IV.2-Les séquences rituelles de l'oeuvre
Elles sont au nombre de cinq et émanent de la structure
initiatique de l'Etoile à cinq branches.
IV.2.1-La séquence introductive
Comme toute pièce rituelle, l'oeuvre s'ouvre sur le
"warming up" qui permet de bien visualiser le but à atteindre.
Dans cette oeuvre, on annonce la mort de Ntep Iliga et on raconte
son histoire : Ngond Libii, sa femme s'accuse de la mort de son mari et
explique ses échecs. Elle convoque, à cet effet, le village pour
les informer. Ce qui suscitera des réactions de tous les membres de la
communauté.
Cette séquence introductive permet la fixation du
problème et correspond à la pointe du corps qui est
l'élément moteur du théâtre-rituel par ses rythmes.
Cela s'illustre par des danses mortuaires, des cris de deuil qui
caractérisent le début
de La puissance de Um : « portons son deuil !
Portons son deuil ! C'est notre épreuve ! Portons son deuil et qu'on en
finisse »15.
La séquence introductive crée l'espace et le temps.
C'est-à-dire que, c'est dans cette séquence que se créent
le lieu scénique et le temps de la représentation. C'est
l'exposition de la fable dramatique dans l'espace et dans le temps.
IV.2.2-La séquence de la recherche
Cette séquence s'étale sur toute la pièce
car elle est la raison d'être du rituel. Elle est faite de mouvements
contradictoires : on s'accuse et on accuse à tord et à travers,
mais en même temps on traque la vérité.
Ainsi Ngond Libii s'accuse et se laisse accuser, puis rejette la
faute sur les villageois.
La séquence de la recherche est la pointe de la
pensée, de l'intellect qui domine cette période où
l'analyse et la réflexion s'imposent.
IV.2.3- La séquence des "pauses poétiques"
C'est la séquence où chacun s'efforce d'affirmer
son identité, de retrouver son idéal. Dans La puissance de
Um, c'est surtout le moment d'expression des enfants et des
vieillards16 qui ont le plus de mal à
s'épanouir dans la société. Cette séquence
correspond à la pointe de la volonté. Elle renforce à
chaque fois l'élan et la volonté d'expression.
IV.2.4- La séquence des "transes-psychodrames"
Cette séquence permet de vivre, au
théâtre-rituel sur le plan émotionnel, le traumatisme. La
pointe émotionnelle touchée ici fait particulièrement
appel au
15 LIKING (Werewere).- La puissance de Um,
(Abidjan, CEDA, 1979, p 15).
16 Idem.- p. 28 -34
corps et au mental. Les personnages s'expriment aussi bien
gestuellement qu'à travers leurs propres commentaires.
Dans La puissance de Um, les psychodrames du mort, de
Netp Ntep, des trois hommes et de Ngond Libii manifestent la position de chacun
face à l'accusation en le mettant à visage découvert sous
l'effet du tam-tam.
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