UNIVERSITE DE DSCHANG
UNIVERSITY OF
DSCHANG
FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES
FACULTY OF
AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
DEPARTEMENT D'ECONOMIE RURALE
DEPARTMENT OF AGRICULTURAL
ECONOMICS
Evaluation socio-économique de la démarche
de
Conseil aux Exploitations Familiales Agricoles
mise
en oeuvre par l'Association pour le
Développement
des Exploitations Agricoles du Centre
(Akonolinga,
Centre-Cameroun)
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
Diplôme d'Ingénieur Agronome
Option : Economie et Sociologie
Rurales
Par :
Ngouambé Nestor
Matricule : 02A 106
Novembre 2008
Promotion du
|
Centre de Coopération
|
Association pour le
|
Institut de
|
Développement Durable
|
Internationale en
|
Développement Intégral
|
Recherche Agricole
|
dans les systèmes de
|
Recherche Agronomique
|
des Exploitation
|
pour le
|
Recherche Agricole du sud
|
pour le Développement
|
Agricoles du Centre
|
Développement
|
UNIVERSITE DE DSCHANG UNIVERSITY OF
DSCHANG
FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES
FACULTY OF
AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES
DEPARTEMENT D'ECONOMIE RURALE
DEPARTMENT OF AGRICULTURAL ECONOMICS
Evaluation socio-économique de la démarche
de
Conseil aux Exploitations Familiales Agricoles
mise
en oeuvre par l'Association pour le
Développement
des Exploitations Agricoles du Centre
(Akonolinga,
Centre-Cameroun)
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
Diplôme d'Ingénieur Agronome
Option : Economie et Sociologie
Rurales
Par
Ngouambé Nestor
Matricule : 02A
106
Superviseur : Co-superviseur :
Pr. Ongla Jean, Ph Pr. Tchouamo Isaac Roger,
PhD
Maître de Conférences Maître de
Conférences
Université de Dschang Université de Dschang
Encadreurs :
Michel Havard, Chercheur IRAD/CIRAD,
Yaoundé
Bidzanga Nomo, Chercheur IRAD,
Yaoundé
Novembre 2008
Promotion du
|
Centre de Coopération
|
Association pour le
|
Institut de
|
Développement Durable
|
Internationale en
|
Développement Intégral
|
Recherche Agricole
|
dans les systèmes de
|
Recherche Agronomique
|
des Exploitation
|
pour le
|
Recherche Agricole du sud
|
pour le Développement
|
Agricoles du Centre
|
Développement
|
Ngouambe Nestor, FASA, Mémoire Ingénieur Agronome
page ii
FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES
SOUTENANCE
Le present memoire a ete revu et corrige conformement aux
observations du jury.
|
Visa du superviseur
|
|
(27if 4 4 .4.
j · /.7
CO" ..:;1 ' ..- · -' '
' I ../.
|
Date :gb.97../.2-M
|
Date: 2 ,3 AN. 2009
|
i% .4
·
·
·
Visa du Chef de departement
FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU
TRAVAIL
Je soussigne, Ngouambe Nestor, etudiant a la Faculte
d'Agronomie et des Sciences Agricoles,
atteste que le present memoire est le fruit de mes propres
travaux effectues a l'IRAD de
Yaounde dans le cadre du projet Duras sous la supervision du Pr
Ongla Jean, Maitre de
Conferences et la co-supervision du Pr Tchouamo Isaac Roger,
Maitre de Conferences a
l'Universite de Dschang et l'encadrement de Havard Michel,
chercheur a l'IRAD/CIRAD, et
Bidzanga Nomo, chercheur a 1'IRAD de Yaounde
Ce memoire est authentique et n'a pas ete anterieurement presente
pour l'acquisition de
quelque grade universitaire que ce soit.
Visa de l'auteur
Ngouambe Nestor
Date ://./.44../.212P?
Visa s: 1 encadreur
Al I
H rd Michel
|
Visa du co-encadreur
|
Pr. Ongla Jean, PhD
Date it/ / / COOg
|
Dr Bidzanga Nomo
Date- /
|
Visa du co-superviseur
Pr. Tchouamo Isaac Roger, PhD
Date: 2.09F
Visa du Chef de Departement
Pr. Kamajou Francois, PhD
Dédicace
A ma tendre petite soeur Siantou Balbine Divine : que
le Dieu
Tout Puissant la protège et lui accorde longue
vie
Remerciements
La mise sur pied d'un tel document ne peut être que
l'effort combiné de plusieurs personnes. A cet effet, mes remerciements
vont tout droit aux (a) :
- Professeur Ongla Jean, Maître de Conférences a
la Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles, Vice Recteur
chargé des Enseignements, de la Professionnalisation et du
Développement des Technologies de l'Information et de la Communication a
l'Université de Dschang, pour avoir accepté de superviser ce
travail ;
- Professeur Tchouamo Isaac Roger, PhD. Maître de
Conférences a la Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles de
l'université de Dschang, Chef de la Cellule de la Coopération
Internationale, Ministère de la Recherche Scientifique et de
l'Innovation, pour avoir également accepté de cosuperviser ce
travail et surtout pour sa disponibilité et ses nombreux conseils et
critiques ;
- M. Michel Havard, chercheur a l'IRAD/CIRAD de
Yaoundé, pour m'avoir donné l'opportunité de travailler
dans le cadre de ce projet et surtout pour son entière
disponibilité, ses remarques pertinentes et ses conseils. Je tiens ici a
lui adresser toute ma gratitude et ma reconnaissance ;
- M. Bidzanga Nomo Lucien, PhD, Chercheur a l'IRAD de
Yaoundé, pour les remarques et critiques qu'il a apporté a ce
document ;
- Tous mes enseignants de la FASA pour ce bagage intellectuel
qu'ils m'ont permis d'acquérir ;
- Responsables de l'ADEAC, en particulier M. Ondoua Materne, M.
Minkoulou Martin et M. Ze Evina Marius, pour leurs accueils et leur
disponibilité ;
- Mes parents, pour tous les sacrifices qu'ils ont consentis
durant ma formation ;
- Mon grand-père Monkam Louis-Marie, pour son appui
financier
- La famille Kameni Nestor et, particulièrement, a ma
tante Mme. Kameni Jeanne pour son support financier durant mon séjour a
Yaoundé ;
- Mon oncle, M. Ngaleu Emile et son épouse pour leur appui
financier durant ma formation a Dschang ;
- Mme Sinko Yvette, Mme Kameni Odette, maman Tiako Marie-Louise,
maman Régine, Mlle Deugoué Jeannette, Mlle Mouanie Edoxie, pour
leur soutien moral et financier
- Ma grande soeur Monkam Philomène, qui m'a soutenu tant
moralement que financièrement ;
- Mon cousin M. Tchameni Kameni Stéphane, pour son soutien
moral, ses conseils et les remarques qu'il a faites sur ce document ;
- Tous les animateurs des zones ADEAC, qui se sont rendus
disponibles pour me guider sur le terrain ;
- Tous les paysans qui ont sacrifié leur précieux
temps pour répondre a mes questions ;
- Mes amis Ayangma, Edima, Batulu, pour les remarques pertinentes
apportées a mon travail, je vous adresse ici ma profonde reconnaissance
;
- Tous les étudiants de l'option Economie et Sociologie
Rurales promotion 2008, pour m'avoir aidé a accomplir la tâche de
Délégué qui m'a permis de m'initier a la notion de gestion
des hommes ;
- Mes amis M. Nienga Frédéric Staffor, M.
Yangoué Michel pour m'avoir remonté le moral pendant mes
périodes de désespoir en début de stage ;
- Mlle Djiedeu Horlie Victoire, pour avoir toujours
été a mes côtés a toutes circonstances, je lui
adresse ici ma profonde reconnaissance.
- Tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué
a la réalisation de ce document dont les noms ne figurent pas ci-dessus,
recevez ici mes sincères reconnaissances.
Tables des matières
Fiche de certification des corrections après
soutenance i
Dédicace i
Remerciements ii
Tables des matières iii
Liste des tableaux v
Liste des figures vi
Liste des abréviations vii
Résumé viii
Abstract ix
Chapitre 1. Introduction 1
1.1. Généralités 1
1.2. Problème 2
1.3. Objectifs 4
1.4. Importance de l'étude 4
1.5. Hypothèses de recherche 4
1.6. Limites de l'étude 4
1.7. Organisation du mémoire 4
Chapitre 2. Cadre théorique, définition des
concepts et revue de la littérature 5
2.1. Cadre théorique 5
2.2. Définition des concepts 10
2.3. Revue de la littérature. 17
Chapitre 3. Méthodologie 22
3.1. Choix de la zone d'étude 22
3.2. Présentation de la zone d'étude 22
3.3. Présentation des activités de CEF
réalisées par le projet DURAS auprès de l'ADEAC
à
Akonolinga 27
3.4. Choix et taille des échantillons 28
3.5. Analyse opérationnelle des variables 29
3.6. Sources des données 30
3.7. Méthodologie de collecte des données 30
3.8. Réalisation des objectifs 31
3.9. Méthodologie d'analyse des données 32
Chapitre 4. Résultats et discussion 33
4.1. Insertion du CEF au sein de l'ADEAC 33
4.2. Le CEF et l'animateur paysan 38
4.3. Caractérisation du CEF à Akonolinga 46
4.4. Estimation des effets du CEF sur les exploitations agricoles
d'Akonolinga 51
4.5. Mesure de l'impact du CEF 54
4.6. Perception du CEF à Akonolinga 55
4.7. Diffusion du CEF et possibilité d'adoption par les
non membres. 55
4.8. Test des hypothèses 57
4.9. Enjeux et perspectives du CEF à Akonolinga 59
4.10. Discussion 62
Chapitre 5. Conclusion et recommandations 67
5.1. Conclusion 67
5.2. Recommandations 67
Bibliographie 69
Annexes 74
Liste des tableaux
Tableau 1. Variation de l'indice de production agricole et
alimentaire dans quelques pays d'Afrique
centrale 1
Tableau 2. Profil du conseiller en fonction des parties
impliquées. 16
Tableau 3. Les principales tâches et activités d'un
animateur/Conseiller 16
Tableau 4. Quelques limites de la vulgarisation classique
(Training and Visit) 18
Tableau 5. Projets de développement et de recherche
à Akonolinga 26
Tableau 6. Activités du CEF auprès de l'ADEAC
à Akonolinga 28
Tableau 7. Taille des échantillons en fonction des zones
d'interventions 29
Tableau 8. Chronogramme des activités
réalisées dans le cadre du CEF à Akonolinga 35
Tableau 9. Activités de conseil prévues dans le
programme renforcement des capacités et leur
niveau de réalisation. 36
Tableau 10. Activités de conseil prévues et
réalisées dans le programme agricole de l'ADEAC 37
Tableau 11. Activités prévues et
réalisées dans le programme de micro finance de l'ADEAC 38
Tableau 12. Points essentiels de chaque module enseigné
dans les villages d'étude 40
Tableau 13. Chronogramme des activités dans chaque village
43
Tableau 14. Caractéristiques des exploitations
enquêtées à Akonolinga 46
Tableau 15. Comportement des exploitations des zones
d'étude vis-à-vis du CEF 47
Tableau 16. Performance fin 2007 des exploitations après
application du CEF 52
Tableau 17. Exemple d'élaboration du bilan et estimation
du revenu des paysans en CEF 53
Tableau 18. Répartition du revenu disponible entre les
dépenses au sein du ménage. 55
Tableau 19. Comparaison du Training & Visit System, du CEF et
le FFS 63
Tableau 20. Variation de l'estimation des besoins en intrants au
cours des années 2007 et 2007 81
Tableau 21. Fiche d'analyse du mode de conduite des parcelles des
paysans 82
Tableau 22. Fiches de suivi adaptée par les responsables
de l'ADEAC et les animateurs 84
Liste des figures
Figure 1. Approche globale de l'Exploitation Familiale Agricole.
7
Figure 2. Fonctionnement global de l'exploitation agricole
familiale 9
Figure 3. Démarche progressive d'aide à la
décision. 20
Figure 4. Carte de localisation de la zone d'étude 22
Figure 5. Carte de localisation d'Akonolinga 23
Figure 6. Cartes de localisation des zones d'études 24
Figure 7. Modules parfaitement maîtrisés 45
Figure 8. Points essentiels traités dans le suivi
technique suivant les zones enquêtées. 49
Figure 9. Points essentiels traités par les paysans dans
le module analyse économique 50
Figure 10. Entretien des paysans membres sur le CEF avec les
paysans non membre dans
chaque zone 56
Figure 11. Changements des pratiques agricoles par les paysans
non membre. 57
Figure 12. Perception des effets du CEF par les paysans. 59
Figure 13. Action du CEF sur la réduction de la
pauvreté. 66
Figure 14. Organigramme de l'ADEAC 83
Liste des abréviations
ACEFA Amélioration de la
Compétitivité des Exploitations Familiales Agropastorales
ADEAC Association pour le Développement
des Exploitations Agricoles du Centre
AE Analyse Economique
Afdi Agriculteurs Français de
Développement International
AGR Activités Génératrices
de Revenus
APROSTOC Association des Producteurs, Stockeurs
de Céréales
BAD Banque Africaine de Développement
CARPE Programme Régional de l'Afrique
Centrale pour l'environnement
CdG Conseil de Gestion
CDRS-AC Centre de Développement Sous
Régional pour l'Afrique Centrale
CEF Conseil aux Exploitations Familiales
CEPE Certificat d'Etudes Primaires et
Elémentaire
CMEC Caisses Mutuelles d'Epargne et de
Crédit
CVECA Caisse Villageoise d'Epargne et de
Crédit Autogéré
CIFOR Center for International Forestry
Research
CIRAD Centre de Coopération
Internationale en Recherche Agronomique pour le
Développement
DDADER Délégation
Départementale du Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural
DPGT Développement Paysannal et Gestion
des Terroirs
DURAS Développement Durable dans les
Systèmes de Recherche Agricole du Sud
FAO Food and Agriculture Organization
FASA Faculté d'Agronomie et des Sciences
Agricoles
FCFA Franc de la Communauté
Financière Africaine
FFS Farm Field School
FNE Fonds National de l'Emploi
FSLC Fisrt School Leaving Certificate
GT Gestion de la Trésorerie
ICRAF World Agroforestry Center
IIED International Institute for Environment and
Development
IMF Institution de Micro Finance
IRAD Institut de Recherche Agricole pour le
Développement
MINADER Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural
MINATD Ministère de l'Administration
Territoriale et de la Décentralisation
MINEPAT Ministère de l'Economie, de la
Planification et de l'Aménagement du Territoire
MINEPIA Ministère de l'Elevage, des
Pêches et des Industries Animales
MINERESI Ministère de la Recherche
Scientifique et de l'Innovation
ONG Organisation Non Gouvernementale
PFNL Produits Forestiers non Ligneux
PNDP Programme National de Développement
Participatif
PNDRT Programme National du Développement
des Racines et Tubercules
PNVRA Programme National de Vulgarisation et de
Recherche Agricoles
PPC Plan de Prévision des Campagnes
PPTE Pays Pauvre Très Endetté
PRASAC Pôle Régional de la
Recherche Appliquée au Développement des Savanes d'Afrique
Centrale
SA Sécurité Alimentaire
SAILD Service d'Appui aux Initiatives Locales
Pour le Développement
SODECAO Société de
Développement du Cacao
SOS Vert Association pour l'économie
solidaire de Développement Vert
SPSS Statistical Packages of Social Sciences
ST Suivi Technique
UA Unité d'Accumulation
UC Unité de Consommation
Uds Université de Dschang
UP Unité de Production
UR Unité de Résidence
Résumé
Le Conseil aux Exploitations Familiales (CEF) est une nouvelle
approche d'appui-conseil aux agriculteurs initiée au Nord-Cameroun en
1998 par le biais du Pôle Régional de la Recherche
Appliquée au Développement des Savanes d'Afrique Centrale
(PRASAC). Les bonnes performances enregistrées dans cette partie du
Cameroun ont amené le Projet Duras à étendre cette
approche dans le « grand Sud >> du pays. Testé depuis 2006
par l'ADEAC à Akonolinga, le CEF a pour objectif de susciter la
réflexion chez les paysans afin de les amener à bien gérer
leurs exploitations. Après deux années d'expérimentation,
il est important de faire un bilan des activités et estimer ses effets
sur les exploitations.
Six villages (Mvan, Ndibidjeng, Mingeumeu, Mengos,
Ndéllé et Ondeck) de la zone d'intervention de l'ADEAC
(arrondissement d'Akonolinga) où le CEF a été
expérimenté ont été retenus comme sites pour cette
étude. Notre échantillon était constitué 72 paysans
choisis au hasard dans les villages d'études, des 6 animateurs de ces
villages et de quelques responsables de l'ADEAC. Les données primaires
ont été collectées à l'aide de questionnaires
auprès des paysans et de guides d'entretien auprès des animateurs
et responsables d'ADEAC. Les statistiques descriptives (moyenne, pourcentage,
etc..) ont été utilisées pour l'analyse des données
des questionnaires à l'aide du logiciel SPSS et la méthode de
triangulation pour l'analyse des données des entretiens.
La monographie de l'ADEAC montre que les activités du
conseil sont complémentaires des programmes agricoles, de renforcement
des capacités et de micro finance de l'ADEAC. Les entretiens montrent
que les animateurs de la zone ADEAC sont des jeunes (en moyenne 37 ans), tous
sont titulaires du CEPE et que 75% parmi eux ont effectivement mis en oeuvre
les activités de CEF auprès des paysans sur l'un des modules
enseignés (plan de prévision des campagnes, suivi technique et
analyse économique). Les enquêtes montrent que les paysans
formés ont en moyenne 39 ans, sont scolarisés et tous ont mis en
oeuvre quelques connaissances acquises. Un changement de pratique et une
amélioration des performances techniques et économiques des
activités touchées par le CEF sont mis en évidence chez 90
% des paysans. En effet, ils ont développé la culture pure,
respectant les écartements entre les plantes, ont élaboré
leurs bilans et budget des activités et ont mieux organisé leur
travail. Quatre vingt sept pourcent des paysans discutent du CEF au village
dans les clubs de « vin fort >> ou lors des visites de courtoisie
chez les voisins et/ou les membres de la famille. Tous affirment
connaître au moins un paysan non membre qui a changé de posture
(adoption de la culture pure, respect des écartements entre les plants,
la prévision de campagne agricole). Ce dernier le faisant pour
satisfaire sa curiosité (61 %) ou parce qu'il a été
témoin du changement apporté chez les membres (39 %).
Le CEF à Akonolinga, apparaît comme une approche
de développement adaptée à la situation du paysan mais qui
n'est pas encore été bien appropriée par les
différents acteurs impliqués (responsables et animateurs ADEAC,
paysans). Comme dans d'autres régions où a été
testé le CEF, l'appropriation de cette démarche demande du temps
pour l'apprentissage mutuel des animateurs et des paysans de cette nouvelle
façon de travailler. Elle montre aussi que le niveau des animateurs
paysans est insuffisant. Elle montre enfin qu'un accompagnement de l'ADEAC est
nécessaire pour faciliter l'appropriation et la diffusion du CEF. Il
s'agit principalement d'organiser des ateliers de renforcement des
capacités du dispositif ADEAC sur cette approche, et plus
particulièrement sur la maîtrise des outils et
l'élaboration de nouveaux modules de CEF en partenariat avec les
producteurs.
Abstract
Reinforcing producer's capacity (CEF) is a new extension
approach initiated in North Cameroon in 1998 through « Pôle
Régional de la Recherche Appliquée au Développement des
Savanes d'Afrique Centrale (PRASAC) ». The best results obtained in that
part of the country have led the Duras Project to extend that approach in the
Southern part of the country. Tested in Akonolinga in 2006, the purpose of this
approach is to stimulate discussion among farmers and to improve their farm
management practices. After two years of assisting farmers, it seems important
to assess what have been achieved for them and estimate the impact.
Six villages (Mvan, Ndibidjeng, Mingeumeu, Mengos,
Ndéllé, and Ondeck) of the Akonolinga subdivision where CEF was
experimented were retained as the sample areas for the study. Seventy two
farmers benefiting from the CEF approach were randomly selected, six animators
and the managers of the «Association pour le Développement des
Exploitations Agricoles du Centre (ADEAC)» project were interviewed. Data
were collected using a questionnaire addressed to farmers, and interview guide
addressed to animators and the managers of ADEAC project. Descriptive
statistics (means, percentages ect...) were used to analyse the data using SPSS
software and triangulation method was also used to analyse the data of
interview guides.
The monography of ADEAC show that, CEF activities are
complementary to the programmes (agricultural program, capacity building
program and micro finance program) of ADEAC. Interview with animators reveal
that, animators in the study area are young (37 years old), all hold FSLC and
seventy five percent of them have effectively been trained on one of the
modules (crop season prevision plan, farming system, economic analysis) of
CEF.
An analysis of these results showed that, farmers who
benefited from the training are average 39 years old, are educated and they
have all applied what they have learned in their farms. A relative change due
to CEF activities was observed in 90 % of the farmers in terms of their farming
system practices, agricultural techniques and economic analysis. In fact they
developed mono cropping practices, determined distance between plants,
established their farm budget, better organised their work. Eighty seven
percent of them often discuss about the CEF approach with non members when they
are drinking in «club de vin fort» or at home during a visit to a
neighbour or a family member. The farmers declared that, they know at least one
non member who has improved on his farming practices after discussion (adoption
of mono cropping, respect of distance between plants, plan their crop season).
Those non members brought these changes because they wanted to either satisfy
their curiosity (61 %) or because they have witnessed the changes in the
farming practices of the members (39 %).
CEF in Akonolinga appears as a developmental approach adapted
to the farmers' situation but which is not yet well appropriated by the actors'
concerned (managers of ADEAC, animators and farmers). As in other areas where
CEF were experimented, appropriation of this new approach need a lot of time
(relative time) for mutual learning between animators and farmers. Results also
showed that, the level of education of animators is insufficient. At the end,
it is necessary to reinforce the capacity of ADEAC in order to facilitate the
appropriation and diffusion of CEF. Principally, it is important to organise
trainings to reinforce the capacity building of ADEAC around the organisation
about CEF and particularly on the assimilation of tools used and elaboration of
new topics on CEF in partnership with farmers.
Chapitre 1. Introduction
1.1. Généralités
Au début des indépendances, l'Afrique, au
même titre que l'Asie, avait des atouts pour assurer son
développement de façon durable, en particulier, des atouts
provenant du secteur agricole car l'économie de la plupart des pays
africains était basée sur l'agriculture. La FAO (2005), souligne
que jusqu'en 2002, le secteur agricole camerounais contribuait pour 45 % au
Produit Intérieur Brut (PIB) et employait 62 % de la population
active.
Mais au cours des années 80, les économies des
pays africains ont commencé à chuter. Kamajou (1992) et Vennetier
(2000), rapportent que le taux de croissance des pays africains est
passé de 1,2 entre 1960 et 1970 à 0,9 entre 1970 et 1980 et est
même descendu jusqu'à -3,4 entre 1980 et 1984. Alors qu'en Asie,
déjà en 1980, leur PIB contribuait pour 12 % au PIB mondial et
qui aujourd'hui contribue à l'ordre de 34 %. La chute drastique du PIB
des pays africains marquait ainsi le début de la crise
économique. Kamajou (1992) et Tchassa (2008) estiment que la
détérioration des termes de l'échange, la chute des cours
mondiaux des produits de base (cacao, café, coton) et l'insuffisance de
l'aide internationale étaient les principales causes.
Face à cette situation de crise, les Etats africains
n'étaient plus capables d'honorer leurs engagements (contrôle des
prix, subvention des intrants, octroi du crédit agricole). Pour
surmonter cette crise, les gouvernements n'ont eu comme solution que d'avoir
recours aux propositions de réforme des institutions de Bretton Woods
notamment la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International
(Kamajou, 1992). Ces propositions encore appelées Programmes
d'Ajustement Structurel (PAS) étaient entre autres centrées sur
la libéralisation de l'économie (notamment du secteur
commercial), la réduction des dépenses publiques et l'arrêt
des subventions. L'application « non contrôlée » de ces
programmes s'est traduite par des troubles socio-économiques dans
certains pays.
Au Cameroun en particulier, on a assisté à une
augmentation considérable du taux de chômage, une réduction
de la masse salariale, une réduction de la production nationale ayant
pour conséquence la baisse du revenu des paysans (Dipoko, 2001 ;
Dugué et Faure, 2001 ; et Tchassa, 2008). Kamajou (1992) et Hakim (2002)
soulignent qu'entre 1970 et 1998, la production agricole africaine a
chuté considérablement. Hakim (2002) précisera d'ailleurs
qu'au Cameroun par exemple, l'indice de production alimentaire et agricole a
subi de fortes variations comme indiquées au Tableau 1. Cette baisse de
production a entraîné la baisse du revenu des paysans et
l'augmentation de l'insécurité alimentaire (Abakachi, 2001). Tout
ceci a eu pour corollaire l'augmentation du niveau de pauvreté en milieu
rural (Fouda ,2002).
Tableau 1. Variation de l'indice de production agricole
et alimentaire dans quelques pays d'Afrique centrale
|
Indice de production alimentaire (par habitant)
|
Indice de production agricole (par habitant)
|
Pays
|
1970
|
1980
|
1990
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1970
|
1980
|
1990
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
Cameroun
|
120
|
110
|
99,9
|
100
|
104
|
95
|
94
|
121
|
111
|
99
|
96,9
|
100,9
|
95,5
|
94
|
Congo
|
124
|
107
|
101,2
|
98,2
|
96,9
|
94
|
92
|
125
|
109
|
101
|
98
|
96,6
|
93,2
|
91,8
|
Gabon
|
112
|
109
|
98,2
|
90,3
|
89,7
|
88
|
86
|
111
|
108
|
98
|
90,8
|
90,3
|
88,7
|
86,5
|
Guinée Equatoriale.
|
259
|
142
|
101
|
76,9
|
83,8
|
77
|
74
|
216
|
141
|
101
|
80,4
|
84,5
|
77,3
|
73,6
|
RCA
|
90,4
|
101
|
99,6
|
102
|
114
|
108
|
103
|
98,9
|
102
|
100
|
99,5
|
113,8
|
108,5
|
103,2
|
Sao Tomé et Principe
|
237
|
142
|
96,4
|
113
|
111
|
111
|
109
|
239
|
143
|
97
|
112,9
|
110,6
|
111,2
|
108,8
|
Tchad
|
131
|
116
|
91,3
|
105
|
97,8
|
99
|
96
|
125
|
109
|
92
|
102,1
|
100,6
|
101,1
|
98,3
|
Source : Hakim. (2002 : 3)
Dans ce contexte économique et social marqué par
l'augmentation de la population, la fluctuation des prix des produits agricoles
et alimentaires, l'augmentation des besoins de bases des exploitations
familiales,et surtout le désengagement de l'Etat de nombreuses fonctions
d'appui aux producteurs ainsi que l'émergence des organisations
paysannes (OP), l'Etat et d'autres structures de développement doivent
renforcer les capacités des paysans en vue d'augmenter la production
agricole (Balkissou, 2003 ; Faure et al., 2004). C'est à ce
sujet que de nombreux États africains ont adopté des programmes
de vulgarisation type "Formation et Visites" pour la diffusion des innovations
techniques (Balkissou, 2003). Mais aujourd'hui, ces programmes basés sur
le renforcement des appareils administratifs et un transfert de technologies
standardisées ne sont plus fonctionnels dans leur grande majorité
et les dispositifs de vulgarisation disparaissent progressivement
(Inter-réseaux, 2007).
L'une des causes de la disparition de cette approche de
vulgarisation est sa méthode caractérisée de « top
down » car elle ne prenait pas en compte les besoins réels des
paysans pour qui l'innovation était construite (Havard et al.,
2001 ; Faure et al., 2004 ; Lapbim et al., 2006). D'ailleurs,
Tchouamo et Steele (1997), Lapbin (2005) rapportent que seuls 30 % des paysans
de l'Ouest-Cameroun ont estimé être satisfaits par cette
approche.
Ondoa (2006) souligne que dans le cadre de la
définition des nouvelles politiques agricoles en vue de la relance de
l'économie et surtout la lutte contre l'insécurité
alimentaire qui domine en Afrique, on a assisté au Cameroun à une
restructuration réussie de certaines entreprises publiques, l'adoption
de nouvelles lois régissant le mouvement coopératif, la promotion
des organisations interprofessionnelles agricoles, la libéralisation de
la commercialisation des produits agricoles, le développement des
systèmes de micro-finance, la mise en oeuvre d'une nouvelle
démarche de vulgarisation agricole, la libéralisation du commerce
des intrants agricoles, la mise sur pied de divers projets d'appui à la
consolidation des organisations paysannes et à l'amélioration de
la sécurité alimentaire.
Selon Mohamed et al. (2007), des institutions de
recherche et de développement en Afrique de l'Ouest et du Centre ont
testé et développé de nouvelles méthodes d'appui
aux producteurs. Ces dernières sont basées sur
l'élaboration de conseils à l'exploitation familiale favorisant
la participation des producteurs. Parmi elles, celles relatives au conseil de
gestion, mises en place dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre
(Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire et Mali.) et ayant
mobilisé des producteurs (de quelques dizaines à plusieurs
milliers selon les cas), des organisations paysannes, des ONG et des structures
étatiques (Inter-réseaux, 2007).
Appliquée au Cameroun d'abord dans la région
septentrionale par le biais du Pôle de Recherche Appliquée au
Développement des Savanes d'Afrique Centrale (PRASAC), l'approche
conseil aux exploitations familiales (CEF) s'étend timidement dans
d'autres zones agro écologiques du pays. Elle sert de
référence au programme : « Amélioration de la
compétitivité des exploitations familiales agropastorales »
(ACEFA) du Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural
(MINADER) et du Ministère de l'Elevage, des Pêches, et des
Industries Animales (MINEPIA) mis en oeuvre en 2008. A l'initiative du MINADER,
et avec la collaboration des OP, des réflexions sont en cours sur la
place et le rôle du conseil agricole dans les politiques agricoles
(MINADER et MINEPIA, 2007).
1.2. Problème
Sous l'impulsion des bailleurs de fonds parmi lesquels la
Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, l'Etat camerounais
s'est désengagé de plusieurs fonctions d'appui à
l'agriculture (approvisionnement en intrants et crédit) et a
supprimé les subventions. Ce désengagement est dû à
la chute des cours mondiaux des produits de rente couplée à la
dévaluation du franc CFA en 1994. Ceci a donc causé une
réduction de la production agricole et alimentaire, une augmentation de
l'insécurité alimentaire et une augmentation de la
pauvreté (Dipoko, 2001). Selon Faure et al. (2004), cette
situation peut s'améliorer grâce à une modernisation de
l'agriculture dite « traditionnelle ». Cette modernisation se fera,
comme le précisent Daouda (2002), Djoukam (2003) et Havard et al.
(2007), par une professionnalisation des agriculteurs.
Kamajou (1985), pensait que la disponibilité du capital
constituait un frein à la modernisation de l'agriculture
(professionnalisation des agriculteurs). Or pour Fouda (2002), malgré
l'émergence des Etablissements de Microfinance (EMF) au Cameroun qui
mettent le capital à la disposition des paysans, plusieurs exploitations
agricoles pratiquent encore l'agriculture traditionnelle. Des études
menées sur les performances des Mutuelles
Communautaires de Croissance (MC2) montrent que la non atteinte des
objectifs sociaux (amélioration du niveau de vie des paysans) serait due
a un manque de suivi du crédit octroyé de la part des EMF et a
une mauvaise utilisation ou, encore mieux, a une mauvaise gestion du
crédit obtenu par les paysans (Balep, 2005). Legile et al.
(2002), pensent que la professionnalisation des agriculteurs sera rendue
possible par une maîtrise du fonctionnement global de l'exploitation et
de sa gestion (gestion des facteurs de production, gestion de la
trésorerie, gestion des stocks, maîtrise de la
sécurité alimentaire et élaboration du plan de la campagne
agricole). Pour Fouda (1998) la gestion et le fonctionnement des exploitations
familiales sont souvent rendus complexes a cause des difficultés
rencontrées lors des prises de décision.
Ainsi, Legile (2002) et Legile et al. (2003),
considèrent donc que le CEF est non seulement une démarche d'aide
a la prise de décision de l'agriculteur, mais aussi un outil de
professionnalisation adapté a la situation des paysans surtout en ce qui
concerne la gestion de leurs activités grâce a son modèle
de « prévision de campagne ». C'est pour cela que le CEF est
dès lors devenu une nouvelle approche de vulgarisation visant a
améliorer les performances technico-économiques des paysans, le
niveau de vie familiale et a consolider de la cohésion et de la
stabilité sociale (Halley et al., 2006). La capacité
d'auto-analyse est déterminante dans le processus de
professionnalisation conduisant les paysans a mieux gérer leurs
exploitations et percevoir les changements (Djamen et al., 2002). Ceci
s'explique par le fait que la plupart des exploitations ont une gestion
incertaine car la prévision des campagnes a venir est rare, poursuivent
les mêmes auteurs.
Testé au Nord-Cameroun depuis 1998 par le PRASAC en
partenariat avec l'Institut de Recherche Agricole pour le Développement
et le DGPT, le CEF est expérimenté depuis trois ans par la
Société de Développement du Coton au Cameroun (SODECOTON).
Depuis 2006, cette approche est aussi expérimentée a Akonolinga
dans le cadre du projet promotion du Développement Durable dans les
Systèmes de Recherche Agricole du Sud (DURAS) intitulé «
Innovations et savoirs paysans dans les pratiques de gestion des
écosystèmes forestiers humides d'Afrique de l'Ouest (Ghana,
Guinée) et du Centre (Cameroun) : diversification des systèmes
associant cultures pérennes et vivrières », en
partenariat avec l'Association pour le Développement des Exploitations
Agricoles du Centre (ADEAC) en vue d'améliorer les performances des
agriculteurs de cette région dont le revenu est essentiellement
basé sur les cultures du cacao, du macabo, de la banane plantain et du
manioc.
Ainsi, en Mars 2006, deux chercheurs de l'IRAD ont
organisé des ateliers de formation avec les animateurs paysans de
l'ADEAC portant sur la programmation prévisionnelle des campagnes et le
suivi technico-économique des exploitations par les paysans. Plus tard
en Novembre 2006, s'appuyant sur les principes d'une démarche de conseil
a l'exploitation familiale développée au Nord-Cameroun, deux
journées de discussion ont été organisées au
siège de l'ADEAC a Akonolinga regroupant deux chercheurs de l'IRAD, deux
agents de coordination de l'ADEAC et onze animateurs paysans de l'ADEAC.
Après ces journées de discussions, les animateurs paysans de
l'ADEAC ont mis en oeuvre des activités d'aide a la décision dans
plusieurs villages de leurs zones d'interventions. Il s'agissait principalement
pour ces animateurs d'aider les paysans et les groupements villageois a mieux
évaluer leurs besoins en semences, en intrants, en produits
phytosanitaires, et en main d'oeuvre. Ceci en vue de permettre une meilleure
évaluation des besoins en crédit et en financement de la campagne
agricole.
Havard et al. (2001) soulignent que l'approche
conseil en Afrique dégage des intérêts satisfaisants tant
pour les paysans que pour les organismes d'encadrement (conseillers, bailleurs
de fonds, Organisations non gouvernementales). Au Bénin par exemple,
grâce au conseil, plus de 2360 agriculteurs se regroupent pour discuter
de leurs problèmes (Violas et Zinse, 2004). En Cote d'Ivoire, certaines
ONG ayant intégré l'approche conseil dans leurs activités,
reçoivent le soutien de l'Etat et de la coopération
française parce qu'elles ont contribué significativement a la
réduction de la pauvreté (Drissa, 2001).
