POUR LE DEVELOPPEMENT
La communauté internationale s'est donnée comme
mission de réaliser les objectifs du millénaire pour le
développement(OMD). Beaucoup de bailleurs de fonds veulent savoir si la
microfinance, (c'est-à-dire les services financiers destinés aux
pauvres), représentent un outil efficace de réalisation des OMD.
Pour apporter une réponse à cette question, le CGAP21
à décider d'examiner les résultats empiriques de
l'accès des pauvres aux services financiers et de déterminer dans
quelle mesure cet accès est favorable aux OMD. Cette étude
analyse point par point les OMD et la contribution de la micro finance sur leur
réalisation.
De quelle manière la micro finance
contribue-t-elle aux OMD ?
L'accès aux services financiers renforce la
capacité des pauvres à réaliser les OMD par leurs propres
moyens et de façon durable. Les services financiers permettent aux
pauvres d'augmenter et de diversifier leurs revenus, d'amasser des biens
humains, sociaux et économiques et d'améliorer leur existence de
façon qui reflète les aspects multidimensionnels de la
pauvreté. L'expérience montre que les pauvres décident
d'investir en un large éventail de biens : amélioration de leur
nutrition, progrès sanitaires, accès à l'éducation,
préparation du toit de leurs maisons et expansion de leurs petites
entreprises.
Comment la micro finance favorise-t-elle
l'éradication de la pauvreté extreme et de la faim
?
21 CGAP, Note sur la microfinance N°9,
décembre 2002, pp.1-2
Dans la plupart des pays, les pauvres n'ont pratiquement pas
accès aux services financiers formels. Un prêt de faible montant
peut aider à briser le cycle de la pauvreté si ce montant est
investi au sein d'une activité économique générant
une augmentation de revenu. De la même façon, la
possibilité de placer ces économies en lieu sftr permet aux
pauvres de se prémunir à l'endroit des crises imprévues,
telle qu'une maladie ou une mauvaise récolte, qui pourraient facilement
les faire basculer dans la misère. Les enquêtes effectuées
auprès des clients de micro finance ont montré les impacts
suivants :
* En Inde, la moitié des clients de SHARE ont pu
émerger de la pauvreté.
* Au Salvador, le revenu hebdomadaire des clients de FINCA a
augmenté en moyenne de 145%.
* Au Vietnam, les clients d'une organisation partenaires de Save
the Children ont ramené leur déficit alimentaire de trois mois
à un mois.
Comment l'accès aux services financiers
améliore-t-il l'éducation ?
L'amélioration de l'accès aux services
financiers et l'augmentation de leurs revenus permettent aux pauvres d'investir
dans l'avenir de leurs enfants. Les enquêtes effectuées au sujet
de l'impact de la micro finance sur la scolarisation des enfants ont
montré que :
*Au Bengladesh, pratiquement, toutes les filles vivant dans
les foyers clients de la Grameen Bank étaient scolarisées, alors
que la proportion des filles scolarisées n'atteignait que 60% pour les
foyers non clients. Le niveau de connaissance en matière d'instruction
élémentaire (lecture, écriture et arithmétique)
pour les enfants âgés de 11 à 14ans au sein des foyers
clients du BRAC a doublé en trois ans (passant de 12% en 1992 à
24% en 1995), et dépasse celui des enfants vivant dans des foyers non
clients.
* En Ouganda, le montant consacré par les clients de
Foccas à l'éducation de leurs enfants était
supérieur d'un tiers à celui dépensé par les non
clients. Comment l'accès aux services financiers
améliore-t-il la santé des enfants et des femmes
?
La perte de revenu consécutive à une maladie et
aux dépenses médicales associées peut faire fondre
rapidement le revenu et l'épargne, et force souvent les pauvres à
se défaire de leurs actifs et à s'endetter. L'accès aux
services financiers permet aux clients d'avoir recours aux soins
médicaux dont ils ont besoin, sans attendre que leur état de
santé se soit détérioré de façon
catastrophique. Certains programmes de micro finance incorporent explicitement
les questions de scolarisation et de soins de santé
élémentaires au sein de leurs méthodologies de
crédits d'épargne. Des enquêtes ont montré que des
services financiers ont eu un fort impact positif sur la santé des
enfants et des femmes :
- Au Bangladesh, les clients du BRAC étaient moins souvent
victimes de malnutrition sévère que les non clients.
