La microfinance et sa contribution à l'amélioration des conditions de vie des adhérents; cas de la préfecture de Tchaoudjo dans la région centrale du Togo( Télécharger le fichier original )par Abdou-Wahabi ABDOU Université de Lomé - Maitrise en sociologie 2010 |
INTRODUCTIONEvaluée à un peu plus de six milliards, la population mondiale est dispersée sur tout le globe terrestre et à des densités différentes selon les régions. Aussi, le niveau de vie de ces différentes populations varie t-il selon les milieux de vie. Ainsi, selon un rapport du Programme des Nations-Unies pour Développement (PNUD), « une personne sur cinq dans le monde (plus d'un milliard d'individus) continue de survivre avec moins d'un dollar par jour, un niveau de pauvreté si abject qu'il menace la capacité de survie. Un milliard et demi de personnes vivent avec un à deux dollars par jour. Plus de 40% de la population mondiale forme de fait une classe défavorisée planétaire confrontée quotidiennement à la réalité ou à la menace de la pauvreté la plus extrême »1. On estime que globalement, plus d'un milliard de personnes pauvres dans le monde n'ont pas accès à des services financiers de base pour gérer leur argent et développer des activités2. Cet état de choses met en évidence une réalité : celle de la pauvreté qui caractérise des populations obligées de lutter quotidiennement pour leur survie. Elle est également l'une des caractéristiques du sousdéveloppement qui globalement se caractérise par l'incapacité d'un pays à exploiter d'une façon optimale ces propres ressources naturelles, humaines et son capital. Dans les PSD, c'est plus de 80% des familles qui sont exclues du secteur financier formel3. Les populations s'investissent alors dans le secteur informel qui occupe une place importante dans l'économie de ces pays. A partir des années 1960, les PSD s'étaient lancés dans la voie du développement en aidant les populations à lutter contre la sous-alimentation, la malnutrition, les problèmes de logement. Malheureusement, après près de 50 1 Cf. PNUD, Rapport mondiale sur le développement humain 2005 (http:// 2 CGAP ( www.cgap.org) 3 GENTIL Dominique et al, Microfinance, orientations méthodologiques, commission européenne, 2002 (2ème édition ), p.35 ans, le bilan reste négatif. En effet, les politiques de développement de ces pays ont connu des échecs à cause non seulement de l'insuffisance des moyens de leur mise en oeuvre, mais aussi et surtout à cause des méthodes d'intervention de ces pays. Cela se répercute sur les différents secteurs de ces pays et la pauvreté devient la cause et la conséquence de leur état de pays sous-développés. « Les gens peuvent encore vivre actuellement sur les réserves, mais attendez le mois d'avril et le mois de mai et vous constatez que la plupart des greniers sont vides. Dès le moi de mars, la fréquentation scolaire commence à diminuer. Car on ne peut pas demander aux enfants de parcourir de longues distances l'estomac vide. Ils n'ont simplement pas la force de marcher. Ils vont dans la brousse chercher les feuilles de baobab ou quelque chose d'autre à manger. Ce n'est pas nourrissant. La majorité des familles se contente d'un repas par jour pendant la période de soudure. Ces enfants ne vont pas penser à apprendre et à écrire. »4. Au cours de la dernière décennie (de 1990 à l'an 2000), le Togo s'est retrouvé dans une situation socio-économique et politique difficile caractérisée par un déclin économique, des émeutes, une pauvreté croissante et un désengagement des bailleurs de fonds. Selon le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) intérimaire du gouvernement, en l'an 2000, environ 72,2% de la population togolaise vivait en dessous du seuil de la pauvreté et 57,4% dans une extrême pauvreté, sur la base des revenus annuels de 100.800 FCFA et de 78.400 FCFA (environ 200 et 150 dollars US)5 respectivement. Avec un revenu par habitant de 310 dollars US en 2003, le Togo figure parmi les pays les plus pauvres de la planète. Selon le rapport sur le développement humain 2003 du PNUD, le Togo est classé au 141ème rang mondial sur 173 pays. La détérioration des conditions de vie et l'extrême pauvreté affectant la grande majorité de la population ont causé à la société togolaise des 4 Banque mondiale, Evaluation, New York, 1994, p12 5 Cf. Togo-DSRP, Juin 2004, p.11 dommages socio-économiques difficilement réparables. Cette situation est illustrée par la détérioration des principaux indicateurs sociaux, notamment en matière d'éducation, santé et nutrition, accès à l'eau potable, hygiène et autres services de base. La détérioration des conditions de vie se traduit également par une aggravation de la vulnérabilité sociale. Le manque de ressources a contraint le gouvernement à limiter ses dépenses vis-vis des secteurs sociaux prioritaires. L'incidence de la pauvreté laisse apparaitre une image plus complexe suivant les régions, le genre et les secteurs sociaux. En effet, la pauvreté est surtout répandue en milieu rural avec des incidences les plus accentuées dans la région des savanes et du centre. Tableau 1: Incidence de la pauvreté par région au Togo
Source : Togo- projet DSRP intérimaire Juin 2004, p.11 Les données de ce tableau illustrent que les deux régions où la proportion des pauvres est plus élevée du pays sont la région des Savanes et la région Centrale avec respectivement 85,9% et 82,2% de populations pauvres et 73,2% et 63,9% de la population vivant dans l'extrême pauvreté. Suivent ensuite la région maritime (80%), la région de Kara (79,8%), la région des Plateaux (73,5%) et la région Lomé-Golf (50%). Les flux d'aides extérieures au Togo ont baissés depuis le début des années 90. Au cours de la dernière décennie, les bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux représentaient respectivement environ 60% et 32% de l'assistance extérieure du Togo, et les ONG internationales ont contribué en moyenne aux 8% restants. Malgré la suspension de l'assistance budgétaire, plusieurs bailleurs de fonds ont continué à soutenir les projets principalement à travers des entités non gouvernementales et des collectivités locales, avec un accent sur les secteurs sociaux. C'est en ce sens que dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, donateurs et praticiens ont fait appel à la microfinance pour insérer les populations pauvres dans le développement économique de leurs pays à travers la création d'emplois, de revenus et donc de pouvoir d'achat. C'est justement ce qu'il faut pour soutenir les populations togolaises du fait que avec la crise socio-politique et économique qui a plongé le pays dans une misère sociale, l'économie nationale est soutenue par un secteur informel plus dynamique et plus entreprenant. Dans la préfecture de Tchaoudjo, la misère sociale est une réalité que vivent les populations quotidiennement. Le pouvoir d'achat est très faible et tous les secteurs sociaux même les plus prioritaires (santé, éducation, etc.) en font les frais. Dans ces conditions, les IMF deviennent les principaux pourvoyeurs de services financiers à la population. Après près de vingt ans de présence, il est nécessaire ou même urgent de réfléchir et de comprendre leur action et leur impact sur les conditions de vie des populations en vue de proposer des alternatives pour l'encourager et / ou la reformer. C'est dans ce cadre que se situe notre étude. Elle s'articule autour de trois (3) parties : - La première partie constitue le cadre théorique et conceptuel de la recherche et comprend deux chapitres :
- La deuxième partie présente les cadres physique et méthodologique de l'étude. Cette partie comprend deux(2) chapitres : 1-Présentation du cadre physique de l'étude 2- La méthodologie de la recherche - La troisième partie présente l'analyse des données et l'interprétation des résultats et comprend également deux(2) chapitres :
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