Vu les bonnes performances du CEF dans les situations
rapportées ci-dessus, ces activités de conseil apparaissent pour
l'ADEAC comme un complément important pour leur activité de
microfinance. Cette étude se propose donc de faire une mise au point
(bilan) de ces activités après ces deux années
d'expérimentation. Pour y parvenir, il est important de connaître
les activités menées dans la zone par le projet DURAS et ADEAC et
comment s'est inséré les activités de conseil au sein de
l'ADEAC.
1.3. Objectifs
L'objectif général de cette étude est de
faire le bilan des activités de conseil réalisées par
l'ADEAC, et d'en mesurer les effets sur les exploitations agricoles et sur les
activités des animateurs paysans de l'ADEAC. Plus spécifiquement
il s'agira :
- de faire une monographie de l'ADEAC (zone d'intervention,
financement, types d'activités, résultats et perspectives) ;
- de faire le point sur les activités de conseil
réalisées par le projet DURAS ;
- de caractériser les activités de conseil mises en
oeuvre par les animateurs paysans de l'ADEAC ;
- de caractériser les profils des animateurs paysans de
l'ADEAC, et leur perception de la démarche et des activités mises
en oeuvre ;
- d'analyser les perceptions par les paysans des activités
de conseil ;
- d'analyser l'impact des activités de conseil sur les
exploitations concernées.
1.4. Importance de l'étude
Sur le plan théorique, elle contribuera à
l'enrichissement de la littérature sur les nouvelles approches de
vulgarisation et les méthodes de gestion des exploitations agricoles.
Sur le plan pratique, elle permettra aux chercheurs de
capitaliser les expériences réalisées et réviser la
méthode et les outils utilisés. Elle sera aussi utile au
Gouvernement comme aide à la définition de nouvelles politiques
agricoles visant l'augmentation de la productivité et de la production
agricole et alimentaire et révisant les stratégies de
développement rural. Enfin, elle permettra aux paysans d'acquérir
de nouvelles connaissances et outils de gestion de leurs exploitations.
1.5. Hypothèses de recherche
Pour atteindre les objectifs fixés, il a été
nécessaire de s'appuyer sur les hypothèses suivantes : - les
activités de conseil sont complémentaires des programmes de
l'ADEAC ;
- le profil de l'animateur est déterminant dans la
maîtrise de la démarche, et plus particulièrement
dans la conduite des activités de conseil ;
- les outils du conseil sont facilement assimilés par les
paysans ;
- la perception des effets du conseil varie selon les objectifs
de chaque partie prenante (acteurs
concernés).
1.6. Limites de l'étude
L'approche CEF est en cours de test depuis seulement deux ans
dans la localité d'Akonolinga. C'est peu parce que l'impact du CEF sur
les exploitations ne peut être perçu qu'à moyen et long
terme (Havard et al., 2001).
1.7. Organisation du mémoire
Le présent mémoire est organisé en cinq
chapitres :
- le chapitre 1 introduit le sujet, pose le problème,
détermine les objectifs et l'importance du thème
et émet des hypothèses ;
- le chapitre 2 présente le cadre théorique, la
définition des concepts et la revue de la littérature ;
- le chapitre 3 indique la méthodologie utilisée
pour la collecte des données primaire et secondaires
et l'analyse de ces données;
- le chapitre 4 présente les résultats obtenus,
leurs interprétations, la discussion et
- le chapitre 5 conclue et fait des recommandations aux
différentes parties prenantes.
Chapitre 2. Cadre théorique, définition
des concepts et revue de la littérature
2.1. Cadre théorique
La présente étude s'inscrit dans le cadre de la
théorie des approches de vulgarisation (construction et diffusion des
innovations). L'approche globale de l'exploitation agricole, et le postulat de
la rationalité serviront de base à l'analyse des effets et de la
perception du CEF.
2.1.1. Théorie des approches de vulgarisation : la
construction et la diffusion des innovations.
Van der Ban et al. (1994) définissent une
approche comme étant « un ensemble cohérent de
démarches faites dans un but déterminé soit une
combinaison organisée cohérente de stratégies, de
méthodes pour l'exécution de la vulgarisation agricole >>.
Les mêmes auteurs distinguent quatre approches de vulgarisation
agricole:
- l'approche centrée sur une culture de rente qui a
pour but d'introduire un ensemble cohérent de démarches visant le
renforcement des capacités des producteurs dans le cadre de la
production et de la commercialisation d'une culture de rente ;
- l'approche centrée sur l'innovation technique fait usage
des paysans auto-sélectionnés appelés «
paysans de démonstration >> ou « paysans de
contact >> par qui la diffusion doit se faire ;
- l'approche centrée sur une catégorie de cibles
identifie les catégories homogènes de paysans dans le cadre de la
recherche-développement ;
- l'approche par organisation paysanne vise les groupes de
paysans ayant des ressources et objectifs semblables.
Le CEF vise à professionnaliser davantage les
agriculteurs et améliorer leurs performances technicoéconomiques.
C'est une combinaison de l'approche centrée sur une catégorie de
cibles, et de celle par organisation paysanne.
Pour Rogers (1983), « une innovation est une idée,
une pratique ou un objet perçu comme nouveau par un individu ou toute
unité d'adoption >>. Freeman (1979), définit l'innovation
comme étant une introduction d'un nouveau processus ou une nouvelle
démarche ou encore un nouveau système à l'intérieur
de l'économie.
Treillon (1992), identifie deux formes d'innovations :
- le projet qui renvoie à une action
spécifiée dans le temps et l'espace visant à aider les
populations
ou groupes sociaux à passer d'un état technique
donné à un autre plus favorable ; c'est l'innovation technique
;
- la conception et la diffusion des produits ; c'est l'innovation
matérielle ou des produits.
- Bentz (2002), distingue trois types d'innovations techniques
:
- l'innovation simple qui introduit peu de changement au sein de
l'exploitation ;
- l'innovation irradiante qui résout un problème
sectoriel et a généralement des répercussions sur
l'ensemble de l'exploitation ;
- l'innovation systémique qui implique l'adoption
simultanée des diverses techniques cohérentes
entre elles.
Ces trois types d'innovations, d'après Bentz, sont
appropriés pour la présente étude car elles entrent dans
l'approche globale du CEF surtout en années 1 et 2.
Dans le cadre de cette étude, nous allons
considérer le CEF comme une innovation construite pour les exploitations
agricoles familiales, abordées de façon globale.
2.1.2. L'approche globale de l'exploitation
La théorie de production peut être
utilisée pour définir les objectifs à atteindre par une
exploitation agricole sur laquelle l'approche globale aura prévu de
faire un diagnostic (Guiswe, 2005). Ainsi, Jouve et Mercoiret (1992) rapportent
que «L'approche globale est une méthode d'analyse qui
considère l'élément étudié comme un tout
cohérent dont la non prise en compte ou la sous estimation d'une ou de
plusieurs de ses composantes fausserait la vue d'ensemble. Elle est donc
adaptée à l'étude des réalités dont le
déterminisme résulte des interactions entre de nombreuses
composantes que l'on groupe sous l'appellation de système complexe : ce
qui la rend pertinente pour aborder les problèmes posés par le
développement agricole et rural».
Pour Bonnéviale et al. (1989), l'approche
globale est « l'étude d'un complexe de décisions et
d'actions qui sont le fait des personnes (individus ou groupe) agissant dans un
environnement en vue de satisfaire les finalités fixées à
cette opération. Cette étude débouche sur le diagnostic du
fonctionnement de l'exploitation agricole ». Marshall et al.
(1994) pensent plutôt que l'approche globale est une démarche
qui permet de mieux comprendre la complexité et le fonctionnement des
exploitations agricoles familiales et qui s'appuie sur le processus technique
de prise de décision des agriculteurs ainsi que les sources de
complexité.
Fouda (1998), Wambo (2000) et Daouda (2002) pensent que pour
mieux comprendre le fonctionnement d'une exploitation agricole, il doit
être considéré comme un système de production. C'est
toujours dans cette optique que Capillon et Sebillote (1980) mentionnent que
« l'exploitation agricole est considérée comme un
système finalisé par les objectifs de la famille
confrontée à de nombreuses contraintes ». Ainsi, Le Moigne
(1977), définit un système comme étant « un objet
qui, dans un environnement doté de finalités, exerce une
activité et voit sa structure interne évoluer au fil du temps
sans qu'il perde pour autant son identité unique ». Rosnay (1975),
définit le système plutôt sous deux aspects à savoir
: l'aspect structurel et l'aspect fonctionnel.
L'aspect structurel d'un système réfère
à l'organisation des ses éléments constitutifs dont les
principaux traits structuraux sont : la limite, des éléments
pouvant être dénombrés ou décrits, des
réservoirs de stockage des éléments et le réseau de
communication.
L'aspect fonctionnel d'un système, quant à lui, est
un ensemble de processus dont les principaux traits fonctionnels sont : les
flux (flux de monnaie et de produits), et les boucles d'information.
Daouda (2002) distingue trois éléments constitutifs
d'un système agricole à savoir :
- le système de production dont la fonction est de
mettre en oeuvre l'ensemble des opérations que nécessite la
gestion des processus productifs. C'est le cas par exemple de la gestion des
flux de matières, de travail et d'équipement, de monnaie,
d'information que l'exploitation importe ou prélève, qu'elle
stocke, transforme ou transporte et qu'elle exporte ou restitue dans son
environnement.
- le système de décision dont la fonction est de
générer les décisions qui vont orienter et assurer le
pilotage du système de production, en fonction des
finalités et des objectifs de pilotage. Grâce à ce
système, l'étude pourra facilement identifier les effets induits
par le CEF dans les processus de prises de décision à
différents niveaux dans l'exploitation agricole.
- le système d'information chargé d'assurer le
couplage entre le système de décision et le système de
production agit comme un canal de transmission d'information entre les deux
systèmes cités précédemment. C'est ici que l'on
observe les indicateurs représentatifs de l'activité du
système de décision. La présente étude s'est servie
de ce système pour définir les critères
d'évaluation des effets du CEF sur les exploitations agricoles de la
localité d'Akonolinga.
Le fonctionnement général de l'exploitation
agricole ne peut être compris que par l'analyse des relations entre les
différents éléments du système d'exploitation
(Figure 1).
Potentiel et contraintes de l'environnement physique
|
|
Potentiel et contraintes de l'environnement
socio-économique
|
Décisions Gestion,
Processus technique organisation et mobilisation
de production des facteurs de production
Objectifs
Les produits : agriculture, élevage, autres (AGR)
Famille de l'exploitant UR- UP- UC- UA
Moyens de production (Ressources : terre, travail, capital)
Autoconsommation
Aides, dons
Exploitation agricole
Achat/intrants/ Crédit
Dons, Aides
Dons,
Aides
Figure 1. Approche globale de l'Exploitation Familiale
Agricole. Source : Fouda, (1998)
2.1.3. Le postulat de rationalité des
décisions de l'agriculteur
Développé par Petit (1975), le postulat de
rationalité est fondé sur le principe selon lequel « les
décisions des agriculteurs relatives à leur exploitation visent
à atteindre un ou (des) objectif(s) dans le cadre des actions
perçues comme possibles par le groupe familial, compte tenu de la vision
qu'il a de sa situation et des finalités fixées à
l'exploitation ». Daouda (2003), précise que ce postulat permet de
comprendre le raisonnement des agriculteurs dans le choix de leurs
décisions et joue aussi un rôle important dans l'approche
globale.
Le choix d'une alternative n'est possible que dans un contexte
où il y a d'abord une situation et où il y a plusieurs
possibilités ou alternatives. Ce choix est parfois guidé en
fonction des moyens (atouts et contraintes) dont disposent les agriculteurs.
Legile (1999), rapporte à ce sujet que les contraintes et les
opportunités qui se présentent aux paysans amènent ces
derniers à prendre constamment des décisions. Cette prise de
décision est parfois rendue complexe dans la mesure où dans
certaines exploitations il y a des conflits d'autorité. Ces contraintes
qui limitent parfois les champs de décisions possibles, freinent
l'atteinte des finalités du système d'exploitation (Daouda,
2002). Ceci entraîne aussi une complexification du fonctionnement de
l'exploitation. Fouda (1998), souligne que la complexité du
fonctionnement des exploitations est parfois due à la non unicité
des centres de prise de décision car, poursuit l'auteur, l'unité
de production regroupe en son sein divers groupes d'acteurs sociaux (mari,
épouse(s), parents, amis, dépendants) aux objectifs divergents et
parfois même conflictuels. Le CEF étant un outil d'aide à
la décision, permettra aux exploitations agricoles de résoudre
ces conflits (Legile, 2006).
La définition de l'approche globale de l'exploitation
agricole et du postulat de rationalité de décision de
l'agriculteur permettent d'une part de faire une description de l'exploitation,
des orientations de production et des performances technico-économiques
et, d'autre part, d'étudier leur fonctionnement à travers
l'évolution des processus de prise de décision et d'orientation
des objectifs et des finalités (Daouda, 2002). La figure 2
présente le fonctionnement global des exploitations agricoles
familiales.
Situation (atouts et contraintes)
Famille, histoire
Moyens de production
Environnement agro écologique et socioéconomique
|
Finalités/Objectifs : activités extra
agricoles
Ressources : lesquelles ? En quelle quantité
Besoins : lesquels ? Dans quels ordres ?
|
Décisions
Qui décide de l'allocation des ressources ?
Comment sont utilisées les ressources ?
Qui doit satisfaire ces besoins ? Qui prend la décision ?
Comment se font les choix ?
|
Système opérant (les pratiques)
Qui produit ? Qu'est ce qui est produit ? (Choix des
spéculations, des conduites,
et choix concernant l'appareil de production)
|
Résultats
Combinaisons des productions économiques (revenus,
flux, marges), Ressources/Besoins Techniques (rendement, production...)
|
Comment fonctionne l'exploitation agricole ?
Que fait le chef d'exploitation ? (ses actions, ses
résultats) Comment il le fait ? (son organisation, ses capacités
de régulation) Pourquoi il le fait ? (ses finalités, sa
perception de l'environnement)
|
Figure 2. Fonctionnement global de l'exploitation
agricole familiale Source : Balkissou (2000) et Wambo (2000)
2.2. Définition des concepts
Pour mieux appréhender le conseil aux exploitations
agricoles familiales, nous allons nous appuyer sur les concepts suivants :
l'exploitation agricole, la gestion, le conseil de gestion, le conseil aux
exploitations familiales, la vulgarisation, l'innovation, l'adoption, la
diffusion, la perception, le diagnostic, l'évaluation, la mesure d'effet
et la mesure d'impact.
2.2.1. L'exploitation agricole
Fouda (1998), Djonkang et Gafsi (2002), considèrent
l'exploitation agricole comme une unité de production, de consommation,
de résidence et d'accumulation constituée d'un ménage et
placée sous l'autorité d'un chef généralement
appelé « chef d'exploitation >>. Pour Havard et al.
(2001), l'exploitation agricole est considérée comme un tout
c'est-à-dire un système. C'est toujours dans ce sens que Faure et
al. (2004), définissent l'exploitation agricole comme un
système complexe constitué des cultures, de troupeaux, de la main
d'oeuvre en interaction avec le climat, la végétation et le
sol.
Djoukam (2003) et Guiswe (2005), pensent que l'exploitation
agricole est une unité de production économique (entreprise)
où le chef d'exploitation cherche à optimiser ses facteurs de
production (terre, travail, capital) afin de produire des biens et services
dans le but de lutter contre l'insuffisance alimentaire d'une part et obtenir
un revenu satisfaisant d'autre part.
Les exploitations agricoles sont caractérisées
par l'inventaire des ressources dont peut disposer le chef d'exploitation et
par l'évaluation de l'importance de celles-ci (Dufumier, 1996). Le
fonctionnement de l'exploitation rencontre parfois d'énormes
difficultés. A ce sujet, Legile (2002) précise que
l'insécurité alimentaire, la gestion de la trésorerie, et
l'élaboration du plan prévisionnel de campagne sont les
principaux facteurs qui ralentissent le fonctionnement des exploitations
agricoles. Dans ce contexte, le conseil de gestion peut assurer le bon
fonctionnement des exploitations agricoles car ses principaux problèmes
sont inclus dans ses objectifs.
L'analyse du fonctionnement technico-économique de
l'exploitation agricole se pratique dans des situations variées,
correspondant les unes à des schémas traditionnels de diffusion
des innovations techniques (vulgarisation thématique de contenus
standardisés concernant une production particulière), les autres
à des interventions plus novatrices (conseil de gestion, crédit
décentralisé.) (Devienne et Wybrecht, 2002).
2.2.2. La gestion
La gestion est l'organisation et l'utilisation judicieuse des
moyens de production pour atteindre un but. Certains auteurs (Terry et
Franklin, 1985) pensent que la gestion est à la fois une science et un
art. La science est une connaissance apprise tandis que l'art est une aptitude
créative personnelle. Ainsi, la science de la gestion est un ensemble de
connaissances systématiques qui permettent d'atteindre les
vérités générales.
Terry et Franklin (1985) définissent ainsi la gestion
comme « un processus spécifique consistant en une
activité de planification, d'organisation, d'impulsion et de
contrôle visant à déterminer et à atteindre des
objectifs définis grâce à l'emploi d'être humains et
la mise en oeuvre d'autres ressources ».
La gestion est une activité qui transforme les
ressources (matérielles et humaines) inorganisées en
réalisations utiles et qui permet de prendre une décision en
fonction des objectifs d'une exploitation compte tenu des contraintes et des
opportunités en présence (Terry et Franklin, 1985 et Dufumier,
1996).
Selon Goud (1997), la gestion étant une prise de
décision face à une situation, c'est faire des choix en fonction
des objectifs, des moyens (atouts et contraintes) et la perception de ce «
qu'il serait possible de faire >> compte tenu des données
disponibles. Djoukam (2003), précise « qu'il y a souvent un
décalage de décision à priori (car envisagée par un
modèle d'optimisation) et celle du décideur >>.
La gestion des exploitations agricoles est donc un processus
de prise de décision basé sur l'allocation des ressources
limitées à des alternatives de production pour atteindre un
objectif. Terry et Franklin (1985), soulignent que pour atteindre leurs
objectifs de production, les gestionnaires ont besoin des 6M
c'est-à-dire les Moyens financiers, la Matière, les Machines, la
Méthode, la Monnaie (capitaux) et les Marchés. Dorward et al.
(2007), définissent la gestion des exploitations agricoles comme un
processus de décision qui englobe l'évaluation et l'application
des différentes stratégies de production. Si la gestion est un
processus de décision il est important de clarifier la notion de prise
de décision dans une exploitation agricole.
Terry et Franklin (1985), définissent justement la
prise de décision comme « une adéquation des techniques
actuelles, une utilisation des toutes dernières techniques, et le
développement des compétences dans l'établissement des
différentes actions possibles ». Les mêmes auteurs
précisent qu'en gestion, pour qu'il y ait prise de décision, il
faut qu'il existe plusieurs possibilités, même si la meilleure
alternative est parfois de ne rien faire. Or pour Will (1980), prendre une
décision c'est parvenir à une conclusion de faire quelque chose.
La prise de décision est orientée par trois questions
essentielles à savoir : Quoi produire ? Combien produire ? Comment
produire ?
2.2.3. Le conseil de gestion
Le conseil a en effet pour fonction d'aider le producteur
à atteindre ses objectifs (Chombart de Lauwe et al., 1969).
Pour Miste (2008), il s'agit d'apporter un regard extérieur au paysan
concernant sa situation et ses possibilités. Ce conseil pouvant prendre
différentes formes : technique et économique. Le conseil est donc
construit sur la base des informations recueillies au sein de l'exploitation
(Havard et al., 2001). Il existe trois types de conseil dans une
exploitation à savoir :
- le conseil technique qui vise à modifier les pratiques
culturales ;
- le conseil technico-économique qui aide l'agriculteur
à choisir les contraintes d'agriculture, les
techniques ;
- le conseil de gestion qui aide l'agriculteur à prendre
une décision de manière générale.
C'est toujours dans cet ordre d'idée que Havard et
al. (2003) rapportent que le conseil de gestion est une
démarche d'analyse des exploitations qui amène des changements
suite à un dialogue constructif entre les conseillers (animateurs) et
les paysans. Le conseil de gestion permet aux paysans, comme le soulignent
Chombart de Lauwe et al. (1969), d'atteindre leurs objectifs en leur
apportant une vision nouvelle sur leur situation et leurs possibilités
technico-économiques. Le conseil de gestion prend donc en compte
l'ensemble de la situation de l'exploitation et crée un dialogue avec le
producteur dans un cheminement d'amélioration qui s'étend sur
plusieurs années (Kleene et al., 1995).
Pour Djamen et Havard (2000), il s'agit « d'une approche
d'appui au monde agricole, qui par la voie d'animateurs/conseillers, se propose
de trouver ensemble avec le producteur la meilleure adéquation entre ses
objectifs, ses moyens et ses connaissances pour améliorer les
performances de son exploitation ». Legile (1999) définit le CdG
comme étant une aide à la décision à travers un
processus d'apprentissage faisant évoluer les représentations de
l'agriculteur avec les étapes suivantes : prévision, action,
évaluation des conséquences de la décision, confirmation
ou modification des représentations. Dorward et al. (2007),
précisent que l'approche conseil de gestion des exploitations inclue le
budget de l'exploitation, les marges brutes, le bilan, le flux de
trésorerie et le compte d'exploitation prévisionnelle.
2.2.4. Le conseil aux exploitations familiales (CEF)
Dugué et al. (2004) rapportent que lors de
l'atelier de Bohicon en 2001, le terme conseil de gestion (CdG), jugé
trop restrictif, car connoté «comptabilité-gestion», ne
reflétait pas la diversité des expériences
présentées par les participants. D'où la proposition
à l'avenir, d'employer le terme de conseil aux exploitations familiales
(CEF) qui recouvre plusieurs types de conseil conçus et mis en oeuvre
dans des contextes différents et selon des approches distinctes. De
façon synthétique Dugué et al. (2004),
définissent le CEF comme « une démarche globale qui
renforce les capacités des paysans et de leur famille à suivre
leurs activités, analyser leur situation, prévoir et faire des
choix, évaluer leurs résultats. Il prend en compte les aspects
techniques, économiques, sociaux et, si,
possible, environnementaux de leurs activités
». Le but du CEF est d'enrichir l'approche Formation et Visite en
proposant un contenu novateur, tout en respectant ses règles de
fonctionnement.
2.2.5. Vulgarisation, innovation, adoption, diffusion et
perception
Vulgarisation
Leagans (1961) définit la vulgarisation agricole comme
un processus d'enseignement qui induit des changements du niveau des
connaissances, des pratiques et des attitudes des agriculteurs dans la
perspective d'améliorer leur production agricole et de relever leur
niveau de vie. Pour Mercoiret (1994), la vulgarisation en Afrique a souvent
été entendue comme « un moyen de faire adopter par les
producteurs des techniques mises au point par la recherche agronomique,
grâce à un dispositif d'encadrement organisé à
différentes échelles géographiques ».
Innovation
Pour Roger (1999), l'innovation d'une manière
générale, est une nouvelle invention. Selon Millerand (1998),
l'innovation technique est un paquet technologique inventé par les
chercheurs en vue d'apporter une solution à certains problèmes
concernés par le domaine d'invention. Pour Bentz (2002), l'innovation
technique est une nouvelle méthode de combinaison des facteurs de
production. Toujours dans le même sens, Djomo (2007) précise que
« l'innovation technique ne peut être isolée de sa composante
économique, ni de ses composantes organisationnelles, institutionnelles,
sociales et politiques ».
Dans le contexte agricole, elle sera considérée
comme des nouvelles techniques culturales, l'introduction d'une nouvelle
variété ou d'espèce animale ou végétale,
d'un nouveau mode de conduite du troupeau et d'une nouvelle façon
d'organiser le travail et de gérer les exploitations agricoles visant
à améliorer le revenu de ces dernières (Dugué et
Faure, 2001). Pour Tchatchoua (2007) l'innovation en Afrique est
considérée comme une nouvelle manière de développer
les stratégies de production due aux effets de la crise
économique sur l'activité agricole.
Adoption
Selon Millerand (1998) et Tchatchoua (2007), l'adoption est
perçue comme un processus centré sur le cheminement mental de
l'individu caractérisé par plusieurs phases, depuis la
première exposition à ce dernier, jusqu'à la confirmation
ou le rejet de l'adoption. L'adoption est également définie comme
une décision d'appliquer une nouvelle technologie (innovation) et
continuer à l'utiliser (Tchatchoua, 2007). C'est toujours dans la
même optique que Rogers (1983), précise que l'adoption est une
décision de choisir une innovation lorsque celle-ci est
considérée comme la meilleure alternative. Pour qu'une innovation
soit facilement adoptée, il faut qu'elle soit appropriée
c'est-à-dire adaptée au contexte (économique, culturel,
social ou agro écologique), qu'elle apporte un service qui
présente un réel intérêt pour le producteur,
être acceptable surtout socialement et financièrement (Ava et
al., 2006).
Selon Rogers (1983), les usagers d'une innovation sont
classés selon cinq profils types : les novateurs (2,5 %), les premiers
utilisateurs (13,5 %), la première majorité (34 %), la seconde
majorité (34 %) et les réfractaires (16 %).
Diffusion
La diffusion peut être vue comme le cheminement de
l'innovation depuis le système source jusqu'au système receveur
(Tchatchoua, 2007). Une définition plus opérationnelle
considère le processus de diffusion comme l'acceptation au cours du
temps de certains faits (innovations) par des unités d'adoption
(individus, groupes, communautés) qui sont liées à des
canaux externes de communication et liées entre elles par une structure
de relations sociales et un système de valeurs, ou une culture (Katz,
1972). Rogers (1983) remarque que la diffusion peut être planifiée
ou spontanée. Tchouamo et Steele (1997) soulignent que la diffusion
d'une innovation est fortement influencée par le mode de diffusion.
Les recherches qui relèvent de ce type d'approche
s'attachent à l'analyse de l'adoption d'une
innovation technologique
au moment de sa diffusion, c'est- à-dire sans prêter attention
à l'étape de la
conception du produit qu'elle étudie. Ainsi Millerand
(1998) précise que a les questions de recherche s'attachent, d'une
part, à savoir comment se diffusent les innovations et qui en sont les
adoptants, en élaborant des modèles comportementaux et, d'autre
part, à mesurer l'impact de leur adoption à travers les
changements opérés dans les pratiques ».
Lavigne-Delville et wybrecht (2002) pensent que a pour se
diffuser, une innovation technique, organisationnelle ou institutionnelle doit
nécessairement correspondre aux intérêts d'une partie au
moins des agriculteurs. Ces intérêts se déterminent par
rapport à leur propre situation économique et sociale, et par
rapport au milieu en question ».
Perception
Le petit Larousse (1999) définit la perception comme
étant le fait de saisir quelque chose par le sens ou l'esprit. Pour le
Dictionnaire Robert (1995), la perception est une opération de
l'intelligence ; c'est la présentation intellectuelle, l'idée ou
l'image faite d'une situation, la situation pouvant être une innovation
(le CEF par exemple). Cette définition nous amène à
étudier le comportement des agriculteurs face à la gestion de
leur exploitation agricole et de leur pratique. Soua (2001) rapporte à
ce sujet que c'est grâce à la perception qu'un individu choisit ce
qui lui semble avoir un sens et ceci en fonction de ses attentes. Manepi (2004)
quant à lui, pense que la perception est une considération
empirique car selon lui, c'est le moment où les prises de
décisions (adoption ou non d'une innovation) sont influencées par
les attitudes et les considérations socio-économiques. Pour
Vernon (1971), la première étape de la perception est
l'appréciation de la forme d'un objet. L'objet étant l'innovation
ramenée précisément au CEF dans le cadre de la
présente étude.
Ava et al. (2006) rapportent que la perception du
changement d'une innovation peut s'observer à plusieurs niveaux à
savoir :
- au niveau de l'exploitation, par une augmentation de la
production, la réduction de la pénibilité du
travail ;
- au niveau de la famille, par une augmentation du revenu et une
amélioration du niveau de vie ;
- au niveau de la communauté, par un renforcement des
collaborations entre les adopteurs et les autres membres de la
communauté.
2.2.6. Le diagnostic de l'exploitation
Un diagnostic est un jugement porté sur une situation
à partir de l'analyse d'indicateurs ou de paramètres
(Lavigne-Delville et Wybrecht, 2002). Pour Djomo (2007), élaborer un
diagnostic c'est « identifier et apprécier les forces et faiblesses
d'une exploitation et en rechercher les causes ». Boukassa (2003) pense
que le diagnostic repose sur un système de collecte d'informations.
Toute intervention en milieu rural repose sur une analyse explicite ou
implicite de la situation qui permet d'identifier des facteurs
défavorables et de proposer des actions modifiant ces facteurs
(LavigneDelville et Wybrecht, 2002). Selon Havard et al. (2001) le
diagnostic du fonctionnement des exploitations est une nouvelle approche
testée en Afrique. Ainsi, les mêmes auteurs pensent que le
diagnostic est un outil préalable à un conseil ou à un
suivi d'exploitation.
2.2.7. Le concept d'évaluation
Evaluer, c'est mesurer ou estimer l'efficacité d'un
programme, l'efficience des moyens mis en oeuvre et l'impact des pratiques ou
activités de ce programme. Selon Halley al.,(2006),
l'évaluation est une appréciation objective et
systématique d'un projet, d'un programme ou d'une politique, en cours ou
terminé, de sa conception, de sa mise en oeuvre et de ses
résultats. Les mêmes auteurs poursuivent en précisant que
le but de l'évaluation est de déterminer la pertinence et
l'accomplissement des objectifs, l'efficience en matière de
développement, l'efficacité, l'impact et la durabilité.
Ils soulignent que le terme « évaluation désigne
également un processus aussi systématique et objectif que
possible par lequel on détermine la valeur et la portée d'une
action de développement projetée, en cours ou achevée
». Misté (2008), souligne que a Une évaluation devrait
fournir des informations crédibles et utiles permettant
d'intégrer les leçons de l'expérience dans le processus de
décision des bénéficiaires et des bailleurs de fonds
».
Selon Fouda (1998), l'évaluation est une attitude
permanente de questionnement, une attitude critique d'analyse, une dynamique,
un outil de gestion, un temps d'arrêt pour réfléchir et
faire le bilan. Ainsi, l'évaluation consiste en un rapprochement des
objectifs prévisionnels aux réalisations par la mesure des
écarts et une identification des obstacles ayant empêché la
réalisation des objectifs prévisionnels. Le même auteur
précise que bien que souvent perçue comme un contrôle suivi
de sanction, l'évaluation a une dimension pédagogique qui
conditionne l'apprentissage de leçon et le choix des orientations
futures. Or Girardin (2007) pense plutôt que l'évaluation n'est
pas un contrôle. Car selon le même auteur, un contrôle est
une vérification de l'application d'un règlement, du respect des
cahiers de charges ou de justification d'une subvention.
Patton (1982), précise que le concept
d'évaluation avait été initié en 1960 par les
bailleurs de fonds américains en vue de s'assurer l'utilisation efficace
et efficiente des fonds investis dans les projets de développement. Afin
de mieux apprécier une évaluation, il est important de
préciser les indicateurs ou critères d'évaluation (Patton,
1982, Fouda, 1998 et Girardin, 2007). Pour Girardin (2007), un indicateur est
« une variable qui fournit des renseignements au sujet d'un
système complexe en vue de faciliter sa compréhension aux
utilisateurs de sorte qu'ils puissent prendre des décisions
appropriées qui mènent à la réalisation des
objectifs ». Fouda (1998), indique que les critères
d'évaluation des projets et des programmes couramment utilisés
sont :
- l'efficacité qui consiste à comparer les
objectifs aux résultats ;
- l'efficience qui permet de mesurer les ressources
utilisées pour la réalisation des objectifs. C'est
l'analyse coût-bénéfice ;
- l'impact qui relève d'un ensemble d'effets sur
l'environnement au sens large (technique,
économique, social, culturel, écologique etc....)
;
- la viabilité qui réfère à une
estimation des chances de survie c'est-à-dire la capacité de
poursuivre
les activités ou les actions ;
- la participation des bénéficiaires qui
représente l'implication de ces derniers et leur appropriation
de la stratégie d'intervention.
2.2.8. Mesure des effets et d'impact du conseil
Les effets du conseil permettent d'apprécier les
premiers changements (court et moyen termes) chez les
bénéficiaires, par exemple l'amélioration de la gestion
des facteurs (optimisation des ressources) de production et la prise de
décision, l'augmentation du revenu (Miste, 2008). L'impact du conseil
quant à lui permet d'apprécier les conséquences à
long terme de la mise en oeuvre du CEF. Misté (2008), souligne que ces
changements de long terme se traduisent par une croissance pro-pauvre.
Havard précise six critères de mesure d'effet et
d'impact du CEF :
1. Prise de décision (Niveau de
centralisation, Niveau de contrôle, Capacité de
réaction)
2. Gestion (Niveau d'enregistrement, Niveau
de prévision, Niveau d'analyse par rapport à la gestion du stock
vivrier, la gestion de la trésorerie, le plan de
campagne/déroulement des opérations, l'organisation du travail
sur l'exploitation, les résultats technico-économiques..)
3. Capacité d'innovation (innovation
technique) tel que amélioration des pratiques
4. Performances technico-économiques qui
permettent évaluer critères 1, 2 et 3 notamment les
rendements, les recettes, les dépenses, les résultats par rapport
aux coûts
- en rapport à une année de
référence
- en rapport à une innovation
technique
- en rapport à une prise de
décision liée à un changement de structure :
investissement, capitalisation élevage, accroissement des
superficies...
5. Diffusion du conseil (circulation de
l'information, transfert de connaissances,
transfert de pratiques en matière de gestion ou d'innovations
techniques)
6. Capacités d'appropriation de la
démarche (expression des besoins et évolution,
évolution du type de conseil, capacités
d'innovation, de diffusion)
2.2.9. Les conseillers au coeur du Conseil
Pour Faure et al. (2004), et Legile et al.
(2004), le conseiller est considéré comme la pierre
angulaire du dispositif du CEF car c'est sur lui que repose la qualité
et la réussite de la démarche. Selon Faure et al.
(2004), un conseiller ou animateur est toute personne ayant un certain
niveau scolaire et ayant des connaissances en agronomie générale.
Djonnéwa et al. (2001) pensent que les conseillers sont les
personnes chargées de la mise en oeuvre du CEF ayant un bon niveau
scolaire et un contact facile avec les paysans. Pour Djomo (2007), le
conseiller agricole est un spécialiste du secteur agricole qui doit
assister les agriculteurs à la maîtrise du fonctionnement global
de leur exploitation. Djamen et al. (2003 b) précisent que les
programmes des trois années du CEF sont maîtrisés par les
conseillers en fonction de leur niveau scolaire.
Suite aux études menées au Nord Cameroun, Daouda
et Havard (2002), Djamen et al. (2003 b), mentionnent que les
conseillers sont assistés dans leurs tâches par les animateurs qui
sont généralement des personnes instruites, ouvertes, ayant des
potentialités d'organiser et de regrouper les paysans et d'apporter des
orientations à leurs problèmes. Violas et Gouton (2005)
précisent que certains animateurs se considèrent comme des
conseillers à part entière dû au fait que leur rôle
n'est pas clairement spécifié.
