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L'impact de l'exploitation artisanale de l'or : cas du site de Fofora dans la province du Poni.

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par Edith SAWADOGO
Université de Ouagadougou - Maà®trise 2011
  

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II. L'EXPLOITATION DES FILONS

Les étapes de l'exploitation des filons aurifères sont : la prospection, le fonçage, la préparation mécanique, la concentration du minerai, le raffinage et la cyanuration.

II.1 La prospection

C'est le début de toute exploitation aussi bien industrielle qu'artisanale. La prospection industrielle est réalisée par un personnel qualifié avec du matériel sophistiqué tandis que la prospection artisanale est faite de façon empirique, par tâtonnement (observations à l'oeil nu, tests par panage). Les découvertes de la prospection artisanale consistaient en une simple observation, par les anciens, des plantes qui ont une affinité pour l'or. Il s'agit de Diapyros mespiliformis et Banhinia reticulata (KIETHÉGA J.B.; 1983). Selon ZONOU E. S. 2005, la prospection survenait surtout en hivernage, après les tornades qui pouvaient révéler l'or arraché à la terre. Sur le site de Fofora, la prospection de l'or filonien est l'oeuvre des exploitants de puits d'orpaillage qui prennent l'initiative avec leurs propres moyens (photo n°3). Ces prospecteurs se servent de certains minéraux comme indicateurs de la présence de l'or. Il s'agit entre autres de la pyrite appelée appelé communément « kiri » et de certaines roches vertes. L'orientation du filon à la surface du sol est aussi importante. Seuls les filons de direction N-S ou S-N sont prélevés et testés. Pour cela, les prospecteurs se déplacent avec des pioches, des pelles qui servent à creuser et à déblayer les roches à tester. En plus de ces outils, ils transportent avec eux des mortiers de poche qui permettent de piler le minerai prélevé. Une petite bassine et un petit plat servent au panage du minerai.

Photo n° 3: prospection sur le flanc d'une
colline à l'ouest du site de Fofora

Cliché : SAWADOGO Edith, décembre 2009

L'expérience des orpailleurs joue un grand rôle dans la découverte du filon aurifère. Auparavant, la prospection n'était pas aussitôt suivie de fonçage (KIETHEGA J-B. 1983). Mais de nos jours avec «la soif de l'or » et la recherche du gain rapide, la découverte du filon d'or est aussitôt suivie d'exploitation. En fonction de l'orientation du filon à la surface, un ensemble de puits est creusé, constituant la ligne d'orpaillage ou la tranchée. Les travaux de chaque puits sont dirigés par une personne physique ou morale qui en assure l'exploitation.

II.2 Le fonçage

Le fonçage consiste à creuser un puits de mine afin d'atteindre le minerai recherché. C'est la phase la plus difficile et la plus incertaine de l'orpaillage (photo n°4). Entre les puits, des galeries sont creusées et servent d'aération et de passage.

A l'acquisition d'un puits, le chef engage plus ou moins 12 ouvriers par affinité surtout. Il prend en charge les dépenses nécessaires au bon déroulement du travail. Ces dépenses consistent en l'achat de nourriture, d'alcool, de cigarettes et d'amphétamines. Il s'occupe aussi des soins médicaux de ses employés durant le fonçage en achetant des médicaments prohibés disponibles sur le site. Outre ces dépenses, il achète le matériel nécessaire à l'exécution du fonçage. Il s'agit de la motopompe et ses accessoires, la dynamite au cas où le sol est très dur. Le travail se fait 24h sur 24 en raison de 12 heures par groupe de 6 personnes.

Photo n° 4 : un ouvrier de puits creusant Photo n° 5: matériel de fonçage sans protection avec une pioche

Cliché : SAWADOGO Edith, juin 2009

Les outils utilisés dans le fonçage sont : la pioche, la pelle, le burin, la masse, le marteau, la corde, le fil de fer et les troncs d'arbre pour le soutènement, la torche pour l'éclairage (Photo n°5), la motopompe et la dynamite. Les outils utilisés pour débuter le fonçage sont la pioche et la pelle servant respectivement à creuser et à déblayer le stérile. A une certaine profondeur, la corde est attachée à un piquet de tronc d'arbre à l'extérieur. Cette corde aide à la descente et à la montée des travailleurs ainsi qu'à la communication avec le monde externe. Elle sert également à faire monter le minerai contenu dans des sacs en plastique ou des bidons de 20 litres perforés à cet effet. Le filon riche en or peut être découvert à la surface du sol et la profondeur maximale des puits varie entre 12 m dans les vallons et plus de 50 m en montagne. La région étant une zone bien arrosée, à moins de 6 m de profondeur dans les vallons, les travailleurs atteignent la nappe phréatique dont l'exhaure est assurée par des motopompes à essence. Les roches y sont généralement tendres, fragiles et encore plus en saison pluvieuse. Par contre, sur les montagnes les roches sont plus dures, rendant le travail plus difficile. La dynamite de son appellation anglaise « far away », y est utilisée afin de démanteler les roches dures. Elle est placée par un spécialiste appelé le « tampeur ».

Pour remédier à la fragilité des parois des puits, les orpailleurs ont développé des techniques de sécurité telles que le système en escalier et le soutènement. Le système en escalier consiste à transformer un ensemble de puits en un seul à grand diamètre avec des parois à grandes marches d'escaliers. Le soutènement est fait de façon anarchique avec des troncs d'arbres et des câbles de fil de fer. Les câbles servent à attacher les troncs d'arbres entre eux de façon plus ou moins parallèle à des distances à peu près régulières. Cela permet

un suivi de l'inclinaison des parois des puits en cas de déformation des câbles. Cette technique permet aux ouvriers d'éviter des accidents d'éboulement, de détachement des troncs d'arbres ou d'inclinaison des parois des puits. Le soutènement des puits est fait par des spécialistes appelés couramment les « caleurs ». Le minerai aurifère obtenu du fonçage est partagé entre les ouvriers et le chef de puits. La moitié des sacs de minerai revient au chef de puits et l'autre moitié est partagée entre les ouvriers.

Les charretiers et les cyclistes, âgés d'une quinzaine d'année en moyenne, assurent le transport du minerai des puits au comptoir en passant par les différents lieux de traitement. Certains ouvriers se chargent du transport de leur minerai à moto, à vélo ou à pied. A l'ouverture du site de Fofora, le minerai était porté par les femmes autochtones faute de sentier permettant le passage des engins à 2 roues. Elles le font toujours sur les sites reculés comme à Gongontionao à quelques kilomètres du site de Bantara dans le département de kampti.

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