D - Le vote militaire : une armée partisane
?
«J'ai toujours pensé que le rôle de
l'Armée, dans les pays africains comme ailleurs, n'est pas de remplacer
un pouvoir civil. Il est de garantir la sécurité du pays. La
prise du pouvoir par l'Armée est toujours la marque d'un échec,
le signe d'une régression.»39. Ces propos sont du
général Lamine Cissé, ancien ministre
sénégalais de l'Intérieur et auteur de : «
Carnets secrets d'une alternance. Un soldat au coeur de la
démocratie ». Avec le
39 - Cité par Abraham EHEMBA dans : «le vote des
militaires sénégalais : Jeu et enjeu des pouvoirs politiques
» Le Quotidien du 07 juin 2006
70
72
général Mamadou Niang, ils étaient en
charge de l'organisation et de la supervision des élections
présidentielles de l'an 2000. Des élections dont le
déroulement - une organisation presque parfaite et une transparence
à toute épreuve - a été salué par la
totalité de la classe politique sénégalaise et par
l'ensemble des observateurs, qu'ils soient africains ou représentants de
pays européens ou d'organismes internationaux (OIF, Transparency
internationale, jeune Afrique, RADDHO, presse locale...).
Si l'organisation des élections a été
confiée à l'armée, c'est parce qu'à cette
époque, sa neutralité et son absence d'implication dans le
débat politique et politicien, lui conférait naturellement le
rôle d'arbitre dans les joutes électorales. En effet, après
les violentes contestations qui ont suivi les élections
présidentielles de 1988 et de 1993, les acteurs politiques ne se
faisaient plus confiance. Il fallait donc pour assurer la viabilité du
scrutin, une décision courageuse du régime socialiste de laisser
l'organisation du processus électoral entre les mains de l'armée.
C'est ainsi qu'en 1997 et 1998 Abdou Diouf nomma respectivement le
général Mamadou Niang comme responsable de l'Observatoire
nationale des élections (ONEL) et le général Lamine
Cissé comme ministre de l'Intérieur.
La particularité de l'armée
sénégalaise réside dans le fait qu'elle est, en Afrique de
l'Ouest, la seule à ne pas avoir pris, au moins une fois, le pouvoir.
Au-delà de l'Afrique de l'Ouest, elle fait partie des exceptions. Mais,
si cette assertion cache mal le fait qu'il y ait eu des tentatives de coups
d'Etat (dans les années soixante) qui ont toutes échoué
bien entendu, elle permet, au moins de supposer que l'armée a toujours
été préoccupée par sa mission première
c'est-à-dire défendre la patrie contre toute agression
extérieure. Le fait d'arme qui conforte cette analyse c'est ce qui s'est
passé en 1968 lorsque, menacé par la mobilisation estudiantine et
toutes les contestations qui s'en sont enjointes, le Président Senghor
demanda à l'armée de « tirer à vue et sans sommation
»40 sur la foule. Chef d'Etat-major de l'Armée, à
l'époque, Jean-Alfred Diallo refusa d'exécuter les ordres mettant
en avant son devoir de servir et de protéger le peuple plutôt que
son obligation
40 - Idem
d'obéissance envers le Président de la
République qui est considéré, encore aujourd'hui, comme le
chef supreme des Armées. On raconte d'ailleurs que, lors d'une
réunion du conseil national de sécurité, Senghor, en
réponse à une question qui lui était posée, fit
cette réponse : ((Mon général, prenez le pouvoir, si vous
le voulez »41 offre déclinée, bien entendu par le
général. Que cet épisode soit vrai ou qu'il soit à
mettre dans le compartiment des faits divers infondés ou de la
légende, il laisse penser que l'armée n'a jamais
réellement été intéressé ni par l'exercice
du pouvoir ni par le débat politique.