La formation des conseillers et leurs reconnaissances
professionnelles sont des conditions indispensables à la maîtrise
et la diffusion de la démarche du CEF (Legile, 2004, et Briffaud et
al., 2004). L'un des facteurs majeurs relatifs au succès du CEF
est la nature des relations qui existent entre les conseillers et les paysans
(Legile, 2006). D'autant plus qu'avec le CEF, les conseillers doivent renforcer
les capacités des paysans dans le processus de décision, les
amener à progresser d'eux-mêmes dans la résolution de leurs
problèmes, d'organiser les échanges entre les paysans (Boissier,
2007), un accent particulier doit être mis sur les compétences
fondamentales (ou profil) des conseillers (Legile, 2006).
Pour Mana (2007), un bon conseiller ou animateur est celui
là qui est disponible à s'adapter au calendrier des paysans,
avoir un sens de l'organisation des groupes de production, avoir une
capacité d'écoute, de diagnostic et de dialogue pour comprendre
les points de vue des producteurs, savoir valoriser les savoirs faire locaux.
Etant donné la complexité de la démarche du conseil
(bilan, trésorerie, comptabilité-gestion, calcul,
élaboration et analyse des micro-projets), Faure et al. (2004),
pensent que les performances qu'un conseiller doit avoir sont :
- connaissance sur le fonctionnement des exploitations agricoles
et sur l'agriculture de sa zone
d'intervention ;
- maîtrise de la langue nationale (écrit et oral)
;
- maîtrise des principales techniques de production de sa
zone d'intervention (conduite des cultures
et des troupeaux, gestion de la fertilité des terres,
etc.) ;
- maîtrise de certaines méthodes d'analyse
économique et financière des résultats obtenus par les
exploitations (analyse des marges, compte d'exploitation, etc.) ;
- maîtrise des méthodologies d'intervention (du
diagnostic à l'évaluation) ;
- aptitude pour l'animation (conduite de réunion, travail
en groupe, etc.) ;
- utilisation dans certains cas de l'informatique.
Legile (2006) souligne que les compétences des
conseillers sur le terrain ne reflètent pas toujours leurs
spécialisations. Cette remarque de Legile fait penser que la perception
du profil du conseiller peut varier en fonction des acteurs impliqués
dans la démarche du CEF (tableau 3). Havard (2002), pense que la
compétence des conseillers varie en fonction des tâches qui lui
sont assignées ou en fonction du stade de la démarche
(encadré ci-après)
Djamen et al. (2002) montrent que les conseillers du
PRASAC au Nord- Cameroun sont des techniciens agricoles ayant de bonnes
connaissances du terrain, disponibles et capables de réaliser un travail
d'écoute et de diagnostic avec les producteurs. Selon Havard (2002) et
Legile (2006), certains spécialistes en comptabilité
générale et en gestion des exploitations (entreprise) ont des
difficultés de s'approprier du CEF. Malgré cette
variabilité du profil des conseillers, Daouda (2002) et Havard (2003)
pensent qu'un bon conseiller doit être capable de remplir les fonctions
de formateur, animateur, vulgarisateur et conseiller proprement dit (tableau
3)
L'animateur Un rôle clé dans le dispositif
conseil de gestion
Un homme (une femme) polyvalente (au moins BEPC)
- connaissances en agronomie, élevage
- aptitudes pédagogiques
- maîtrise des approches participatives et techniques
d'animation
- diplomate pour mettre les paysans en confiance afin qu'ils
s'expriment
Un profil variable selon le niveau de conseil
- année 1 et année 2 : animateur niveau scolaire
BEPC
- année 3 : conseil individuel demande bonnes
capacités de synthèse et d'analyse (Bac au moins)
Organisation de son travail
- 4 à 6 groupes par animateur à temps plein - appui
par un animateur villageois
Source :Havard et al. (2002 :2)
|
Tableau 2. Profil du conseiller en fonction des parties
impliquées.
|
Le point de vue des producteurs
|
le point de vue des opérateurs de développement
|
Les fonctions
|
Sensibilisation au CEF.
Formation des producteurs.
Animation de groupe.
Analyse des données et restitution. Conseil individuel.
Accompagnement d'initiatives du groupe.
|
Idem producteurs
Plus fonction de facilitateur.
|
Les qualités et le profil requis
|
Personne connue des paysans,
Ayant des attaches et des pratiques paysannes.
Capable de travailler sur le terrain.
Niveau d'études supérieur à la
quatrième mais pas au-delà du niveau Bac.
|
Aptitude à l'animation rurale. Capacité
d'écoute et d'analyse. Capacité à travailler en
équipe. BEPC + 3 ans d'études agricoles ou Bac + formation
agricole complémentaire.
|
Le statut et la
rémunération
|
L'OP participe au recrutement et au suivi-commun
évaluation du conseiller.
L'OP contrôle les dépenses salariales.
Le salaire est fonction des revenus des paysans et de l'OP.
|
Salaire mensuel négocié d'un
accord mais prenant en compte la grille salariale du pays.
Respect du code du travail.
Primes et avantages en fonction de la charge de travail et des
résultats.
|
Source : Faure et al. (2004).
Tableau 3. Les principales tâches et
activités d'un animateur/Conseiller
Animation
|
Formation
|
Vulgarisation
|
Conseil
|
|
|
|
- Diagnostic
|
- Aide à la
|
- Formation des
|
- Explication fiches techniques
|
d'exploitation
|
constitution des
|
groupes de
|
- Aide à la mise en place et/ou
|
- Aide à la gestion des
|
groupes
|
paysans aux bases
|
suivi des actions techniques
|
activités de
|
- Animation des
|
de la gestion et
|
- Démonstration et tests
|
l'exploitation (Conseil
|
groupes de
|
aux analyses
|
d'équipements de traction
|
tactique)
|
paysans
|
technico-
|
animale
|
- Aide à l'élaboration et
|
- Organisation des
|
économiques
|
- Diffusion des innovations
|
à la mise en oeuvre
|
sessions
|
- Formation des
|
- Organisation des visites
|
des projets (Conseil
|
Thématiques
|
paysans relais.
|
d'échanges
|
stratégique)
|
Source : Havard, (2003 )
La démarche du conseil aux exploitations
familiales
Les fonctions du conseiller ci-dessus mentionnées sont
donc au centre du CEF. Raison pour laquelle Wey et al. (2007) pensent
qu'un accent doit être mis sur la formation des conseillers en ce qui
concerne le diagnostic global de l'exploitation sur les thèmes suivants
qui forment la démarche du CEF :
- La sécurité alimentaire dont le but est
d'aborder avec les paysans l'évaluation des besoins alimentaires de la
famille et de confronter ces données avec le disponible à la
récolte (Quels sont mes besoins ? Quelles sont les quantités dont
je dispose ? Est-ce que j'aurai assez de nourriture pour ma famille
jusqu'à la prochaine récolte ?);
- Le plan prévisionnel de campagne dont l'objectif est
d'amener le producteur à prévoir les activités de
production de la prochaine campagne agricole et de vérifier s'il a les
moyens nécessaires (main d'oeuvre, finances, etc...) pour
réaliser ses objectifs de production (Qu'ai je l'intention de faire lors
de la prochaine campagne ? Quels sont mes besoins (intrants, argent,
main d'oeuvre) pour l'assolement retenu ? Quelles sont mes ressources
(intrants, surface, argent, crédits, main d'oeuvre, autres) mobilisables
? Mes ressources me permettent-elles de réaliser mes objectifs ?
Comparaison entre besoins et ressources, recherche de solutions) ;
- La trésorerie dont l'objectif est de faire en sorte
que le chef d'exploitation dispose de suffisamment d'argent pour couvrir ses
dépenses et réaliser ses projets (Quelles sont mes besoins en
argent (dépenses) ? Quelles sont mes ressources (ventes cultures et
animaux, travaux) ? Aurai-je assez d'argent pour couvrir les dépenses
prévues ?) ;
L'analyse technico-économique qui va permettre
d'améliorer les capacités de diagnostic de chaque activité
rémunératrice pour pouvoir prendre les décisions les plus
appropriées (Sensibiliser les paysans à la
saisie détaillée de données relatives aux suivis
techniques et économiques des toutes activités de production,
Déterminer les contraintes techniques,
économiques, sociales à la production agricole des producteurs,
Evaluer les conditions économiques de production des
principales cultures).
2.3. Revue de la littérature.
2.3.1. Le CEF : historique, évolution,
expériences
2.3.1.1. Historique et évolution du CEF
C'est grâce à une étroite collaboration
entre la section d'économie rurale de l'Institut National de Recherche
Agronomique (l'INRA) et de la chaire d'économie rurale de l'Ecole
Nationale Supérieure d'Agriculture (ENSA) de Grignon, conduite par le
professeur Chombart de Lauwe qu'est née l'idée des centres de
gestion des exploitations agricoles. Considéré comme le
père de la gestion agricole en France, Chombart de Lauwe a mis au point
une méthode de gestion des exploitations en 1957 (Legile, 1999).
L'évolution des problèmes de gestion des exploitations et des
cadres de représentation n'a pas été sans influence sur
les méthodes et outils développés, même si d'autres
facteurs y ont aussi concouru (informatisation, et obligations
administratives). Parmi ceux-ci, l'un des plus importants actuellement est
certainement la prise en compte du savoir-faire gestionnaire des agriculteurs.
Si pendant longtemps la gestion a uniquement été associée
à l'obtention de «résultats>>, aujourd'hui elle
commence à être déclinée en terme de pratique, de
raisonnement.
Cette nouvelle approche mise sur pied par Chombart de Lauwe,
vient combler les limites de la vulgarisation classique (Havard et al.,
2002, 2003) qui était caractérisée de « top down
>> car elle ne prenait pas en compte les savoirs locaux et les besoins
réels des paysans (Tchouamo et Steele, 1997, Tchouamo et al.,
2006). D'ailleurs Misté (2008) rapporte que la «
vulgarisation en Afrique a souvent été conçue dans le but
de faire adopter par les producteurs, grâce à des dispositifs
d'encadrement, des techniques mises au point par la recherche agronomique
».
Tchouamo et Steele (1997), Havard et al. (2001), et
Djoukam (2003), précisent que le système «Training and
Visit » de la Banque Mondiale et les approches du Programme National
de Vulgarisation et de recherche Agricole de l'ex MINAGRI ont longtemps
répondu à ce modèle au Cameroun. Bien qu'ayant
contribué à la diffusion de nombreuses innovations techniques,
ces
approches ont rarement contribué à
l'amélioration du fonctionnement global de l'exploitation (Tchouamo et
al., 2006 ; Legile 2006, Misté, 2008). Pour corriger cette
lacune, Havard (2002), Daouda et Havard (2003) , Legile et al. (2004)
pensent qu'un diagnostic de l'exploitation est nécessaire en
préalable au conseil. Dans le cadre de la définition des
nouvelles politiques agricoles, la plupart des Etats et les bailleurs de fonds
cherchent à ressortir les limites de la vulgarisation classique pour
laisser place au conseil (Misté, 2008). Le tableau 4 indique quelques
limites de la vulgarisation classique.
Tableau 4. Quelques limites de la vulgarisation classique
(Training and Visit)
Vulgarisation «classique»
|
· Diffusion de thèmes surtout techniques.
· Conseillers détenteurs du savoir : les producteurs
sont des récepteurs des messages.
· Importance des démonstrations sur le terrain mais
les groupes sont rarement constitués par affinité.
· Paysans ne gérant pas les dispositifs et ne
choisissant pas les conseillers.
· Savoirs paysans peu valorisés.
· Liens forts avec les recherches agronomiques publiques
et/ou privées qui mettent au point les thèmes
|
Source : adapté de Daouda (2002) et Misté (2008)
L'approche conseil (de gestion) était
considérée comme une aide à la prise de décision
(Legile, 1999). Sa démarche et ses outils étaient beaucoup plus
basés sur les calculs, la comptabilité-gestion, l'animation de
groupe, la technique du questionnement, de la participation des paysans, des
visites de terrain. Legile (1999) précise que l'application du conseil
de gestion nécessitait un certain niveau de scolarisation et une
certaine connaissance en agriculture et en comptabilité tant de la part
des paysans que des conseillers.
Ainsi, Dugué et al. (2004) rapportent que lors
de l'atelier de Bohicon en 2001, le terme conseil de gestion (CdG), jugé
trop restrictif, car connoté «comptabilité-gestion», ne
reflétait pas la diversité des expériences
présentées par les participants. D'où la proposition
d'employer le terme de conseil aux exploitations familiales (CEF) qui recouvre
plusieurs types de conseil conçus et mis en oeuvre dans des contextes
différents et selon des approches distinctes. Le CEF permet de renforcer
la capacité du producteur à maîtriser le fonctionnement de
son exploitation, à améliorer ses pratiques en combinant
innovations paysannes et innovations extérieures, à prendre de
meilleures décisions pour atteindre les objectifs qu'il se fixe avec sa
famille. En ce sens, les démarches de type CEF peuvent utilement
contribuer à la réforme des systèmes de vulgarisation
classique, en dotant les producteurs de capacités à
définir leurs besoins, à préciser leurs objectifs tant au
niveau de leur exploitation que de leur famille, à maîtriser leurs
actions et, plus largement, les processus de gestion concernant leurs
unités familiales de production.
2.3.1.2. Quelques expériences du CEF en Afrique
de l'Ouest
C'est au Sénégal que les premières
expérimentations de cette méthode ont été
réalisées pendant la période 1973-1981. Ceci dans le cadre
des « Unités expérimentales du Sine Saloum » où
les chercheurs ont senti la nécessité de s'intéresser
directement aux problèmes de transfert de technologie dans le monde
rural. Pour répondre à cette préoccupation une
recherche-action a été lancée par une équipe
pluridisciplinaire de chercheurs. C'est ainsi que la méthode de conseil
de gestion développée par l'Institut Sénégalais de
la Recherche Agricole (ISRA) a permis l'élaboration des fiches, de
référentiels techniques, de modes de calculs prévisionnels
et la formation du personnel de la vulgarisation. Cette méthode
était un instrument de la politique agricole faisant partie d'un
ensemble de mesures gouvernementales en faveur de l'agriculture.
Au Mali par exemple, les actions de CdG mises en
place à partir de 1981 dans le cadre de la
recherche-développement ont produit de nombreux résultats dont
les principaux sont :
- la mise au point d'une méthode
standardisée et simplifiée du conseil de gestion, utilisable par
les paysans eux-mêmes avec une grille d'interprétation, et
susceptible de leur indiquer les solutions possibles en fonction de l'analyse
chiffrée de l'exploitation; cette démarche est utilisée
par la Compagnie Malienne de Développement des Textiles (CMDT) ;
- la connaissance des possibilités et
limites de la méthode et de son aptitude à résoudre les
problèmes et besoins réels des paysans.
En Côte d'Ivoire, c'est l'institut
agricole de Bouaké qui crée en 1982 une cellule de gestion des
exploitations agricoles (CGEA). Cette dernière met au point les outils
de CdG qui sont encore utilisés actuellement. La CGEA a apporté
son appui à une trentaine d'exploitations agricoles. Les premiers
bénéficiaires de cette opération étaient de jeunes
chefs d'exploitation du niveau ingénieur des travaux agricoles,
formés par l'Institut Agricole de Bouaké (IAB). En 1996 ces
activités de conseil ont été poursuivies par le projet 4
PR (projet pour la professionnalisation des producteurs de ruminants) qui en a
amélioré les outils. Ce projet a ensuite participé
à la mise en place de trois (03) centres de gestion à Korhogo,
à Bouaké et à Abengourou.
Ces centres ont pris le relais et poursuivi leurs
activités après l'arrêt de celles du projet 4 PR. En 1998,
le ministère de l'agriculture et des ressources animales et
l'association nationale des organisations paysannes de Côte d'Ivoire
(ANOPACI) ont organisé un atelier national sur le CdG comme outils de
vulgarisation. Suite à cela, l'agence nationale de développement
rural (ANADER), principal organisme de vulgarisation en Côte d'Ivoire,
retient le CdG comme une de ses méthodes d'intervention auprès
des exploitations agricoles. Les organisations paysannes optent
également pour le développement du CdG comme outil de
professionnalisation et de concertation.
Après les années 1990, le CdG a
été développé au Burkina Faso.
L'approche expérimentale visait tout autant
l'élaboration d'outils adaptés aux besoins des producteurs que la
mise sur pied d'une nouvelle technique de gestion en intégrant la
dimension économique dans la gestion (Faure et al.,
1996). Cette approche a permis d'entreprendre des actions de
formation pour les paysans, surtout en ce qui concerne le calendrier agricole.
Djoukam (2003), mentionne qu'au Burkina Faso, cette démarche a tout
d'abord concernée une quarantaine de villages dans le cadre d'une
opération pilote PDRIHKM (Projet de Développement Rural
Intégré des provinces du Houet, de la Kossi et du Mouhoun).
Au Bénin, c'est au début de
l'année 1995 que tout commence à la faculté des sciences
agronomiques (Université d'Abomey-Calavi), par le programme d'appui
à la formation professionnelle des agronomes (PAFPA). Ce programme,
soutenu par la coopération française, a développé
un volet dont l'objectif était de réaliser le conseil de gestion
auprès d'exploitants agricoles afin qu'ils puissent améliorer
leurs résultats en termes techniques et économiques avec, en
perspective, la création de centres de gestion des exploitations
agricoles (CGEA).
Aujourd'hui, le CEF ou CdG au Bénin est mis en pratique
: au sud par la CAGEA, qui accompagne environ 500 producteurs et au nord par la
cellule d'appui au développement du conseil en gestion (CADG). Bien que
fortement intégrées au marché, les exploitations en CEF
peuvent rencontrer des problèmes de gestion des stocks vivriers pour
l'alimentation familiale (cas fréquent au Nord Cameroun) (Djomo, 2007).
Le niveau de revenu peut être très variable au sein des groupes
d'exploitation CEF et entre les expériences analysées. Les
exploitations agricoles du Nord Cameroun (2 ha en moyenne) disposent par
exemple d'un revenu monétaire annuel de 200 000 FCFA à 250 000
FCFA en moyenne (Djamen en al., 2003) alors qu'un producteur d'ananas
béninois peut obtenir un revenu annuel dépassant 1 million de
FCFA.
2.3.2. Le CEF au Cameroun, une expérience du PRASAC
dans la zone septentrionale.
Le CEF a été introduit au Nord Cameroun en 1998
par l'IRAD dans le cadre des activités du PRASAC. Cette introduction du
CEF s'explique par des raisons multiples à savoir : la taille
réduite des exploitations agricoles qui couvrent difficilement leurs
besoins alimentaires et monétaires, la prédominance de
l'incertitude dans la gestion des exploitations où l'avenir est rarement
envisagé audelà d'une campagne, les principales approches de
vulgarisation qui sont devenues descendantes, sectorielles, technicistes et
orientées vers la production et la productivité (Legile,
1999).
L'objectif du CEF est de susciter la réflexion des
paysans volontaires, de les amener à s'interroger sur leurs
pratiques, à favoriser la mesure et la prévision et à
intégrer les aspects technico-économiques dans leur raisonnement
(Djoukam, 2003). Au terme d'une étude sur les exploitations agricoles au
Nord, trois thèmes majeurs du fonctionnement de l'exploitation ont
été identifiés (Legile, 1999) : le
programme prévisionnel (préparation de la
campagne agricole), la sécurité alimentaire (gestion des
récoltes ou stocks de sécurité) et la trésorerie
(utilisation de l'argent perçu sur la vente des produits). Cette
étude a également permis d'élaborer une démarche
d'animation de groupes de paysans basée sur les trois thèmes
cités plus haut. Cette démarche a été mise en
oeuvre dès la fin de l'année 1999 dans les terroirs PRASAC et les
villages suivis par le DPGT (Djamen et al., 2003). Cette
expérimentation a touché en 2002 jusqu'à 28 groupes de
paysans (soit 350 producteurs environ) dont 3 groupes de femmes. En 2003, les
activités de CEF sont arrêtées dans les terroirs PRASAC et
les villages Développement Paysannal et Gestion des Terroirs (DPGT) avec
l'arrêt des financements.
Havard (2002), Djamen et al. (2003), Legile et
al. (2004) notent que la démarche de CEF s'étend sur
trois années minimum, et est adaptée au calendrier des
activités agricoles des paysans. Elle va de la formation aux bases de la
gestion (année 1) au conseil proprement dit (année 3) en passant
par la définition et l'utilisation des indicateurs
technico-économiques (année 2).
Année 1 : de la gestion du quotidien aux
projections à court terme
Cette première année met l'accent sur la
formation des paysans aux bases de la gestion à partir des thèmes
communs à la majorité d'entre eux. Ces thèmes vont des
préoccupations quotidiennes (gestion des récoltes et des revenus
monétaires) à la prévision à court terme
(préparation de la campagne agricole). Elle cherche à initier les
paysans à la prise de notes, notamment par le remplissage des fiches de
suivi des activités de l'exploitation agricole.
Année 2 : amélioration des connaissances
techniques et utilisation d'indicateurs
La deuxième année reprend à la demande
des paysans certains thèmes de l'année 1, et quelques nouveaux
thèmes : lutte contre les adventices, alimentation des animaux,
production de fumure organique etc. Elle développe les analyses
technico-économiques (calcul et discussions de ratios tels que le
rendement et les marges) sur les cultures à partir des données
collectées dans les fiches de suivi.
Année 3 : et au-delà, au conseil
individualisé
Au cours de cette année, il y a mise en place d'un
conseil individualisé. Ce conseil consiste en premier lieu en un
diagnostic participatif de l'exploitation agricole (conseiller et paysan),
suivi de l'analyse et de discussions des projets du paysan pour l'année
à venir. Ensuite, régulièrement et à la demande du
paysan, une mise au point et des ajustements sont effectués avec le
conseiller.
De plus, chaque année, des actions techniques sont
mises en place avec les paysans volontaires à la démarche:
production de semences, tests d'innovations (fumure organique, matériels
agricoles etc.). La figure 3 présente la mise en oeuvre de cette
démarche de CEF proposée par Legile (1999) et adaptée par
l'IRAD/PRASAC.
Année 3
Année 2
Année 1
Au conseil Individuel
De
l'animation
de groupe
Pour parvenir au
diagnostic et au
conseil
d'exploitation
À la prise en compte
d'indicateurs
technico-
économiques
De la formation aux bases de la gestion
Du présent
L'avenir
A
Figure 3. Démarche progressive d'aide à la
décision. Source : Mana (2007) adapté de IRAD/PRASAC
(1999)
Les résultats plutôt satisfaisants obtenus au
Nord Cameroun ont suscité la curiosité de certains projets et
associations dans le « Grand Sud » ainsi que certains responsables
des politiques agricoles du Cameroun (Havard et al., 2006, Legile,
2006). Ainsi, depuis 2006, la démarche conseil est en
expérimentation dans d'autres régions du Cameroun.
Chapitre 3. Méthodologie
3.1. Choix de la zone d'étude
Le projet DURAS Forêt intervient dans un contexte
marqué par la problématique de la gestion durable des
écosystèmes forestiers humides en Afrique de l'Ouest et du
Centre. Au Centre Cameroun c'est dans les départements du Mbam et
Inoubou et du Nyong et Mfoumou (figure 4). Ces lieux avaient été
choisis en fonction des zones d'intervention communes des différents
partenaires du projet que sont : l'IRAD, le CIRAD, le SAILD, l'ADEAC et SOS
Vert d'une part , mais aussi en fonction d'un accès facilité tout
au long de l'année et de quelques caractéristiques
différenciées d'autre part. Il s'agissait de cibler un site
localisé en zone forestière (Mvan-Mvognyengue) et un autre
localisé dans une zone de transition forestière qui évolue
vers la savane (Bokito), ceci dans le but de comprendre comment les
connaissances et les innovations agricoles sont conçues et
diffusées afin d'élaborer une démarche d'appui-conseil qui
convient à chaque zone.
La démarche CEF a été initiée
à la demande de l'ADEAC et s'applique sur ses neufs zones
d'interventions à savoir : Mvan, Ndibidjeng, Mingueme, Mengos, Melo,
Ondeck, Nkoloboudou, Ndellé et Epkwassong. (figure 6).
Mont
Cameroun
0 50 100 km
4°
Sud-Quest
Mundemba
4095
Kumba
Buéa
Ngonksamba
Littoral
Douala
Edea
Dschang
Bamenda
Nord-Quest
Kribi
Foumban
Quest
Bafoussam
3008
1043
Sud
Bokito
1024
Mbalmayo
Ebolowa
1295
Bafia
Centre
Sangmélima
1571
1115 1060
Yaoundé
Akonolinga
Akonoinga
Mfou
12° 16°
12°
16°
Bélabo
927
Bertoua
Lomié
Est
Garoua
Boulaï
Batouri
4°
Figure 4. Carte de localisation de la zone d'étude
Source : Tchatchoua et al., (2008)
3.2. Présentation de la zone d'étude
Le département du Nyong et Mfoumou est l'un des dix
départements que compte la Province du Centre. Il a une superficie
estimée à 1670 Km2 (MINATD, 2007) et est limité
par cinq autres départements (Figure 6) :
- au Sud par le département du Dja et Lobo ;
- au Sud-ouest par le département du du Nyong et so'o
;
- à l'Ouest par le département de la Mefou ;
- au Nord par le département de la Haute Sanaga ;
- à l'Est par le département du Haut Nyong.
Figure 5. Carte de localisation d'Akonolinga
Source : Tchatchoua (2007)
Mengos
Akonolinga
Djibidjeng Mvan
Minguemeu
Nkolobodou
Ondeck
Ndellé
Villages d'étude
Akonolinga
Siège ADEAC
Ekpassong
N
Figure 6. Cartes de localisation des zones
d'études Source : Microsoft Encarta 2007 corporation
3.2.1. Situation géographique
L'arrondissement d'Akonolinga est situé à environ
120 km au sud-ouest de Yaoundé et se trouve à 3° 45' de
latitude Nord et 12° 15' de longitude Est (Santoir et Bopda, 1995).
3.2.2. Caractéristiques biophysiques de la zone
d'étude
3.2.2.1. La végétation
Le site d'Akonolinga appartient au domaine de la forêt
dense humide semi-caducifoliée guinéocongolaise de basse et
moyenne altitude. Le site est peuplé de trois domaines de
végétation à savoir : le domaine à faciès de
dégradation avancée de divers types de forêt mixtes,
semi-caducifoliées et toujours vertes, les recrus forestiers et les
raphiales. Les principales formations végétales
rencontrées sont : les forêts primaires ou secondaires, les
végétations secondaires issues de longues jachères, les
agroforêts de cacaoyers, les caféières en friche, les
champs vivriers et, les raphiales de bas-fonds et les forêts
marécageuses. le système de brûlis est fortement
pratiqué dans la zone d'étude, avec des pics au mois de janvier
et février (début de la saison sèche)
3.2.2.2. Topographie, hydrologie et
pédologie
D'après Santoir et Bopda (1995), Akonolinga est
situé sur le plateau qui occupe la majeure partie du Cameroun
méridional. Cette vaste surface d'érosion est inclinée
vers le bassin du Congo au sud-est ; à l'ouest, elle s'achève
brusquement par un escarpement, sur la surface côtière. L'altitude
moyenne varie entre 600 m et 700 m, avec des sommets pouvant parfois atteindre
800 m. Le soubassement de la surface inférieure est d'âge
précambrien et se compose essentiellement de roches cristallines
(granites, gneiss, micaschistes), qui ont subi un aplanissement très
poussé, responsable d'un relief peu marqué. Au Sud du fleuve
Nyong, le modelé de collines fait place à des plateaux bas qui
dominent les fonds des vallées de 40 à 50 m de haut. Les
interfluves ont des sommets allongés et légèrement
ondulés, parfois surmontés de collines basses. Cette zone
correspond à la partie centrale du plateau méridional.
La FAO, (1993) et Bidzanga et Ava (2006), rapportent que les
sols d'Akonolinga appartiennent à la classe des sols fortement
désaturés ayant une épaisseur de 4 à 20 m au dessus
de l'horizon d'altération et des vallées alluviales. Selon
Bidzanga et Ava (2006), cette zone est localisée aux bassins
supérieurs du Nyong et de la Sanaga. On y observe une dorsale
formée dans la pénéplaine. L'horizon
concrétionné apparaît en surface aux ruptures de pente. A
l'approche des bas-fonds, le sol a souvent tendance à
s'éclaircir, devenant parfois nettement jaune, et présente une
texture plus sableuse en surface. Les sols de bas-fond sont sableux, plus ou
moins humifères et le plus souvent hydromorphes, ayant une nappe
phréatique proche de la surface. On remarque les champs de macabo aux
environs des bas fonds. Dans les sols colluvionnés ou
alluvionnés, des paysages très plats sont localisés aux
voisinages des grands axes de drainage du bassin inférieur du Nyong et
sont souvent associés à des sols hydromorphes qu'ils ne dominent
que de quelques mètres.
3.2.2.3. Climatologie
Le climat d'Akonolinga est un climat tropical bimodal. On
distingue donc une longue saison de pluies allant de mars à juin ; une
petite saison pluies allant de septembre à novembre ; une longue saison
sèche allant de mi-novembre à février ; et enfin une
petite saison sèche allant de juillet à août avec des
pluies intempestives.
La pluviosité annuelle varie entre 1215mm et 1803mm. La
température annuelle se situe entre 24,75°C et 25,25°C
(Bidzanga et Ava, 2005). Santoir (1995) fait remarquer que la durée de
la saison sèche de juillet-août diminue très vite quand on
remonte vers le Nord, l'étiage correspondant est donc moins important.
La saison sèche dure beaucoup plus longtemps au détriment de la
grande saison des pluies. Les périodes de crue sont
irrégulières. Sur les grands bassins, elles commencent en mars -
avril et sont moins fortes en novembre. La présence de l'eau en
période de crue peut être néfaste pour certaines
espèces d'animaux, notamment les animaux terrestres.
Les récoltes interviennent généralement
en juillet-Août (macabo, pistache arachide, maïs, manioc) et en
novembre-décembre (macabo, arachide, café, cacao, maïs). Les
récoltes de banane se déroulent le long de l'année mais
elles sont plus abondantes en saison sèche qu'en saison pluvieuse. Les
cultures de la tomate et du piment se font à partir de décembre
et les récoltes interviennent en Mars- Avril.
3.2.2.4. Le milieu humain
Tchatchoua (2007) distingue trois groupes ethniques à
Akonolinga à savoir.
- Les Mvognyengue qui sont des autochtones (75% de la population
totale) ;
- es Maka qui sont des migrants venus de la province de l'Est et
qui ont été attirés par les eaux poissonneuses du Nyong et
du Mfoumou (15% de la population totale) ;
- Les Yeb-Bekolo qui sont des migrants venus de l'arrondissement
d'Ayos pour les mêmes raisons que les Maka (10% de la population
totale).
ADEAC (2005), précise que le taux de scolarisation des
paysans est estimé à 89,8% (pour ceux qui ont fait au moins le CM
II) et que 50,3% de la population est constituée de femmes. La
société locale a une faible tradition associative et
organisationnelle. Les associations existantes ne s'affirment pas comme des
entités professionnelles autonomes et consultées dans leur
environnement. Il existe une collaboration entre les acteurs de
développement puisque ces derniers ont parfois des projets
similaires.
Bidzanga et Ava (2006), rapportent que la plupart des projets
de développement en cours à Akonolinga bénéficient
pour l'essentiel du financement des fonds PPTE et sont
généralement supervisés par les services de vulgarisation
du MINADER comme présenté dans le tableau 5
Tableau 5. Projets de développement et de
recherche à Akonolinga
Titre du projet
|
Financement/ Partenaires
|
Villages enquêtés touches
|
Observation
|
Programme de relance de la filière banane- plantain
|
PPTE , IRAD/IITA
|
Mvan Ndibidjeng, Mingeumeu,
Ndéllé
|
Formation sur la multiplication des rejets
|
Programme de développement des palmeraies villageoises
|
PPTE Union des exploitants de Palmier à huile
|
Mingeumeu, Mvan
|
Création des champs
semenciers, appui financier au producteur
|
Programme de
valorisation des bas-Contractualisation fonds
|
PPTE
|
|
Sensibilisation sur la mise en valeur des marécages
|
PNVRA
|
Gouvernement du Cameroun, BAD, MINADER, MINEPIA, IRAD, MINRESI
|
|
Formation, encadrement, appui en petit équipement aux
OP
|
Action du fonds
National de l'emploi (FNE)
|
FNE Contractualisation
|
|
En cours
|
Filière maïs
|
PPTE,
MINADER, IRAD, ADEAC
|
Mvan, Ndibigjeng, Mingeumeu, Ondeck
|
Création des champs
semenciers paysans, formation sur la valorisation du maïs
dans l'élevage des poulets et porcs, création des parcelles de
maïs
|
Valorisation des PFNL
|
CIFOR, CARPE, ICRAF
|
Ondeck, Ndéllé
|
Organisation de la filière Ndjansang, formation sur les
techniques de production de Ndjansang, appuie financier et matériels aux
producteur de la filière
|
Participation au développement local
|
PNDP MINEPAT
|
Ndéllé
|
Sensibilisation sur l'importance de son implication personnelle
dans les activités visant le développement de la
localité
|
Titre du projet
|
Financement/ Partenaires
|
Villages enquêtés touches
|
Observation
|
Développement des semences améliorées de
manioc, macabo, ignames, etc
|
PNDRT, MINADER
|
Mvan et Ndibidjeng
|
Formation sur les techniques de production, production de la
semence et conservation de la récolte
|
Limitation de la virulence des mirides sur cacaoyer
|
SODECAO MINADER
|
Mvan, Ndibidjeng, Mingeumeu, mengos
|
Vulgarisation des nouvelles semences de cacao,
démonstration sur la lutte anti capside
|
Source : adapté de Bidzanga et Ava (2006) et DDADER,
(2008)
Quelques structures de microfinance existent à l'instar
des coopératives, les caisses villageoises d'épargne et de
crédit autogéré (CVECA), les caisses mutuelles
d'épargne et de crédit (CMEC) mises sur pied par l'ADEAC.
NB : les projets opérant dans la zone
ne concernent pas l'ensemble des villages faisant partie de notre
échantillon ; ils sont mis en oeuvre en fonction de leurs objectifs.
C'est le cas par exemple du projet valorisation des PFNL mis en oeuvre par le
CIFOR, le CARPE et l'ICRAF dans les villages Epkwassong et Ndéllé
en raison de l'existance des forêts. La plupart s'intéressent
à un échantillon limité de paysans
généralement formés en groupe pendant des journées
de démonstrations. Le CEF n'est donc pas la première approche qui
intervient dans ces villages. Un certain nombre de projets y ont mis en oeuvre
d'autres approches (appui technique, appui financier) qui ne tiennent pas
compte du diagnostic global de l'exploitation.
3.3. Présentation des activités de CEF
réalisées par le projet
DURAS auprès de l'ADEAC à Akonolinga
Le projet DURAS et l'IRAD ont, à la demande de l'ADEAC,
organisé un premier atelier visant à présenter au
personnel de l'ADEAC et à ses animateurs, l'évolution des
démarches d'appui aux producteurs, rendue nécessaire avec
l'évolution du contexte socio-économique de la production
agricole (désengagement de l'Etat de certaines fonctions d'appui et de
services aux producteurs, organisations des producteurs, limites des approches
de vulgarisation en cours), etc... Ensuite, la démarche de CEF mise en
oeuvre au Nord-Cameroun a été présentée : qu'est-ce
qui a amené cette démarche ? Quels étaient ses principes,
ses objectifs ? Comment a-t-elle été élaborée ?
Quels sont ses résultats ? Présentation du module
prévision de campagne réalisé en animation de groupes de
paysans.
