2.1.4.4. Variables contextuelles et
attitudes/comportements langagiers : le modèle psychosociale de
Clément
A travers ses recherches, Clément (1984, 1996) a
tenté de montrer les liens entre les variables affectives et
contextuelles qui semblent influencer directement les attitudes et les
comportements langagiers de l'individu.
Selon Clément (1984), le réseau individuel est
le déterminant immédiat des attitudes et des comportements
langagiers de l'individu. Les caractéristiques du réseau sont
à la base de deux processus motivationnel, l'un d'entre eux
identifié comme étant le processus affectif,
décrit les influences relatives et antagonistes de l'attrait pour
l'autre groupe linguistique. Le deuxième processus, dit de confiance
langagière (ou l'anxiété) relative de l'individu par
rapport à l'utilisation de la langue.
Le processus affectif est également relié
à la fréquence de contact. Ce processus affectif pousse
l'individu à établir le contact avec les membres de son groupe
ethnique et que, dépendant de la qualité et de la
fréquence de contact, celui-ci en retire une confiance langagière
plus ou moins prononcée (Clément, op. cit.). Aussi, les aspects
structuraux du réseau influencent la confiance langagière de
l'individu. Des contacts fréquents et diversifiés permettront
l'utilisation variée des fonctions langagières et donc
l'évolution d'un sentiment d'aise plus prononcé à
l'égard de leur utilisation. Clément (ibid.) souligne
hypothétiquement que la qualité du contact devrait être
directement reliée à la confiance de l'individu en sa
capacité d'utiliser adéquatement la langue. Sur la base des
recherches faites en milieu multiculturel, Clément (1984, 1996) a conclu
que la confiance langagière est le déterminant immédiat de
la motivation individuelle à apprendre et à utiliser tel ou tel
code langagier. Et cette confiance s'acquiert via les contacts avec
l'endogroupe.
En résumé, la motivation dans l'apprentissage et
dans l'utilisation d'une langue est une fonction séquentielle des
caractéristiques du réseau de communication individuel, de
processus affectif et de processus de confiance langagière.
Clément (1984) parle aussi des variables contextuelles
comme influençant les attitudes et les comportements langagiers de
l'individu. Selon lui, dans un contexte multiculturel où il y a contact
intergroupe, où plusieurs langues coexistent dans une communauté,
la langue du groupe majoritaire serait la langue la plus importante et qui aura
le plus de prestige auprès de tous les membres de la communauté.
Toutefois, les membres du groupe minoritaire verront leurs cultures et leurs
valeurs dépréciées et par conséquent
évalueront leur appartenance à ces groupes au profit du partage
de la culture dominante. Cette tendance
« intégrative » sera directement reliée
à la vitalité du groupe parlant la langue seconde. Sous des noms
divers « integrativeness »,
« integrative motive ». Ce concept d'attrait
à l'égard de l'autre groupe fut le fondement théorique de
plusieurs recherches dans le domaine de l'acquisition des langues secondes
(Gardner, 2000; Gardner & Lambert, 1959). Cette tendance vers
l'intégration est un processus dû à l'influence des membres
de la communauté majoritaire. Lorsque le sujet voit sa culture
et sa langue dépréciées, il évalue son appartenance
à ce groupe au profit du partage de la culture dominante. Il manifeste
un désir de devenir semblable aux membres de la
communauté majoritaire.
En somme, le modèle psychosocial de Clément
(op.cit.) montre les liens entre les variables affectives et contextuelles et
leur influence sur les attitudes et le comportement langagier de l'individu;
ainsi, en fonction de la fréquence des contacts de l'individu avec la LM
et de l'influence des membres de l'outgroup, l'individu pourra aller
jusqu'abandonner sa langue et ses origines ethniques pour s'intégrer au
groupe de la langue de la communauté majoritaire.
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