CONCLUSION
Au départ, nous nous sommes fixé comme objectif
dans ce travail de mesurer les changements socio-économiques intervenus
dans la vie des populations dans la préfecture de Tchaoudjo après
avoir bénéficié des services des IMF notamment les
crédits reçus. Pour y parvenir, nous avions émis des
hypothèses que nous nous sommes proposé de vérifier.
Ainsi, notre travail a constitué à
étudier l'apport de la micro finance dans l'amélioration des
conditions de vie des populations dans le milieu. En effet, la
préfecture de Tchaoudjo se situe dans la région centrale du Togo
; la deuxième région la plus pauvre du Togo avec 82,2% de la
population vivant dans la pauvreté et 63,9% de celle vivant dans
l'extrême pauvreté.42 Pourtant la réduction de
la pauvreté et de l'extrême pauvreté figure parmi les 8
OMD. Adoptant la Déclaration du millénaire au cours de
l'Assemblée Générale des Nations Unies de Septembre 2000,
le Togo s'était engagé à atteindre ces objectifs du
millénaire pour le développement (OMD). Un rapport national sur
les OMD a été préparé et validé au cours
d'un séminaire national tenu en Octobre 2003 et adopté par le
Gouvernement en Mars 2004 pour informer le grand public et les décideurs
des progrès dans le sens de la réduction de la pauvreté.
Selon ce rapport, à moins que des efforts particuliers soient faits en
termes d'investissements par le pays et d'engagements de la part des bailleurs
de fonds, le Togo ne serait en mesure de réaliser aucun des OMD d'ici
à l'horizon 2015. Il est donc préoccupant de s'intéresser
aux voies et moyens pouvant contribuer à la réduction de la
pauvreté et de l'extrême pauvreté au Togo ; et par
là, notre étude trouve toute sa pertinence et son utilité.
Les résultats de cette étude sont assez satisfaisants quoiqu'ils
ne soient pas exempts de réserves, certaines réponses fournies
par nos enquêtés devant être prises avec des pincettes.
D'ailleurs, GHIGLIONE (R) et MATALON (B) affirment dans
42 Togo : DSRP intérimaire, Juin 2004, p.11
Enquêtes sociologiques, théorie et pratique, que
« Lorsque la question porte sur une opinion(...), rien n'assure que cette
opinion existe effectivement même pas le fait que la personne ait
répondu à la question. Non seulement certaines personnes
interrogées peuvent n'avoir jamais réfléchi au
problème dont il est question (donc ne pas avoir vraiment d'opinion
à ce propos), mais il se peut aussi que leur manière de concevoir
le thème soit toute différente de celle qui sous-entend et qui a
orienté sa formulation... »43
Cependant, les résultats que nous avons obtenus
à l'issue de notre étude nous permettent de réaffirmer que
la microfinance contribue effectivement à l'amélioration des
conditions de vie des populations dans la préfecture de Tchaoudjo du
fait que non seulement les montants des crédits que les mutuelles
accordent aux demandeurs sont consistants, mais aussi la plupart des
remboursements de ces crédits se font souvent à temps(même
s'il ya de légers retards) et à cause aussi des autres services
tant financiers et non financiers qu'elles leur proposent. La consistance du
crédit est tributaire de sa force à augmenter la capacité
du bénéficiaire à mieux accroître ses revenus. Elle
doit aussi contribuer à aider, ou mieux à former le
bénéficiaire à bien gérer ses activités et
par là les bénéfices générés par
celles-ci. C'est là son rôle le plus fondamental. Même si le
crédit n'est pas une fin en soi, il permet infailliblement «
d'améliorer les conditions de vie et le bien-être des habitants
d'un pays, de les libérer de l'esclavage que représente une lutte
quotidienne pour la survie »44. De plus, la bonne gestion des
activités suppose l'investissement dans un domaine productif
(directement ou indirectement). Quant au remboursement des prêts à
temps, disons qu'il est la conséquence non seulement de
l'efficacité de l'action de la mutuelle, mais aussi de la prise de
conscience des clients de la nécessité de mieux gérer
leurs activités. Unanimement, les populations, qu'elles aient
reçus
43 GHIGLIONE R. et MATALON B. , Enquêtes
sociologiques, théorie et pratique, Paris, Armand-Collin, 1976, p.17
44 Nations Unies : L'économie mondiale, publié par
le département de l'information des Nations Unies, New York, 1990,
p.85.
du crédit ou pas, reconnaissent que leurs mutuelles
leurs ont permis d'améliorer leurs conditions de vie. On peut à
cet effet qualifier volontiers la micro finance de « surveillance sociale
» en ce sens qu'elle aide les bénéficiaires de ses services
à s'auto promouvoir sur les plans social, économique et
même culturel sans pour autant recourir nécessairement aux moyens
les plus contraignants.
Rappelons également que des efforts ont
été faits et sont en train d'être faits pour exposer le
vrai visage des IMF dont l'image est souvent perçue d'un mauvais oeil.
Désormais, il faut dire que la stratégie participative des IMF
est une opportunité de prise en charge des populations qui deviennent
des acteurs de leur propre développement et non des assistés.
Notre étude se veut tout simplement une prise de
conscience sur la question de la lutte contre la pauvreté. Certes, cette
question ne concerne pas seulement l'autorité politique (qui est bien
sûr le premier responsable), mais c'est aussi l'apanage des chercheurs et
même de tous les acteurs sociaux. En ce sens, notre travail constitue
également un cri d'alarme lancé vers tous les acteurs sociaux en
vue de développer des stratégies pour éradiquer le
fléau de la pauvreté.
Pourrions-nous d'ailleurs prétendre épuiser tout
ce sujet lorsque la population de notre étude constitue un
échantillon des adhérents des IMF dans la préfecture de
Tchaoudjo ? C'est dire que notre échantillon est loin de refléter
toutes les réalités de la population de notre milieu
d'étude ou même de celle qui bénéficie des services
des IMF.
Nos résultats et conclusions ne sauraient donc
évacuer l'étude sur le rôle des IMF dans la lutte contre la
pauvreté, mais ouvrent la brèche à d'autres études
qui enrichiraient davantage ce débat. C'est d'ailleurs l'objectif
central de toute étude scientifique.
|