Aussi, lorsqu'à l'issue du Conseil des ministres du 4
mai 2006, la décision fut prise de soumettre à l'Assemblée
nationale un projet de loi levant l'interdiction du vote des militaires et
paramilitaires, le pouvoir en place prit de cours toute la classe politique. La
Loi n° 2006-37 du 15 novembre 2006 modifiant l'article 33 de la
Constitution fut votée par le parlement et adoptée. L'article 33
stipule : (( Le scrutin a lieu un dimanche. Toutefois, pour les membres des
corps militaires et paramilitaires, le vote peut se dérouler sur un ou
plusieurs jours fixés par décret ». Avant cette
modification, l'article 33 dans la Loi n° 2001-03 du 22 janvier 2001
stipulait ce qui suit : (( Le scrutin a lieu un dimanche. Nul n'est élu
au premier tour s'il n'a obtenu la majorité absolue des suffrages
exprimés représentant au moins le quart des électeurs
inscrits. Si aucun candidat n'a obtenu la majorité requise, il est
procédé à un second tour de scrutin le deuxième
dimanche suivant la décision du Conseil constitutionnel. Sont admis
à se présenter à ce second tour, les deux candidats
arrivés en tête au premier tour. En cas de contestation, le second
tour a lieu le deuxième dimanche suivant le jour du prononcé de
la décision du Conseil constitutionnel. Au second tour, la
majorité relative suffit pour être élu. »
Les (( hommes de tenue », comme on les appelle
affectueusement au Sénégal n'en revenaient pas eux-mêmes
puisqu'ils apprirent, pour la plupart, la nouvelle par les médias. S'il
est vrai que la loi n'en était qu'à l'étape de projet,
l'on savait d'avance que l'Assemblée nationale
sénégalaise,
41 - Idem
dans sa configuration actuelle, où le président
dispose d'une majorité confortable, l'opposition ayant boycotté
les dernières élections législatives, est devenue plus une
chambre d'enregistrement que de représentation de la voix du peuple.
Elle vote toutes les lois qui lui sont soumises par le président
où qui émanent de sa volonté. Les débats à
l'Assemblée ont tourné essentiellement autour de la justification
de la loi. Pour la plupart des députés, le Sénégal
parachevait ainsi la maturité de sa démocratie. Car il est
resté un des derniers pays en Afrique et au-delà à ne pas
avoir autorisé le vote des militaires et paramilitaires. C'était
donc faire justice et permettre à de (( braves hommes » de
participer enfin à l'accomplissement de la démocratie. Le
professeur de Droit constitutionnel El Hadji Mbodj dit à ce propos de
l'assemblée nationale et des parlementaires du Sénégal :
(( il y a un dérèglement du système politique.» et il
ajoute : (( le député dans notre démocratie est de plus en
plus le député du parti et de moins en moins le
député du peuple »42.
Toujours est-il qu'en prenant sur lui la décision
d'introduire cette proposition de loi, sans consultation aucune ni avec les
acteurs politiques encore moins avec les militaires et paramilitaires qui,
somme toute, sont concernés au premier chef, le président Wade
entendait sans doute, montrer qu'il détenait le pouvoir sur la
scène politique sénégalaise. Mais, si la façon de
faire cette proposition de loi n'est en soi qu'une demi-surprise, car depuis
2000, les Sénégalais ont pris l'habitude des décisions
unilatérales du chef de l'Etat, c'est plutôt le moment choisi qui
pose problème. C'est après avoir prorogé les délais
d'inscriptions sur les listes électorales qui devaient s'étaler
sur une période de 6 mois (du 6 septembre 2005 au 28 février
2006) de onze mois, que la loi autorisant le vote des militaires a
été soumise au Parlement pour adoption.
Il convient de préciser que, pendant cette longue
période des inscriptions, plusieurs séances de concertation entre
le gouvernement, et les partis politiques de l'opposition ont été
organisées. La surprise et les vives
42 - Professeur El hadji Mbodj cité par Dialigué
Faye dans le (( Populaire » N° 1073 du lundi 19 juin 2005
réactions des opposants et des citoyens dans leur
ensemble après l'introduction de cette loi laissent croire que cette
question n'a jamais été abordée au cours de ces
discussions. Pour El Hadj Mbodj « il fallait un consensus d'abord au
niveau des intéressés, ensuite un consensus entre les acteurs
politiques pour que ces derniers prennent leurs responsabilités de lever
l'interdiction de vote concernant les militaires. Mais lorsqu'en matière
électorale, on agit de manière tout à fait
discrétionnaire, je crois que là c'est fausser les règles
du jeu ))43.
