II. L'EXPLOITATION DES FILONS
Les étapes de l'exploitation des filons aurifères
sont : la prospection, le fonçage, la préparation
mécanique, la concentration du minerai, le raffinage et la
cyanuration.
II.1 La prospection
C'est le début de toute exploitation aussi bien
industrielle qu'artisanale. La prospection industrielle est
réalisée par un personnel qualifié avec du matériel
sophistiqué tandis que la prospection artisanale est faite de
façon empirique, par tâtonnement (observations à l'oeil nu,
tests par panage). Les découvertes de la prospection artisanale
consistaient en une simple observation, par les anciens, des plantes qui ont
une affinité pour l'or. Il s'agit de Diapyros mespiliformis et
Banhinia reticulata (KIETHÉGA J.B.; 1983). Selon ZONOU E. S.
2005, la prospection survenait surtout en hivernage, après les tornades
qui pouvaient révéler l'or arraché à la terre. Sur
le site de Fofora, la prospection de l'or filonien est l'oeuvre des exploitants
de puits d'orpaillage qui prennent l'initiative avec leurs propres moyens
(photo n°3). Ces prospecteurs se servent de certains minéraux comme
indicateurs de la présence de l'or. Il s'agit entre autres de la pyrite
appelée appelé communément « kiri » et de
certaines roches vertes. L'orientation du filon à la surface du sol est
aussi importante. Seuls les filons de direction N-S ou S-N sont
prélevés et testés. Pour cela, les prospecteurs se
déplacent avec des pioches, des pelles qui servent à creuser et
à déblayer les roches à tester. En plus de ces outils, ils
transportent avec eux des mortiers de poche qui permettent de piler le minerai
prélevé. Une petite bassine et un petit plat servent au panage du
minerai.
Photo n° 3: prospection sur le flanc
d'une colline à l'ouest du site de Fofora
Cliché : SAWADOGO Edith, décembre 2009
L'expérience des orpailleurs joue un grand rôle
dans la découverte du filon aurifère. Auparavant, la prospection
n'était pas aussitôt suivie de fonçage (KIETHEGA J-B.
1983). Mais de nos jours avec «la soif de l'or » et la
recherche du gain rapide, la découverte du filon d'or est aussitôt
suivie d'exploitation. En fonction de l'orientation du filon à la
surface, un ensemble de puits est creusé, constituant la ligne
d'orpaillage ou la tranchée. Les travaux de chaque puits sont
dirigés par une personne physique ou morale qui en assure
l'exploitation.
II.2 Le fonçage
Le fonçage consiste à creuser un puits de mine
afin d'atteindre le minerai recherché. C'est la phase la plus difficile
et la plus incertaine de l'orpaillage (photo n°4). Entre les puits, des
galeries sont creusées et servent d'aération et de passage.
A l'acquisition d'un puits, le chef engage plus ou moins 12
ouvriers par affinité surtout. Il prend en charge les dépenses
nécessaires au bon déroulement du travail. Ces dépenses
consistent en l'achat de nourriture, d'alcool, de cigarettes et
d'amphétamines. Il s'occupe aussi des soins médicaux de ses
employés durant le fonçage en achetant des médicaments
prohibés disponibles sur le site. Outre ces dépenses, il
achète le matériel nécessaire à l'exécution
du fonçage. Il s'agit de la motopompe et ses accessoires, la dynamite au
cas où le sol est très dur. Le travail se fait 24h sur 24 en
raison de 12 heures par groupe de 6 personnes.
Photo n° 4 : un ouvrier de puits creusant Photo
n° 5: matériel de fonçage sans protection avec une
pioche
Cliché : SAWADOGO Edith, juin 2009
Les outils utilisés dans le fonçage sont : la
pioche, la pelle, le burin, la masse, le marteau, la corde, le fil de fer et
les troncs d'arbre pour le soutènement, la torche pour
l'éclairage (Photo n°5), la motopompe et la dynamite. Les outils
utilisés pour débuter le fonçage sont la pioche et la
pelle servant respectivement à creuser et à déblayer le
stérile. A une certaine profondeur, la corde est attachée
à un piquet de tronc d'arbre à l'extérieur. Cette corde
aide à la descente et à la montée des travailleurs ainsi
qu'à la communication avec le monde externe. Elle sert également
à faire monter le minerai contenu dans des sacs en plastique ou des
bidons de 20 litres perforés à cet effet. Le filon riche en or
peut être découvert à la surface du sol et la profondeur
maximale des puits varie entre 12 m dans les vallons et plus de 50 m en
montagne. La région étant une zone bien arrosée, à
moins de 6 m de profondeur dans les vallons, les travailleurs atteignent la
nappe phréatique dont l'exhaure est assurée par des motopompes
à essence. Les roches y sont généralement tendres,
fragiles et encore plus en saison pluvieuse. Par contre, sur les montagnes les
roches sont plus dures, rendant le travail plus difficile. La dynamite de son
appellation anglaise « far away », y est utilisée afin de
démanteler les roches dures. Elle est placée par un
spécialiste appelé le « tampeur ».
Pour remédier à la fragilité des parois
des puits, les orpailleurs ont développé des techniques de
sécurité telles que le système en escalier et le
soutènement. Le système en escalier consiste à transformer
un ensemble de puits en un seul à grand diamètre avec des parois
à grandes marches d'escaliers. Le soutènement est fait de
façon anarchique avec des troncs d'arbres et des câbles de fil de
fer. Les câbles servent à attacher les troncs d'arbres entre eux
de façon plus ou moins parallèle à des distances à
peu près régulières. Cela permet
un suivi de l'inclinaison des parois des puits en cas de
déformation des câbles. Cette technique permet aux ouvriers
d'éviter des accidents d'éboulement, de détachement des
troncs d'arbres ou d'inclinaison des parois des puits. Le soutènement
des puits est fait par des spécialistes appelés couramment les
« caleurs ». Le minerai aurifère obtenu du fonçage est
partagé entre les ouvriers et le chef de puits. La moitié des
sacs de minerai revient au chef de puits et l'autre moitié est
partagée entre les ouvriers.
Les charretiers et les cyclistes, âgés d'une
quinzaine d'année en moyenne, assurent le transport du minerai des puits
au comptoir en passant par les différents lieux de traitement. Certains
ouvriers se chargent du transport de leur minerai à moto, à
vélo ou à pied. A l'ouverture du site de Fofora, le minerai
était porté par les femmes autochtones faute de sentier
permettant le passage des engins à 2 roues. Elles le font toujours sur
les sites reculés comme à Gongontionao à quelques
kilomètres du site de Bantara dans le département de kampti.
|