Au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Mali et plus
généralement dans les pays d'Afrique subsaharienne, le
phénomène du travail des enfants s'apparente à un
véritable fléau social (Ngodi, 2009). Les enfants victimes de ce
phénomène sont soit trop jeunes, devant plutôt
bénéficier de leur droit à l'éducation, ou soit, le
travail qu'ils doivent accomplir dépasse leurs capacités
physiques, psychologiques ou biopsychologiques. Ils constituent, en outre, une
large frange non officielle des "inactifs qui ne chôment pas" (Marcoux,
1994). Cette réalité est combattue par les représentations
internationales de même que par les législations nationales,
surtout après la dynamique impulsée par le protocole Harkin &
Engel (2001), dont l'objet était de combattre les pires formes de
travail des enfants dans les économies de plantations cacaoyères
en Côte d'Ivoire et au Ghana.
Dans les ménages agricoles, l'activité agricole
constitue la principale source de revenu. Or, le secteur agricole est celui
où la prévalence du travail des enfants est la plus
élevée (près de 70%)2. Selon la FAO, de
nombreux enfants issus des ménages agricoles sont astreints aux travaux
forcés, dangereux ou pénibles. Par ailleurs, ils sont le plus
souvent obligés de porter des charges beaucoup trop pesantes et de
manipuler des machines dangereuses. Ces enfants vivant dans des ménages
agricoles sont également exposés aux herbicides toxiques, aux
poussières, aux maladies et à des conditions hygiéniques
malsaines. Aussi, ces types de travaux - mais pas seulement - peuvent nuire
à leur bien-être, entraver leur éducation, leur
développement physiologique et menacer leur anticipation de revenus
futurs. Dans cette perspective peu enviable, les filles sont
particulièrement désavantagées, car elles doivent le plus
souvent associer aux travaux champêtres déjà bien
pénibles, des activités domestiques. Par ailleurs, les autres
types d'activités (autres qu'agricoles), méme s'ils sont
d'ampleur relativement moindre dans les ménages agricoles, n'en
constituent pas moins des foyers de constatation ou d'aggravation du
phénomène du travail des enfants.
Cette étude fera, à travers des enquêtes
récentes (2009), un large état des lieux afin de saisir l'ampleur
réelle et les caractéristiques du phénomène du
travail des enfants dans le monde agricole, de mettre en exergue les
éventuelles disparités existant entre ces trois (03) pays dans ce
domaine. Par ailleurs, elle tentera d'analyser d'autres aspects et
phénomènes - pauvreté, éducation, mobilité
spatiale, etc. - inhérents à la problématique du travail
des enfants.
2 Source : FAO, 2010.