Il a aussi été précisé que cette
démarche ne peut pas être mise en oeuvre telle quelle dans la zone
ADEAC, le contexte étant différent. Après cet atelier,
l'ADEAC et ses animateurs devaient se concerter pour définir les
thèmes et les modules à mettre en oeuvre en fonction de leurs
attentes et de celles des paysans de leur zone. Le module «
prévision de campagne » a été retenu. Il consiste en
l'évaluation des besoins en semences, en intrants, en produits
phytosanitaire, et en financement pour la prochaine campagne. Il permet aux
paysans de faire coïncider leurs objectifs et les moyens dont ils
disposent. Des fiches de programmation des campagnes ont été
proposées (voir annexe 7). L'ADEAC a donc défini son dispositif,
et l'a mis en oeuvre entre mars et octobre 2006. Ce dispositif qui portait sur
le plan prévisionnel de campagne, devait aider ADEAC à mieux
estimer les besoins en intrants des paysans et par là le montant de
crédit intrants à octroyer.
L'atelier d'octobre 2006 visait à faire le point des
activités menées entre mars et octobre par les animateurs, et de
leur présenter la démarche et les outils pour le suivi technique
et économique des parcelles. Ce suivi amène les paysans à
discuter des raisons explicatives de la production par rapport à la
superficie, en s'appuyant sur les observations, les opérations
réalisées et les dates. L'analyse économique s'attarde sur
les recettes et les dépenses de l'exploitation en tenant compte de la
production, de la quantité vendue et la quantité
autoconsommée. Ces informations amènent les paysans à
répondre à deux questions :
- Qu'est-ce que cela m'a rapporté en argent ? Ce sont les
recettes réelles (ce qui est vendu) moins ce qui est
dépensé.
- Qu'est est la rentabilité de la parcelle par rapport
à une autre parcelle par exemple ? Après l'atelier, l'ADEAC et
les animateurs se sont concertés pour élaborer des fiches de
suivi adaptées aux parcelles qu'ils ont retenu, et définir le
programme d'activités entre octobre 2006 et mars 2007.
Enfin l'atelier de Mars 2007 est un atelier de synthèse
et de restitution de ce qui avait déjà été fait par
les animateurs en vue des nouvelles orientations, et pour élaborer le
programme pour la prochaine campagne, etc...
Tableau 6. Activités du CEF auprès de
l'ADEAC à Akonolinga
Date/période
|
Lieu
|
Activités
|
Motif
|
16 mars
2006
|
Akonolinga, Cameroun
|
Atelier IRAD- ADEAC
|
Appui aux producteurs et conseil à l'exploitation
familiale
|
17 octobre 2006
|
Akonolinga, Cameroun
|
Atelier avec les cadres et les animateurs de l'ADEAC
|
Programmation prévisionnelle de la campagne
agricole
Mise en oeuvre d'un CEF par les conseillers de l'ADEAC en
animation de groupes de paysans
|
6 Novembre 2006
|
Akonolinga
|
Atelier IRADADEAC
|
Inventaire des fiches collectées par les animateurs
Formation sur l'analyse des données techniques et économiques
|
6 mars 2007
|
Akonolinga, Cameroun
|
Atelier avec
les cadres et les animateurs de l'ADEAC
|
- Discussion sur la mise en oeuvre des activités
d'appui-conseil de novembre 2006 à février 2007 afin d'essayer de
trouver ensemble des solutions aux problèmes rencontrés
- Formation des animateurs de l'ADEAC à la mise en
oeuvre d'activités de suivis technico-
économiques des parcelles cultivées par
les paysans et remplissage des fiches de suivis
- Discussion sur la fonction de l'animateur
|
Source : Tchatchoua et al. (2008 : 6)
3.4. Choix et taille des échantillons
Dans le cadre de cette étude centrée sur
l'évaluation de l'intégration du CEF dans les activités de
l'ADEAC et l'analyse de son impact sur les paysans, plusieurs outils ont
été utilisés :un guide d'entretien adressé au
coordonnateur, 3 responsables techniques portant sur l'évolution et
l'insertion du CEF au sein des programmes de l'ADEAC, un guide entretien
adressé aux six animateurs paysans d'ADEAC portant sur les outils et la
démarche utilisée pour la mise en oeuvre du CEF, l'enquête
par sondage sur un échantillon représentatif de paysans pour
estimer l'impact du CEF sur les exploitations agricoles.
La méthode d'échantillonnage utilisée a
été la méthode probabiliste (sondage aléatoire)
notamment la stratification. Elle consiste à imposer à
l'échantillon une structure analogue à celle de la population
totale relative à certains critères dits de contrôle dont
les études préliminaires permettront de supposer qu'ils sont en
étroite corrélation avec l'un des caractères
étudiés.
La taille de l'échantillon des paysans membres de l'ADEAC
à enquêter a été déterminée par la
technique de choix proportionnel à un seuil de 10% (Tableau 8) suivant
la formule :
e = N X á
où e = l'échantillon ; N= effectif total des
membres de chaque zone ; á= le seuil de signification
(0,1)
Tableau 7. Taille des échantillons en fonction des
zones d'interventions
|
|
|
|
|
Zones
|
|
|
|
|
total
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
|
Effectif membres
|
165
|
153
|
87
|
57
|
109
|
102
|
109
|
153
|
246
|
1181
|
Paysans à enquêter
|
17
|
15
|
9
|
6
|
11
|
10
|
11
|
15
|
25
|
119
|
Conseillers
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
9
|
Légende : zone 1= Mvan ; zone 2= Ndibidjeng ; zone 3=
mingueme ; zone 4= Mengos ;
zone 5= Melo ; zone 6= Ondeck ; zone 7=nkoloboudou ; zone 8=
ndellé ; zone 9= Epkwassong
Le choix de chaque paysans à enquêté s'est
fait au hasard mais orienté par les animateurs de chaque village et par
la disponibilité et le volontariat des paysans.
Les fortes pluies et le manque des moyens de locomotion ont
empêché de mener les enquêtes à Koloboudou,
Epkwassong et Melo.
3.5. Analyse opérationnelle des variables
Les hypothèses de notre étude comportent deux types
de variables à savoir les variables expliquées et les variables
explicatives.
3.5.1. Variables expliquées
Les hypothèses retenues pour cette étude
comportent quatre variables expliquées : la
complémentarité des activités, la maîtrise des
activités, la compréhension du CEF et la perception du CEF.
- complémentarité des activités : on
entend ici par complémentarité la mise en place des
activités du CEF qui renforcent les activités de l'
ADEAC. et cette variable a
été mesurée grâce à un guide d'entretien
auprès des responsables de l'ADEAC portant sur les raisons de
l'insertion du CEF dans ses programmes, la méthode d'insertion, les
sources de financement du CEF et difficultés rencontrées. Ceci en
vue d'établir la monographie de l'ADEAC et comprendre l'évolution
et l'insertion du CEF dans ses activités.
- la maîtrise (ou conduite) des activités de CEF
: c'est la capacité des animateurs paysans à mettre en oeuvre le
CEF. Cette variable a été mesurée grâce à la
synthèse des informations issues du guide d'entretien auprès des
animateurs en vue de déterminer leurs caractéristiques
socioéconomiques et éducationnelles, leur compréhension du
CEF, le degré de motivation dans l'exercice de leurs fonctions, le
chronogramme de leur activités et de travail, ainsi que la
méthode et les outils utilisés pour la mise en oeuvre des
activités de CEF. Nous avons également mesuré cette
variable à l'aide d'un questionnaire auprès des paysans membres
de l'ADEAC en vue d'apprécier aussi les types de relations entre les
animateurs paysans et les paysans ;
- la compréhension ou l'assimilation du CEF : c'est la
mise en application des connaissances
acquises du CEF et de l'utilisation de ses outils. Cette
variable à été mesurée à l'aide d'un
questionnaire appliqué aux paysans membres en vue de déterminer
le degré de compréhension et de mise en pratique des
enseignements appris lors des séances de travail, chaque paysan
précisait les difficultés qu'il rencontre dans la mise en oeuvre
de chaque module, les modifications apportées et les raisons de ces
modifications ;
- la perception du CEF : il s'agit du point de vue de chaque
acteur en ce qui concerne les performances (efficacité, efficience,
viabilité) du CEF à Akonolinga. Cette variable a
été mesurée en exploitant les résultats de
l'enquête auprès de chaque acteur en vue de déterminer le
point de vue de chacun sur la démarche CEF. Il s'agissait pour chaque
partie prenante de dire si oui ou non le CEF répond à ses
attentes, de préciser comment et pourquoi, de donner ses impressions sur
l'impact du CEF sur l'amélioration des conditions de vie des paysans et
sur le développement rural.
3.5.2. Variables explicatives
Les variables explicatives permettent de comprendre les
variables expliquées. Pour cette étude, elles sont : l'approche
CEF, le profil de l'animateur, les outils ou démarche, et les objectifs
des acteurs concernés.
- l'approche du CEF : c'est le programme de conseil
prévu par l'ADEAC (activités à réaliser). Cette
variable a été mesurée en faisant une monographie de
l'ADEAC portant sur son organisation, ses programmes, ses activités, ses
ressources, l'insertion du CEF dans ses programmes et les raisons de cette
insertion, le chronogramme des activités de conseil ;
- le profil de l'animateur paysan : c'est l'ensemble des
critères et des conditions incluant le
comportement physique et moral, le statut social, la fonction,
le niveau d'éducation et d'alphabétisation, que doivent remplir
un conseiller pour exercer pleinement son activité. Cette variable a
été mesurée en exploitant le guide d'entretien des
animateurs et à travers la lecture des rapports d'atelier de Duras et
ADEAC sur la définition du profil des conseillers et les attributions de
chaque animateur.
- les outils ou démarche du CEF : ce sont les documents
de base (fiches, registre) et les méthodes (animation de groupe,
entretiens, visites sur le terrain) que les responsables de l'ADEAC et ses
animateurs utilisent pour mettre sur pied le CEF. La variable a
été mesurée par enquête et en consultation des
documents stratégiques du CEF dans l'optique d'identifier les documents
de base.
- les objectifs des acteurs concernés : ce sont les
réalisations prévisionnelles que chaque acteur souhaiterait
atteindre avec des moyens connus et dans un délai connu. Cette variable
a été mesurée grâce aux enquêtes (guide
d'entretien et questionnaire) demandant aux paysans leurs objectifs de
production en début de campagne, aux animateurs leur objectifs à
atteindre dans le cadre du CEF, et aux responsables de l'ADEAC la place du CEF
au sein de la coordination.
3.6. Sources des données
Deux types de données ont été
utilisées : les données primaires et les données
secondaires.
Les données primaires ont été
collectées à l'aide des questionnaires et des guides d'entretien
auprès des trois groupes d'acteurs ci-dessus mentionnés. Le
questionnaire administré auprès des paysans et les guides
d'entretien administrés aux responsables de l'ADEAC et aux animateurs
ont été testés en vue d'améliorer leur
validité. Le questionnaire comportait les caractéristiques socio
économique des paysans, et des conseillers, les informations relative
aux activités de conseil fait en atelier à Akonolinga et avec les
animateurs pour les paysans, les informations sur l'application du CEF au sein
des exploitations, le mode d'application et les modifications apportées
à chaque outil, la diffusion du CEF au sein des village, la perception
du CEF (voir questionnaire et guide d'entretien annexe)
Les données secondaires quant à elles, ont
été collectées auprès des bibliothèques de
l'UDs, IRAD, de l'ADEAC, de la FAO et sur Internet, en vue de compléter
la présente revue et réorienter, si nécessaire, les
objectifs de l'étude. Certaines données ont également
été collectées dans les journaux, les revues, les
informations radiophoniques et télévisées, et les notes de
cours de la FASA.
3.7. Méthodologie de collecte des
données
Pour appréhender le conseil au sein de l'ADEAC, notre
étude a été décomposée en trois parties.
1- la monographie de l'ADEAC : elle a permis de
préciser, évaluer, caractériser la place et le rôle
du conseil au sein des activités de l'ADEAC ; elle a permis
également de faire le chronogramme des activités prévues
et réalisées dans le cadre du conseil et d'expliquer les
différences entre ce qui a été prévu et ce qui a
été réalisé. Pour y parvenir nous avons
procédé à une interview auprès des responsables
administratifs et techniques de l'ADEAC et consulté les documents de
l'association.
2- la caractérisation des animateurs paysans : elle a
permis de déterminer les activités que chaque animateur devait
réaliser, de caractériser celles qu'il a réalisées,
d'expliquer les causes et les raisons de la différence entre le
prévu et le réalisé ; d'apprécier leur perception
et compréhension de la
démarche, ainsi que les outils utilisés dans le
cadre du CEF. Six des neuf animateurs paysans de l'ADEAC ont été
interviewés sur les activités que chacun a mises en place, sur
leur perception et compréhension de la démarche et des outils, et
leur profil.
3- la mesure des effets du CEF au niveau des exploitations et
la perception de la démarche des paysans ont permis de déterminer
les activités auxquelles les paysans ont participé, ses effets
(performance technico-économique, plan de prévision des campagnes
agricoles et le suivi des parcelles) et le point de vue de chaque paysan sur la
démarche et les outils. Ces questions ont été
abordées au travers d'un questionnaire portant sur les
caractéristiques suivantes : le profil de chaque paysan, ses
activités agricoles et l'évaluation de leur rentabilité,
les activités de conseil et leurs effets sur les exploitations.
3.8. Réalisation des objectifs
L'objectif N° 1 de cette étude consistait à
faire le point sur l'insertion du CEF au sein de l'ADEAC. Cet objectif a
été réalisé en faisant une monographie des
activités de l'ADEAC avant et après le CEF, en se basant sur les
principales activités en rapport avec la vie des paysans.
L'objectif N° 2 consistait à faire le point sur
les activités CEF du projet Duras en collaboration avec l'ADEAC. Cet
objectif a été réalisé en identifiant les
principales activités réalisées par le projet DURAS et
l'IRAD et par ADEAC. Identifier celles qui ont été
adaptées, le mode d'adaptation, les modifications apportées et
les raisons des modifications.
L'objectif N° 3 consistait à caractériser
les activités mises en place par les animateurs paysans. Il a
été réalisé en identifiant les activités et
les modules (types et contenus) réalisés par les animateurs
paysans, et en comparant ces activités à celles retenues par
ADEAC.
L'objectif N° 4 consistait à déterminer le
profil des animateurs paysans et leur perception de la démarche. Pour y
parvenir, nous avons enquêté sur le niveau scolaire des animateurs
paysans, leur situation matrimoniale, leur origine ethnique, leurs
activités, leurs rapports avec les paysans, les motivations, la
rémunération de leurs activités.
L'objectif N° 5 consistait à analyser les
perceptions par les paysans de la démarche CEF. Pour y parvenir, les
paysans ont été d'abord caractérisés. La
caractérisation s'attardait sur l'âge de leur exploitation, niveau
d'éducation, origine ethnique, activités principales et
secondaires, objectifs de production, superficie annuelle cultivée.
Ensuite il était question de connaître les différents
points que les paysans ont traité par module identifié, ce qu'ils
ont compris ou pas, ce qu'ils ont appliqué ou pas. Chacun était
amené à donner son point de vue sur les effets perceptibles du
CEF, dire si le CEF répond à leurs attentes, s'il peut contribuer
à l'amélioration de leurs conditions de vie.
L'objectif N° 6 consistait à estimer les effets
qualitatifs et quantitatifs du CEF sur les exploitations. Sur le plan
qualitatif, il s'agissait d'identifier les anciennes pratiques et de les
comparer à celles actuelles. Ces pratiques concernaient surtout les
itinéraires techniques, le suivi des cultures et le respect du
calendrier agricole. Sur le plan quantitatif, à partir des fiches de
suivi de 2007 et 2008, nous avons déterminé la variation des
superficies cultivées, des quantités d'intrants utilisées,
des coûts de production (voir annexe). L'analyse du bilan des paysans a
permis de calculer les marges brutes de chaque type de culture. L'étude
s'est attardée uniquement sur deux cultures par type de
spéculation choisi au hasard (cultures de rentes,
maraîchères, vivrières et
céréalières). Les marges brutes et les revenus disponibles
ont été calculés suivants les formules ci -après
:
Marge Brute = recette de la culture - prix
d'achat intrant direct
Revenu disponible = (Ó recettes de
chaque type de culture + recette activité extra agricole +
intérêt sur l'épargne) - (Ó des prix d'achat intrant
direct de chaque type de culture + achat équipement + coût main
d'oeuvre).
Remarque : pour faire ces calculs, nous avons uniquement
utilisé les quantités de récoltes vendues. Les
quantités autoconsommées n'ont pas été prises en
compte parce que les paysans estiment difficilement les quantités qu'ils
consomment. Il faut aussi noter que le prix des intrants directs concerne
uniquement les prix d'achat des semences et des pesticides.
3.9. Méthodologie d'analyse des
données
3.9.1. La triangulation
Elle consiste à recueillir les différents points
de vue de chaque acteur enquêté, regrouper les points de vue
similaires et d'en faire une suite logique ou une synthèse. Ainsi, dans
le cadre de cette étude, la triangulation a permis de ressortir les
perceptions du CEF par chaque acteur impliqué, et de caractériser
les animateurs paysans.
3.9.2. L'approche statistique
Cette approche (fréquences, moyennes, écart
types) a permis, à travers l'estimation des besoins en intrants, des
besoins réels de financement (crédit) et des recettes et des
dépenses réelles de l'exploitation, de mesurer les effets du CEF
au niveau des exploitations surtout en ce qui concerne les performances
économiques, la prévision des campagnes et le suivi des
parcelles.
3.9.3. Logiciel d'analyse
Après la collecte des données, les
questionnaires ont été dépouillés, codifiés
puis analysés. Pour ce faire a été utilisé le
logiciel SPSS pour déterminer les fréquences, les moyennes, les
sommes et les écarts-types.
3.9.4. Outils d'analyse
Les statistiques descriptives telles que les moyennes, les
fréquences et les pourcentages ont aussi été
utilisées pour ressortir les différentes caractéristiques
des exploitations des zones d'intervention en ce qui concerne leurs
performances technico-économiques. Les statistiques telles que les
moyennes ont été aussi utilisées pour le calcul des marges
brutes des activités réalisées, la rentabilité de
chaque spéculation, le calcul du revenu des exploitations de la zone et
l'estimation du budget annuel des exploitations.
Chapitre 4. Résultats et discussion
4.1. Insertion du CEF au sein de l'ADEAC
4.1.1. Présentation de la structure ADEAC
Créée en 2000 suite à la restructuration
de la Fédération des Organisations Paysannes du Nyong et Mfoumou
(FOPANYM), ADEAC couvre huit villages dans ce département et un seul
dans le département de la Mefou et Afamba. Cette association à
pour objectif d'assurer l'épanouissement intégral des paysans
dans un environnement sain et dans le respect et la mise en valeur des savoirs
faire locaux. Elle vise donc à contribuer à l'amélioration
des conditions de vie et à la valorisation des potentialités des
paysans de la province du Centre.
ADEAC regroupe de nos jours plus de 815 membres actifs dont
215 femmes. Compte actuellement six caisses Mutuelles d'Epargne et de
Crédit (CMEC) dans les neuf villages de sa zone d'intervention. ADEAC
est dirigée par un Président de conseil d'administration et un
coordonnateur (voir organigramme en annexe). Le budget annuel de fonctionnement
de l'ADEAC s'élève à 18 000 000 FCFA, somme autre fois
octroyée par SOS Vert.
Les activités de l'ADEAC se résument en quatre
programmes à savoir le programme organisation, structuration et
renforcement des capacités, le programme agricole, le programme miro
finance et le programme promotion du petit élevage et pisciculture.
Le programme organisation, structuration et renforcement des
capacités a pour objectifs d'organiser les communautés en
comités de développement, en groupes d'initiatives communes. Il
vise aussi à former les leaders de groupe et les animateurs paysans (qui
sont aujourd'hui des conseillersanimateurs) sur leurs rôles, et les modes
de gestion de leurs structures. Il vise aussi à aider les paysans
à réfléchir sur les problèmes qu'ils rencontrent
dans leur environnement et d'y apporter des solutions communes.
Le programme agricole consiste à renforcer les
capacités des paysans et à valoriser leurs savoir faire dans le
domaine agricole (de la production jusqu'à la commercialisation). Ce
programme vise l'augmentation et la diversification des revenus agricoles des
paysans de façon durable. Ceci se fait au travers des ateliers de
diagnostics avec les animateurs en vue d'identifier avec les paysans, les
filières porteuses.
Le programme de micro finance s'inscrit dans le cadre de la
durabilité des autres programmes. En effet, à travers ce
programme, ADEAC aide les paysans qu'elle accompagne à mettre en place
des caisses mutuelles d'épargne et de crédit gérées
par les paysans eux-mêmes. Ce programme habitue les paysans au langage de
la micro finance tel que le crédit et l'épargne,
l'intérêt et le remboursement.
Le programme promotion du petit élevage et pisciculture
vise, quant à lui, à aider les jeunes et les femmes à
associer à leurs activités agricoles le petit élevage des
poulets de chair et des porcs. Ceci dans le but de contribuer à
l'équilibre alimentaire et à la création des
activités génératrices de revenus ayant pour
finalité l'augmentation du revenu des paysans. Ce programme offre des
formations sur les techniques de production et la fabrication locale des
aliments complets. Notons que dans les différents villages, nous n'avons
pas observé les activités de pisciculture.
ADEAC travaille en partenariat avec plusieurs structures. Son
partenaire financier était SOS Vert qui a financé les
activités d'ADEAC jusqu'en 2007, année où il y a eu
rupture de contrat. Le SAILD reste son principal partenaire technique pour la
valorisation des nouvelles techniques de production et la valorisation des
nouvelles semences.
4.1.2. Raisons d'insertion du CEF au sein de l'ADEAC
En 2005 l'évaluation à mi-parcours de ses
activités avec son partenaire financier SOS vert, a permis d'identifier
de nombreux problèmes qui constituaient autant de freins à
l'atteinte des objectifs d'ADEAC. Ces problèmes se situaient sur
plusieurs plans et couvraient tous les aspects de la vie en milieu rural. Il
ressortait de cette évaluation que 1) plus de 80% des paysans
pratiquaient encore l'agriculture purement traditionnelle et faiblement
intensive, 2) les pertes post-récoltes étaient encore abondantes,
3) la non maîtrise des itinéraires techniques et des techniques de
conservation des denrées, 4) l'inorganisation des paysans face aux
acheteurs ce qui ne garantissaient toujours pas des prix
rémunérateurs, 5) une gestion approximative du revenu de
ménage, 6) absence d'un plan de campagne, 7) la faible capacité
des paysans à prendre une décision concrète dans leurs
activités, 8) la faible production agricole.
Dans le cadre du projet DURAS intitulé «
Innovations et savoirs paysans dans les pratiques de gestion des
écosystèmes forestiers humides d'Afrique de l'Ouest (Ghana,
Guinée) et du Centre (Cameroun) : diversification des systèmes
associant cultures pérennes et vivrières », en partenariat
avec ADEAC, ses responsables ont suivi un exposé portant sur le CEF
(notamment la prévision des campagnes, le suivi technique et
économique des parcelles de culture, la sécurité
alimentaire et le gestion de la trésorerie). Ils ont
immédiatement sollicité l'aide de ce projet dans le but de
pallier aux problèmes ci-dessus mentionnés.
4.1.3. Insertion du CEF au sein des programmes et
activités de l'ADEAC
Après des séances de formation de ses animateurs
paysans qui sont dès lors devenus des animateurs conseillers, ADEAC a
inséré les principaux modules traités dans ses
activités portant sur trois de ses programmes.
Dans le programme renforcement des capacités, il y a eu
intégration de la notion de l'organisation sociale. Afin d'aider les
paysans à résoudre le problème de main d'oeuvre qui est de
plus en plus rare dû à l'exode rural (car la majorité des
enfants actifs fréquente en ville en raison de l'absence les
établissements secondaires dans ces zones rurales), le CEF prône
le travail en groupe sous forme d'entraide. Des formations sur la gestion des
caisses mutuelles d'épargne et de crédit ont également
été faites dans ce programme dans le cadre du CEF.
Dans le programme agricole, il y a eu insertion de trois
activités de conseil notamment la prévision des campagnes, le
suivi technique et le choix des spéculations rentables. Ceci s'est fait
dans l'optique d'aider les paysans à maîtriser le fonctionnement
et l'évolution de leurs activités et de prendre des
décisions plus rationnelles.
Dans le programme micro finance, on note l'intégration
de la prévision des campagnes précisément l'estimation des
besoins en intrants ; des fiches ont été élaborées
sur l'analyse économique notamment le bilan des dépenses et des
recettes des paysans. Selon les responsables, ces fiches qui regroupaient
l'estimation des besoins en intrants, les notes sur les quantités de
production et les prix de vente de chaque culture et l'estimation du revenu
disponible, ont aidé les responsables à déterminer le
montant approximatif de crédit à octroyer aux paysans. Il y a
également eu l'intégration dans ce programme de l'analyse
économique notamment la gestion et la répartition du revenu au
sein du ménage. Ceci permet aux responsables des caisses et aux paysans
d'estimer le montant d'argent qu'ils peuvent épargner à la fin
d'une campagne. Aussi ce module permet aux paysans et aux responsables de
déterminer la rentabilité des activités. Ceci permet
d'étudier les demandes en crédit (solvabilité des paysans,
délai de remboursement, montant maximum à octroyer). Le tableau 8
ciaprès présente le chronogramme des activités de conseil
réalisées au sein de l'ADEAC
Tableau 8. Chronogramme des activités
réalisées dans le cadre du CEF à Akonolinga
|
Activités réalisées
|
2006
|
2007
|
2008
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T1
|
T2
|
IRAD
|
Atelier formation
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
Visite sur terrain
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
ADEAC
|
Bilan atelier avec l'IRAD
|
|
X
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
Modification des fiches
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
Récapitulatif des fiches
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Formation sur l'itinéraire technique de la tomate et du
piment
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Création des champs semenciers paysan de maïs, macabo
et manioc
|
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
Formation sur la technique de
multiplication des rejets de plantain
|
|
|
|
X
|
|
X
|
|
|
X
|
|
Formation sur l'utilisation des atomiseurs pour la lutte anti
capside
|
|
X
|
|
X
|
|
|
X
|
|
X
|
|
Formation sur l'association banane-
macabo
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
|
Formation des leaders des caisses sur la comptabilité
et l'étude des dossiers de demande de crédit
|
|
|
X
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
Activités des
animateu rs
|
Formation avec Duras
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
Participation à l'élaboration des fiches
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
Atelier de restitution
|
|
|
X
|
|
X
|
|
|
|
|
|
Activités de CEF (PPC, ST, AE, animation de groupe)
|
|
X
|
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
T1 : premier trimestre (Janvier- Février- Mars) ; T2 :
deuxième trimestre (Avril-Mai-Juin) ; T3 : troisième trimestre
(Juillet-Août-Septembre) ; T4 : quatrième trimestre
(Octobre-Novembre-Décembre).
Pendant les formations des animateurs à la centrale,
l'IRAD a utilisé des diaporamas projetés sur power point. Les
participants ont été scindés en petit groupe de
réflexion lors de l'atelier de Mars 2007. Les réflexions
portaient sur les difficultés rencontrées lors des
premières formations des paysans, sur le profil des conseiller. A l'issu
de cet atelier, des fiches ont été élaborées et
remises aux animateurs (voir annexe 7). Remarquons ici que l'insertion du CEF
au sein de l'ADEAC se faisait au fur et mesure que les responsables du projets
Duras faisaient les formations. Mais les activités du CEF se sont
intensifiées après les formations du quatrième trimestre
en 2006 et surtout du premier trimestre de 2007. Ceci s'explique par le fait
que ADEAC voulait que les paysans intègrent l'approche dans leurs
exploitations en début de la campagne qui a suivi les formations avec
ADEAC.
4.1.4. Application du CEF au sein de l'ADEAC
L'application du conseil au sein de l'ADEAC n'était pas
facile tant pour les responsables que pour les animateurs et les paysans.
Après la formation des animateurs paysans, une
séance de restitution a été organisée au terme de
laquelle il ressortait que, les animateurs paysans n'avaient pas bien compris
le module portant sur l'analyse économique. Tous estimaient en effet que
les exemples pris lors des formations étaient relatifs aux
activités du Nord Cameroun et que les fiches proposées par Duras
étaient très compliquées. Lors de l'atelier, les
chercheurs de l'IRAD ont bien précisé que ce n'étaient que
des exemples, devant amener l'ADEAC et ses animateurs à élaborer
leurs propres outils, correspondant mieux à leurs niveaux et à
leurs besoins, ce qui leur permettrait aussi de mieux se les approprier. Ils
ont aussi longuement insisté sur le fait que le CEF n'est pas
transférable en l'état, mais ses modules et outils doivent
être co-construits avec les demandeurs et les utilisateurs.
Après de longues discussions et échanges
d'idées, les responsables de l'ADEAC et ses animateurs paysans ont
adopté des nouvelles fiches (fiche de capitalisations des besoins en
intrants de chaque culture et le montant de crédit y afférents,
fiche de suivi des parcelles individuelles, fiche de suivi pour les animateurs)
(voir fiches en annexe) adaptées aux habitudes culturales de la zone et
au niveau d'éducation de ses animateurs paysans et des paysans. Chaque
animateur avait pour mission de reformer les paysans de sa zone afin que ces
nouvelles techniques soient mises en application. Pour y parvenir, ils se sont
appuyés sur l'animation de groupe, les groupes d'entraides, pour faire
des formations sur les trois thèmes (Plan de Prévision des
Campagne, Suivi technique et analyse économique). Les animateurs
devaient mettre un accent sur le plan de prévision et surtout l'analyse
économique car selon la centrale, des données de chaque paysan
permettaient de déterminer la solvabilité de chacun, important
dans le fonctionnement des caisses mutuelles dans chaque zone.
4.1.5. Activités réalisées dans le
cadre du conseil
Après insertion du conseil dans ses programmes, et
après modification des fiches du CEF, plusieurs activités ont
été prévues et réalisées dans le cadre du
conseil de gestion des exploitations agricoles.
4.1.5.1. Programme renforcement des
capacités
Dans ce programme les activités prévues visent
à renforcer les capacités techniques, organisationnelles et
financières des paysans. On note dans ce module la mise sur pied d'une
cellule féminine qui permet aux femmes de développer des
activités génératrices de revenus (AGR) dans l'optique de
contribuer à la réduction de la pauvreté en milieu rural.
Ce volet AGR développé dans le cadre du CEF à Akonolinga
n'entrait pas encore dans les habitudes des paysans surtout les femmes qui ne
sont pas organisées. Depuis sa création et jusqu'en 2005, ADEAC a
pu organiser des ventes groupées des produits de rente ceci pour
influencer le prix du kilogramme sur le marché qui selon eux, augmentait
de 25 à 35 FCFA/Kg de cacao. Mais avec l'avènement du CEF en
2006, et surtout grâce aux formations reçues sur
l'itinéraire technique des cultures maraîchères (tomate,
piment), ADEAC a pensé créer et organiser une filière pour
la gestion des produits vivriers et maraîchers. Cette filière est
chargée de négocier les marchés afin que les acheteurs
viennent acheter sur place, ce qui a permis aux paysans de limiter les
dépenses de transport. Des ventes groupées de ces produits ont
également été mises en place (Tableau 9).
Tableau 9. Activités de conseil prévues
dans le programme renforcement des capacités et leur niveau de
réalisation.
Activités prévues
|
Activités réalisées
|
Observations
|
Formations des animateurs
|
11 animateurs et 4
|
Parmi les animateurs seul l'animateur
|
endogènes au conseil à la
|
responsables de l'ADEAC
|
de Mengos était absent aux formations
|
gestion des exploitations
|
ont été formés sur le CEF
|
pour cause de maladie
|
agricoles
|
les paysans de chaque
|
Les animateurs n'ont pas bien compris
|
Formation des paysans sur
|
zone ont été formés sur le
|
les modules. Tous n'ont que le CEPE.
|
le CEF (PPC, ST, SA, GT,
|
CEF (, PPC, ST, AE)
|
Ces trois zones ont encore des forêts
|
AE)
|
la filière Djansang est
|
et récoltent plus le djansang. Certains
|
|
organisée à Ondeck, Koloboudou et Epkwassong
|
paysans créent déjà des plantations de
djansang
|
Organisation de la filière
|
|
|
Djansang dans chaque
|
Des journées de
|
Les grands acheteurs viennent acheter
|
zone
|
commercialisation sont
|
bord champ. Les revenus des paysans
|
Organisation de la
|
organisées. Des
|
sont satisfaisants et meilleurs par
|
commercialisation des
|
responsables sont élus et
|
rapport à 2005
|
produits vivriers et
|
formés sur les techniques
|
|
maraîchers
|
de négociation des
|
Plus de 80% des membres sont inscrits
|
Création et organisation
|
marchés
|
dans ces groupes de travail. Ce travail
|
des groupes de travail au
|
Dans 8 zones, il y a eu
|
est rotatif d'une durée de 4 heures en
|
sein de chaque comité local
|
création et organisation des
|
fonction des activités agricoles des
|
des zones ADEAC
|
groupes d'entraides.
|
zones
|
Source : rapport d'activités ADEAC (2006, 2007)
4.1.5.2. Le programme agricole
Plusieurs activités ont été
prévues dans ce programme relatif au conseil. Travaillant en partenariat
avec le SAILD et l'IRAD de Yaoundé, ADEAC a complété et
révisé les modules proposés par le projet Duras. Ainsi ces
activités visent une amélioration des techniques de production,
une méthodologie appropriée de suivi des parcelles, une
augmentation de la productivité agricole. Ces activités
permettront aux paysans d'avoir une meilleure maîtrise de leurs parcelles
(Tableau 10).
Tableau 10. Activités de conseil prévues et
réalisées dans le programme agricole de l'ADEAC
Activités prévues
|
Activités réalisées
|
Observations
|
Formation des paysans sur le
|
Les animateurs ont formé les
|
La quantité des besoins en
|
Prévision de campagne (PPC), Suivi technique (ST), et
analyse économique (AE)
|
paysans sur ces trois modules.
|
intrants diminue, le montant de crédit accordé
augmente
|
Traitement des parcelles de
|
Des cacaoyères (900 ha) sont
|
La plupart des cacaoculteurs
|
cacao contre la pourriture
|
traitées dans toutes les zones
|
traitent leurs parcelles.
|
brune et les capsides
|
ADEAC.
|
|
Création des champs
|
Des champs semenciers ont
|
Les paysans n'ont plus de
|
semenciers paysans de maïs, de macabo et de manioc
dans
|
été créés dans 5 zones
|
problèmes de semences de
manioc et de macabo pour
|
chaque zone.
|
|
leurs parcelles
|
Formation des paysans sur la
|
46 paysans répartis dans 4
|
48 ha de bananier plantain ont
|
technique de multiplication des
|
zones ont été formés et ont
|
été créés. Cette activité
|
semences de plantain
|
construit des Bacs.
|
constitue une source de revenu pour les paysans
formés (50-
|
|
|
100 FCFA/rejet)
|
Formation sur la culture du
|
19 paysans ont été formés
|
9 ha de piment et 19 ha de
|
piment et de la tomate dans les
|
dans 4 zones
|
tomate ont été créés. Les
|
zones ADEAC
|
|
paysans intègrent
progressivement le maraîchage dans leurs habitudes
culturales
|
Source : ADEAC (2006)
4.1.5.3. Le programme miro finance
Dans ce programme les activités de conseil ont
été appliquées à deux niveaux, à savoir au
niveau de la caisse à travers l'identification des besoins réels
de financement des activités et au niveau des activités à
travers la capitalisation des besoins réels en intrants. Le plan de
prévision de campagne et l'analyse économique sont très
importants pour la micro finance de l'ADEAC car selon les responsables, ils
sont complémentaires des activités initialement prévues.