Au-delà des péripéties de son
introduction au parlement et de son adoption, l'application de cette loi pose
une question toute simple : pourquoi ? Pourquoi le président Wade a-t-il
choisi d'impliquer les militaires et paramilitaires dans le processus
électoral ? Est-ce pour s'attirer leurs faveurs et compter pour lui les
milliers de voix qu'ils représentent ? Est-ce dans le méme ordre
d'idées que les militaires, dont le salaire moyen va de 80 000 F Cfa
(122 euros) pour les militaires du rang, à 250 000 F Cfa (375€)
pour les sous-officiers en fin de carrière, font partie des
fonctionnaires les mieux payés du Sénégal ?
Répondre par l'affirmative à cette interrogation serait
prétentieux de ma part car, à ce jour, aucune étude
sérieuse ne permet de dire pour qui les militaires ont voté ou
votent. Toujours est-il qu'en remportant, au premier tour et avec une avance
confortable, les élections présidentielles de 2007, Maître
Wade semble avoir peut-être profité des voix des militaires.
Toutefois, si on s'accorde sur le fait que l'implication des
« hommes de tenue )) dans la compétition politique ne se
résume pas seulement à passer par l'isoloir et à
introduire un bulletin de vote dans une urne, on peut dès lors
s'interroger sur toutes les étapes qui précèdent ces
actes. En effet, autoriser le vote militaire, c'est incontestablement
introduire le débat politique dans les casernes. C'est aussi et surtout
amener militaires et paramilitaires à matérialiser leur choix par
un bulletin de vote, et même si on peut supposer que, par le bulletin
blanc, le votant n'accorde de crédit à
43 - Idem
aucun des candidats en lice, n'est-ce pas comme dit l'autre
« ne pas choisir, c'est choisir de ne pas choisir » ? C'est aussi,
prendre le risque de voir des désaccords surgir dans les rangs de
l'armée selon qu'on soutienne tel ou tel candidat ou que l'on soit pour
tel ou tel parti. Lors de la dernière campagne pour les élections
locales, la violence dont sont capables les partisans des différents
partis politiques dans la conquête ou la défense de leurs mandats
électifs qui, si elle n'est pas nouvelle, a pris de l'ampleur comme le
montrent les quelques exemples cités dans le tableau ci-dessous, permet
d'avancer qu'on n'est peut-être pas à l'abri de confrontations
nées des divergences de choix au sein de l'armée.
Tableau 2 : QUELQUES EXEMPLES DE SCENES DE
VIOLENCES PENDANT LA CAMPAGNE ELECTORALE DE MARS 2009
DATE
|
LOCALITE
|
COMMENTAIRES
|
09 mars 2009
|
Vélingara (Kolda)
|
Des affrontements ont opposé des militants du maire
libéral Amadou Woury Diallo, candidat sortant, à ceux de la
Coalition And Liggey Senegaal, conduite par le parti Rewmi de Idrissa
Seck. 7 blessés et une voiture brûlée.
|
16 mars 2009
|
Niakhar (Fatick)
|
En plus des brassards et foulards rouges, la
délégation du Chef de l'Etat a essuyé des
jets de pierres qui ont fait des dégâts matériels (2
véhicules du cortège) et plusieurs blessés dont un
officier de la Division des Investigations Criminelles (DIC)
|
19 mars 2009
|
Linguère (Louga)
|
Des affrontements armés ont supplanté les
échanges verbaux par meetings interposés entre les deux listes,
Coalition Sopi 2009 et Benno Siggil Sénégal
à Linguère. Des coups de feu, des armes blanches et des matraques
électriques ont constitué l'essentiel des armes utilisées.
De nombreux blessés graves ont été acheminés dans
les centres hospitaliers de la région
|
19 mars 2009
|
Ouakam (Dakar)
|
une bataille rangée entre militants de la Coalition
Sopi 2009 et ceux de Convergence citoyenne a failli tourner au pire.
