REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA FRANCOPHONIE
Union-Discipline-Travail
INSTITUT NATIONAL
SUPERIEUR DES ARTS ET DE
L'ACTION CULTURELLE
(INSAAC)
Année Académique 2003-2004
ECOLE NATIONALE DE THEATRE ET DE
DANSE (ENTD)
DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES ARTISTIQUES (DESA /
THEATRE)
L'ESTHETIQUE ARTAUDIENNE,
CO
DE LA
NCEPTION A LA MISE EN SCENE
L'EXEMPLE DE LA PUISSANCE DE UM DE
.1. ERE.1. ERE-LIKING
MEMOIRE DE FI N DE CYCLE
Session Juillet 2004
Présenté par : KODIA YAO
PIERRE-MARIE Etudiant en 4ème année
ENTD
Sous la direction : M. LIAZERE KOUAHO
ELIE Professeur certifié de lettres modernes
8
SOMMAIRE
Pages
-Dédicaces 3
-Remerciements 4
-Sommaire 5
-INTRODUCTION 7
PARTIE I : DRAMATURGIE ARTAUDIENNE 13
CHAPITRE I : ESSENCE DE L'ESTHETIQUE ARTAUDIENNE 14
I- CONCEPTION THEATRALE D'ARTAUD 14
CHAPITRE II : L'OEUVRE D'ARTAUD : LE THEATRE ET SON
DOUBLE 20
LA NOTION DU DOUBLE : BREF APERÇU DE L'OEUVRE 20
THEATRE DE LA CRUAUTE 22
ROLE DE LA SCENE ET DU SPECTATEUR 31
CHAPITRE III : DIFFERENTES FORMES THEATRALES DERIVEES DU
THEATRE DE LA CRUAUTE 33
LE LIVING THEATRE 33
LE PSYCHODRAME 33
CONCLUSION PARTIELLE 34
PARTIE II : THEATRE-RITUEL : LE CAS DE
LA PUISSANCE DE UM 35
CHAPITRE I : CONTEXTE SOCIO-HISTORIQUE DE L'OEUVRE 36
CONTEXTE SOCIAL 36
CONTEXTE HISTORIQUE 37
APPROCHE DEFINITIONNELLE DE LA NOTION DE RITUEL 38
APPROCHE DEFINITIONNELLE LA NOTION DE
THEATRE-RITUEL 39
TECHNIQUE DU THEATRE-RITUEL 45
CHAPITRE II : LA STRUCTURE EXTERNE DE L'OEUVRE 55
LE TITRE 55
RESUME DECOUPE 56
LES EPIGRAPHES 57
INTRODUCTION 58
PROPOSITION SCENIQUE DE LA PUISSANCE DE UM 59
CHAPITRE III : LA STRUCTURE INTERNE DE L'OEUVRE 61
CADRE SPATIO-TEMPOREL 62
ETUDE DES PERSONNAGES ET DES SYSTEMES
RELATIONNELS 63
SCHEMA ACTANTIEL DE L'OEUVRE 66
CONCLUSION PARTIELLE 69
PARTIE III : LECTURE ARTAUDIENNE DE LA PUISSANCE DE UM70 CHAPITRE
I : IMAGES OBSEDANTES 71
LE FEU 71
LA GUERRE ET LA VIOLENCE 72
LE CERCLE ET LE CHAOS 73
LE SEXE À L'INCESTE 74
L'HUMOUR ET L'ANARCHIE 75
CHAPITRE II : DONNEES MATERIELLES ET SES
CONSEQUENCES 77
L'ESPACE INVESTI 77
LE SOUFFLE ET LE CRI 78
LES MASQUES ET LES MANNEQUINS 78
LES DISSONANCES ET LES CONTRASTES 79
UN SPECTACLE CHIFFRE 80
L'APPEL AUX MYTHES 80
CHAPITRE III : ESQUISSE DE MISE EN SCENE 82
CONCLUSION GENERALE 84
BIBLIOGRAPHIE 86
TABLE DES MATIERES 89
ANNEXES 95
DEDICACES
A mon père KODIA Assoma Alfred A ma
mère FAYI Kousso Rosalie A tous mes frères et
soeurs
Que Dieu Tout-Puissant
Leur donne la santé et une longue vie Eux qui
m'ont tant soutenu
Pour la réussite de ce
travail.