C'est dans cette optique que les responsables de l'ADEAC ont prévu
plusieurs activités de conseil dans ce programme. Ces activités
se sont déroulées au travers des formations de 2006. Le tableau
11 présente les activités prioritaires de conseil prévues
et réalisées dans le programme de micro finance.
De ce tableau, il ressort que la valeur de la quantité
de besoins en intrants détermine approximativement le montant de
crédit. Or selon les responsables de l'ADEAC, « un paysan
prenait plusieurs fois le crédit intrant. C'est-à-dire que
après distribution des intrants à crédit, certains paysans
se rendaient parfois compte que la quantité demandée était
soit en excès soit insuffisant pour la
majorité. Les paysans de cette deuxième
catégorie venaient encore demander un autre crédit ce
quiétait difficile pour nous de leur satisfaire ».
Dans ce tableau, nous remarquons également que toutes
les demandes de crédit ne sont pas toujours
octroyées. Les responsables des caisses soulignent que, avant le CEF,
ADEAC voulait que chaque paysan soit satisfait de ses services. Ce qui
l'obligeait d'octroyer le crédit à tous les membres qui
sollicitait. Mais après les ventes groupées à la fin de la
campagne, le montant des recettes de certains paysans était presque
équivalent ou légèrement
supérieur au montant de leur dette. Ne voulant pas
laisser les paysans sans argent, les responsables prélevaient juste une
partie. Ce qui a été à l'origine des faibles taux de
recouvrement (40-60 %) dans la plupart des zones. De nos jours ADEAC pense que
l'analyse des comptes (bilan, budget et répartition du revenu) des
paysans a permis de déterminer leur solvabilité ce qui aurait
favorisé le recouvrement des crédits dont le taux est
estimé à 90 %.
Tableau 11. Activités prévues et
réalisées dans le programme de micro finance de
l'ADEAC
Activités prévues Activités
réalisées Observations
|
Estimation des besoins réels en
|
Les paysans sont formés sur
|
La valeur de la quantité des
|
intrants
|
l'estimation de leurs besoins en
|
besoins en intrants détermine
|
|
intrants.
|
approximativement le montant de crédit.
|
Formation sur l'analyse des
|
Les responsables sont formés
|
Toutes les demandes de crédit
|
demandes de crédit
|
sur l'analyse de la demande de
|
ne sont pas toujours satisfaites.
|
|
crédit à base du budget ou du
|
Les responsables sont stricts
|
|
revenu des spéculations des
paysans
|
dans leur travail,
|
Formation des paysans sur
|
Les paysans de toutes les
|
Les budgets et bilans élaborés
|
l'élaboration des budgets et
|
zones sont formés sur
|
permettent d'octroyer les
|
comptes d'exploitation
|
l'élaboration du budget et du
bilan.
|
crédits aux paysans.
|
Formation des responsables
|
Les responsables des caisses
|
Le taux de recouvrement des
|
sur le suivi du crédit et le
|
des zones concernées sont
|
crédits est de 90%. Les crédits
|
recouvrement.
|
formés sur le suivi du crédit
octroyé.
|
sont utilisés pour l'objet du prêt.
|
Sensibilisation des paysans sur
|
Tous les paysans sont
|
L'épargne moyenne des
|
l'épargne
|
sensibilisés et accèdent
|
membres passe de 5000 Fcfa à
|
|
facilement aux services de
|
6000 Fcfa et 70% des besoins
|
|
microfinance
|
de crédit sont financés.
|
Formation des paysans sur la
|
Les paysans de certaines
|
Près de 80% des paysans
|
gestion et la répartition du
|
zones sont formés sur la
|
allouent une somme aux
|
revenu du ménage.
|
répartition du revenu.
|
dépenses du ménage.
|
Source : ADEAC (2007 :15)
Les écarts de réalisation des activités
du CEF pourraient s'expliquer par le fait que ADEAC n'avait pas prévue
un budget pour le suivi des activités du CEF. Ceci pourrait
également être dû au non respect du chronogramme des
activités que ADEAC avait planifiées pour les animateurs. Pour
mieux comprendre ces écarts, il est important de voir ce que les
animateurs ont réellement fait au niveau des villages dans le cadre du
CEF.
4.2. Le CEF et l'animateur paysan
4.2.1. Profil des animateurs paysans à
Akonolinga
Les animateurs paysans de l'ADEAC sont des jeunes hommes et
femmes de 37 ans en moyenne ayant au moins le CEPE. Ces animateurs sont
élus par les paysans membres de l'ADEAC pour une durée de deux
ans renouvelable. Pour être animateur paysan d'une zone ADEAC, les
postulants doivent remplir les conditions suivantes :
- être membre de l'ADEAC régulièrement
inscrit depuis au moins deux ans et être régulier aux
réunions ;
- être originaire du village concerné et avoir une
résidence permanente au dit village ;
- avoir une expérience en agriculture (formation en
agriculture ou avoir travaillé dans une structure
de développement local) ;
- être physiquement apte ; - être responsable.
D'autres critères tels que la disponibilité, la
tolérance, la situation matrimoniale, la bonne moralité sont
laissées à l'appréciation des paysans
(électeurs).
Les élections sont indépendantes de la centrale.
Elles sont organisées dans chaque zone qui informe au préalable
la Centrale ADEAC. Ces élections sont présidées dans
chaque zone par un représentant de la centrale chargé de
coordonner les élections, installer le bureau et surtout préciser
les attributions de chacun. En ce qui concerne les animateurs, ils sont
chargés de :
- rassembler, organiser et animer les paysans ;
- représenter les paysans à toutes
cérémonie, forum, atelier concernant l'agriculture ;
- former continuellement les paysans sur les différents
modules du CEF ;
- informer les paysans des nouvelles innovations techniques
concernant l'agriculture ;
- sensibiliser les paysans membres et, si possible, les paysans
non membres sur l'importance du CEF ;
- veiller au suivi des activités agricoles des paysans de
chaque zone ;
- recueillir les doléances des paysans et les soumettre
à la centrale ;
- s'assurer de l'application effective du CEF dans sa zone
d'intervention.
Ces attributions rejoignent les articles de Daouda (2002) et
Havard (2003) qui stipulaient qu'un bon conseiller est celui qui est capable de
remplir les fonctions de formateur, animateur, vulgarisateur et conseillers
proprement dit.
Les animateurs enquêtés étaient tous des
hommes, mariés (67%) ou fiancés (33%) tous titulaires d'un CEPE
et ayant séjourné en ville pendant au moins 5 ans. Ils
résident pour la majorité (75%) au village depuis au moins 10
ans, s'exprimant tous en français et en langue locale, dépendant
de leur ethnie (67% sont des Yebekolo et 33% les Nvognyengue). Ils
étaient élus depuis au moins 3 ans car certains sont animateurs
depuis la création de l'ADEAC et ont été renouvelés
lors des dernières élections de 2006. Ces animateurs sont selon
les paysans des hommes de confiance, disponibles, ouverts, tolérants,
compatissants, qui soutiennent les paysans quand il le faut. Ces qualificatifs
des paysans concordent avec leur culture car tous sont des chrétiens,
père de famille ayant tout au moins une expérience de la vie,
aptes en agriculture parce qu'ils ont pour la plupart suivi une formation en
agriculture ou ont travaillé avec une structure agricole (SODECAO).
Chacun exerce une activité agricole soutenue par d'autres
activités comme la chasse, la couture, l'enseignement comme vacataire,
l'artisanat et le commerce.
4.2.2. Mise en place de la démarche CEF par les
animateurs à Akonolinga
4.2.2.1. Les activités de conseil mises en
place
La démarche CEF se résume en trois modules
essentiels à savoir, le Plan de Prévision des Campagnes (PPC), le
Suivi Technique (ST) et l'Analyse Economique (AE). Tous les animateurs ayant
pris part aux formations ont traité tous ces modules. Mais la formation
au niveau des villages n'a pas été faite telle que prévue.
Le tableau 12 ci après fait ressortir les différents modules
enseignés au niveau des villages.
Tableau 12. Points essentiels de chaque module
enseigné dans les villages d'étude
|
Mvan
|
Ndibidjeng
|
Mingeumeu
|
Ondeck
|
Ndéllé
|
|
Points traités
|
démarche
|
NS
|
NP
|
démarche
|
NS
|
NP
|
démarche
|
NS
|
NP
|
démarche
|
NS
|
NP
|
démarche
|
NS
|
NP
|
Plan de prevision des Campagnes
|
Estimation besoins en intrants
|
Animation en groupe de travail, et formation,
a teliers,
Exemple sur les cultures de la zone
Conseil individuel
|
5
|
25
|
Animation en groupe de travail, et
f ormation, ateliers,
Exemple cultures locales Conseil
individuel
|
6
|
30
|
Animation en groupe de
travail
Ateliers,
Exemple sur les cultures de la zone
Conseil
individuel
|
4
|
15
|
Animation en groupe de travail,
Ateliers,Exemple sur
les cultures de la zone
Conseil individuel
|
5
|
35
|
Conseil individuel
|
3
|
5
|
Ressources disponibles (travail, terre, capital)
|
Sources du c apital
|
Objectifs de production (augmentation ou diminution des
superficies, choix cultures)
|
Adéquation objectifs/ressources
|
Suivi Technique
|
Respect des écartements
|
Exemple
|
2
|
20
|
Explication
|
3
|
30
|
Animation de groupe et individuel
|
5
|
25
|
Groupe de travail
Animation de groupe
Conseil
individuel
|
5
|
30
|
Estimation densité de semis
|
Calcul
|
Calcul
|
Remplissage fiches de suivis
|
Animation
|
5
|
25
|
Groupe animation et individuel
|
2
|
15
|
Itinéraire technique des cultures
|
Groupe d'entraide
|
4
|
20
|
Groupe d'entraide
|
5
|
35
|
Groupe d'entraide
|
Groupe d'entraide
|
15
|
55
|
Organisation du travail dans le ménage
|
Séance en de travail en groupe
|
1
|
20
|
Séance en groupe
|
2
|
25
|
Formation de groupe
|
En groupe, et individuel
|
Respect calendrier agricole
|
Explication en groupe
|
Groupe et individuel
|
2
|
15
|
Groupe
|
Travail de groupe
|
Analyse Economique
|
Détermination du profit net
|
RT-DT
|
1
|
30
|
RC- PID
|
2
|
25
|
RT-DT
|
RT-DT
|
5
25
|
|
|
|
|
Rentabilité d'une culture
|
RC- PID
|
Analyse
|
RC- PID
|
|
15
|
RC- PID
|
Choix d'une culture rentable
|
Analyse
|
Besoins prioritaires
|
Analyse
|
Analyse
|
Répartition du revenu
|
Besoins prioritaires
|
Explication et exemple
|
Besoins prioritaires
|
Besoins prioritaires
|
Elaboration du bilan et budget
|
Explication et exemple
|
|
|
Animation de groupe
|
|
|
Explication et exemple
|
|
|
Explication et exemple
|
Sensibilisation à l'épargne
|
Animation de groupe
|
Groupe et individuel
|
Animation de groupe
|
Animation de groupe
|
NP : Nombre moyen de paysans ayant participé ; NS : Nombre
de séances ; RT : recette totale ; DP : dépenses Totales ; PID :
prix intrants direct RC : Recette de la culture ; Sup : superficie ; Sv :
surface vitale d'une plante (surface occupée par une plante
Après les formations, le conseiller de
Ndéllé n'a pas enseigné ce qu'il a appris aux paysans
parce qu'il estime ne pas être motivé tant par la centrale ADEAC
que par les paysans. La mise en place du CEF s'est faite dans cette zone par le
biais du Technicien de l'ADEAC. Sur les trois modules enseignés, seuls
les animateurs de Mvan et Ndibidjeng ont enseigné effectivement les
paysans sur les modules tels que prévu. Ceci s'expliquerait sans doute
par le fait que ces deux zones ont été choisies comme les zones
pilotes du projet Duras et où se sont déroulées certaines
formations sur le CEF surtout sur le suivi technique et l'analyse
économique.
Le Plan de prévision des campagnes
Les animateurs expliquent aux paysans comment faire des
prévisions en début de chaque campagne. Cette prévision
repose sur la quantité totale des intrants (semences, produits
phytosanitaires, petits outillages) nécessaire pour chaque culture en
fonction des superficies. Ceci permet aux animateurs paysans d'avoir une
idée de la quantité totale des besoins en intrants de sa zone
afin de permettre à la centrale ADEAC de faire des commandes. Cette
stratégie permet aux paysans d'éviter de se déplacer mais
aussi de faire des économies de transport. La formation sur ce module a
été faite beaucoup plus en animation de groupe de paysans. Les
animateurs expliquaient sur des tableaux ou des formats A0 comment faire ces
petits calculs. Tous communiquaient en langue locale. Chaque animateur prenait
la peine de préparer la formation et se basait sur des exemples relatifs
à la zone, comme il leur était demandé.
Le suivi technique
Ce module repose sur un diagnostic de certaines parcelles de
l'exploitation, en vue d'aider les paysans à suivre l'évolution
de chaque culture mise en place. Les principaux points abordés dans ce
module sont la détermination et le respect des écartements entre
les plantes, l'estimation de la densité de semis, l'élaboration
des fiches de suivi par cultures (voir annexe), les techniques culturales
(itinéraire technique du maraîchage, association des cultures
telle que le macabo et banane plantain), création des champs semenciers
notamment de bananier plantain, de mais de manioc et de macabo, la prise en
compte dans les calculs de la main d'oeuvre familiale et toutes autres
dépenses liées à la place d'une nouvelle culture de la
préparation du sol jusqu`à la vente.
Tous ces points ont été abordés dans
toutes les zones. Mais les conseillers des zones de Mingeumeu,
Ndéllé et Ondeck, ont associé le module prévision
des campagnes et celui du suivi technique. Car ces deux modules sont
complémentaires et similaires. Au terme de la détermination des
écartements entre les plantes, les paysans peuvent déjà
estimer la densité de semis or cette densité précise la
quantité approximative de semences et à partir de cette
quantité et sa superficie, déterminer la quantité de
pesticides nécessaire surtout pour le maraîchage. Les prix
unitaires de chaque produit représenteront les coûts de chaque
type d'intrants. Les fiches de suivi ont été
élaborées conjointement entre les conseillers et les responsables
de l'ADEAC inspirées sur le modèle CEF du Nord Cameroun. Au cours
des formations, les animateurs ont montré aux paysans comment les
remplir surtout en conseil individuel car chaque paysan avait une fiche
d'exemple (annexe 7). La création des champs semenciers et les
enseignements sur les itinéraires techniques des cultures ont
été faits théoriquement en groupe lors des réunions
et pratiquement pendant des journées de démonstration sur les
sites choisis et qui généralement, étaient le champ de
l'animateur et/ou d'un autre membre du groupe. Le suivi technique des parcelles
est un point très important pour les paysans car la mise en pratique des
enseignements de ce module conditionne la production de chaque culture.
C'est pour cette raison qu'il reste le seul module où les
conseillers ont mis plus de temps pour la formation et l'on fait tant en
conseil de groupe qu'en conseil individuel.
L'analyse économique
Ce module repose essentiellement sur les calculs du profit net
de l'exploitation ; de la rentabilité de chaque culture qui aidera le
paysan à prendre une décision en début de la prochaine
campagne, soit de reconduire ou pas la dite culture, d'étendre ou de
réduire les superficies. Il s'intéresse également à
l'élaboration des budgets (partiel pour chaque culture et global), la
répartition du revenu net au sein de l'exploitation.
Dans ce module les animateurs de Mvan et Ndibijeng ont juste
fait la restitution de ce qu'ils ont appris lors de la formation en deux et
trois séance de travail avec les paysans respectivement. Ceci est
dû au fait que les animateurs estiment qu'ils n'avaient pas bien compris
ce qu'ils devaient faire dans ce module. Dans les autres zones, la plupart des
conseillers (75 %) se sont juste attardés sur le calcul du profit net,
le choix des spéculations rentables et la répartition du revenu.
D'autres notamment celui de Ondeck ont abordé étapes par
étapes tous les points de ce module.
Les formations se sont faites beaucoup plus en groupe
(même si les animateurs ont travaillé individuellement avec
certains paysans) à partir d'exemples concrets. Les animateurs ont
beaucoup travaillé sur ce module puisqu'ils avaient eu des
difficultés de compréhension lors des formations. Ceci peut se
comprendre parce que c'est un module basé essentiellement sur les
calculs compliqués et tous les animateurs bien qu'étant un peu
expérimentés pour la plupart n'ont que le CEPE. Or d'après
Daouda (2002), et Djamen et al. (2004), ce module requiert au moins le
niveau BEPC pour être maîtrisé.
Remarque : le conseil individuel dans le cas présent ne
se fait qu'à la demande des paysans. Il est différent du conseil
individuel du PRASAC qui se fait en troisième année du conseil.
Il est important ici de savoir comment le CEF s'est mis en oeuvre au niveau des
villages. Comment les animateurs de chaque village ont procédés ?
Quand ont-ils mis en oeuvre le CEF ?
Tableau 13. Chronogramme des activités dans chaque
village
|
|
Mvan
|
Djibidjeng
|
Mingeumeu
|
Ondeck
|
Ndéllé
|
Activités
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
T1
|
T2
|
T3
|
T4
|
2006
|
Animation de groupe
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
Prévision de campagne
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
X
|
Suivi technique
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
X
|
Analyse économique
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
Recapitulatif des besoins
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Champs semencier
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Multiplication rejet plantain
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
Création filière maraîchage
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
2007
|
Animation de groupe
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
|
|
|
Prévision de campagne
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
X
|
|
|
|
Suivi technique
|
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
X
|
|
X
|
|
Analyse économique
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
|
|
|
X
|
Recapitulatif des besoins
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Champs semencier, multiplication plantain
|
|
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
2008
|
Itinéraire technique piment, tomate, macabo-plantain
|
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Remplissage des fiches élaborées ( ST, AE)
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
Remplissage des fiches de bilan et de suivi
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
|
Récapitulatifs des besoins
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
Plan de campagne
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
Multiplication rejet plantain
|
X
|
X
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
4.2.2.2. Facteurs limitant la mise en place de la
démarche CEF à Akonolinga
Au terme de l'étude, quatre facteurs limitant la mise en
place de la démarche CEF ont été identifiés :
- la vaste étendue des villages constitués d'au
moins quatre hameaux ne favorise pas le regroupement en un seul lieu pour les
formations. La formation des animateurs relais dans chaque hameau constituerait
un atout à la mise en place de la démarche ;
- l'absence des moyens de locomotion rend pénible le
déplacement des animateurs d'un hameau à l'autre. En plus, les
vélos qu'ils avaient reçus en 2002 ne sont plus en bon
état ;
- la réticence des paysans face au changement car les
paysans ont tendance à penser que l'ADEAC doit les forcer afin qu'ils
suivent les formations. D'autres pensent que ADEAC se sert d'eux pour remplir
leurs poches et ces insultes retombent sur les animateurs
considérés comme intermédiaire. Ce comportement pousse
certains paysans à ne pas prendre le CEF au sérieux même si
d'autres sont conscients de son importance ;
- l'absence de rémunération des animateurs; c'est
ce qui est à l'origine du désintéressement du
conseiller de Ndéllé face à la mise en
place du CEF dans cette zone. Les autres animateurs l'on fait pour des raisons
personnelles telles que l'enrichissement de leur culture, l'approfondissement
de leurs connaissances en agriculture et en gestion puisqu'ils appliquent aussi
cela dans leurs parcelles. Mais ces animateurs estiment qu'une
rémunération d'au moins 10000 Fcfa/mois pourra renforcer leur
motivation.
- le taux d'encadrement des paysans par les animateurs est
très faible. En effet, il s'est avéré que
chaque animateur a en moyenne 150 paysans à encadrer, ce
qui ne leur permet pas de répondre à toutes leurs attentes.
4.2.2.3. Evaluation de la capacité des
conseillers à maîtriser le CEF et sa démarche
Afin de mieux apprécier les performances des animateurs
à la mise en place de la démarche CEF à Akonolinga, trois
critères ont été utilisés:
- la connaissance de la définition d'un conseiller et du
conseil ;
- le niveau de compréhension des modules et de sa
démarche ; - le nombre moyen de paysans encadrés.
Pendant les enquêtes il a été demandé
à chaque animateur de donner une définition d'un conseiller et du
CEF. Deux définitions du conseiller ont ainsi été
enregistrées :
1) « Un conseiller c'est quelqu'un qui doit avoir le
CEPE, il doit savoir écouter les paysans et travailler avec eux. Il doit
les aider à appliquer ce qu'on a enseigné et leur donner des
conseils». Cette définition est une synthèse des
idées de 50 % des animateurs d'Akonolinga.
2) « Un conseiller est une personne qui doit
être grand avoir au moins 35 ans, il doit avoir au moins le BEPC,
connaître l'agriculture, savoir tolérer les choses, savoir
encadrer les paysans et les aider à comprendre comment fonctionne son
champ, comment calculer son bénéfice, et comment gérer son
argent ».
Cette deuxième définition donnée par
l'autre moitié des animateurs est plus appropriée dans ce
contexte et est même similaire au profil des conseillers de la SODECOTON
tel que rapporté par Havard et al.(2002).
Bien que tous les conseillers d'ADEAC n'ont que le CEPE, ils
reconnaissent que ce travail nécessite un niveau d'éducation
élevé. Car que ce soit pour le plan de campagne ou pour le suivi
technique, il faut que l'animateur soit attentionné et capable de faire
les calculs qui n'interviennent pas seulement dans l'analyse économique.
Ceci permet de conclure que tous les conseillers enquêtés
maîtrisent parfaitement la définition d'un conseiller et surtout
ont compris le rôle du conseiller.
En ce qui concerne la définition du CEF, chaque animateur
en a formulé une. Les deux définitions se présentent ainsi
qu'il suit :
- « le CEF c'est quelque chose qui montre aux paysans
comment faire pour avoir une bonne production et un bon revenu ».
- « le CEF est une démarche qui se fait étapes
par étapes pour amener les paysans à savoir quoi produire
».
Djoukam (2003) et Djonnéwa et al. (2004),
précisaient que le CEF est un outil d'aide à la décision
(savoir quoi produire, comment produire, et quand produire) avec pour objectifs
de professionnaliser les agriculteurs (maîtriser le fonctionnement de
leur exploitation). Les deux définitions du CEF telles que
proposées par les animateurs sont complémentaires et comprises
dans la définition ci-dessus.
Les animateurs d'ADEAC ont une bonne idée de qu'est le CEF
et du profil du conseiller. Mais ils ont encore des difficultés dans la
maîtrise des outils et de la démarche.
Qu'est-ce que les animateurs ont parfaitement
maîtrisé sur les modules de la démarche ?
Il était question de savoir ce que chaque animateur
avait compris et s'il est capable d'en faire la restitution même s'il
était amené à faire par surprise une formation quel que
soit le lieu. Si un animateur a retenu au moins deux des trois modules
enseignés (surtout le suivi technique et le plan de prévision des
campagnes), il peut être capable d'en restituer sans problème.
zone
d'intervention
Mvan Djibijeng minguemeu Onedck Ndellé
Pour-cent
100,0%
40,0%
60,0%
20,0%
80,0%
0,0%
ST-PPC- AE ST- AE ST et PPC
qu'est ce que vous avez
parfaitement compris du cef
?
Figure 7. Modules parfaitement
maîtrisés
Chaque animateur a bien maîtrisé au moins deux
modules. Certains animateurs ont regroupé le suivi technique et le Plan
de prévision des campagnes. Seul l'animateur de Ondeck semble avoir
compris l'essentiel du CEF. Ceci peut s'expliquer par le fait qu'il soit le
plus âgé et le plus ancien des animateurs car selon lui, il est
animateur depuis la création de la FOPANYM (ancienne appellation
d'ADEAC) en 1992. La figure 7 montre que les animateurs le l'ADEAC seraient
capables de diffuser l'essentiel du CEF en toutes circonstances. Or
l'étude montre que tous demandent à être reformés
parce qu'ils rencontrent encore des difficultés (calculs et
méthodes) pour mettre en oeuvre les activités du CEF. Donc pour
vérifier cela, il serait mieux de faire un suivi dans le temps et les
voir en pleine activité avec les paysans. Le nombre de paysans
encadrés par un conseiller est capital pour une mise en oeuvre de la
démarche CEF. Selon Faure et al. (2004), lorsqu'un conseiller
encadre un nombre élevé de paysans, cela montre que ce conseiller
fait bien son travail, et de ce fait est sollicité par ces derniers en
conseil individuel. Or à Akonolinga, le conseil individuel n'est pas
similaire à celui du Nord qui repose sur l'élaboration des
projets et la gestion des activités. Il s'agit ici d'un conseil
individuel en
vue de mieux comprendre ce qui a été fait en
groupe ou en vue de faire un diagnostic. Le degré de sollicitation des
animateurs n'est pas élevé mais chaque animateur fait en moyenne
trois conseils individuels par mois dans les zones d'Ondeck, Mingeumeu et
Ndibidjeng. Les animateurs des autres zones ne le font pas parce qu'ils
estiment perdre leur temps sans aucun pourboire. Cependant, les animateurs
estiment qu'ils travaillent régulièrement avec 35 paysans en
moyenne en conseil individuel. Le CEF est initié à Akonolinga
depuis deux ans seulement. Pour un début ce nombre est encourageant et
amène à conclure que les animateurs s'efforcent à bien
faire leur travail pour une véritable mise en oeuvre de la
démarche CEF.
4.3. Caractérisation du CEF à
Akonolinga
Cette section présente les caractéristiques
socio économiques et culturelles des exploitations
enquêtées (taille du ménage, activités, revenus
nets, répartition du revenu) et leur niveau de compréhension des
enseignements reçus.
4.3.1. Caractéristiques des exploitations en conseil
à Akonolinga.
Les exploitations enquêtées sont toutes membres
de l'ADEAC dont les principaux occupants sont résidants dans l'une des
zones d'interventions de la Centrale ADEAC. Le Tableau 14 présente
quelques caractéristiques de ces exploitations.
Tableau 14. Caractéristiques des exploitations
enquêtées à Akonolinga
Caractéristiques
|
Exploitation
|
|
Moyenne
|
39
|
|
Minimum
|
24
|
Age moyen (années)
|
Maximum
|
71
|
|
Ecart types
|
11
|
|
Moyenne
|
8
|
Taille des exploitations
|
Minimum
|
2
|
(nombre de personnes)
|
Maximum
|
50
|
|
Ecart types
|
7
|
Nombre d'actifs agricoles
|
Moyenne
|
5
|
|
Minimum
|
1
|
|
Maximum
|
45
|
|
Ecart types
|
6
|
Niveau d'éducation
|
Scolarisé
|
3
|
|
Alphabétisé
|
97
|
|
Agriculture
|
87,5
|
Activités principales (%)
|
Commerce
|
5,5
|
|
Fonctionnaire/vacation
|
7
|
|
Aucune
|
37,5
|
|
Agriculture
|
7
|
Activités secondaires (%)
|
Commerce
|
15
|
|
Autres
|
40,5
|
|
Consommation
|
5
|
Objectifs de production (%)
|
Commercialisation
|
20
|
|
Consommation et Commercialisation
|
75
|
|
Produits de rentes
|
54
|
|
Produits vivriers
|
24
|
Sources de revenus (%)
|
Produits maraîchers
|
3
|
|
Activités extra agricoles
|
19
|
Superficie cultivée (ha)
|
Culture de rentes
|
3,5
|
|
Cultures vivrières
|
2
|
Caractéristiques
|
Exploitation
|
|
Cultures maraîchères
|
1
|
|
Makia
|
15
|
Ethnie (%)
|
Mvognyengue
|
33
|
|
Yebekolo
|
52
|
|
Chrétien
|
98
|
Religion (%)
|
Animiste
|
2
|
|
Marié
|
65
|
|
Célibataire
|
11
|
Situation matrimoniale des chefs d'exploitations (%)
|
Divorcée
|
4
|
|
Fiancée
|
14
|
|
Veuf (ve)
|
6
|
|
Scolarité- santé- nutrition
|
61
|
Dépenses obligatoires (%)
|
Investissement- scolarité- nutrition
|
36
|
|
Habitat- scolarité- nutrition
|
3
|
Les paysans sont jeunes (39 ans en moyenne),
alphabétisés ayant chacun des objectifs de production car 75%
produisent pour satisfaire en même temps leurs besoins alimentaires et
aussi se procurer un revenu pour couvrir les autres charges du ménage.
La disponibilité de la main d'oeuvre (environ 5 actifs par
ménage) correspondant aux superficies cultivées représente
également un atout certain pour le respect du calendrier agricole et un
bon suivi des parcelles. Ces caractéristiques sont similaires à
celles obtenues au terme d'une étude menée par Daouda (2002) au
Nord Cameroun bien que le taux d'alphabétisation soit plus
élevé à Akonolinga. Ces atouts des exploitations de la
zone d'étude sont favorables pour la mise en place d'une démarche
de conseil.
4.3.2. Les exploitations et le CEF
La formation sur le CEF repose sur trois modules applicables
dans les exploitations agricoles volontaires des zones ADEAC. Les exploitations
ayant suivi le CEF présentent des caractéristiques
différentes et ont des niveaux de compréhension du CEF qui
changent d'une exploitation à l'autre et selon les modules ou
thèmes traités (Tableau 15).
Tableau 15. Comportement des exploitations des zones
d'étude vis-à-vis du CEF
Information sur la CEF Exploitations (%)
Avez-vous suivi le CEF Oui
Non
|
74 26
|
PPC-ST-AE 51
Qu'avez-vous fait en groupe ? PPC-ST 31
PPC-AE 18
Qu'avez-vous fait individuellement ?
|
PPC 33
ST 37
AE 30
|
Nombre de formations suivi sur Moins de 5 38
le CEF Plus de 5 62
Motivation CEF Obligé en tant que membre 100
application CEF Oui 100
Raison non CEF Pas de formation 100
Recours conseiller
|
Oui 87
|
Non 13
Oui 96
Satisfaction après discussion
Non 4
A Akonolinga, près des 3/4 des paysans ont pris part
aux différentes formations animées par les animateurs de chaque
localité. Ceux qui n'ont pas suivi (1/4) sont les paysans de Mengos
où l'animateur n'avait pas pris part aux formations et de
Ndéllé où les animateurs n'ont pas restitué aux
paysans les connaissances qu'ils ont acquises. Ces raisons laissent penser que
si les animateurs faisaient leur travail, tous les paysans membres de l'ADEAC
auraient suivi le CEF. Puisque les paysans qui ont pris part aux formations se
disent obliger de le suivre en tant que membre. Or ces raisons sont
plutôt contraires aux principes du CEF car il repose sur le volontariat
des paysans faisant partie ou pas d'un groupe organisé.
Les paysans ont suivi à la fois le conseil en groupe et
le conseil individuel et les deux englobaient trois modules (PPC, ST, et AE).
La plupart des paysans (62 %) ont suivi toutes les séances de formation.
Ceux n'ayant suivi que quelques séances avaient été soit
malades, soit hors du village pendant les formations. Tous les paysans ont mis
en application les enseignements reçus sur l'un des modules du CEF. En
cas de difficultés, la plupart d'entre eux (87 %) ont eu recours aux
animateurs et en sont ressortis satisfaits (96 %).
Remarque : A Ndéllé, bien que
les animateurs n'aient pas mis en place le CEF, quelques paysans (15 %) ont
assisté à au moins trois séances de formation avec les
techniciens de l'ADEAC en conseil individuel.
4.3.2.1. Le Plan de prévision des campagnes
Ce module permet aux paysans d'identifier leurs besoins en
intrants (semences, pesticides) pour chaque spéculation. A Akonolinga,
il était basé sur deux points essentiels à savoir,
l'estimation des quantités de semences et de pesticides et l'estimation
de la valeur monétaire de chaque intrant. Ce deuxième point
s'attarde aussi sur le coût de transport au cas où le paysan irait
lui-même faire ses achats en ville. Au terme des enquêtes, 75 % des
paysans affirment avoir traité les deux points essentiels de ce module
et 25 % disent avoir traité uniquement l'estimation des besoins en
intrants. Après les formations, chaque paysan sait qu'il est important
de faire une prévision des campagnes. Parmi eux, 72 % savent estimer les
quantités de semences et surtout de pesticides pour chaque
spéculation et le coût des différents intrants et 28 %
savent estimer le coût des intrants. Les paysans de la deuxième
catégorie sont des personnes âgées (65 %) qui ont pour
cultures de base le cacao et le café.
Mais quelques jeunes (35 %) pensent que c'est le montant
d'argent dont on dispose qui détermine les quantités exactes
d'intrants à acheter. Pour eux, le coût des intrants
représente le montant du crédit qu'ils peuvent avoir à la
caisse. Même si 89 % des paysans ont bien compris ce qu'ils ont fait en
matière de prévision des campagnes, 11 % d'entre eux ont encore
des difficultés pour estimer les besoins en semences et en pesticides
parce qu'ils n'ont pas bien compris comment prendre en compte les
incertitudes
Les connaissances acquises au terme de ce module ont
été valorisées puisque l'étude montre que 95 % des
paysans ont mis en application le PPC sous forme de budget partiel en
début de campagne (40 %), sous forme de compte d'exploitation
prévisionnelle pour chaque spéculation (23 %), ou en faisant
simplement un inventaire des besoins d'intrants direct. Les paysans qui n'ont
pas mis en application le PPC sont ceux qui pratiquent la culture de
subsistance. Ce sont des personnes âgées, hommes et femmes,
polygames ou veuf(ve)s ayant au moins 15 personnes à charge. Tous les
paysans de chaque zone ont appliqué le PPC excepté 4 % de ceux de
la zone de Ndibidjeng.
4.3.2.2. Le Suivi Technique
Ce module comprend la détermination de la
densité de semis à partir de la mesure des écartements
entre les plantes, l'importance des cultures pures, l'élaboration des
fiches de suivi des parcelles. La culture pure ici englobe la prise en compte
des charges et les coûts liés à la mise en place d'une
parcelle, la conversion de sa main d'oeuvre personnelle et familiale en valeur
monétaire. Les formations axées sur ces aspects dépendent
des zones d'intervention (Figure 9).
Dans toutes les zones d'intervention, les paysans ont
traité tous les points de ces modules. Mais ceux
qui n'ont pas suivi
toutes les formations ont manqué certains points. Certains se sont
rattrapés chez
les animateurs même si la formation ne s'est
plus faite dans les mêmes conditions. Seuls les paysans
de Ndibidjeng ont traité avec leur animateur le point
sur l'estimation des coûts et charges liés à la mise en
place d'une culture comme un module à part entière. Ceci parce
que l'animateur a estimé que ce point était très important
et pour ce faire, devrait être traité plusieurs fois surtout en
prenant des exemples. Dans les autres zones, il a été
abordé dans les cultures pures. Seuls quelques paysans de zones de Mvan
(10 %), de Minguemeu (15 %) et de Ndibidjeng (10 %), ont traité juste un
point dans ce module.
100,0%
80,0%
60,0%
40,0%
20,0%
0,0%
Pour-cent
zone
d'intervention
Mvan Dibidjeng Mingeumeu Mengos Ondeck Ndéllé
Légende :
1-2-3 : densité de semis, écartements et culture
pure
1-2-3-4 : densité de semis, écartements, culture
pure et respect des fiches techniques 4et 5 : estimation coût de
production et respect des fiches techniques
Figure 8. Points essentiels traités dans le suivi
technique suivant les zones enquêtées.