- En Bolivie, les clients de CRECER avaient adopté de
meilleures pratiques en matière d'allaitement et de
fluidothérapie pour les enfants souffrant de diarrhée et leurs
enfants affichaient un taux d'immunisation du vaccin DCT3 plus important.
- En Ouganda, 95% des clients de Foccas participaient à
un programme de micro crédit associant services financiers et
initiatives éducatives visant à améliorer la santé
et la nutrition de leurs enfants, ce taux de participation n'étant que
de 72% pour les non clients. En outre, 32% d'entre eux avaient essayé
l'une des pratiques de prévention du Sida, soit 2 fois plus que les non
clients.
La microfinance est-elle favorable aux
infrastructures publiques ?
Il n'existe qu'un petit nombre de travaux étudiant
l'impact sur les infrastructures publiques des services financiers
destinés aux pauvres. L'expérience montre cependant, qu'une
augmentation de revenu encourage les pauvres à prendre des
décisions d'investissement pour l'amélioration de leurs habitats,
de leur approvisionnement en eau et de leurs conditions sanitaires. Un grand
nombre de programmes de micofinance accorde des prêts spécifiques
pour
la construction de puits tubés et d'installations
sanitaires ; certains, tels SEWA en Inde, ont associé la microfinance
à des projets de réhabilitation de bidonvilles. Ces initiatives
sont bénéfiques pour les infrastructures locales, dont le
financement est assuré par des prêts accordés par des
institutions de microfinance.
De quelle manière l'accès aux services
financiers favorise-t-il la prise d'autonomie des femmes ?
La possibilité d'emprunter, d'épargner et de
gagner un revenu permet aux femmes de gagner en assurance et de mieux
confronter les disparités systémiques entre les sexes. Les
études effectuées indiquent que cette émancipation prend
différents aspects :
- En Indonésie, les femmes clientes de BRI
étaient plus susceptibles que les non clientes de prendre des
décisions en commun avec leurs maris au sujet de l'affectation des
ressources financières du ménage, de l'éducation des
enfants, de l'utilisation des moyens contraceptifs et de la taille de leurs
familles.
- Au Népal, 68% des membres du Women's Empowment
Program (Programme pour une plus grande autonomie des femmes) déclarait
prendre des décisions au sujet de l'achat et de la vente de biens, de la
scolarisation des filles, du mariage des enfants et de la planification
familiale.
- En Inde, les clients du SEWA ont fait pression pour obtenir
des augmentations de salaires, faire valoir les droits des femmes à
l'intérieur du secteur informel et résoudre les problèmes
de leur quartier.
- Au Bangladesh, en Bolivie, au Népal, aux Philippines
et en Russie, des clientes des programmes de microfinance se sont
présentées aux élections locales et ont été
élues.
Comment les bailleurs de fonds peuvent-ils utiliser
la microfinance pour contribuer à la réalisation des OMD
?
- En informant leur personnel que l'accès aux services
financiers contribue à la réalisation des OMD.
- En apportant leur soutien à différents types
d'institutions financières qui fournissent un éventail de
services financiers aux pauvres. L'impact serait encore plus important si le
client avait accès à des services plus poussés que l'offre
des micros crédits standards et qui correspondent mieux à leurs
besoins (produits de dépôts, virements des fonds, micro
assurance).
- En adoptant une approche de la microfinance qui
procède d'une stratégie de développement du secteur
privé ou du secteur financier s'efforçant de fournir des services
financiers aux pauvres sur une base permanente et à grande
échelle. Les services financiers ne peuvent contribuer aux
progrès social que si les prestataires de microfinance parviennent
à la pérennité.
- En apportant leur soutien aux initiatives gouvernementales
visant à l'élargissement du secteur financier en faveur d'une
clientèle plus pauvre, par exemple au moyen d'une abolition du
plafonnement des taux d'intérêts.
- En admettant que, dans un grand nombre de cas, la
microfinance peut ne pas constituer le meilleur outil de réduction de la
pauvreté. Des programmes de lutte contre la pauvreté bien
ciblé et des mesures de protection sociale peuvent représenter
des solutions plus adéquates pour des catégories de populations
extrêmement pauvres ou misérables ou n'exerçant aucune
activité économique.
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