SECTION II : INSTITUTIONS DE MICROFINANCE EN RDC
II.1.
Aperçu historique de la microfinance en RDC
Le Docteur YOUSSOUF CONGO distingue trois grandes phases dans
le développement du secteur de la microfinance au Congo.
A. Phase 1 : De la période coloniale à
1970
Avant l'indépendance, c'est-à-dire à
l'époque coloniale, les initiatives formulées de microfinancement
n'étaient pas développées. Quelques rares
coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC) ont
été mises sur pied à cette époque, notamment dans
la province du Kasaï Orientale (le Mayi en 1969).
Elles étaient toutes régies par le décret
du 24 mars 1965 organisant la création et le fonctionnement des
sociétés coopératives indigènes. La création
de la Caisse d'Epargne du Congo (CADECO) date également de cette
époque. Cette dernière mobilisant l'épargne, mais
n'octroyait pas de prêts aux épargnants. Cette période a
été surtout une phase d'expérimentation de la formule
coopérative.
B. Phase II : De 1970 à 1990
Cette période est celle du développement du
mouvement coopératif d'épargne crédit. En effet, les
années 1970 à 1980 ont été marquées par le
développement des activités de la CADECO, la consolidation des
expériences coopératives les plus anciennes et une seconde vague
de création de nouvelles Coopec dans plusieurs villes du pays (la
Coopérative de Crédit de Basankusu en 1970, la Coopérative
de Crédit de Bukavu en 1971, la Coopérative d'Epargne et de
Crédit de la Communauté Baptiste du Congo ouest en 1972,
etc...).
En 1979, a été mise sur pied l'Union des
Coopératives d'Epargne et du Crédit, avec pour objectif de
favoriser les échanges d'expériences et d'accroître
l'efficacité des Coopec membres. En 1985, elle regroupait 154 Coopec de
base comptant près de 300.000 adhérents et totalisant environ 5
millions $ US d'épargne (ce montant représentant 7% des
dépôts d'épargne du secteur bancaire).
C. Phase III : De 1990 à nos
jours
Cette période est marquée par la crise du
mouvement coopératif et celle de l'émergence d'expérience
alternative de microfinancement. C'est une période
caractérisée par l'apparition d'une panoplie d'initiatives de
microfinancement dans le sillage des Organisations Non Gouvernementales pour le
Développement (ONGD), des associations et des mouvements de
développement communautaire.
Bon nombre d'ONGD, d'associations et d'autres initiatives
locales de développement, pour mieux lutter contre la pauvreté,
décident d'offrir des services financiers (épargne,
crédit, assurance) complémentaires aux services non financiers
(éduction, formation, santé).
Plus exactement, les ONGD et associations gérant des
programmes d'épargne et/ou de crédit, sont apparues, à
partir des années 1990, au moment où le système financier
en général et les COOPEC en particulier étaient en pleine
crise. Celle-ci intimement liées à l'instabilité politique
et la détérioration de la situation macroéconomique du
pays (les déséquilibres budgétaires, la
dépréciation continue de la monnaie nationale face au dollar,
l'hyperinflation, etc.).
Les conflits armés et les deux pillages de 1991 et 1993
ont par ailleurs contribué à freiner l'élan pris par le
mouvement coopératif d'épargne et de crédit.
Entre 1990 et 1993 les COOPEC auraient perdus près de
80% de leur clientèle, plus de 60% des fonds d'épargne et 66% des
fonds placés auprès des banques.
Enfin, le début des années 2000 connaît
l'arrivée d'institutions de microfinance étrangères sur le
marché (FINCA RDC, Hope International RDC, Procredit Bank Congo, etc.),
parmi lesquelles certaines s'inspirent des mécanismes de prêts de
groupe et de caution (solidaire).
La fin des conflits armés et la relative
stabilité politique ainsi que la mise en oeuvre des réformes
économiques structurelles expliquent en partie l'arrivée de ces
expériences de microfinance.
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