Armés de gourdins, de machettes, de pistolets entre autres armes, les
partisans du maire libéral sortant Samba Bathily et ceux de moussa
Diouf, l'opposant et candidat de Convergence citoyenne
|
16 avril 2009
|
Kolda
|
A l'annonce des résultats du vote pour
l'élection du président du Conseil régional de Kolda qui
donnent vainqueur Fabouly Gaye, des affrontements se sont produits entre le
camp de ce dernier et celui d'un de ses adversaires malheureux, le
député Alpha Koïta. Les militants des deux camps ont
usé de machettes, de gourdins ou encore de pierres pour s'affronter.
|
Sources : Walfadjri, SudQuotidien, nettali, Le Quotidien, Le
Soleil Mars 2009
74
Il faut, cependant, préciser, que les partis politiques
ne sont pas autorisés à faire campagne dans les casernes. Cette
interdiction traduit-elle, de la part des autorités publiques, la
crainte de voir le débat politique et politicien transformer les
casernes en zones d'affrontement entre partisans de différents camps ?
Constituera-t-elle un frein à une forte implication des militaires et
paramilitaires dans la compétition politique ? Dans tous les cas, l'on
est en droit de se demander si cette interdiction doit nous amener à
occulter les risques de dissensions, de désaccords voire d'affrontements
que le droit de vote octroyé aux militaires pourrait induire ? En effet,
le problème que pose cette situation, c'est le risque de voir une
armée républicaine, connue et louée pour sa
neutralité, devenir tout simplement une armée partisane,
méme s'il n'est pas certain que tous les militaires votent de la
méme façon. D'ailleurs pourquoi le feraient-ils ? Mais si on ne
peut pas affirmer de but en blanc que celle-ci, pourrait user de moyens
illégaux pour faire gagner un candidat déterminé, imitant
en cela les militaires togolais qui, lors des élections
présidentielles du 24 avril 2005, avaient bourré volontairement
les urnes au profit du régime en place, on peut en revanche craindre
plusieurs choses.
D'abord, que les divergences des choix et des soutiens
électoraux au sein des corps militaires et paramilitaires ne divisent
les troupes, élevant les uns contre les autres. Ensuite, qu'en perdant
des élections comme c'est le cas lors du dernier scrutin local, les
rapports entre l'armée et les pouvoirs en place ne soient plus aussi
simples dès lors que ces derniers les considèrent comme des
opposants au régime. Des signes prémonitoires de la
détérioration de ces rapports ont déjà
commencé à poindre, car lorsque, pour les élections
législatives de 2007, les militaires à l'image de la plupart des
autres Sénégalais, ont massivement boycotté le scrutin (27
% pour les militaires et 34,75 % pour les civils) 44, un militant du
parti démocratique sénégalais (PDS) a manifesté sa
désapprobation. Il a écrit dans un blog : « Dans un pays qui
se respecte, l'armée vote pour le parti au pouvoir que diable ! (...)
L'armée n'aurait-elle pas été insidieusement minée
par la
44 - Source : Ministre de l'intérieur Me Ousmane Ngom,
Agence de presse sénégalaise (APS) et RADDHO
perverse idée de boycotte prônée par une
opposition aussi antidémocratique qu'antinationale (...) ?
»45. Enfin, en impliquant l'armée dans les processus
électoraux, on ne dispose plus, au Sénégal, d'acteurs
neutres capables d'organiser des élections libres et transparentes sans
parti pris. Bien entendu, il ne m'appartient pas de prétendre que les
élections qui sont organisées par le régime en place ne le
sont pas car je ne suis en possession d'aucun élément me
permettant d'avancer une telle assertion.
Toujours est-il que, mises les unes dans les autres, ces
craintes constituent de réelles menaces pour la stabilité du
pays. Si la menace est insidieuse, elle n'en est pas moins réelle. En
effet, le Sénégal reste, pour le moment, un îlot de
tranquillité dans une Afrique occidentale où presque tous les
pays, du Nigéria à la Mauritanie en passant par la Côte
d'Ivoire, la Sierra Léone, les deux Guinées (Bissau et Conakry),
la Gambie, le Burkina Faso, le Mali..., ont connu des régimes militaires
qui dans certains cas ont été tout bonnement dictatoriaux, cela
étant dû le plus souvent par le fait que les militaires
étaient impliqués dans le jeu politique.
