Chapitre 4. DISCUSSION
4.1. CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES
Seulement 2,20% des ménages enquêtés
étaient dirigés par des femmes contrairement aux résultats
de l'EDS-RDC 2007 où cette proportion est de 22% (Ministère Plan
RDC et Coll., 2008). Cette différence énorme pourrait provenir du
fait que notre étude a ciblé les ménages où il y
avait au moins un enfant de moins de 5 ans, et que dans la culture congolaise,
il est plus honorable pour une femme-mère d'avoir son foyer
dirigé par un homme et donc, des biais d'information à ce sujet
pourrait se glisser dans l'enquête. 10% des chefs de ménages ne
mènent aucune occupation lucrative ; proportion inférieure
à celle publiée par l'EDS-RDC 2007, qui est de 36,5%. La taille
moyenne des ménages de 6 personnes notée dans notre étude
est la même que la moyenne nationale présentée l'EDS-RDC
2007 pour le milieu urbain.
23% des femmes interrogées n'ont pas atteint 7 ans
d'études. Cette observation rejoint le constat fait dans une
étude de Mukalay et Coll. publiée en 2009 qui évalue cette
proportion à 23,2% dans un quartier de Lubumbashi, mais s'écarte
des résultats de l'EDS-RDC 2007 qui l'estime à 34,9% dans le
milieu urbain.
4.2. CONNAISSANCES DES MENAGES SUR LE PALUDISME
52% des femmes interrogées ont reçu des
informations sur le paludisme auprès de l'IT (38%) ou du RECO (14%).
D'une manière générale, 58% d'interviewées ont de
bonnes connaissances, mais ces connaissances sont très variées
d'une activité à l'autre: 87,5% des mères attribuent
à la piqûre de moustiques la survenue du paludisme.
Paradoxalement, seulement 57,90% préconisent l'utilisation des MII pour
protéger les jeunes enfants contre ces piqûres. Kiniffo et coll.
en 2000 au Bénin, ainsi que KROEGER et Coll. en Amérique Latine
(1996), ont noté quant à eux que la connaissance de
l'étiologie du paludisme était de 26,4% et de 66%, tandis que
pour le premier, 85,20% des mères préconisaient l'utilisation des
moustiquaires pour protéger les enfants contre les piqiIres des
moustiques. Quoi que plus proche de nos résultats, une étude au
Sénégal rapporte une proportion d'interviewés de 74,8%
connaissant le mode transmission du paludisme (Ndour C.T. et Coll., 2006).
84,30% des mères connaissent le signe le plus important du paludisme
chez l'enfant ;
proportion inférieure à celles relevées
dans l'étude de Kiniffo en 1993 et celle de Quenum et Coll. en 1995, et
qui sont respectivement de 95,3% et 97,5% au Bénin. 62% des mères
connaissent les signes de paludisme grave chez l'enfant repartis comme suit :
fièvre élevée (32,2%), vomissements
répétés (13,2%), convulsions (5,4%), asthénie
(2,2%), anémie (1,8%), ictère (0,9%). Cette proportion est
supérieure à la proportion de 53,8% publiée par Kiniffo en
2000. 42,73% des mères ne connaissent pas de moyen de lutte
anti-larvaire, et seulement 0,20% des femmes savent que l'antipaludéen
de prédilection contre le paludisme simple est l'ACT.
Les connaissances des femmes dans les ménages sont
associées avec leur source d'information (tableau XI): les femmes qui
ont été informées par l'IT ou le RECO ont des
connaissances près de 7 fois supérieures à celles qui ont
été informées par d'autres sources. Par contre, Il
n'existe pas d'association significative entre les bonnes connaissances en
matière de lutte contre le paludisme et le niveau d'études des
femmes interrogées (tableau X).
Les faibles connaissances des ménages reflètent
l'insuffisance des messages adressés aux populations. Cette mission
d'information est habituellement dévolue aux relais communautaires qui
ne sont pas ici assez présents dans les ménages (38% seulement
des ménages connaissent les RECO), mais aussi à l'IT qui doit
l'intégrer dans toutes les activités organisées par le CS
(seulement 14% des femmes ont reçu des informations sur le paludisme
venant de l'IT). La fièvre n'est pas considérée comme un
signe évocateur de paludisme par 15,70 % des enquêtées,
ceci pose un réel problème, quand on sait que pour le PNLP, ce
signe est la porte d'entrée pour une prise en charge
thérapeutique, qui se veut très précoce.
4.3. ATTITUDES DES MENAGES VIS-A-VIS DES MOYENS DE LUTTE
CONTRE LE PALUDISME
Résumant les attitudes des mères, 71% d'entre
elles sont favorables aux différentes activités de lutte contre
le paludisme dans les ménages. Cette évaluation n'épouse
pas celle faite au Bénin, où l'on a noté que d'une
façon générale, plus de 80% des mères ont une bonne
attitude face au paludisme (Kiniffo et Coll., 2000). Fort des observations sur
l'insuffisance d'informations dirigées vers la communauté (figure
4), nous pensons qu'une plus grande portion de la population pourrait adopter
de bonnes attitudes si elle était suffisamment informée, car
l'information façonne l'attitude, et cette dernière
détermine l'action.
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