Le degré de compréhension des points de ce
module semble être fonction du niveau d'éducation des
enquêtés. Puisque le graphe montre que seuls 32 % des paysans ont
bien compris la culture pure basée presque sur les calculs des
écartements et de la densité de semis et l'élaboration des
fiches de suivi. Parmi eux, 45 % sont titulaires d'un probatoire, 30 % du CEPE
et 25 % du BEPC. Trente pourcent des paysans ayant bien compris la
détermination de la densité de semis à partir de la
détermination des écartements, et l'élaboration de la
fiche de suivi sont en majorité les titulaires d'un probatoire (55
%).
L'application du suivi technique s'est faite de manière
progressive. Chacun a apporté une modification (74 %) par rapport
à ce qu'il a appris suite aux difficultés qu'il rencontre lors de
sa mise en oeuvre. Ainsi, 37 % estiment que le calcul de la densité de
semis est compliqué par les unités de conversion, 24 % pensent
qu'il est difficile de considérer son propre travail comme main d'oeuvre
rémunérée, 21 % estiment qu'il est très
pénible de respecter les écartements lors des travaux et 18 %
pensent que la prise en compte des charges et des coûts des
activités est difficile à estimer dans les systèmes de
polyculture dominants dans les zones. Pour contourner ces difficultés,
certains paysans estiment les distances sans aucune référence de
mesure, d'autres ont développé des stratégies
d'application du suivi technique dans leurs exploitations. D'aucuns ont
fabriqué des gabarits pour respecter les écartements, d'autres
ont élaboré leurs propres fiches de suivi. Ainsi, notre
étude montre que 32 % utilisent leurs fiches de suivi, 9 % utilisent les
fiches proposées par les animateurs. Ce sont les personnes
âgées de plus de 50 ans, 59 % utilise les gabarits et/ou
respectent les instructions des fiches techniques et suivent le calendrier
agricole.
4.3.2.3. L'analyse économique
La mise en oeuvre de ce module n'a pas été
facile tant pour les animateurs que les paysans. Puisqu'il fait appel aux
calculs surtout arithmétiques et à une grande vigilence. Ce
module s'articule autour de la détermination du profit, le choix des
spéculations rentables, la répartition du revenu dans le
ménage, l'élaboration du budget, du bilan et du compte
d'exploitation prévisionnelle. Le choix des cultures a été
fait à la fin d'une série de calculs des marges brutes de chaque
spéculation. Les critères de choix des cultures étaient :
la durée du cycle végétal, le nombre de jour de travail,
le coût total de production, et le revenu total de la culture. Les
paysans considèrent comme culture rentable, celle qui a un cycle
végétal relativement court, occupant moins de temps et bon
marché c'est-à-dire est vendu à temps à un bon
prix.
Tous les points importants de ce module ont été
enseignés. Puisque, 64 % ont traité la détermination du
profit, le choix des spéculations rentables et l'élaboration du
budget, du bilan et du compte d'exploitation. 21 % ont traité uniquement
la répartition du revenu, 6 % ont traité uniquement la
détermination du profit, 3 % uniquement le choix des spéculations
et seuls 2 % des paysans ont traité tous les points de ce module. Les
paysans ayant traité tous les points de ce module sont tous de
Mingeumeu. Aussi, 4 % des paysans, tous de Mvan et Ndibidjeng, n'ont rien fait
de ce module. La figure 9 ci après présente une
répartition des points traités en fonction des zones
d'interventions.
zone d'intervention
Mvan Dibidjeng Mingeumeu Ondeck Ndéllé
100,0%
80,0%
20,0%
0,0%
Pour-cent
60,0%
40,0%
Légende :
1 et 2 : détermination du profit, choix des
spéculations, élaboration du budget, bilan et compte
d'exploitation.
1-2 et 3 : tous les points prévus dans ce module
Figure 9. Points essentiels traités par les
paysans dans le module analyse économique
Chaque paysan a retenu quelque chose dans ce module. Mais ce
sont les plus éduqués qui ont le plus retenu. Ceci est dû
aux opérations de calcul qui dérangent la plupart de ces paysans.
Ainsi 73 % des paysans savent comment déterminer le profit net,
établir un budget, bilan et compte d'exploitation, et choisir les
cultures les plus rémunératrices. Parmi ces paysans, se trouvent
ceux qui ont le probatoire, près de 85 % des titulaires du BEPC et 45 %
titulaires du CEPE. Neuf pourcent des paysans enquêtés savent
calculer leur profit et élaborer leur budget ; parmi eux, 5 % ont le
BEPC et 15 % ont le CEPE. Huit pourcent d'entre eux ont retenu soit comment
déterminer le profit, soit comment élaborer le budget et le
bilan, soit comment choisir une culture rentable. Parmi eux, 10 %
ont le BEPC et 20 % ont le CEPE. Enfin 10 % des paysans n'ont
rien compris sur ce module tous ayant le CEPE et représente 20 % des
titulaires du CEPE.
Au terme de la formation, la plupart des paysans (87 %) ont
déclaré avoir mis en pratique les enseignements reçus et
les autres (13 %), affirment ne pas voir estimer l'importance de
connaître son profit ou faire le budget. Les paysans appartenant à
cette deuxième catégorie sont les personnes âgées
ayant plusieurs personnes à charge et qui cultivent d'abord pour
l'autoconsommation. Bien que la majorité des paysans appliquent les
connaissances acquises dans ce module, tous affirment rencontrer des
difficultés lors de leur application. Parmi ces dernières, ils
ont cité la difficulté de considérer la main d'oeuvre
familiale comme rémunérée, la difficulté de
déterminer les jours de travail consacrés à une culture
donnée, la difficulté dans l'estimation de la proportion de
récoltes qui est auto-consommée, etc. C'est à cause de ces
difficultés que chaque paysan a apporté des modifications par
rapport à ce qui a été enseigné.
Quatre vingt quatorze pourcent des paysans ont dit avoir
modifié les fiches proposées par les animateurs parce que
jugées trop complexes et difficiles à comprendre surtout les
fiches de recettes et de dépenses. Ces paysans ne tiennent donc pas
compte de la valeur de leur main d'oeuvre ni de celle du terrain qu'ils
exploitent ; ils remplacent tout ceci par le coût du défrichage,
de l'abattage et du dégagement. D'autres ne tiennent pas compte des
intérêts sur leur épargne.
Les paysans appliquant l'analyse économique dans leur
exploitation ont en majorité (70 %) un registre où ils
mentionnent toutes les transactions (des récoltes et d'argent). Certains
évaluent le profit uniquement pour les cultures vivrières (ce
sont les jeunes et les femmes) ou uniquement pour les cultures de rente (cacao
et café pour les vieillards et banane plantain pour les jeunes et les
femmes) ceci parce que ce sont les cultures qui leur génèrent le
plus de revenu.
En cas de difficultés dans l'application de ce module,
seuls 9 % des paysans retournent chez l'animateur ; chacun essayant à
son niveau de les résoudre. Certains négligent juste ce qui
dérange tels que l'inclusion de la main d'oeuvre comme
rémunérée. Ce faible pourcentage peu s'expliquer par le
fait que les paysans n'aiment pas qu'une autre personne connaisse ce qu'ils
gagnent.
En somme le CEF à Akonolinga n'a pas été
mis en place comme dans le Nord Cameroun. La formation des paysans s'est faite
en un temps très court, ce qui n'a pas permis aux uns et aux autres de
se rattraper. Trois modules ont été enseignés et mis en
application par les paysans même si la majorité des paysans ont du
mal à appliquer l'analyse économique dans leurs exploitations.
L'application du CEF s'est véritablement faite en début de
campagne 2007 puisque en 2006, les paysans suivaient encore les formations. Il
n'y a que quelque uns qui ont appliqué le CEF à la seconde
campagne de 2006. Ce n'est donc qu'à la fin de la campagne 2007 et en
début de l'année 2008 que les paysans perçoivent les
premiers effets du CEF.
4.4. Estimation des effets du CEF sur les
exploitations
agricoles d'Akonolinga
Après deux ans seulement d'expérience, il est
difficile de mesurer les effets du CEF sur les exploitations. Mais à
partir des connaissances mises en pratiques, quelques changements sont
déjà observables. Les critères d'appréciation
utilisés sont qualitatifs et quantitatifs. Les critères
qualitatifs reposent sur les différences observées par les
paysans quant aux pratiques. Les critères quantitatifs s'appuient sur
les variations des quantités d'intrants directs (semences et pesticides)
en fonction des superficies cultivées au cours des années 2007 et
2008.
4.4.1. Les effets qualitatifs
L'étude montre que 10 % des paysans ayant suivi le CEF
estiment que le CEF n'a apporté aucun changement dans leur exploitation.
Par contre 90 % estiment que le CEF a apporté un changement dans leurs
habitudes culturales et leur façon de penser. Ainsi, parmi eux, 60 % ont
affirmé avoir soit augmenté la superficie des cultures rentables
et réduire celle des cultures moins rentables, soit diminué le
montant de crédit pris à la caisse d'épargne (grâce
à la diminution de la quantité d'intrants), soit pris l'habitude
d'élaborer un budget en début de campagne dans un registre
où ils ont relevé les entrées et les sorties. Et 40 % ont
estimé avoir soit adopté la culture pure ou l'association d'au
plus
deux cultures (Banane plantain et macabo), soit
respecté les écartements entre les plantes surtout pour les
cultures vivrières et les céréales, soit
intégré les groupes de travail, soit organisé mieux leur
travail en définissant les tâches à faire et en
aménageant pour certains, deux jours de repos par semaine.
L'étude a également montré que parmi ces
paysans ayant affirmé avoir observé un changement dans leurs
pratiques, près de 25 % pratiquent déjà les cultures
maraîchères (piment, tomate). Il est important de signaler que
près de 80 % de ces paysans prévoient après la
récolte une quantité destinée à l'auto-consommation
(arachide, pistache, maïs). En ce qui concerne le macabo, le plantain et
le manioc, ils délimitent dans leurs parcelles une partie
réservée pour leur consommation. La récolte de cette
partie se fait progressivement sauf pour le macabo qui est
récolté et conservé à la cuisine dans un coin
obscur. On a aussi remarqué que certains paysans ciblent les gros
régimes de plantain pour vendre et ne consomment que les petits.
4.4.2. Les effets quantitatifs
Les effets quantitatifs du CEF ont été
estimés en terme de performance de production, notamment les rendements
obtenus en 2007, des variations des besoins en intrants entre les années
2007 et 2008 et d'élaboration du bilan (Tableau 16).
NB : Dans cette partie, nous avons utilisé les
performances moyennes des différentes cultures des exploitations
enquêtées pour faire les calculs à partir des
données obtenues pendant les enquêtes.
Tableau 16. Performance fin 2007 des exploitations
après application du CEF
Types de cultures
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart type
|
Cacao
|
Superficie (ha)
|
,00
|
15,00
|
1,8558
|
2,77478
|
Production totale (sacs) Production vendue (sacs) Revenu
(FCFA)
|
,00 ,00 0
|
35 35 1443750
|
2,9865 2,9865 134510,58
|
5,47952 5,47952 235591,232
|
Banane- plantain
|
Superficie
|
,00
|
3,00
|
,9087
|
,64365
|
Production totale (régimes) Production vendue
(régimes) Revenu (FCFA)
|
0 0 0
|
2300 2000 2000000
|
678,94 505,33 514365,38
|
509,882 426,917 450442,006
|
Macabo
|
Superficie (ha)
|
,00
|
3,00
|
1,1394
|
,81712
|
Production totale (bacots) Production vendue (bacots) Revenu
(FCFA)
|
0 0 0
|
120 100 1015000
|
43,12 31,21 172048,08
|
31,772 25,349 174839,878
|
Manioc
|
Superficie (ha)
|
,00
|
2,00
|
,2548
|
,52741
|
Production totale (filets) Production vendue (filets) Revenu
(FCFA)
|
0 0 0
|
100 80 800000
|
12,21 9,13 61413,46
|
24,880 20,857 162502,993
|
Pistache
|
Superficie (ha)
|
,00
|
2,50
|
,4808
|
,58336
|
Production totale (filets) Production vendue (filets) Revenu
(FCFA)
|
0 ,00 0
|
12 7,00 800000
|
3,06 1,6731 56865,38
|
3,449 2,04576 119323,917
|
Maïs
|
Superficie (ha)
|
,00
|
1,50
|
,0962
|
,29768
|
Production totale (filets) Production vendue (filets) Revenu
(FCFA)
|
0 0 ,00
|
25 10 375000
|
1,65 ,44 24423,0769
|
5,179 1,731 79942,71139
|
Tomate
|
Superficie (ha)
|
,00
|
,50
|
,0192
|
,09709
|
Production totale (cageots) Production vendue (cageots)
|
0 0
|
35 30
|
1,35 1,15
|
6,796 5,826
|
|
Revenu (FCFA)
|
0
|
150000
|
4903,85
|
25156,186
|
Piment
|
Superficie (ha)
|
,00
|
,50
|
,0433
|
,13757
|
Production totale (cageots) Production vendue (cageots) Revenu
(FCFA)
|
0 0 0
|
25 25 150000
|
2,06 1,92 10769,23
|
6,521 6,116 34362,323
|
Bacots : appellation des sacs utilisés
pour mesurer les sacs de macabo (1 bacot = 3 sacs de marché = environ 35
Kg)
Les cultures de cacao, banane plantain, macabo, manioc et
pistache présentent de meilleures performances. Selon les paysans, ces
rendements sont meilleurs par rapport à ceux obtenus en 2005 et 2006.
Comme autres effets du CEF, il y a le fait que les paysans se
débrouillent déjà à calculer leurs revenus nets et
à les répartir entre les dépenses prioritaires. Le tableau
17 ci-après ressort un exemple du calcul du revenu disponible des
paysans ayant suivi la formation en CEF
Tableau 17. Exemple d'élaboration du bilan et
estimation du revenu des paysans en CEF
Bilan : Recettes / dépenses campagne 2007
|
Campagne en cours (2008)
|
Recettes activités
|
|
Montant (FCFA)
|
Dépenses activités
|
Montant (FCFA)
|
|
Minimum
|
0
|
|
0
|
Produits de rente
|
Maximum
|
2300000
|
Intrants directs
|
288000
|
Moyenne
|
654500,94
|
63722,64
|
|
|
|
Ecart type
|
490078,151
|
|
55772,356
|
|
Minimum
|
0
|
|
0
|
Produits vivriers et
céréales
|
Maximum
|
1015000
|
Intrants directs
|
225000
|
Moyenne
|
315433,96
|
25971,70
|
|
Ecart type
|
248124,582
|
|
34190,560
|
|
Minimum
|
0
|
|
0
|
Produits maraîchers
|
Maximum
|
472000
|
Intrants directs
|
25000
|
Moyenne
|
27962,26
|
1283,02
|
|
|
|
Ecart type
|
88946,173
|
|
4302,849
|
|
Minimum
|
0
|
|
0
|
PFNL
|
Maximum
|
50000
|
Intrants directs
|
0
|
Moyenne
|
943,40
|
0
|
|
|
|
Ecart type
|
6868,028
|
|
0
|
|
Minimum
|
0
|
|
0
|
Prêts des terres
|
Maximum
|
0
|
Main d'oeuvre
|
300000
|
Moyenne
|
0
|
69245,28
|
|
|
|
Ecart type
|
0
|
|
61169,659
|
|
Minimum
|
0
|
|
0
|
Remboursement
|
Maximum
|
450000
|
Remboursement
|
562500
|
dettes
|
Moyenne
|
45547,17
|
crédit
|
16933,96
|
|
Ecart type
|
88631,164
|
|
80034,009
|
|
Minimum
|
0
|
|
0
|
Activités extra
agricoles
|
Maximum
|
6000000
|
Location des terres
|
35000
|
Moyenne
|
294528,30
|
660,38
|
|
Ecart type
|
849612,618
|
|
4807,620
|
Intérêt sur l'épargne
|
Minimum
|
0
|
Petits équipements
|
0
|
|
Maximum
|
100000
|
|
250000
|
Bilan : Recettes / dépenses campagne 2007
|
|
Campagne en cours (2008)
|
|
|
Moyenne
|
3175,47
|
|
64518,87
|
Ecart type
|
15273,039
|
|
74406,366
|
Recette totale (RT)
|
Minimum
|
310000
|
|
50000
|
Maximum
|
3168000
|
Dépenses totales
|
843000
|
Moyenne
|
1185974,53
|
(DT)
|
279179,25
|
Ecart type
|
573269,125
|
|
63848,278
|
Revenu disponible (RD)
RD= RT-DT
|
Minimum
|
|
|
151000
|
Maximum
|
|
|
2853000
|
Moyenne
|
|
|
910709,43
|
Ecart type
|
|
|
492064,193
|
Les cultures les plus rentables des exploitations
enquêtées sont les cultures de rente mais il est important de
mentionner que ce montant élevé est dû au revenu obtenu de
la vente du plantain qui représente environ 79 % du montant global.
C'est pour cette raison que la plupart des exploitations augmentent les
superficies de plantain chaque année (de 0,8 ha en 2007 et à 1,2
ha en 2008). Nous remarquons également que les paysans intègrent
progressivement les cultures maraîchères dans leurs pratiques. En
2007, les paysans ont cultivé de petites superficies des cultures
maraîchères qu'ils ont augmentées en début de
campagne de l'année 2008 (voir tableau annexe 4)
4.5. Mesure de l'impact du CEF
4.5.1. Impact Social
Le CEF à Akonolinga a un impact positif sur
l'organisation sociale et le renforcement de la solidarité. Grâce
au CEF, ADEAC a organisé les femmes pour qu'elles puissent discuter de
leurs problèmes. Cette organisation est rendue possible grâce
à la création en 2006 d'une cellule féminine dans les
zones de Mvan, Ndibidjeng, Ndéllé et Ondeck ayant pour objectifs
d'aider les femmes à développer les AGR au sein de leurs
ménages. En effet, selon les responsables de l'ADEAC, lors de la
présentation du CEF au Nord Cameroun, les présentateurs ont
montré que le regroupement des femmes au Nord a permis à ces
dernières de résoudre certains problèmes (scolarité
des enfants, nutrition etc) de leurs ménages. C'est grâce à
cette présentation qu'ils ont eu l'idée de regrouper les femmes
de leur zone d'intervention. En vue de réduire la
pénibilité du travail et constituer une main d'oeuvre permanente,
le CEF a favorisé la création des groupes d'entraide au sein des
communautés. L'aide apportée à chacun ne se limite pas aux
activités des champs car selon eux en cas de problème ils ont
d'abord recourt à un membre du groupe ou de la caisse. Par exemple
certains paysans permutent les tours de travail en fonction des
activités culturales. Cette attitude renforce la solidarité au
sein des communautés.
4.5.2. Impact Technique
Après les formations, le CEF a eu un impact positif sur
les techniques de production des paysans. Soixante dix pourcent des paysans
formés sur le CEF affirment respecter le calendrier de lutte contre les
capsides et la pourriture brune puisque avant ils pulvérisaient au
hasard sans tenir compte des périodes de vulnérabilité
(Juillet-Août) des insectes (mirides, capsides). Le CEF a favorisé
l'introduction des cultures maraîchères qui n'étaient pas
encore pratiquées. Les paysans adoptent les cultures pures même si
sur une même parcelle il y a plusieurs cultures, chaque culture est
répartie en sole. Les paysans aujourd'hui savent qu'ils peuvent eux
mêmes produire leurs propres semences car le CEF a formé des
paysans sur la création des champs semenciers de maïs, plantain,
macabo et manioc. Les paysans formés maîtrisent surtout la
multiplication des rejets de plantain. Soixante quinze pourcent des paysans
estiment qu'ils s'organisent mieux dans leurs travaux champêtres et
respectent de plus en plus les écartements entre les plantes puisque
avant ils semaient au hasard.
4.5.3. Impact économique
La sensibilisation des paysans quant à l'importance de
l'épargne constitue un avantage en ce qui concerne le
développement des institutions de micro finance dans les villages. Car
ADEAC précise que le montant d'épargne annuel est passé de
5000 FCFA à 6000 FCFA entre 2005 et 2007. Grâce au CEF, les
paysans ont déjà pris l'habitude de répartir leurs revenus
entre les dépenses du ménage (65% des paysans considèrent
la santé, l'éducation et la nutrition comme étant les
dépenses prioritaires de leurs ménages). A partir des
données de l'enquête, nous avons considéré la
répartition moyenne du revenu des paysans pour une vision
générale de la répartition du revenu dans la zone
d'étude (tableau 18)
Tableau 18. Répartition du revenu disponible entre
les dépenses au sein du ménage.
Sources de dépenses Montant (FCFA) Pourcentages (%)
Scolarité 219774 24
Santé 84906 9
Nutrition 208302 23
Habitat 187778 21
Réinvestissement en champ 169812 19
Epargne 7835 1
Autres 32302 3
Total 910709 100
L'éducation, la santé et la nutrition sont les
charges qui absorbent la grande partie du revenu (environ 56 %). En effet, les
enfants fréquentent en ville et les parents doivent en plus de payer des
frais de scolarité, louer une maison ou une chambre, ravitailler les
enfants en vivres.
4.5.4. Impact environnemental
Le CEF prône l'adéquation entre les objectifs des
paysans et les moyens dont ils disposent par le biais des formations sur les
itinéraires techniques des cultures. Mais l'impact environnemental n'a
pas encore concerné le CEF, et le peu de temps depuis que le CEF est
appliqué à Akonolinga, ne permet pas encore de mettre en
évidence l'impact du CEF sur l'environnement.
4.6. Perception du CEF à Akonolinga
La population de l'échantillon a montré une
perception plutôt positive concernant le CEF. Tous les acteurs (paysans,
animateurs et responsables de l'ADEAC) perçoivent ainsi le CEF à
son applicabilité.
Le CEF à Akonolinga est perçu comme une approche
de développement indispensable à l'amélioration du niveau
de vie des paysans, en ce sens qu'il prend en compte tout le fonctionnement
global de l'exploitation. Les paysans interrogés ont indiqué que
si le CEF était mis en application tel que présenté par
les animateurs, on enregistrera de très bonnes performances. Cette
approche leur apporte une nouvelle vision au fonctionnement global des
exploitations et leur permet de mieux réfléchir leurs
décisions. Cependant, d'aucun pense que, bien que le CEF soit un outil
approprié et adapté à la situation des paysans, il est
difficile à appliquer. Même si la plupart des paysans
intègrent progressivement le CEF, ils rencontrent d'énormes
difficultés surtout au niveau des calculs. Cette difficulté de
mise en pratique du CEF est due au faible niveau de scolarisation des paysans
et à leurs habitudes culturales.
4.7. Diffusion du CEF et possibilité d'adoption
par les non
membres.
Les critères utilisés pour caractériser la
diffusion du CEF par les paysans membres de l'ADEAC après des autres
paysans sont :
- la discussion du CEF avec les paysans non membres ;
- la connaissance des paysans ayant apporté un changement
dans leurs pratiques suite à la discussion ;
- la connaissance des raisons du changement des pratiques des
paysans non membres.
4.7.1. Expérience du CEF avec les paysans non
membres
Dans chaque zone d'intervention de l'ADEAC où
l'étude a été menée, au moins 75 % des paysans
entretiennent des discussions concernant le CEF avec les membres de leurs
familles et/ou les voisins (figure 13). La discussion repose entièrement
sur le CEF puisque 49 % des paysans parlent des modules traités lors des
formations notamment le suivi technique et l'analyse économique. 38 %
discutent de l'importance du CEF dans la vie d'un agriculteur puisque certains
paysans non membres pensent qu'ils n'ont pas besoin de conseil pour produire
car selon eux, « !'agricu!ture est un art par conséquent un don
nature! ». Afin de les convaincre, (13 %) des paysans ont dit qu'ils
sont obligés de leur livrer leurs secrets en leur parlant de leurs
expériences personnelles et des méthodes qu'ils adoptent.
Les paysans membres qui ne discutent pas du CEF avec leurs
voisins ou familles affirment qu'ils ne comprennent pas pourquoi ceux là
n'intègrent pas le groupe afin de bénéficier aussi des
formations. Par conséquent, ils ne peuvent pas perdre leur temps pour
eux.
zone d'intervention
Mvan Dibidjeng Mingeumeu Ondeck Ndéllé
Pour-cent
100,0%
40,0%
20,0%
80,0%
60,0%
0,0%
oui non
entretenez vous le cef avec vos voisins ,
Figure 10. Entretien des paysans membres sur le CEF avec
les paysans non membre dans chaque zone.
4.7.2. Changement des pratiques des paysans non membres
Au terme d'une discussion entre les paysans ayant suivi le CEF
et ceux ne l'ayant pas suivi, chaque partie prenante en tire des enseignements.
C'est le cas à Akonolinga où certains paysans qui
n'étaient pas au courant du CEF ou n'accordaient pas une importance
particulière à celui-ci au terme des discussions n'avaient plus
la même perception. Quatre vingt dix pourcent des paysans affirment en
effet que certains viennent les contacter régulièrement pour en
savoir plus sur le conseil. Ainsi certains de ceux ayant acquis des
connaissances sur le CEF ont décidé de les mettre en pratique. La
figure 11 ci-après, montre que dans toutes les zones, chaque paysan non
membre a apporté un changement dans ses habitudes ou pratiques
culturales. Quatre vingt dix sept pourcent des paysans enquêtés
disent connaître les paysans non membres qui ont apporté des
modifications dans leurs pratiques à l'issue des discussions et des
formations qu'ils ont faites.
zone d'intervention
Mvan Dibidjeng Mingeumeu Ondeck Ndéllé
Pour-cent
100,0%
40,0%
80,0%
60,0%
20,0%
0,0%
oui non
certaines personnes ont-elles changées
?
Figure 11. Changements des pratiques agricoles par les
paysans non membre.
4.7.3. Les nouvelles pratiques adoptées et les
raisons de cette adoption
Les paysans non membres pensent comprendre la prévision
des campagnes et le suivi technique. D'après 11 % des paysans
enquêtés, les paysans non membres ont adopté la culture
pure, 16 % disent connaître les paysans qui respectent les
écartements entre les plantes, 35 % connaissent les paysans qui essaient
d'élaborer leur plan prévisionnel de campagne, et 38 % ont
aidé certains paysans à mettre en pratiques trois points
cités plus haut.
Cette adoption timide et progressive du CEF s'explique par le
fait que certains paysans veulent satisfaire leur curiosité (61,5 %)
tandis que d'autres (38,5 %) ont remarqué quelques changements dans
l'exploitation des paysans membres tels que la bonne organisation du travail,
le respect du calendrier (cultivent tout à temps), la diminution de la
peine du travail (car la plupart des travaux sont effectués par les
groupes d'entraide).
4.8. Test des hypothèses
La présente étude était basée sur
quatre hypothèses de recherches :
- HR1 : les activités de conseil sont
complémentaires des activités et programmes de l'ADEAC - HR2 : Le
profil du conseiller est déterminant dans la maîtrise de la
démarche conseil
- HR3 : Les outils du CEF sont facilement assimilés par
les acteurs
- HR4 : La perception du CEF varie selon les objectifs des
acteurs concernés
4.8.1. Vérification de HR1
Avant l'arrivé du CEF à Akonolinga, ADEAC
assurait le suivi des activités des paysans par le biais des animateurs
qui étaient chargés d'évaluer les besoins en intrants des
paysans. La centrale ADEAC se chargeait d'octroyer les crédits intrant
à ces paysans. Les activités des programmes agricoles et surtout
de microfinance cherchaient à renforcer les capacités techniques
des paysans et améliorer leur niveau de vie mais il leur manquait juste
une méthodologie appropriée. Selon les responsables de
l'ADEAC, le CEF leur a servi de guide pour la
réalisation de leurs objectifs et n'a influencé en aucun cas ses
activités tout au contraire est complémentaire de ses programmes.
De même, les animateurs avaient déjà pour rôle
d'informer les paysans sur l'évolution des systèmes agricoles, le
CEF a plutôt approfondi leurs connaissances et renforcé leurs
capacités de diagnostic. Wambo (2000) avait déjà
mentionné que les activités de conseil sont sensées
épouser les objectifs globaux des structures d'encadrement. Ceci nous
amène à accepter HR1 qui stipulait que les activités de
conseil sont complémentaires des programmes de l'ADEAC.
4.8.2. Vérification de HR2
Les animateurs paysans d'Akonolinga sont tous des responsables
de famille ayant le CEPE. La moitié a pensé que le conseiller
doit avoir au minimum le BEPC et les autres estiment qu'il doit avoir au
minimum le CEPE. D'après eux, la maîtrise de la démarche
CEF requiert un bon niveau d'éducation et une expérience dans le
domaine agricole et l'encadrement des paysans. Même si les animateurs
paysans se débrouillent à comprendre le CEF, plusieurs d'entre
eux ont du mal à maîtriser parfaitement les calculs. Cette
façon de penser rejoint l'hypothèse selon laquelle le profil du
conseiller, son expériences en animation de groupe, sont
déterminants pour une bonne maîtrise de la démarche. Ce qui
va dans le sens de Legile (2006), qui stipule que la spécialisation du
conseiller ou son niveau d'étude n'aurait pas une influence majeure sur
la maîtrise de la démarche ; certains techniciens d'agriculture
maîtrisent mieux le CEF que certains ingénieurs. De plus, pour
Havard (2002) le profil des conseillers varie en fonction des tâches qui
leur sont assignées. Pour le même auteur, en années 1 et 2,
le CEF basé sur le travail de groupe, l'estimation des besoins en
intrants, et le suivi technique, le conseiller doit avoir au minimum le BEPC et
de bonnes connaissances en animation de groupe et en agriculture. Mais en
année trois le CEF étant basé sur l'analyse, la gestion de
la trésorerie, l'analyse économique, requiert un conseiller de
niveau baccalauréat au minimum et de bonnes connaissances en
agriculture. A Akonolinga, les animateurs de niveau CEPE ont été
soumis au thème de l'année 1 et 2 du CEF nécessitant selon
Havard (2002) le niveau du BEPC au minimum.
L'étude a montré que bien que les animateurs
estiment avoir maîtrisé certains modules, ils rencontrent encore
des difficultés dans la maîtrise des outils et de la
démarche. Donc HR2 est acceptée.
4.8.3. Vérification de HR 3
Les outils de base du CEF sont des fiches
élaborées conjointement entre les paysans et les animateurs et
par les discussions sur le terrain. Ces fiches servent de support et de
modèle pour les paysans. A Akonolinga, les fiches ont été
élaborées entre les techniciens de l'ADEAC et les animateurs, les
paysans étant exclus du système. L'étude montre que 83 %
des paysans éprouvent des difficultés lors du remplissage des
fiches de suivi. Soixante seize pourcent d'entre eux estiment que ces fiches
sont trop complexes et constituées de beaucoup de calcul. La
majorité se font aider par l'animateur ou leurs enfants
alphabétisés ou par les autres paysans qui s'en sortent (ce sont
les plus éduqués ayant au moins le BEPC). Lorsque l'animateur les
enfants ou les autres paysans seraient absents ou indisponibles, certains
paysans ne pourront pas faire les calculs ou remplir les fiches.
Les animateurs quant à eux, pensent que le CEF est une
approche constituée de plusieurs étapes qui ne sont pas faciles
à comprendre si l'on ne lui l'accorde pas plus de temps et d'attention.
Donc HR 3 est rejetée puisque les fiches utilisées dans le cadre
du CEF à Akonolinga ne sont pas facilement assimilées par les
acteurs (animateurs et paysans). Ceci peut s'expliquer par le fait que les
responsables de l'ADEAC avaient conçu ces fiches sans une discussion
préalable avec les paysans et en plus il n'y a pas eu de séance
d'explication de ces fiches. ADEAC voulaient atteindre un double objectif :
avoir une idée du diagnostic global de l'exploitation et aider les
paysans à mieux évaluer leurs besoins en intrants.
4.8.4. Vérification de HR 4
Selon ADEAC, le CEF est une approche de développement
local. Pour les personnes enquêtées, le
CEF est venu renforcer
leurs activités et leur capacité de diagnostic des exploitations
agricoles. De
nos jours ADEAC pense mieux percevoir les problèmes des
paysans. Les animateurs pensent que le
CEF est une approche qui responsabilise les paysans en
enrichissant leurs connaissances. Selon eux en tant que formateur et
médiateur, le CEF a approfondi leur connaissance, les a
éclairés sur les étapes d'un diagnostic. Aujourd'hui, ils
ont une bonne réputation et considération dans leurs villages
respectifs. Tous les paysans estiment que le CEF répond à leurs
attentes ceci dans la mesure où il leur a « ouvert les yeux
».
Pour-cent
40,0%
50,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
aborde ce qui me m'apporte une nouvelle me permet de bien
gérer
manquait vision et faire le bon choix
si oui comment le cef répond t-il à vos
attentes ? Figure 12. Perception des effets du CEF par les paysans.
La perception des effets du CEF dépend des
difficultés que rencontrent les paysans. Près de la moitié
des paysans ont eu une nouvelle vision sur le fonctionnement global de leur
exploitation, 32 % cherchaient comment gérer mieux les revenus. Seuls 18
% estiment que le CEF aborde ce qui leur manquait (gestion du revenu,
utilisation des superficies cultivables, culture des spéculations les
plus rentables, développement des AGR, etc.). Chaque acteur pense que le
CEF peut les aider à atteindre certain objectif en fonction des
difficultés qu'il rencontre. Face à ces perceptions positives du
CEF à Akonolinga, quelle pourra être son importance dans le plan
stratégique de développement du secteur agricole à
Akonolinga ?
4.9. Enjeux et perspectives du CEF à
Akonolinga
4.9.1. Les potentialités agricoles de la zone
d'étude
La zone d'étude regorge d'un potentiel agricole assez
important et suffisant pour entreprendre un investissement dans le secteur
agricole. Les sols sont encore bien fertiles pour la mise en valeur des
cultures de rente (cacao, café, banane plantain et palmier à
huile), vivrières (macabo, manioc et ignames),
céréalières (arachides, pistaches et maïs)
maraîchères (tomate et piment) et fruitières (avocatier,
manguier, oranger, safoutier et goyavier). Les exploitations de la zone compte
en moyenne 5 actifs agricoles pour des superficies moyenne de 4,5 ha soit 0,9
ha/ actifs ceci peut permettre une bonne gestion des périmètres
cultivés. Le travail en groupe constitue également une source
potentielle de main d'oeuvre pouvant permettre aux paysans de respecter le
calendrier agricole de la zone.
4.9.2. Les potentialités locales en matière
de gestion des exploitations
Comme le pense Misté (2008), sans conseil les paysans
prendront quand même des décisions. Il est donc important pour
cette étude de savoir comment les paysans s'en sortaient, quelles sont
les techniques et les approches qu'ils utilisaient pour gérer leur
exploitation. Pour répondre à ces questions, l'étude s'est
appuyée sur les méthodes utilisées par les paysans pour
estimer leurs besoins en intrants (semences et produits phytosanitaires), pour
suivre l'évolution de leurs parcelles et pour déterminer leur
profit.
En début de chaque campagne, chaque paysan sait
pertinemment qu'il doit faire un budget. Même s'il ne le
matérialise pas, il le fait dans l'abstrait. Afin de pouvoir financer
leurs activités agricoles, 52 % obtenaient un crédit intrants
à la caisse de la zone soit en moyenne une somme de 45000 FCFA. Cette
somme, selon eux, était suffisante pour la mise en place d'une parcelle.
