SECTION III. BILAN ET
PERSPECTIVES D'AVENIR
1.
Perspectives d'avenir
Dans le futur, l'IITA compte
soutenir les petites et moyennes entreprises pour transformer le manioc en
produits de haute qualité. Il envisage aussi de développer des
variétés de manioc spécifiques à chaque
filière de production, selon qu'il soit utilisé comme
matière première pour l'industrie (forte teneur en amidon,
éthanol, farine, etc.), directement consommé (farine de haute
qualité, feuilles de manioc, recettes diverses à base des racines
et feuilles de manioc, promotion de produits traditionnels, etc.) ou
utilisés comme aliments pour bétail.
Ces variétés devront également être
adaptées à leur environnement, en développant par exemple
leur capacité de résistance au froid (régions du Katanga
et du Kivu) ou en les adaptant aux conditions de savanes ou de haute
altitude.
Si tous ces efforts pour industrialiser la filière et
augmenter la production du manioc sont louables, la question se pose
néanmoins de savoir si le Gouvernement Congolais a adopté la
bonne stratégie alimentaire en se concentrant à ce point sur
cette culture.
Selon l'expert Belge Alain Huart, la sécurité
alimentaire du pays pourrait être mieux assurée à l'aide de
céréales plus productive telles que le riz. La RD Congo dispose
de bassins rizicoles dans des nombreuses régions, telles le Pool Malebo,
le Maniema, les Uélé ou encore le Katanga, mais le riz y est
encore très peu cultivé par manque de voies de diffusion.
Au delà des aspects culturels, le manioc pourrait donc
être qu'un choix par défaut, atavisme d'une agriculture d'autarcie
fonctionnant à l'origine pour une population assez faible, qui n'avait
pas de besoins très importants. L'absence de véritable mutation
par rapport à cet héritage explique l'omniprésence du
manioc aujourd'hui, et symbolise peut être l'incapacité de la RD
Congo à assurer son autosuffisance alimentaire.
Il sied de noter ici qu'après peu près 70% des
personnes en R.D.Congo étaient mal nourries, le péril alimentaire
sévit tous les jours et guette près d'un tiers de la population
de manière aigue sur l'ensemble du territoire. Manger en RDC est un
défi pour le congolais ordinaire. Heureusement, entre temps beaucoup de
progrès ont été réalisés sur le plan
économique notamment l'agriculture avec le soutien des quelques
organismes internationaux spécialisés en la matière, tels
que l'IITA.
Pour remédier à la pénurie alimentaire en
RDC, l'IITA a organisé une table ronde sur la production agricole en RDC
conjointement avec le gouvernement congolais représenté par le
ministère de l'agriculture et le FAO.
A l'issue de ladite table ronde l'IITA a recommandé au
gouvernement congolais ce qui suit dans le cadre du plan directeur de
l'agriculture, de la pêche et de l'élevage :
· traduire le Plan Directeur en Plans d'Action pour
chaque province;
· réformer et décentraliser
l'administration de l'agriculture et du développement rural en
conformité avec le Plan Directeur;
· réaliser l'approche "service"
énoncée dans le Plan Directeur;
· allouer plus de ressources budgétaires au
Ministère de l'Agriculture en accord avec la stabilisation
macro-économique et la réforme du budget de l'Etat;
· planifier la création des marchés de
collecte en milieu rural et des marchés de gros dans les principales
villes et un système d'information des marchés des produits
vivriers de base;
· mettre en place une plus grande décentralisation
des services publics vers les régions;
· exécuter le Plan Directeur et les plans d'action
régionaux selon les disponibilités budgétaires et l'apport
des bailleurs de fonds.
Pour sa part, l'IITA s'est engagé dans un futur proche
d'élargir son champ d'intervention de la production des maniocs à
l'amélioration des autres cultures vivrières en RDC qui
d'après cet organisme constitue jusque là un défi.
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