CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE
II-1-POSITION DU PROBLEME
Considérée comme une alternative pour la
résolution des problèmes des populations pauvres et n'ayant donc
pas accès au système financier classique, la microfinance a fait
ses preuves dans plusieurs régions du monde. Elle a connu un essor dans
les années 1990.
On distingue trois types d'IMF : Il s'agit d'institution
d'épargne et de crédit à forme coopérative ou
mutualiste, d'institution à crédit direct ou solidaire et l'ONG
à volet crédit. Dans le premier groupe d'institution, on a quatre
(4) structures d'institutions qui offrent des services de microfinance. Il
s'agit des ONG, des COOPEC, des banques étatiques et des
microfinances.
En Afrique de l'Ouest, en 1998, les services des IMF atteignaient
globalement plus de 15 % des ménages32.
Au Togo, selon une étude du PNUD réalisée
en 2000, la pauvreté touche environ 60 % de la population togolaise. Les
groupes à faible revenu connaissent des problèmes (insuffisances
alimentaires, manque des soins sanitaires, etc.) et se concentrent dans le
secteur informel. Ce secteur occupe une place significative dans
l'économie togolaise. Il emploie environ 23 % de la population active de
plus de 14 ans .Sa part dans le PIB en 1994 était évaluée
à 30,3% minimum33
L'expérience montre que la microfinance peut aider les
pauvres à augmenter leurs revenus, créer des entreprises viables
ou renforcer leurs activités économiques et les sortir donc de la
pauvreté. Elle peut constituer un puissant instrument
d'émancipation permettant aux pauvres de devenir des agents
économiques et acteurs de changement. Cela s'illustre par les
progrès
32 Microfinance Pratical Guide,the Constative Group to assist the
poorest (CGAP) Word Bank, Novembre 1999.
33 Togo, Document Intérimaire de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté (DISRP), Juin 2004, P.8
considérables que connaissent les IMF au Togo. En
effet, les bénéficiaires des services des IMF au Togo
étaient passés de 62.400 en 1995 à 330.080 en 2005.
L'encours des dépôts aussi était passé de 5,5
milliard en 1995 à 27,5 milliard en 200434. Il est donc clair
que la microfinance est une réalité vivante au Togo, son
rôle dans l'économie togolaise est perceptible.
En ce qui concerne la structuration du marché, La FUCEC
--Togo (faîtière des Unités coopératives d'Epargne
et de crédit du Togo) occupe une place prépondérante dans
le secteur de la microfinance dans le pays.Elle représente à elle
seule 58 % de la clientèle (contre 52 % en 2001 et 84 % en 2000) et a
distribué, en 2001 ; 47% des crédits dans ce secteur (contre 49 %
en 2004).
Il est donc clair que la pratique de la microfinance au sein
des structures qui composent le réseau de la FUCEC- Togo connaît
une ascension nécessaire à pérenniser.
Dans la préfecture de Tchaoudjo, les activités
de la micofinance se pratiquent par près de six (6) institutions
relativement puissantes et en rude concurrence. Il s'agit de la FUCEC,
l'URCLEC, l'UMECTO, WAGES, IRCOD Champagne Ardent et la CMECF. Leurs services
sont globalement constitués des épargnes et des crédits.
L'épargne est ouverte à toute personne morale ou physique sur
certaines conditions. Quant au crédit, il est destiné aux
pauvres. L'institution étudie la capacité de remboursement du
client avant de lui accorder le crédit. Bref, toutes ont pour objectif
principal de lutter contre la pauvreté. La proportion des pauvres
étant très élevée dans cette région du pays
(82% de la population), ces institutions ont été les bienvenues.
Les clients composés en majorité des petits commerçants,
des revendeurs ou des artisans affirment être fiers des activités
de ces institutions, pensent qu'elles sont efficaces pour lutter contre la
pauvreté et affirment les soutenir pour leur service et même leur
prospérité.
34 Bulletin trimestriel du Comité National de
Microfinance au Togo, N°001- Janvier 2006, p.9
Cependant, force est de constater que près de 10%
seulement de clients arrivent à rembourser leurs crédits dans les
délais conclus sans difficultés. Dans certains cas, ces
institutions sont obligées de menacer avant que les clients ne
remboursent leurs crédits et dans d'autres cas, ces derniers ne les
remboursent pas du tout. Pourtant, composées en majorité de
Mutuelles, ces institutions fonctionnent essentiellement à partir des
fonds issus de l'épargne de leurs clients et des intérêts
issus des prêts remboursés. De plus, l'efficience du crédit
doit normalement permettre de le rembourser dans les délais conclus.
Le non remboursement des crédits par certains clients
empêche d'autres d'accéder à leur épargne et menace
donc la survie des institutions.
Pour les dirigeants des institutions, cette incapacité
de remboursement est essentiellement due à ce qu'ils appellent le «
détournement d'objet de crédit ». En effet, selon eux
certains clients prennent des crédits pour un objectif
déclaré à l'institution, mais emploient l'argent dans
d'autres domaines généralement improductifs. Pour les clients,
l'explication n'est pas claire. Si pour certains ce sont « les
activités qui ne marchent pas », pour d'autres par contre, c'est
leur extrême pauvreté qui les empêche de reconstituer
progressivement le capital et de rembourser peu à peu les
crédits. Tout compte fait, il y a un mythe qui y demeure.
On peut donc se poser certaines questions : Dans la
préfecture de Tchaoudjo, qu'est-ce qui explique l'incapacité de
certains clients à rembourser les crédits que leur accordent les
IMF ? Ces institutions contribuent-elles à lutter contre la
pauvreté au sein de ces populations et par là, contribuent-elles
à améliorer leurs conditions de vie ?
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