de
quantification de risque, la definition du defaut doit etre constante et
coherente avec celle propos& par le Comite de Bale : un defaut est
considers comme realise par rapport a un debiteur particulier lorsqu'un ou
plusieurs des evenements suivants est constate :
· le debiteur ne remboursera vraisemblablement pas en
totalite ses dettes (principal, interests et commissions),
· la constatation d'une perte portant sur l'une
quelconque de ses facilites : comptabilisation d'une perte, restructuration de
detresse impliquant une reduction ou un reechelonnement du principal, des
interests ou des commissions,
· un retard de plus de 90 jours sur l'une quelconque de
ses obligations.
· le debiteur a introduit une procedure de faillite ou une
procedure similaire pour le proteger de ses creanciers.
Nous assimilerons la constatation de l'impaye d'une anciennete
de 90 jours au terme de l'echeance exigible comme evenement de defaut,
conformement au reglement de la COBAC qui declasse ces impayes en creances en
souffrance. Ainsi, la serie des defauts s'obtiennent par le recensement des
debuts de la meme categorie de credit (portefeuille) sur une periode donnee. De
ce fait, notre serie de (Wants sera le resultat d'observations empiriques du
portefeuille corporate Banking. Dans les faits, it s'agit d'une analyse
comportementale du portefeuille de prets aux grandes entreprises, approchee par
une probabilite, c'est-A-dire, les observations defavorables rapportees a la
totalite des observations et donnant lieu a une estimation de l'occurrence du
defaut. Le principe suivi est la stabilite de la definition de reference du
defaut gage de la coherence de la mesure.
Une extraction des donnees faite a partir de la base de
donnees du portefeuille corporate Banking, nous a permis d'obtenir apres calcul
la probabilite de defaut moyenne et sa volatilite. Ces donnees sont resumees
dans le tableau N° 8.
Tableau N° 8 : Calcul de la probabilite de
debut sur le portefeuille corporate
( ·en millions de F CFA)
Rating
|
Encours credit (Ci)*
|
Defauts (Di)*
|
Fi=DiaDi
|
Yi=Di/Ci
|
[1]
|
12 210
|
3
|
0,001
|
0,0002
|
[2]
|
14 534
|
12
|
0,005
|
0,0008
|
[3]
|
5 286
|
32
|
0,013
|
0,0061
|
[4]
|
4 580
|
275
|
0,114
|
0,0600
|
[5]
|
4 887
|
666
|
0,275
|
0,1363
|
[6]
|
9 697
|
956
|
0,395
|
0,0986
|
|
[7-9]
|
1 326
|
233
|
0,096
|
0,1757
|
[10]
|
1 073
|
244
|
0,101
|
0,2274
|
Total
|
53 593
|
2 421
|
|
Probabilite de defaut (PD)=1FiYi
|
0,123
|
Volatilite autour de PD (a)=
V(1Fi(Yi-Yi)2)
|
0,049
|
Source : Auteur en se fondant sur EBC
b- La perte en cas de debut (LGD)
La perte encourue en cas de defaut ou LGD (Loss Given Default)
est egale au montant de la creance moms les recouvrements estimes apres la
defaillance. L' evaluation de la perte en cas de defaut tient compte a la fois
des :
· Caracteristiques de l'emprunteur : situation financiere
et defaut sur d'autres prets (principe de contagion),
· Caracteristiques du pret : presence ou non des garanties
et valeur des garanties. Mathematiquement elle represente le complement du taux
de recouvrement a l'unite. D'oii LGD = 1- Taux de
recouvrement
Selon l'Accord Bale II de juin 2004, la definition des
composantes du risque de credit d'un portefeuille peut se baser sur des donnees
internes a l' etablissement pour certains parametres (PD notamment) et sur des
estimations prudentielles pour d'autres (LGD et EAD selon l'approche IRB
Foundation). Compte tenu de ce qui precede et que les donnees mises a notre
disposition ne fournissent guere un historique complet, précis et
coherent des taux de recouvrement, nous allons
nous appuyer sur cette possibilite qu'offre la
reglementation. Dans le cadre de cette demarche prudentielle, les reducteurs de
risque doivent aussi etre pris en ligne de compte, it s'agit dans les faits de
corriger le niveau de perte en cas de defaut par des ponderations apres la
prise en compte de la valeur des garanties en couverture du prat.
