I.4.3.
L'information asymétrique : anti-sélection et risque
moral
La présence de coûts de transaction sur les
marchés financiers explique en partie pourquoi les intermédiaires
financiers sont si imposants. Une autre raison, peut-être encore plus
importante, est qu'il est fréquent que les prêteurs connaissent
trop peu les emprunteurs et leurs projets pour pouvoir prendre les bonnes
décisions.
Cette situation porte le nom d'asymétrie d'information.
De manière générale, un entrepreneur qui veut emprunter
pour réaliser un projet connaît mieux le rendement potentiel et le
risque associés à ce projet que le prêteur. Cette
inégalité d'information crée deux problèmes
différents, avant la transaction et après.
L'anti-sélection (en anglais adverse sélection) est le
problème que crée l'asymétrie d'information avant qu'une
transaction n'ait lieu.
Il y a anti-sélection sur un marché financier
lorsque les emprunteurs les plus susceptibles de conduire à de mauvais
résultats (les plus risqués) sont ceux qui recherchent le plus
activement du crédit et qui ont le plus de chance d'en obtenir
(d'être sélectionnés). En raison de
l'anti-sélection, beaucoup de prêts risqués sont
accordés, mais si les prêteurs craignent trop de ce fait perdre
leur argent, ils peuvent décider de ne pas prêter du tout alors
même qu'il y a parmi les candidats de bons emprunteurs potentiels.
Le risque moral est le problème créé par
l'asymétrie d'information après la réalisation d'une
transaction. Le risque moral sur un marché financier est le risque selon
lequel l'emprunteur s'engage dans des activités
considérées comme indésirables
(« immorales ») par le prêteur parce qu'elles
augmentent le risque du projet auquel est consacré le prêt et
diminuent donc la probabilité qu'il soit remboursé. Du fait que
le risque moral augmente le risque de pertes, les prêteurs peuvent
décider de ne pas ou prêter, alors même que le projet
initial est bon et même si, en réalité, les emprunteurs ne
souhaitent pas augmenter son risque.
Nous venons de voir l'approche conceptuelle et les
considérations théoriques de l'intermédiation
financière. Dans la section suivante, nous évoquons les
institutions qui ont pour rôle primordial l'intermédiation
c'est-à-dire les banques.
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