11
REMERCIEMENTS
C'est un devoir moral pour nous d'exprimer notre gratitude
à l'endroit de tous ceux qui, de près ou de loin nous aidé
à mener à bien cette étude.
Ainsi, nos remerciements vont-ils à l'endroit du Seigneur
Jésus-Christ qui nous a donné la force et le souffle de vie
nécessaire pour mener ce travail à terme.
v' A M. Liazéré Kouao Elie qui n'a pas
hésité un seul instant à nous encadrer en nous apportant
son expérience,
v' A M.& Mme. Kouassi Menzan qui oeuvrent tant pour la
promotion du théâtre en Côte D'Ivoire,
v' A tous les enseignants de l'Ecole Nationale de
Théâtre notamment M. Vagba, M. Kacou Parfait,
v' Aux membres de la Compagnie Art Peviel et à tous les
camarades de la promotion (2000-2004) avec lesquels nous avons partagés
des moments inoubliables,
v' A toutes les personnes qui m'ont apporté leur aide
matérielle et financière,
v' Au personnel de la villa KI-YI pour les informations sur la
vie et l'oeuvre de Werewere-Liking, et enfin
v' A tous les K.lam'Art pour leur esprit de solidarité et
de soutien.
INTRODUCTION
Existe-t-il des formes proprement africaines du
théâtre ?
Sans doute serait-il nécessaire, au préalable, de
se demander ce que recouvre la notion de théâtre ?
Le théâtre, étymologiquement
dérivé du grec « théatron », recouvre
une conception et une réalité spécifiquement occidentale
et de ce fait, ne peut inspirer l'africain qui cherche à tout prix sa
forme personnelle de théâtre.
A la question de savoir s'il existe des formes
théâtrales proprement africaines, deux autres questions se posent
à nous :
- Existe-t-il un théâtre africain ?
- L'ensemble des rites et des liturgies de la
société africaine ne sont-elles pas l'apparence d'un certain
théâtre ?
A ces deux questions, nous disons que chaque continent est
caractérisé par sa civilisation, par son univers culturel qui
fait la spécificité de ses habitants.
Ainsi, comme certains occidentaux ont voulu nous le faire
croire, l'Afrique a bel et bien sa civilisation, son univers culturel, sa
spécificité culturelle que les coutumes, les traditions, les
liturgies, en somme les rites se chargent de matérialiser.
Partant de ce fait, nous disons que l'essence de la civilisation
africaine est l'ensemble des éléments rituels qui la
caractérisent.
Autrement dit, l'Afrique est parce qu'elle a des rites qui
constituent un élément vital pour elle. Ces rites ne peuvent
être du théâtre car loin d'être de la vraisemblance
comme le voudraient les représentations théâtrales, ils
sont la réalité vraie de l'africain et, par conséquent,
s'exécutent avec toute l'authenticité qu'ils renferment.
Les tragédies grecques sont fort bien
éloignées d'un Kotéba ou d'un rituel d'Abyssa
à Grand-Bassam.
Le théâtre africain en tant que tel, n'est pas une
réalité. Mais, la transposition des rites africains sur
scène à l'occidentale fait l'objet de théâtre.
C'est donc dans cette perspective que Charles Béart qui
a le plus fait pour susciter en At rique occidentale un théâtre at
ricain de langue t rançaise at t irmait : «Il y aura
théâtre quand des acteurs qui ne croiront plus aux mythes
représenteront ces actions dramatiques pour res-susciter dans l'me du
spectacle, quelque chose du sentiment des croyants ou toute autre
émotion »1.
C'est dire que pour qu'un spectacle de théâtre
soit, il faut qu'il véhicule un certain nombre d'idées
destinées à être comprises et vécues par la
majorité tout en étant préalablement
désacralisé. Il doit être retiré de tout son aspect
magique donc essentiel du rituel at ricain.