La quantité de pesticides pour les cacaoculteurs était
déterminée à partir des fiches techniques qu'ils avaient
reçues depuis 1999-2000 de la SODECAO. Quarante cinq pourcent des
paysans respectaient le calendrier agricole.
Les paysans avaient une technique locale pour
déterminer les écartements entre les plants. Les
écartements étaient estimés en terme de pas (pas de
marche). Par exemple pour la culture de macabo, la distance est d'un pas entre
les plantes. Pour le plantain, chacun fait entre 5-7 pas entre les pieds en
fonction de la taille. Pour des personnes de petite taille (1,5 m environ) il
faut en faire 7, pour les personnes de taille moyenne (1,65 m environ), c'est
entre 5 et 6 pas et enfin 5 pas pour les personnes de grande taille (plus de
1,75 m). Selon eux, après de nombreuses années
d'expérimentation, ils estimaient, que pour mettre sur pied une
superficie de 1 ha de macabo, il fallait au plus 12 « bacots » de
semence, pour la même superficie de pistache ou d'arachide, il fallait 2
seaux de 5litres de semence (arachides décortiquées). Les
prévisions de campagne se faisaient à partir de ces estimations
qu'ils ont utilisées comme standard jusqu'à l'arrivée du
Conseil. Cependant, l'étude montre que environ 10% des paysans ayant
suivi le CEF utilisent encore cette méthode pour faire leurs
prévisions puisque selon eux, le CEF « embrouille avec les calculs
et ses fiches ».
L'étude montre que 52 % des paysans faisaient un bilan
en fin de campagne, c'est-à -dire une estimation des dépenses et
des recettes pour les cultures commercialisées. Cependant certains
paysans (66 %) faisaient leurs bilans en estimant juste les recettes sans
toutefois penser aux dépenses. Seuls 34 % faisaient le bilan dans son
sens strict mais les dépenses pour eux se limitaient aux coûts de
défrichage (25000 FCFA) et d'abattage (20000 FCFA) de la parcelle en
première année de création.
Près de 77 % des paysans enquêtés
déterminaient à leur façon leur profit. Ainsi trois
méthodes locales étaient utilisées pour savoir si les
activités sont rentables. Afin de mieux cerner ce que les paysans
faisaient, les moyennes des performances des exploitations enregistrées
en 2007 (tableau 16) ont été appliquéest à leurs
méthodes afin de faire des comparaisons avec celles enseignées
dans le cadre du CEF :
1) Profit = recettes totales des cultures principales (cacao,
plantain, macabo) - montant de crédit pris à la caisse
P = (134 510 + 514 365 + 172 048) - 100 000 (montant maximum de
crédit autrefois octroyé) = 720 923 FCFA
Cette méthode était utilisée par 23 % des
paysans enquêtés pour l'estimation de leurs revenus.
2) Profit = Recettes totales des cultures principales -
coûts du défrichage et d'abattage P = (134 510 + 514 365 + 172
048) - 4 (25 000 + 20 000) = 640 923 FCFA
Remarque : les cultures principales occupaient
une superficie de quatre hectares.
24 % des paysans se basaient sur cette méthode pour
déterminer leur profit. Après la première année de
culture les paysans considéraient toujours le coût de
défrichage et d'abattage car selon eux, ceci leur permettait d'avoir les
fonds pour l'extension des parcelles ou la création des nouvelles.
3) Profit = Recettes de chaque culture - coût de production
(défrichage, abattage et autres frais liés à l'entretien).
P = 989 296 - 5(45 000 +25 000) = 639 296 FCFA
Remarque : les résultats montrent que la superficie
moyenne cultivée par exploitation est de 5 hectares. Les paysans ont
estimé à 25 000 FCFA la somme qu'ils pouvaient dépenser
par an pour la main d'oeuvre. Il faut noter également que les frais
liés à l'entretien inclut le temps, la main d'oeuvre familiale et
la main d'oeuvre rémunérée. Mais les paysans de notre zone
d'étude ne considéraient pas tous ces frais dans le calcul de
leur profit juste parce qu'ils n'avaient pas encore reçu de formation
sur la gestion des exploitations avant l'arrivé du CEF.
Cette méthode s'utilisait uniquement pour la culture du
plantain et du macabo. Vingt cinq pourcent des paysans la pratiquaient. Mais
certains considéraient plusieurs fois le coût de défrichage
et d'abattage c'est-à-dire que sur une parcelle en culture mixte de
macabo et d'arachide, le profit des arachides se calcule en soustrayant des
recettes le coût de l'abattage et du défrichage, il en est de
même pour le macabo alors que les deux cultures sont sur une même
parcelle défrichée et abattue une seule fois. Selon eux cette
méthode leur permettait de savoir à peu près ce qu'ils
gagneraient en culture pure.
Certains paysans (28 %) estimaient sans calcul leur profit
surtout de macabo, pistache et arachides. Selon eux, s'ils mettent en terre 10
sacs de semence de macabo et en récoltent 20, ils ont eu un profit de 10
sacs.
Ces méthodes, montrent que les paysans effectuent des
calculs économiques partiels, incomplets, répondant à
certains de leurs besoins tout aussi partiels. Il est donc important
d'organiser avec les paysans des séances d'animation de groupe sur les
questions économiques en rapport avec leurs cultures, leurs
activités, et leur exploitation. C'est-à-dire qu'est-ce que l'on
peut calculer pour une parcelle, une culture, une activité, une
exploitation pour en faire quoi ? Les paysans qui utilisaient la
première formule, ont affirmé que le montant de crédit
qu'ils prenaient était utilisé pour la mise en place des
parcelles cultivées. En plus le revenu disponible d'une exploitation
prend en compte toutes les activités du ménage raison pour la
quelle Wambo (2000) et Daouda (2002) ont précisé que, une
exploitation agricole est considérée comme un système
où la négligence d'une activité fausserait les
résultats de cette exploitation. L'approche globale de l'exploitation
avait été utilisée dans le cadre du CEF pour aider les
paysans à déterminer leur revenu disponible puisqu'il a pris en
compte toutes les activités génératrices de revenu des
exploitations (tableau 18).
NB : Avec la méthode proposée
par le CEF, les paysans perçoivent mieux leurs revenus disponibles. Le
revenu maximal enregistré avec l'une des méthodes des paysans est
de 720923 FCFA contre 910709 FCFA soit un écart de 189786 FCFA. Mais
alors cet écart serait d'autant meilleur si la méthode
enseignée par les animateurs tenait compte des revenus issus des sous
produits ou des produits dérivés de leurs exploitations. Puisque
pendant les enquêtes, nous avons remarqué par exemple que les
paysans ne tiennent pas compte du revenu issu de la vente des semences du
macabo et rejetons de banane plantain. (1000 FCFA/sac de macabo et 50
FCFA/rejeton de banane plantain). En plus dans les zones de Mingeumeu, Ondeck,
Mvan et Ndibidjeng, les paysans vendent parfois les noix de palmes et les
palmistes mais ne considèrent pas ces revenus dans le calcul de leur
profit alors que ceux-ci ne sont pas négligeables (500-1000 FCFA le
régime noix de palme et 1000 FCFA/ corbeille de palmiste
séché).
Après avoir déterminé ou estimé
leur profit, 45 % des paysans élaboraient un budget pour les cultures
principales (macabo, banane plantain, cacao, manioc). Lorsque le montant
prévu ne correspondait pas à ce qu'ils possédaient, 36 %
d'entre eux prenait un crédit (caisse, tontine ou particulier), 12 %
donnaient la priorité aux dépenses obligatoires et 31 % se
débrouillaient avec le montant qu'ils possédaient en
réduisant parfois les montants affectés aux dépenses non
obligatoires.
4.9.3. Les attentes des conseillers et des paysans
vis-à-vis du CEF
4.9.3.1. Attentes des conseillers
Les animateurs ont exprimé leurs attentes
vis-à-vis du CEF dans leur localité. - 100 % demandent
d'être pris en charge par l'ADEAC et/ou les paysans ; - 30 % ont besoin
d'une moto ou d'un vélo pour se déplacer dans les hameaux ;
- 85% souhaitent la formation des animateurs relais pour
réduire leurs champs d'investigation ;
- 100 % souhaitent la reprise du CEF ;
- tous demandent la mise en place d'un suivi permanent dans les
villages au moins une fois par trimestre pour un recyclage et une
évaluation
4.9.3.2. Attentes des paysans
Pour les paysans le conseil doit :
- faire un renforcement des capacités ;
- s'appuyer sur les nouvelles méthodes de lutte contre la
pourriture brune et les capsides ; - appuyer les paysans en leur octroyant des
crédits intrants et scolaire ;
- former les paysans sur l'élaboration des demandes de
crédit auprès des banques ou des IMF ; - former aussi les femmes
sur le CEF pour qu'elles soient conseillères.
Toutes ces attentes ont une influence directe sur la mise en
place d'un dispositif de conseil dans la localité. Mais, ADEAC leur
structure d'encadrement a eu une rupture de contrat avec son partenaire
financier. Les activités de conseil ont été
stoppées depuis six (Mars 2008) mois. Tous les paysans pensent que pour
une reprise de conseil, il faut que chaque zone soit réorganisée,
et que le CEF apporte un appui financier à chacun. Puisque certain n'ont
pas réalisé leurs objectifs prévus en début de
campagne parce qu'ils n'ont pas eu de crédit intrants auprès de
l'ADEAC. Cette idée d'apport d'un appui financier de la part du CEF
serait peut être due au fait que d'autres projets opérant dans la
zone à l'instar du SAILD, ont souvent eu l'habitude de donner un appui
financier aux paysans choisis pour la valorisation d'une nouvelle technique de
production ou de multiplication des semences.
4.10. Discussion
4.10.1. Le conseiller au centre de CEF
A l'issue des entretiens avec les paysans, les animateurs et
les responsables de l'ADEAC, il ressort plusieurs propositions en ce qui
concerne le rôle et profil d'un animateur-conseiller. La mise en place de
la démarche conseil dépend fortement des caractéristiques
du conseiller. A Akonolinga, l'animateur est titulaire d'un CEPE, il doit avoir
une expérience en agriculture, des connaissances sur les techniques de
production des principales cultures de la zone, être responsable et
résident au village. Ce dernier est élu par les paysans. Legile
(2006) souligne que le niveau d'éducation du conseiller et son niveau de
connaissances en agronomie ne conditionnent toujours pas la maîtrise
d'une démarche CEF. Contrairement à cette affirmation, Havard
(2002) précisait que l'influence du niveau d'éducation du
conseiller et du degré de ses connaissances en agronomie sur la
maîtrise du CEF dépendait des thèmes traités
(minimum BEPC pour le PPC et le ST, et Bac pour l'analyse
économique).
Par contre, la mise en place de la démarche CEF
à Akonolinga n'a pas pu prendre en compte tous ces aspects puisque les
animateurs d'Akonolinga ont été formés sur les modules
nécessitant pour certains le niveau BEPC et les autres le niveau BAC
alors que tous n'ont que le CEPE. Ces animateurs ont quand même retenu
certaines choses. Il est donc judicieux de penser comme Légile.
Toutefois, la mise en place de la démarche CEF doit tenir compte de ces
aspects afin de connaître le profil des animateurs à qui on a
à faire et quels sont les points à aborder.
Au nord Cameroun un animateur encadre seul 5 à 6
groupes seul ; il en est de même à Akonolinga où chaque
animateur-paysan couvre 4 à 5 hameaux ayant en moyenne 30 paysans
chacun. Face à cette situation, la formation des animateurs relais dans
chaque hameau s'avère être une nécessité.
4.10.2. Le CEF et les autres approches de
vulgarisation
Les politiques agricoles visant à augmenter la
production agricole et alimentaire, ont toujours mis en
accent sur la
diffusion des innovations techniques. L'approche « Formation et Visite
» initiée par la
Banque Mondiale a longtemps été utilisée
en Afrique comme une approche de vulgarisation de masse. Limitée par sa
démarche et ses principes caractérisés de « top down
» c'est-à-dire excluait les paysans dans le processus de
construction de l'innovation, plusieurs autres approches participatives (CEF,
Farm Field School) ont été mises sur pied par des projets et des
organismes (Tableau 19).
Tableau 19. Comparaison du Training & Visit System,
du CEF et le FFS
Caractéristiques
|
T&V
|
CEF
|
FFS
|
Formations sont essentielles
|
Agents
|
Technicien Spécialisé En cascade
|
Tous les agents
« horizontalement »
|
Agent spécialisé en lutte intégrée
|
Une fois/mois, 1 jour
|
Deux fois/an, 1 semaine
|
Deux fois/ an,
|
En salle
|
En salle et sur le terrain
|
En salle et sur le terrain
|
Paysans
|
De façon descendante des vulgarisateurs aux paysans,
puis de façon participative au niveau des groupes de contact
|
De façon participative
- Entre conseiller et groupe de Cdg,
- Entre paysans-animateurs et groupes de proximité
|
De façon participative - entre spécialiste et
paysans en séance de travail
|
Oral
|
Ecrit et oral
|
Écrit et oral
|
Thèmes retenus suite à une enquête
auprès des paysans
|
Thèmes décidés à partir d'une
réflexion commune entre agents et paysans
|
Choisi par les spécialistes en fonction du type d'attaque
dans la zone
|
Tous les 15 jours
|
Tous les 15 jours
|
Chaque mois
|
Groupe cible
|
- Paysans contacts choisis par l'agent
- Extension au sein des groupes de contact
|
- Paysans alphabétisés volontaires
- Extension à des groupes de proximité volontaires,
avec paysan-animateur
|
- paysans volontaires
- entension au sein des paysans volontaires
|
Démonstratio ns
|
Champs écoles collectifs
|
Champs participants
|
Champs participants
|
Visites
|
|
Essentielles
|
Intra-village
|
Aux champs écoles
|
Champs participants
|
Champs participants
|
Inter-village
|
Aucune
|
Avant introduction de nouveaux thèmes
|
|
Thèmes
|
- 1 à 2
- Essentiellement sur les cultures.
|
- Plusieurs, en fonction des groupes
- Gestion exploitation, cultures, élevage,
et aménagement de
l'espace
|
- lutte intégrée contre les pestes
- prévention des maladies
|
Logistique
|
Fourniture intrants
|
- Absente
- Supposée assurée spontanément par
opérateurs économiques et les banques...
|
- Limitée, mais essentielle
- Intermédiation.
- Appui à un approvisionnement
organisé localement, par groupes
de paysans.
Appui direct limité selon modalité à
fixer
|
- limité
- appui aux groupes organisés (GIC) en produits
phytosanitaires
|
Collecte production
|
Aucune
|
Intermédiation, et recherche de solution au niveau
local
|
Aucune
|
Source : Djomo (2007) et Lapbim et al., (2005)
L'approche Formation et Visite est une approche basée
sur la diffusion des thèmes techniques conçus pour les paysans.
Par contre le CEF est basé sur la co-construction des outils entre les
conseillers, les animateurs et les paysans. Les thèmes sont choisis
à la demande des paysans et en fonction des difficultés qu'ils
éprouvent. Contrairement à la Formation et Visite, le FFS et le
CEF sont coûteux pour une véritable mise en oeuvre.
Particulièrement, le CEF, nécessite un bon niveau
d'éducation pour être maîtrisé. C'est peut être
pour cette raison que certain paysan du Nord Cameroun considéraient que
le CEF est fait pour les paysans riches et scolarisés (Djamen et
al., 2004).
La démarche CEF mise en oeuvre à Akonolinga est
complémentaire des autres approches de vulgarisation mise en oeuvre par
d'autres projets.
4.10.3. Intérêt du CEF pour l'ADEAC
En insérant le CEF au sein de ses programmes, ADEAC
visait deux objectifs à savoir mieux estimer les besoins en intrants et
avoir une meilleure connaissance du fonctionnement et des performances des
Exploitations Familiales Agricoles (EFA) de sa zone d'intervention. Mais
l'étude a montrée que ses objectifs ont partiellement
été atteints. Pour une meilleure appropriation de la
démarche, il faudra un accompagnement de l'ADEAC et de ses
animateurs.
Le profil des animateurs de l'ADEAC reste encore faible par
rapport aux animateurs des zones cotonnières du Nord cameroun.
Cependant, ces animateurs sont aptes à faire le conseil sur le suivi
technique et économique des parcelles mais en ce qui concerne l'analyse
économique, ils ont besoin d'un niveau d'éducation plus
élevé. Donc pour une mise en oeuvre de la démarche,
l'ADEAC a besoin des animateurs ayant un niveau scolaire élevé
(au moins le BEPC comme ceux du PRASAC ou de la SODECOTON).
La rémunération des animateurs est un facteur
qui a favorisé la non application du CEF dans certaines zones de
l'ADEAC, il se pose donc une question de prise en charge des animateurs. Qui
s'occupera d'eux ? Est-ce les paysans ? Est-ce l'ADEAC ?ou alors les deux ?
Pour répondre à ces questions il serait plus
aisé d'estimer le gain annuel d'un conseiller ayant au moins le niveau
du BEPC
Le coût annuel du conseil peut se décomposer en
coût direct (le conseiller et son déplacement) et en coût
indirect (les moyens mobilisés pour exécuter son travail). A ce
stade ne sont pas pris en compte les autres coûts que sont la formation
du conseiller et autre appui. En supposant que le conseiller a un salaire de
50000 FCFA/mois et possède une moto pour son déplacement d'un
hameau à l'autre. A partir de ces hypothèses on peut estimer le
coût annuel du conseil.
Coût direct :
Salaire du conseiller/an : 600.000 FCFA
Amortissement de sa moto 300.000 FCFA
Carburant et entretien de sa moto 400.000 FCFA
Sous-total 1.300.000 FCFA
Coût indirect
Carnets et documents divers 200.000 FCFA
Organisation des échanges et atelier 300.000 FCFA
Sous-total 500.000 FCFA
TOTAL 1.800.000 FCFA
D'après les résultats de l'enquête à
Akonolinga, chaque animateur encadre en moyenne 35 paysans. Sur cette base,
essayons de calculer le montant à payer par chaque paysan.
Coût par paysans en conseil (35 paysans membres) : 51.500
FCFA/an soit environ 4.300 FCFA/mois.
Vu le montant du revenu disponible (910.709 FCFA en moyenne)
des paysans et sa répartition entre les dépenses du
ménage, on remarque que les dépenses pour imprévus
s'élèvent à 32.300 FCFA et que leur épargne moyenne
annuelle est de 7.835 FCFA. Suite à la répartition de ce revenu
entre les dépenses du ménage, les paysans d'Akonolinga ne seront
pas prêts à payer 51.500 FCFA /an pour le
CEF. Par contre si le nombre de paysan encadré par
l'animateur augmente à 80 par exemple comme estimer au Nord-Cameroun,
chacun aura à payer environ 22.500FCFA/an. Cette somme peut être
prise en compte par les paysans d'Akonolinga car elle est inférieure
à la somme affectée aux imprévus.
Après ces deux années d'expérimentation
du CEF, ADEAC n'est pas encore en mesure de prendre en charge le suivi des
paysans et des animateurs ; raison pour laquelle elle a besoin d'un appui
technique et financier.
4.10.4. Mise en évidence des critères
d'estimation des effets du CEF
Il n'est pas évident de percevoir les effets du CEF
après deux années d'expérimentation seulement et surtout
que les formations ont été brèves. Cependant quelques
effets directs peuvent être perceptibles à court terme :
- le changement des habitudes culturales qui n'est pas toujours
estimé en terme de quantité ;
- la prise de décision n'est possible que dans une
situation où il y a plusieurs alternatives. Ceci
permet au paysan de bien réfléchir, analyser
chaque alternative, ressortir les principaux avantages et inconvénients
afin de prendre une décision. La prise de décision est fortement
influencée par les moyens (contraintes et opportunités) dont
dispose le paysan ;
- il est difficile d'estimer les effets isolés du CEF sur
les exploitations puisque les performances
d'une exploitation sont la résultante de plusieurs
actions combinées. Dans la zone d'étude par exemple, avant
l'arrivée du CEF, les paysans avaient suivi des formations avec d'autres
structures à l'instar de la SODECAO, l'ICRAF, le CIFOR, le MINADER pour
ne citer que celles-ci ;
- les perceptions des effets du CEF peuvent être
quantifiées (performances technico-économiques) mais après
deux années de mise en oeuvre, ces perceptions sont plus qualitatives et
concernent les changements de pratiques.
Ces mêmes critères avaient déjà
été mis en évidence par Daouda (2002) sous le terme grille
d'analyse des effets du conseil de gestion. Cette grille cherche à
mettre en évidence les changements observés dans le processus de
prise de décision du paysan qui est déterminant sur les
performances de l'exploitation en terme de production et de revenu. Dans le cas
précis de l'évaluation du CEF à Akonolinga, la
méthode proposée par Rebuffel en 1996 semble être
appropriée pour une caractérisation des effets du CEF puisqu'elle
tient aussi compte des résultats et des pratiques des exploitations qui
ne sont pas en conseil. Cette méthode propose que, pour faire une
évaluation des effets du CEF, il faut suivre un groupe de paysan en CEF
et un autre qui n'est pas en CEF au moins sur trois années.
4.10.5. Le CEF et la croissance pro pauvre
L'éradication de la pauvreté est au centre de
plusieurs politiques de développement du secteur rural. La
pauvreté est beaucoup plus vue sous son angle économique telle
que la pauvreté monétaire (faible consommation), pauvreté
des conditions de vie (insécurité alimentaire, difficultés
d'accès à l'éducation et aux soins de santé). La
pauvreté économique caractérisée par un faible
capital, une faible épargne, un faible investissement, et un faible
revenu, constitue ce que Nuske a appelé cercle vicieux de la
pauvreté.
La construction d'une bonne base de décision
(décision de production) peut aboutir à un bon résultat
(amélioration de la production et du revenu). Or Balep (2005) a
montré que l'amélioration de la production entraîne une
amélioration du revenu qui à son tour améliore
l'épargne et enfin augmente le niveau d'investissement. Miste (2008)
montre que le CEF a un impact positif sur la croissance pro pauvre. Les
résultats de ces deux auteurs ont permis de mettre en évidence
l'action du CEF sur la réduction de la pauvreté en milieu rural
(figure 13).
Amélioration de la production agricole
Augmentation
du revenu
Satisfaction besoins de base (santé,
éducation, nutrition)
Prise de décision Changements de pratiques Suivi des
cultures
Choix des spéculations Investissements
Prise de conscience Raisonnement Acquisitions
des connaissances
Sécurité
alimentaire
Epargne (sensibilisation à l'épargne)
Stabilité du
ménage
Formation ADEAC en CEF (stimule la
réflexion)
Moyens : contraintes et opportunités
Exploitation
Figure 13. Action du CEF sur la réduction de la
pauvreté. Source : Adapté de Misté (2008 : 45)
Chaque exploitation a des objectifs à atteindre
même s'ils ne sont pas parfois matérialisés. Le CEF stimule
la réflexion chez les paysans, ce qui amène ces derniers non
seulement à prendre conscience mais aussi à enrichir leurs
connaissances. L'étude montre que, à Akonolinga, l'application du
CEF a eu une influence positive sur la façon de penser de certains
paysans. Près de 74% des paysans ont suivi les formations sur le CEF
parmi lesquels 94% ont mis en application les connaissances acquises. Ceci nous
amène à constater que ces paysans ont pris conscience et ont
apporté un changement dans leurs pratiques agricoles. Au terme de
l'enquête, il ressortait que chaque paysan avait perçu un
changement dans son exploitation notamment l'augmentation du rendement et du
revenu. Ces paysans ont affirmé qu'ils répartissent mieux leur
revenu entre les dépenses du ménage. D'après les
responsables des caisses de l'ADEAC, les paysans se familiarisent
progressivement à l'épargne car selon eux, l'épargne
moyenne annuelle est estimée aujourd'hui à 6000 FCFA contre 5000
FCFA en 2005-2006.
Ces données laisseraient penser que le CEF à une
action positive sur la réduction de la pauvreté à
Akonolinga. Mais comme l'a souligné Havard (2002), l'impact du CEF sur
les exploitations n'est perçu qu'à moyen et long terme. En plus
Misté (2008) précise que l'action du CEF sur la croissance
propauvre ne peut être estimé qu'à long terme. . Donc dans
le cas spécifique d'Akonolinga où le CEF n'est que à deux
années d'expérimentation, et vu les difficultés que chaque
acteur a pour s'approprier la démarche, il n'est pas possible de mettre
en évidence un impact positif du CEF sur la croissance pro-pauvre. Seuls
des études plus approfondies s'étalant sur des années
d'application effective du CEF pourront tirer des conclusions à ce
sujet.
Chapitre 5. Conclusion et recommandations
5.1. Conclusion
Les activités de conseil sont bien
insérées dans les différents programmes de l'ADEAC, et se
sont avérées complémentaires des activités
existantes. L'organisation sociale et le travail de groupe constituaient une
activité supplémentaire dans le programme renforcement des
capacités, le module concernant le suivi technique était
intégré dans le programme agricole enfin l'estimation des besoins
en intrants et l'analyse économique (élaboration bilan, budget,
compte d'exploitation) ont fait partie du programme micro finance.
Les fiches de suivi économique proposées par le
projet Duras, modifiées et adaptées, par l'ADAEAC et ses
animateurs, ont été jugées trop complexes par les paysans.
Au terme des formations, les enquêtes montrent que les animateurs (80 %
contre 20 %) ont à leur tour formé les paysans sur l'un des trois
modules, soit en groupe, soit individuellement pour ceux qui sollicitaient
l'animateur. Parmi les paysans ayant suivi la formation, plus de 62 % ont
été présents à plus de cinq séances. 90 %
contre 10 % des ces paysans ont mis en pratique les connaissances acquises,
parmi lesquels 87 % contre 13 % ont eu recourt aux animateurs en cas de
difficultés. Ceci montre donc qu'il existe une relation de
proximité et même de solidarité entre les animateurs et les
paysans. La perception du conseil à Akonolinga varie selon les attentes
et les objectifs des acteurs (paysans, animateurs et responsables ADEAC).
Chacun adopte le CEF parce qu'il estime que le CEF va contribuer à la
réalisation de ses objectifs ou à la résolution de ses
problèmes. Les résultats montrent que des effets du CEF sont
déjà perceptibles sur le changement de pratiques des paysans.
Ainsi 90 % affirment avoir adopté un nouveau comportement dans leurs
exploitations (pratique de la culture pure, respect des écartements,
élaboration du bilan et du budget, achat d'un registre, l'organisation
du travail etc.).
Soixante quinze pourcent des paysans parlent du CEF avec leurs
familles ou leurs voisins lors des discussions dans les clubs de boisson (vin
blanc et vin fort) et lors des visites de courtoisie chez ceuxci. Quatre vingt
dix sept pourcent affirment connaître au moins un paysan qui a
changé ses pratiques (adoption de la culture pure, estimation des
besoins en intrants). Tous ces acteurs souhaitent la reprise du conseil qui
doit aborder les méthodes de lutte contre les capsides et la pourriture
brune, apporter un appui financier (crédit intrant), former les femmes
conseillers. La caractérisation des exploitations montre que la zone
d'Akonolinga est propice pour une mise en place d'un dispositif CEF. Les effets
directs du CEF laissent croire que c'est un allié favorable pour le
développement pro pauvre. Mais une étude plus approfondie doit
être menée pour déterminer les effets isolés du CEF
sur la vie des paysans et leurs performances agricoles.
5.2. Recommandations
Dans l'optique de vulgariser la démarche CEF et
s'assurer de sa mise en place effective des recommandations ont
été faites au gouvernement, au projet Duras, à l'ADEAC,
aux animateurs paysans, aux paysans et aux chercheurs.
Au gouvernement, il est suggéré ce qui suit :
- L'ACEFA est déjà une initiative de vulgarisation
de la démarche conseil, mais afin de s'assurer de
l'effectivité de cette approche, les responsables du
MINADER et MINEPIA doivent former les conseillers et créer des cellules
CEF dans leurs services, considérer le CEF comme un diagnostic
préalable aux stratégies de développement du secteur
agricole et de l'augmentation de la productivité nationale. L'Etat doit
créer au sein des écoles de formation d'agricultures des
spécialités sur le conseil en vue d'avoir des cadres nantis de
bonnes connaissances sur le CEF.
Au projet Duras, il est recommandé de :
- recycler les animateurs paysans à Akonolinga en
sélectionnant parmi les paysans, d'autres ayant au moins le niveau du
BEPC ;
- développer un système de
rémunération des animateurs (ils seront ainsi plus motivés
à suivre les formations et à faire leur travail s'ils y trouvent
un intérêt) ; ceci permettra d'éviter d'avoir les zones
sans conseil (cas de Ndéllé) ;
- faire un suivi permanent des activités au moins une fois
par trimestre sur trois ans afin de s'assurer de l'appropriation de la
démarche tant par les paysans que par les animateurs ;
- réviser les fiches proposées en les adaptant au
niveau d'éducation des conseillers et des paysans et adapter ces fiches
aux pratiques culturales de la zone ;
- s'appuyer si possible sur les connaissances locales en
matière de gestion des exploitations pour développer une nouvelle
méthodologie ou de nouveaux outils ;
- rechercher des financements accessibles aux paysans ou
développer un système de micro finance dans la zone qui pourra
octroyer les crédits intrants et scolaires aux paysans.
A l'ADEAC, il est suggéré de :
- réorganiser chaque zone et renouveler les bureaux ;
- faire un suivi permanent dans les zones et exiger un rapport
d'activités mensuelles à chaque bureau et en particulier aux
animateurs paysans ;
- mettre en oeuvre le système de
rémunération des animateurs tel que prévu dans les statuts
des zones ;
- Développer au niveau de la centrale des activités
génératrices de revenu qui pourront servir de support financier
pour le suivi des activités de conseil.
- Aux animateurs, il est recommandé :
- de ne pas chercher à enseigner à tout prix aux
paysans ce qu'ils ont fait lors des formations, mais d'enseigner uniquement ce
qu'ils maîtrisent parfaitement ;
- de choisir dans leur zone un paysan volontaire pour jouer le
rôle d'animateur-relais.
Aux paysans, il est recommandé :
- d'être réceptifs et ouverts envers les
responsables et les animateurs car toute action de développement local
est conçue pour eux et de ce fait ne peut contribuer qu'à
l'amélioration de leur condition de vie ;
- de ne mettre en oeuvre que ce qu'ils ont bien compris sans
toutefois chercher à faire automatiquement comme leurs voisins ;
- de ne pas sous-estimer les animateurs sous le prétexte
qu'ils sont plus éduqués que ces derniers, et de suivre les
formations sans aucun complexe
Aux chercheurs, il est suggéré :
- d'étendre leurs recherches sur les effets isolés
du CEF au sein des exploitations familiales agricoles afin de mieux percevoir
ses performances.
- d'approfondir des études sur la gestion des
récoltes (auto-consommation et vente) par les paysans d'Akonolinga.
Bibliographie
Abakachi., 2001. L'insécurité
alimentaire des familles de la zone cotonnière de l'Extrême-Nord
du Cameroun, thèse du Diplôme d'Etude Approfondies (DEA), Institut
National Agronomique de ParisGrignon, chaire d'agriculture comparée et
développement agricole, 142P.
ADEAC., 2005. Rapport d'activités,
Akonolinga, 40P.
ADEAC., 2006. Rapport d'activités ADEAC
2006, Akonolinga, 23P. ADEAC., 2007. Rapport annuel 2007,
Akonolinga, 38P.
Ava N.A., Tchouamo I.R. and Kamga A., 2006.
Construction des innovations agricoles et dynamique des changements en
mileu rural camerounais : cas de Bokito et de Foréké-Dschang in
Bella Manga, Kamga André, Omokolo D, Havard M.(eds),
actes atelier de présentation des opérations de recherches
participatives 21-23 février 2006, Yaoundé-Cameroun :
133-141.
Balep Balep M., 2005. Impact
socio-économique d'un établissement de microfinace : cas des
mutuelles communautaires de croissance (MC2) de Zamengoué,
mémoire de fin d'étude, FASA, UDs, 72P.
Balkissou M. et Havard M., 2000. La gestion
des ressources alimentaires et monétaires dans les exploitations
agricoles au Nord-Cameroun : cas des terroirs de Fignolé et Mowo,
rapport de systèse, PRASAC/IRAD.
Banque Mondiale., 1993. A stratégy to
develop agriculture in sub-saharian, Africa and focus for the World Bank,
Africa Region Technical department, agriculture and rural development series
N°2, Washington D.C, USA, World Bank, 133P.
Bentz B., 2002. Appuyer les innovations
paysannes : dialogue avec les producteurs et expérimentation en milieu
paysan.
Bidzanga N.et Ava N., 2006.
Caractérisation géographique et socio-économique
des sites d'intervention du projet Duras au Cameroun. Synthèse
bibliographique.
Boissier M., 2007. Mobiliser et animer des
collectifs d'agriculteurs, in Agronomes et Innovation, 194 : 146-157.
Briffaud M., Paneau B. et Devienne D., 2004.
Comment développer une démarche de gestion de
l'exploitation familiale ? Etat de réflexion actuelle et proposition
à débattre, Afdi, Paris, 17P.
Capillon A. et Sebillotte M., 1980. Etude des
systèmes de production des exploitations agricoles : une typologie in
séminaire inter-caraïbes sur les systèmes de productions,
Pointe-à-Pitre : PP 85-111.
Chombart de Lauwe J., Poitevin J. et Tirel J.C., 1969.
La nouvelle gestion des exploitations agricoles. Paris : DUNOD, 2 :
507 P.
Daouda O., 2002. Caractérisation des
exploitations agricoles en conseil de gestion de la zone cotonnière du
Cameroun et mise sur pied d'une grille d'analyse, mémoire de fin
d'étude, FASA, UDs, 78P.
Daouda O., 2003. Compte rendu de l'atelier
d'échanges entre les animateurs de l'IRAD et les conseillers payssans de
l'APROSTOC en vue de la mise en oeuvre du conseil aux exploitations familiales
dans l'APROSTOC, DPGT/IRAD/PRASAC, Garoua, 15P.
Daouda O. et Havard M., 2003. Compte rendu de
l'atelier de réflexion sur la mise en oeuvre du conseil individuel au
Nord-Cameroun, IRAD/DPGT/PRASAC, Garoua, 20P.
Devienne S. et Wybrecht ., 2002. Analyser le
fonctionnement d'une exploitation, in mémento de l'agronome (version
multimédia), CIRAD/GRET/MAE, Montpellier, France
Dipoko K., 2001. Amélioration de la
pertinence et de la contribution des statistiques de l'alimentation et de
l'agriculture aux programmes et stratégies de sécurité
alimentaire et de réduction de la pauvreté (république du
Cameroun) : atelier conjoint sur le renforcement des
systèmes nationaux de statistiques alimentaires et agricoles en Afrique,
en appui aux politiques et programmes de sécurité alimentaire et
de réduction de la pauvreté, Prétoria, Afrique du sud
(22-26 Novembre).
Djamen N.P., Djonnéwa A., Havard M. et Legile A.,
2002. Le conseil aux exploitations agricoles familiales, fiche
technique N°2, IRAD/PRASAC/DPGT, Garoua.
Djamen N.P., Djonnéwa A., Havard M. et Legile A.,
2003a. Du diagnostic au conseil : démarche
méthodologique pour accompagner les agriculteurs du Nord-Cameroun, IRAD,
Garoua, 30P.
Djamen P., Djonnéwa A., Havard M. et Legile A.,
2003b. Former et conseiller les agriculteurs du Nord-Cameroun pour
renforcer leurs capacités de prise de décision, in cahier
d'agriculture, IRAD/PRASAC, Garoua, 12:241-245.
