Section 2. Cadre théorique
Cette section réfère aux différentes
théories dans lesquelles nous nous sommes inscrits dans cette
étude. Il s'agit; de la théorie du développement local
participatif et la théorie de la décentralisation.
2.1. Théorie de développement local
participatif
Le concept de développement local est apparu dans un
contexte où la vision centralisée de l'Etat était
critiquée par certains acteurs locaux. Ces derniers considéraient
que le développement d'un territoire devait prendre en compte les
besoins et les aspirations des habitants. Une nouvelle logique d'autonomie est
alors revendiquée vis-à-vis des centres décisionnels,
politiques ou économiques. Le développement local se rapporte
ainsi à des actions partenariales entre des acteurs
intéressés à l'amélioration des conditions de vie
dans leur environnement immédiat. (www.senegaldeveloppement.org)
C'est vers la fin des années 50 que prend forme la
théorie du développement endogène, par les chercheurs John
Friedman et Walter Stöhr. Une approche volontariste, qui conçoit le
développement comme une démarche partant du bas,
privilégiant les ressources endogènes. Elle fait appel aux
traditions industrielles locales et insiste particulièrement sur la
prise en compte des valeurs culturelles et sur le recours à des
modalités coopératives (KOLOSY, 1997).
L'approche participative du développement local insiste
sur l'importance de la participation et de la responsabilisation des
populations dans toutes les actions de développement. Le concept
participation est à l'origine des préoccupations actuelles de la
prise en compte du `'local''.
Depuis la fin des années soixante, selon M.
SECK et D'AQUINO, la conception de
démarches participatives a connu un développement important.
Même si l'idée n'est en soi pas nouvelle, elle a acquis un droit
international de cité ces dernières, dans toutes les institutions
internationales du développement, affirme LARAREV (1993) cité par
SECK. Dépassant le sens strict des approches participatives stricto
sensu (PAR- participatory Action Research, PRA- participatory rural appraisal,
MARPP- méthodes actives de recherche et de planification participative),
ce concept est maintenant à la base de la plupart des méthodes et
des outils mis au point ces dernières décennies pour l'appui au
développement (recherche-développement, développement
local, gestion des ressources naturelles...) qu'ils s'en réclament
explicitement ou pas.
D'abord, simples méthodes de recueil des informations
auprès des locaux, les premières expériences
participatives ont progressivement intégré une participation de
plus en plus active des acteurs locaux, dans des méthodes toujours plus
formalisées de diagnostic participatif, pour la construction de la
concertation avec les populations rurales. L'approche participative a
rapidement dépassé le diagnostic pour s'instituer en
méthode de concertation pour l'intervention, jusqu'à aboutir
à des outils de planification locale de développement. (M.
SECK et D'AQUINO, 2001)
BAJEDDI (2002), suivant la même idée soutient que
l'approche participative, est une approche de concertation, d'ajustement
continu et de compromis contractuels qui accompagne une action de
développement rural depuis la gestation de l'idée de base, et qui
entre dans les moeurs des populations bien au-delà d'une première
tentative. C'est une succession de pratiques dictées par des
impératifs temporels spécifiques et définies à
travers un vécu réels sur le terrain.
Quant à TREMBLAY, cité par CHERIF (2008), il
estime que l'approche participative du développement local repose sur
une démarche volontaire d'acteurs se réunissant sur un territoire
à taille humaine pour envisager l'avenir de leur territoire. Cela en
perspective avec d'autres niveaux d'administration et d'autres échelons
politiques de la Nation. C'est une vision du local dans le global, qui voit le
territoire comme un système de relation avec d'autres systèmes et
d'autres acteurs. Pour cet auteur, les acteurs oeuvrent à
l'amélioration des conditions de vie de leurs populations, ce qui passe,
notamment par le développement des activités de production, de la
santé, de l'éducation et l'approfondissement de la
démocratie et la gouvernance locale.
Du point de vue juridique, l'ONU, dans son article 1 de la
déclaration sur le droit au développement de l'assemblée
générale du 4 Décembre 1986, stipule que « Le
droit au développement est un droit inaliénable de l'homme en
vertu duquel toute personne humaine et tous les peuples ont le droit de
participer et de contribuer à un développement économique,
social, culturel et politique dans lequel tous les droits de l'homme et toutes
les libertés fondamentales puissent être pleinement
réalisés et bénéficier de ce
développement ».
