CHAPITRE II : LA TARIFICATION DES SERVICES SUR
INTERNET
Dans ce chapitre, nous considérons un marché sur
lequel deux services sont offerts aux consommateurs. La consommation du second
service est conditionnelle à celle du premier. Ici le premier service
assimilé à l'accès est facturé au client, et le
service assimilé au portail est financé par la publicité
et est donc utilisé gratuitement par les internautes. Enfin, ces deux
services peuvent être offerts, soit par deux entreprises
indépendantes, soit par une entreprise verticalement
intégrée. C'est donc en valorisant les consommateurs du second
service sur le marché de la publicité que les entreprises en
aval, ou l'entité aval de l'entreprise verticalement
intégrée, réalisent des profits.
II.1. LA SITUATION DE REFERENCE : LE MONOPOLE
VERTICALEMENT INTEGRE6
Les deux services complémentaires sont offerts par une
entreprise, qui ne fait face à aucune concurrence. Dans ce contexte,
nous cherchons à déterminer si les firmes ont
intérêt à offrir le premier service à un prix
inférieur à leur coût, et ce sous quelles conditions.
6 Fleurot I., Sommer T. (2000), « la tarification
des services sur le media Internet » p.42-44
La tarification des services sur Internet et de
télécommunication dans le marché électronique en
République Démocratique du Congo 2000-2008 » TWC- Paka
Mbenza Alain Marcel«,
II.1.1. Modèle
Soit un monopole qui offre deux services S1 et S2
complémentaires : les consommateurs de S1 consomment aussi S2. La
demande pour chacun des services est donc la même et est notée
qm. Soit pm le prix du
service S1.
La fonction de la demande est la suivante :
qm= 2C1- npm,
Où n est la sensibilité de la demande
au prix du service, qm est la quantité demandée du
service et pm est le prix du service. Le service S2, financé
par la publicité, et gratuit pour les consommateurs. Cependant, il
existe une demande de la part du tiers payant pour les espaces publicitaires
qui dépend de l'audience du service S2 et donc celle du service S1.
Cette demande permet au monopole de dégager les recettes suivantes :
RP (qm) = (qm)
2
ë 2
Le paramètre ë apparaît donc ici comme la
sensibilité des recettes publicitaires à l'audience du service
S2. On fait donc l'hypothèse suivante :
0 < n < inf ( , ), H1.
2C1 2
C
ë
H1 limite l'étude aux valeurs des paramètres pour
lesquelles le monopole peut faire de profits.
II.1.2. Politiques tarifaires du monopole
La tarification des services sur Internet et de
télécommunication dans le marché électronique en
République Démocratique du Congo 2000-2008 » TFC- Paka
Mbenza Alain Marcel«,
Le programme de maximisation de profit de la firme
dépend, d'une part, de la vente du service S1 aux consommateurs et,
d'autre part, de ses recettes publicitaires, soit :
Max [(pm-c) qm +
ë 2 (qm) 2]S/C qm =2C1 -
npm,
Après résolution du programme par la
méthode7 quantitative de l'économie, on obtient :
2C1 (1-ë) + nc
p*m = qui peut se
réécrire :
n (2-në)
p*m = c + q*m ( -
ë)
1 n
2C1- nc
On en déduit la stratégie tarifaire du monopole
:
* si ë < , p*m >
c
c
2C1
1 ë
p*m > c si n<
* si ë > : 0< p*m < c
si < n <
c 1 C1
p*m < 0 si n >
2C1 2ëC1 - c
1 ë
:
c
C1
1 ë
ë
2C1
2ëC1 - c
p*m > c si n<
0< p*m < c si
n>
c * si <
ë<
2C1
7 Prof Dr MUKENDI, Note de cours « Introduction aux
méthodes quantitatives en économie » unikin 2007-2008 ;
p.88- 91
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Le monopole a intérêt à fixer un prix
inférieur à son coût et même négatif. Des prix
négatifs sont observés dans les cas des journaux de petites
annonces par exemples. En effet, ces journaux sont fournis gratuitement aux
usagers.
L'offreur prend en charge les coüts de production du
journal, mais aussi les coüts de distribution, ce qui implique qu'il
supporte une dépense pour que le service soit accessible aux
consommateurs. La variable ë représente la
sensibilité des recettes publicitaires et donc du profit à
l'audience du service S1. Si les recettes publicitaires sont peu sensibles
à l'audience, les profits réalisés sur le marché du
service S1 représentent la principale source de profit du monopole. On
est dans une situation de monopôle standard dans laquelle il choisit de
vendre une faible quantité de bien à un prix
élevé.
Lorsque ë est grand, cela implique que
la demande de service rapporte en terme de recettes publicitaires. Le monopole
peut donc valoriser les consommateurs du service S1 sur le marché de la
publicité. Lorsque n est élevé la demande de service S1
est très sensible au prix de service ; il choisit donc de fixer un prix
bas (négatif) afin de capter un maximum d'audience. Les pertes
réalisées sur le marché du service S1 seront
compensées par des recettes publicitaires.
La politique de gratuité apparaît, dans cette
partie, dans un contexte sans concurrence, contexte dans lequel Internet n'a
rien de différent des medias classique. Une des
spécificités de l'Internet est que les consommateurs peuvent y
avoir accès en s'adressant à une entreprise afin d'utiliser les
services proposés par une autre entreprise.
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