2-2) Quelques recommandations de politique
économique
En économie ouverte, la politique économique a
deux objectifs principaux que sont l'équilibre interne et
l'équilibre externe. L'équilibre interne concerne le plein
emploi, la stabilité des
prix, la croissance. L'équilibre externe quant à
lui concerne la balance des paiements. C'est autour de ces deux aspects que
seront bâties nos propositions.
Proposition 1 : la maîtrise des tensions
inflationnistes dans les pays de la sous-région Cette
première proposition découle directement des résultats que
nous avons obtenus à l'issu de l'analyse. Il est question ici de
contenir l'inflation dans des proportions compatibles avec un cadre
macroéconomique stable susceptible d'attirer les investisseurs dans la
sous-région. Il faut éviter les fluctuations
incontrôlées du taux d'inflation qui entraînent une
incertitude dans l'évolution des prix et débouchent sur une
série de distorsions qui peuvent s'avérer dangereuse à
long terme par l'économie. La réalisation de l'objectif de
stabilité des prix est l'une des conditions à la viabilité
d'un marché financier régional et contribuerait à donner
plus de crédibilité à la politique monétaire
menée dans la sous-région. Afin d'éviter les
spéculations et les anticipations incontrôlées des agents
économiques, il serait mieux que la BEAC suivent des règles au
lieu de décisions discrétionnaires.
Proposition 2 : la nécessité d'une
discipline budgétaire accrue
Le respect des critères de convergence en terme
d'endettement public permettra de limiter l'impact négatif de ce dernier
sur l'évolution du PIB comme le montre nos résultats. Ce qui aura
aussi pour effet de consolider le policy-mix régional.
Par ailleurs, les dépenses publiques peuvent
accroître le stock de capital physique et humain et donc avoir une
influence positive sur la croissance potentielle. Dès lors
réduire ces dépenses serait néfaste pour l'économie
car cela engendrerait une baisse du sentier de croissance de l'économie
et entraînerait des variations pro-cycliques des politiques
budgétaires. D'où le plafond imposé par les
critères de convergence peut avoir un effet dépressif sur la
croissance. Il est donc préférable de mettre sur pied une
règle de déficits publics structurels hors dépenses
d'investissement nuls (Creel, Latreille et Le Cacheux, 2002). Autrement dit, il
est question de limiter à zéro le solde budgétaire
corrigé des effets conjoncturels plutôt que le solde global. Cette
règle est appropriée pour la zone CEMAC, parce que cinq des pays
de la zone sur six sont producteurs de pétrole et leur solde
budgétaire est très sensible aux variations du prix du
pétrole sur le marché international.
Proposition 3 : mener une politique d'accroissement des
exportations
L'une des propositions afin de faire entrer les devises dans
nos pays, est de promouvoir les exportations et de limiter les importations.
Il faut aussi pouvoir détacher les exportations
de l'exclusivité dont jouissent les matières premières
et les produits pétroliers. Il faut mettre un
accent sur les formations ayant pour but de former une main
d'oeuvre qualifiée pour la transformation sur place des produits. Mais
aussi accélérer l'intégration économique dans la
sous-région afin d'avoir un marché commun effectif. A terme cela
doit aboutir à une diversification des exportations à prix
compétitifs, à la réduction de la trop forte
dépendance des économies de la zone vis à vis de
l'extérieur et à renforcer la capacité de ces
économies à absorber les chocs exogènes.
Proposition 4 : consolider l'efficacité de la
politique monétaire
La BEAC devrait, en plus de son objectif de stabilité
des prix, mettre un accent sur le soutien de l'activité
économique dans la sous-région. Il faut conforter l'orientation
libérale de la politique monétaire avec la libéralisation
totale des conditions de banque. Enfin il faudrait harmoniser les statistiques
régionales notamment avec l'harmonisation de l'indice des prix à
la consommation qui permettra de fixer une valeur de référence
à l'inflation mais aussi unifier la politique monétaire par la
fixation d'objectifs communs de prix, de masse monétaire et de
crédits.
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