Section 3 : la methode RAROC o Risk Adjusted Return On
Capital »
L'elaboration de la methode RAROC a commence vers la fin des
annees 70, dans une periode oil la finance directe a pris le pas sur la finance
indirecte, notamment apres la nouvelle theorie du portefeuille de
Markowitz, basee sur la diversification et l'optimisation du couple
Rentabilite/Risque. La methode RAROC a ete lancee aux Etats-Unis au sein de la
Bankers Trust par son ingenieur financier Charles S. SANFORD.
Lake originelle etait de mesurer le risque du portefeuille de credit
bancaire, aussi bien que le montant de capitaux propres necessaires pour
limiter l'exposition des deposants de la banque et autres creanciers a une
probabilite specifiee de perte. Depuis lors, la methode RAROC a connu une large
diffusion au sein de plusieurs banques. D'abord dans les pays anglo-saxons,
puis rapidement, dans le reste du monde bancaire comme outil par excellence
pour l'evaluation et la couverture du risque de credit.
3.1 La definition et la demarche de la methode
RAROC
3.1.1 La definition de la methode RAROC
Le RAROC est un indicateur synthetique permettant de mettre
en relief la rentabilite reelle d'une operation avec le risque qui lui est
associe : c'est le ratio entre la marge nette previsionnelle apres deduction
des pertes moyennes attendues (Expected Loss) et une mesure de la perte
inattendue (Unexpected Loss). En termes de gestion des fonds propres, le RAROC
peut etre defini comme etant un ratio qui exprime le taux de rendement des
fonds propres economiques : c'est donc le rapport entre le resultat ajuste des
provisions correspondant a la perte attendue, et les fonds propres destines a
couvrir les pertes inattendues.
Figure N° 1 : Decomposition du risque de
credit par la methode RAROC
Risque sous-jacent a une operation de credit
bancaire
Risque attendu (estimable) Expected Loss
(EL)
|
|
Risque inattendu (exceptionnel) Unexpected
Loss
|
|
|
|
Estimation d'un taux de defaut moyen
|
|
Estimation d un taux de defaut maximum
|
|
|
|
|
Ce risque est couvert par une prime de risque
faisant partie integrante de la tarification de l'operation
du credit
|
|
|
Ce risque est couvert par les fonds propres dits
: fonds propres economiques
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : GODOWSKI Christophe, 2004
3.1.2 La &Marche de la methode RAROC
a- La perte attendue ou Expected Loss (EL)
La methodologie RAROC repose avant tout sur la necessite
d'evaluer et de couvrir les pertes inherentes a l'activite bancaire. Bien
qu'applicable initialement aux risques de marche, elle est utilisee aujourd'hui
comme technique de gestion Actif/Passif pour l'activite de credit. Le principe
de base est de distinguer la notion de « Perte moyenne attendue » de
celle de « perte inattendue ». Cette methodologie peut etre utilisee
«operation par operation », pour un credit, la banque devant evaluer
une perte moyenne qui est statistiquement attendue. Elle a pour vocation
d'être couverte ex-ante par les revenus generes par le credit.
En d'autres termes, elle doit etre incluse dans la tarification du credit en
question, afin que les flux provenant du remboursement permettent de couvrir
cette perte. Elle est evaluee statistiquement, glee a l'utilisation de bases de
donnees historiques qui doivent permettre de connaitre, par segment de
clientele :
· la probabilite moyenne de defaillance d'un segment de
clientele PD « Probabilite de defaut »,
·
le taux d'exposition, au moment du defaut, ou EAD « Exposure
At Default »,
· le taux de perte en cas de defaut, ou LGD « Loss
Given Default » qui evalue la fraction de la creance qui ne pourra etre
recuperee en cas de defaut. Autrement dit, le complement du « taux de
recouvrement ».
Ainsi, pour une unite monetaire de credit octroye, la perte
moyenne «EL : Expected Loss » sera la resultante du produit des trois
parametres &finis ci-dessus :
EL = PD x LGD x EAD
Figure N° 2 :,
Decomposition de la perte attendue
Importance de la perte attendue
1 : Quelle est la probabilite de defaillance
d'une contrepartie ?
