Paragraphe 3 : Revue de littérature :
Aspects théoriques et empiriques de la relation dette extérieure
et croissance économique
La question de la relation entre dette extérieure et
croissance économique a fait l'objet d'études aussi bien
théoriques qu'empiriques. Dans le cadre de la présente revue de
littérature, nous distinguons les travaux théoriques de ceux
empiriques.
A- Approches théoriques
Dans cette partie, il sera question de clarifier les
différents concepts liés à l'endettement ainsi que les
théories qui le sous-tendent.
1- Clarification de quelques concepts
a- Dette extérieure
L'endettement extérieur d'un pays est une transaction
économique naturelle, qui permet aux agents économiques nationaux
et étrangers de procéder à des arbitrages inter temporels
mutuellement avantageux, qu'ils n'auraient pas pu réaliser dans une
économie fermée. Pour être naturel et favorable à
l'efficacité du système économique, les flux de capitaux
peuvent néanmoins déboucher sur des situations de crise
d'endettement, et on considère souvent que la dette extérieure
crée autant de problèmes qu'elle n'en résout. C'est
à dire, on entend par endettement l'ensemble des concours
demandés par un gouvernement auprès des partenaires
(bilatéraux, multilatéraux, institutions financières,
marchés financiers, etc.) pour financer les actions de
développement qui n'ont pu être prises en charge par le budget
national. C'est le montant total des dettes contractées chaque
année qui accroît l'endettement, augmente à cause de
nouvelles dettes et diminue parce que les dettes antérieures sont
remboursées. A ne pas confondre endettement et déficit (ou besoin
de financement). Le déficit annuel est à l'origine de la
variation annuelle de l'endettement. Aussi, la dette extérieure est le
plus souvent remboursée en devises étrangères.
b- Croissance économique
La croissance économique est l'élément
principal poursuivi par tout pays dans le temps et dans l'espace. C'est un
indicateur visé par les responsables de la politique
économique.
Pour une entreprise, la croissance
économique est l'augmentation durable de ces actifs financiers. Elle est
d'origine interne par des intégrations des ressources au capital
social ; par autofinancement de ces investissements. Elle peut être
d'origine externe par l'emprunt, l'émission de nouvelles actions.
En d'autres termes, la croissance économique
renvoie à l'augmentation prolongée sur une longue période
des agrégats économiques tels que le Produit Intérieur
Brut (PIB), le Revenu National (RN), le Produit National Brut (PNB) ou
éventuellement le PIB ou le PNB par tête d'habitant. C'est une
notion quantitative qui se distingue de la notion du développement qui
désigne l'ensemble des changements intervenant dans les structures
mentales, les habitudes sociales et les institutions d'une population. Cet
ensemble de changements conduit à augmenter la production et donc la
richesse et sa prolongation sur une longue période. Notons qu'il existe
d'innombrables détails par rapport à la définition de la
croissance économique.
2- Conceptions théoriques
Pour les keynésiens, l'endettement en
général n'entraîne pas de coût ni pour les
générations présentes et ni pour les
générations futures du fait des investissements nouveaux qu'il
génère. Le modèle de l'endettement de l'Etat dans la
théorie keynésienne tire ses fondements dans la demande globale
et les effets multiplicateur et accélérateur,
caractéristiques fondamentales de cette théorie. Dans cette
approche, l'endettement favorisant la relance de la demande entraîne par
l'effet accélérateur une augmentation plus que proportionnelle de
l'investissement, qui provoque à son tour une hausse de la production.
Le déficit budgétaire, qui conduit par ses flux successifs
à augmenter le stock de dette produit l'expansion du cycle
économique par la demande et l'investissement autonome. Le
déficit auquel correspond l'emprunt stimule la demande et permet
d'alléger le coût de son remboursement. Cet argument reste
plausible tant que le sous-emploi des ressources productives existe, selon la
thèse keynésienne.
Au contraire d'un endettement public qui favorise
l'accumulation du capital et la consommation des générations
futures ou présentes, les classiques assimilent l'endettement à
l'impôt futur et imputent à l'Etat une connotation
négative. Selon Ricardo (1817), les citoyens voient dans l'emprunt un
impôt différé dans le temps et se comportent comme s'ils
sont contraints de payer un impôt ultérieurement pour rembourser
cet emprunt quel que soit le décalage intergénérationnel.
En d'autres termes, le comportement des agents économiques est
guidé par une anticipation à la hausse des impôts.
Toutefois, une réserve peut être introduite selon la nature ou la
qualité des dépenses (dépenses de transfert ou
d'investissement) financées par l'emprunt.
Barro R. (1989) montre qu'une politique de déficit
budgétaire financé par l'emprunt reste sans effet sur
l'activité économique dans la mesure où les agents ne sont
pas victimes de l'illusion fiscale. Ces agents anticipent alors une hausse des
impôts destinés à rembourser l'emprunt en constituant une
épargne d'un montant équivalent à l'endettement public
(Théorème d'équivalence ou de Barro-Ricardo). Dittus P.
(1989) met l'accent sur la relation théorique entre la pression fiscale
et le remboursement de la dette. Il existe au moins des coûts
associés aussi bien à l'endettement qu'à sa
résorption. Tandis que V. Hayek (1989) dénonce l'endettement
comme étant une croissance artificielle, fondée sur un
investissement supérieur à l'effort d'épargne de la nation
et provoquant ajustement par l'inflation. Ainsi, tous les efforts
expansionnistes de l'endettement sur le court terme semblent devoir s'inverser
et entraîner à terme un renversement du cycle ouvrant une phase de
lourde récession.
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