Alors, s'inspirer des rites africains pour faire du
théâtre, vise à l'aboutissement
d'un art d'expressions dramatiques. Art où le discours
se doit d'être divulguépar le moyen d'une sorte de pantomime,
où les gestes et les attitudes figurent
dans le sens d'hiéroglyphes vivants concrets et sensibles
sur scène.
Travailler sur l'esthétique artaudienne, du point de vue
conceptuaire à la mise en scène en prenant pour exemple La
puissance de Um de
Werewere-Liking, revient à montrer comment l'on pourrait
s'inspirer des traditions at ricaines pour t aire du théâtre.
Justification du sujet
Notre sujet part d'un constat qui révèle que les
théories des dit t érentes
esthétiques théâtrales selon Aristote,
Brecht, Artaud etc... n'ont jamais étésuivies
immédiatement d'une phase pratique. L'esthétique d'Antonin
Artaud est celle que nous avons choisie pour l'aboutissement de notre
objectit . Car il se démarque et se caractérise par
la dimension sacrée de son théâtre. Son
esthétique est complexe.
1 BEART (Charles).- Recherche des
éléments d'une sociologie des peuples d'Afrique à partir
de leur jeu, (Paris, 1960).
Elle vise à faire travailler l'acteur de manière
subtile dans un langage mathématique avec ou sans parole. Et cela
répond plus à nos rites et traditions. D'où la formulation
du sujet comme suit :
Esthétique artaudienne, de la conception
à la mise en scene : l'exemple de La puissance de Um de
Werewere-Liking.
Mais pourquoi porter une réflexion sur l'application
d'Artaud sur La puissance de Um ?
Nous savons que l'auteur (Werewere-Liking) est un adepte de
l'art pour le langage du corps dans sa totalité, dans son
expressivité, son originalité par rapports aux traditions
africaines. Elle fait preuve d'une grande habileté dans le traitement de
l'acteur, des objets, des symboles qu'elle construit avec une parole
poétique sous forme incantatoire. Et cela crée un spectacle
extraordinaire : le théâtre-rituel.
Aussi, nous envisageons faire de notre étude un exemple
de support théorique et pratique de l'esthétique d'Artaud pour le
service des générations futures. Et cela du point de vue de la
collectivité pour la révolution théorique et pratique de
l'art vivant théâtral dans notre pays.
Problématique
Artaud, à travers son esthétique a
apporté un plus par la connaissance scientifique de tout ce qui a trait
au théâtre par le langage mathématique du corps qui se doit
de satisfaire les sens.
La complexité de son esthétique l'ayant rendu
moins célèbre qu'Aristote ou Brecht, notons qu'il a quand
même marqué l'époque contemporaine au
théâtre.
Cependant, le théâtre de la
cruauté, son esthétique théâtrale
manifestée dans sa principale oeuvre dramatique, Le
théâtre et son double, n'a pas été
exploitée ou réalisée dans son intégralité
selon les dispositions pratiques de la scène du fait de son exigence de
«totalité» et de «poétique».
Par conséquent, plusieurs interrogations restent
posées.
- quelle est l'essence de l'esthétique d'Artaud ?
- comment concevoir cette esthétique ?
- comment l'appliquer et quelles sont les insuffisances qui en
découleront dans la mise en scène d'un
théâtre-rituel ?
- quels sont les points de convergence de l'esthétique
d'Artaud et ceux du théâtre-rituel ?
C'est le lieu de montrer dans notre analyse, comment
l'esthétique d'Artaud qui est une conception européenne peut
être représentée dans une mise en scène
appliquée à La puissance de Um de Werewere-Liking, pour
une meilleure exploitation.
RésuméL'oeuvre
de Liking nous fait pénétrer dans le monde mystérieux d'un
rituel de mort où, comme dans tout rituel, une question d'ordre vitale
est posée : qui a tué Ntep Iliga ?
Dans nos sociétés africaines où la mort
n'est jamais naturelle, il faut nommer un coupable qui restituera au groupe son
harmonie primitive.
Le village rassemblé s'interroge sur la part de
responsabilité de chacun.