2 : Cornbien le client devra- t-il a la banque en cas
de defaillance ?
3 : Quel pourcentage de cette exposition la
banque perdra-t-elle ?
X
Source : GODOWSKI Christophe, 2004
« Perte attendue
« Probabilite de defaillance »
« Equivalence du pret » (exposition au risque
de defaillance)
« Severite (pourcentage perte en cas de defaillance)
Cette perte moyenne peut etre exprimee en valeur ou traduite
en « points de base» qui devront etre rajoutes au taux d'interet
moyen auquel la banque se (re) finance et, aux frais d'exploitations et
operationnels : couts de gestion (eux aussi traduits en points de base), afin
de construire le taux minimal qui peut 'etre appliqué au credit. En
d'autres termes, it convient de s' assurer que la marge (beneficiaire) degagee
par le credit, corrige du « risque moyen » inherent a une telle
operation, est au moins positive.
b- La perte inattendue ou unexpected Loss
(UL)
Par opposition aux pertes attendues, ce sont les fonds
propres economiques qui sont destines a couvrir les pertes inattendues deviant
de la moyenne. Le role de la banque est alors d'evaluer la perte maximale
susceptible de se produire sur ce type d'operation et d'affecter un montant de
fonds propres en consequence, permettant soit de couvrir la perte inattendue en
totalite (optique perte inattendue absolue), soit de couvrir la difference
entre le montant de cette perte maximale et le montant de la perte moyenne
(optique perte inattendue relative).
c- Le capital economique
Le capital d'une banque est la seule protection contre les
pertes susceptibles de survenir. Ce principe est retenu par les autorites de
tutelle qui imposent de respecter un niveau minimal de capital. Celui-ci est
defini selon des normes simples et universelles ; it s'agit de forfaits
appliqués aux encours de credits pour obtenir le capital reglementaire
independamment de la nature de la contrepartie (non prise de la differenciation
du risque de contrepartie). Cette limite est a l'origine de la mise en place de
l'accord de Bale II. Tout le probleme est de passer des forfaits reglementaires
a des mesures plus objectives. A ces mesures objectives, correspond une
estimation « economique » du capital. Le « capital economique
» est donc celui qui permet d'absorber des pertes potentielles mesurees
objectivement. Si tel est le cas, it y a « adequation du capital aux
risques encourus ». Sinon, it faut soit reduire les risques, soit
accroitre le capital. Bien entendu, si ce capital peut etre defini, it doit
etre remunere. Les principaux objectifs du capital economique sont de :
· mesurer les risques le mieux possible,
· permettre de definir les resultats requis en fonction des
risques.
A defaut d'une telle mesure, un etablissement ne sait, ni si
ses risques sont compatibles avec son niveau de capital, ni differencier sa
facturation-client en fonction des risques encourus. Les fonds propres devant
etre constitues apparaitront au denominateur de la mesure RAROC.
Compte tenu des elements &taffies ci-dessus, la mesure RAROC
se traduit par le rapport
suivant :
Marge nette genet* par l'operation -- perte moyenne
(EL)
RAROC --
Capital economique (UL)
Cette mesure donne une indication sur la rentabilite de
l'operation de credit corrigee du risque ; le risque etant pris en compte par
le biais de la « Perte moyenne » et par la quantite des fonds devant
etre affect& a cette operation que la banque devra remunerer. En effet, si
l'on suppose que les actionnaires sont les apporteurs de fonds propres, it est
necessaire que le taux de la rentabilite de ces fonds propres soit conforme a
leurs exigences. C' est ce qui justifie l' existence d'une norme RAROC minimale
(generalement laissee a l'appreciation des dirigeants de la banque) en dessous
de laquelle l'operation de credit ne pourrait etre consideree comme
suffisamment creatrice de valeur, compte tenu du risque qui la caracterise et
de 1' exigence de rentabilite des actionnaires.
|