Djomo S., 2007. Diagnostic de la
démarche conseil à l'exploitation agricole dans les groupements
de producteurs autonomes de coton dans l'extrême-Nord du Cameroun,
mémoire de find'étude, FASA, UDs, 58P.
Djonkang K. et Gafsi M., 2002.
Caractérisation des exploitations agricoles zones soudanienne
du Tchad : contribution pour la recherche-action développement, acte du
colloque, 24-31 mai 2008, Garoua-Cameroun.
Djonnéwa A., Havard M.et Legile A., 2001.
Le conseil de gestion au Nord-cameroun, actes de l'atelier de Bohicon,
Benin, CIRAD/IRAM/Inter-réseaux.
Djoukam A. N., 2003. Etude du conseil
adapté à la gestion des exploitations familiales dans les
filières cotonnières d'Afrique francophone : cas du Cameroun,
Mémoire de maîtrise en économie de gestion, Faculté
des sciences sociales et de gestion, Université catholique d'Afrique
centrale, Yaoundé, 76P.
Dorward P., Shepherd D. et Galpin M., 2007.
Participatory farm management methods for analysing decision making
and communication, FAO, Rome 47P.
Drissa S., (2001), Un centre
spécialisé dans le conseil aux exploitations gérer par les
paysans de la Côte d'Ivoire, atelier de Bohicon, tenu en novembre
2001.
Dubois J. et Amin A., 2000. L'évolution
de la pauvreté au Cameroun : où sommes-nous ? CEPD/IFORD,
Paris.
Dufumier M., 1996. Les projets de
développement agricoles, manuel d'expertise, Paris-France, 354P.
Dugué P. et Faure G., 2001. Le conseil
aux exploitations familiales, actes de l'atelier du 19-23 novembre, Bohicon,
Benin, CIRAD/IRAM/Inter-réseaux.
Duras., 2006. Duras project-news. Duras
project office, cellule de projet agropolis, Avenue agropolis F-34394
Montpellier, CEDEX 5, en ligne sur
http://www.duras-project.net/index.php?=8$lang=eng
,
duras@agropolis.fr .
Encarta., 2007. Collection, Microsoft ®,
1994-2006.
FAO., 1993. Recherche sur la gestion des
exploitations agricoles pour le Développement du petit paysannat,
Bulletin des services agricoles de la FAO, Rome.
FAO., 2000. La situation mondiale de
l'alimentation et de l'agriculture, enseignement des 50 dernières
années.
FAO., 2005. Annuaire statistique de la
production agricole, Rome Italie
Faure G., Dugué P. et Beauval V., 2004.
Conseil à l'exploitation familiale : expérience en
Afrique de l'ouest et du centre, édition ministère des affaires
étrangères, CIRAD, Montpellier, France, 128P.
Fouda Moulendé T., 1998. Finances et
Crédit agricoles, cours de correspondance N° DE 106 AE,
Enseignement à Distance Université de Dschang, Cameroun, 136P.
Fouda Moulendé T., 2002. La micro
finance et la lutte contre la pauvreté : cas des caisses villageoises de
crédit et d'épargne autogérés du programme
crédit rural décentralisé, Deuxièmes
journées camerounaises de la micro finance. Université Catholique
d'Afrique Centrale-GRIAGES 26 pages.
Freeman C., 1979. The determinant of innovation
in future, june 1979, N°4: 206-245
Girardin P., 2007. Evaluation de l'impact
environnemental des pratiques agricoles, INRA/INP, Nancy-Calmar (Diaporama
IDEA).
Goud B., 1997. Projet d'action thématique
programmé sur le conseil de gestion, document de travail interne,
Montpellier, France, CIRAD, 6P.
Guiswé J.P., 2005. Etude
socio-économique des revenues des ménages et leur gestion dans le
départment du Mayo-Kani( province de l'extrême-nord), Cameroun,
mémoire de fin d'étude, FASA, université de Dschang,
70P.
Hakim. B. et H., 2002. La
sécurité alimentaire et l'intégration
sous-régionale, Indicateurs démographiques, agricoles et
environnementaux en Afrique centrale, Afrique centrale en chiffre, CDSR-AC ;
A2C ; N°03/2002, Commission Economique pour l'Afrique (CEA), Nation
Unies.8P, en ligne sur
www.fao.org/FAOSTAT/foodsecurity/Countries/FR/Cameroonf.pdf,
consulté le 22-07-2008.
Halley D., Akplogang G., Coulibaly Y. et Liagre L.,
2006. Etude de définition d'indicateurs de résultats et
de mesure d'impact du conseil à l'exploitation familiale et du conseil
de gestion aux OP, rapport provisoire, 72P.
Havard M., 2002. Compte rendu de l'atelier
« conseil de gestion au Nord-Cameroun » : les actions techniques et
la gestion économique, maison des jeunes Garoua, IRAD/DPGT/PRASAC,
15P.
Havard M., Coulibaly Y. et Dugué P., 2006.
Etude de capitalisation sur les expériences du conseil agricole
au Mali, montpellier, France, CIRAD, 99P.
Havard M. et Djonnéwa A., 2001. Conseil
de gestion aux exploitations agricoles : programme de l'année 2,
IRAD-Garoua, Cameroun, 42P.
Havard M., Djonnéwa A., Mbetid-Bersane E.,
Leary J., Djondang K., Vandou. et Tarla F., 2001. Le conseil de
gestion en régions chaudes: méthodes, outils,
références bibliographique et enjeux pour le développement
dans la zone PRASAC, IRAD/ICRA/ITRAD/CEDC, Garoua, Nancy, France, 24P.
Havard M., Dugué P. et Coulibaly Y., 2007.
Aider les paysans à mieux gérer leur exploitation : mali
in travaux et innovation, la revue des agents de développement agricole
et rural, Europe-international, 138 : 46-50.
Jouve P., Mercoiret M., 1992. Le diagnostic du
milieu rural de la région à la parcelle : approche
systémique des modes d'exploitation agricoles. Paris Khartla.
Inter-réseaux., 2007. Un pôle CEF :
pourquoi faire ? en ligne sur
http://www.interreseaux.org/rubrique.php3?drubrique=143,
consulté le 25-06-2008 .
Kamajou F., 1985. L'insuffisance du capital
comme frein à la modernisation de l'agriculture traditionnelle : une
analyse théorique, leçon inaugurale, CUDs, Cameroun.
Kamajou F., 1992. Une analyse des principes
et des programmes de l'ajustement structurel en Afrique, in food and
agricultural policies under structural adjustment, seminar of the European
Association of Agricultural Economist, 29 :51-73, World Bank, USA.
Khan M., 2000. La pauvreté rurale dans
les pays en développement, in finance et développement 1 :
26-29.
Kleene P., 1995. Le conseil de gestion comme
méthode de vulgarisation agricole : aperçu général
et application dans l'Ouest du Burkina Faso. In : Conseil de gestion aux
exploitations agricoles dans la zone cotonnière de l'Ouest du Burkina
Faso : rapport de synthèse recherche-développement.
Montpellier, France : CIRAD, p. 1-24.
Lahjaa A., 1993. Evaluation de l'impact des
programmes de vulgarisation, in cahier option méditerranéen,
séminaire sur la vulgarisation 2,1 :89-92, CIHEAM
Lapbim J.N., 2005. Socio-economic evaluation of
Farmer Field School training on cocoa Integrated Pest management (IPM), memoir
of the award of «ingénieur agronome», FASA, UDs, 67P.
Lapbim J.N., Tchouamo I.R., Wandji D. et Gockowski J.,
(2006), Factors that influence the adoption of cocoa Integrated Pest
Management by Farmer Field School graduates in Cameroon, Journal of Extension
Systems 23P
Lavigne-Delville et Wybrecht., 2002. Les
diagnostics, outils pour le développement, in mémento de
l'agronome (version multimédia), CIRAD/GRET/MAE, Montpéllier,
France
Leagans J.P., 1961. Some principles and concepts
of extension program building, Minea: Ithaca, cornell University, 20P.
Legile A., 2002. GP cotonniers du
Nord-Cameroun : favoriser la responsabilisation collective, in Jamin J., Seimy
B., édition savanes africaines, des espaces en mutations, des
acteurs face à de nouveaux défis, actes du colloque de mai
2002, Garoua-Cameroun, 15P.
Legile A., 2006. Formation en conseil aux
exploitations familiales : élément de synthèse et
commentaires suite aux échanges enregistré sur le pôle CEF,
synthèse de la formation, Afdi, Interréseaux développement
rural, 3P.
Legile A., 1999. De l'analyse des pratiques
de gestion à la proposition des outils d'aide à la
décision : études sur les exploitations agricoles au
Nord-Cameroun, mémoire d'ingénieur agronomie, ENESAD de Dijon,
France, 58P.
Legile A., Havard M., Djamen P. et Daouda O., 2004.
De l'encadrement au conseil à l'exploitation : (r)
évolution des pratiques d'appui aux agriculteurs du Nord-Cameroun.
3ème Edition des journées de serre du 6-7 septembre,
« Agronomes et innovations », Padel, 13P
Legile A., Havard M., Faikréo J. et Tankoua S.,
2003. Premier bilan du conseil aux exploitations agricoles familiales
dans la région de guider, convention de service N° 4/PH2/DPGT-IRAD,
38P.
Le Moigne., 1977. La théorie du
système général : la théorie de la
modélisation, PUF, Paris, 258 P.
Mana B., 2007. Analyse comparative des
expériences d'appui aux exploitations familiales agricoles du
Nord-cameroun, mémoire de fin d'étude, FASA, UDs, 68P.
Manepi. M.P, 2004. Perception des changements et
impacts potentiels liés au bitumage de la route
Ngaoundéré-Touboro par les populations riveraines, mémoire
de fin d'étude, FASA, UDs, 71P.
Marshall E., Bonneviale J.R. et Francfort I., 1994.
Fonctionnement et diagnostic global de l'exploitation agricole : une
méthode interdisciplinaire pour la formation et le développement
ENSAD, Dijon- France, 168 P.
Mendjieu. K.O., 2007. The structure,
organisation and management of farm family at Akonolinga in the Centre province
of Cameroon: A case study of Mvan-Mvognyengue and Ndibidjeng, memoir of award
«Ingénieur Agronome», FASA, UDS/ DURAS/IRAD/CIRAD/SAILD/ADEAC,
70P.
Mercoiret M.R., 1994. L'appui aux producteurs
ruraux, guide à l'usage des agents de développement et des
responsables de groupement, Paris, Khartala, 464P.
MINADER et MINEPIA., 2007.
Amélioration de la compétitivité des exploitations
familiales agropastorales, version finale du document de présentation du
programme, République du Cameroun, 102 P.
MINATD., 2007. Les villes du Cameroun,
en ligne sur
www.wikipedia.org/wiki/nyong-et-mfoumou
consulté le 18-08-2008 à 10 :14.
Misté. M., 2008. Définition des
indicateurs et mesure d'impact du Conseil aux Exploitations familiales au
Nord-Cameroun, mémoire de fin d'étude, FASA,
UDS/CIRAD/IRAD/PRASAC, 88P.
Mohamed G., Dugué P., Jamin P. et Brossier J.,
2007. Exploitation familiale agricole en Afrique de l'ouest et du
centre, édtion Quae, CIRAD, Montpellier, France.
Ondoa Manga. T., 2006. Analyse des politiques
agricoles mises en oeuvre au Cameroun depuis 1960, Document de synthèse,
MINADER, 70P.
Petit M., 1975. Vos bonnes raisons de
décider, les connaissez-vous ? Entreprises agricoles, mai 1975, 5 P.
Rebuffel P., 1996. Vers un renouvellement des
méthodes de conseil aux exploitations agricoles dans l'Ouest du Burkina
Faso. Apports de la connaissance du fonctionnement des exploitations agricoles,
mastère d'Ingénieur en Agronomie, Paris INA-PG, 46P.
Roger C, 1999. A primer in diffusion of
innovations theory, Department of Computer Science, Australian National
University, en ligne sur
http://www.anu.edu.au/people/Roger.Clarke/SOS/InnDiff.html,
consulté le 24-07-2008.
Rogers E.M., 1983. Diffusion of innovation,
3rd edition, free press, New York, 453P. Rosnay., 1975.
Le macroscope. Edition du seuil. Collection points (80). Paris. 249
P.
Santoir C., et BOPDA A., 1995. Atlas
régional Sud- Cameroun Rép. Du Cameroun- MINREST-INC- ORSTOM.
Paris, France. 53P.
Soua M.N., 2001. Pertes de manioc dues aux
Stitococus vayssierci et à la pourriture des tubercules : perception,
stratégies paysannes de lutte et impact économique dans le
département de la Mvilla, mémoire de fin d'étude, FASA,
UDs, 100P.
Tchassa E., 2008. Aide alimentaire au Cameroun :
Notre politique agricole en question, ECOVOX, en ligne sur
http://www.wagne.net/,
consulté le 21-07-2008.
Tchatchoua D.R., 2007. Réseaux de
création et de diffusion des connaissances et des innovations agricoles
à Mvan-Nvognyengue (arrondissement d'Akonolinga, centre -Cameroun),
mémoire de fin d'étude, FASA, UDs, 100P.
Tchatchoua.D.R., Tefang.T.A.F., Bayiha., Bidzanga.M.
et Havard.M., 2008. Innovation et savoirs paysans dans les pratiques
de gestion des écosystèmes forestièrs humides d'Afrique de
l'Ouest et du Centre : Diversification des systèmes et exploitation
associant cultures pérennes et vivriers, rapport de synthèse
Cameroun (version provisoire), DURAS-Cameroun, 60P.
Tchouamo I.R., Lapbim J.N., Wandji D. et Gockowski J.,
2006. Socio-economic impact of cocoa integrated crop and pest
management and diffusion knowledge through farmer field school (FFS) approach
in Cameroon, Journal of Extension Systems, 22(2):1-13.
Tchouamo I.R. et Steele R., 1997. Educational
impacts of the training an visit extension system on small farmer in west
province, Journal of International Agricultural and Extension
Educational, 4, 1:33- 39.
Terry G.R., Franklin S.G., 1985. Les principes
du management, série politique générale, finance et
marketing, Economica, Paris, 696P.
Tournier J., 1989. Les bases économiques
et humaines de l'activité agricole, Paris, 256P
Treillon R., 1992. L'innovation technologique
des paysans du Sud: cas de l'agroalimentation, Khartala, Paris.
Vall E., Djamen P.et Havard M., 2001.
Expérimentation d'une méthode de conseil individuel
à l'équipement de traction animale. IRAD/PRASAC/CIRAD/PGT,
Garoua, 5P
Vennetier P., 2000 Altas de l'Afrique,
édition du Jaguar, Paris, 207P.
Vernon M.D., 1971. The psychology of perception,
2nd edition, Fenguin bools.
Violas D. et Gouton P., 2001. Le conseil
à l'exploitation familiale, facteur principal d'émancipation de
l'agriculteur béninois, actes de l'atelier de Bohicon, Bénin,
CIRAD/IRAM/Inter-réseaux.
Violas D. et Zinsé A.P., 2003. Le
rôle du secteur privé dans les activités de conseil
appuyés par le Padse du Bénin, rapport d'évaluation,
25P.
Wambo Y.A., 2000. Analyse du fonctionnement
des exploitations agricoles en zones cotonnière du Nord-Cameroun :
contribution à la mise en place d'opération de conseil de gestion
à Gadas, mémoire de fin d'étude, FASA, UDs, 93P.
Wey J., Havard M., Djonnéwa A., Faikréo
J.et Tankoua S., 2007. Module pédagogique de sensibilisation du
conseil agricole: le conseil à l'exploitation agricole en zone
cotonnière d'Afrique central, CIRAD/IRAD-Garoua/PRASAC, 143P.
Will R., 1980. Putting excellence into
management business, in business week, 21 July, 196P.
Annexes
1. Guide d'entretien adressé aux cadres de
l'ADEAC
1. informations relatives au type d'association (nom, type
d'organisation, localisation)
2. Genèse et évolution et organisation de
l'ADEAC
3. Description du fonctionnement global de l'ADEAC (son
personnel, paysans ou groupements de paysans, conditions d'intégration,
ses zones d'intervention, ses partenaires, ses activités principales,
ses résultats, sources et mode de financement)
4. Quelles sont les perspectives de l'ADEAC ?
5. Comment s'insère le conseil dans les activités
de l'ADEAC ? Quelle est la place du conseil au sein de l'ADEAC ?
6. Pourquoi l'ADEAC a-t-il souhaité développer le
conseil ?
7. Avez-vous modifié la démarche du CEF ? si oui
pourquoi ?
8. Description du profil des conseillers (conditions à
remplir, ses fonctions, ses responsabilités, sa
rémunération)
9. Quels sont les changements apportés par le CEF dans la
structure après ces deux années d'intégration ?
10. Vu ses changements, que pensez-vous du CEF ?
(efficacité, impact sur le développement rural) Merci de votre
aimable collaboration
2-Guide d'entretien adressé aux
conseillers/animateurs
A- Informations générales
Noms et prénoms
Zone d'intervention ou village :
Age ou année de naissance
Sexe : 1- masculin 2- féminin
Situation matrimoniale : 1- marié(é) 2-
célibataire 3- divorcé(e) 4- veuf
Origine ethnique
Niveau d'éducation : 1- pas d'école 2- CEP 3- BEPC
4- BAC 5- Supérieur
Métier exercé ou formation : 1- fonctionnaire 2-
agriculteur 3-éleveur 4- autres
Expériences professionnelles.
B- Informations relatives aux CEF Depuis quand
jouez-vous ce rôle de conseiller ? Avez-vous suivi une formation
préalable ? Quels sont les modules que vous avez traitez pendant votre
formation ?
Quels sont ceux que vous avez mis en oeuvre ?
Pour chaque activité mise en oeuvre faites une
description de la démarche (rôle principal, déroulement,
technique utilisée, approche, outil, langue de communication,
activités concrète mises en place
Qu'est-ce qui vous a empêché de mettre en oeuvre
tout ce qu'on vous a appris lors des formation avec ADEAC ?
Comment faites-vous le conseil individuel ?
Quelle est la différence avec le conseil de groupe ?
Lequel préférez-vous et pourquoi ?
Qu'est-ce qui vous intéresse dans le conseil ?
Qu'est-ce que vous comprenez ?
Qu'est-ce que vous ne comprenez pas ?
Que faut-il faire pour l'améliorer ?
Quels sont les problèmes que vous rencontrez dans la mise
en oeuvre du CEF dans votre localité ? Que proposez-vous pour les
résoudre ?
Comment vous sentez-vous dans votre fonction de
conseiller-animateur ? ...
Quel est le nombre moyen de paysans que vous entretenez dans
votre zone ?
Avez-vous parfois recours aux conseiller des autres zones pour
quelque chose que vous ne comprenez pas ?
Si oui votre entretien vous apporte t-il satisfaction ?
précisez comment
Comment qualifiez-vous cette approche conseil ?
Pensez-vous que cela aide les paysans ?
Si oui comment s'approprient-ils la démarche ?
Si non quel est à votre avis le point de blocus ?
En tant que conseiller-animateur, pouvez-vous donnez une
définition de l'animateur ?
Si oui, qu'est-ce qu'un conseiller-animateur ?
A votre avis, quelles devrait être les tâches et les
fonctions des conseillers-animateurs ? ...
En vous basant sur les modules que vous avez traités
lors de vos formations, quel serait selon vous le profil d'un bon
conseiller-animateur ? (niveau d'éducation, culture
générale, statut social, caractéristiques
socio-économique)
C- Informations relatives à la
motivation
Qu'est ce qui vous motive d'exercer cette fonction ?
Avez-vous un contrat avec l'ADEAC ou avec une autre structure ?
Qui s'occupe de votre rémunération ?
Comment se fait la rémunération ? (mensuellement,
par séance de travail)
Quelle est la part de responsabilité des paysans en ce qui
concerne votre rémunération ? ....
A votre avis, comment pouvez-vous estimer le coût du
conseil ?
Votre rémunération a-t-elle une quelconque
influence sur votre travail ?
Merci de votre franche collaboration
3 - Questionnaire adressé aux paysans membres de
l'ADEAC ayant suivi le CEF
Préambule : ce questionnaire est
élaboré dans le cadre d'une étude sur l'évaluation
socioéconomique et la mesure des effets sur conseil aux exploitations
familiales à Akonolinga. Les informations obtenues seront strictement
confidentielles et seront exclusivement utilisées pour la
rédaction du mémoire d'ingénieur agronome.
A- Identification de l'enquêté
Zone d'intervention :
Nom de l'enquêté
Age ou année de naissance
Village
Sexe : 1) Masculin, 2) Féminin
Situation matrimoniale : 1) Célibataire, 2) Marié,
3) Divorcé, 4) Veuf (ve) Nombre de personnes en charge:
Nombre des
actifs ( +12ans) :
Ethnie :
Réligion : 1) Musulman, 2) Chrétien, 3) Animiste,
4) Autre :
Niveau d'étude : 1)Analphabète, 2)
Scolarisé, 3) Alphabètisé : Niveau
Activité
principale : 1) Elevage, 2) Agriculture, 3) Commerçant, 4) Autre
(à préciser) : Activité secondaire :
B: Impact du Conseil sur les exploitations
Depuis quand êtes-vous membre de l'ADEAC ?
Quel est votre rôle dans cette association ?
Avez-vous suivi le conseil ? 1)oui, 2) Non,
Si oui qu'est-ce qui vous a motivé à suivre le CEF
?
Quelle est la définition que vous donnez au CEF ?
Qu'est ce qui a été fait en groupe?
Que faites vous en conseil individuel ?
Combien de
réunions ou de séances de formation avez-vous suivi ?
Plan Prévisionnel de campagne
Qu'avez-vous fait sur le module prévision des campagnes ?
Qu'est-ce que vous avez retenu ?
Qu'est-ce que vous n'avez pas compris ? et pourquoi ?
Avez-vous mis en oeuvre exactement ce que vous avez appris ?
Si non qu'avez-vous modifié et pourquoi ?
Si oui comment avez-vous mis en oeuvre ce que vous avez appris
aux séances de formation dans votre exploitation ?
Avez-vous parfois recours au conseiller de votre zone pour plus
d'information en cas de difficultés ? Si oui êtes-vous satisfaits
?
Si non pourquoi ?
Effet du plan de prévision des campagnes sur
l'exploitation
Comment organisiez-vous votre campagne avant le conseil
(estimation des besoins en intrants) ?
Quelles étaient vos pratiques ?
Faisiez-vous un bilan à la fin d'une campagne en vue de
préparer la suivante ? 1. oui 2. non Si oui comment le faisiez-vous ?
Depuis que vous avez appliquez ce module de prévision des
campagnes dans votre exploitation qu'est-ce qui a changé ?
Pour vous qu'est-ce que ces changements ont entraîné
?
Qu'est-ce que vous constatez de différent dans
l'implantation des cultures, dans l'organisation du travail, dans les
performances techniques et économiques, dans l'estimation des besoins en
intrant et en crédit ?
Quels étaient vos besoins en intrant l'année
dernière ? complétez le tableau
Besoins culturaux pour la campagne 2007
|
Cultures
|
sup(q)
|
Semences (Kg)
|
Engrais et urée (sacs)
|
Traitements/insecticid e
|
Moyen matériel
|
Coûts
|
Cacao
|
|
|
|
|
|
|
Palmier à
huile
|
|
|
|
|
|
|
Bananier Plantain
|
|
|
|
|
|
|
polyculture
|
|
|
|
|
|
|
PFNL
|
|
|
|
|
|
|
Piment
|
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
|
|
|
Coûts
|
|
|
|
|
|
Total :
|
Votre plan de campagne mis en place correspond-il à ce que
vous aviez prévu en début de cette d'année?
.Complétez le tableau
Besoins culturaux pour la campagne 2008
|
Cultures
|
Sup (q)
|
Semences (Kg)
|
Engrais et urée (sacs)
|
Traitements/insecticide
|
Moyen matériel
|
Coûts
|
cacao
|
|
|
|
|
|
|
Palmier à huile
|
|
|
|
|
|
|
Bananier plantain
|
|
|
|
|
|
|
polyculture
|
|
|
|
|
|
|
PFNL
|
|
|
|
|
|
|
Piment
|
|
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
|
|
|
Coûts
|
|
|
|
|
|
Total :
|
Suivi technique des parcelles de chaque
spéculation
Qu'est-ce que vous avez traité sur le suivi de
l'itinéraire technique des parcelles ? Comment s'est faite la formation
? en groupe ou individuellement ?
Qu'est-ce que vous avez compris ?
Qu'est-ce que vous n'avez pas compris ? et pourquoi ?
Avez-vous mis en application ce que vous avez appris en formation
dans votre exploitation ? Si non pourquoi ?
Si oui, avez-vous appliquez exactement ce qui a été
appris ?
Si non, qu'est ce que vous avez modifiez ?
Pourquoi avez-vous fait ces modifications ?
Effet du suivi technique des parcelles sur les
exploitations en CEF
Comment faisiez-vous le suivi technique des parcelles de chacune
de vos cultures avant l'arrivé du conseil ?
Depuis que vous faites le suivi de vos parcelles, qu'est-ce qui a
changé dans votre exploitation ? Qu'est-ce que ce changement a
apporté ?
Que constatez-vous de différent sur les performances
techniques de votre exploitation (rendement de chaque spéculation) ?
Montrez nous à partir de ce tableau comment vous faites le
suivi de vos parcelles (uniquement pour la culture principale)
Travail effectué
|
Date ou période
|
Type de travail
|
Main d'oeuvre
|
Coût ou charges
|
Nettoyage
|
20 fev au 1 Mars
|
Familiale
|
3 personnes 2 J
|
0 francs
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
NB : le type de main d'oeuvre peut être une machine
louée, la main d'oeuvre payée, la voiture ou le pousse pour le
transport. A chaque fois préciser le coût
Quelle était la performance de vos activités
agricoles la campagne passée ? (Complétez le tableau)
Production végétale : Données de la campagne
2007
|
Cultures
|
Sup (q)
|
Production (sac, Kg/)
|
Consommation (sacs)
|
Coûts
|
Vente (sacs)
|
Montant total
|
Stock restant
|
cacao
|
|
|
|
|
|
|
|
Palmier à
huile
|
|
|
|
|
|
|
|
Polyculture
|
|
|
|
|
|
|
|
PFNL
|
|
|
|
|
|
|
|
Piment
|
|
|
|
|
|
|
|
autres
|
|
|
|
|
|
|
|
Analyse technico-économique
Comment faisiez-vous avant pour savoir si votre activité
vos apporte un bénéfice ? ...
Qu'est-ce que vous avez appris concernant l'évaluation du
profit de vos activités lors de vos formations en CEF ?
Qu'avez-vous compris ?
Comment est-ce que vous avez mis en oeuvre ce que vous avez
appris ?
Avez-vous apportez des modifications ?
Pourquoi ?
Qu'est-ce qui vous parait difficile dans la détermination
du profit de vos activités ?
Comment faites vous pour contourner ces difficultés ?
Quels était les bénéfices que vous avez
enregistrez pendant la campagne précédente (2007) ? remplir le
tableau
Estimation Bilan Recettes/dépenses CE
|
Campagne en cours
|
Recettes activités
|
Montant
|
Dépenses activités
|
Montant
|
Ventes productions de rentes
|
|
Achat intrants directs
|
|
Vente des productions vivrières
|
|
Achats intrants directs
|
|
Vente des productions maraîchères
|
|
Achats intrants directs
|
|
Ventes des PFNL
|
|
Achat intrants directs
|
|
Prêts des terres
|
|
Main d'oeuvre
|
|
Remboursement dettes
|
|
Dettes et crédits
|
|
Bénéfices activités extra-agricoles
|
|
Location des terres
|
|
Dons perçu
|
|
Achat des terres
Achat des équipements ou réinvestissement
Total dépense activités (DA)
|
|
Intérêts sur épargne
|
|
|
Total recettes activités (RA)
|
|
|
Revenu monétaire disponible =RA-DA =
|
Avez-vous budgétisé vos imprévus ? 1. Oui 2.
Non
En cas de déficit que faites-vous ?
Comment repartissiez-vous vos postes de dépenses
familiales ? (complétez le tableau)
Type de dépenses
|
Dépenses obligatoires
|
Dépenses pouvant
être reportées
|
Période
|
Montant
|
Scolarité
|
|
|
|
|
Santé
|
|
|
|
|
Habitat
|
|
|
|
|
réinvestissement
|
|
|
|
|
Nutrition
|
|
|
|
|
Autres
|
|
|
|
|
Partagez-vous l'expérience du CEF avec toute la famille ?
1. Oui 2. Non
Pourquoi ?
Conseil et exploitations voisines
Avez-vous des entretiens avec vos voisins et amis concernant le
CEF? 1) Oui, 2) Non Si oui où et de quoi parlez vous ?
Si non pourquoi ?
Comment vous considèrent-ils ?
Pensez-vous qu'ils ont changé certaines de leurs
pratiques? 1. Oui 2. Non SI oui Lesquelles ? Saviez-vous pourquoi ils ont
changé? 1. Oui 2. Non
SI oui précisez les motifs
C- Impact sur le dispositif
Souhaiteriez-vous que le conseil reprenne ces modules sur le plan
prévisionnel et l'analyse technico-
économique ? 1. Oui 2. Non et pourquoi ?
Qu'est ce que ces modules n'ont pas traité et qui vous
intéresse ?
Est-ce que le CEF répond à vos attentes ? 1. oui 2.
Non
Si oui comment ?
et Non pourquoi ?
Avez-vous des difficultés pour la mise en application du
CEF ? 1. Oui 2. Non
Si oui les quelles ?
Lequel des deux types de conseil suivant
préférez-vous ?
1. conseil individuel 2. conseil en groupe
Pourquoi ?
Quelles sont vos relations avec les conseillers ?
A votre avis, le CEF peut-il assurer le développement de
votre localité ? 1. Oui 2. Non pourquoi ?
Merci de votre aimable collaboration
Tableau 20. Variation de l'estimation des besoins en
intrants au cours des années 2007 et 2007
Types de cultures
|
|
2007
|
2008
|
Cacao
|
Superficie.(ha)
|
1,6
|
1,6
|
Qté pesticides (litres))
|
9
|
11
|
Coût (FCFA)
|
11323
|
11000
|
Café
|
Superficie.(ha)
|
0,5
|
0,4
|
Qté pesticides.(en litres)
|
0,7
|
0,8
|
Coût.(FCFA)
|
1944
|
2323
|
Plantain
|
Superficie.(ha)
|
0,8
|
1,2
|
Qté semences (rejetons))
|
883
|
1019
|
Coût (FCFA)
|
38562
|
42327
|
Arachide
|
Superficie.(ha)
|
0,5
|
0,33
|
Qté semence(seau de 10L)
|
0,8
|
0,7
|
Coût (FCFA)
|
3514
|
3090
|
Pistache
|
Superficie.(ha)
|
0,4
|
0,38
|
Qté semence(seau de 5L)
|
0,8
|
0,8
|
Coût(FCFA)
|
3000
|
2929=30000
|
Macabo
|
Superficie(ha)
|
1
|
1,03
|
Qté semence(sac bacots)
|
8
|
4
|
Coût(FCFA)
|
10125
|
4687
|
Manioc
|
Superficie.(ha)
|
0,25
|
0,2
|
Qté semence (bacots)
|
0
|
0
|
Coût.(FCFA)
|
250
|
0
|
Tomate
|
Superficie.(ha)
|
0,06
|
0,4
|
Qté semences.(Kg)
|
0,7
|
0,7
|
Qté pesticides(sachet)
|
7
|
8
|
Coût (FCFA)
|
6950
|
7270
|
Piment
|
Superficie.(ha)
|
0,06
|
0,08
|
Qté semences.(Kg)
|
0,11
|
0,13
|
Qté pesticides.(litres)
|
0,6
|
0,8
|
Coût (FCFA)
|
1056
|
1361
|
Maïs
|
Superficie.(ha)
|
0,1
|
0,09
|
Qté semences.(Kg)
|
0,35
|
0,12
|
Coût (FCFA)
|
356
|
243
|
Ananas
|
Superficie.(ha)
|
0,08
|
0,09
|
Q té semences.(Kg)
|
0,11
|
0,06
|
Qté pesticides(litreS)
|
2
|
2,01
|
Coût (FCFA)
|
2656
|
1987
|
Tableau 21. Fiche d'analyse du mode de conduite des
parcelles des paysans Campagne 2007
Type de sol :
|
Superficie paysan : 1 ha Mesurée : 9000 m2
|
Cultures 2006 : arachide, manioc
|
Culture 2007 : macabo, maïs, igname
|
Production 2006 : 10 sacs arachide 28 sacs manioc
|
Production 2007 : 3 tonnes macabo 500 kg maïs, 4 sacs
igname
|
Travaux effectués
|
Date (période)s
|
Types
|
Quantité
|
Coût (charges)
|
Nettoyage parcelle
|
1 au 20 février
|
Famille
|
3 pers 2 j
|
0
|
Tronçonnage
|
2 au 7 février
|
Location machine
|
4 j
|
40 000
|
Travail sol
|
15 au 30 mars
|
MO salariée
|
10 j
|
30 000
|
Semis maïs
|
2-3 avril
|
Famille
|
2 pers 1 j
|
0
|
Sarclage
|
1 au 15 mai
|
Manuel
|
3 pers 2 j
|
10 000
|
Récolte maïs
|
10 au 15 juillet
|
Manuel
|
3 pers 2 j
|
4 000
|
Récolte macabo
|
Famille
|
4 pers 2 j
|
0
|
Récolte igname
|
Transport récolte maïs 13 et 15 juillet Pousse 6
voyages 3 000
|
Total
|
65 000
|
Figure 14. Organigramme de l'ADEAC
Assemblée Générale
Conseil d'Administration
Coordination
Bureau local Zone 1
Bureau
local
Zone 2
Bureau
local
Zone 3
Bureau
local
Zone 4
Bureau
local
Zone 5
Bureau
local
Zone 6
Bureau
local
Zone 7
Bureau
local
Zone 8
Bureau
local
Zone 9
Tableau 22. Fiches de suivi adaptée par les
responsables de l'ADEAC et les animateurs
Zone de : période du .... Au
Nom de l'animateur :
Activités
|
Actions prévues
|
Objectifs (chiffres)
|
Date
|
Activités réalisées
|
Explication de l'écart
|
Cacao
|
|
|
|
|
|
Palmier
|
|
|
|
|
|
Polyculture
|
|
|
|
|
|
Petit élevage
|
|
|
|
|
|
Brigade phytosanitaire
|
|
|
|
|
|
PFNL
|
|
|
|
|
|
Vie associative
|
|
|
|
|
|
Fiche d'abattage pour champ des
spéculations
Campagne 2007 Zone de
N°
|
Noms de l'adhérant
|
village
|
superficie
|
Montant de crédit
|
Fiche de suivi mensuel des
spéculations
Zone de
Animateur
Nom du groupe ou de paysans
1) spéculation en cours :
2) Etat de la parcelle (pépinière, parcelle
cultivée ect)
- solide - assez solide - peu solide
- désherbée - peu d'ombre -assez d'ombre - trop
humide
3) Nombre de feuille
4) couleurs des feuilles
5) Feuilles attaquées
6) type d'attaque : - Insectes -escargots - rongeurs -
chenilles
7) nombre de pertes
Autres problèmes
1)
2)
3)
Crédits contracté pour la parcelle
Montant du crédit
Intérêts
Total à rembourser
|
Remboursements
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Date
|
|
|
|
|
|
Montant prévu
|
|
|
|
|
|
Montant remboursé
|
|
|
|
|
|
Solde cumulé
|
|
|
|
|
|