L'oeuvre est d'actualité et nous transpose dans la
métaphysique où avec l'esthétique d'Artaud, nous nous
attèlerons à montrer scientifiquement sa richesse artistique.
Corpus
La conception et l'application de l'esthétique d'Artaud
sur La puissance de Um, est le sujet de notre étude.
Pour ce faire, nous nous approfondirons sur tous les ouvrages
traitant de la théorie d'Artaud, particulièrement Le
théâtre et son double. Comme toute théorie,
elle a besoin d'illustration pour son champ d'application.
Et cette illustration reste l'oeuvre de Werewere-Liking: La
puissance de Um.
Etat des connaissances
Nous ne pouvons être exhaustifs en ce qui concerne
l'état des connaissances bibliographiques sur le sujet de notre
étude.
Seulement nous avons connaissance d'une panoplie d'ouvrages
écrits sur Antonin Artaud et Werewere-Liking.
Des mémoires, des exposés sur l'esthétique
d'Artaud ont été réalisés mais sous d'autres
aspects.
Cependant, il faut noter que pour Artaud, son initiative
théâtrale a pris forme suite à l'expérience qu'il a
eue du théâtre Balinais en Orient.
C'est par rapport à ce théâtre, qu'est
né son esthétique de théâtre de la
cruauté. Mais, il n'en demeure pas moins influent dans la mesure
où il a conçu un avenir à certains genres tels que le
psychodrame, le Living théâtre.
Hormis la création de ces genres
théâtraux, il a aussi inspiré certains hommes de
théâtre comme Grotowski, Peter brook, Jean-Louis Barrault, la
portée de la formation corporelle de l'acteur et les nouvelles tendances
de mise en scène aussi bien que la dramaturgie.
Par ailleurs, Artaud ne pouvait pas passer inaperçu
dans la mesure où il a construit l'industrie de loupes pour le corps :
principal moyen, d'expression de l'acteur.
Quant à Werewere-Liking, elle fonde toute sa
réflexion sur la dispensation des techniques initiatiques
traditionnelles africaines pour une meilleure approche de l'esthétique
du théâtre-rituel. En application à ses théories
initiatiques du rituel, elle a, en tant que praticienne de l'art
théâtral, fait plusieurs mises en scène :
à savoir Les mains veulent dire, La
rougeole arc-en-ciel (pièce inédite),
Une nouvelle terre suivie Du sommeil
d'injuste, La puissance de Um, qui sont ses
pièces rituelles.
Cependant, le sujet de notre étude, sans aucune
prétention, n'a pas été traité. Son
intérêt pour nous, nous amène à montrer comment
révolutionner l'art théâtral ivoirien sur la base de nos
rites et traditions, à travers une démarche
méthodologique.
Etude que nous souhaiterons transformer en une ornière
de l'analyse et de l'application des théories et esthétique de
l'art théâtral pour les archives de l'Ecole Nationale de
Théâtre.
Démarche méthodologique
Quelles méthodes de travail allons nous exploiter pour
l'aboutissement de notre étude ?
A cette question, Barthélemy KOTCHY répondait
ceci : « la méthode sociocritique semble Itre à l'heure
actuelle la méthode la plus scientifique, la plus englobante, parce
qu'elle permet de comprendre l'individu dans ses créations face à
la société»2.
Ainsi, cette méthode nous permettra de faire une approche
scientifique de l'application de la théorie d'Antonin Artaud sur La
puissance de Um.
On prendra en compte les motivations socio-culturelles,
socio-historiques, sociologiques et religieuses de l'oeuvre.
Plan
Tel que libellé, nous subdivisions notre étude en
trois parties :
La première partie intitulée : Dramaturgie
artaudienne, la deuxième partie : Théâtre-rituel : le cas
de La puissance de Um, et la troisième partie : Lecture
artaudienne de La puissance de Um.
2 KOTCHY (Barthélemy).- Propos sur la
littérature africaine, (Abidjan, CEDA, 1984, p 180).
PARTIE I
DRAMATURGIE
ARTAUDIENNE
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