En se referant a l'article 4 du reglement COBAC R-2010/01
relatif a la couverture du risque de credit des etablissements de credit, les
ponderations de 100% et 75% seront retenues respectivement pour la SOCIETE A et
SOCIETE B. Le tableau N° 9, nous donne le niveau de perte en cas de
defaut.
Tableau N° 9 : Calcul de la perte en cas de
defaut (LGD)
(en millions de F CFA)
|
SOCIETE A
|
SOCIETE B
|
Valeur de la Garantie
|
1400
|
3260
|
Retenue de garantie
|
270
|
642
|
Total des garanties
|
1670
|
3902
|
Montant credit
|
2700
|
6420
|
Taux de recuperation
|
0,62
|
0,61
|
Taux de perte en cas de defaut
|
0,38
|
0,39
|
Ponderation reglementaire
|
100%
|
75%
|
LGD
|
0,38
|
0,29
|
|
Source : Auteur en se fondant sur EBC
c- L'encours lors du debut (EAD)
Le troisieme facteur de la perte attendue est l'encours au
moment du defaut. Ce qui est exprime par l'encours ou l'exposition lors du
defaut (Exposure At Default). Les encours au moment du defaut seront donc
estimes par l'agregation des encours et des echeances non honorees a la date de
constatation de la defaillance de la contrepartie. Notons que la demarche
prudentielle demande la banque, pour le calcul de l'encours lors du defaut
(EAD) sur une contrepartie defaillante sur un de ces engagements de prendre l'
ensemble de ses engagements non echus.
S 'agissant des expositions pour notre cas d' etude, nous
allons considerer les montants de credit accordes. Ceci revient a faire
Phypothese que la defaillance de la contrepartie surviendra a la premiere
echeance (RAROC a l'origine). Par ailleurs, les contreparties retenues dans
notre etude
n' ont pas d'autres engagements. Ainsi, les encours lors du
defaut sont a hauteur du credit accorde, soit :
· Societe A : 2 700 000 000 F CFA,
· Societe B : 6 420 000 000 F CFA. 1.1.2 La perte
inattendue (Unexpected Loss-EL)
Le capital d'une banque est la seule protection contre les
pertes susceptibles de survenir. Ce principe est retenu par les autorites de
tutelle qui imposent de respecter un niveau minimal de capital. Celui-ci est
defini selon des normes simples et universelles. Il s'agit de forfaits
appliqués aux encours de credit pour obtenir le capital reglementaire.
Cette approche n'integre pas les differents profils de risque des
contreparties, d'ou la necessite de passer des forfaits reglementaires a des
mesures plus objectives des risques.
A cette mesure objective, correspond une estimation economique
du capital. Le « capital economique » est donc celui qui permet
d'absorber des pertes potentielles d'un credit sur une base objective. Par
definition, it est egal a ces pertes potentielles. Ce capital economique est
destine a couvrir la perte inattendue (UL), &ant donne que la perte
attendue est couverte par les revenus de l'operation de credit. La perte
inattendue est evaluee a partir d'une distribution reelle (historique) des
&faits constates, elle est consider& comme la volatilite deviant de la
moyenne des ("abuts et cette volatilite est apprehend& a travers un
quantile de la distribution des defauts. Ainsi, la perte inattendue est
formulee par :
Perte inattendue (UL) = a X LGD X EAD Avec
cy = &art type de la distribution de defaut (volatilite autour de PD)
Notons que les differents elements qui composent ce dernier
parametre du risque, ont ete precedemment determines dans les tableaux N°
8 et 9.
|