En somme, il me semble que cette décision de redonner
aux « hommes de tenue » le droit de vote après plus de
quarante ans de privation, sans que ceux-ci en fassent la demande, et sans que
des objectifs autres que politiciens en soient la raison, n'aurait pas due
être prise de façon aussi unilatérale. D'ailleurs, les
débats qui ont précédé l'adoption de la loi par le
parlement, comme ci-dessus évoqué, n'ont pas permis de lever le
voile sur les véritables raisons qui la sous-tendent. Une question d'une
telle sensibilité interpelle toute la classe politique et au-delà
toute la nation dans ces différentes composantes. Elle pose plus de
questions qu'elle n'apporte de réponses. Les militaires
sénégalais, contrairement à d'autres en Afrique, ont
toujours été au service du pouvoir politique, alors pourquoi les
obliger à choisir entre les multiples forces politiques en
compétition ? Madior Diouf professeur à l'Université
Cheikh Anta Diop et leader du Rassemblement National Démocratique
s'interroge à ce sujet : « Que gagnerait-on à avoir couru le
risque de cette situation ? Devant les désordres qu'engendrent les
45 - Naomed, le lundi 28 mai 2007, dans le site
www.blogs-afrique.info/senegal-politique
76
passions partisanes et leurs dérives, la force de
recours, déjà impliquée dans la compétition
politique, par son vote qu'elle tient normalement à faire respecter,
va-t-elle s'arrêter à imposer la fin de la
récréation et sous quelle forme ? »46. L'on peut
toutefois supposer qu'en agissant de la sorte, le pouvoir libéral
cherche peut-être à affaiblir le pouvoir qu'une armée unie
derrière ses principaux chefs pourrait avoir.
Par ailleurs depuis l'alternance, on assiste à ce que
certains journalistes comme Madior Fall appelle une (( inflation
d'étoilés » au sein de l'armée nationale. En effet,
en l'espace d'un mandat, Abdoulaye Wade a dépassé le nombre de
nomination de généraux de ses prédécesseurs. Il en
a promu plus que Senghor et Abdou Diouf qui a eux deux, ont gouverné le
Sénégal pendant quarante années. Si ce dernier, en vingt
ans n'a élevé au grade de général des armées
et de la gendarmerie que 19 officiers supérieurs, atteignant à
peine un général par an en moyenne. Entre 2000 et 2008, 12
officiers supérieurs de l'armée nationale et de la gendarmerie
ont été élevés au grade de général,
occasionnant ainsi une moyenne annuelle de près de deux
généraux par an. Il s'agit de Babacar Gaye, Pape Khalil Fall,
Abdoulaye Dieng, Abdoulaye Fall, El Hadj Alioune Samba, Ibrahima Gabar Diop, El
hadji Mohamed Kandji, Antou Pierre Ndiaye, Abdel Kader Guèye,
Madické Seck, Pape Abdoulaye Diagne et Bakary Seck. Quatre vingt onze
candidats au grade de général sont répertoriés en
2009. Le Président va-t-il accéder à leur requête.
Le cas échéant, le Sénégal, proportionnellement
à sa population et à l'effectif de son armée et des corps
paramilitaires serait sans doute un des pays où on compte le plus de
généraux. Cette (( inflation d'étoilés » peut
être considérée comme un calcul politique de la part du
Président. Car en (( caressant » l'armée, les militaires et
les paramilitaires dans le sens du poil, il espère sans doute entrer
dans leur bonne grace et s'attirer leurs faveurs. Toutefois, cette situation
n'est-elle pas à double tranchants ? N'y a-t-il aucun risque de
dissensions au sein de l'armée qu'elle ne puisse induire ? En fait il me
semble qu'en multipliant et en égalisant les niveaux de décision
au sommet, il favorise la création de groupuscules sous-tendus d'une
part,
46 - Madior Diouf, dans Le Quotidien du 16 Mai 2006
par les affinités qui ne manqueront pas de se
créer ou qui existent, d'autre part par les jalousies. Au total, en
voulant s'attirer les faveurs de ceux-ci, Abdoulaye Wade semble avoir
créé, en même temps, un nouveau foyer de probable
prolifération de tensions susceptibles de menacer la stabilité du
pays.
78
|
|