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Impact de la dette extérieure sur la croissance économique au Bénin

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par Ismaà¯l GNONRONFIN
Université de Parakou - Maà®trise es sciences économiques 2010
  

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B - Analyse empirique sur l'endettement et la croissance économique

Les études recensées en rapport avec le thème ne sont pas nombreuses. En effet, le lien entre le degré d'endettement et certaines variables macro-économiques a fait l'objet de recherches économétriques, bien que la plus part d'entre elles ne traitent pas spécifiquement le cas du Bénin.

La plupart des modélisations des facteurs déterminants de la croissance présupposent que le niveau de la dette influe sur la croissance à la fois directement (en dissuadant les gouvernants d'entreprendre des réformes structurelles) et indirectement (en décourageant l'investissement). Mais relativement peu d'études économétriques ont évalué l'impact direct du stock de la dette sur l'investissement dans les pays à faible revenu.

Certaines études faites par Krugman (1988), Sachs (1989), Froot (1989) et Calvo (1989) ont montré que l'accumulation de la dette et son service constituent une taxe sur la production future et découragent l'investissement par l'effet d'éviction. Les travaux d'Eichengreen B. et de Portes R. (1986) se sont intéressés à l'identification des déterminants du stock de la dette d'une trentaine de pays à un moment donné de leur économie. En effet, l'endettement excessif et le défaut de paiement tendent à réduire le taux de croissance réelle et la crédibilité de l'Etat. Aussi, Claessens (1990), Warner (1992) et surtout Borensztein (1990) ont-ils identifié le service de la dette comme étant un déterminant qui influence négativement l'endettement extérieur à travers des modèles économétriques. Borensztein a conclu par une étude économétrique sur les données de la dette des Philippines que l'encours et le ratio du service de la dette/exportations ont globalement un effet inverse sur la formation du capital privé et incitent l'endettement du pays.

Par ailleurs, peu d'études donnent une idée claire du niveau du ratio de la dette au PIB à partir duquel l'impact du surendettement se fait sentir.

Par contre, une étude de 2002 portant sur 93 pays en développement durant la période 1969-1998 de Pattillo C., Poirson H. et Ricci L. confirme solidement l'hypothèse d'une relation entre l'encours de la dette extérieure et la croissance. Les auteurs constatent que l'incidence de la dette extérieure sur la croissance du PIB par habitant commence à être négative à partir du moment où la valeur actuelle nette (VAN) de la dette dépasse 160-170 % des exportations et 35-40 % du PIB. Leurs simulations suggèrent que le doublement du niveau de la dette ralentit la croissance annuelle par habitant d'environ 1/2 à 1 point de pourcentage.

Dans une étude complémentaire de 2004, Patillo et ses collègues ont appliqué un modèle de comptabilisation de la croissance à un groupe de 61 pays en développement durant la période 1969-1998 et constaté que le doublement du niveau moyen de leur dette extérieure a pour effet de réduire de près d'un point la croissance tant du capital physique par habitant que de la productivité totale des facteurs. En d'autres termes, si l'encours de la dette est élevé, il pèse sur la croissance en ralentissant aussi bien l'accumulation de capital que la progression de la productivité totale des facteurs.

En théorie, le service de la dette extérieure (qui comprend les intérêts et le remboursement du principal) -- par opposition à l'encours de la dette -- peut en outre influer sur la croissance en évinçant les investissements privés ou en modifiant la composition des dépenses publiques. L'augmentation des charges d'intérêts peut accroître le déficit budgétaire du pays et réduire ainsi l'épargne publique. Cela peut, par ricochet, entraîner soit une hausse des taux d'intérêt, soit l'éviction des investissements privés, freinant ainsi la croissance économique. Par ailleurs, l'accroissement du service de la dette peut avoir un effet négatif sur la croissance en réduisant le montant des ressources publiques disponibles pour les infrastructures et la formation du capital humain.

En fait, selon Oxfam International (2001), la charge élevée du service de la dette est l'un des principaux obstacles à la satisfaction des besoins humains de base dans les pays en développement. Mais relativement peu d'études empiriques ont testé ces hypothèses en évaluant l'effet du service de la dette sur l'investissement privé ou sur la composition des dépenses publiques, et les données empiriques à cet égard ne sont pas concluantes.

Le plus connu des travaux est celui réalisé par l'auteur Ojo O. K. (1989) qui par une approche économétrique montre que le rapport de l'encours de la dette/PIB d'une trentaine de pays africains durant la période de 1976 à 1984 est déterminé par : la variation des exportations (X), au rapport des importations/PIB, la population (Pop) et au taux de croissance du PIB (Y). Les résultats statistiques lui permettent de conclure que le rapport de l'encours de la dette/PIB est lié négativement à la variation des exportations, au taux de croissance du PIB et positivement au rapport de l'importations/PIB, et à la croissance de la population (Pop).

Quant à N'Diaye L. (1993), il fait une modélisation de l'endettement pour le Sénégal. Il montre que l'endettement s'explique positivement par le stock de dette antérieure et négativement par le niveau de déficit de la balance courante. Aussi, l'appréciation du taux de change moyen CFA/US diminue le service de la dette. Considérant la quasi-inexistence de réserves au Sénégal, l'équation essaie d'expliquer les mouvements monétaires composés du compte d'opération, du tirage sur le FMI et de la contribution des banques primaires au financement de la balance des paiements. Il trouve que malgré la faiblesse du coefficient de corrélation, cette explication des mouvements monétaires par le compte courant et les investissements directs nets peut être retenue. Au regard de ce résultat et de l'évolution de l'encours de la dette en rapport avec le compte courant, il est difficile de justifier le niveau d'endettement du Sénégal par la recherche d'un équilibre des grandeurs macro-économiques. C'est dire que le Sénégal ne s'endette ni pour équilibrer sa balance courante ni pour accroître ses investissements, car le modèle montre que l'impact du stock de dette sur ces derniers est très faible. Il estime en outre que l'explication des mouvements monétaires (compte d'opération) par le solde de la balance des paiements courants et les investissements nets directs, n'est pas satisfaisante du point de vue des résultats statistiques.

AJAYI S. Ibi (1991) analyse l'impact des facteurs extérieurs et intérieurs de l'endettement du Nigeria. En effet, il choisit comme déterminants du ratio dette/ exportations les variables suivantes : les termes de l'échange, le taux de croissance du revenu des pays industrialisés, le taux d'intérêt réel, le ratio déficit budgétaire/PIB et le trend. Il affirme qu'on doit s'attendre à ce qu'une aggravation des déficits budgétaires accroisse le ratio dette/exportation.

Par ailleurs Coulibaly M. et al (2001) dans une étude réalisée sur l'endettement du Mali ont montré que les indicateurs statistiques tels que le taux d'intérêt, le financement des importations, surtout de biens de consommation courante, et le processus cumulatif de l'endettement ont un effet positif sur le niveau d'endettement du Mali.

Aussi, d'autres auteurs ont identifié le service de la dette comme étant un déterminant qui influence positivement l'endettement extérieur à travers des modèles économétriques [Claessens (1990), Warner (1992) et surtout de Borensztein (1990)]. Borensztein a conclu par une étude économétrique sur les données de la dette des Philippines que l'encours et le ratio du service des dette/exportations ont globalement un effet inverse sur la formation du capital privé et incitent l'endettement du pays.

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