Et selon la Banque Mondiale (1992), le développement
participatif est à la fois une fin et un moyen de développement.
En avançant l'idée que le développement participatif est
une fin, elle entend se référer à une sorte d'objectif
idéal selon lequel le développement durable résulterait de
l'action responsable de citoyens politiquement mûrs et qui agiraient
à travers d'institutions électives, d'associations ou
d'organismes, dans le cadre d'une société démocratique et
libre. Toutefois, un tel objectif devrait être compris comme un processus
continu et de longue haleine, qui tendrait à améliorer sans cesse
la capacité des communautés à s'autogérer.
La seconde idée est celle du développement
participatif conçu comme un moyen de développement. Cette
idée est beaucoup plus familière car c'est sous cette forme
qu'elle est apparue, il y a deux décennies, dans les politiques de
développement. Cependant cette idée contiendrait une
nouveauté: celle d'en replacer les approches dans le contexte d'une
responsabilisation politique des communautés concernées, alors
que précédemment, la responsabilisation politique ne concernait
que la gestion d'une activité et n'avait donc qu'un sens
opérationnel (CHERIF, 2008).
Malgré ses avancées considérables, la
démarche participative soulève plusieurs critiques. La
première interrogation, posée par M. Seck
et D'Aquino, est dans le caractère
participatif, sur le terrain, des démarches développées.
La méthode " participative" telle qu'employée sur le terrain se
traduit trop souvent à des simples dialogues "participatifs",
échanges ritualisés où les acteurs locaux ne font que
valider, au mieux alimenter, les analyses et les choix faits par les agents
extérieurs.
En réalité, une grande partie de ces
problèmes est due à l'ambiguïté constitutive du
concept de la "participation". Par définition, celui-ci spécifie
la présence obligatoire et centrale d'une intervention exogène,
à la quelle participent les acteurs locaux, cette situation est peu
adaptée à l'émergence d'une dynamique endogène de
décision et de planification. L'autonomie des acteurs locaux est en fait
loin d'être totale, que ce soit dans la formulation des problèmes,
dans le choix des priorités ou dans la prise de décisions. La
participation est par essence différente de l'autonomie : c'est
toujours la formule d'un agent extérieur qui fait participer aux
diagnostics et aux politiques les acteurs locaux.
Par ailleurs comme solution à ce problème, un
nouveau principe participatif est soutenu par M. SECK
et D'AQUINO, le principe
d'endogénéité. Ce principe consiste à transformer
l'acteur local en décideur local dont la règle est que
l'accompagnement technique ne fixe aucun objectif préalable à sa
démarche d'appui, si ce n'est d'être disponible pour une dynamique
endogène de prise de décision concertée sur le territoire.
Ici ce sont les acteurs locaux qui fixent ce qu'ils considèrent comme
une priorité dans cette nouvelle prise ou reprise de pouvoir sur leur
espace et leurs ressources que la démarche leur propose. La seconde
règle est que la planification territoriale est avant tout une oeuvre
politique et non technique, ce qui implique que devant l'incertitude de
l'avenir, la responsabilité de choix, avant tout, politiques et
éthiques doit être laissée aux décideurs politiques
légitimes, selon le principe d'une démocratie
représentative, et aux populations, selon une démocratie
participative.
La grande réussite de ces évolutions est dans la
reconnaissance de la participation des populations aux actions les concernant,
c'est-à-dire la volonté de remplacer la relation d'assistance
entre l'encadrement et les populations par une relation de partenariat,
basé sur une reconnaissance des savoirs, perceptions et de la
légitimité des acteurs locaux. Seule une dynamique
réellement endogène pourra se pérenniser et se
démultiplier à une échelle raisonnable sans appui
extérieur lourd et permanent. Ceci vise à l'installation d'un
processus local et collectif de prise de décision. Elle permet aux
populations d'installer en amont un cadre stratégique de
développement local plus axé sur leurs propres aspirations.
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